PAGES PROLETARIENNES

mercredi 15 juin 2016

MANIF BAROUD D'HONNEUR ?

 OU ENIEME EPISODE D'UNE COLERE QUI NE S'ETEINT PAS ?


Beaucoup de discussions en cours de route de cette douzième ou treizième manif qui n'enterre pas plus la colère que les précédentes, défiant tous les pronostics, y compris les miens – je croyais même que tout serait réglé avant l'Eurofoot – pourquoi ? Est-ce à dire que la CGT, avec son moustachu si peu impressionnant et si convivial dans le secret des cabinets ministériels, serait devenue vraiment l'expression de la colère ouvrière au niveau national ? Voire révolutionnaire pour les plus naïfs ? Voire ne voudrait pas se retrouver numéro deux en France derrière la CFDT comme l'assurent journalistes et LO ?

Aucune de ces hypothèses n'est sérieuse en réalité, la CGT reste le principal CRS du gouvernement comme elle l'a prouvé il y a peu -mais vous l'avez oublié ! - en prêtant main forte aux vrais CRS contre les « casseurs ». Au cours d'une manif comme celle-ci, pour peu que vous discutiez un peu hors de votre corpo ou avec celles et ceux qui défilent hors cordons syndicaux, vous en apprenez des tonnes. Témoignages de visu du matraquage de manifestants « incontrôlés » par le SO de la CGT, témoignages du lâcher depuis les hélicoptères de la police de pétards lacrymogènes et autres bombinettes de désencerclement.

Mais observons les principales caractéristiques de ce genre de manifestation avec une présence importante des régions. La précédente à Paris dite intercatégories avec les cheminots avait été gentillette et un peu ridicule avec les slogans gauchistes éculés sur l'anticapitalisme. Je n'avais pas participé à la plupart des manifs-enterrements (ratées) précédentes, mais ayant fait celles de 68 et après, je suis frappé par un niveau de violence très rapide et bien supérieur au temps jadis. Une première explication : l'exclusion sociale, et par conséquent aussi syndicale (les syndicats se fichent des chômeurs) a créé une génération très peu disposée à ronronner en rang sous les bannières syndicales. Ne vous laissez pas abuser au début par la marée des fanions CGT ou SUD, elles décorent les traîne-savates, toujours en retard d'un métro, mais qui font partie de notre classe et ne sont pas méprisables. Ce jour ils étaient venus de toute la France et certains m'ont répliqué qu'ils n'avaient pas été décervelés par le voyage en car syndical (ce dont je doute, chants gogols pendant centaines de kilomètres accompagnant force libation et après... plus aucun sens critique). On n'était pas un million, certainement plus près des chiffres de la police, je dirais 100.000, ce qui peut paraître énorme sur un parcours d'avenues plus étroites que Bastille-République et avec un défilé qui mettra près de cinq heures à s'écouler.
La deuxième explication est que les manifestations attirent un plus grand nombre de chômeurs que jamais, jeunes, combatifs, déterminés, peu sensibles aux discours corporatifs syndicaux, ils veulent la confrontation. De mes yeux vu que les ouvriers casqués de Lorraine, des Hauts de France ou d'ailleurs n'aiment vraiment pas les CRS et en fin de manif faire comme les dits casseurs ; surtout à aux Invalides, avant de monter dans les cars, ces prolétaires ont persisté à canarder les CRS, sans doute pour leur laisser une carte postale de leur province, et écluser leur colère (certains étaient complètement éméchés) des fins de manif sans but et sans AG ; la mouvance obscure Nuit debout appelle systématiquement à des AG après les manifs mais loin de celles-ci ou à des endroits farfelus comme le Sénat ou le jardin du Luxembourg, ce jour, en tout petits caractères sur un tract gros comme un timbre. L'idéologie pacifiste des « nuit debout » est très présente, et révulse les jeunes chômeurs. Une des facéties des bobos de cette engeance est de s'approcher mains en l'air des CRS pour les faire reculer ou parlementer. Cette farce ne marche pas, le gourdin est la seule réponse ou le canon à eau comme vous pouvez le voir sur mon film, pas sur ma galerie photos.

Revenons au début de la manifestation. Du jamais vu, la CGT ne contrôle plus ce genre de manif comme naguère où ses imposantes troupes municipales et bureaucratiques faisaient régner l'ordre, en remettant à la police une infime minorité de ploum-ploum. Désormais c'est une escouade de deux à trois mille, anarchistes je ne sais pas, mais incontrôlés et manifestants qui ne se sentent pas à l'aise dans les boites de conserve corporative oui et qui mènent la danse en début de cortège. Sur ce point la CGT est en effet cuite. Il y existe une véritable solidarité intercatégorie ; à un moment suffocant sous les gaz et les paupières brûlées on est venu me soigner, et on me demandant plus loin si j'allais mieux... Les masqués sont souvent très jeunes, très sympathiques et bourrés d'humour, et humour qui fait plaisir à lire sur les murs comme vous pouvez le voir dans mon reportage photo.
En marchant il est une autre chose inouïe qui dépare avec le ronron syndical, et jamais vu depuis des décennies à mon avis : les manifestants parlent de la nécessité d'un changement de société. Pas seulement les laissés pour compte mais aussi les ouvriers des secteurs dits privilégiés du public;
Un des slogans qui m'a frappé au début pépère de la manif place d'Italie était « Berger on est pas tes moutons ». Le chef de la CFDT en France se nomme malheureusement pour lui « Berger » ; le principal syndicat fayot de la gauche bourgeoise au pouvoir ne perd rien pour attendre : il est minoritaire dans la rue ; mais comme je l'ai dit à des manifestants, tous les chefs syndicalistes se prennent pour nos bergers. En tout cas, l'argument de ce berger selon lequel il faut savoir terminer une grève pour les secteurs pas concernés a fait rire la plupart. Même si les secteurs publics ne sont pas concernés (pour l'heure), ces travailleurs ont des épouses, maris et enfants qui eux sont concernés directement par l'attaque bourgeoise du 49.3 ; un jeune manifestant, hostile au stupide bashing police, m'a même dit : « les CRS aussi ont des femmes et des enfants qui passeront sous la coupe du 49.3 ! ».
Ce qui est tout de même enthousiasmant dans ce mouvement hétéroclite, protéiforme, sans queue ni tête, malgré l'apparent ordonnancement de l'appareil CGT – et ses tentatives infructueuses d'usure en alternant grèves dispersées et grèves minoritaires – c'est cette conscience extra-corporative, hors revendication de boite, qui se développe contre l'attaque « sarkozienne » de la bande à Hollande en fin de parcours, bande particulièrement méprisante comme me l'a fait remarquer une jeune infirmière. Le « tous ensemble » qui est parfois entonné a un côté vieillot et inadapté, rappelant le saucissonage de 1995, où chacun était resté dans sa case corporative, ce qui avait finalement permis à l'attaque sur les retraites de passer. Plus géniale est cette réflexion : nos enfants, d'autres que nous, sont attaqués par cette loi de merde. Et surgissant, débarrassée de ses vieux oripeaux (pas tous, il y a encore des illusions sur le merdier de la Commune de 1871), pour parodier Morin en 68, rejaillit l'idée de révolution, cette nécessité de foutre en l'air un ordre bourgeois de plus en plus cynique, cause de guerre. Notons que malgré la dramatique tuerie du couple de policiers de Magnanville par un nazislamiste, l'ambiance « état d'exception » du père chysanthème Hollande et de son bedeau Valls, est pratiquement nulle sur la lutte de classes ; un des badges les plus vus au cours de cette manif faisait plaisir à voir : « je lutte des classes ».

Venons en au déroulé de la manif elle-même. Comme la CGT ne peut plus décemment policer une telle volonté de gueuler la colère ni encadrer les défilés, la Préfecture, et donc le gouvernement a choisi une stratégie de la provocation. Ses pions policiers sont présents de façon arrogante dès le départ, barrant chaque petite artère de grande avenue pour transformer le défilé en nasse et en masse à matraquer ou à gazer si cela tourne mal. Leur intervention n'est pas toujours négative même si plein de manifestants m'ont rapporté qu'une fois lancés à l'assaut ils cognent indifféremment sur les femmes et les vieux. Ils peuvent intervenir au milieu des manifestants sur tout individu portant un paquet suspect. Il peut toujours y avoir en effet des comportements bizarres, les cinglés ne sont pas tous dans les Yvelines. Un rmiste, en voie d'adhésion à la CGT (?) - qui s'était pris la tête avec des badgés CGT du premier rang qui bousculaient les CRS et les insultaient, leur demandant de les respecter - m'informa qu'un type portant une tronçonneuse sans lame avait été arraché aux mains des cognes au départ. Etrange de se balader avec une tronçonneuse pour une manif... avec sans doute un copain plus loin avec la lame ! Autre avantage dans l'ambiance du moment, personne n'est borné. Le bashing police n'est pas du goût de tout le monde, et j'ai même trouvé qu'il n'y avait qu'une infime minorité d'abrutis pour rendre les CRS responsables de tous nos malheurs. Curieux n'est-ce pas ce mouvement de rue où on discute comment il faudra passer à une société communiste et gagner les CRS à notre cause... Inédit aussi, la plupart des manifestants filment avec leur portable, voire se mettent en scène en selfie, comme quoi il reste toujours une part de narcissieme et d'hédonisme des sixties.

Revenons à la stratégie policière de ce jour qui a choqué plusieurs de mes collègues manifestants, plus habitués que moi aux manifs de ces dernières années. Vu la configuration donc, deux à trois mille incontrôlables en début de cortège, il faut tenter de saucissonner la manif, de scinder son aile la plus radicale et jem'enfoutiste des consignes corporatives syndicales. J'ai eu du mal à comprendre la manœuvre alors que je marchais aux premiers rangs dans l'ambiance festive avec cornes de brume et pétards de carnaval dont certains sont très violents et nous mettent les nerfs à fleur de peau. Une rangée d'une quarantaine de CRS nous précédait, marchant à reculons, mais chaque reculeur était épaulé par la main d'un collègue derrière lui pour éviter qu'il ne tombe. Subitement la rangée marquait un coup d'arrêt. Nous pensions que c'était pour éviter que la manifestation s'étire ou n'aille trop vite. Bernique ! Comme la muleta excite le taureau, le but était d'énerver nos casseurs qui piaffaient d'impatience. A ce jeu, au niveau de l'hôpital Necker, des objets ont commencé à voler en direction de la rangée de CRS : fusées, petit carreau de plâtre, canettes... Devant on poussait, ne comprenant toujours pas la raison de ce blocage alors que la manifestation devait voir son termes place des Invalides. Les CRS n'ont pas dégainé les matraques mais envoyé les lacrymos produisant un début de recul de la foule, en tout cas son interruption. L'avant-garde de la manif était scindée en deux. De chaque côté des rues adjacentes se trouvaient deux compagnies de CRS qui sont immédiatement canardées, des pierres volent, des fusées sont tirées dans leur direction. Des manifestants pensent qu'il y a des policiers-voyous en civils qui sont mêlés aux casseurs. Sans doute mais cela n'élimine pas la volonté de réplique des jeunes casseurs cagoulés à la provocation policière. Deux de ces jeunes m'expliquent que le but recherché est d'enfermer les plus « radicaux » dans un nasse et en sandwich, pour les couper du reste du long cortège ; le cortège a été certainement un des plus importants de ces dernières années. Retournant à pied (j'aurai accompli au moins 20 bornes) vers la place d'Italie, j'ai constaté que des groupes de manifestants n'avaient pas démarré alors qu'il était dix huit heures (départ à 13 heures).
Cela canarde très dur. Retournement de situation, une compagnie de CRS se retrouve bloquée dans
une rue en impasse près du carrefour de Duroc. C'est la curée. Une avalanche d'objets atterrit sur les CRS, qui ont beau être harnachés comme des chevaliers de la table ronde mais peuvent être assommés ou grièvement blessés par des pierres jetés avec grande force et agilité, des boucliers sont éclaboussés de peinture. Je peux dire que j'ai vu de la terreur dans leurs yeux. La presse bourgeoise ne parle jamais de l'exposition dangereuse de cette « piétaille » ; elle fait sa une ce matin sur des vitres cassées de l'hôpital Necker (voir plus bas ce que j'ai vu). Plus incroyable cette compagnie est laissée ainsi agressée pendant de longues minutes avant que la hiérarchie policière ne daigne envoyer des renforts. Spectacle effrayant ou on a même honte qu'aucun manifestant de crie « arrêtez ! ». Plus tard le camion moto-pompe se met en branle dans la rue parallèle, mais tel un gros nounours il n'impressionne pas les manifestants. Ceux qui sont loin de l'engin rigolent en voyant ses jets d'eau. Ceux qui sont près viennent narguer ce King Kong balourd, lui jette des objets. Lorsque le gros balourd va vouloir tenter de barrer l'avenue, le pauvre tank anti-émeute est pris à partie, certains tentent de lui crever les pneus, un autre entreprend de briser un des parebrises. L'engin est de travers, ne peut plus avancer ni reculer, sinon il écraserait des manifestants. La hiérarchie policière a mis du temps à aussi à envoyer deux colonnes de CRS pour entourer King Kong à la peine. Entretemps la manif s'est reformée, les anarchistes ont appelé de leurs mains les rangs des SUD et NPA qui hésitaient à se mouiller. Beaucoup pleurent sous l'effet des lacrymos. Vaut mieux avoir un foulard et du jus de citron.
Le défilé va reprendre mais en ayant perdu toute dynamique par suite aux coups de boutoir de la provoc policière. Pire les centaines de milliers qui arrivent derrière avec leurs marées de casques ouvriers et de drapeaux rouges syndicaux défilent en regardant pantois toutes les vitrines et abribus brisés depuis Montparnasse jusqu'à Sèvres -Babylone. Ils ne chantent plus, leur regard est désolé de la désolation qu'ils voient. Provoc policière et dégâts d'abrutis masqués avec gros caillous sur toutes sortes de boutiques. On a plus de chance de ridiculiser cette manif comme baroud d'honneur contrarié grâce aux casseurs. Le chef moustache CGT ne se gênera pour appeler à dénoncer les casseurs, d'autant plus que les manifestants pépères de l'arrière ne sauront jamais ce qui s'est passé devant ni sur le comportement tordu de la hiérarchie policière.

J'ai réalisé une galerie des slogans néo-soixantehuitards sur les murs des quartiers bourgeois, certains sont rafraîchissant et débordant d'imagination, d'autres nunuches communards. Ce genre de manif est propice aux sectes pour arroser de leurs tracts et pensums. Mes poches débordaient de leurs pensums. Passons en revue les mutins de Panurge.

LO et NPA étaient présents avec leurs ballons, les deux égéries Arlette et Nathalie posaient pour la photo comme si elles étaient des stars à Cannes. LO est désormais le seul groupe imposant, quoique
composé d'une majorité de têtes chenues. Quelques militants d'un groupe délirant, « Science marxiste » diffusaient leur presse imbitable 'L'internationaliste', j'ai attrapé celui qui paraissait être le chef en lui demandant d'ôter sa cravate, le cave était habillé comme un vulgaire Macron ; il m'assurait que cette secte, qui certes publie de beaux livres façon La Pléiade, était le principal groupe révolutionnaire en Europe.

ATTAC FRANCE faisait distribuer un petitou tract : « MEDEF ETAT convergence des luttes contre les citoyens » qui propose évidemment comme tout le monde le retrait « définitif », et pour rompre avec les politiques néolibérales, propose les mesures bolcheviques suivantes :
  • revaloriser le travail (même s'il y en a de moins en moins)
  • relocaliser les activités (sans doute pour que les bobos soient moins loin de leur résidence principale à la campagne)
  • mettre la finance au service de la société (en gros un capitalisme propre).

FAKIR faisait distribuer un supplément grandeur nature où il déclare : « Nous ne voterons plus PS », lequel est devenu un mouroir. Grande révélation : le scandale de Panama (80 ans après...) alors qu'on s'en fout. Comme Attac ces ânes imaginent une finance propre.

ACRIMED (action critique médias) se désole des « Tribunaux médiatiques pour syndicalistes « radicalisés ». Légère exagération : les syndicats sont mis en scène par les partenaires journalistes, nuance !

Un collectif Ni Guerres Ni Etat de guerre, reproche à la police d'utiliser les mêmes sales méthodes que contre la jeunesse d'origine immigrée, de perquisitionner ad aeternam de nuit, d'envoyer ses CRS en Grèce pour faire la chasse aux migrants et les entasser dans des camps, et conclut :
« L'état d'urgence contre le mouvement social, contre les jeunes, contre les musulmans, ça suffit ! Tous dans la lutte contre la loi Travail et son monde ». Il y en aura comme ça pour tout le monde.

Le « Pôle de Renaissance communiste en France » râle contre le déguisement d'un eurodiktat « déguisé en loi El Khomri ». La digne représentante des ouvriers arabes ne serait-elle qu'un pion de Bruxelles ? Le PRCF est ferme : « Revenons à 100% au syndicalisme de classe ». Enfin pour toute renaissance on a le plaisir de voir déterré les compères Thorez, Marcel Paul et Croizat – qui ont tant fait pour l'aristocratie ouvrière (c'est moi qui le dit) – quand ils étaient membres du PCF « alors léniniste, et de la CGT de Frachon ».

Un POID (Parti ouvrier indépendant démocratique) prévient que deux camps se feront face le 14 juin, d'un côté vous et moi, mais de l'autre : « le gouvernement, ses soutiens « syndicaux » (CFDT et UNSA), ses forces de répression et ses maîtres de Bruxelles et de Washington ». UN peu déséquilibré non ?

Pour le Bolchevik, la loi El Khomri est « une machin ede guerre antisyndicale » : « c'est à la classe ouvrière de chasser les traîtres à la tête des syndicats et les remplacer par une direction lutte de classe renforçant les syndicats ». Alors pourquoi virer les traîtres ? Le Bolchevik, sans le bonnet ridicule du général Trotsky, voit loin... en arrière : « Une mobilisation de la jeunesse peut être l'étincelle pour une mobilisation ouvrière d'ampleur, comme cela a été le cas en 2006 avec le CPE ou en Mai 68 ». Mais le plus important enfin concerne la lutte contre le fascisme : « Pour des mobilisations du mouvement ouvrier et des minorités contre les fascistes ». Vous l'avez deviné, ce sont les fascistes qui sont en train de faire passer la loi 49.3.

Alternative libertaire nous promet pour bientôt « Un autre futur », expliquant que la véritable opposition au gouvernement n'est pas Sarko and CO « c'est le mouvement social ». De plus le « gouvernement faiblit ». Conclusion : « Rejoignez-nous maintenant, pour ne plus subir et imaginer une autre société, communiste et libertaire ». Ah quand l'imagination libertaire sera au pouvoir ce sera un fumet d'oxygène bakouninien !

« Nous sommes le pouvoir réel » c'est PLATEFORME 2016 qui le dit avec un format journal luxueux sur papier glacé. « Pour un mouvement de libération : fédérons-nous ! ». Fakir avec ses facéties anti-PS et Attac avec sa lessive anti-finance devraient pouvoir se retrouver dans les promesses alléchantes de Plateforme 2016, que je ne citerai pas toutes tellement elles vont vous faire baver... de rire :
  • embauche de 6 millions de chômeurs avec une embauche supplémentaire pour 4 salariés occupés.
  • Semaine des 25 heures et échelle mobile des heures de travail.
  • Augmentation du salaire minimum à 1500 euros net
  • transparence des salaires
  • gratuité des produits de première nécessité
  • réquisition des logements vides
  • expropriation des grandes fortunes
  • naturalisation automatique de tous les résidents en France.

OCML VOIE PROLETARIENNE (VP-PARTISAN.ORG) commence par une réflexion sensée, comme seuls mes maoïstes sont capables avant de plonger dans les pires délires : « L'énorme travail de mobilisation pour la réussite des manifestations du 14 juin ne doit pas masquer l'absence de perspectives claires pour la suite ». Alors voici quelques conseils :
« La lutte syndicale est indispensable mais insuffisante, c'est toute la société qu'il faut changer (…) La révolte même radicale ne suffit pas. Les Nuits debout ou autres regroupements à la base, c'est bien pour se retrouver, débattre et être actifs. Mais c'est impuissant pour être une force agissante et efficace face aux exploiteurs ». Quelques propos sensés mais horreur, comment pourrait-on confier à des maoïstes « la reconstruction d'un vrai parti communiste » ?

Le GSI (groupe socialiste internationale, avec le tampon Ive Internationale) ne dit rien de marrant ni de sérieux : « Pour gagner, il appartient à l'intersyndicale d'appeler haut et clair à la grève générale jusqu'au retrait. Cet appel serait un signe fort.

Une poignée de mémères s'étaient invitées sur le trottoir pour exiger la libération de Georges Abdallah, donnant rendez-vous dimanche à la place des fêtes, et concluant par le triste : Palestine vaincra.

Un FRONT SYNDICAL DE CLASSE, répertorié à Marseille, après avoir cité en exergue une forte pensée du grand philosophe Henri Krasucki, nous rappelle que « notre bataille présente » est « profondément inscrite dans la lutte pour la démocratie ». Il fallait le dire, au risque qu'on ne se rende pas compte de cette ânerie.

Les associations charitables pullulent en général, il n'y en avait à ma connaissance qu'une : réseau salariat, qui devrait faire copine avec Attac et Plateforme 2016 : « L'emploi c'est pas une vie... Généralisons les salaires à vie et les co-propriétés d'usage ! ».

J'ai gardé pour la fin le placard de la coordination intermittents et précaires (CIP-IDF). Ce milieu marginal auquel tout est dû, plaide pour la fin du jour et de la nuit en espérant que Nuit debout « s'avèrera un mouvement révolutionnaire ». Il faut commencer par jouir sans entraves : « Dans le grand bazar de la lutte, il y a d'immenses ressources de plaisir : la mise en pratique d'une véritable horizontalité des relations, une invention de nouvelles formes de lutte, une émulation entre les acteurs ». En espérant que ce n'est pas une pub pour boite échangiste, essayons de suivre l'oracle :
« La lutte que nous menons est asymétrique. Plutôt qu'une guerre, c'est une guérilla avec des objectifs, des moyens, des forces sans cesse mouvants. Peut-être projetons-nous ainsi dans une forme endémique de contestation, qui aura la qualité de l'organisation que nous saurons lui inventer, mais qui, à Paris ou ailleurs, est appelée à essaimer et à s'étendre ». Derrière ce bla-bla inconsistant il y a une inquiétude pour la pérennité des revenus des saltimbanques si obligés de la gauche au pouvoir, et la tranquillité de leur intermittence dans l'emploi. Un énième discours qui veut éterniser la somme des luttes catégorielles sans remettre en cause l'Etat bourgeois (Etat papa ou tonton) comme les melting-potes d'Attac et de Plateforme 2016. Ce qui est sûr, comme tous ces extraits le montrent, ainsi que les échos de la manif et, persistants, de l'affaire Nuit debout : il y a pléthore de réformateurs et autres programmateurs de projets de société « accommodée » aux rêveries romantiques incrédibles anarchistes (l'autogestion), une garantie de revenu sans rien foutre (le rêve de tout bobo), et de travailler éventuellement le moins longtemps possible. A d'autres époques on a connu foison de programmes rigolos, mais, pour notre part, nous sommes désolés, un seul est sorti du lot : le Manifeste communiste de 1848.

MENSONGES DE LA PRESSE BOURGEOISE

Version Le Point : L'hôpital Necker vendalisé ! Mensonge, au carrefour Duroc les policiers étaient placé dans la rue adjacente, ce qui fait que des projectiles ont pu briser des vitrines de l'hôpital, mais le titre permet de dramatiser :
« Les violences des casseurs ternissent la mobilisation. Selon les organisateurs, un million de personnes ont participé à ce rassemblement, ils étaient près de 80 000, selon la préfecture de police. Mais, encore une fois, de nombreuses violences ont émaillé le cortège. Selon un bilan provisoire de la préfecture de police (PP) de Paris, 29 policiers et 11 manifestants ont été blessés dans la capitale. Les heurts entre plusieurs centaines de personnes encagoulées et les forces de police ont commencé rapidement après le début du cortège parti de la place d'Italie. Sur l'ensemble du pays, 1,3 million de personnes ont battu le pavé, selon les syndicats, « au moins 125 000 », selon les autorités. Selon un bilan provisoire de la préfecture de police (PP) de Paris, 29 policiers et 11 manifestants ont été blessés dans la capitale. Sur l'ensemble du pays, on comptait 73 interpellations. Les syndicats contestataires, qui refusaient de voir cette journée comme « un baroud d'honneur », ont salué le « succès » de la mobilisation. « Les jeunes dans la galère, les vieux dans la misère, cette société-là, on n'en veut pas », scandaient les manifestants à Lyon... ».

La dépêche AFP est simplement recopiée par tous les torchons provinciaux :

« Dans la capitale, la manifestation a rapidement tourné à l'affrontement. Plusieurs centaines de personnes encagoulées ont pris à partie les policiers et gendarmes avec des jets de projectiles. Dans le secteur de Port-Royal, des « individus sont entrés sur un chantier pour prendre des palettes avant de les jeter sur les forces de l'ordre », selon la police.
Les agents en tenue anti-émeute ont fait usage du canon à eau, notamment sur une place située près de la station de métro Duroc. Quinze policiers ont été blessés à cette occasion. « On n'a jamais vu l'utilisation du canon à eau c'est fou », s'est étonné un retraité assistant à la scène. Dans le XVe arrondissement, l'hôpital pour enfants Necker a été vandalisé. « Quinze baies vitrées ont été cassées », a indiqué l'Ap-HP, qui va porter plainte.
Dans la soirée, un véhicule de la RATP et deux Autolib ont été incendiés par des casseurs.
Sur le plan politique, le leader cégétiste Philippe Martinez doit rencontrer vendredi la ministre du Travail Myriam El Khomri. Les syndicats ont d'ores et déjà programmé deux nouvelles journées de mobilisation, les 23 et 28 juin.



Le compte-rendu de libération est le plus près de la vérité et signale qu'il y a eu encore un blessé grave:
«  Tout de noir vêtus, les manifestants les plus radicaux harcèlent les forces de l’ordre. Leurs projectiles ? Des bouteilles de bière et des pierres. En face, on réplique à coups de gaz lacrymogènes et de grenades assourdissantes. Le défilé est bloqué de longues minutes. Mais les manifestants, masque sur la bouche et lunettes de plongée sur les yeux, ne reculent pas. Loin de se désolidariser des «casseurs», comme les y avait invités le préfet de police de la capitale, ils font bloc. Une fanfare entame Bella Ciao dans une nuée de lacrymos, tandis que les équipes médicales prodiguent les premiers soins aux blessés, pour l’instant légers : yeux rougis, contusions… Les slogans sont classiques : «Anti, anti, anticapitaliste!», «Paris, debout, soulève toi !» D’autres sont revisités : «La police déteste tout le monde», au lieu de «Tout le monde déteste la police». Ou encore : «Si t’es fier d’être CRS tape ton collègue!»
 
http://www.liberation.fr/france/2016/06/14/paris-afflux-tendu_1459498


Mais c'est aussi hypocrite de la part du journal de Rotschild, il suffit de lire les commentaires indignés pour voir comment police et CGT ont laissé faire pour que ce soit un baroud d'honneur, sale :
j'aimerai connaitre tous les avantages( nature financier....) des dirigeants de la cgt
Quelle honte que de caillasser un hôpital !!  Cégétistes, c'est le chant du cygne
pas honte de s'en prendre à un hôpital pour enfants ?????????
Bravo les camarades!



















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