PAGES PROLETARIENNES

vendredi 10 janvier 2014

L’INSURRECTION QUI REVIENT DE LOIN




 PREMIERES MESURES REVOLUTIONNAIRES par Hazan et Kamo

(Le subversionnisme émeutier dans le texte)

Qu’est-ce qu’il a encore fabriqué celui-là ? L’éditeur Hazan s’est senti pousser des ailes après le bon accueil de son ouvrage sur la révolution française et malgré le peu de succès des p’tis couns[1] qu’il avait couvé sous son aile jacobine-anar, le voilà qui prétend nous fournir le « programme de l’insurrection »… qui n’est pourtant pas venue ! Son colistier anonyme Kamo (membre de la « cellule invisible ») est sans doute le pâle Coupat dont la confrérie bouseuse est si endettée qu’elle a lancé un appel aux nigauds pour pouvoir continuer à élever des chèvres subversives sur le plateau de Millevaches en l’auguste épicerie de Tarnac.
Il manque un programme révolutionnaire modernisé, sous-entend fort justement Hazan. Il n’en manque pas pourtant des « programmes communistes » pour la « libération de l’humanité », voir côté maximalisme, sans compter pithécanthropes maoïstes ou bordiguistes qui vous resserviront à chaque grève le Manifeste de 1848. Dont acte : « c’est le vide théorique et programmatique non  comblé par les élucubrations maoïstes ou trotskistes qui permet au PCF et à la CGT de reprendre les choses en main… »… de l’émeute "révolutionnaire" sans doute de 68... que d’arguments bien simplets pour vendre la plaquette « programmatique » sur les étals de Publico.
 J’ai esquissé moi-même un programme pour l’insurrection dans mon livre « The end » que Hazan a certainement lu mais ignoré comme tous les autres vieux histrions de son acabit. La révolution moderne, comme les anciennes n’a jamais été vraiment une question de programme comme ces vulgaires listages de recettes électorales que l’élite bourgeoise nous ressert régulièrement. Vulgaire pensum de potaches sans souffle « les premières mesures révolutionnaires » n’ont  pas  le vent irradiant des plus célèbres pamphlets ou manifestes. Elles ne sont pas révolutionnaires. Elles étalent les dernières des âneries ploucs de l’anarchisme le plus éculé.

Il est vrai que l’anarchisme n’a jamais eu qu’un repère « subversif » la french revolution de 1789, ce vieil objet élimé de musée qui enchante ou terrorise mais a autant à voir avec l’insurrection moderne que le combat des Athéniens contre Sparte. Le summum historique inégalable reste donc l’émeute : ah cette increvable émeute de l’incendie de la carriole des princes aux barricades de voitures de série ! L’anarchisme est depuis belle Rirette et la bande à Connot intégré à l’idéologie bourgeoise confusionniste parce qu’il saute les étapes historiques en gommant les événements qui le gênent, à la manière du stalinisme. Comme le stalinisme il a tout intérêt à conchier la révolution russe de 1917 gage d’admission dans l’édition bourgeoise. C’est pourquoi syndicalistes anarchistes et staliniens ont toujours fait la paire. Le révolté de pacotille généralement bien nourri et en accession à la propriété, se cache derrière un vieil événement lointain pour mieux conjurer une révolution plus contemporaine, qui le gêne comme son compère en idéologie, le bourgeois moyen. Le propre de l’anarchisme est de se cacher derrière de grands idéaux fumeux et de ne jamais se prononcer clairement dans les grands événements : il commente après coup, il porte un jugement une fois la fête finie. Il reste observateur hypocondriaque. Il est impuissant à s’occuper de politique et n’est bon qu’à se barder de citations des autres mais du moins a-t-il la gueulante comme ressource pour porter hautain[2].
Après une introduction poussive sur le méprisable « capitalisme démocratique », qui a tenté d’égaler mais en vain le souffle de la brochure de Khayati, nos auteurs semblent déplorer que « nulle part le capitalisme démocratique n’est sérieusement attaqué ». Il est vrai que la rhétorique de l’extrême gauche est cuite depuis longtemps, tout comme les indignés de braves bobos pétaradant le temps d’un printemps.
Page 22 nos  histrions du subversionnisme bobo (et bomo maintenant) trouvent un seuil de dangerosité garanti critique de base du « capitalisme démocratique » : l’émeute, ce parangon du subversionnisme bcbg qui fait pisser dans sa culotte le pandore moyen : « … car les responsables du maintien de l’ordre savent où pourraient les mener de tels sursauts populaires organisés et coordonnés ». Et savez-vous où est née la subversion, historiquement moderne, contrairement aux barbaristes (cf. la revue Socialisme ou Barbarie) encroûtés ? Elle est apparue un jour du mois de mai 68 sur les monticules de voitures de série brûlées rue Gay-Lussac par des étudiants (subversifs) révoltés et certainement des jeunes ouvriers qui s’ennuyaient.
« Les raisons de se révolter sont nombreuses » - sans doute autant que les mécontentements catégoriels et communautaires – mais que l’insurrection parte d’Espagne ou d’Italie : « … elle ne manquera pas de gagner ensuite toute cette Europe branlante ». Quoi ? Celle-ci serait incapable de faire aussi bien que les émeutiers du printemps arabe ? Chiche ?
Eliminant les « démocratie populaires », certes « aberrantes » mais qui tenaient tête à « l’impérialisme américain », en s’effondrant on supprimé « l’idée de révolution » et… tout le film romantique de 1917 ! Conclusion de cette introduction touffue : on est à la veille d’un nouveau 1789. Préparez vous piques et vos fourches !

PREMIERES PROJECTIONS DU PRESTIDIGITATEUR

Le terme prestidigitateur sonnerait presque comme agitateur, mais Hazan n’est ni l’un ni l’autre. Ce n’est pas Houdini, mais Garcimore : « …les conditions sont réunies aujourd’hui pour une évaporation du pouvoir » ! Comme en 1789 la prise de la Bastille aurait « évaporé » le pouvoir ! Comme historien amateur Hazan nous avait semblé pouvoir rivaliser avec ceux de la chaire académique quand il n’est qu’un magicien infantile. Une petite leçon d’histoire recopiée de wikipédia sert à illustrer que tous les gouvernements provisoires sont aussi durables que pourris. Donc mes bons Proudhon et Bakounine revenez-y : plus de gouvernement tout de suite ! Plus de transition, tout de suite mangeons à « l’appétit de l’inconnu ». Pas question de rédiger un énième programme mais traçage de « pistes » pour « créer immédiatement l’irréversible ».
Premièrement on l’a deviné à la suite du jeu de mains de Garcimore-Hazan: « L’appareil d’Etat s’est dissous, ses débris  tournoyent dans le vide ». Les maçons anarchistes commencent donc à murer les fenêtres de l’Elysée et de Matignon, ne conservant que certaines pièces pour faire autogérer crèches hammams et cantines populaires par les maoïstes et trotskiens non déportés au Larzac. Les lignes de communication et intranet des anciens bourgeois seront coupées (il n’est pas dit si l’on fera dérailler leurs trains). On ne se réunira plus dans les amphis de fac (qui insupportaient Kamo-Coupat car il trouvait meilleur fort en gueule que lui) il y a assez d’écoles, de gymnases et de cirques à Tarnac pour se passer des salles pour universitaires ou politiciens chevronnés.
Ne croyez pas que l’anarchisme survivant au pouvoir « évaporé » va fabriquer de nouveaux Goulags pour ces dizaines de milliers de flics, de financiers, de militaires et de juges au chômage en plus des millions de prolétaires au chômage. C’est pas un problème tout simplement parce « le travail au sens classique du terme ne reviendra pas ». Un autre coup de baguette de Garcimore-Hazan fait jaillir une gerbe d’étincelles par enchantement libertaire : « …le travail ce mythe fondateur qui pourrit la vie : tout le monde sera content de s’en débarrasser ». En quoi consistera alors « l’organisation de la vie collective » selon nos deux prestidigitateurs anarchistes ? Certes c’est ardu « de se figurer ce que sera l’abolition du salariat » mais pas tant que ça si on évoque les « moments insurrectionnels » de la trilogie subversionniste idéale : Barcelone 1936, l’Odéon 1968, place Tahrir 2011, description  élégiaque : « Ces moments où plus rien n’est travail mais où nul ne compte plus ni ses efforts ni les risques qu’il prend, ces moments où les rapports marchands ont été remisés à la périphérie sont aussi ceux de la plus haute vertu individuelle et collective ».
Nos deux magiciens sont en transe à l’idée du « partage de la vie entière », sans doute « sans temps morts » car la petite bourgeoisie s’ennuyait à la veille de « l’émeute révolutionnaire » de l’an 68. L’argent, bof il est déjà « dématérialisé » pour tous nos amis chômeurs anarchistes, alors demain… d’un clic : instauration d’une égalité parfaite des comptes bancaires », car il ne faut pas reproduire « l’erreur » des bolcheviques et des khmers rouges d’abolir l’argent tout de suite : « on ne sort pas indemne du monde de l’économie » !
Formidablement réac ces anarchistes subversionnistes, non seulement ils ne renversent pas l’Etat et sans transition conservent le règne de l’argent capitaliste. Le top du subversionnisme, on continue dans le changement accommodement. L’argent tombera en désuétude de lui-même puisqu’on aura les cantines gratuites (de la CGT), l’électricité gratuite (fournie en quantité réduite par éoliennes et pédales de vélo), films en peer to peer, l’argent restera une sorte de paiement pervers pour un petit café comme un  allemand de l’Est qui, nostalgique, loue pour une heure une Traban : « (l’argent) restera aux marges de la vie tant individuelle que collective » ; il a fallu beaucoup kiffer à nos deux magiciens bakouninistes pour pondre cela.
Se moquant fort justement de « l’utopie réaliste », le revenu universel garanti prôné par tous les gauchistes de la terre, et après un détour par l’antique Xénophon (pour justifier de leur culture esthétique) sortent leur lapin du chapeau : « L’abolition du capitalisme, c’est avant tout l’abolition de l’économie, la fin de la mesure, de l’impérialisme de la mesure ». Le subversionnisme des magiciens de l’anarchisme sans faim et sans besoins est en effet démesuré dé-mesuré. On pourra vivre comme aux beaux temps du stalinisme ; la terre possède des ressources démesurées, inépuisables, comme le gaz soviétique avant que Brejnev ne demande de cesser le gaspillage en faisant importer des compteurs du trust capitaliste français  GDF. Le modèle unique stalinien refleurit toujours sous la coopérative anarchiste, le monde sera heureux (le consommateur moins) : « … quand nous aurons de grandes laiteries d’où sortiront des pots sans marque et sans colorants » (made in Tarnac ?). Beuark ! La force du capitalisme actuel est le choix et la diversité. Ces magiciens ratés nous proposent un communisme monacal qui ressemble comme deux gouttes de vodka au communisme de caserne ou à l’ordinaire du hippy fauché.
Le travail revient soudain au détour d’un mauvais tour de magie, et le spectateur se gondole : « … quand les ouvriers du bâtiment travailleront pour loger leurs frères et leurs sœurs et non plus pour engraisser les fonctionnaires des multinationales du BTP l’ambiance sur les chantiers sera tout autre ». L’Etat non renversé, l’argent maintenu à la marge et toujours les mêmes ouvriers espagnols et portugais dans le bâtiment !

 L’insurrection est repartie ailleurs ?

Coupat et Hazan prennent-ils la pelle pour retourner gravier et ciment près de la bétonnière ? Sont-ils maçons le matin, joueurs de flûte l’après-midi ? Inspirés par la révo cul chinoise trop punitive, ils nous assurent s’engager, s’ils exercent le métier bobo de dermatologue, de se former au métier de balayeur ou d’aide-boucher pour « y consacrer volontiers deux ou trois après-midi par semaine ». Pas plus ? La vie humaine sera transcendée « dans mon quartier » : « « Les voisins deviendront des collègues et certains d’entre eux des amis ». Ambiance une poste à Moscou avant la chute de la maison stalinienne. Un rêve glauque de magiciens ratés.
On progresse. En vérité l’Etat « évaporé » n’avait pas disparu. Bande de naïfs qui ne soupçonnaient pas la trappe à gogo dans la géniale écriture du tandem subversionniste, l’Etat est en train de s’éteindre comme la loupiote du plafonnier lorsque vous fermez la porte de votre voiture: « La fin du travail obligatoire, la fin de la dictature de l’économie auront pour conséquence quasi mécanique la fin de l’Etat ». L’Etat qui s’était évaporé dès la page 31 disparaît définitivement page 53. Le tour de magie n’a pas duré dix ans ni un siècle mais à peine vingt pages.
Comme il existe des risques de renaissance de l’Etat nos magiciens jettent un peu de poudre de riz pour épater le spectateur : « A ceux qui se demandent comment un pays peut survivre à l’évanouissement de l’appareil d’Etat on peut répondre simplement : cet appareil ne sert à rien – plus précisément, à rien d’autre qu’à sa propre reproduction ». La sentence est éloquente de la hauteur de vue de magiciens anarchistes fort mécontents si le courant est coupé dans leur quartier et prêts à pétitionner s’il n’est pas rétabli dans la demi-heure et déterminés à aller porter plainte au plus proche commissariat de police si un sauvageon a dérobé leur mobylette.
Cette théorie de marginal assisté trouve appui sur les délires de l’immature Saint Just qui décrète que l’ennemi du peuple est le gouvernement, quand lui-même est au gouvernement !
Peu importe le désordre généralisé, il faut s’affirmer jacobins. Fi de la centralisation et de la décentralisation ! C’est à une échelle « localisée » que le pouvoir doit être assuré : « à l’échelle des villages et des quartiers » renouant : « …avec la richesse des formes historiques d’organisation depuis les sections parisiennes de 1793 jusqu’aux quilombos du Brésil ». Bref, vive le nouveau socialisme communal ! Produisons localement selon nos besoins des yaourts sans étiquette avec nos quinze vaches bios et notre tracteur à pédales ! Robespierre revient comme seule référence au bulletin non secret mais pas pour la guillotine à main levée. L’exemple d’autonomie des « gens » face à l’Etat « évaporé » moderne ne vient-il pas du « mouvement coopératif » des pays latins du Sud de l’Europe, qui snobent toute organisation de type conseil ouvrier pour cogérer la misère avec les moyens du bord au soleil théorique des coopératives anarchistes ringardes ?
La référence à une autre société n’est jamais la tentative bolchevique ni les débats du courant maximaliste de la dite Gauche communiste (Pannekoek, Appel, Bordiga, Bilan, etc.) mais les resucées du stalinisme, les bobards des anars espagnols, les coopératives de la misère en Amérique du Sud et les acquis médicaux de la dictature castriste : « … après la révolution cubaine on a vu la médecine de ce pays devenir la meilleure d’Amérique latine la mortalité infantile baisser au niveau des pays industriels le tout sans injection particulière de crédits ». La profession de prestidigitateur est une profession de menteur habile. Hazan est Garcimore, aucun coup n’est destiné à marcher pour la plus grande joie du spectateur. La médecine merveilleuse de Cuba n’est que de la propaganda castriste. Les médecins venézueliens en particulier étaient pris en otage, leur salaire envoyé au pays pour leur famille et la misère cubaine toujours plus belle au soleil du stalinisme exotique même si la mortalité infantile avait baissé. L’illusionniste anarchiste se trahit toujours par ses références au présent pour ne pas passer pour un hippy utopiste. Son raisonnement de marginal hors des réalités de classe et son déni de l’histoire réelle de la théorie marxiste insurrectionnelle veut se moquer du monde mais fait rire de son tour de passe-passe raté[3].
Le terme des « pistes » se vautre dans les mêmes âneries que l’opuscule verbeux de Coupat. L’apologie de l’émeute n’est que l’apologie de la marginalité et du jeune délinquant qui tient coopérative avec son deal au bas de l’immeuble, nouvelle catégorie révolutionnaire la « jeunesse » (du bas des immeubles) « jouera son rôle dans la mise à bas du capitalisme démocratique » : « Elle mettra en application la politique des halls d’immeubles qui vaut bien celle des émissions de France-Culture et des éditoriaux de la presse asservie ». Il est vrai que dans la société libérée du capitalisme démocratique le concierge aura perdu toute utilité car les clés des appartements seront autogérées par les habitants des halls d’immeubles.
Les « pistes » qui surnagent du projet magique sont bien sûr la remise en cause de la rémunération des politiques, la dénonciation des fantaisies écologistes et l’antifascisme ; mais outre que ces trois thèmes sont repiqués au véritable milieu politique prolétarien, le maximalisme marxiste, nos magiciens ne savent même pas dénoncer correctement l’antifascisme, ce qui leur a valu des critiques de leurs fans anarchistes et gauchistes, très près de la morale d’Etat et pointilleux concernant ce sujet.
Enfin la conclusion de tant de pistes insensées de petits bourgeois égarés dans la théorie anarchiste bohème se résume au pire galimatias qui est à la base de toutes les confréries anarchistes, qui explique pourquoi elles sont et seront toutes inexistantes politiquement et impuissantes à prétendre changer quoi que ce soit, simple reflet des arrangements entre petits amis et couples bureaucratiques pour autogérer au mieux son ennui dans le capitalisme imprenable : « S’organiser, c’est faire évoluer ces groupes en constellations subversives par le jeu des amitiés, des espoirs partagés, des luttes menées en commun, de proche en proche. C’est tracer entre eux des chemins qui les amènent à se retrouver par affinités de ville à village, de quartier à quartier, de centre à banlieue ». Mais l’ensemble des cartels syndicaux, les clans gauchistes et le FN ne fonctionnent PAS AUTREMENT !

Vous ne leur en voudrez pas. Vous n’aurez pas eu besoin d’acheter leur plaquette pleine de tours de magie ratés. Vous auriez été fâché d’être floué pour un spectacle aussi miteux pas drôle comme celui de l’excellent Garcimore, le vrai magicien comique, qui a tant enchanté les enfants en échec scolaire qui manquaient de confiance en eux-mêmes.

NOTES DE LECTURE

-          « Le curé rouge vie et mort de Jacques Roux, de Dominique Rousseau », ed Spartacus : très bon ouvrage sur les « curés rouges » de 1789, instructif. Visiblement écrit par un professeur attaché à son histoire locale, peu critique envers Mara et les égorgements révolutionnaires, avec une tendance à mêler les clichés modernes au passé (la « diversité  religieuse »!?).
-          Rirette Maîtrejean : excellent mémoire par Anne Steiner spécialiste de l'histoire du terrorisme anarchiste, sur la compagne de Victor Serge et une militante anarchiste (du bon vieil anarchisme pas de sa décomposition libérale moderne) et des textes de cette admirable petite bonne femme, morte solitaire hélas en 1968 comme le superbe dessinateur Grandjouan… Mais quelle stupidité d'avoir édité sur papier cartonné (toutes les pages oui) comme pour les livres bébé, une insanité qui gâche la lisibilité d'un travail de souvenir mémorable et honorable  (je ne cite même pas l'éditeur qui mérite carton rouge).
-          L’affaire Durand de Patrice Rannou (ed Noir et Rouge) : on nous rebat les oreilles avec l’Affaire Dreyfus depuis un siècle mais le calvaire de ce jeune ouvrier syndicaliste condamné à mort accusé faussement d’avoir tué un contremaître jaune, a non seulement entrainé une vague de protestation probablement plus ample que pour Dreyfus, a mis en évidence la cruauté patronale et le sadisme des ministres ex-socialistes, mais s’est terminée par la destruction mentale de la victime et aucune sanctification de la postérité comme pour le capitaine juif.


[1]Gibert jeune, la FNAC font un étalage généreux des brouets illisibles et creux de son édition. La Fabrique.  Les p’tits couns était le nom originel de la revue Tiqqun (p’tit con) de Coupat, au cours d’une plus longue campagne d’Etat que celle de Dieudonné,  accusée d’avoir voulu s’en prendre aux caténaires des voies ferroviaires- alors que comme le montre la triste affaire de Brétigny la SNCF dénationalisée est tout à fait capable de faire dérailler les trains elle-même. Coupat était la plume réincarnée de Debord pensa Hazan. Si c’est ce blaireau qui se cache encore sous le pseudo de Kamo, le résultat n’est pas plus ébouriffant que la prose de Hazan et de son acolyte invisible. Les grands seigneurs de l’anarchisme ne sont plus que de petits roitelets du verbe.
[2] Le site-radio Vosstanie fonctionne ainsi. Tout est caché par un décor accrocheur pour le jeune émeutier quand derrière la petite Cécilia débite de sa voix sexy des textes romantiques rythmés par une vague musique de samba brésilienne. Le couple animateur se fait passer pour un « groupe de la gauche communiste » avec  un texte de référence du révisionniste Dauvé dont Paulette se vante d’avoir été le ronéoteur. Les contributions sont vides de contenu car même en vieillissant nos animateurs de la subversion esthète et collégienne ne savent pas écrire ni argumenter. Dans les débats qu’organise le système secret de cette radiologie parallèle marginale, il est plaisant d’entendre les interlocuteurs anonymes anars se mentir mutuellement sur leur influence microscopique, sur leurs chiffres de vente extraordinaire, mais plus encore marrant de les ouïr s’enorgueillir de « démasquer » le monde de la marchandise. Il font partie de la même mouvance bobo que Hazan & Cie sans oublier ce pauvre Lastelle, et son sous-fifre Janover lamentables déclassés qui naviguent au gré des remugles de leurs ambitions mort-nées.

[3] Les hauts lieux de la magie anarchiste sont pour sûr Notre-Dame-Des-Landes mais aussi : « Tarnac et Marinaleda sont des îlots dans l’océan du capitalisme démocratique » ; la magie opère à partir de ces lieux uniques de culture de ses propres patates et de construction de bric et de broc de sa propre habitation comme dans n’importe quel village plouc de lozère il y a cent ans : « Pour nous (Hazan et Coupat) leur existence, leur succès, leur persistance en milieu hostile montrent qu’un communisme véritable est possible et qu’il est à notre portée ».

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