PAGES PROLETARIENNES

mardi 25 août 2015

AFFLUX DES MIGRANTS ET Relativité HISTORIQUE


 Suivi de : POURQUOI L'EUROPE ET LE PROLETARIAT DEVRAIENT-ILS AVOIR HONTE?



Les milliers de migrants partis de Grèce pour les prétendus Eldorados anglais et allemand font l’objet depuis des mois et de plus en plus d’un traitement intensif par les médias, mais au ras des pâquerettes, avec la double perversité de les faire plaindre (nombreuses noyades en mer et violences des policiers) mais aussi d’attiser préjugés et peurs exagérées de l’étranger («africanisation de l’Europe», envahissement de l’islam, etc.). Dans le même sens que mon article de juin («Derrière le voile et sous l’immigration actuelle: la dissolution du prolétariat) je m’efforcerai cette fois-ci de placer la question au niveau historique en rapport avec la gabegie et l’incurie capitaliste, voilées sous le masque humanitaire et antiraciste, inconséquences révélées par le développement des guerres mystifiées entre grande puissances et impasse croissante de la crise économique; avec un nouveau krach mondial qui se profile.
En 2003 on dénombrait environ 11 millions de réfugiés dans le monde, soit environ 0,17% de la population mondiale (6,3 millions d’habitants de la planète terre). On dénombrait par contre 175 millions de migrants, soit 2,8 % de la population mondiale!
La majorité des réfugiés se trouvent en Asie et en Afrique. Ce sont les pays pauvres qui accueillent la majeure partie de ces populations fragiles et démunies.
Quelques stats:
- en mai 1945 l’Europe comptait plus de 40 millions de personnes déplacées,
- fin des années 1950, la décolonisation de l’Afrique provoque des millions de déplacements,
- années 1970: boat-people...
- années 1980: affrontements entre grandes puissances par Afghanistan interposé...
- années 1990: réapparition des réfugiées européens avec l’éclatement de la Yougoslavie.

Les pays pourvoyeurs de migrants suite aux guerres internes et externes: Soudan, Erythrée, Angola, Libéria, Somalie, Burundi, Congo, etc. Les guerres, attisées par les impérialismes en lice et les guerrillas locales feront passer la pauvreté absolue dans ces régions de 315 à 404 millions (peu importe comment sont avancés ces chiffres) mais c’est équivalent à une guerre mondiale dans la mesure à 40 millions de personnes subiront la famine dans les dix années à venir.
Deux décennies de guerre puis de guerre civile, consécutives à l’intervention russe en Afghanistan en 1979, ont poussé plus de six millions d’Afghan à quitter leur pays pour se réfugier principalement au Pakistan et en Iran.

La première grande vague d’immigration pour la période moderne a lieu lors de la première révolution industrielle au milieu du XIXe siècle. Le capitalisme en développement a besoin de bras, de chair fraîche, et son industrie a faim de prolétaires taillables et corvéables, enfants comme femmes. En ce sens ce capitalisme jeune est ouvert au brassage des populations et même progressiste puisqu’il permet au socialisme de devenir internationaliste. Par contre la deuxième vague d’immigration, si elle a lieu pendant et après une première guerre mondiale très barbare, ne fait pas appel à une croissance d’un prolétariat à vocation internationaliste, mais aboutit à réquisitionner femmes et colonisés pour ses destructions de guerre, et pour un fordisme visant à cloner le prolétaire comme consommateur. Quand en 1917 la France bourgeoise accueille à bras ouverts les russes blancs ce n’est pas pour renforcer le prolétariat; alors que par contre de nombreux juifs d’origine russe et d’italiens d’origine italienne, laïcs convaincus, contrairement à la majorité des maghrébins de nos jours, s’identifient complètement à la classe ouvrière, fondent ou participent à la création de syndicats et du parti communiste.
Dans les années 1930 les travailleurs étrangers employés en France sont à 90% d’origine européenne. Malgré une sale période de remontée vers la guerre mondiale les divisions ethniques ne peuvent être utilisées par le capitalisme, et les rivalités d’origine face au marché du travail restent secondaires; l’antisémitisme reste aussi marginal, contrairement aux affabulations des mercenaires du bourrage de crâne actuel, Joffrin et Cie, jusqu’à la deuxième moitié des années 1930. Ce n’est pas un antiracisme qui est à la mode mais l’embrigadement derrière l’antifascisme, pour mieux entraîner les ouvriers de tous les pays dans la reprise de la guerre mondiale.

DEBLAYER LE FATRAS IDEOLOGIQUE DE L’ENTRE-DEUX GUERRES

On parle beaucoup des migrants juifs obligés de fuir les pogromes de la Russie tsariste après l’assassinat du tsar Alexandre II en 1881 (alors qu’il n’y avait qu’un juif parmi les conjurés), mais en oubliant de préciser qu’ils étaient d’abord les premières victimes d’une situation économique désastreuse. Cette hémorragie de population se poursuit même après la révolution de 1917 (en particulier lors de la famine de 1921), mais ne concerne plus exclusivement les juifs. Les émigrés de cet entre-deux guerres appartenaient aux classes les plus diverses de la société russe; on y trouvait aussi bien d’anciens militaires que des représentants de l’élite administrative de l’empire, des notables urbains. Les immigrants paysans constituaient seulement le tiers de ces arrivées en France, comme l’explicite Catherine Gousseff (cf. L’exil russe). Cet afflux d’immigrés russes hétérogènes - anti-communistes primaires et dont beaucoup ont fui pour ne pas être embrigadé dans l’armée dite rouge - ne risquait en rien de propager la révolution bolchevique en France!
Déjà, plus que les pogromes, c’est la guerre capitaliste qui est la principale pourvoyeuse d’exilés, et surtout on a la mise en évidence que l’immigration n’est plus une nécessité industrielle en premier lieu, mais est la conséquence de déplacements massifs de populations consécutif au redécoupage des frontières après-guerre.

Contrairement au laxisme qui prévaut aujourd’hui avec des institutions européennes empotées, le caractère massif de cette émigration mène les Etats européens de l’époque (nota bene: pas encore inféodés à plus grandes puissances qu’eux) à créer en 1920 un Bureau d’information et d’enregistrement des réfugiés russes, puis en 1921 du Haut commissariat aux réfugiés russes, qui défendit une politique d’aide au retour en URSS.
Sous couvert de l’hypocrite tradition d’accueil républicaine, la bourgeoisie française est en réalité très contente:
1. d’accueillir des réfugiés anti-bolcheviques
2. de récupérer les «cadres» (comme les pieds noirs en 1962) pour faire suer le burnous aux inférieurs qui répondent aux besoins de main d’oeuvre primaire de l’économie française en reconstruction.

Et, comme la politique perverse à Calais des complices bourgeoisie anglo-française, l’ouverture «républicaine» répondait à la loi de l’offre et de la demande: lorsque le marché de l’emploi ralentissait, le gouvernement diminuait le nombre des attributions de statut de réfugié; en collaboration avec le Bureau International du Travail, l’Etat français procédait à une sélection des exilés, veillant à les répartir selon les secteurs d’activité et sur le territoire national (croit-on que c’est différent de nos jours?). La carte industrielle de l’époque permettait une forte assimilation de cette population étrangère, de plus d’obédience chrétienne.

Phénomène accru et mis en relief comme conséquence de la Première Guerre mondiale, l’élaboration du statut de réfugié a pris une dizaine d’années, sous l’égide de la Société des Nations de 1922 jusqu’à 1933. Ce phénomène dépasse chaque Etat, aucun ne peut le résoudre seul puisque le réfugié est la conséquence de l’impérialisme de tous. A l’initiative du Dr Nanzen est créé le premier organisme international chargé de s’occuper des réfugiés: le Haut Commissariat de la Société des Nations, à partir de 1921, chargé de s’occuper des réfugiés russes blancs, des arméniens, des bulgares, des turcs, des grecs. Commissariat modeste puisque ne comptant en 1939 que onze employés et un faible budget. Ce n’est qu’à la fin de son existence (en tant que Comité Intergouvernemental pour les Réfugiés) qu’il commencera à participer activement à l’organisation de l'émigration de masse des réfugiés.
En 1945, les armées alliées trouvent en Allemagne environ dix millions de personnes déplacées et de réfugiés, originaires de tous les pays occupés par l’armée allemande (pour contribuer à l’effort de guerre de l’économie allemande pas pour le plaisir d’être prisonniers), y inclus les milliers qui avaient fui les massacres de l’armée «rouge». Ces armées organisent donc au pied levé hébergement et nourriture de ces millions de réfugiés, en attendant leur rapatriement. 9 millions rentreront chez eux entre 1944 et 1947. Mais il en restait tant, juifs persécutés, républicains espagnols, etc., qu’il fallut créer un organisme temporaire qui donnera naissance ultérieurement en 1946 à l’Organisation Internationale pour les Réfugiés (L’OIR).
Cet organisme exercera la protection juridique et l’assistance matérielle aux réfugiés européens jusqu’en 1951. Il se heurta aussi à l’époque aux désirs de plusieurs centaines de milliers de réfugiés qui ne pouvaient ni ne voulaient se fondre dans la «communauté nationale», sans être pour autant internationalistes.
L’OIR n’a pas mission de s’occuper des «néo-réfugiés», c’est à dire des millions de réfugiés du reste du monde. Elle n’a pas le droit de s’occuper des dix millions réfugiés allemands, ni des millions de réfugiés de l’Inde et du Pakistan, ni des 700 000 réfugiés arabes obligés de quitter la Palestine. Elle est accusée d’avoir organisé et financé une grande partie de l’émigration juive vers la Palestine. Dans son bilan d’octobre 1950, Pierre Jacobsen définit les quatre rubriques obligatoires pour ce type d’organisme humanitaire: assistance matérielle, rapatriement, réétablissement, protection juridique. L’OIR a permis de «caser» un nombre important de réfugiés dans l’économie allemande en reconstruction et à réadapter des hommes détruits par des années de promiscuité dans les camps de prisonniers et de réfugiés; il souligne le succès de ce travail qui confirme en outre «la vitalité et le caractère profondément sain des réfugiés». P.Jacobsen ne cèle pas les logiques des quatre rubriques:
- le rapatriement, le retour au pays, est la tâche première et essentielle;
- le réétablissement : autrement dit l’établissement sur place, il n’est possible «que dans un nombre limité de cas», il ne saurait par ailleurs être question de faire émigrer de nouveau ceux qui sont «en voie d’assimilation» ou «définitivement établis». Il fallut pousser à l’émigration hors d’Allemagne du plus grand nombre possible de réfugiés: «pour des raisons politiques car les réfugiés constituent une menace pour la tranquillité, l’ordre et la paix, pour des raisons morales, car ils ont souffert pour beaucoup de l’Allemagne et ne peuvent admettre d’y rester et, pour des raisons démographiques et économiques par que l’Allemagne de l’Ouest, surpeuplée, se relevant à peine des ruines de la guerre, n’est pas en mesure de les absorber.»
L’OIR a réussi de plus à faire accepter: «... par les pays d’immigration qui pendant la durée de la guerre n’ont pratiquement pas reçu d’immigrants, des réfugiés à la place de leurs immigrants traditionnels; cette immigration porte essentiellement sur des personnes valides, d’un intérêt immédiat, aux points de vue économique et démographique».
Mieux encore, à l’encontre des pays d’immigration qui ne veulent accepter qu’une main-d’oeuvre jeune et en bonne santé et sans famille, l’OIR a rendu plus libérales et plus humanitaires les conditions d’entrée pour ceux qui sont classifiés «groupe résiduel». Par exemple, en France Les Petites Soeurs des Pauvres ont offert d’héberger jusqu’à la fin de leur vie 1000 vieillards choisis parmi les plus déshérités d’Allemagne, d’Autriche et d’Italie. La Norvège a pris la presque totalité des aveugles et le gouvernement d’Israël les cas les plus difficiles (tuberculeux, fous, etc.). Enfin, l’OIR a créé un service de placement chargé de provoquer des offres d’emploi pour tous ceux qui ne peuvent être acceptés par les voies normales, en particulier les intellectuels qui : «de tous les réfugiés rencontrent le plus d’obstacles pour se faire une vie nouvelle».
- la protection juridique : la quasi-unanimité des réfugiés rejetant la protection diplomatique de leur pays d’origine, il convient qu’ils jouissent des mêmes droits que les nationaux (à l’exception des droits politiques).
Les créateurs de l’OIR pensaient que la question des réfugiés ne se poserait plus avec autant d’acuité à l’avenir, tout en restant méfiants. En tout cas, en lisant le résulat probant de leur travail, j’ai envie de dire qu’ils pourraient donner bien des leçons d’humanité et de réalisme aux internationalistes rêveurs.

Peu avant la dissolution de l’OIR, en décembre 1950, et avec des pouvoirs plus étendus, est créé L’Office du Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, agence qui a pour mandat de coordonner l’action internationale visant à protéger les réfugiés dans le monde entier, de garantir à toute personne asile et refuge sûr dans un autre Etat, avec option de retourner chez elle de son plein gré. En France est créée en juillet 1952 la Commission des recours des réfugiés, qui deviendra Cour nationale du droit d’asile, rattachée en 2009 au Conseil d’Etat (elle est connue sous l’appellation d’OFPRA: Office français de protection des réfugiés et apatrides, régit par une mafia d'anciens notables de pères en fils, le cul sur deux chaises, soutenant telle ou telle ethnicité ou nationalité contre une autre (cf. la thèse de Karen Akoka: la fabrique des réfugiés de l'Ofpra (1952-1992).
La Convention de Genève définit la notion de réfugié:
«Le terme de réfugié s’applique à toute personne craignant avec raison d’être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques».
Le champ de protection est limité dans le temps colonialiste en France: les événements doivent être antérieurs au 1er janvier 1951. Il est limité dans l’espace: lorsque la bourgeoisie française ratifie cette convention en 1954, elle choisit d’en restreindre l’application aux ressortissants des pays d’Europe!

L’EXPLOSION DE LA CRISE MIGRATOIRE après la big crise économique de 1975!

En 1971, la bourgeoisie française a du revoir sa copie sous pression américaine et éliminer toute borne temporelle ou géographique. Jusqu’à la fin des années 1970 c’est l’engorgement, et cela s’accroit dans les années 1980; en 1984 un requérant asperge le personnel de l’OFPRA de gaz lacrymogène (en 2015 en Suède, un migrant éconduit a poignardé une mère suédoise et son fils... mais nombre d’agressions sont tues car soit elles aggravent la paranoïa publique soit et/ou elles révèlent une détresse inouïe chez les sans-patrie). En 1990, explosion des recours mais la juridiction parvient à traiter 120 000 requérants, qui auront poireauté en moyenne deux mois et demi...
L’asile politique est plus facilement accordé que l’asile économique. Les épreuves subies par les réfugiés entrainent aussi des troubles mentaux nombreux. L’association Françoise et Eugène Minkowski est créée au début des années 1960 permettant la consultation pour la santé mentale des migrants; 1964: consultation pour les espagnols; 1965: consultation pour les portugais; 1972: pour les pays du Maghreb; 1975: pour ceux d’Afrique noire, du sud-est asiatique; 1979: pour les turcs.
En 1949 a été créé l’UNRWA, Office de Secours et de Travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palsetine dans le Proche Orient. On compte plus de 4,4 millions de réfugiés palestiniens enregistrés. Les services de l’UNRWA couvrent:
- l’enseignement primaire et préparatoire,
- la formation professionnelle et technique,
- l’ensemble des soins de santé primaires, y compris la santé de la famille,
- l’aide en cas d’hospitalisation,
- l’hygiène du milieu dans les camps de réfugiés,
- les secours aux ménages particulièrement nécessiteux,
- et la promotion sociale des femmes, des jeunes et des personnes handicapées.

DANS LES CAMPS DE REFUGIES DEUX CLASSES COMME DANS LES CAMPS NAZIS

Cela fait quarante ans que l’on assiste à la misère des bantoustans palestiniens, et que, pour toute promotion sociale on n’a eu que des mitraillettes (européennes, russes ou allemandes à leur fournir comme outil de travail). Des camps de réfugiés améliorés sont envisagés comme «l’hébergement en appart partagé», afin de «permettre la mixité culturelle, pallier aux méfaits de l’isolement et diminuer la dépendance communautaire» (sic).
Si l’on en croit les bébés onusiens ou européens tous les camps de réfugiés du monde seraient des «gisements d’emplois»; le sigle petit nègre CERF (conseil emploi réfugiés formation) accouché par les technocrates européens en 1999 servait à promouvoir une politique de «définition de projets professionnels et d’accès à l’emploi», pour faire bénéficier un plus vaste publique de son expertise (sic)»; laquelle expertise est:

«Les 5 métiers favorisant particulièrement l’accès des réfugiés statutaires à un premier emploi (qui) sont les suivants: agents de surveillance, aide à domicile, agent d’entretien, aide cuisine, employé libre-service».

L’Eldorado européen dans toute sa splendeur, vous voyez! Et c’est pour ces métiers de merde que ces pauvres gens (la classe d’en bas pas le bobos qui peuvent se payer l’hôtel) auront risqué leur vie? Métiers régis souvent au black! Dans son rapport du 18 mai dernier à Genève, l’OIT a déclaré que le salariat ne représente plus que la moitié de l’emploi dans le monde, où les statistiques sont en général truquées comme aux Etats-Unis où le milliardaire Donald Trump n’a pas hésité à ridiculiser les chiffres du chômage, en y ajoutant (comme parasites) les étudiants et les retraités (ce qui n’est pas faux). Pour l’OIT, en dépit des promesses de rajeunissement de la vieille Allemagne par de jeunes et fringants syriens (800.000 prévus cette année) le chômage qui atteignait 201 millions de personnes dans le monde de 2014, devrait bondir un peu plus, mais c’est la faute au ralentissement économique de la croissance plombée à 3%, même si n’était pas encore prise en compte la bulle chinoise favorisée par les ambitions de propriété privée de leurs millions de petits bobos. L’OIT reconnaissait que 52 millions d’emplois domestiques dans le monde sont sans protection sociale; et c’est ce qui attend les migrants en Angleterre et en Allemagne.

Pas tous les migrants car, comme l’ont remarqué en passant certains médias (pas Libé-Rotschild ni Rue 89, ni Médiapart), il y a ceux qui ont les moyens de dormir à l’hôtel et ceux qui traînent une tente Décathlon. Dans les camps de l’Allemagne hitlérienne il y avait ceux réservés au travail des prolétaires, et ceux réservés aux officiers.
Les autorités des pays «d’accueil» ont également d’étranges sollicitudes pour certains mais pas pour d’autres. Par exemple les syriens obtiennent plus aisément le droit de passage; lesquels syriens ne sont même pas les bobos ingénieurs dont parlait Le Monde mais de vrais bourgeois propriétaires terriens dont un des clans pétroliers américains saura se servir en temps utile comme plénipotentiaires intermédiaires avec les Etats de la région. La bourgeoisie française qui a armé les djihadistes contre Assad a réaffirmé sa volonté d’éliminer le clan Assad par la bouche de Hollande (et son supplétif Filliu). Mais des discussions ardues sont en cours (bien loin de la culpabilisation de l'Europe égoïste) - Poutine ayant menacé de faire de la Syrie son nouveau Stalingrad - et la bagarre entre clans pétroliers US a aussi pour but d’empêcher l’Iran de livrer son pétrole en Méditerranée. Daesch n’est qu’un des bras armés d’une fraction US.
Dans tous les cas, la question des migrants, comme de l’immigration en général, est traitée de façon à diminuer un peu plus la classe ouvrière autochtone, insultée comme raciste, traitée comme indifférente aux malheurs de «réfugiés» pourtant culbutés et jetés à la mer par les canailles bourgeoises coalisées dans la leçon de morale.

POURQUOI L’EUROPE DEVRAIT-ELLE AVOIR HONTE?

Pourquoi cette campagne «honte à l’Europe» qui n’assume pas son «quota» de migrants, qui fait preuve d’un égoïsme incommensurable? Et voyons qui sont les accusateurs moralistes: Merckel la prude, le caméléon Kouchner qui «a honte de l’inaction de l’Europe, Libé Rotschild, Haski pape de Rue 89, le journaleux Quatremer l’ONU qui «dénonce la banalisation du discours haineux en France», le commissaire européen récemment nommé le grec Dimitris Avramopoulos a fait acte d’allégeance à l’indignation élitaire contre «l’Europe forteresse», à l’unisson des relais pétitionnaires du marais bobo-écolo Karima Delli et Cie, les anars de base et les curés (notons que les groupes gauchistes et ultra-gauchistes restent très laconiques affichant une simple protestation humanitaire quant à cette «leçon de morale» des puissants à tous les «beaufs» européens, surtout français et autres «rouges-bruns» qui freinent les ardeurs américanophiles).
L’oubli est toujours de mise lorsqu’on vous stigmatise, vous en perdez votre latin ou votre grec, mais durant les années 1980, les groupes de résistants armés islamiques et afghans, contre «l’empire communiste», utilisaient des villages de réfugiés au Pakistan comme bases militaires, et y recrutaient. Ils étaient soutenus pour la bourgeoisie américaine, unie pour une fois derrière son Etat durant la fin de la guerre froide, et leurs vassaux alliés et certains pays islamisés (que vous connaissez sans nul doute) qui ont la réputation de dépenser sans compter aide financière et matérielle aux chômeurs islamistes. Les généreux donateurs fermaient les yeux sur la présence de ces chômeurs armés dans les camps de réfugiés, malgré un détourneent substantiel de l’aide humanitaire. La confrontation impérialiste et la guerre des blocs s’asseoient sur toutes les aides humanitaires universelles. Jamais les villages afghans n’ont été démilitarisés. Du coup lors des affrontements «inter-impérialistes», qui allaient se solder par la défaite russe, de nombreux réfugiés-otages seront tués sans que ni les Etats-Unis ni la Russie ne soient couvert de honte par la «communauté internationale»!
En 2002, le retour de plus de deux millions d’afghans (ex-réfugiés donc) à la suite de l’intervention US contre les tarés taliban et Al Qaïda, a représenté le plus grand rapatriement de réfugiés depuis 1945.
L’implosion de la Yougoslavie provoquée par la bourgeoisie allemande (honte à elle!) a provoqué la plus grave crise de réfugiés en Europe depuis la dernière boucherie mondiale. Mitterrand s’est couché devant Kohl, et personne n’a reproché à l’Allemagne de n’avoir accepté de recevoir aucun des milliers de cadavres de Srebrenica... Après la paix de 1995 plus de la moitié des 4,4 millions de citoyens de Bosnie-Herzgovine sont déplacés... et seulement 345 000 en Allemagne. Rien n’a été fait pour empêcher la «purification ethnique» alors qu’on s’autorisait vertueusement à laisser construire un monument en souvenir de la Shoah en plein Berlin.
Le 24 mars 1999, sans l’autorisation préalable du Conseil de sécurité de l’ONU, l’OTAN déclanche des frappes aériennes sur la Yougoslavie pantelante, y compris le Kosovo. Environ 800 000 kosovars s’enfuient. Variante du «partage de la charge», les réfugiés sont éparpillés un peu partout dans des camps de la misère. En temps de guerre, l’action humanitaire est aussi une méthode de guerre et ledit secours matériel alimente l’économie de guerre.

TOUS CES MORALISTES PRETENDUS DEFENSEURS DES MIGRANTS OU DES REFUGIES, POUR QUI SE PRENNENT-ILS? NOUS NE SOMMES PAS RESPONSABLES DE LEURS GUERRES! QU’ILS CESSENT D’ATTISER LES CONFLITS GEOPOLITIQUES ET PETROLIERS! QU’ILS CESSENT LEURS VENTES D’ARMES! ET LEURS SUPPLETIFS ECOLOS CES RIGOLOS QU’ILS CESSENT DE SA CACHER DERRIERE DES PLEURNICHERIES HUMANITAIRES ET QU’ILS DENONCENT LES CAUSES MILITAIRES DE LA FUITE EPERDUE DES POPULATIONS AU LIEU DE SE LA JOUER CROIX ROUGE ET ASSISTANAT CHARITABLE!
La question des réfugiés à l’époque actuelle est bien loin de celle de la fin de la Deuxième Guerre mondiale, question qui pouvait être soluble dans le reconstruction et un capitalisme encore dynamique. Aujourd’hui, l’intégration de masses immenses de déshérités n’est plus possible, il n’y a plus assez de travail pour la majorité de l’humanité et le travail n’est plus considéré comme source de richesse. Cette évidence n’est pas un racisme provenant de la classe ouvrière mais la négation de cette réalité, et expression de la pourriture du Kapital financier à la dérive, est la morale perverse des dominants.
Le chaos, nul besoin de Thierry Meyssan - les marxistes maximalistes et les prolétaires conscients l’avaient analysé dès les années 1980 - pour comprendre qu’il est planifié par la bourgeoisie américaine et ses fractions rivales, que Sarkozy n’en a été que le missi dominici en permettant l’élimination de Khadafi, comme Hollande au Mali et en Syrie et vendre ses mirages à des généraux criminels. L’impérialisme US a besoin de ridiculiser l’Europe - et sans honte en n’accueillant que 5 à 6000 syriens - mais sans affaiblir complètement ce principal marché mondial où les collègues alimentent également l’incendie belliciste tout en prétendant en éteindre les conséquences pour les populations terrorisées.
Le combat titanesque entre oligarques russes et milliardaires américains n’est qu’une parodie ridicule de la guerre froide où les nouveaux riches chinois ne sont que des tigres de papier.

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