PAGES PROLETARIENNES

jeudi 30 juin 2016

Après Ankara, Istanbul... De mystérieux attentats


Le plus curieux est que l'attentat (comme les précédents, sans oublier l'accident inexpliqué d'Egypt Air)) reste mystérieux. Le même jour la chaîne teutonne (d'un pays ami du despote Erdogan) diffusait une soirée consacrée à la complicité daech-Etat turc... serait-ce un renversement d'alliance? ou un nouvel écran de fumée (sanglant) pour couvrir la complicité de la Turquie qui met tous les attentats sur le dos des kurdes en général? Alors que tout le monde sait que ce sont les SS turcs ou le laisser-faire qui président à ces meurtres de masse.

Vous lirez deux visions ci-après, celle du consensuel Le Monde, plate et creuse, puis l'interview du Figaro plus intéressante politiquement sur les magouilles impérialistes que cachent ces sinistres attentats, où daech à défaut d'être la main de dieu, est le poignard de l'impérialisme US, de l'Arabie Saoudite (qui a le culot de plaindre quelques concitoyens victimes) et …de la Turquie terroriste du despote Erdogan. Aux dernières nouvelles les trois kamikazes seraient d'origine russe. A qui profite le crime au moment même de la réconciliation Russie-Turquie? Daech se serait-il mis au service du SVR?

L'immonde :
« Si aucune revendication n’a été reçue pour l’heure, Ankara penche vers l’hypothèse d’une opération menée par des membres de l’organisation Etat islamique (EI). « Les indices pointent Daech [acronyme arabe de l’EI] », a ainsi déclaré le premier ministre, Binali Yildirim. Lors de deux attentats précédents à Istanbul, les autorités turques s’étaient également empressées d’attribuer l’attaque à l’organisation terroriste. Depuis les Etats-Unis, le directeur de la CIA, John Brennan, a lui aussi dit que l’attentat portait « sans aucun doute la marque de la dépravation de l’EI ». Le président américain, Barack Obama, avait lui-même laissé entendre un peu plus tôt, mercredi, que l’attaque-suicide pourrait être l’œuvre de l’organisation djihadiste. Par son ampleur, sa cible et son mode opératoire, cette opération se distingue toutefois de celles précédemment attribuées à l’EI. Mais elle comporte aussi des similarités avec celle survenue, le 22 mars, à l’aéroport de Zaventem à Bruxelles, celle-ci ayant été revendiquée par l’organisation terroriste. Mais l’EI n’est pas le seul suspect. La Turquie est confrontée à une autre menace, celle des autonomistes kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), en guerre contre Ankara depuis 1984 ».



FIGAROVOX/ENTRETIEN - Alain Rodier décrypte le contexte géopolitique turc après l'attentat de l'aéroport d'Istanbul. Pour lui, les indépendantistes kurdes restent, devant l'Etat islamique, l'ennemi prioritaire d'Ankara.

Spécialiste du terrorisme et de la criminalité organisée, ancien officier au sein des services de renseignement français, Alain Rodier est directeur de recherche au Centre Français de Recherche sur le Renseignement (CF2R).

FIGAROVOX. - Les attentats à l'aéroport d'Istanbul, métropole attaquée pour la troisième fois cette année, on fait 41 morts et 239 blessés. Que vous inspirent-ils?
Alain RODIER. - Ils font partie intégrante de la «situation de guerre» dans laquelle la Turquie se retrouve aujourd'hui empêtrée. Ils marquent l'échec de la politique étrangère menée par Recep Tayip Erdogan depuis les printemps arabes en général et la révolution syrienne en particulier.
Ont-ils été perpétrés par l'Etat islamique? Si c'est le cas, comment expliquer qu'ils n'aient pas été revendiqués?
Il est trop tôt pour avoir des certitudes. Selon Binali Yildirim, le tout nouveau Premier ministre turc, des indices
Le mode opératoire rappelle d'autres actions revendiquées par Daech comme l'attentat dirigé contre l'aéroport de Bruxelles.
concordants laissent à penser qu'il s'agit bien de Daech. Sachant que les autorités turques ont tendance à présenter les séparatistes kurdes comme les premiers instigateurs d'attentats, il est fort probable que les services de renseignement turcs aient en leur possession des éléments qui leur permettent d'avancer cette thèse. Il est vrai que le mode opératoire rappelle d'autres actions revendiquées par Daech comme l'attentat dirigé contre l'aéroport de Bruxelles.
Jusqu'à aujourd'hui, jamais Daech n'a pas revendiqué les opérations qui lui ont été attribuées en Turquie (en particulier les attentats de 2015 à Suruç et à la gare centrale d'Ankara). C'est une curiosité puisque partout ailleurs, Daech revendique dans les heures qui suivent toutes les opérations qu'il peut mener ou que d'autres conduisent en son nom. Il est possible que ce soit une manière de ne pas «humilier» directement le pouvoir turc de façon à se préserver une «porte de sortie (et d'entrée)» via la Turquie. En effet, c'est le seul pays par lequel les volontaires et la logistique peuvent transiter. Cela dit, il semble que les limites aient été atteintes et que Ankara ne va plus faire de cadeaux.
La Turquie a effectué de récents rapprochements avec la Russie - versement de compensations financières après avoir abattu un avion de chasse russe en novembre 2015, déclarations du chef de la délégation turque à l'Assemblée parlementaire de la Coopération économique de la mer Noire sur la nécessité de coopérer avec la Russie dans le domaine de la lutte antiterroriste - et avec Israël. Faut-il y voir une explication des attaques de l'aéroport?
Il est vrai que le président Erdogan semble être en train d'effectuer des virages à 180° dans le domaine de sa politique étrangère. Les excuses faites à la Russie concernant son bombardier abattu alors qu'il survolait très momentanément l'espace aérien turc (le président Erdogan est revenu sur les «compensations» qui seraient accordées par Ankara à Moscou) et le rétablissement de relations «normales» avec Israël en sont les signes les plus marquants. Le président Erdogan qui est extrêmement intelligent sait se montrer très pragmatique. Sa politique étrangère a échoué et il tente d'en changer. Cela va sans doute être possible avec Israël mais plus long avec la Russie.
Ces attentats sont-ils liés à l'ambiguïté entretenue par Erdogan au sujet de la lutte contre l'Etat islamique?
En 2011, l'idée première de Erdogan, alors premier ministre, était de faire retrouver à la Turquie un rôle central dans le monde musulman sunnite, surtout par opposition à son vieil adversaire iranien (chiite). Il était alors poussé par les Frères musulmans -alors en odeur de succès- dont il est très proche, voire plus... Dans ce but il pensait que la chute de Bachar el-Assad honni par l'ensemble du monde sunnite était un préalable et que la Turquie devait jouer un rôle prépondérant. Cela a été sa première erreur car il a sous-estimé le pouvoir de résilience du régime syrien et surtout ses alliances indéfectibles avec l'Iran et la Russie. Il n'a pas été le seul à se tromper mais il a persisté dans l'erreur plus longtemps que les autres.
L'idée machiavélique d'Erdogan a consisté à utiliser Daech contre les Kurdes syriens.
Tous les moyens étaient permis pour abattre Assad, en particulier le soutien aux groupes salafistes-djihadistes dont beaucoup dépendaient d'Al-Qaida «canal historique» via le Front al-Nosra. Daech n'a fait sécession qu'en juin 2014. Cette branche n'était considérée au départ par Ankara que comme une des différentes formations islamiques radicales sur laquelle s'appuyer, ce qui explique sa mansuétude à son égard. Toutefois comme Daech était l'organisation salafistes-djihadiste la plus puissante, l'aide turque a été proportionnelle. De plus, l'idée machiavélique d'Erdogan a consisté à utiliser Daech contre les Kurdes syriens considérés comme des «cousins» des séparatistes kurdes du PKK (ce qui est loin d'être faux). Pour lui, la création d'un «Etat» kurde dans le nord de la Syrie est inadmissible car il représente à terme un risque pour l'unité même de la Turquie, les séparatistes du PKK pouvant s'en servir comme base arrière.
Observe-t-on un changement d'attitude de la Turquie envers l'Etat islamique? Devient-il l'ennemi prioritaire, devant les indépendantistes kurdes?
Les indépendantistes kurdes restent l'ennemi prioritaire des Turcs nationalistes qui sont majoritaires dans l'opinion publique et dans les différents partis politiques dont l'AKP au pouvoir. En effet, ils sont considérés comme une menace supérieure pour la stabilité et l'unité du pays. Mais les salafistes-djihadistes commencent à être considérés comme une menace importante surtout pour l'économie turque en général et le tourisme en particulier. Sur le plan idéologique, c'est une lutte à mort entre les Frères musulmans en place à Ankara et les salafistes-djihadistes de Daech.
Il convient d'ajouter que le président Erdogan, en jouant la police et la justice contre l'armée (procès Ergenekon) puis ensuite inversement, a considérablement affaibli l'outil sécuritaire turc, les cadres d'expérience se retrouvant au mieux à la retraite, au pire en prison. Cela explique peut-être les «failles sécuritaires tant dénoncées par les observateurs. Il faut dire qu'une de ses obsessions est de faire disparaître le «mouvement Gülen» (très présent au sein de l'appareil politico-judiciaire) qui l'a aidé à atteindre les commandes du pays mais qui est devenu trop encombrant pour la réalisation de ses ambitions personnelles: un régime présidentiel taillé à sa personne.
L'EI semble apte à frapper partout, pays musulmans compris. Assiste-t-on à une mondialisation de la guerre asymétrique de l'Etat islamique contre le monde?
Le Groupe Etat islamique est apte à frapper partout dans le monde à tel point que même le Brésil commence à se faire du souci pour les Jeux Olympiques qui doivent avoir lieu en août.





Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire