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lundi 10 avril 2017

COMMEMORATIONS DU MASSACRE DE VIMY : pour mener une guerre mondiale il faut un ennemi parfaitement identifié


Décidément j'aurai pisté jusqu'au bout notre inaugurateur de chrysanthèmes national jusqu'au terme de son mandat de discoureur de cimetières. Hollande restera comme le président qui aura prononcé le plus d'éloges funèbres sur le massacre de civils et de soldats sur le territoire français, depuis la guerre d'Algérie sous le règne du Grand Charles qui obtint son étoile de général de brigade lors de la bataille inutile d'Abbeville en juin 1940 (1000 morts, c'est le tarif pour passer du grade de colonel à général) .

L'homme d'Etat non rééligible aura prolongé et animé toutes les mystifications commémoratrices de la dite « Grande guerre », comme si la suivante avait été plus petite. A l'époque de l'inauguration du Monument des Fraternisations j'avais été faire un tour à Neuville Saint Vast, toujours ému de fouler ces terres qui ont contenues tant de cadavres de sacrifiés pour le capital national ; lequel monument avait été fêté par Hollande le bref et plastique Bertrand du fief des Hauts de France à la mi-décembre de l'an passé. Cette inauguration était issue du monde bobo culturel qui élit tous les dispendieux (à l'égard du monde syndiqué des bouffons saltimbanques) présidents de la gauche bourgeoise. C'est le réalisateur du film « Joyeux Noël », narrant un épisode de fraternisation qui en avait suggéré l'idée au ministère de la Guerre, pardon de la Défense. La récupération des moments de fraternisation comme des fusillés pour l'exemple est la principale contribution des ministères de la gauche bourgeoise et des anciens trotskistes comme Jospin pour arrimer même les morts fusillés par les généraux enrichis à la perpétuelle reconstitution d'un seul cimetière national ; et surtout pas rappeler le danger subversif et anti-patriotique des luttes de prolétaires en temps de guerre1.

Nous nous sommes retrouvés un peu par les hasards des suggestions du calendrier régional pour les sorties weekend Pas-de-Calais sur la place d'Arras pour, nuitamment, la projection d'une magnifique
fresque commémorative illustrant le souvenir du sacrifice canadien (mais pas encore Canada autonome à l'époque) à la Big war. L'hôtel de ville et les façades de la place carrée flamande servaient d'écran et la musique vibrait sous nos pieds, presque du Jean-Michel Jarre en modèle réduit. La représentation fût jouée le lendemain pour Hollande, Trudeau et les princes pour tapisserie. Cette fois-ci j'avais précédé Hollande. Indépendamment de la propagande nationaliste canadienne et des choeurs de Marseillaise je ne pouvais ôter de mon esprit les vastes espaces du champ de bataille de Neuville Saint Vast à Vimy que j'avais arpentés l'an passé, lieux mornes et désolants où plane encore la mort massive. La crête de Vimy permettait à l'armée allemande de tenir une région aussi déterminante en matières premières que le pétrole de nos jours, ce nord minier qui avait connu tant de drames et de luttes sociales et où des prolétaires de lointains pays vinrent se faire massacrer en masse sous la férule de généraux débiles et assassins galonnés.

LE MYTHE DE VIMY

Il y a des mythes fondateurs. On dit souvent qu'une guerre mondiale sert à repartager le monde entre chenapans des grandes puissances. On oublie que la guerre sert aussi à inventer de nouvelles nations, à opérer à des découpages qui se payent cent plus tard par de nouvelles horreurs (l'invention ou plutôt le découpage en Syrie et Irak est un produit des accords Sykes-Picot de l'époque). Le Canada, cette vieille colonie, n'étant pas un réel pays autonome à l'époque, la bourgeoisie canadienne en s'investissant dans la guerre a vu tout l'intérêt de servir à la fondation du roman national par cette prétendue victoire décisive pour le « camp de la liberté », au prix des 3600 massacrés de Vimy (sans compter le chiffre total bien supérieur)2. Célébrée comme une victoire marquante, fondatrice de la nation canadienne moderne donc, la bataille sanglante sur la crête de la région des mines ne fût pas une victoire.Cette prétendue victoire célébrée par le fringant Trudeau et le commercial des chrysanthèmes Hollande contribue à cacher bien des choses sur le déroulement de la guerre. Retour en arrière sur ce qui fut nommé « la bataille d'Arras »3.

Avril 1917, à Verdun, dans la Somme ou en Flandre, la Première Guerre mondiale a déjà fait des centaines de milliers de victimes, l'armée britannique avait essuyé de considérables pertes et l'armée française était coincée à Verdun. En Artois, sur le front occidental, les armées alliés imaginent une percée des lignes allemandes en direction de Douai et Cambrai pour désenclaver Arras et libérer le Bassin minier. Il s’agit surtout d’une manœuvre de diversion pour affaiblir un flanc de l'armée allemande du côté du Chemin des Dames en Champagne où un autre massacre d’envergure est préparé. La zone d’assaut va s’étendre de Vimy à Neuville Saint Vast. Le bilan de la Bataille d’Arras qui prétendait en finir avec l'impasse d'une guerre immobilisée? 200 000 morts. Pour de minimes gains territoriaux…et un triomphe qui était prévu en 48 heures ! La bataille dura jusqu'au 16 mais sans aucune percée des alliés !4
Il y eu pourtant une « victoire », basée sur une détermination qui n'était point l'avancée militaire en priorité, mais une victoire « sur l'opinion ». La trouille des généraux alliés provenait de deux faits gênants : le nouveau gouvernement en Russie, talonné par le début de l'ébranlement révolutionnaire du prolétariat russe et des paysans, refusait désormais de se joindre aux offensives des Alliés occidentaux, et l'armée allemande se consolidait sur la ligne Hindenburg laissant tout un espace territorial vide dans la région d'Arras où l'offensive française ne rencontrait aucune armée ennemie ; situation ridicule qui risquait de cette manière de confirmer... l'inutilité de la guerre. Et là je peux citer sans me gêner wikipédia : «Le gouvernement français de l'époque avait désespérément besoin d'une victoire pour éviter de graves troubles civils dans le pays » ; en effet la bataille « face à l'opinion » ne cesse jamais pendant les guerres, et ladite opinion (disons le prolétariat en réalité) a besoin de sang victorieux à la une ! C'est le boucher Nivelle qui réussit à convaincre anglais et canadiens d'aller au casse-pipe de la crête de 145 mètres à Vimy, sous prétexte de diversion.
Version révisionniste moderne du sémillant Premier ministre canadien :

« Près de 3.600 soldats sont tombés ici"5 lors de ces trois jours de combat démarrés voici tout juste cent ans, marquant le début de la bataille britannique d'Arras (9 avril-16 mai 1917), et "c'est par leur sacrifice que le Canada est devenu un signataire indépendant du traité de Versailles", a rappelé Trudeau. Pour la première fois, les quatre bataillons canadiens (environ 80.000 soldats) jusque-là incorporés dans l'armée britannique, conduisirent en effet l'assaut de la crête de Vimy, qui contrôlait le bassin minier, sous leurs propres couleurs, gagnant ainsi leurs galons sur la scène internationale. "Ces hommes n'étaient pas insensibles à la peur, ils souffraient de l'éloignement, de la fatigue, du
froid (...) mais ils se sont battus jusqu'à la victoire dans cet endroit qui avait été transformé en forteresse", a poursuivi le Premier ministre canadien, terminant son discours d'un solennel "ne les oublions jamais".
Version nunuche et miteuse d'un chef de guerre démocratique en partance :
« Après avoir dit "toute sa reconnaissance" aux soldats canadiens, Hollande a pour sa part centré son discours sur la coopération actuelle entre Paris et Ottawa "pour faire avancer la cause de l'humanité". "C'est ce que nous faisons quand nos pays s'engagent pour répondre aux appels des réfugiés du Moyen-Orient qui recherchent une terre d'asile; (...) quand nous condamnons les massacres chimiques réalisés aujourd'hui par un régime criminel; (...) quand nous luttons contre le terrorisme; quand nos peuples blessés refusent de basculer dans la haine et le rejet; (...) quand nous oeuvrons chaque jour pour faire reculer les discriminations et pour que nos pays continuent d'être des terres de tolérance et de progrès", a-t-il affirmé. "Le nationalisme ne mène qu'à la guerre et le fondamentalisme à la destruction", a-t-il asséné ». Pas le capitalisme ?

Notre inaugurateur perpétuel de chrysanthèmes ne va pas plus nous rappeler la vérité que journalistes ou historiens de gouvernement. Début 1917 la révolte et les mutineries grondent partout contre une guerre qui s'éternise. Même de fausses victoires comme le massacre de Vimy ne suffisent pas, en tout cas ailleurs, en Russie et en Allemagne par exemple, à calmer le prolétariat, l'ambiance est assez bien décrite encore par l'anonyme de wikipédia, je n'ai même pas à me fatiguer pour élaborer une description de mon cru :
« Le milieu des années de guerre a été une période capitale. Les gouvernements français et britanniques étaient sous la forte pression de la presse, des citoyens et des Parlements qui voulaient mettre fin à la guerre. Les batailles des Dardanelles, de la Somme et de Verdun avaient fait de nombreuses victimes et il y avait toujours peu de chances de victoire en vue. Le premier ministre britannique, Herbert Asquith, démissionna au début de décembre 1916 et fut remplacé par le "magicien gallois", David Lloyd George. En France, le président du Conseil Aristide Briand, avec comme Ministre de la Guerre le général (puis maréchal) Hubert Lyautey, était politiquement diminué et, peu après, en mars 1917, démissionna. Pendant ce temps, de l'autre côté de l'Atlantique, les États-Unis étaient sur le point de déclarer la guerre à l'Allemagne. L'opinion publique américaine était de plus en plus irritée par les attaques intensives des sous-marins allemands sur des navires civils, à commencer par le naufrage du Lusitania6 en 1915 et cette irritation arriva à son comble avec le torpillage de sept navires de commerce américain au début de 19177. Le Congrès américain déclara finalement la guerre à l'Empire allemand, le 6 avril 1917, mais il fallut plus d'un an avant qu'une armée appropriée ne soit mobilisée, formée et acheminée vers la France. »


DUR DUR DE MENER A LA GUERRE MONDIALE


Pour conduire plus sûrement les prolétariats de tous les pays à une guerre mondiale il faut un ennemi clairement identifié. Si les commémorations ont pour fonction de célébrer ad eternam les sacrifiés du Capital avec les mensonges du passé réactualisé – trotskistes comme bourgeois démocrates n'aiment jamais tant citer la phrase louche d'Anatole France – la notion d'union nationale pour le sacrifice « patriotique » demeure et les marchands de canon se marrent toujours autant.
Dans son livre « L'aveuglement », l'historien iconoclaste Marc Ferro, dédie un intéressant chapitre aux auto-mystifications des différents camps en guerre et des vérités non simplistes (ce n'est pas simplement la révolution russe qui a mis fin provisoirement à la guerre mais aussi le défaitisme des généraux allemands qui savaient qu'ils seraient battus à brève échéance de toute façon et qui ont préféré inventer la théorie du bouc-émissaire qui a si bien fécondée le nazisme revanchard). La guerre
mondiale repose sur une mystification différente à chaque fois nous dit Ferro, en 1914 l'objectif de la guerre reste confus, même s'il est question de défendre la patrie, en 1939 l'ennemi universel, sans discussion, c'est le fascisme, mais pour la prochaine, leçons cumulées de la Première et de la Deuxième, il reste quoi ? Un arrière dangereux tant qu'on ne lobotomise pas sa mémoire par des inaugurations et commémorations débiles ni par une imagerie laser au fronton d'un joli bâtiment public.
« Dans les films sur 14-18, les soldats combattent loyalement tandis que les objectifs de la guerre restent confus. A l'inverse, dans les films sur la Seconde Guerre mondiale, les ennemis sont parfaitement identifiés : les pays comme les idées. Il faut vaincre le nazisme et le militarisme japonais. Les combattants et l'arrière du front, eux, sont peu évoqués » (page 38).
Mais, cher Marc Ferro, parce que en 1917 la révolution avançait, menaçant la guerre mondiale, depuis l'arrière, mais qu'en 1940 elle était derrière, elle avait été annihilée par la soldatesque revancharde de 1918 aux ordres des « socialistes de gouvernement », et de combattants révolutionnaires nombreux et d'immenses foules d'insurgés prolétaires il n'y avait plus.
Nous avons quitté la belle place d'Arras, émerveillés par le spectacle son et lumière mais dubitatifs pour une scénographie de gouvernement canadien. Et sans avoir repris en choeur la Marseillaise avec une petite partie de la foule. Sachant que les discours officiels de paix passée commémorée servent encore à justifier les guerres de rapine d'aujourd'hui.


ANNEXE ACCESSOIRE :

LA VERSION GAUCHISTE CANADIENNE DE RESUCEE PACIFISTE PATRIOTIQUE...

Centenaire de la Grande Guerre : un air de déjà vu

Par Jacques KMIECIAK7

En France, de multiples manifestations marquent le centenaire de la Bataille d’Arras (avril – mai 1917) dont Vimy est un épisode (1). Des célébrations en forme d’hommage à « ceux qui ont combattu sur nos terres pour la Liberté », ose Frédéric Leturque, le maire UDI (centre-droit) d’Arras. Comme si la IIIe République fondée sur le massacre de la Commune de Paris pouvait alors se poser en parangon de vertu à l’heure des tueries de masse dans ses colonies d’Algérie ou du Tonkin ou encore de la répression tous azimuts à l’endroit du mouvement ouvrier de l’Hexagone (Fourmies, Courrières) ?

Et aujourd’hui encore la social-démocratie et la Droite, associées comme au bon vieux temps de l’Union sacrée, de reproduire les clichés déployés à l’époque. Les soldats alliés sont ainsi qualifiés de « héros » par le conseil départemental du Pas-de-Calais (à majorité PS) qui salue leur « sacrifice ». Comme si celui-ci avait été volontaire et non imposé par les élites de Grande-Bretagne, de France ou d’Allemagne responsables de la déflagration mondiale d’août 1914… Des responsabilités savamment éludées depuis 2014 et le début des commémorations liées au centenaire de la Grande Guerre. Pourtant à l’époque, ces puissances impérialistes en quête de nouveaux marchés rêvaient chacune d’imposer, à leur profit, un nouveau partage du monde et de ses matières premières. L’Allemagne en plein essor industriel réclame sa « juste » part d’un gâteau en partie négocié dans le cadre du Traité de Berlin (1885) (2). Pour la bourgeoisie et l’aristocratie, « les guerres, comme les épidémies, sont aussi une façon de réduire le nombre des pauvres. A l’époque, les masses font peur. La guerre, c’est l’antidote contre la Révolution », commente l’historien belge Jacques Pauwels (3). Continuer de soutenir que cette guerre aux allures d’hécatombe avec ses dix millions de morts, a été menée pour la défense de la Démocratie, de la Liberté, du Droit ou de la Civilisation, relève donc du mensonge d’Etat. Certes, les envolées bellicistes et militaristes propres à un Churchill (qui considérait la guerre comme une « affaire glorieuse et délicieuse », une « activité normale comme le jardinage », selon Jacques Pauwels) ne sont plus de mise. Nos élites revendiquent désormais le « plus jamais ça ». Tout en encourageant les interventions néo-colonialistes de l’Etat français en Libye, en Syrie, au Mali ou en Centrafrique. « On croit mourir pour la patrie, on meurt pour des industriels », scandait Anatole France. Hier comme aujourd’hui…


ma réponse (JLR) [Les prolétaires modernes se fichent de mourir pour la patrie ou pour les industriels, mais les industriels avec leurs cire-pompes parlementaires peuvent compter encore sur le « tous ensemble » patriotique, « je suis Charlie » et autres « vivre ensemble » européens, communautaristes et islamophiles, pour faire couler le sang des exploités de toute race et de tout pays]

 Notes du texte canadien:
(1) Le programme sur le site du conseil départemental du Pas-de-Calais : http://www.pasdecalais.fr
(2) Voir « On croit mourir pour la Patrie, on meurt pour des industriels. » Film produit et réalisé par Investig’Actions avec Michel Collon, Jacques Pauwels et Anne Morelli (? que fait Anne Morelli, spécialiste de la Gauche italienne, dans cette galère à gauchistes canadiens bien pensants? JLR). Le lien : http://www.investigaction.net/14-18-on-croit-mourir-pour-la/
(3) Lire « 1914 – 1918, La grande guerre des classes », de Jacques R. Pauwels. Editions Aden.


NOTES  GENERALES

1La polémique sur la colonisation définie par le balayeur du vote arabe Macron comme « crime contre l'humanité », ce qui ne veut strictement rien dire du point de vue de l'histoire du capitalisme (lequel pouvant être considéré lui-même comme crime contre l'humanité si l'on adopte le raisonnement stupide et orwellien des milieux gauchistes bourgeois, qui dissout tout raisonnement politique et historique en appliquant les théories mêlées du pacifisme et de l'anti-racisme à toutes les époques ; ce qui peut donner : est-ce que l'homme de Néandertal était raciste par rapport à l'homme de Cro-magnon ? Piste de recherche très dissolvante...

Le Canada n'est plus qu'une colonie de l'idéologie américaine et sa bourgeoisie affamée d'immigration économique, quant à ses supplétifs gauchistes communautaristes,  prêts même à recevoir nos indigestes de la république, la frange québécoise et leurs potes chauvins considèrent toujours la romance de Vimy comme une offense au Québec (cf. La Bataille de Vimy « fondatrice de la nation canadienne » ? un mythe offensant pour les QuébécoisJacques Kmieciak ) . Faisant partie de l'Empire britannique, le Canada est intégré à la Seconde Guerre des Boers en Afrique du Sud par le premier premier ministre canadien-français Wilfrid Laurier, à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle. Dirigés par le politicien Henri Bourassa, des groupes de Canadiens français opposés à la tutelle anglo-canadienne se vouent à la défense de leurs droits en tant que peuple. Ils s'opposeront notamment à l'entrée en guerre du Canada et à la création de forces navales canadiennes sous drapeau britannique. Le Canada se lance de plus dans la Première Guerre mondiale en 1914 et envoie sur le front ouest (en Belgique, sur la Somme et en Picardie), des divisions composées principalement de volontaires afin de se battre en tant que contingent national. Les pertes humaines sont si grandes que le premier ministre canadien de l'époque, Robert Laird Borden, décrète la conscription en 1917 (voir Crise de la conscription (1917)). Cette décision est extrêmement impopulaire au sein de la population québécoise, menant ainsi à une perte de popularité au Québec pour le Parti conservateur et également à la fameuse grève de Québec, souvent passée sous silence car faisant écho à la révolte du Chemin des dames en France. Lors de la grande émeute de Québec, l'armée britannique tire sur la foule et tue de nombreuses personnes. Bien que les membres du Parti libéral soient profondément divisés sur l'enrôlement obligatoire, ils s'unifient et deviennent le parti dominant sur la scène politique canadienne. En 1919, le Canada rejoint la Société des Nations de son propre chef et, en 1931, le Statut de Westminster confirme que dorénavant aucune loi du Parlement britannique ne s'étend à l'intérieur des frontières du Canada sans son consentement.

3 L'Etat français a fait don de la crête de Vimy au Canada avec l'érection d'un gigantesque monument érigé à Vimy, qui a servi de prétexte au roman national canadien sous couvert de mémoire au sacrifice « canadien » pour la victoire mensongère des alliés impérialistes occidentaux lors de la Première Guerre mondiale. Dès son inauguration en juillet 1936 avec la complicité du roi anglais Edouard VIII l'emplacement du cimetière de guerre est sanctifié comme lieu de pèlerinage. Aujourd’hui, toutes les cérémonies commémoratives se tiennent donc à Vimy. Les autres batailles livrées par les Canadiens (à Ypres en 1915, dans la Somme en 1916, du côté de Lens en août 1917 où pour la première fois ils exercent le commandement, à Passchendaele la même année, à Amiens en 1918) sont presque totalement oubliées. Au Canada, les commémorations du centenaire ont officiellement commencé en 2017 seulement, pour durer une semaine.

4 Bien que les historiens considèrent généralement que la bataille est une victoire pour les Britanniques (pas les canadiens!?) , elle eut très peu d'impact sur la situation stratégique ou tactique. Ludendorff commenta la bataille ainsi : « Il y avait sans aucun doute des objectifs stratégiques extrêmement importants derrière l'attaque britannique, mais je n'ai jamais pu savoir lesquels c'était ».

5Trudeau fabule et semble bien hors de la réalité des chiffres totaux : Quant au total du nombre de morts canadiens sur la durée du conflit, il reste encore approximatif. On l’estime à environ 65 000 dont 40 000 tombés en France et 13 000 en Belgique. Les pertes de la IIIe armée furent de 87 226 hommes ; celles de la Ire armée de 46 826 hommes (y compris les 11 004 Canadiens de la bataille de la crête de Vimy) et celles de la Ve armée de 24 608 hommes ; soit un total de 158 660 personnes. Les pertes allemandes en revanche sont plus difficiles à déterminer. Les "groupes Vimy" et "Souchez" eurent 79 418 victimes mais les chiffres du "groupe Arras" sont incomplets. En outre, les archives allemandes excluaient les "personnes légèrement blessées". Le capitaine Cyril Falls (l'historien britannique officiel de la bataille) estime qu'il faut ajouter 30 % aux résultats allemands pour permettre la comparaison avec les Britanniques. Falls estime que les pertes allemandes étaient « probablement à peu près égales » à celles des Britanniques46. Nicholls les estime à 120 000 hommes et John Keegan à 130 000. Au terme de l'offensive, les pertes britanniques s'élèvent à 150 000 hommes tués, blessés ou faits prisonniers. Les pertes allemandes atteignent 100 000 hommes. Aucune percée stratégique ne fut accomplie.

6Coup monté de l'impérialisme US dont j'ai déjà rendu compte dans ces colonnes, le bateau à touristes était en réalité empli de munitions et c'est ce que savaient les soldats tueurs des sous-marins allemands.

7Du site gauchiste canadien investig' Actions qui défend le port du voile et du burkini, comme quoi l'actualisation marxo-gauchiste d'un marxisme libéralo-islamo-moderniste n'a plus rien à voir avec la politique ou même la lutte de classe contre la guerre – la phrase d'Anatole France a été complètement ridiculisée par l'antifascisme subséquent. Ce pourquoi il faut d'abord lutter pour l'unification de la classe à chaque époque, et contre, en particulier en ce moment, les colifichets nationalistes musulmans et ce nouveau colonialisme intégristo-ravagé, qui contient le djihad sacrificiel pour le dieu imaginaire comme la nuée contient l'orage... djihad qui est confusément et aléatoirement identifié au nouvel axe du mal pour l'impérialisme multiple et ambigu. Mais c'est pas gagné.


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