PAGES PROLETARIENNES

vendredi 10 janvier 2014

L’INSURRECTION QUI REVIENT DE LOIN




 PREMIERES MESURES REVOLUTIONNAIRES par Hazan et Kamo

(Le subversionnisme émeutier dans le texte)

Qu’est-ce qu’il a encore fabriqué celui-là ? L’éditeur Hazan s’est senti pousser des ailes après le bon accueil de son ouvrage sur la révolution française et malgré le peu de succès des p’tis couns[1] qu’il avait couvé sous son aile jacobine-anar, le voilà qui prétend nous fournir le « programme de l’insurrection »… qui n’est pourtant pas venue ! Son colistier anonyme Kamo (membre de la « cellule invisible ») est sans doute le pâle Coupat dont la confrérie bouseuse est si endettée qu’elle a lancé un appel aux nigauds pour pouvoir continuer à élever des chèvres subversives sur le plateau de Millevaches en l’auguste épicerie de Tarnac.
Il manque un programme révolutionnaire modernisé, sous-entend fort justement Hazan. Il n’en manque pas pourtant des « programmes communistes » pour la « libération de l’humanité », voir côté maximalisme, sans compter pithécanthropes maoïstes ou bordiguistes qui vous resserviront à chaque grève le Manifeste de 1848. Dont acte : « c’est le vide théorique et programmatique non  comblé par les élucubrations maoïstes ou trotskistes qui permet au PCF et à la CGT de reprendre les choses en main… »… de l’émeute "révolutionnaire" sans doute de 68... que d’arguments bien simplets pour vendre la plaquette « programmatique » sur les étals de Publico.
 J’ai esquissé moi-même un programme pour l’insurrection dans mon livre « The end » que Hazan a certainement lu mais ignoré comme tous les autres vieux histrions de son acabit. La révolution moderne, comme les anciennes n’a jamais été vraiment une question de programme comme ces vulgaires listages de recettes électorales que l’élite bourgeoise nous ressert régulièrement. Vulgaire pensum de potaches sans souffle « les premières mesures révolutionnaires » n’ont  pas  le vent irradiant des plus célèbres pamphlets ou manifestes. Elles ne sont pas révolutionnaires. Elles étalent les dernières des âneries ploucs de l’anarchisme le plus éculé.

Il est vrai que l’anarchisme n’a jamais eu qu’un repère « subversif » la french revolution de 1789, ce vieil objet élimé de musée qui enchante ou terrorise mais a autant à voir avec l’insurrection moderne que le combat des Athéniens contre Sparte. Le summum historique inégalable reste donc l’émeute : ah cette increvable émeute de l’incendie de la carriole des princes aux barricades de voitures de série ! L’anarchisme est depuis belle Rirette et la bande à Connot intégré à l’idéologie bourgeoise confusionniste parce qu’il saute les étapes historiques en gommant les événements qui le gênent, à la manière du stalinisme. Comme le stalinisme il a tout intérêt à conchier la révolution russe de 1917 gage d’admission dans l’édition bourgeoise. C’est pourquoi syndicalistes anarchistes et staliniens ont toujours fait la paire. Le révolté de pacotille généralement bien nourri et en accession à la propriété, se cache derrière un vieil événement lointain pour mieux conjurer une révolution plus contemporaine, qui le gêne comme son compère en idéologie, le bourgeois moyen. Le propre de l’anarchisme est de se cacher derrière de grands idéaux fumeux et de ne jamais se prononcer clairement dans les grands événements : il commente après coup, il porte un jugement une fois la fête finie. Il reste observateur hypocondriaque. Il est impuissant à s’occuper de politique et n’est bon qu’à se barder de citations des autres mais du moins a-t-il la gueulante comme ressource pour porter hautain[2].
Après une introduction poussive sur le méprisable « capitalisme démocratique », qui a tenté d’égaler mais en vain le souffle de la brochure de Khayati, nos auteurs semblent déplorer que « nulle part le capitalisme démocratique n’est sérieusement attaqué ». Il est vrai que la rhétorique de l’extrême gauche est cuite depuis longtemps, tout comme les indignés de braves bobos pétaradant le temps d’un printemps.
Page 22 nos  histrions du subversionnisme bobo (et bomo maintenant) trouvent un seuil de dangerosité garanti critique de base du « capitalisme démocratique » : l’émeute, ce parangon du subversionnisme bcbg qui fait pisser dans sa culotte le pandore moyen : « … car les responsables du maintien de l’ordre savent où pourraient les mener de tels sursauts populaires organisés et coordonnés ». Et savez-vous où est née la subversion, historiquement moderne, contrairement aux barbaristes (cf. la revue Socialisme ou Barbarie) encroûtés ? Elle est apparue un jour du mois de mai 68 sur les monticules de voitures de série brûlées rue Gay-Lussac par des étudiants (subversifs) révoltés et certainement des jeunes ouvriers qui s’ennuyaient.
« Les raisons de se révolter sont nombreuses » - sans doute autant que les mécontentements catégoriels et communautaires – mais que l’insurrection parte d’Espagne ou d’Italie : « … elle ne manquera pas de gagner ensuite toute cette Europe branlante ». Quoi ? Celle-ci serait incapable de faire aussi bien que les émeutiers du printemps arabe ? Chiche ?
Eliminant les « démocratie populaires », certes « aberrantes » mais qui tenaient tête à « l’impérialisme américain », en s’effondrant on supprimé « l’idée de révolution » et… tout le film romantique de 1917 ! Conclusion de cette introduction touffue : on est à la veille d’un nouveau 1789. Préparez vous piques et vos fourches !

PREMIERES PROJECTIONS DU PRESTIDIGITATEUR

Le terme prestidigitateur sonnerait presque comme agitateur, mais Hazan n’est ni l’un ni l’autre. Ce n’est pas Houdini, mais Garcimore : « …les conditions sont réunies aujourd’hui pour une évaporation du pouvoir » ! Comme en 1789 la prise de la Bastille aurait « évaporé » le pouvoir ! Comme historien amateur Hazan nous avait semblé pouvoir rivaliser avec ceux de la chaire académique quand il n’est qu’un magicien infantile. Une petite leçon d’histoire recopiée de wikipédia sert à illustrer que tous les gouvernements provisoires sont aussi durables que pourris. Donc mes bons Proudhon et Bakounine revenez-y : plus de gouvernement tout de suite ! Plus de transition, tout de suite mangeons à « l’appétit de l’inconnu ». Pas question de rédiger un énième programme mais traçage de « pistes » pour « créer immédiatement l’irréversible ».
Premièrement on l’a deviné à la suite du jeu de mains de Garcimore-Hazan: « L’appareil d’Etat s’est dissous, ses débris  tournoyent dans le vide ». Les maçons anarchistes commencent donc à murer les fenêtres de l’Elysée et de Matignon, ne conservant que certaines pièces pour faire autogérer crèches hammams et cantines populaires par les maoïstes et trotskiens non déportés au Larzac. Les lignes de communication et intranet des anciens bourgeois seront coupées (il n’est pas dit si l’on fera dérailler leurs trains). On ne se réunira plus dans les amphis de fac (qui insupportaient Kamo-Coupat car il trouvait meilleur fort en gueule que lui) il y a assez d’écoles, de gymnases et de cirques à Tarnac pour se passer des salles pour universitaires ou politiciens chevronnés.
Ne croyez pas que l’anarchisme survivant au pouvoir « évaporé » va fabriquer de nouveaux Goulags pour ces dizaines de milliers de flics, de financiers, de militaires et de juges au chômage en plus des millions de prolétaires au chômage. C’est pas un problème tout simplement parce « le travail au sens classique du terme ne reviendra pas ». Un autre coup de baguette de Garcimore-Hazan fait jaillir une gerbe d’étincelles par enchantement libertaire : « …le travail ce mythe fondateur qui pourrit la vie : tout le monde sera content de s’en débarrasser ». En quoi consistera alors « l’organisation de la vie collective » selon nos deux prestidigitateurs anarchistes ? Certes c’est ardu « de se figurer ce que sera l’abolition du salariat » mais pas tant que ça si on évoque les « moments insurrectionnels » de la trilogie subversionniste idéale : Barcelone 1936, l’Odéon 1968, place Tahrir 2011, description  élégiaque : « Ces moments où plus rien n’est travail mais où nul ne compte plus ni ses efforts ni les risques qu’il prend, ces moments où les rapports marchands ont été remisés à la périphérie sont aussi ceux de la plus haute vertu individuelle et collective ».
Nos deux magiciens sont en transe à l’idée du « partage de la vie entière », sans doute « sans temps morts » car la petite bourgeoisie s’ennuyait à la veille de « l’émeute révolutionnaire » de l’an 68. L’argent, bof il est déjà « dématérialisé » pour tous nos amis chômeurs anarchistes, alors demain… d’un clic : instauration d’une égalité parfaite des comptes bancaires », car il ne faut pas reproduire « l’erreur » des bolcheviques et des khmers rouges d’abolir l’argent tout de suite : « on ne sort pas indemne du monde de l’économie » !
Formidablement réac ces anarchistes subversionnistes, non seulement ils ne renversent pas l’Etat et sans transition conservent le règne de l’argent capitaliste. Le top du subversionnisme, on continue dans le changement accommodement. L’argent tombera en désuétude de lui-même puisqu’on aura les cantines gratuites (de la CGT), l’électricité gratuite (fournie en quantité réduite par éoliennes et pédales de vélo), films en peer to peer, l’argent restera une sorte de paiement pervers pour un petit café comme un  allemand de l’Est qui, nostalgique, loue pour une heure une Traban : « (l’argent) restera aux marges de la vie tant individuelle que collective » ; il a fallu beaucoup kiffer à nos deux magiciens bakouninistes pour pondre cela.
Se moquant fort justement de « l’utopie réaliste », le revenu universel garanti prôné par tous les gauchistes de la terre, et après un détour par l’antique Xénophon (pour justifier de leur culture esthétique) sortent leur lapin du chapeau : « L’abolition du capitalisme, c’est avant tout l’abolition de l’économie, la fin de la mesure, de l’impérialisme de la mesure ». Le subversionnisme des magiciens de l’anarchisme sans faim et sans besoins est en effet démesuré dé-mesuré. On pourra vivre comme aux beaux temps du stalinisme ; la terre possède des ressources démesurées, inépuisables, comme le gaz soviétique avant que Brejnev ne demande de cesser le gaspillage en faisant importer des compteurs du trust capitaliste français  GDF. Le modèle unique stalinien refleurit toujours sous la coopérative anarchiste, le monde sera heureux (le consommateur moins) : « … quand nous aurons de grandes laiteries d’où sortiront des pots sans marque et sans colorants » (made in Tarnac ?). Beuark ! La force du capitalisme actuel est le choix et la diversité. Ces magiciens ratés nous proposent un communisme monacal qui ressemble comme deux gouttes de vodka au communisme de caserne ou à l’ordinaire du hippy fauché.
Le travail revient soudain au détour d’un mauvais tour de magie, et le spectateur se gondole : « … quand les ouvriers du bâtiment travailleront pour loger leurs frères et leurs sœurs et non plus pour engraisser les fonctionnaires des multinationales du BTP l’ambiance sur les chantiers sera tout autre ». L’Etat non renversé, l’argent maintenu à la marge et toujours les mêmes ouvriers espagnols et portugais dans le bâtiment !

 L’insurrection est repartie ailleurs ?

Coupat et Hazan prennent-ils la pelle pour retourner gravier et ciment près de la bétonnière ? Sont-ils maçons le matin, joueurs de flûte l’après-midi ? Inspirés par la révo cul chinoise trop punitive, ils nous assurent s’engager, s’ils exercent le métier bobo de dermatologue, de se former au métier de balayeur ou d’aide-boucher pour « y consacrer volontiers deux ou trois après-midi par semaine ». Pas plus ? La vie humaine sera transcendée « dans mon quartier » : « « Les voisins deviendront des collègues et certains d’entre eux des amis ». Ambiance une poste à Moscou avant la chute de la maison stalinienne. Un rêve glauque de magiciens ratés.
On progresse. En vérité l’Etat « évaporé » n’avait pas disparu. Bande de naïfs qui ne soupçonnaient pas la trappe à gogo dans la géniale écriture du tandem subversionniste, l’Etat est en train de s’éteindre comme la loupiote du plafonnier lorsque vous fermez la porte de votre voiture: « La fin du travail obligatoire, la fin de la dictature de l’économie auront pour conséquence quasi mécanique la fin de l’Etat ». L’Etat qui s’était évaporé dès la page 31 disparaît définitivement page 53. Le tour de magie n’a pas duré dix ans ni un siècle mais à peine vingt pages.
Comme il existe des risques de renaissance de l’Etat nos magiciens jettent un peu de poudre de riz pour épater le spectateur : « A ceux qui se demandent comment un pays peut survivre à l’évanouissement de l’appareil d’Etat on peut répondre simplement : cet appareil ne sert à rien – plus précisément, à rien d’autre qu’à sa propre reproduction ». La sentence est éloquente de la hauteur de vue de magiciens anarchistes fort mécontents si le courant est coupé dans leur quartier et prêts à pétitionner s’il n’est pas rétabli dans la demi-heure et déterminés à aller porter plainte au plus proche commissariat de police si un sauvageon a dérobé leur mobylette.
Cette théorie de marginal assisté trouve appui sur les délires de l’immature Saint Just qui décrète que l’ennemi du peuple est le gouvernement, quand lui-même est au gouvernement !
Peu importe le désordre généralisé, il faut s’affirmer jacobins. Fi de la centralisation et de la décentralisation ! C’est à une échelle « localisée » que le pouvoir doit être assuré : « à l’échelle des villages et des quartiers » renouant : « …avec la richesse des formes historiques d’organisation depuis les sections parisiennes de 1793 jusqu’aux quilombos du Brésil ». Bref, vive le nouveau socialisme communal ! Produisons localement selon nos besoins des yaourts sans étiquette avec nos quinze vaches bios et notre tracteur à pédales ! Robespierre revient comme seule référence au bulletin non secret mais pas pour la guillotine à main levée. L’exemple d’autonomie des « gens » face à l’Etat « évaporé » moderne ne vient-il pas du « mouvement coopératif » des pays latins du Sud de l’Europe, qui snobent toute organisation de type conseil ouvrier pour cogérer la misère avec les moyens du bord au soleil théorique des coopératives anarchistes ringardes ?
La référence à une autre société n’est jamais la tentative bolchevique ni les débats du courant maximaliste de la dite Gauche communiste (Pannekoek, Appel, Bordiga, Bilan, etc.) mais les resucées du stalinisme, les bobards des anars espagnols, les coopératives de la misère en Amérique du Sud et les acquis médicaux de la dictature castriste : « … après la révolution cubaine on a vu la médecine de ce pays devenir la meilleure d’Amérique latine la mortalité infantile baisser au niveau des pays industriels le tout sans injection particulière de crédits ». La profession de prestidigitateur est une profession de menteur habile. Hazan est Garcimore, aucun coup n’est destiné à marcher pour la plus grande joie du spectateur. La médecine merveilleuse de Cuba n’est que de la propaganda castriste. Les médecins venézueliens en particulier étaient pris en otage, leur salaire envoyé au pays pour leur famille et la misère cubaine toujours plus belle au soleil du stalinisme exotique même si la mortalité infantile avait baissé. L’illusionniste anarchiste se trahit toujours par ses références au présent pour ne pas passer pour un hippy utopiste. Son raisonnement de marginal hors des réalités de classe et son déni de l’histoire réelle de la théorie marxiste insurrectionnelle veut se moquer du monde mais fait rire de son tour de passe-passe raté[3].
Le terme des « pistes » se vautre dans les mêmes âneries que l’opuscule verbeux de Coupat. L’apologie de l’émeute n’est que l’apologie de la marginalité et du jeune délinquant qui tient coopérative avec son deal au bas de l’immeuble, nouvelle catégorie révolutionnaire la « jeunesse » (du bas des immeubles) « jouera son rôle dans la mise à bas du capitalisme démocratique » : « Elle mettra en application la politique des halls d’immeubles qui vaut bien celle des émissions de France-Culture et des éditoriaux de la presse asservie ». Il est vrai que dans la société libérée du capitalisme démocratique le concierge aura perdu toute utilité car les clés des appartements seront autogérées par les habitants des halls d’immeubles.
Les « pistes » qui surnagent du projet magique sont bien sûr la remise en cause de la rémunération des politiques, la dénonciation des fantaisies écologistes et l’antifascisme ; mais outre que ces trois thèmes sont repiqués au véritable milieu politique prolétarien, le maximalisme marxiste, nos magiciens ne savent même pas dénoncer correctement l’antifascisme, ce qui leur a valu des critiques de leurs fans anarchistes et gauchistes, très près de la morale d’Etat et pointilleux concernant ce sujet.
Enfin la conclusion de tant de pistes insensées de petits bourgeois égarés dans la théorie anarchiste bohème se résume au pire galimatias qui est à la base de toutes les confréries anarchistes, qui explique pourquoi elles sont et seront toutes inexistantes politiquement et impuissantes à prétendre changer quoi que ce soit, simple reflet des arrangements entre petits amis et couples bureaucratiques pour autogérer au mieux son ennui dans le capitalisme imprenable : « S’organiser, c’est faire évoluer ces groupes en constellations subversives par le jeu des amitiés, des espoirs partagés, des luttes menées en commun, de proche en proche. C’est tracer entre eux des chemins qui les amènent à se retrouver par affinités de ville à village, de quartier à quartier, de centre à banlieue ». Mais l’ensemble des cartels syndicaux, les clans gauchistes et le FN ne fonctionnent PAS AUTREMENT !

Vous ne leur en voudrez pas. Vous n’aurez pas eu besoin d’acheter leur plaquette pleine de tours de magie ratés. Vous auriez été fâché d’être floué pour un spectacle aussi miteux pas drôle comme celui de l’excellent Garcimore, le vrai magicien comique, qui a tant enchanté les enfants en échec scolaire qui manquaient de confiance en eux-mêmes.

NOTES DE LECTURE

-          « Le curé rouge vie et mort de Jacques Roux, de Dominique Rousseau », ed Spartacus : très bon ouvrage sur les « curés rouges » de 1789, instructif. Visiblement écrit par un professeur attaché à son histoire locale, peu critique envers Mara et les égorgements révolutionnaires, avec une tendance à mêler les clichés modernes au passé (la « diversité  religieuse »!?).
-          Rirette Maîtrejean : excellent mémoire par Anne Steiner spécialiste de l'histoire du terrorisme anarchiste, sur la compagne de Victor Serge et une militante anarchiste (du bon vieil anarchisme pas de sa décomposition libérale moderne) et des textes de cette admirable petite bonne femme, morte solitaire hélas en 1968 comme le superbe dessinateur Grandjouan… Mais quelle stupidité d'avoir édité sur papier cartonné (toutes les pages oui) comme pour les livres bébé, une insanité qui gâche la lisibilité d'un travail de souvenir mémorable et honorable  (je ne cite même pas l'éditeur qui mérite carton rouge).
-          L’affaire Durand de Patrice Rannou (ed Noir et Rouge) : on nous rebat les oreilles avec l’Affaire Dreyfus depuis un siècle mais le calvaire de ce jeune ouvrier syndicaliste condamné à mort accusé faussement d’avoir tué un contremaître jaune, a non seulement entrainé une vague de protestation probablement plus ample que pour Dreyfus, a mis en évidence la cruauté patronale et le sadisme des ministres ex-socialistes, mais s’est terminée par la destruction mentale de la victime et aucune sanctification de la postérité comme pour le capitaine juif.


[1]Gibert jeune, la FNAC font un étalage généreux des brouets illisibles et creux de son édition. La Fabrique.  Les p’tits couns était le nom originel de la revue Tiqqun (p’tit con) de Coupat, au cours d’une plus longue campagne d’Etat que celle de Dieudonné,  accusée d’avoir voulu s’en prendre aux caténaires des voies ferroviaires- alors que comme le montre la triste affaire de Brétigny la SNCF dénationalisée est tout à fait capable de faire dérailler les trains elle-même. Coupat était la plume réincarnée de Debord pensa Hazan. Si c’est ce blaireau qui se cache encore sous le pseudo de Kamo, le résultat n’est pas plus ébouriffant que la prose de Hazan et de son acolyte invisible. Les grands seigneurs de l’anarchisme ne sont plus que de petits roitelets du verbe.
[2] Le site-radio Vosstanie fonctionne ainsi. Tout est caché par un décor accrocheur pour le jeune émeutier quand derrière la petite Cécilia débite de sa voix sexy des textes romantiques rythmés par une vague musique de samba brésilienne. Le couple animateur se fait passer pour un « groupe de la gauche communiste » avec  un texte de référence du révisionniste Dauvé dont Paulette se vante d’avoir été le ronéoteur. Les contributions sont vides de contenu car même en vieillissant nos animateurs de la subversion esthète et collégienne ne savent pas écrire ni argumenter. Dans les débats qu’organise le système secret de cette radiologie parallèle marginale, il est plaisant d’entendre les interlocuteurs anonymes anars se mentir mutuellement sur leur influence microscopique, sur leurs chiffres de vente extraordinaire, mais plus encore marrant de les ouïr s’enorgueillir de « démasquer » le monde de la marchandise. Il font partie de la même mouvance bobo que Hazan & Cie sans oublier ce pauvre Lastelle, et son sous-fifre Janover lamentables déclassés qui naviguent au gré des remugles de leurs ambitions mort-nées.

[3] Les hauts lieux de la magie anarchiste sont pour sûr Notre-Dame-Des-Landes mais aussi : « Tarnac et Marinaleda sont des îlots dans l’océan du capitalisme démocratique » ; la magie opère à partir de ces lieux uniques de culture de ses propres patates et de construction de bric et de broc de sa propre habitation comme dans n’importe quel village plouc de lozère il y a cent ans : « Pour nous (Hazan et Coupat) leur existence, leur succès, leur persistance en milieu hostile montrent qu’un communisme véritable est possible et qu’il est à notre portée ».

mardi 7 janvier 2014

DIEUDONNE ET LE DEUXIEME DEGRE




« Quand la politique tsariste se trouvait dans une impasse le gouvernement organisait un pogrome ».
Kaminski (« Céline en chemise brune », 1938)

ORCHESTRATION DE LA CAMPAGNE ANTI-DIEUDONNE

La chasse à l’homme hystérique dont Dieudonné est la cible a tout du pogrome médiatique. La campagne des années 1980 autour de la négation des chambres à gaz n’avait pas atteint une telle intensité. Même la campagne autour de l’Affaire Dreyfus au siècle précédent n’avait pas atteint les campagnes les plus reculées du fait que la télévision et internet n’existaient pas. Le saltimbanque est certes infréquentable pour les amis du gouvernement antiraciste quoique chacun ait envie en catimini de le traiter de « sale nègre ». A une époque où les juifs ne sont plus persécutés on assiste à une étrange inversion des rôles par la musique dominante. Cela serait risible si le sujet restait confiné à la rubrique pipole, au niveau du pédophile cinéaste Roman Polanski qui a déclaré être le nouveau capitaine Dreyfus. Mais un succès hors des sentiers balisés du show-bizness officiel, provoquant un glauque retour du refoulé, est devenu affaire d’Etat. On va essayer de comprendre pourquoi et comment.

Au mois de décembre le petit ministre de l’Intérieur avait déjà commencé à pomper tout l’air médiatique sur le diable Dieudonné. Le chef d’orchestre ce n’est pas lui ni Israël et ses sponsors français mais tout l’appareil du PS, le gouvernement et ses conseillers occultes. Derrière ce moralisme d'Etat bourgeois et le vieux terrorisme intellectuel germanopratin autour de la "religion de la Shoah", un souci avant tout : les deux échéances électorales de 2014, municipales et européennes. Les rapports secrets des Préfectures ont tiré l’alarme : fort risque d’abstention, les « français » sont dégoûtés des principaux partis officiels quoique ne voulant pas donner la France au FN. Les crânes d’œuf de l’élite bourgeoise n’ont pas eu assez de toute l’année 2013 pour plancher sur un sujet pouvant raviver l’intérêt des masses d’électeurs. Pour faire oublier que c’est bien la gauche bourgeoise qui est au pouvoir, il y avait bien eu la longue campagne sur le mariage gay, qui avait agité vainement les salles de rédaction et une certaine Frigide Barjot. L’assassinat accidentel du jeune Clément Méric n’avait pas focalisé très longtemps l’attention des « masses spectatrices » sur un événement tout juste du niveau d’un fait divers, et retombé comme un soufflé.
Un contributeur sur Agoravox pose la question première : « pourquoi une telle soudaine focalisation sur Dieudonné qui pendant dix ans a accumulé tant de provocations qu’il ne passait plus lui-même qu’à la rubrique faits divers de justice ? ». Et il ajoute judicieusement que n’importe quel comique « blanc » coupable de telles provocations aurait été éliminé depuis longtemps de l’exposition aux médias. Plusieurs explications sont possibles. Dieudonné a été longtemps lui-même une girouette insaisissable, copain avec Cohn-Bendit lors de sa tentative électorale à Dreux contre le FN, puis copain avec parrain Le Pen. Si le commerce antisémite de Dieudonné a aussi longtemps prospéré c’est d’abord que l’Etat avait d’autres chats à fouetter, d’abord la bagarre entre factions de droite et de gauche au sommet de l’Etat ; la figuration du diable a été, plusieurs mois durant, Sarkozy avec ses probables puis improbables ennuis judiciaires. En deuxième lieu, Dieudonné contrairement à Soral ou aux négationnistes d’antan fait rire, et fait rire de plus en plus de gens de la « basse classe ». Même pour 38 euros les « populations de banlieue » affluaient au spectacle ; excepté Wiewiorka dans son article du Monde - « Derrière la vague Dieudonné l’essor d’un public anti-système » - avec une photo exhibant de pauvres  malheureux encapuchonnés et voilées dans la file d’attente du spectacle – personne n’a tenté d’analyser vraiment la nature du « rire populaire » hors circuits balisés télévisuels surfant sur le dérangeant tout visuel d’internet. Français ces pauvres gens de la photo[1] certes mais français issus de l’immigration qui échappent au comique troupier d’Hollande et autres Gad Elmaleh qui ne font rire que les salles de bobos. Wiewiorka se retient de traiter le public de Dieudonné d’imbéciles, comme tant d’autres l’ont fait sans vergogne contre les électeurs de la famille Le Pen, mais le mépris bourgeois est là :

« Ce public est aussi sensible à la démagogie antisystémique de Dieudonné qu'il est perméable à sa haine des juifs et d'Israël. Celle-ci tranche, en partie au moins, avec l'antisémitisme classique qui s'était révélé et développé avec l'affaire Dreyfus et s'est maintenu actif jusqu'au milieu du XXe siècle. Durant cette période a prospéré une thématique au cœur de laquelle les juifs étaient accusés de miner la culture et la nation françaises. A partir des années 1980, des thèmes inédits sont apparus, ou ont trouvé une nouvelle jeunesse : la Shoah a été niée ou accusée d'être à l'origine d'un juteux business, et l'antisionisme s'est plus ou moins confondu avec la haine des juifs. En fait, c'est surtout parmi ceux qui s'identifient à la cause palestinienne parce qu'ils sont eux-mêmes d'origine maghrébine, ou à l'islam radical, en butte à Israël et aux Etats-Unis, que s'est développé le nouvel antisémitisme, tandis que l'ancien régressait. Et c'est là où on trouve Dieudonné ».

Dieudonné peut-être, mais ce qui gêne Wiewiorka comme ses collègues bourgeois c’est que – même si la « fédération ludique» d’une distraction pour noirs et immigrés avec une poignée fachos hexagonaux reste une vue de l’esprit[2] – c’est que l’antisémitisme (qui se veut comique) de Dieudonné éloigne un peu plus ce « public virtuel et sous-culturel» - ces braves gens n’existant point au bas de l’ascenseur social - des queues de moutons électeurs des mêmes escrocs politiques depuis cent ans :
« Cet avatar de la haine des juifs n'a rien à voir avec la défense de la culture et de la nation – qui irait dire de Dieudonné qu'il incarne l'une ou l'autre ? Il est lourd avec lui d'une rage qui n'a rien de nationaliste, il porte plutôt la haine d'une France puissance coloniale – le lien avec les juifs est ici qu'ils voudraient, selon Dieudonné, disposer du monopole de la souffrance historique, au détriment des Noirs. Enfin, Dieudonné parle en termes vaguement sociaux, au nom de ceux qui pâtissent de l'exclusion ou de la précarité. Comment fait-il pour plaire à l'extrême droite nationaliste autant qu'aux populations issues de l'immigration récente (maghrébine, subsaharienne), sans parler des Antillais – qui ne constituent pas spécialement le fonds de commerce du FN ? Le paradoxe se résout grâce à l'antisémitisme, qui subsume les différences et rapproche des personnes que tout sépare par ailleurs ».
Enfin pourquoi a-t-on laissé aussi longtemps prospérer un diable moins coriace que le démon Sarkozy? Mais parce qu’il officiait hors période électorale comme un saltimbanque amusant la galerie des populations dites « immigrées » que l’on défend vertueusement en général seulement en période électorale et de plein emploi, et qu’on veut bien laisser se contenter de « distractions pour pauvres incultes », amusements de bas-fonds bien utiles à la paix des rues. La morgue des classes dominantes pour les défoulements des « braves gens » ne date pas d’aujourd’hui. Dans l’Antiquité on donnait des chrétiens à bouffer aux lions. En 1900 on exposait des noirs comme bêtes de cirque. Les bourgeois ne fréquentaient pas les premières salles du cinéma muet emplies de pouilleux des classes populaires que les ouvreurs aspergeaient de DDT avant le début de la séance. La cinématographie hitlérienne exhibait des juifs en guenilles et sales. L’ère de la télévision antifasciste a montré le degré d’inculture et de bêtification que la classe bourgeoise est capable d’inoculer quotidiennement universellement. La grossière utilisation électorale de l’inqualifiable Dieudonné permet au noble intellectuel du Monde de placer tout de même les délires politiques de Dieudonné au niveau d’une certaine « culture de la liberté d’expression » et de déplorer « racisme archaïque » et « antisémitisme renouvelé ». Pourtant Dieudonné est à la contreculture dominante ce que la musique militaire est à Mozart il ne travestit pas moins que tous les politiciens bourgeois avec leur mythe démocratique et leur morgue de grands seigneurs :
«Dans les deux cas, on s'expose à en faire un martyr, mais aussi à aller à contre-courant de la culture de la liberté d'expression propre aux évolutions contemporaines. Et dans les deux cas, on corrige les effets sans aller au fond, lancinant, au fait qu'une société comme la nôtre puisse laisser place à un racisme archaïque ou à un antisémitisme renouvelé ».
Autant Wiewiorka a eu la noble tâche d’y aller mollo, autant les autres vont se mettre à hurler comme des hyènes et se charger de « martyriser » Belzébuth M’Bala M’Bala[3].  
Valls n’est qu’un sous-fifre du gouvernement et c’est donc bien l’Etat tout entier, opposition de droite comprise qui fait sus à Dieudonné.  
On n’a encore rien vu, ce n’est que le début du tintamarre. La baguette de chef d’orchestre confiée au petit Valls fait place désormais chaque jour aux violons, saxophones et autres trombones grinçants. Minute par minute au soir de l’envoi de la circulaire aux préfets le haut de Google news chapitre sur le plan de campagne contre le sang impur qui ne doit plus abreuver notre campagne électorale. Annonce d’une possible circulaire de Valls aux préfets… Publication de la circulaire annoncée… La contre attaque de Dieudonné est annoncée en titre mais sans rien. PUIS  l’armée idéologique de défense de la civilisation électorale avance ses pions : « « L’interdiction se concrétise », «  Juppé est le premier élu à interdire le spectacle à Bordeaux ! ». 

Du jamais vu ! Rarement on aura entendu des Joffrin, BHL, Copé, Klasfeld fils,  la clique SOS racisme Guillon[4] en appeler à la répression magistrale, à la police, trompettistes suivis par le chœur de la secte du CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France) qui en appelle « à une mobilisation républicaine dans chacune des villes où se tiendra un spectacle de Dieudonné M'Bala M'Bala, pour dire non à la haine antisémite »[5]. Le matin même, l’ancien soldat planqué d’Israël, fiston Klarsfeld (qui dit merci à maman et papa chaque fois qu'il fait un pet en public) avait été convié sur les ondes de France Inter (radio de la France libre) pour conjurer la menace, appelant lui l’ancien nominé de Sarkozy, rendu au service de la France hollandaise, à « manifester ». Tout avocat qu’il est, il parle mal, mélange les dates et se fout du monde avec des concepts primaires de collégien ignare : « ..dans les années 30 il y avait une terrible campagne antisémite, et on y a mis fin avec la loi Marchandeau » (1939). Il ajoute : « et les premières lois qu’a établi le gouvernement de Vichy c’est la possibilité de rétablir des campagnes antisémites »; certes mais voyons la suite : « On le voit bien au Rwanda quand on appelle à la haine il y a des crimes qui sont commis après et qui sont passibles (c’est le langage juriste répressif qui fourche) d’intoxiquer les gens ». Le diable peut être caractérisé : « Dieudonné est un intoxicateur de haine qui fédère les antisémites d’extrême droite le noyau dur de l’extrême droite, l’ultra-gauche et les islamistes donc il faut mettre un point d’arrêt et Manuel Valls a bien réagi et je lui en suis très reconnaissant et les juifs de France aussi et j’ai bon espoir que l’interdiction aura lieu bientôt ». Nul doute que les électeurs juifs seront reconnaissants à messieurs Valls et Hollande, même s’ils ne constituent pas un électorat important ni ne s’abaisseraient à être électeurs du petit Klarsfeld (non élu à Paris). Ce fringant avocat hâbleur est passé un peu vite sur le Rwanda cette épine dans la religion de la Shoah lanzmanienne – le massacre au Rwanda dont la bourgeoisie française « socialiste » porte une lourde responsabilité occultée - a détruit l’exclusivité du massacre des juifs. Il pense noyer le poisson en évoquant subitement une autre contrée qui remet en première place la victimisation juive : « Il faut interdire la haine raciale. On voit bien ce que ça a donné au XXème siècle. On voit ce que ça a donné en Afrique. Je suis reconnaissant au président d’être intervenu en Centrafrique parce que les gens se coupent en morceaux quand il y a incitation à la haine raciale et ça peut très bien se passer en France aussi. La mentalité de l’homme n’a pas évolué depuis l’époque préhistorique. Et croyez moi, c’est parce qu’on a une démocratie qu’on est attentif à ne pas inciter à la haine raciale que les choses sont apaisées ». L’avocaillon du mensonge dominant sur une supposée « nature humaine » qui découpe les autres en morceaux est non seulement enchanté qu’on finisse par faire raquer le vilain canard des millions de procès ridicules[6] mais à condition qu’on le musèle dé-fi-ni-ti-ve-ment car : « … il y a soixante dix ans on coupait en deux les juifs avec la scie au Mali, on arrêtait les enfants au Vel d’Hiv ». Tiens ! on ne connaissait pourtant que le martyre multiséculaire de millions d’africains redescendus au second rang concernant le massacre inconnu et obscur d’une minorité juive non pas au Rwanda mais au Mali ! Le juif nationaliste bourgeois est comme la mouche sur une assiette il ne voit que ses miettes à lui. Bon futur conseiller de Hollande, après avoir conseillé Sarkozy, il termine magnanime : « Normal qu’il y ait encore des antisémites. Des juifs sont embourgeoisés aujourd’hui c’est normal, mais ils sont bien intégrés ».
Au fond tout va bien, les antisémites resteront antisémites mais ils ne doivent plus faire partie du spectacle ni avoir le droit de rire. Quant aux juifs bourgeois (et non pas les bourgeois juifs) ils sont bien intégrés… à la bourgeoisie, comme la famille Klarsfeld ! Nul doute que les masses françaises vont se lever à l’appel de cet avocaillon brouillon pour manifester contre les salles de théâtre et la théâtralisation de Dieudonné.
Le matin aussi sur une autre radio d’Etat, l’humoriste de service qui ne fait même pas rire les gauchistes, S.Guillon consacre son billet matinal à traiter Dieudonné de gonzesse : « Dieudonné la honteuse ». Minable comme le fils Bedos.
Hélas, plus inquiétante est la lecture des commentaires au bas des déclarations de tous ces serviteurs de l’Etat multiracial, antiraciste et démocratique. Une large majorité dénonce une « atteinte à la liberté d’expression », soutiennent Dieudonné face soit à une énième « manipulation des juifs depuis Tel Aviv ou New York», soit face à un système politique qui dérive sur un sujet secondaire face au chômage et aux prérogatives exorbitantes de l’équipe gouvernementale de Hollande etc. Même si ce sont en majorité des militants des sectes d’extrême droite, ou surtout des individus seuls et paumés, la première conséquence incontestable est une victimisation qui profite à Dieudonné et sa clique. Le geste de la quenelle est d’une redoutable efficacité mimétique, et s’est largement répandu semble-t-il [7].
même dans la jeunesse scolaire ; cet aspect inquiétant sera difficile à éradiquer éventuellement tellement il a pris le sens d’un bras d’honneur pervers, peu coûteux face au système pour tous les perdants du rêve capitaliste ou les scolarisés boutonneux, possiblement indélébile comme perdure encore partout dans le monde, hélas 60 ans après, le swastika nazi ou le salut bras tendu qu’aucune loi ni aucune éducation n’ont pu faire disparaître
Le char de l’Etat démocratique-antiraciste en guerre contre la « haine raciale » va-t-il pouvoir marquer le peuple et le prolétariat de ses chenilles électorales? A lire le titre d’accroche de Libération pour demain – Le business de Dieudonné – la médiatologie gouvernementale s’apprête à toucher au point sensible en milieu populaire, déjà qu’on y jase pas mal sur sa quête financière culottée pour rembourser ses dettes judiciaires chose qui heurte le contribuable moyen, quoique l’uèmepé et NPA aient déjà sollicité aussi leurs électeurs de la même manière… Le Capital peut toujours frapper à la caisse pas  mais pas à la tête !
Wiewiorka a donc désigné lui, derrière le méchant Dieudonné un « public anti-système ». Aïe un public qui comporte des milliers et des milliers « d’en bas » ce n’est pas une engeance minoritaire à combattre de la même manière que la poignée de fachos et d’intellos ultra-gauches négationnistes dans les années 1980 ! Mais Wiewiorka se plante complètement en évoquant une « haine de la France coloniale » dont Dieudonné serait le dépositaire sur les planches. La détermination de Dieudonné est plus prosaïque et je vais le démontrer par mon enquête personnelle avant d’en venir au plus grave qui concerne la théorie du rire « au deuxième degré ». Notons pour l’instant le silence des groupes gauchistes et anarchistes, vont-ils se joindre à l’union nationale anti-haine raciale orchestrée par le « raciste anti-immigré » Valls ? [8]

MES DEUX RENCONTRES AVEC DIEUDONNE

En fait la première fois je ne l’ai pas rencontré personnellement. J’ai assisté à ses débuts sur scène au théâtre de la Gaieté Montparnasse avec Elie Semoun. Dieudonné et Semoun, probables simples produits des années de laxisme soixantehuitard déboussolé, firent leur fond de commerce de sketches se riant du nazisme, jouant à se moquer du nazisme comme Charlot. Or le nazisme n’est pas rigolo. En ce sens Dieudonné n’est pas le mal personnifié tombé des îles, il est le produit de génération de comiques professionnels jusqu’aux guignols de l’info qui plaisantant avec la politique et toutes les politiques ont contribué non pas à éclairer sur la politique des classes dominantes ni sur les confrontations de classe, mais à encourager le nihilisme, la dérision permanente de tout projet politique. Comme on nous fait voter comme des imbéciles on va rire désormais comme des imbéciles puisque de toute façon le pouvoir et ses intellectuels de gouvernement nous considèrent comme des imbéciles. Enfin tous ces bouffons de soupapes ludiques du système sont devenus une chambre d’écho glauque empêchant toute réflexion intelligente. Bedos défendait Deferre comme Dieudonné défend Faurisson. Comme le triste bouffon Philippe Val chiait bêtement à longueur de spectacle sur la personne de Giscard avec son collègue pédophile, et ne faisait rire que les gauchistes. J’assiste en famille au premier rang à ce que décrit Guillon :
« … le jeune M’bala rencontre la gloire en 1990 sur la scène d’un café-théâtre en duo avec un certain M. Semoun… Elie Semoun ! Imaginez sa détresse, quand dans le sketch Cohen et Bokassa, Bokassa dit à Cohen : «En 45, les boches, ils auraient pu finir le boulot», la salle entière se gondole, tout le monde pense que Dieudonné fait du second degré alors que lui sait qu’il est au premier ». L’entrée en scène a été frigorifiante et j’en parle comme fils de déporté et résistant. Semoun et Dieudonné font leur entrée en uniforme nazi et de sa voix aiguë Seimoun hurle : « Bersonne ne zortira vifant de zette zalle, doutes les issues sont bouchées ». Seule la couleur de peau de Dieudonné apparaît rassurante et je ne pense pas que Dieudonné était alors nazi ni au premier ni au deuxième degré. Après seulement la salle rie quand le père « Cohen » fait savoir au père Bamboula qu’il est descendu de l’arbre comme son fils qui s’est chamaillé à l’école avec le sien. Le comique de ces années-là, depuis Coluche et Desproges est un comique qui nous apparaît sain parce qu’il se moque du racisme primaire. Il est hors norme aujourd’hui parce qu’on ne rigole plus avec la misère et les inégalités, parce que les relations sont plus tendues entre les classes, que des gouffres se sont creusés, générant des rires inconciliables. On ne peut plus rire des mêmes choses.
La deuxième fois vers 2004, Dieudonné est en difficulté avec les médias, il collecte les noms d’oiseau. En 2003 on a lu : « L’humoriste Dieudonné fait l’objet d’une enquête préliminaire » pour déclarations incendiaires. Le 1er décembre 2003 sur le plateau de l’émission On ne peut pas plaire à tout le monde, Dieudonné avait interprété au cours d’un sketch un activiste extrémiste sioniste, portant un chapeau de juif orthodoxe à papillotes, une cagoule et un treillis militaire, levant le bras et criant «IsraHeil !» avant de lancer un appel aux jeunes des cités : « Convertissez-vous comme moi. Rejoignez l’axe du bien, l’axe américano-sioniste, qui vous offrira beaucoup de débouchés ».
Je pense alors comme beaucoup de spectateurs qu’il y a exagération et je décide de prendre sa défense, mais avant, d’aller me rendre compte sur place. Je me rends donc avec ma compagne de l’époque, Malika une kabyle née en France, à son théâtre. Nous commettons l’erreur de nous placer au premier rang dans la salle du théâtre de la Main d’or. Ce n’est jamais la bonne place si vous ne vibrez pas avec le chanteur ou le comique. D’emblée le comique nous déplaît. Il commence par cracher sur l’ouvreuse « pour faire comme Barthès » déclenchant les fou-rires d’une salle à majorité maghrébine et de femmes avec cheveux cachés. Nous sommes interloqués que cela fasse rire de cracher sur une femme. Les sketches, excepté celui sur le soldat paumé de la Grande guerre, sont lourds et minables, en particulier celui sur le cancer. Le soit disant humoriste nous regarde d’un mauvais œil, nous sommes les seuls à ne pas rire. La fin du spectacle est encore plus déplaisante c’est un véritable meeting politique où non content de dénoncer ce monde du « spectacle » qui le boycotte, Dieudonné demande à la salle de verser son obole pour son film sur l’histoire de l’esclavage, car, dit-il, il est petit-fils d’esclave. Je tique sur un tel propos, moi aussi, nous aussi la plupart des mécréants de base en Europe on est petits-fils ou arrières petits fils d’esclaves, même blancs !
Je n’applaudis pas à la fin. Je vais demander au guichet quand on peut rencontrer le bonhomme. Il arrive enfin et je vais le trouver. Je commence par lui dire qu’avec le discours qu’il tient il ne peut plus passer à la télé.
-          Quô quô quoi ?
Fait-il comme si j’avais commis un crime de lèse-majesté, ou comme un enfant privé de son jouet. Et sans épiloguer sur ses récents dérapages, je lui offre mon histoire du nazisme en lui disant que cette idéologie a une histoire, qu’il ne faut pas céder aux modes. Je le quitte en le conviant à réfléchir sur le sujet.
En partant nous devisons avec Malika. En réalité ce type que j’ai eu comme voisin enfant dans les années 1970 à Fontenay aux Roses n’est pas et n’a pas les moyens d’être un intellectuel ni un idéologue. C’était cher pour un spectacle aussi nul, et une tentative de racket des spectateurs en fin de compte. Voilà plutôt un artiste frustré de son exposition médiatique à la télévision. Ne s’y était-il pas si bien intégré jusque là ? A preuve l’émission sur la 3 d’Isabelle Giordano où il était passé récemment complaisamment avec sa maman et ses amis d’enfance larme à l’œil, bichonné presque autant que chez Drucker. De vedette il était redevenu un petit artiste de cabaret. Basta.
Dépassant le seul cas Dieudonné, on peut revoir les vieux sketches de Pierre Péchin et de Michel Leeb (que j’ai cotoyé) comme carrément racistes ! Dieudonné a pris lui le mauvais virage mais a correspondu aussi à un besoin : un comique parallèle nécessaire dans la fameuse nouvelle « société multiraciale » sans classes et sans alternative de société.
Ce n’est pas un « public anti-système » comme croit le découvrir Wiewiorka, au contraire comme on va le voir, Dieudonné leur permet de croire pouvoir s’incruster dans le système toujours un peu plus … cloisonné et atomisé.

LA THEORIE DE LA RUSE Ou la perversité du « second degré »

Ce qui est frappant dans la défense de Dieudonné face à la justice de classe c’est qu’il n’assume aucun de ses sous-entendus. Il « n’a pas dit ça ». On lui fait un « faux procès ». Il joue à la façon de Landru. Durant le procès de Landru, sur un côté de la salle du tribunal trônait le poile à charbon dont lequel ne fut retrouvé aucun ossement. Les attendus du tribunal prennent du coup un aspect ubuesque où les rieurs peuvent rester du côté de Dieudonné. Le plus drôle finalement est que nous apprenions seulement en ce moment qu’il n’avait payé aucune des énormes amendes qui lui étaient tombées dessus. De quoi le rendre plus populaire ! Pour certains seulement, pas pour ceux qu’il a grugé en leur demandant de cotiser pour le remboursement !
J’ai participé à plusieurs dialogues avec des commentateurs anonymes sur le soudain « scandale Dieudonné » où j’ai estimé celui-ci indéfendable tout en servant de girouette à une campagne d’Etat pachydermique. Un de mes contradicteurs m’interloqua en me répondant : « il faut prendre les choses au second degré ». Son pseudo était à consonance arabe. Cela a déclenché un déclic chez moi.
A croire que Dieudonné avait été à bonne école à un moment donné, expliquant sa soudaine propension à se tourner vers le « monde arabe », connu pour sa stratégie de « la ruse » d’un très vieux nationalisme, et qui n’a rien à voir avec la félonie du couteau dans le dos typique des nostalgiques de l’Algérie colonisée. En 1976 est parue la traduction d’un auteur arabe inconnu du 13ème siècle, intitulé : « Le livre des ruses, la stratégie politique des Arabes » (ed Phébus) dont l’introduction dit ceci :
« Une des surprises de l’Histoire contemporaine est l’entrée en lice, subite et inattendue, des Pays arabes. Depuis la Première Guerre mondiale, une évolution rapide  les a portés à prendre une place de plus en plus importante dans l’économie et les relations politiques…et on peut constater que leur efficacité a été extrême sans aucune comparaison avec celle déployée par d’autres pays plus riches, plus peuples et techniquement plus favorisés (…) Les politiciens et les hommes d’affaires s’effraient quelquefois de cette habileté si vite développée. En tout cas s’empressent-ils de corriger l’ancienne optique qui les avait amenés à ne plus considérer les Arabes que comme un groupe social hétérogène et sclérosé, bon tout juste pour les tâches subalternes ou l’exploitation domestique. Pourtant le génie politique arabe est loin d’être une création spontanée. L’histoire de l’Islam le montre surabondamment N’oublions pas qu’au Moyen Age, c’est auprès des politiciens arabes qu’un Frédéric II d’Allemagne allait s’instruire dans l’art de gouverner. Machiavel lui-même (par les Vénitiens) avait fait son profit des penseurs et des stratèges orientaux. A y regarder d’un peu près, on s’aperçoit que cet enseignement ne s’est jamais perdu, qu’il est même resté étonnamment vivant jusqu’àce jour dans tout l’Orient.
(…) La première opération à faire consiste à définir de part et d’autre le terme de « ruse ». Que de malentendus, que d’injustices sont nés d’une traduction maladroite d’un mot arabe ! On s’aperçoit par exemple aujourd’hui que la « patience » n’est pour les Arabes qu’une notion  générale qui englobe « la constance ferme dans ses propos et son comportement en vue d’un objectif précis » et non « le support des épreuves dans une longue résignation ». De même, la « ruse » pour les Arabes, n’est pas un moyen destiné à tromper un adversaire en usant de procédés perfides. A l’origine le terme « ruse » (hila) désigne une machine qui économise le travail humain grâce à l’application de lois physiques domestiquées par un inventeur astucieux, savant ou artisan. Cette notion, notre auteur prend bien soin de nous le rappeler, se trouve dans le Qoran : « Dieu  a usé de ruse ; Dieu est le meilleur de ceux qui se servent de ruse pour arriver à leur but » (Qoran, III 47).
(…) De toute façon, pour lui rien n’est désespéré ni désespérant dans ce monde – monde étrangement tourmenté pourtant, à la fois si près et si loin de l’Europe. Les vrais politiques, au reste, le savent bien, qui ont toujours révélé le meilleur d’eux-mêmes dans l’adversité » (René R. Khawam).

Le livre révèle en effet des préceptes qui peuvent jouer pour le soit disant « second degré », par le truchement d'un certain nombre d'intellectuels musulmans déclassés, chez les masses déshéritées qui ne sont ni incultes, ni inférieures en jugeote à ceux qui prétendent les gouverner et les moraliser. Avec ce genre de discours de la "nation arabe passée", n'importe quel sectaire peut se croire supérieur en politique aux bédouins modernes de la bourgeoisie française. Par exemple : « La science religieuse donne lieu aux caractères suivants : la gloire même si l’on est de condition humble ; la puissance, même si l’on est méprisé par les autres ; la richesse, même si l’on est pauvre ; la force, même si l’on est faible ; la noblesse personnelle même si l’on est de vile origine ; le triomphe ; l’humilité ; la générosité ; la franchise ». Cet esprit littéraire musulman de type religieux, favorise finalement un individualisme moderne autiste comme il semble justifier un nationalisme arabe universel autour du culte de la "Palestine libre" avec de très vieilles références guerrières, de "ruse guerrière"arabe qui sent le couscous avarié.
Dieudonné n’a sans doute pas lu « le livre des ruses » mais il dispose d’une bande certainement apte à le conseiller en la matière, excepté ses petits soldats, gros bras gardes du corps qui lui obéissent au doigt et à l'oeil. Plus il sera condamné plus il gagnera d’afficinados, plus il contribuera parallèlement aux antiracistes bourgeois patentés à diviser le prolétariat entre crédules d’une idéologie simpliste qui se pare d’une « perspicacité au second degré ». Comme l’écrit un commentateur anonyme : « Les médias, corrompus, sont discrédités, les politiciens, corrompus, sont encore plus discrédités, la justice affamée l’est presque autant, Dieudonné est un obscurantiste d’autant plus dangereux que vous autres ne savez absolument pas comment le contrer, la preuve ».
Le plus obscurantiste n'est pas forcément celui qu'on nous exhibe tous les jours... mais il l'est quand même complètement. Perversion du système dominant qui s'emmêle les pinceaux sur la mythique "liberté d'expression" quand il tolère pour lui-même le droit de dire n'importe quoi et de faire des leçons de morale puante.

La victimisation comme stratégie (semblable à la victimisation morale du gouvernement)

Ces multiples condamnations contribuent à faire de Dieudonné une victime du "système" auprès de ses fans, lui qui s'érige en héraut "anti-système". "L'humoriste se nourrit directement des mésaventures du citoyen, les met en scène, en abyme plutôt. Le premier narre la persécution dont est l'objet le second", écrit Le Monde. Le journal gouvernemental note aussi la stratégie (la ruse) efficace du soit disant humoriste vengeur pour remporter l'adhésion de ses aficionados : "Il ne crie pas au martyre individuel, trop malin, mais au calvaire collectif. Car ce n'est pas lui qu'on veut faire taire mais les Français."Sous entendu les pas vraiment français, et surtout les clients de son spectacle, convaincus d’être en terrain « subversif ».
Dans une interview publiée le 31 décembre par un site belge qui se présente comme un "site d'informations alternatives", il assume cette posture de victime. Alors qu'on lui demande s'il refuse de payer ses amendes pour aller en prison (ce qu'il risque, à terme pour la plus grande joie de ses codétenus), la réponse est claire : "Oui, je veux y aller ! Ces procès n’ont pas de sens de toute façon…" Il ajoute : "Tous ceux qui me jugent à Paris appartiennent au Syndicat de la magistrature. Or, l’année dernière, un journaliste a divulgué que dans le hall de ce syndicat existait un 'mur des cons' où, entre autres, il y avait ma photo dessus ! (…) C’est un peu étonnant en termes d’objectivité et de neutralité…"
Plus "rusé" encore il s'est aussi lancé à son tour dans différentes procédures judiciaires. Il a attaqué, sans succès, une journaliste qui a écrit sa biographie, ainsi que l'ancien député PS de l'Essonne Julien Dray. Plus récemment, Dieudonné a déposé une plainte contre X en visant la Licra, qui voit dans sa "quenelle" "un salut nazi inversé". Le 1er janvier 2014, il a aussi porté plainte après des menaces reçues par téléphone.
L’interviewé du NPA Julien Salingre, après avoir ressorti l’antienne ringarde de la possible revenue du fascisme semble crédible dans sa critique de la mouvance à Dieudonné mais replonge dans le discours gauchiste impuissant de type néo-stalinien où la proposition d’alternative politique ne repose que sur l’espoir de la réapparition de militants aliénés en quête du « pouvoir d’encadrement des masses » pour leur promettre cette nullité bobo et altermondialiste éculée de « vraie répartition des richesses et pour une démocratie réelle »:
« C’est finalement la force et la faiblesse de ce type de courant politique. La force, car leur discours mouvant et souvent protéiforme peut séduire des publics divers et apparaître crédible comparé aux fausses promesses des partis de gouvernement. Mais c’est également leur faiblesse, car ils se développent principalement à cause d’une démoralisation générale qui est liée à une perte de crédibilité de la perspective de réellement « changer les choses ». C’est à cela qu’il faut s’atteler aujourd’hui : si la lutte contre l’influence de Soral et consorts passe par un combat sur le plan idéologique, celle-ci ne sera pas victorieuse si elle ne s’accompagne pas de la (re-)construction, par en bas, de cadres de solidarités et de luttes collectives, antiracistes, progressistes, internationalistes, contre les dégâts de la crise, pour une vraie répartition des richesses et pour une démocratie réelle ».
On devrait mesurer la perfidie et l’absence de ruse de ce courant has been antiraciste bobo et aussi nul que le nationalisme arabe et les pitreries de Dieudonné dans la suite de l’intense tintamarre d’Etat, leur baissage de culotte dans l’union nationale contre « la haine raciale » du nouveau Che antisémite miteux et les perspectives électorales démocratiques avec les « mêmes ». Les mêmes politiciens véreux de gauche de droite et d'extrême droite qui se protègent mutuellement de toute inculpation (les cas Sarkozy, Dassault Tapie etc.)

Le scénario de dénonciation de "la haine" est en tout cas encore en pleine improvisation. Le gouvernement a lancé la campagne idéologique mais il n'est pas exclu que l'affaire s'enlise...
La morale hypocrite du gouvernement ne vaut pas mieux que le nauséabond obscurantisme qui sert de fondement à la panoplie vengeresse de la vedette contrariée Dieudonné (il répète toujours la même chose "je ne peux pas passer à la télé" (snif!). Ces deux clowns contribuent à rendre obscurs les véritables problèmes de la société actuelle, une confusion générale où les lignes politiques opposées sont devenues poreuses, et où les classes sont niées - au nom de l'oecuménisme de la "diversité" ou du complot juif - alors qu'une classe s'élève au-dessus des faux clivages de races et de religion, la classe ouvrière, mais qu'elle n'a aucun droit d'expression ni à prendre position dans les gesticulations spectaculaires de tel bateleur de foire antisémite (pas drôle) ou tel bateleur gouvernemental (désespérant).
A suivre...



[1] La photo d’ailleurs presque penser aux premières photos des juifs amassés au Vel d’Hiv du 15ème arrondissement.
[2] Quelques crânes rasés qui se mêlent à des spectateurs à dominante origine maghrébine au spectacle de l’odieux Dieudonné n’en font ni des internationalistes ni des humanistes antiracistes.
[4] Mais où est donc passé l’ancien meneur de jeu Finkielkraut ?
[5] On notera la reproduction intentionnelle du nom entier de l’état civil de Dieudonné, manière peu équivoque pour cette confrérie sponsor de l’Etat raciste israélien, typique du nationalisme juif faisant appel au subconscient présumé en général anti-immigré de l’électeur franchouillard Dupont face à ce nom bizarre pas très… français.
[6] Les condamnations :
  • une amende de 28 000 euros pour « Shoah nanas » et la phrase : « Les gros escrocs de la planète, ce sont des juifs ». Dieudonné devrait se pourvoir en cassation ;
  • une amende de 7 000 euros : « l’exploitation du souvenir de la Shoah » qualifiée de « pornographie mémorielle » ;
  • une amende de 5 000 euros pour avoir comparé « les juifs » à « des négriers » ;
  • une condamnation suite à une longue procédure judiciaire pour avoir assimilé « les juifs » à « une secte » et « une escroquerie » ;
  • une amende de 10 000 euros pour avoir remis « le prix de l’infréquentabilité » à l’historien révisionniste Robert Faurisson ;
  • une amende de 5 000 euros pour avoir assimilé la Licra à des « associations mafieuses qui organisent la censure, qui nient tous les concepts du racisme, à part celui qui concerne les juifs. En fait, ce ne sont que des officines israéliennes » ;
  • 1 000 euros d’amende et 2 000 euros de dommages et intérêts pour avoir diffamé une journaliste ;
  • 3 000 euros d’amende pour avoir dit « Il faut savoir qu’Arthur avec sa société de production finance de manière très active l’armée israélienne qui n’hésite pas à tuer des enfants palestiniens. » Arthur a aussi été condamné pour injures publiques envers Dieudonné ;
  • une condamnation au Québec (75 000 dollars d’amende) pour avoir insulté Patrick Bruel.
​Une condamnation à 2 000 euros d’amende pour avoir traité, en 2000, Patrick Sébastien de « con ». Il y a eu aussi cinq relaxes et des actions en justice qu’il a perdues, à part contre Arthur. En cours. Dieudonné a comparu le 13 décembre pour injure, diffamation et apologie de crime après ses propos sur l'ex-chef du "gang des barbares", Youssouf Fofana, le dingue assassin d’un jeune juif. Il risque 20 000 euros de "jours-amendes", soit 200 jours de prison s'il ne peut s'acquitter de l'amende. Le délibéré est fixé au 7 février. Ces condamnations sont ridicules non pas parce que Dieudonné ne serait pas un idiot antisémite – il est un des héraults des pires dicatures musulmaniaques – mais parce que non seulement les amendes ne sont jamais réglées Dieudonné utilisant les ficelles dites d’insolvabilité que permet le système capitalistes à tous ses escrocs majeurs, mais parce que les provocations se sont suivies les unes les autres sans jamais pouvoir être interrompues, preuve que Dieudonné est soutenu par une partie du système, qui fonctionne avec des entregents. Qui est plus coupable, Dieudonné de sortir à la pelle des conneries ou Sarkozy de recevoir comme un prince le dictateur Kadhafi et de lui serrer la paluche, sachant qu’il sera abattu tôt ou tard sous ses bons offices ?

[7] La chanson Shoah nanas si elle est redoutablement pernicieuse – le massacre des juifs ne peut être sujet de plaisanterie même si Lanzmann a changé le terme de génocide par Shoah pour contribuer à la fameuse unicité du malheur juif (la moquerie du chef de bande Mahomet ne peut pas justifier d'en faire autant pour ce génocide moderne) – chantée par des milliers de spectateurs de base, n’est pas vécue comme une simple revanche sur le barnum mondial américanophile des années 80 mais confirme que « en bas », pas chez les élites ni les milieux intellectuels, les exagérations mémorielles (cf. Sarkozy et l’imposition de la lecture du martyr Guy Môcquet) se payent toujours d’une dérision populaire « moqueuse » tôt ou tard. Michelet disait que les historiens étaient les vengeurs des peuples, pas les humoristes délirants quand même ? Il existe assez de textes du courant maximaliste pour avoir dénoncé en temps utile les mystifications démocratiques bourgeoises, du point de vue marxiste et pas dieudonnesque que vous pouvez trouver sur mes blogs.
[8] Seul le NPA évoque en page cachée le tintamarre gouvernemental, ne prend pas position, et se cache derrière l’interview emberlificotée parfois pertinente d’un certain Julien Salingre : Au-delà des quenelles, il faut remettre du politique » - Julien Salingue (interview au site Femmes de Chambre) - http://www.femmesdechambre.be/julien-salingue-au-dela-des-quenelles-il-faut-remettre-du-politique/