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mercredi 8 juin 2016

MUNICIPAL OU SYNDICAL, LE RACOLAGE EST TOUJOURS AU SERVICE DU CAPITAL


UNE REPLIQUE GERIATRIQUE DE « NUIT DEBOUT » : GENTILLY couché !

Suivi de quelques réflexions sur l'aumônerie syndicale

La clique, politique ou syndicale, pue. Elle parsème toute assemblée de quatre ou cinq de ses veilleurs de nuit qui surveillent et font la cabale. La clique politique, qu'elle se nomme « à gauche autrement » ou »à droite carrément », elle génère de pauvres tâches, qui ont besoin de demander la permission aux « dirigeants » ou à leurs multiples directeurs de conscience si un quidam leur adresse la parole. Ou mieux, d'esquisser un sourire de messe compatissant et raide pour signifier que parler risque de faire du bruit à la messe municipale - si bien apprêtée « sans étiquette », avec le mot d'ordre de n'importe quelle équipe de footeux « tous ensemble » - si vous vous penchez pour faire un commentaire sur la tribune ou le comique qui tient le micro. Le membre de clique reste méfiant. Le nouveau venu a de fortes chances d'être un ennemi. On ne va pas se laisser entraîner imprudemment à converser avec lui. Surtout qu'au fond de la salle, grisonnant, l'adjoint au secrétaire général Machin veille sur les comportements dans la salle.
On dirait que je les sens à dix mètres les encartés, les militants de tout comptoir à boniments, ces cliques d'enfoirés fesses serrées incapables de penser par eux-mêmes, empruntés, impuissants à rire aux éclats devant failles des montages de télé d'Etat qu'on leur fait projeter en guise de distraction pour administrés considérés comme débiles profonds, mais pas si débiles qu'eux.

Projection débat « Nous, ouvriers »
Gentiment à Gauche Autrement, organisait une conférence (pièce jointe) à partir d'une projection du film "Nous, ouvriers", récemment passé sur FR 3. Placard publicitaire :
« Gentilly A Gauche Autrement est une association politique locale, fortement ancrée à gauche, souhaitant placer les citoyens au cœur de la vie politique locale (plus de renseignements sur notre site facebook). Nous projetterons la 3 ème partie du film, "Nos cœurs battent encore" Le débat s'orientera, au-delà des questions de témoignages sur la vie ouvrière (objet du film), autour de la confrontation entre la classe ouvrière et le capital : la fierté d'être ouvrier, la solidarité, les luttes et les conquêtes de la classe ouvrière et l'offensive du patronat pour balayer les avancées sociales acquises au prix de luttes souvent très dures. Nous aborderons aussi la question des inégalités croissantes et les particularités de la situation présente : travail précaire, nouvelles formes de travail (ubérisation...), loi El Khomri, chômage de masse.... Et dans ce contexte, quel avenir ? ».


UNE REPLIQUE GERIATRIQUE DE « NUIT DEBOUT » : GENTILLY gentillet !

Je m'étais fendu la poire lorsque j'avais vu l'intitulé « Nous, ouvriers ». Etait-ce une espèce en voie de disparition ? Une manière d'accrocher les caves à la Léon Zitrone qui, naguère faisait des conférences dans toute la France avec pour thème : « les grands hommmes que j'ai rencontré »... J'imaginais nos deux chevronnés syndicalistes écumant les sentiers poussiéreux telle Flora Tristan pour porter la bonne parole : nous, ouvriers et derniers mohicans...

Apparemment les bonzes à la retraite se prennent encore pour des généraux, avec médailles pour les batailles perdues (nombre de licenciements, état de service comme bon flic syndical). Comment pouvaient-ils prétendre engager un débat sur « la confrontation entre la classe ouvrière et le capital », avec leur niveau apolitique syndical et post union de la gauche bourgeoise ? Le film de propagande de FR3, où la syndicaliste exhibait sa fierté d'être passée à la télé, était affligeant. Typique des films de propagande traditionnel, complètement démoralisant : longs panoramiques sur les murs sales des usines désaffectées. Slogans à la con typique syndicalisme étroit qui prend les ouvriers pour des figurants ; zoom sur le mur où est inscrit : « le capitalisme a tué nos emplois ». Plus bête tu meurs ! Succession d'interviews individuelles de vieux et de vieilles ouvrières dégoûtés par la sauvagerie du capitalisme (on le serait à moins et comme on les comprend mais on s'en fout, tout cela on connaît). Comme si la classe ouvrière n'avait plus de jeunes, voire des jeunes qui ne savent pas ce que c'est d'être exploité! Sempiternels regrets que les enfants se trouvent illico jetés au chômage, et une fin typique de la vision petite bourgeoise et néo-stalinienne : zoom sur des mains graisseuses d'ouvriers et d'ouvrières. Bref le « réalisme socialiste » n'eût pas faire pire. Et la maison de retraite de Gentilly presque au complet, une petite vingtaine de têtes chenues, d'applaudir. Le seul interviewé qui avait frôlé la vérité dans la propagandgnagna FR3 avait été le renégat Martin syndicaliste promus ministre :"mais j'ai eu des bons moments dans ma vie d'ouvrier". Bon mais c'est quand même mieux d'être ministre! Le papy qui salue les présents tient à saluer les élus présents dans la salle. Gaffe ? Moi je ne les ai pas raté les élus « cachés » lorsque j'ai dit que le « on » des présentations je ne savais pas au nom de quel parti il parlait... Il me fût répondu qu'il fallait savoir parler sans étiquettes (surtout si les élus voyeurs gardaient la leur dans la poche!).

Avec cette vision typiquement syndicaliste et misérabiliste de la classe ouvrière servie par la propagande d'Etat et sous les auspices des bureaucrates municipaux de la gauche bourgeoise de Gentilly, il ne fallait pas s'attendre à des miracles. Le retraité général syndicaliste se prit pour un grand conférencier qui allait nous expliquer le capitalisme depuis 1914, quelques généralités suffirent à montrer qu'il n'y connait que pouic en économie, mais surtout une incapacité à tirer des leçons politiques de la crise du capital et à poser les responsabilités du prolétariat, ou à dénoncer les principaux ennemis de la classe ouvrière : le gouvernement de gauche au pouvoir et le sabotage des manœuvres de dispersion syndicales... tout en parlant d'unité... électorale.
Cette pauvre chose d'élus masqués et de syndicalistes qui se croient glorieux, nous engageait à lutter...contre la fraude fiscale et la défense de la SS, car « nous ne pouvons être offensif mais défensif pour surveiller où va l'argent » ! Avec une défense des journaputes qui se battent eux aussi... ce nouveau porte-voix des objectifs électoraux de la gauche bourgeoise est à pisser de rire. La clientèle électorale classique du PCF était là : vieux profs et vieilles syndicalistes. Ils n'ont pas supporté que je leur rentre dedans. C'est une version banlieusarde de la confrérie bobo « nuit debout », à cette différence que eux, ils doivent prendre un cachet « socialiste » pour continuer à dormir. Les papys censurent comme à « nuit à la con », dès que quelqu'un veut développer son point de vue : hop on lui retire le micro ! L'ennui c'est que de plus en plus de prolétaires ne veulent plus poser de questions, et encore moins aux vieux pneus usagés ces pitres politiques de la petite bourgeoisie retraitée ! Ah oui j'allais oublier deux vieux machins retraités se sont mis à exalter le temps libre... En plus ils sont impayables ! Laissons les ronronner dans leurs chaises longues, ceux au moins n'encombrent pas les transat..lantiques !

Sur facebook je consulte le lendemain le site de la mairie qui héberge « à gauche autrement », et je trouve des photos pépères de la salle municipale, et ce seul commentaire (alors que le mien, celui que vous venez de lire n'a pas pu être effacé) : « Une cinquantaine de participants hier soir à la projection du film " Nous, ouvriers" et au débat qui a suivi. Des échanges riches, il se passe des choses pour créer une alternative au libéralisme, reste à rassembler! ». Minable, on n'était pas plus de 30 et aucun résumé, aucune explication de la honteuse façon avec laquelle la clique muncipale des papys et de leurs jeunes exécutants arrachaient le micro à tout intervenant qui durait trop à leur goût... De toute manière ces blogs municipaux ne sont lus par personne et, vu la petitesse intellectuelle de la petite confrérie bureaucratique de la « plus petite cellule de base de la démocratie » (Hollande) népotiste et incompétente, la plupart des ouvriers ne peuvent pas plus les prendre au sérieux que les respecter.

LE SABOTAGE DE LA LUTTE PAR LES AUMONES SYNDICALES

La presse bourgeoise, la télé et le web se sont fait largement l'écho des quêtes CGT, par son VRP un certain Romain Altmann, intermittent de spectacle CGT qui traîne un peu partout sur les réseaux sociaux, comme ces permanents syndicaux de naguère qui traînaient dans l'usine pour mieux surveiller les ouvriers. Avec ce ton neutre qui sied si bien parfois comme intermède à des médias excédés par ces « syndicalistes bornés » on lisait ceci depuis hier :

Grèves : 224.000 euros de cagnotte récoltés par des syndicats CGT

Une indemnisation pour aider les grévistes. La cagnotte de grève lancée fin mai par quatre syndicats CGT pour aider des salariés impliqués dans des grèves reconductibles contre la loi travail a récolté plus de 200.000 euros. Le premier chèque sera versé mercredi à des cheminots, ont indiqué mardi à l'AFP des responsables CGT. Dans le détail, la somme récoltée atteignait 224.292 euros vers 18h00. La majeure partie a été versée en ligne, soit 190.000 euros. Le reste a été remis par chèque ou liquide.
"C'est une caisse destinée à tous les salariés, même venant des autres syndicats non CGT ou non syndiqués", a précisé Romain Altmann, secrétaire général de la fédération Info'com (information et communication). Le montant moyen de l'indemnité va tourner autour de 30 à 50 euros par gréviste et par jour de grève. "Il ne s'agit pas de compenser le salaire d'une journée de travail", a-t-il souligné.
Un premier chèque de 15.000 euros pour les cheminots de Versailles
Près de 4.400 donateurs, principalement des jeunes et des retraités, ont participé à cette initiative des syndicats CGT Info'com, Air France, Goodyear et SIP (imprimerie de la presse), lancée le 24 mai, au moment des premiers appels à des grèves reconductibles dans les raffineries. Le premier chèque, de 15.000 euros, sera remis mercredi aux cheminots de Versailles. D'autres seront remis aux grévistes du site de vente en ligne Amazon, aux grévistes du Havre (raffinerie, dockers) et aux postiers des Hauts-de-Seine, a précisé M. Altmann.
(avec AFP)

Magnifique élan de générosité vous dira le premier syndicaliste de base venu ! Un peu d'honnêteté dans un monde pourri ! Hélas pas du tout cher syndiqué de base, quoique je partage votre indignation contre la loi « travaille ! » (et ferme-la!). Depuis très très longtemps les quêtes de solidarité sont un « truc » des syndicats d'Etat et des aventuriers gauchistes pour se faire « reconnaître » comme de vrais amis des ouvriers. « Camarade ! Mettez aux drapeau ! ». Combien de fois n'ai-je pas vu depuis une quarantaine d'années militants syndicalistes et gauchistes en appeler à la solidarité devant telle ou telle entreprise au profit de salariés d'une autre en lutte depuis quelque temps ou un temps qui s'allongeait sans que le patron ne daigne négocier! Et j'y allais de ma poche bien sûr, pas comme ce nigérian qui abusa Marie sur Meetic en la suppliant de lui envoyer 2000 euros parce qu'on avait pillé son appartement, car l'Afrique est très pauvre, et que sa fille allait mourir de la variole, et qu'il l'épouserait en venant un jour en France, non un petit billet, et voilà.

L'aumône syndicale (aide pécuniaire à des nécessiteux...) est très perverse. Vous le savez bien, qui dit argent dit pouvoir, et pouvoir sur l'autre. Marx a si bien parlé des « eaux glacées du calcul égoïste » et décrit comment on peut si bien manipuler l'autre :

« Tout produit est un appât avec lequel on tâche d'attirer à soi l'être de l'autre, son argent ; tout besoin réel ou possible est une faiblesse qui attirera la mouche dans la glu ; - exploitation universelle de l'essen­ce sociale de l'homme, de même que chacune de ses imperfections est un lien avec le ciel, un côté par lequel son cœur est accessible au prêtre ; tout besoin est une occasion pour s'approcher du voisin avec l'air le plus aimable et lui dire : cher ami, je te donnerai ce qui t'est nécessaire ; mais tu con­nais la condition sine qua non; tu sais de quelle encre tu dois signer le pacte qui te lie à moi; je t'étrille en te procurant une jouissance). L'eunuque industriel se plie aux caprices les plus infâmes de l'homme, joue l'entremetteur entre son besoin et lui, excite en lui des appétits morbides, guette chacune de ses faiblesses pour lui demander ensuite le salaire de ces bons offices » (Manuscrits de 1844).

Vous pouvez remplacer l'eunuque industriel par l'eunuque syndical CGT ou LO, c'est la même chose : les quêtes syndicales de bébé Altmann dans les circonstance actuelles obéissent à deux objectifs clairs :

  1. Empêcher toute généralisation de la lutte après avoir organisé (ficelé) des grèves corporatives isolées et longues , où les concernés, qui n'ont pas vraiment décidés en AG, jouent les héros face aux médias (quand en catimini leurs chefs syndicaux se démènent pour que les jours de grève... soient payés pour mieux faire avaler la fin de la récré au coup de sifflet des bonzes en chef) ;
  2. faire durer des « ilôts de résistance » dispersés, mais contrôlés par la structure syndicale nationale et étatique (les chefs syndicaux sont en lien permanent avec la police), où le syndicat arbore le chapeau de principal « lutteur », mais qui emmerdent surtout le reste de la classe ouvrière, vaguement conviée un beau jour à « étendre la lutte » (mais en attendant des consignes précises qui ne viennent jamais), où à participer « massivement » à des manifs qui font rire les ministres en costard cravate ; qui emmerdent surtout la classe ouvrière parce que ce sont des grèves hyper corporatives : dans le transport alourdissant le déplacement quotidien au turbin, le rendant plus insupportable encore avec l'odeur des poubelles elles aussi en grève syndicale. Tout se passe comme si les syndicats dits radicaux CGT et SUD voulaient ridiculiser la classe ouvrière de ne pas se ranger sous leurs ballons et leurs fausses promesses.

La véritable solidarité n'est évidemment pas financière mais c'est celle d'entrer en lutte très vite partout au début d'une grève ou d'une protestation politique... mais vu les circonstances, et le fait qu'on est à la fin comme tout le monde s'en rend compte, la saloperie des principaux ennemis du prolétariat, syndicats et gauchistes, est d'accoucher de cette souris : l'aumône syndicale, dont au demeurant on peut douter de l'hônneteté de la distribution : ira-t-elle aux non-syndiqués, aux syndiqués d'un syndicat collaborateur direct, etc. Qui décide de la répartition, du montant, de ce que doit recevoir chacun (célibataire ? Père de famille?) ; bien trop compliqué pour que cela ne permettre pas des entourloupes... Une nouvelle arlésienne près celle des AG truquées ou inventées...

Et je n'en ai pas rajouté, mais tous les témoignages dont je dispose depuis longtemps sur les « caisses de solidarité », de LIP à PSA – non seulement ont été des exemples de mise sous l'emprise (politique ou syndicale) des collecteurs, mais ont servi à laisser de côté la question de la « généralisation » de la lutte en enfermant les ouvriers dans la problématique : comment tenir longtemps... (et dans l'isolement) grâce aux quêtes de l'aumônerie syndicale ! Ces cul-bénis de l'enterrement des luttes !



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