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dimanche 29 mai 2016

ARCHIVES : Lettres de Léon Trotsky et d'Andreu Nin



La reproduction de la lettre de Nin – qui correspond avec Trotsky dans un français impeccable - est une sorte d'hommage que je souhaite rendre à ce révolutionnaire intègre, lâchement assassiné il y a 80 ans, même si ses positions politiques ont pu être critiquables ainsi que la participation du POUM au gouvernement bourgeois. Il a été cruellement torturé par les psychopathes staliniens, les meilleurs alliés de Franco finalement. Lettre émouvante d'un simple instituteur, militant dévoué à la cause du prolétariat, être humain sensible au début d'une trajectoire politique sincère et courageuse.

Le courrier de Trotsky, qui précède, vous fera sourire, s'adressant à sa mini Internationale artificielle, il conseille sur ce qu'il croit être un remake de 1917... Je l'ai truffé entre crochets de mes remarques sur les délires interprétatifs opportunistes du prophète avachi. Le grand renégat à la plume de paon est vraiment à côté de la plaque pour l'analyse de la période, mais que de pépites encore dans son raisonnement marxiste. Wildebaldo Solano dans son livre de mémoire de dirigeant du POUM, qui est absolument nul politiquement et veut continuer à entretenir la malheureuse saga antifasciste, rapporte une vérité cependant, comme l'avait fait Vereecken en son temps, qu'en effet Trotsky s'est fait balader, que ses courriers avec Nin ont été interceptés, et les divergences attisées par les agents provocateurs staliniens inflitrés dans le Poum et la CNT. Des rendez-vous qui avait été fixés pour que le Poum puisse assister à des conférences du milieu trotskyste ne sont jamais parvenus... Mais tout cela n'empêche pas de constater que le grand bolchevique régressait à pas de géant... N'oubliez pas que le PCE n'existait pratiquement pas alors, et que Trotsky écrit un texte « interne » pour orienter ses quelques fans de la IV ème fiction internationale...

Lettre de Trotsky au Secrétariat International (de la IV e Internationale)
suivie d'une lettre de Andreu NIN à Léon Trotsky

Chers camarades,

  1. J'ai devant moi un journal turque (en langue française) du 1 er juillet contenant les premières informations sur les élections espagnols. Vraiment, tout se passe en attendant dans l'ordre strictement « prévu ». Le glissement à gauche s'est produit avec une régularité particulière. Espérons que nos camarades espagnols analyseront les résultats des élections très soigneusement, sur la base des matériaux. Il faut arriver à savoir comment ont voté les ouvriers, en particulier les anarcho-syndicalistes. Dans certaines régions, la réponse doit découler d'une façon nette de la statistique électorale. Il est extrêmement important, bien entendu, de savoir comment ont voté les paysans dans différentes provinces. En même temps, il faut rassembler tous les « programmes agraires » qui furent présentés par les différents partis dans tous les coins du pays. Tout cela est un travail urgent et un travail très important.
  2. Comme il fallait s'y attendre, les socialistes ont emporté une grande victoire. C'est le moment central de la situation parlementaire. Les chefs socialistes se considèrent heureux du fait qu'ils n'ont pas la majorité aux Cortès et que leur coalition avec la bourgeoisie se justifie ainsi par la statistique parlementaire. Les socialistes ne veulent pas prendre le pouvoir parce qu'ils craignent, non sans raison, que le gouvernement socialiste ne devienne une étape vers la dictature du prolétariat.[Trotsky commence à déconner sur une possible révolution espagnole].
    Il découle du discours de Prieto que les socialistes sont décidés à appuyer la coalition jusqu'à ce qu'on arrive à brider le prolétariat pour qu'ensuite quand la pression des ouvriers deviendra trop forte, passer dans l'opposition sous un prétexte radical quelconque [bravo Trotsky, vous nous faites penser à nos actuels « frondeurs » et à la mère Aubry, roue de secours d'un parti gouvernemental à poil].
    En d'autres termes nous nous trouvons devant une variante de Ebert et Tzeretelli. Sovenins-nous que la ligne de Ebert a réussi tandis que celle de Tzeretelli a échoué et que dans les deux cas la force du parti communiste et sa politique jouèrent un rôle décisif. [pauvre Trotsky, quand il ne sait pas quoi dire il se rabat sur des parallèles historiques hasardeux, comme le lui fera remarquer la revue Octobre en 1938].
  3. Nous devons immédiatement dénoncer le plan des socialistes (ce jeu politique de reculade) en les confondant dans chaque question. Ceci se rapporte bien entendu et avant tout à l'opposition espagnole de gauche. Mais cela ne suffit pas. Il faut avoir un mot d'ordre politique clair qui correspond au caractère de l'étape actuelle de la révolution espagnole. Les résultats des élections rendent ce mot d'ordre absolument clair : les ouvriers doivent briser la coalition avec la bourgeoisie et obliger les socialistes à prendre le pouvoir. Les paysans doivent aider les ouvriers s'ils veulent avoir la terre. [Notre statisticien électoral rêve qu'aux lendemains électoraux les ouvriers s'engagent dans la lutte frontale contre l'Etat bourgeois]
  4. Les socialistes diront qu'ils ne peuvent pas renoncer à la coalition parce qu'ils n'ont pas la majorité aux Cortès. Notre conclusion doit être d'exiger l'élection aux Cortès véritablement démocratiques sur la base du droit électoral véritablement universel et direct pour les hommes et les femmes à partir de 18 ans. En d'autres mots : aux Cortès non démocratiques et trichés nous devons au stade actuel opposer les Cortès populaires véritablement démocratiques et honnêtement élus. [ah la la, pauvre Léon Davidovitch ! Faut entendre des billevesées pareilles ? Autant demander à Sarko et à Macron de jeter leur montre Rolex ! Lénine a dû se retourner dans sa tombe ! Du Mélenchon à haute dose!]
  5. Si les communistes avaient essayé aujourd'hui de tourner le dos aux Cortès en leur opposant le mot d'ordre de Soviets et de la dictature du prolétariat, ils démontreraient seulement qu'on ne doit pas les prendre au sérieux. Il n'y a pas un seul communiste aux Cortès (d'après las journaux turques). Il est évident que l'aile révolutionnaire est beaucoup plus forte dans l'action, dans la lutte que dans la représentation parlementaire. [sic!] Néanmoins, il existe une certain rapport entre la force d'un parti révolutionnaire et sa représentation parlementaire. La faiblesse du parti communiste espagnol s'est révélée complètement. Dans ces conditions, parler du renversement du parlementarisme bourgeois par la dictature du prolétariat signifierait tout simplement jouer le rôle des nigauds et des bavards. La tâche consiste à devenir plus fort sur la base du stade parlementaire de la révolution [le « stade parlementaire de la révolution » doit être un euphémisme de la « révolution permanente » cette scie qui a coulé Besancenot avec sa voilée électorale!], et à rassembler les masses autour de soi [maladie du révolutionnaire professionnel, le nombrilisme de parti!]. Ce n'est que comme cela qu'on peut vaincre le parlementarisme [en participant donc aux élections bourgeoises pipées, CQFD, Bravo mon grand!]. Mais c'est précisément cela qu'il est indispensable de développer actuellement, une agitation violente sous les mots d'ordre de la démocratie la plus décisive et la plus extrême. [du Jean-François Kahn dans le texte! Ou Martinez appelant à la généralisation extrême du blocage pétrolier !]
  6. Quels sont les critères pour mettre en avant ces mots d'ordre ? D'une part, il faut avoir en vue la direction générale du développement révolutionnaire qui détermine notre ligne stratégique [c'est le général Trotsky qui conseille ses cadres militaires étroits] ; d'autre part il faut tenir compte de l'état de conscience des masses. Le communiste qui ne compte pas avec ce dernier facteur [basique voyons tas d'ânes!], risque de se casser le cou. Réfléchissons un peu sur la question à savoir comment les ouvriers espagnols, les masses, se représentent la situation actuelle. Leurs chefs, les socialistes, sont au pouvoir. [les parlementaires socialistes élus, promus « chefs des masses », encore une saillie trotskienne!]. Cela augmente les exigences et l'inransigeance des ouvriers. [en effet, comme après l'élection de Blum, mais un peu moins après celle de Hollande]. Chaque ouvrier gréviste croira qu'il ne faut non seulement avoir peur du gouvernement, mais au contraire qu'il faut attendre une aide de lui. [notre vieil ami T. prend les ouvriers pour ces caves?] Les communistes doivent diriger la pensée des ouvriers précisément dans ce sens : « exiger tout du gouvernement puisque vos chefs se trouvent dans ce gouvernement ». [et de raser gratis si possible?]. Les socialistes répondront aux délégations ouvrières qu'ils n'ont pas la majorité. La réponse est claire : si l'on obtient le (illisible) suffrage véritablement démocratique et si l'on rompt la coalition avec la bourgeoisie, la majorité sera assurée. Mais c'est bien ce que les socialistes ne veulent pas. Leur position les met en contradiction avec les mots d'ordre démocratiques hardis. [une autre fleur de rhétorique trotskienne ces « mots d'ordre démocratiques hardis »] . Si nous opposons simplement la dictature du prolétariat aux Cortès, nous arriverons à grouper les ouvriers autour des socialistes, parce que les uns et les autres diront : les communistes veulent nous commander. Tandis que par les mots d'ordre démocratiques et par la rupture entre les socialistes et la bourgeoisie nous enfonçons un coin entre les ouvriers et les socialistes et nous préparons ainsi l'étape suivante de la révolution. [quelle brillante stratégie, parvenir à avancer en révolution fumiste en laissant sous la table la dictature du prolétariat, en « arrachant » ces pauvres masses de leurs « chefs socialistes » par des « mots d'ordre démocratiques hardis », faut vraiment considérer la classe ouvrière comme une armée girouette!].
  7. Toutes les considérations mentionnées plus haut resteraient lettre morte si nous nous bornions seulement aux mots d'ordre démocratiques dans le sens parlementaire. Il ne peut pas être question de cela. Les communistes participent dans toutes les grèves, dans toutes les manifestations de plus en plus nombreuses. Les communistes sont avec les masses et en tête des masses dans tous les combats. Sur la base de ces combats les communistes mettent en avant le mot d'ordre de soviets et construisent des soviets à la première occasion comme organisation de front unique prolétarien. Dans le stade actuel les soviets ne peuvent être autre chose que cela.[sur la base du rien parlementaire, en admettant qu'il ait servi de tremplin à la révolte ouvrière, l'ami Léon nous propose sur un plateau des conseils dans un bain très voisin du... « front populaire », un front unique de partis de gauche... de la bourgeoisie, possiblement bousculé par une union à la base, etc. et par sa grand-mère!]. Mais si ils surgissent comme organisations de combat [ah ce n'était qu'une supposition...] du front unique prolétarien, ils deviendront inévitablement, sous la direction des communistes, des organes de l'insurrection et ensuite aussi des organes de pouvoir.
  8. En développant hardiment le programme agraire il ne faut en aucun cas oublier le rôle indépendant des ouvriers agricoles. C'est le levier le plus important de la révolution prolétarienne à la campagne. [Léon Davidovitch était un pré-maoïste!]. Avec les paysans, les ouvriers font l'union, tandis que les ouvriers agricoles font partie du prolétariat lui-même. Il ne faut jamais oublier cette différence profonde. [oui en effet, et c'est pourquoi nulle union n'a été possible avec les paysans qui ont ficu le camp chez Franco, quand les ouvriers agricoles ont pillé des terres pour rester dans le marché commercial capitaliste avant de se faire botter le cul par d'autres « communistes » et un certain commandant Lister. Mais c'est plus tard dans la « révolution espagnole »... imaginaire].
  9. J'apprends par la « Vérité » que les staliniens accusent soit l'opposition de gauche tout entière soit moi personnellement d'être contre la confiscation immédiate des propriétés foncières. Vraiment il est difficile de prévoir dans quel sens tourneront les bureaucrates démagogiques. [et pourtant si!]. Que signifie confiscation immédiate de la terre ? Par qui ? Par quelles organisations ? Il est vrai que l'incomparable Péri affirmait encore en avril que les paysans espagnols construisaient les soviets et que les ouvriers suivaient en masse les communistes. Bien entendu nous sommes d'accord pour que les soviets (ou les unions et les comités paysans) prennent immédiatement la terre des gros propriétaires en leurs mains. Mais il faut seulement soulever les paysans. Et pour cela il faut arracher les ouvriers de l'influence des socialistes. L'un ne va pas sans l'autre. Les staliniens veulent-ils peut-être dire que nous favorisons la propriété foncière ? Mais même dans la calomnie il faut de la logique. Comment la défense de la propriété foncière découle-t-elle de la révolution permanente ? Qu'ils essayent de nous le démontrer. Quant à nous, nous leur rappellerons que quand les staliniens menaient en Chine, la politique des 2 classes, le Bureau politique sous la direction de Staline envoyait des télégrammes au Comité central du PC chinois en exigeant le freinage du mouvement paysan pour ne pas repousser les généraux « révolutionnaires » ! Staline et Molotov ont apporté une petite restriction dans le programme-agraire : la confiscation des terres des gros propriétaires sauf celles des officiers. Mais puisque tous les pomietchikis et les fils et les neveux des pomietchikis (gros propriétaires) entraient dans l'armée de Tchan-Kaï-Chek, l'union des officiers « révolutionnaires » est devenue une assurance pour la propriété des pomietchikis. On ne peut effacer ce chapitre honteux de l'histoire de la direction stalinienne. L'opposition trouve la copie du télégramme dans les procès-verbaux du Bureau politique, elle dénonce (illisible) la honte cette trahison de la révolution agraire. Maintenant ces messieurs essayent de nous attribuer en Espagne les crimes qu'ils ont commis en Chine. Cela ne leur réussira pas ; maintenant l'opposition a presque dans chaque pays sa section qui ne permettra pas de répandre impunément le mensonge et la confusion. L'opposition de gauche éclaircira toutes les questions litigieuses ou fondamentales. A la lumière de la révolution espagnole, elle fera un pas gigantesque en avant. Ce n'est pas pour rien que la révolution est la locomotive de l'histoire. [Hélas Trotsky ta locomotive n'avait plus de charbon, et le train espagnol est resté à quai].

LETTRE D'ANDREU NIN A TROTSKY (Barcelone, avril 1931)


Je partage entièrement vos inquiétudes en ce qui concerne l'inactivité de l'opposition de gauche dans notre pays. Mais je tiens à signaler que je n'y suis pour rien, bien au contraire. L'opposition espagnole n'a jamais travaillé d'une façon organisée et systématique. On avait commencé à faire quelque chose sous l'impulsion de Lacroix, qui est un excellent militant ouvrier, intelligent et extrêmemement solidaire. Comme vous savez sûrement, on arrêta el camarade et le travail resta paralysé. Hor lui, nous avons eu bien peu d'éléments avec la capacité nécessaire et la suffisante initiative pour entreprendre un travail sérieux et énergique d'organisation et de « illisble).
Lorsque je suis arrivé il n'y avait absolument rien. Pendant plus de deux mois j'ai fait des efforts inouïs pour établir une liaison. Je n'y ai pas réussi, sauf en ce qui concerne Lacroix, avec lequel j'ai soutenu une correspondance régulière. Entreprendre personnellement le travail de direction et d'organisation je ne pouvais pas le faire, étant donné que je n'avais pas ici un noyau sur lequel m'appuyer et que ma direction n'aurait eu, à cause de cela, ni la base ni le prestige nécessaires. Vers la moitié de décembre, quelques jours avant mon arrestation , Andrade m'envoya toutes les circulaires et autres que le Secr. Intern. lui remettait pour la section espagnole, accompagnées d'une lettre dans laquelle il me disait qu'à Madrid personne ne faisait rien, qu'aucun organisme existait, que lui, trop occupé par ses affaires éditoriales, ne voulait pas prendre une participation active dans le travail et que moi j'étais le plus indiqué pour faire tout. Moi, j'ai répondu que j'étais prêt à faire le possible et l'impossible pour contribuer à créer le mouvement de l'opposition, mais que je ne pouvais pas centraliser tout le travail, prendre tout sur moi.
Déjà vers la fin janvier j'ai reçu une lettre d'un groupe de camarades de Madrid me communiquant qu'ils voulaient se constituer en comité (illisible) qu'ils élaboreraient une plateforme politique et prépareraient la publication de la revue. J'ai salué cette initiative et promis toute ma collaboration.
Ce comité ne m'a remis qu'il y a quelques jours le projet, ou, pour mieux dire, la première partie du projet de plateforme dont l'élaboration comme vous voyez, a exigé trois mois. Et cela avec des camarades dont l'activité politique, à cause de leur isolement, est presque nulle et que, par conséquent, disposant d'un temps dont je ne dispose pas du tout, absorbé que je suis par une nouvelle classe différente. (Nin était instituteur)
Quant à la revue, elle est en préparation et va paraître sûrement dans le courant d'avril.
Pour vous persuader de ma bonne volonté, je dois vous dire que je (illisible) malgré mon excès de travail, je me charge de la publication de la revue et même d'un bulletin, ou d'une des deux choses. Mais ils ont rejeté ma (illisible).
Maintenant, passons aux fameuses divergences avec les camarades français, allemands, italiens qui m'ont écrit à ce sujet. Mais dont je n'ai rien (illisible). A ce qu'il paraît, c'est sur la question de ma soit disante entrée sans conditions dans la Fédération Catalane (illisible). étant donné que les camarades de Madrid ne m'ont rien dit à ce sujet, je ne peux pa spréciser en quoi consistent ces différences. Je vous en donnerai des détails une prochaine fois. Quant aux cam. de Madrid je dois aller à la capitale vers la fin du mois pour y donner une conférence (illisible) en quoi consistent nos différences.

J'ai été mis au courant, aussi par des camarades d'autres pays, d'une position, à ce qu'il paraît, très grave (?) concernant la publication de votre brochure sur la révolution espagnole. D'après cette version, j'aurais donné votre brochure à un éditeur privé sans consulter ni mentionner l'opposition. La réalité est celle-ci : à la suite de notre mauvaise liaison j'ai traduit la brochure en même temps, que, sans le savoir, à Madrid on la traduisait. Lorsque j'en ai eu connaissance, j'ai écrit au comité de Madrid leur disant voir la nécessité de ne faire qu'une seule édition. Les cam. de Madrid ont répondu dans le sens qu'ils préféraient laisser mon édition. Tout ça sans exprimer le moindre mécontentement ou protestation. Ajoutons encore qu'il ne s'agit pas d'un éditeur privé, mais d'une Bibliothèque de brochures que j'ai contacté en accord avec un ami imprimeur, et qu'en outre, la brochure porte l'indication « Documents de l'opposition communiste ». Voilà tout. Y-avait-il motif pour faire tant d'histoires ?
Je dois vous avouer que tout ça m'a empoisonné, car je n'ai agi qu'avec le désir d'impulser la divulgation des publications de l'opposition et suppléer par mon initiative personnelle le manque d'initiative collective. Faut-il encore ajouter que j'ai indiqué au Comité de Madrid que j'étais tout prêt à faire mes publications sous leur contrôle direct ?
Ce qui est le plus désagréable dans toute cette histoire c'est le fait que l'on crie sur tous les toits à propos d'elle sans me dire un mot à moi. J'avoue que ces mesures me paraissent détestables et inadmissibles parmi les camarades. Il faut entre nous un minimum d'honnêteté, de sincérité et de franchise.
Je crois que tout ça est un résultat de l'esprit d'intrigue qui a existé toujours à Madrid. Et je vous prie de ne pas voir dans ces mots une manifestation de chauvinisme catalan. La chose est compréhensible. Madrid est un centre bureaucratique et petit-bourgeois, sans prolétariat industriel, et l'absence de contact avec les masses se laisse profondément sentir. A Madrid on vit dans les cafés et les petits cercles et bien souvent on n'y comprend pas le mouvement ouvrier catalan ou de Biscaye. Cela est la source profonde de beaucoup de malentendus et de conflits. Je vois le mouvement en grand, et ces vétilles, ces (illisible) m'irritent et me dégoûtent.
Je ferai, quand même, tout le possible pour me mettre en accord avec les camarades de Madrid et trouver une base pour une action commune féconde.
Nous allons publier la revue. Il faudra encore lancer le bulletin puis les brochures. Et surtout, il est nécessaire d'organiser une petite conférence nationale. J'ai formulé déjà plusieurs fois cette proposition aux camarades de Madrid ; mais jusqu'à présent je n'ai pas eu la chance d'avoir une réponse. Je veux bien espérer que nous pourrons nous mettre d'accord sur tous les points à l'occasion de mon prochain voyage à Madrid.


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