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mardi 6 janvier 2015

De la révolution industrielle à la carte vitale communiste

Voilà un petit bouquin bien fait qui vient remettre en cause des poncifs sur la révolution indutrielle au pluriel (1,2,3,4...), qui considère qu'il n'y a eu qu'une révolution industrielle majeure, la première celle du début du 19e siècle au temps de Marx et Engels. Après il y a eu d'autres développements techniques audacieux; nos auteurs ne le nient point, mais ils ne cessent de pourchasser la pensée métaphysique bourgeoise incapable de s'élever au-dessus de la dialectique marxiste dont on eût aimé qu'ils nous donnent une définition de cette dernière en passant, au moins pour le néophyte car l'ouvrage est assez limpide en tout cas pour la première partie. On ne sait pas vraiment s'ils défendent le marxisme comme une science (ou une approche scientifique) mais les sciences sont descendues de leur piédestal vivement, le progrès pas tellement; plutôt que l'insignifiant Redecker ils eussent pu en référer à l'excellent Christopher Lasch (cf. Le seul et vrai paradis . Une histoire de l'idéologie du progrès et de ses critiques). La critique politique sous-jacente et permanente contre l'idéologie du progrès et ses bateleurs de foire écolos en particulier donne force au livre: "En voulant se placer au-dessus des classes en lutte, l'idéologie écologiste ne fait que viser à la conservation du mode de production en vigueur". Ils démontrent à plusieurs reprises le ridicule de la robotisation à outrance, une croyance que les machines pourront décider un jour (cf. L'intelligence artificielle) et l'ambition infantile de tant de Géo Trouvetout qui s'imaginent reproduire la pensée humaine, vivre éternellement et être champions du monde de saut en hauteur.
Ils illustrent au fond une idée de Marx qu'on ne trouve pas citée une seule fois qui dit quelque part que la révolution industrielle a été une révolution plus importante que les révolutions du prolétariat au 19ème siècle.

Donc si la première partie constitue une bonne initiation au marxisme, ce qui suit méritera discussion. On regrettera des notes hyper lourdes qui chevauchent les pages, alors que, sachant que le lecteur s'astreint à les lire, il eût suffit de les placer dans la continuité du texte. Les longs passages sur l'histoire des mathématiques n'étaient pas indispensables; elles sont au fondement de la science moderne toujours, elles présentent une rigueur que n'ont pas les autres sciences, elles ne produisent pas forcément des mathématiciens abstraits ou des types hors de la réalité ou alors il faudrait expliquer pourquoi tant de mathématiciens étaient des révolutionnaires convaincus, à commencer par le pauvre Evariste Galois. Marx, mathématicien moyen sur le tard de sa vie s'était pris de passion pour cette discipline. Les plus grands poètes étaient souvent de solides mathématiciens... On tartine beaucoup sur la cybernétique, la robotique, après l'électricité, le nucléaire, mais on pourrait croire qu'un progrès constant a présidé aux inventions. Or il eût été intéressant d'observer et de disserter sur quatre aspects paradoxaux du "progrès":
  • réduction de l'homme à une machine en même temps que remplacement de l'homme "parcellaire" par les machines; montée du machinisme = misère;
  • inventions eéspoustouflantes en médecine, ingiénierie, pour la conquête de l'espace mais en même temps invention d'engins de meurtre massif surpassant l'imaginable dans les sociétés passées;
  • le fait que médicaments miracles (pénicilline), nouvelles technologies (radio-téléphone, perfectionnement des avions et du confort des pilotes) aient été inventés pendant les guerres, même au prix de l'usage de cobayes humains en Allemagne et au Japon dans une eau glacée (UNIT 31) pour tester les meilleures combinaisons pour pilotes tombés à la mer, pose la question du POURQUOI ces inventions?
  • Hélas le capitalisme a su inventer encore de belles choses tout en réduisant l'humanité à feu et à sang au cours de deux ahurissantes guerres mondiales et de tant de conflits sanglants bien plus nombreux et plus meurtriers qu'entre la période de ces deux guerres. Comment cela se fesse-t-il?

Un dernier petit texte rempli de tableaux bizarres vient pour illustrer une idée qui court à travers le texte principal:"le mode de production capitaliste freine le progrès technique: la limite des coûts de production". Marx a écrit que l'emploi des machines rencontre des limites, sinon il n'aurait pas besoin d'un immense main d'oeuvre pour extraire la plus-value, qui provient surtout de la sueur humaine et pas des machines. Et alors? Robin Goodfellow ne s'est pas avisé de la seule problématique qu'on peut et doit opposer en tant que communiste, socialiste ou anarchiste: POUR QUELS BESOINS?

Nos auteurs se livrent à un calcul invraisemblable, tiré par les cheveux, qui parodie les schémas chiants du Capital; on nous parle des"coûts de production dans une société communiste"!?? Le paragraphe (même pas un chapitre) qui s'intitule "Le point de vue de la société communiste" s'inquiète de la réduction du temps de travail, vision syndicaliste lambda; et ce  pauvre paragraphe se termine par: "le mode de production capitaliste est un obstacle au progrès technique"... Et qu'est-ce qu'on s'en fout!

Le but des partisans d'une future société débarrassée du captalisme n'est pas de calculer les "coût de
production", de plus en société communiste débarrassée des lois de l'argent et des météorologues économistes ni de dialoguer avec Martine Aubry sur les 35 heures (en période de révolution ou  après on peut même travailler plus provisoirement vu les dégâts de la guerre civile) mais – ou alors ils ne sont pas de vrais communistes – de rétablir les VRAIS BESOINS HUMAINS, de faire fi de tous les faux besoins inventés par et pour l'industrie capitaliste (sans tomber dans le communisme monacal de mon ami Bitot). Il était perché dans son arbre Robin des bois ou quoi?
Par contre il y a un point sur lequel ils concluent sans abandonner les trucs poussiéreux de notre bon Marx – la vieillerie des bons de travail imaginés par icelui pour mettre fin à la circulation de l'argent (et à sa thésaurisation) – mais sans reconnaître l'importance de ma géniale invention (voir sur le blog avec le concours d'un ami de Rodez) la CR: la carte rouge qui remplacera sans coût férir la Carte bleue intégrant les heures de travail fournies à la société (à la place de ces horribles bons en carton qui évoquent les périodes de disette pendant la guerre). Et nos Robin ont pertinemment saisi qu'on ne va pas jeter toutes les découvertes en régime capitaliste, lesquelles m'ont donné l'idée de la CR (carte vitale pour l'échangisme - au sens propre et figuré - communiste sans frontière, sans sexe et sans religion) ou comunist regulation: "Il y a aussi un aspect que les laudateurs des révolutions industrielles n'abordent pas, c'est le potentiel apporté par les technologies actuelles pour l'organisation de la société communiste. Par exemple la monnaie électronique (sic), les cartes bancaires et la technique des cartes à puces en général (ex. La carte vitale) les puces RFID (comme le passe Navigo de la RATP), le développement de la téléphonie portable... Internet". Et ils voudraient encore conserver ces putains de bons de mendigots. Il suffit! Alors que le capitalisme est capable déjà de tout réunir dans un même iphone: paiement bancaire, billets de train, Jeannot des RG et John de la NSA, le GPS de la femme jalouse, et les oreilles de ma belle-mère.
Faut moderniser le communisme camarades, ou au moins l'actualiser.


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