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dimanche 16 avril 2017

AUX ORIGINES DE LA FABLE D'UN REVENU « GARANTI » : le régime capitaliste d'Etat en URSS


On a oublié que la matrice des valeurs de gauche est l'Etat-papa, l'Etat providence, l'Etat social que promettait la social-démocratie avachie de la fin du XIXe siècle, c'est à dire l'Etat bourgeois non détruit mais avec des « garanties » pour les exploités : une sécurité sociale (merci Bismarck), des congés payés (merci Léon Blum), un pouvoir d'achat (merci Marchais), les 35 heures (merci Jospin), au-delà il n'y a plus rien. Plus rien de crédible par toute la gamme des politiciens corrompus ou qui ne demandent qu'à l'être, plus rien à attendre du suspense électoral renouvelé mais de plus en plus lassant.
Cette idée de garantir une vie décente fût celle de la gauche bourgeoise tout au long du XX e siècle, mais elle n'a cessé de virer au cauchemar devant pourtant la vitrine de l'abondance consumériste, laissant crever dans la misère sociale, psychologique et létale une minorité grossissante frappant plus ceux qui viennent de l'étranger dans des ornières nationales incapables de solutionner les problèmes pourtant communs au monde entier. Pas question d'entrer ici dans les débats tordus entre feignasses et technocrates sur le travail en général, ses bienfaits et ses tares. Il suffira de rappeler que la matrice des réformes pour digérer la question du travail politiquement a bien été le cas « exemplaire » de la caserne russe pendant 50 ans, aussi éloignée du communisme réel que le capitalisme ubérisé d'aujourd'hui. Ne nous a-t-on pas si longtemps seriné que le « socialisme réellement existant » garantissait emploi + logement + gaz gratuit ?1. Tout était garanti en URSS, santé, logement, salaire, le chômage était inexistant (même dans les goulags), des politiciens gaullistes, molletistes en convenaient auprès de leurs confrères les députés staliniens incultes et leurs courroies de transmission de l'appareil CGT.

La bureaucratie stalinienne imposa cette vision « garantie » à l’ensemble du monde politique, et ce pour des dizaines d’années. Face aux militants anti-syndicalistes révolutionnaires et maximalistes rétifs au travail à la chaîne, au salaire au rendement, l'activiste de base stalinien clamait : « Dire que l’on est contre le travail à la chaîne me fait penser à quelqu’un qui dirait qu’il est contre la pluie. […] Nous sommes pour les principes de l’organisation scientifique du travail, y compris le travail à la chaîne et les normes de production » (Congrès CGTU de la métallurgie, 1937). Il n’est peut-être pas inutile non plus de rappeler que le PCF envoya, à la Libération, ses ingénieurs se former aux États-Unis.

Les trotskiens étaient les premiers à vanter ce succès « garanti » de l'économie « collectiviste » et prêts à mourir dans une nouvelle guerre mondiale pour la patrie du « socialisme garanti ». Malgré l'effondrement lamentable du « socialisme garanti », aucun des nombreux camps trotskiens n'a été fichu de porter la moindre critique de base au capitalisme d'Etat stalinien, et bien sûr parce qu'au fond de leur utopisme radical réside le même rêve infantile d'un Etat-papa, léniniste garanti pure souche. Marx s'est moqué, parfois contradictoirement, du droit au travail mais n'a jamais parlé de droit du travail, tout comme il n'a jamais jeté la moindre illusion sur des « garanties ».

Le droit au travail n'est que le droit d'être exploité dans le système capitaliste comme dans les divers régimes capitalistes d'Etat du Moscou de naguère jusqu'à Cuba. Le travail aliéné n'est pas pour toujours destiné à l'être2 Les trotskiens, ces bâtards de l'époque stalinienne, dont les Mélenchon, Poutou et Hamon ne sont que les rejetons ont proudhonisé la critique marxiste de la fable du droit au travail, customisé donc en « droit du travail », plus agrémenté de la fable électorale hamonesque d'idéologie syndicale de « garanti de revenu », palinodie ronflante entre « sécurité sociale » et « pouvoir d'achat ». André Gorz ne fabulait pas sur une disparition automatique du travail, mais avant de pronostiquer une disparition du prolétariat, il ramenait le « droit au travail » (pas le droit DU travail syndicalo-trotskien) à une dignité citoyenne, ce qui n'est ni faux ni éternel3

Les derniers vieux staliniens russes et français indécrottables vous balancent encore et toujours les mêmes certitudes qui faisaient écran au faux socialisme russe : la sécurité sociale, un État fort et la justice. « Un salaire peu élevé, mais garanti, un emploi garanti également », arguant qu’à notre époque de concurrence effrénée, les gens n’en bénéficient plus et de se tourner vers un passé où ils croient se rappeler avoir bénéficié de tout ça.

Une russe de passage contredit cette vision lénifiante ; « « Rien n’est parfait aujourd’hui, constate-t-elle. Mais ceux qui affirment qu’en URSS la vie était rose oublient comment elle était en réalité. Des queues interminables dans les magasins et chez le médecin, ainsi que des réunions du parti où chacun évoquait ce en quoi il ne croyait plus depuis longtemps. Et avec ça, le pays était fermé au monde ». Je me souviens – il y a 40 ans – de l'objection d'un collègue passé du lambertisme au statut de candidat municipal pour le PCF, lorsque je lui disais la même chose que cette femme : « tu crois tout ce que disent les journaux bourgeois » !

LES MENSONGES GARANTIS EN 1967 :

Dans la REVUE INTERNATIONALE DE DROIT COMPARE, un certain Saivanov définissait la liberté du travail en « régime socialiste » :

« L'un des principes fondamentaux est l'authentique liberté du contrat de travail. Ce principe implique le consentement au travail, la liberté pour l'ouvrier ou l'employé de changer de travail ou de cesser le travail à sa demande, la licéité — avec l'accord du travailleur — du changement d'affectation de ce dernier. Néanmoins, chaque citoyen valide est tenu de travailler. Dans la société socialiste, l'universalité du travail constitue une loi objective, déterminée par l'hégémonie sans partage de la propriété socialiste sur les biens de production. Les exigences de cette loi objective sont exprimées dans l'article 12 de la Constitution, qui souligne que le travail en U.R.S.S. est un devoir et une question d'honneur pour chaque citoyen valide, selon le principe « celui qui ne travaille pas ne doit pas manger ».

Le salaire est une partie du revenu national que les ouvriers et les employés reçoivent de l'Etat pour satisfaire leurs besoins personnels. Le salaire est garanti par l'Etat. Il est versé indépendamment des revenus d'une entreprise déterminée, en vertu de règles antérieurement fixées, selon des indices de travail en qualité et en quantité.

Le renforcement de l'intéressement matériel des travailleurs à l'amélioration du travail des entreprises, qui résulte de l'entrée en vigueur de la réforme économique, ne modifie pas le caractère garanti du salaire. Le droit au salaire garanti par l'Etat conserve son inviolabilité ».
Tu parles Charles !

COMMENT LE CHOMAGE AVAIT-IL ETE SUPPRIME PENDANT LE SOCIALISME GARANTI ?
Dans les années 1920, le chômage est reconnu et calculé par diverses sources en URSS, avant que sa disparition ne soit décrétée à l'automne 1930 à un moment où se pose un problème de pénurie de main-d’œuvre dans un contexte d'industrialisation rapide. Néanmoins, le chômage atteint environ 10 % de la population active dans les années 1926-27. La reconnaissance du chômage ne reviendra qu'à l'effondrement de l'URSS. La fin de la NEP et les années 1930 inaugurent une planification centrale de l'emploi.

La plupart des ouvriers et des spécialistes sont recrutés soit par les entreprises, soit par un bureau central de l'emploi dans les grandes villes. Du fait de l'absence officielle de chômage, la concurrence entre les entreprises pour l'embauche est forte sur le marché de l'emploi. Dans les années 1960-1970, la mobilité des travailleurs est importante : un sur cinq change d'emploi chaque année. La grève est interdite, mais l'absentéisme est très répandu. Le revenu inconditionnel – mais jamais complètement car il y a la prison et les faits de délinquance sont cachés - permet donc de couvrir les besoins vitaux, de vivre sobrement en tirant le diable par la queue et en espérant connaître un jour les facilités de la vitrine occidentale... pas un monde sans argent. La classe ouvrière reste aliénée, gouvernée par une noria de bureaucrates et syndicalistes de toute espèce, et vouée à la pauvreté sociale et intellectuelle.

Le salaire en nature était considéré comme la garantie de l’existence du peuple, à tel point que la rémunération, sous forme de prestations en nature, qui ne constituait en 1917 que 5,3 % de la valeur du salaire global moyen d’un ouvrier industriel, atteignit 47,4 % en 1918, 80 % en 1919, 93,1 % en 1920 et 93,8 % début 192113. La NEP aboutit à rejeter la notion même d’égalisation des salaires, ce qui provoqua d’abord la colère du mouvement syndical encore rebelle, mais on lit, dans le rapport du Conseil central des syndicats de l’URSS de 1932, que c’est « grâce au camarade Staline » que les syndicats ont commencé à anéantir le vieux système de « l’égalitarisme petit-bourgeois » :

« Le nivellement dans les besoins et la vie privée est une stupidité petite-bourgeoise réactionnaire, digne de quelque secte primitive d’ascètes, mais non point d’une société socialiste organisée d’une façon marxiste, car l’on ne peut exiger des hommes qu’ils aient tous les mêmes besoins et les mêmes goûts, que, dans la vie personnelle, ils adoptent un standard unique ». Staline ajoutait que « la conséquence de l’égalisation des salaires est que l’ouvrier non qualifié manque d’une incitation à devenir un travailleur qualifié et se trouve ainsi privé de perspectives d’avancemen».

Anton Ciliga n'était qu'un agent de la CIA lorsqu'il écrivait chez Gallimard en 1938:

"C'est en effet à cette époque que l'on déclara que le chômage était "liquidé" en Russie soviétique; par voie de conséquence, les indemnités de chômage furent elles aussi "liquidées". On abrogea en outre un certain nombre de dispositions protégeant les travailleurs. D'autre part, les journaux s'en prenaient violemment aux ouvriers qui sous une forme ou sous une autre opposaient une résistance à l'exploitation bureaucratique et les déclaraient "indisciplinés, fainéants et ivrognes". Sous couleur "d'émulation socialiste" on introduisait un "sweating system" combiné avec la corruption d'une petite minorité ouvrière par toutes sortes "d'avancements". Et les opposants emprisonnés dans les "isolateurs" n'avaient pas de mots assez dur contre Trotski qui défendait quand même St aline: "D'ailleurs, je constatai avec inquiétude qu'il y avait une lacune dans les lettres et autres écrits de Trotski qui nous parvenaient en prison: Trotski ne parlait jamais d'organiser des grèves, d'inciter les ouvriers à la lutte contre la bureaucratie, de mobiliser la classe ouvrière en faveur du programme économique trotskiste. Sa critique, son argumentation, ses conseils semblaient adressés au Comité central, à l'appareil du parti. Evoquant la chute verticale du niveau de vie des ouvriers, Trotski concluait, en bon patron qui donne ses conseils à l'administration; "Que faites-vous? Vous gaspillez le capital le plus précieux – la force de travail". Le sujet actif restait toujours pour Trotski "le parti" avec son Politbureau ou son Comité central, le prolétariat n'était que "l'objet".".4

La Constitution de 1936 posait le principe chrétien « À chacun selon son travail » à la place du principe communiste « À chacun selon ses besoins ». Le stalinisme avait supprimé, en 1928, toute idée de salaire de base garanti. Il généralisait le taylorisme, déjà applaudi par Lénine qui n'en faisait lui qu'une étape transitoire en attendant la révolution mondiale.

Personne n'a jamais vraiment analysé les arguties des employés du stalinisme pour justifier le capitalisme d'Etat « national » et comment ils justifiaient l'exploitation par l'Etat et sa couche de technocrates politiques. Je vous en donne l'occasion (et le rire) suivez le guide. Le discours stalinien avait le même contenu utopique cynique, face à la réalité vraie, qu'un discours de l'âne Hamon, du baudet Mélenchon, le perroquet d'Arlette ou de l'agnelet Poutou.


EXTRAITS DU PETIT GUIDE SINCERE DE L'UNION SOVIETIQUE par le brave Georges Cogniot (1954)

L'HOMME LE CAPITAL LE PLUS PRECIEUX (chapitre IV)

L'essor continu du bien-être matériel. En Union soviétique, chaque progrès économique aboutit à un progrès social, à un relèvement du niveau de vie des travailleurs.

Dans un pays bourgeois comme la France, chaque progrès économique accumule la richesse au pôle capitaliste de la société, la misère à l'autre. Si les ouvriers de la chaussure ont fabriqué « trop » de souliers, ils sont mis au chômage et vont pieds nus.

Dans un pays capitaliste, s'il se produit une augmentation du revenu national, toujours due à l'effort des travailleurs, elle profite aux groupes d'exploiteurs, avant tout à la classe des capitalistes. En France, les classes exploiteuses s'approprient plus de la moitié du revenu national.

En Union soviétique, l'augmentation du revenu national signifie directement l'augmentation du bien-être des travailleurs. En effet, l'intégralité de ce revenu est le patrimoine des ouvriers, employés et paysans : les trois quart sont mis directement à leur disposition pour la satisfaction de leurs besoins matériels et culturels, le reste sert à élargir la production sociale et à couvrir les besoins généraux de l'Etat des travailleurs. Durant la période 1940-1951, le revenu national de l'URSS s'est accru de 83% .

Le camarade Malenkov a dit dans son rapport au XIX e Congrès du Parti communiste de l'Union soviétique :

« Les progrès réalisés dans toutes les branches de l'économie nationale ont abouti à une nouvelle élévation du niveau de vie matériel et culturel de la société soviétique. Cela est tout à fait dans l'ordre des choses ».

Nous avons déjà constaté plus haut le caractère tout nouveau d'un tel « ordre des choses » dans l'histoire du monde, l'originalité de cette révolution socialiste qui se distingue de toutes les révolutions du passé par le fait qu'elle apporte au peuple, outre la liberté, l'amélioration radicale de sa situation au point de vue matériel et culturel. Nous avons vu que par suite des baisses de prix appliquées par l'Etat à partir de 1947, le consommateur dépensait, pour la même quantité de marchandises, moitié moins en 1953 que dans le dernier trimestre de 1947.

Pour la somme que coûtait un kilo de caviar en 1947, il a été possible d'acheter dès 1952, outre ce kilo de caviar, 4 kilos de beurre, 3 kilos de fromage de la meilleure qualité, et 1 kilo de saucisson. Avec l'argent nécessaire pour 1 kilo de jambon en 1947, on a eu par dessus le marché, dès 1952, un kilo de saucisson et une grosse volaille. Avec le prix d'une bicyclette d'homme en 1947, on a acquis dès 1952, en plus du même vélo, deux paires de chaussettes d'homme, un manteau d'hiver et une blouse de soie pour fillette, une paire de chaussures d'enfant. La somme qu'on devait dépenser en 1947 pour acheter une montre-bracelet pour dame, a suffi dès 1952 pour ajouter à cette montre un parapluie de femme, un manteau d'hiver pour fillette et deux paires de bas de soie.

Telle est l'ampleur des augmentations régulières du salaire réel, du fait de la baisse des prix.

D'autre part, l'ouvrier jouit en URSS d'une sorte de salaire invisible, couramment égal au tiers de ses revenus. Ce salaire supplémentaire est constitué par les assurances sociales et pensions aux frais de l'Etat, les allocations familiales, l'assistance médicale gratuite, l'enseignement gratuit et les bourses, les séjours gratuits ou à tarif réduit dans les stations balnéaires et maisons de repos, etc.

(...)

Les moyens au service du but

Staline souligne, par la formule même qu'il donne de la loi économique fondamentale du socialisme, l'unité du but et des moyens.

Ces moyens résultent de la nature du régime socialiste : la société nouvelle ne recèle plus de causes qui puissent engendrer les crises, les dérangements périodiques de la production. Le socialisme se caractérise donc par un développement de la production méthodique, sans crises, sans interruptions, au rebours du capitalisme, qui est ravagé par la contradiction fondamentale entre le caractère social de la production et l'appropriation privée capitaliste. Quand cette contradiction est levée, quand la production devient socialiste, elle s'engage sur une ligne ascendante que rien ne vient couper. (…)

Le pays des Soviets, au contraire, procède au perfectionnement ininterrompu de l'équipement tant industriel qu'agricole et des opérations technologiques. D'une part, en développant dans tous les domaines de la production des moyens de production, il approvisionne de mieux en mieux l'économie nationale en machines ultra-modernes (…)

Les professions pénibles disparaissent. D'autres surgissent (sic), qui exigent une haute qualification. On ne trouve plus trace, en URSS, de ces emplois, occupant naguère d'énormes quantités d'ouvriers, qui consistaient par exemple à pousser le wagonnet à la main dans les mines ou dans les fonderies. Les haveuses-chargeuses marque « Dombass » et les bennes électriques sont venues partout à la rescousse des mineurs. L'ouvrier moderne est conducteur de machine dans la taille, opérateur de scie électrique dans l'industrie forestière, et partout ainsi. Il a suivi l'école moyenne : il sort parfois de l'enseignement supérieur. En tout cas, il se rapproche par ses connaissances et ses habitudes intellectuelles des techniciens et des ingénieurs, et il se trouve de plain-pied avec eux.

(…)

Les libertés sociales et politiques

Les libertés sociales et politiques visent à garantir la participation active et indépendante de chaque citoyen à la vie publique. Elles reposent sur la reconnaissance de l'initiative des masses comme fondement de l'Etat soviétique.

La liberté de parole, la liberté de la presse, la liberté de réunion, la liberté des cortèges et des manifestations de rue sont assurées aux citoyens, en conformité des intérêts des travailleurs. Leur garantie concrète réside dans la mise à la disposition des travailleurs et de leurs organisations des imprimeries, des stocks de papier, des édifices publics, des moyens de communication et des autres conditions matérielles qui sont nécessaires pour l'exercice des droits en cause. Chacun sait que dans la démocratie bourgeoise, c'est justement l'absence de ces garanties matérielles qui rend souvent illusoire l'exercice des droits de ce genre, même quand ils ne sont pas limités formellement.

(…)

La presse

La presse soviétique est vraiment le bien des travailleurs. Et cela non seulement parce qu'elle sert leurs intérêts, mais parce qu'elle s'appuie sur de larges cadres populaires, formés par les correspondants ouvriers, paysans ou intellectuels.

D'après des données incomplètes, les journaux de l'Union soviétique avaient dès 1939 plus de deux millions de correspondants ouvriers et paysans. Chaque année, cette armée de correspondants augmente, et ainsi se renforce le lien direct de la presse avec les masses laborieuses.

Le travail de propagande, d'éducation et d'organisation accompli par les grands journaux est complété par le large réseau des journaux locaux et par les innombrables journaux d'usine et journaux muraux ».


En conclusion, il n'y a pas de quoi se moquer. Le discours politique de nos divers politiciens est du même ordre que l'argumentaire des centaines de milliers de « cadres staliniens » : faire accepter le présent au nom d'un futur présumé bien meilleur. La couverture médiatique « ambiance libérale-libertaire » via internet et les réseaux sociaux avec leurs milliers de trolls complices est bien plus prégnante, envahissante et étouffante que ne le furent les millions de tonnes de papier-mensonge de feu le « socialisme soviétique » et leurs postes à galène avant invention des cristaux liquides.


NOTES:


1En effet, le gaz fût gratuit jusqu'à la crise de 1975 où l'on vit arriver à l'agence EDF de Vanves un espion russe pour acheter un compteur. Par la suite, GDF envoya des experts avec appareils pour détection du gaz et conseils pour « odoriférer » le gaz « communiste russe » : le gaz étant inodore et les bureaucrates cherchant les fuites avec des torches, les explosions qui s'en suivaient ne pouvaient être considérées comme des attentats de la CIA.

2« Du moment où le travail commence à être réparti, chacun entre dans un cercle d'activités déterminé et exclusif, qui lui est imposé et donc il ne peut s'évader ; il est chasseur, pêcheur, berger ou « critique critique », et il doit le rester sous peine de perdre les moyens qui lui permettent de vivre. Dans la société communiste, c'est le contraire : personne n'est enfermé dans un cercle exclusif d'activités et chacun peut se former dans n'importe quelle branche de son choix ; c'est la société qui règle la production générale et qui me permet ainsi de faire aujourd'hui telle chose, demain telle autre, de chasser le matin, de pêcher l'après-midi, de m'occuper d'élevage le soir et de m'adonner à la critique après le repas, selon que j'en ai envie, sans jamais devenir chasseur, pêcheur, berger ou critique.« L'Idéologie allemande », Karl Marx, Friedrich Engels (1845), dans Philosophie, Karl Marx, Maximilien Rubel, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1982, p. 31
3« Aussi longtemps que le fonctionnement du système social, sa production et sa reproduction, exigeront du travail, si réduit soit le temps qu’il occupe dans la vie de chacun, sera indispensable à la pleine citoyenneté. En tant que droit de participer à la production du tout social et d’acquérir sur lui des droits et des pouvoirs, le droit au travail doit être compris comme un droit politique ».
4Au pays du mensonge déconcertant, p.180.

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