PAGES PROLETARIENNES

mardi 7 janvier 2014

DIEUDONNE ET LE DEUXIEME DEGRE




« Quand la politique tsariste se trouvait dans une impasse le gouvernement organisait un pogrome ».
Kaminski (« Céline en chemise brune », 1938)

ORCHESTRATION DE LA CAMPAGNE ANTI-DIEUDONNE

La chasse à l’homme hystérique dont Dieudonné est la cible a tout du pogrome médiatique. La campagne des années 1980 autour de la négation des chambres à gaz n’avait pas atteint une telle intensité. Même la campagne autour de l’Affaire Dreyfus au siècle précédent n’avait pas atteint les campagnes les plus reculées du fait que la télévision et internet n’existaient pas. Le saltimbanque est certes infréquentable pour les amis du gouvernement antiraciste quoique chacun ait envie en catimini de le traiter de « sale nègre ». A une époque où les juifs ne sont plus persécutés on assiste à une étrange inversion des rôles par la musique dominante. Cela serait risible si le sujet restait confiné à la rubrique pipole, au niveau du pédophile cinéaste Roman Polanski qui a déclaré être le nouveau capitaine Dreyfus. Mais un succès hors des sentiers balisés du show-bizness officiel, provoquant un glauque retour du refoulé, est devenu affaire d’Etat. On va essayer de comprendre pourquoi et comment.

Au mois de décembre le petit ministre de l’Intérieur avait déjà commencé à pomper tout l’air médiatique sur le diable Dieudonné. Le chef d’orchestre ce n’est pas lui ni Israël et ses sponsors français mais tout l’appareil du PS, le gouvernement et ses conseillers occultes. Derrière ce moralisme d'Etat bourgeois et le vieux terrorisme intellectuel germanopratin autour de la "religion de la Shoah", un souci avant tout : les deux échéances électorales de 2014, municipales et européennes. Les rapports secrets des Préfectures ont tiré l’alarme : fort risque d’abstention, les « français » sont dégoûtés des principaux partis officiels quoique ne voulant pas donner la France au FN. Les crânes d’œuf de l’élite bourgeoise n’ont pas eu assez de toute l’année 2013 pour plancher sur un sujet pouvant raviver l’intérêt des masses d’électeurs. Pour faire oublier que c’est bien la gauche bourgeoise qui est au pouvoir, il y avait bien eu la longue campagne sur le mariage gay, qui avait agité vainement les salles de rédaction et une certaine Frigide Barjot. L’assassinat accidentel du jeune Clément Méric n’avait pas focalisé très longtemps l’attention des « masses spectatrices » sur un événement tout juste du niveau d’un fait divers, et retombé comme un soufflé.
Un contributeur sur Agoravox pose la question première : « pourquoi une telle soudaine focalisation sur Dieudonné qui pendant dix ans a accumulé tant de provocations qu’il ne passait plus lui-même qu’à la rubrique faits divers de justice ? ». Et il ajoute judicieusement que n’importe quel comique « blanc » coupable de telles provocations aurait été éliminé depuis longtemps de l’exposition aux médias. Plusieurs explications sont possibles. Dieudonné a été longtemps lui-même une girouette insaisissable, copain avec Cohn-Bendit lors de sa tentative électorale à Dreux contre le FN, puis copain avec parrain Le Pen. Si le commerce antisémite de Dieudonné a aussi longtemps prospéré c’est d’abord que l’Etat avait d’autres chats à fouetter, d’abord la bagarre entre factions de droite et de gauche au sommet de l’Etat ; la figuration du diable a été, plusieurs mois durant, Sarkozy avec ses probables puis improbables ennuis judiciaires. En deuxième lieu, Dieudonné contrairement à Soral ou aux négationnistes d’antan fait rire, et fait rire de plus en plus de gens de la « basse classe ». Même pour 38 euros les « populations de banlieue » affluaient au spectacle ; excepté Wiewiorka dans son article du Monde - « Derrière la vague Dieudonné l’essor d’un public anti-système » - avec une photo exhibant de pauvres  malheureux encapuchonnés et voilées dans la file d’attente du spectacle – personne n’a tenté d’analyser vraiment la nature du « rire populaire » hors circuits balisés télévisuels surfant sur le dérangeant tout visuel d’internet. Français ces pauvres gens de la photo[1] certes mais français issus de l’immigration qui échappent au comique troupier d’Hollande et autres Gad Elmaleh qui ne font rire que les salles de bobos. Wiewiorka se retient de traiter le public de Dieudonné d’imbéciles, comme tant d’autres l’ont fait sans vergogne contre les électeurs de la famille Le Pen, mais le mépris bourgeois est là :

« Ce public est aussi sensible à la démagogie antisystémique de Dieudonné qu'il est perméable à sa haine des juifs et d'Israël. Celle-ci tranche, en partie au moins, avec l'antisémitisme classique qui s'était révélé et développé avec l'affaire Dreyfus et s'est maintenu actif jusqu'au milieu du XXe siècle. Durant cette période a prospéré une thématique au cœur de laquelle les juifs étaient accusés de miner la culture et la nation françaises. A partir des années 1980, des thèmes inédits sont apparus, ou ont trouvé une nouvelle jeunesse : la Shoah a été niée ou accusée d'être à l'origine d'un juteux business, et l'antisionisme s'est plus ou moins confondu avec la haine des juifs. En fait, c'est surtout parmi ceux qui s'identifient à la cause palestinienne parce qu'ils sont eux-mêmes d'origine maghrébine, ou à l'islam radical, en butte à Israël et aux Etats-Unis, que s'est développé le nouvel antisémitisme, tandis que l'ancien régressait. Et c'est là où on trouve Dieudonné ».

Dieudonné peut-être, mais ce qui gêne Wiewiorka comme ses collègues bourgeois c’est que – même si la « fédération ludique» d’une distraction pour noirs et immigrés avec une poignée fachos hexagonaux reste une vue de l’esprit[2] – c’est que l’antisémitisme (qui se veut comique) de Dieudonné éloigne un peu plus ce « public virtuel et sous-culturel» - ces braves gens n’existant point au bas de l’ascenseur social - des queues de moutons électeurs des mêmes escrocs politiques depuis cent ans :
« Cet avatar de la haine des juifs n'a rien à voir avec la défense de la culture et de la nation – qui irait dire de Dieudonné qu'il incarne l'une ou l'autre ? Il est lourd avec lui d'une rage qui n'a rien de nationaliste, il porte plutôt la haine d'une France puissance coloniale – le lien avec les juifs est ici qu'ils voudraient, selon Dieudonné, disposer du monopole de la souffrance historique, au détriment des Noirs. Enfin, Dieudonné parle en termes vaguement sociaux, au nom de ceux qui pâtissent de l'exclusion ou de la précarité. Comment fait-il pour plaire à l'extrême droite nationaliste autant qu'aux populations issues de l'immigration récente (maghrébine, subsaharienne), sans parler des Antillais – qui ne constituent pas spécialement le fonds de commerce du FN ? Le paradoxe se résout grâce à l'antisémitisme, qui subsume les différences et rapproche des personnes que tout sépare par ailleurs ».
Enfin pourquoi a-t-on laissé aussi longtemps prospérer un diable moins coriace que le démon Sarkozy? Mais parce qu’il officiait hors période électorale comme un saltimbanque amusant la galerie des populations dites « immigrées » que l’on défend vertueusement en général seulement en période électorale et de plein emploi, et qu’on veut bien laisser se contenter de « distractions pour pauvres incultes », amusements de bas-fonds bien utiles à la paix des rues. La morgue des classes dominantes pour les défoulements des « braves gens » ne date pas d’aujourd’hui. Dans l’Antiquité on donnait des chrétiens à bouffer aux lions. En 1900 on exposait des noirs comme bêtes de cirque. Les bourgeois ne fréquentaient pas les premières salles du cinéma muet emplies de pouilleux des classes populaires que les ouvreurs aspergeaient de DDT avant le début de la séance. La cinématographie hitlérienne exhibait des juifs en guenilles et sales. L’ère de la télévision antifasciste a montré le degré d’inculture et de bêtification que la classe bourgeoise est capable d’inoculer quotidiennement universellement. La grossière utilisation électorale de l’inqualifiable Dieudonné permet au noble intellectuel du Monde de placer tout de même les délires politiques de Dieudonné au niveau d’une certaine « culture de la liberté d’expression » et de déplorer « racisme archaïque » et « antisémitisme renouvelé ». Pourtant Dieudonné est à la contreculture dominante ce que la musique militaire est à Mozart il ne travestit pas moins que tous les politiciens bourgeois avec leur mythe démocratique et leur morgue de grands seigneurs :
«Dans les deux cas, on s'expose à en faire un martyr, mais aussi à aller à contre-courant de la culture de la liberté d'expression propre aux évolutions contemporaines. Et dans les deux cas, on corrige les effets sans aller au fond, lancinant, au fait qu'une société comme la nôtre puisse laisser place à un racisme archaïque ou à un antisémitisme renouvelé ».
Autant Wiewiorka a eu la noble tâche d’y aller mollo, autant les autres vont se mettre à hurler comme des hyènes et se charger de « martyriser » Belzébuth M’Bala M’Bala[3].  
Valls n’est qu’un sous-fifre du gouvernement et c’est donc bien l’Etat tout entier, opposition de droite comprise qui fait sus à Dieudonné.  
On n’a encore rien vu, ce n’est que le début du tintamarre. La baguette de chef d’orchestre confiée au petit Valls fait place désormais chaque jour aux violons, saxophones et autres trombones grinçants. Minute par minute au soir de l’envoi de la circulaire aux préfets le haut de Google news chapitre sur le plan de campagne contre le sang impur qui ne doit plus abreuver notre campagne électorale. Annonce d’une possible circulaire de Valls aux préfets… Publication de la circulaire annoncée… La contre attaque de Dieudonné est annoncée en titre mais sans rien. PUIS  l’armée idéologique de défense de la civilisation électorale avance ses pions : « « L’interdiction se concrétise », «  Juppé est le premier élu à interdire le spectacle à Bordeaux ! ». 

Du jamais vu ! Rarement on aura entendu des Joffrin, BHL, Copé, Klasfeld fils,  la clique SOS racisme Guillon[4] en appeler à la répression magistrale, à la police, trompettistes suivis par le chœur de la secte du CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France) qui en appelle « à une mobilisation républicaine dans chacune des villes où se tiendra un spectacle de Dieudonné M'Bala M'Bala, pour dire non à la haine antisémite »[5]. Le matin même, l’ancien soldat planqué d’Israël, fiston Klarsfeld (qui dit merci à maman et papa chaque fois qu'il fait un pet en public) avait été convié sur les ondes de France Inter (radio de la France libre) pour conjurer la menace, appelant lui l’ancien nominé de Sarkozy, rendu au service de la France hollandaise, à « manifester ». Tout avocat qu’il est, il parle mal, mélange les dates et se fout du monde avec des concepts primaires de collégien ignare : « ..dans les années 30 il y avait une terrible campagne antisémite, et on y a mis fin avec la loi Marchandeau » (1939). Il ajoute : « et les premières lois qu’a établi le gouvernement de Vichy c’est la possibilité de rétablir des campagnes antisémites »; certes mais voyons la suite : « On le voit bien au Rwanda quand on appelle à la haine il y a des crimes qui sont commis après et qui sont passibles (c’est le langage juriste répressif qui fourche) d’intoxiquer les gens ». Le diable peut être caractérisé : « Dieudonné est un intoxicateur de haine qui fédère les antisémites d’extrême droite le noyau dur de l’extrême droite, l’ultra-gauche et les islamistes donc il faut mettre un point d’arrêt et Manuel Valls a bien réagi et je lui en suis très reconnaissant et les juifs de France aussi et j’ai bon espoir que l’interdiction aura lieu bientôt ». Nul doute que les électeurs juifs seront reconnaissants à messieurs Valls et Hollande, même s’ils ne constituent pas un électorat important ni ne s’abaisseraient à être électeurs du petit Klarsfeld (non élu à Paris). Ce fringant avocat hâbleur est passé un peu vite sur le Rwanda cette épine dans la religion de la Shoah lanzmanienne – le massacre au Rwanda dont la bourgeoisie française « socialiste » porte une lourde responsabilité occultée - a détruit l’exclusivité du massacre des juifs. Il pense noyer le poisson en évoquant subitement une autre contrée qui remet en première place la victimisation juive : « Il faut interdire la haine raciale. On voit bien ce que ça a donné au XXème siècle. On voit ce que ça a donné en Afrique. Je suis reconnaissant au président d’être intervenu en Centrafrique parce que les gens se coupent en morceaux quand il y a incitation à la haine raciale et ça peut très bien se passer en France aussi. La mentalité de l’homme n’a pas évolué depuis l’époque préhistorique. Et croyez moi, c’est parce qu’on a une démocratie qu’on est attentif à ne pas inciter à la haine raciale que les choses sont apaisées ». L’avocaillon du mensonge dominant sur une supposée « nature humaine » qui découpe les autres en morceaux est non seulement enchanté qu’on finisse par faire raquer le vilain canard des millions de procès ridicules[6] mais à condition qu’on le musèle dé-fi-ni-ti-ve-ment car : « … il y a soixante dix ans on coupait en deux les juifs avec la scie au Mali, on arrêtait les enfants au Vel d’Hiv ». Tiens ! on ne connaissait pourtant que le martyre multiséculaire de millions d’africains redescendus au second rang concernant le massacre inconnu et obscur d’une minorité juive non pas au Rwanda mais au Mali ! Le juif nationaliste bourgeois est comme la mouche sur une assiette il ne voit que ses miettes à lui. Bon futur conseiller de Hollande, après avoir conseillé Sarkozy, il termine magnanime : « Normal qu’il y ait encore des antisémites. Des juifs sont embourgeoisés aujourd’hui c’est normal, mais ils sont bien intégrés ».
Au fond tout va bien, les antisémites resteront antisémites mais ils ne doivent plus faire partie du spectacle ni avoir le droit de rire. Quant aux juifs bourgeois (et non pas les bourgeois juifs) ils sont bien intégrés… à la bourgeoisie, comme la famille Klarsfeld ! Nul doute que les masses françaises vont se lever à l’appel de cet avocaillon brouillon pour manifester contre les salles de théâtre et la théâtralisation de Dieudonné.
Le matin aussi sur une autre radio d’Etat, l’humoriste de service qui ne fait même pas rire les gauchistes, S.Guillon consacre son billet matinal à traiter Dieudonné de gonzesse : « Dieudonné la honteuse ». Minable comme le fils Bedos.
Hélas, plus inquiétante est la lecture des commentaires au bas des déclarations de tous ces serviteurs de l’Etat multiracial, antiraciste et démocratique. Une large majorité dénonce une « atteinte à la liberté d’expression », soutiennent Dieudonné face soit à une énième « manipulation des juifs depuis Tel Aviv ou New York», soit face à un système politique qui dérive sur un sujet secondaire face au chômage et aux prérogatives exorbitantes de l’équipe gouvernementale de Hollande etc. Même si ce sont en majorité des militants des sectes d’extrême droite, ou surtout des individus seuls et paumés, la première conséquence incontestable est une victimisation qui profite à Dieudonné et sa clique. Le geste de la quenelle est d’une redoutable efficacité mimétique, et s’est largement répandu semble-t-il [7].
même dans la jeunesse scolaire ; cet aspect inquiétant sera difficile à éradiquer éventuellement tellement il a pris le sens d’un bras d’honneur pervers, peu coûteux face au système pour tous les perdants du rêve capitaliste ou les scolarisés boutonneux, possiblement indélébile comme perdure encore partout dans le monde, hélas 60 ans après, le swastika nazi ou le salut bras tendu qu’aucune loi ni aucune éducation n’ont pu faire disparaître
Le char de l’Etat démocratique-antiraciste en guerre contre la « haine raciale » va-t-il pouvoir marquer le peuple et le prolétariat de ses chenilles électorales? A lire le titre d’accroche de Libération pour demain – Le business de Dieudonné – la médiatologie gouvernementale s’apprête à toucher au point sensible en milieu populaire, déjà qu’on y jase pas mal sur sa quête financière culottée pour rembourser ses dettes judiciaires chose qui heurte le contribuable moyen, quoique l’uèmepé et NPA aient déjà sollicité aussi leurs électeurs de la même manière… Le Capital peut toujours frapper à la caisse pas  mais pas à la tête !
Wiewiorka a donc désigné lui, derrière le méchant Dieudonné un « public anti-système ». Aïe un public qui comporte des milliers et des milliers « d’en bas » ce n’est pas une engeance minoritaire à combattre de la même manière que la poignée de fachos et d’intellos ultra-gauches négationnistes dans les années 1980 ! Mais Wiewiorka se plante complètement en évoquant une « haine de la France coloniale » dont Dieudonné serait le dépositaire sur les planches. La détermination de Dieudonné est plus prosaïque et je vais le démontrer par mon enquête personnelle avant d’en venir au plus grave qui concerne la théorie du rire « au deuxième degré ». Notons pour l’instant le silence des groupes gauchistes et anarchistes, vont-ils se joindre à l’union nationale anti-haine raciale orchestrée par le « raciste anti-immigré » Valls ? [8]

MES DEUX RENCONTRES AVEC DIEUDONNE

En fait la première fois je ne l’ai pas rencontré personnellement. J’ai assisté à ses débuts sur scène au théâtre de la Gaieté Montparnasse avec Elie Semoun. Dieudonné et Semoun, probables simples produits des années de laxisme soixantehuitard déboussolé, firent leur fond de commerce de sketches se riant du nazisme, jouant à se moquer du nazisme comme Charlot. Or le nazisme n’est pas rigolo. En ce sens Dieudonné n’est pas le mal personnifié tombé des îles, il est le produit de génération de comiques professionnels jusqu’aux guignols de l’info qui plaisantant avec la politique et toutes les politiques ont contribué non pas à éclairer sur la politique des classes dominantes ni sur les confrontations de classe, mais à encourager le nihilisme, la dérision permanente de tout projet politique. Comme on nous fait voter comme des imbéciles on va rire désormais comme des imbéciles puisque de toute façon le pouvoir et ses intellectuels de gouvernement nous considèrent comme des imbéciles. Enfin tous ces bouffons de soupapes ludiques du système sont devenus une chambre d’écho glauque empêchant toute réflexion intelligente. Bedos défendait Deferre comme Dieudonné défend Faurisson. Comme le triste bouffon Philippe Val chiait bêtement à longueur de spectacle sur la personne de Giscard avec son collègue pédophile, et ne faisait rire que les gauchistes. J’assiste en famille au premier rang à ce que décrit Guillon :
« … le jeune M’bala rencontre la gloire en 1990 sur la scène d’un café-théâtre en duo avec un certain M. Semoun… Elie Semoun ! Imaginez sa détresse, quand dans le sketch Cohen et Bokassa, Bokassa dit à Cohen : «En 45, les boches, ils auraient pu finir le boulot», la salle entière se gondole, tout le monde pense que Dieudonné fait du second degré alors que lui sait qu’il est au premier ». L’entrée en scène a été frigorifiante et j’en parle comme fils de déporté et résistant. Semoun et Dieudonné font leur entrée en uniforme nazi et de sa voix aiguë Seimoun hurle : « Bersonne ne zortira vifant de zette zalle, doutes les issues sont bouchées ». Seule la couleur de peau de Dieudonné apparaît rassurante et je ne pense pas que Dieudonné était alors nazi ni au premier ni au deuxième degré. Après seulement la salle rie quand le père « Cohen » fait savoir au père Bamboula qu’il est descendu de l’arbre comme son fils qui s’est chamaillé à l’école avec le sien. Le comique de ces années-là, depuis Coluche et Desproges est un comique qui nous apparaît sain parce qu’il se moque du racisme primaire. Il est hors norme aujourd’hui parce qu’on ne rigole plus avec la misère et les inégalités, parce que les relations sont plus tendues entre les classes, que des gouffres se sont creusés, générant des rires inconciliables. On ne peut plus rire des mêmes choses.
La deuxième fois vers 2004, Dieudonné est en difficulté avec les médias, il collecte les noms d’oiseau. En 2003 on a lu : « L’humoriste Dieudonné fait l’objet d’une enquête préliminaire » pour déclarations incendiaires. Le 1er décembre 2003 sur le plateau de l’émission On ne peut pas plaire à tout le monde, Dieudonné avait interprété au cours d’un sketch un activiste extrémiste sioniste, portant un chapeau de juif orthodoxe à papillotes, une cagoule et un treillis militaire, levant le bras et criant «IsraHeil !» avant de lancer un appel aux jeunes des cités : « Convertissez-vous comme moi. Rejoignez l’axe du bien, l’axe américano-sioniste, qui vous offrira beaucoup de débouchés ».
Je pense alors comme beaucoup de spectateurs qu’il y a exagération et je décide de prendre sa défense, mais avant, d’aller me rendre compte sur place. Je me rends donc avec ma compagne de l’époque, Malika une kabyle née en France, à son théâtre. Nous commettons l’erreur de nous placer au premier rang dans la salle du théâtre de la Main d’or. Ce n’est jamais la bonne place si vous ne vibrez pas avec le chanteur ou le comique. D’emblée le comique nous déplaît. Il commence par cracher sur l’ouvreuse « pour faire comme Barthès » déclenchant les fou-rires d’une salle à majorité maghrébine et de femmes avec cheveux cachés. Nous sommes interloqués que cela fasse rire de cracher sur une femme. Les sketches, excepté celui sur le soldat paumé de la Grande guerre, sont lourds et minables, en particulier celui sur le cancer. Le soit disant humoriste nous regarde d’un mauvais œil, nous sommes les seuls à ne pas rire. La fin du spectacle est encore plus déplaisante c’est un véritable meeting politique où non content de dénoncer ce monde du « spectacle » qui le boycotte, Dieudonné demande à la salle de verser son obole pour son film sur l’histoire de l’esclavage, car, dit-il, il est petit-fils d’esclave. Je tique sur un tel propos, moi aussi, nous aussi la plupart des mécréants de base en Europe on est petits-fils ou arrières petits fils d’esclaves, même blancs !
Je n’applaudis pas à la fin. Je vais demander au guichet quand on peut rencontrer le bonhomme. Il arrive enfin et je vais le trouver. Je commence par lui dire qu’avec le discours qu’il tient il ne peut plus passer à la télé.
-          Quô quô quoi ?
Fait-il comme si j’avais commis un crime de lèse-majesté, ou comme un enfant privé de son jouet. Et sans épiloguer sur ses récents dérapages, je lui offre mon histoire du nazisme en lui disant que cette idéologie a une histoire, qu’il ne faut pas céder aux modes. Je le quitte en le conviant à réfléchir sur le sujet.
En partant nous devisons avec Malika. En réalité ce type que j’ai eu comme voisin enfant dans les années 1970 à Fontenay aux Roses n’est pas et n’a pas les moyens d’être un intellectuel ni un idéologue. C’était cher pour un spectacle aussi nul, et une tentative de racket des spectateurs en fin de compte. Voilà plutôt un artiste frustré de son exposition médiatique à la télévision. Ne s’y était-il pas si bien intégré jusque là ? A preuve l’émission sur la 3 d’Isabelle Giordano où il était passé récemment complaisamment avec sa maman et ses amis d’enfance larme à l’œil, bichonné presque autant que chez Drucker. De vedette il était redevenu un petit artiste de cabaret. Basta.
Dépassant le seul cas Dieudonné, on peut revoir les vieux sketches de Pierre Péchin et de Michel Leeb (que j’ai cotoyé) comme carrément racistes ! Dieudonné a pris lui le mauvais virage mais a correspondu aussi à un besoin : un comique parallèle nécessaire dans la fameuse nouvelle « société multiraciale » sans classes et sans alternative de société.
Ce n’est pas un « public anti-système » comme croit le découvrir Wiewiorka, au contraire comme on va le voir, Dieudonné leur permet de croire pouvoir s’incruster dans le système toujours un peu plus … cloisonné et atomisé.

LA THEORIE DE LA RUSE Ou la perversité du « second degré »

Ce qui est frappant dans la défense de Dieudonné face à la justice de classe c’est qu’il n’assume aucun de ses sous-entendus. Il « n’a pas dit ça ». On lui fait un « faux procès ». Il joue à la façon de Landru. Durant le procès de Landru, sur un côté de la salle du tribunal trônait le poile à charbon dont lequel ne fut retrouvé aucun ossement. Les attendus du tribunal prennent du coup un aspect ubuesque où les rieurs peuvent rester du côté de Dieudonné. Le plus drôle finalement est que nous apprenions seulement en ce moment qu’il n’avait payé aucune des énormes amendes qui lui étaient tombées dessus. De quoi le rendre plus populaire ! Pour certains seulement, pas pour ceux qu’il a grugé en leur demandant de cotiser pour le remboursement !
J’ai participé à plusieurs dialogues avec des commentateurs anonymes sur le soudain « scandale Dieudonné » où j’ai estimé celui-ci indéfendable tout en servant de girouette à une campagne d’Etat pachydermique. Un de mes contradicteurs m’interloqua en me répondant : « il faut prendre les choses au second degré ». Son pseudo était à consonance arabe. Cela a déclenché un déclic chez moi.
A croire que Dieudonné avait été à bonne école à un moment donné, expliquant sa soudaine propension à se tourner vers le « monde arabe », connu pour sa stratégie de « la ruse » d’un très vieux nationalisme, et qui n’a rien à voir avec la félonie du couteau dans le dos typique des nostalgiques de l’Algérie colonisée. En 1976 est parue la traduction d’un auteur arabe inconnu du 13ème siècle, intitulé : « Le livre des ruses, la stratégie politique des Arabes » (ed Phébus) dont l’introduction dit ceci :
« Une des surprises de l’Histoire contemporaine est l’entrée en lice, subite et inattendue, des Pays arabes. Depuis la Première Guerre mondiale, une évolution rapide  les a portés à prendre une place de plus en plus importante dans l’économie et les relations politiques…et on peut constater que leur efficacité a été extrême sans aucune comparaison avec celle déployée par d’autres pays plus riches, plus peuples et techniquement plus favorisés (…) Les politiciens et les hommes d’affaires s’effraient quelquefois de cette habileté si vite développée. En tout cas s’empressent-ils de corriger l’ancienne optique qui les avait amenés à ne plus considérer les Arabes que comme un groupe social hétérogène et sclérosé, bon tout juste pour les tâches subalternes ou l’exploitation domestique. Pourtant le génie politique arabe est loin d’être une création spontanée. L’histoire de l’Islam le montre surabondamment N’oublions pas qu’au Moyen Age, c’est auprès des politiciens arabes qu’un Frédéric II d’Allemagne allait s’instruire dans l’art de gouverner. Machiavel lui-même (par les Vénitiens) avait fait son profit des penseurs et des stratèges orientaux. A y regarder d’un peu près, on s’aperçoit que cet enseignement ne s’est jamais perdu, qu’il est même resté étonnamment vivant jusqu’àce jour dans tout l’Orient.
(…) La première opération à faire consiste à définir de part et d’autre le terme de « ruse ». Que de malentendus, que d’injustices sont nés d’une traduction maladroite d’un mot arabe ! On s’aperçoit par exemple aujourd’hui que la « patience » n’est pour les Arabes qu’une notion  générale qui englobe « la constance ferme dans ses propos et son comportement en vue d’un objectif précis » et non « le support des épreuves dans une longue résignation ». De même, la « ruse » pour les Arabes, n’est pas un moyen destiné à tromper un adversaire en usant de procédés perfides. A l’origine le terme « ruse » (hila) désigne une machine qui économise le travail humain grâce à l’application de lois physiques domestiquées par un inventeur astucieux, savant ou artisan. Cette notion, notre auteur prend bien soin de nous le rappeler, se trouve dans le Qoran : « Dieu  a usé de ruse ; Dieu est le meilleur de ceux qui se servent de ruse pour arriver à leur but » (Qoran, III 47).
(…) De toute façon, pour lui rien n’est désespéré ni désespérant dans ce monde – monde étrangement tourmenté pourtant, à la fois si près et si loin de l’Europe. Les vrais politiques, au reste, le savent bien, qui ont toujours révélé le meilleur d’eux-mêmes dans l’adversité » (René R. Khawam).

Le livre révèle en effet des préceptes qui peuvent jouer pour le soit disant « second degré », par le truchement d'un certain nombre d'intellectuels musulmans déclassés, chez les masses déshéritées qui ne sont ni incultes, ni inférieures en jugeote à ceux qui prétendent les gouverner et les moraliser. Avec ce genre de discours de la "nation arabe passée", n'importe quel sectaire peut se croire supérieur en politique aux bédouins modernes de la bourgeoisie française. Par exemple : « La science religieuse donne lieu aux caractères suivants : la gloire même si l’on est de condition humble ; la puissance, même si l’on est méprisé par les autres ; la richesse, même si l’on est pauvre ; la force, même si l’on est faible ; la noblesse personnelle même si l’on est de vile origine ; le triomphe ; l’humilité ; la générosité ; la franchise ». Cet esprit littéraire musulman de type religieux, favorise finalement un individualisme moderne autiste comme il semble justifier un nationalisme arabe universel autour du culte de la "Palestine libre" avec de très vieilles références guerrières, de "ruse guerrière"arabe qui sent le couscous avarié.
Dieudonné n’a sans doute pas lu « le livre des ruses » mais il dispose d’une bande certainement apte à le conseiller en la matière, excepté ses petits soldats, gros bras gardes du corps qui lui obéissent au doigt et à l'oeil. Plus il sera condamné plus il gagnera d’afficinados, plus il contribuera parallèlement aux antiracistes bourgeois patentés à diviser le prolétariat entre crédules d’une idéologie simpliste qui se pare d’une « perspicacité au second degré ». Comme l’écrit un commentateur anonyme : « Les médias, corrompus, sont discrédités, les politiciens, corrompus, sont encore plus discrédités, la justice affamée l’est presque autant, Dieudonné est un obscurantiste d’autant plus dangereux que vous autres ne savez absolument pas comment le contrer, la preuve ».
Le plus obscurantiste n'est pas forcément celui qu'on nous exhibe tous les jours... mais il l'est quand même complètement. Perversion du système dominant qui s'emmêle les pinceaux sur la mythique "liberté d'expression" quand il tolère pour lui-même le droit de dire n'importe quoi et de faire des leçons de morale puante.

La victimisation comme stratégie (semblable à la victimisation morale du gouvernement)

Ces multiples condamnations contribuent à faire de Dieudonné une victime du "système" auprès de ses fans, lui qui s'érige en héraut "anti-système". "L'humoriste se nourrit directement des mésaventures du citoyen, les met en scène, en abyme plutôt. Le premier narre la persécution dont est l'objet le second", écrit Le Monde. Le journal gouvernemental note aussi la stratégie (la ruse) efficace du soit disant humoriste vengeur pour remporter l'adhésion de ses aficionados : "Il ne crie pas au martyre individuel, trop malin, mais au calvaire collectif. Car ce n'est pas lui qu'on veut faire taire mais les Français."Sous entendu les pas vraiment français, et surtout les clients de son spectacle, convaincus d’être en terrain « subversif ».
Dans une interview publiée le 31 décembre par un site belge qui se présente comme un "site d'informations alternatives", il assume cette posture de victime. Alors qu'on lui demande s'il refuse de payer ses amendes pour aller en prison (ce qu'il risque, à terme pour la plus grande joie de ses codétenus), la réponse est claire : "Oui, je veux y aller ! Ces procès n’ont pas de sens de toute façon…" Il ajoute : "Tous ceux qui me jugent à Paris appartiennent au Syndicat de la magistrature. Or, l’année dernière, un journaliste a divulgué que dans le hall de ce syndicat existait un 'mur des cons' où, entre autres, il y avait ma photo dessus ! (…) C’est un peu étonnant en termes d’objectivité et de neutralité…"
Plus "rusé" encore il s'est aussi lancé à son tour dans différentes procédures judiciaires. Il a attaqué, sans succès, une journaliste qui a écrit sa biographie, ainsi que l'ancien député PS de l'Essonne Julien Dray. Plus récemment, Dieudonné a déposé une plainte contre X en visant la Licra, qui voit dans sa "quenelle" "un salut nazi inversé". Le 1er janvier 2014, il a aussi porté plainte après des menaces reçues par téléphone.
L’interviewé du NPA Julien Salingre, après avoir ressorti l’antienne ringarde de la possible revenue du fascisme semble crédible dans sa critique de la mouvance à Dieudonné mais replonge dans le discours gauchiste impuissant de type néo-stalinien où la proposition d’alternative politique ne repose que sur l’espoir de la réapparition de militants aliénés en quête du « pouvoir d’encadrement des masses » pour leur promettre cette nullité bobo et altermondialiste éculée de « vraie répartition des richesses et pour une démocratie réelle »:
« C’est finalement la force et la faiblesse de ce type de courant politique. La force, car leur discours mouvant et souvent protéiforme peut séduire des publics divers et apparaître crédible comparé aux fausses promesses des partis de gouvernement. Mais c’est également leur faiblesse, car ils se développent principalement à cause d’une démoralisation générale qui est liée à une perte de crédibilité de la perspective de réellement « changer les choses ». C’est à cela qu’il faut s’atteler aujourd’hui : si la lutte contre l’influence de Soral et consorts passe par un combat sur le plan idéologique, celle-ci ne sera pas victorieuse si elle ne s’accompagne pas de la (re-)construction, par en bas, de cadres de solidarités et de luttes collectives, antiracistes, progressistes, internationalistes, contre les dégâts de la crise, pour une vraie répartition des richesses et pour une démocratie réelle ».
On devrait mesurer la perfidie et l’absence de ruse de ce courant has been antiraciste bobo et aussi nul que le nationalisme arabe et les pitreries de Dieudonné dans la suite de l’intense tintamarre d’Etat, leur baissage de culotte dans l’union nationale contre « la haine raciale » du nouveau Che antisémite miteux et les perspectives électorales démocratiques avec les « mêmes ». Les mêmes politiciens véreux de gauche de droite et d'extrême droite qui se protègent mutuellement de toute inculpation (les cas Sarkozy, Dassault Tapie etc.)

Le scénario de dénonciation de "la haine" est en tout cas encore en pleine improvisation. Le gouvernement a lancé la campagne idéologique mais il n'est pas exclu que l'affaire s'enlise...
La morale hypocrite du gouvernement ne vaut pas mieux que le nauséabond obscurantisme qui sert de fondement à la panoplie vengeresse de la vedette contrariée Dieudonné (il répète toujours la même chose "je ne peux pas passer à la télé" (snif!). Ces deux clowns contribuent à rendre obscurs les véritables problèmes de la société actuelle, une confusion générale où les lignes politiques opposées sont devenues poreuses, et où les classes sont niées - au nom de l'oecuménisme de la "diversité" ou du complot juif - alors qu'une classe s'élève au-dessus des faux clivages de races et de religion, la classe ouvrière, mais qu'elle n'a aucun droit d'expression ni à prendre position dans les gesticulations spectaculaires de tel bateleur de foire antisémite (pas drôle) ou tel bateleur gouvernemental (désespérant).
A suivre...



[1] La photo d’ailleurs presque penser aux premières photos des juifs amassés au Vel d’Hiv du 15ème arrondissement.
[2] Quelques crânes rasés qui se mêlent à des spectateurs à dominante origine maghrébine au spectacle de l’odieux Dieudonné n’en font ni des internationalistes ni des humanistes antiracistes.
[4] Mais où est donc passé l’ancien meneur de jeu Finkielkraut ?
[5] On notera la reproduction intentionnelle du nom entier de l’état civil de Dieudonné, manière peu équivoque pour cette confrérie sponsor de l’Etat raciste israélien, typique du nationalisme juif faisant appel au subconscient présumé en général anti-immigré de l’électeur franchouillard Dupont face à ce nom bizarre pas très… français.
[6] Les condamnations :
  • une amende de 28 000 euros pour « Shoah nanas » et la phrase : « Les gros escrocs de la planète, ce sont des juifs ». Dieudonné devrait se pourvoir en cassation ;
  • une amende de 7 000 euros : « l’exploitation du souvenir de la Shoah » qualifiée de « pornographie mémorielle » ;
  • une amende de 5 000 euros pour avoir comparé « les juifs » à « des négriers » ;
  • une condamnation suite à une longue procédure judiciaire pour avoir assimilé « les juifs » à « une secte » et « une escroquerie » ;
  • une amende de 10 000 euros pour avoir remis « le prix de l’infréquentabilité » à l’historien révisionniste Robert Faurisson ;
  • une amende de 5 000 euros pour avoir assimilé la Licra à des « associations mafieuses qui organisent la censure, qui nient tous les concepts du racisme, à part celui qui concerne les juifs. En fait, ce ne sont que des officines israéliennes » ;
  • 1 000 euros d’amende et 2 000 euros de dommages et intérêts pour avoir diffamé une journaliste ;
  • 3 000 euros d’amende pour avoir dit « Il faut savoir qu’Arthur avec sa société de production finance de manière très active l’armée israélienne qui n’hésite pas à tuer des enfants palestiniens. » Arthur a aussi été condamné pour injures publiques envers Dieudonné ;
  • une condamnation au Québec (75 000 dollars d’amende) pour avoir insulté Patrick Bruel.
​Une condamnation à 2 000 euros d’amende pour avoir traité, en 2000, Patrick Sébastien de « con ». Il y a eu aussi cinq relaxes et des actions en justice qu’il a perdues, à part contre Arthur. En cours. Dieudonné a comparu le 13 décembre pour injure, diffamation et apologie de crime après ses propos sur l'ex-chef du "gang des barbares", Youssouf Fofana, le dingue assassin d’un jeune juif. Il risque 20 000 euros de "jours-amendes", soit 200 jours de prison s'il ne peut s'acquitter de l'amende. Le délibéré est fixé au 7 février. Ces condamnations sont ridicules non pas parce que Dieudonné ne serait pas un idiot antisémite – il est un des héraults des pires dicatures musulmaniaques – mais parce que non seulement les amendes ne sont jamais réglées Dieudonné utilisant les ficelles dites d’insolvabilité que permet le système capitalistes à tous ses escrocs majeurs, mais parce que les provocations se sont suivies les unes les autres sans jamais pouvoir être interrompues, preuve que Dieudonné est soutenu par une partie du système, qui fonctionne avec des entregents. Qui est plus coupable, Dieudonné de sortir à la pelle des conneries ou Sarkozy de recevoir comme un prince le dictateur Kadhafi et de lui serrer la paluche, sachant qu’il sera abattu tôt ou tard sous ses bons offices ?

[7] La chanson Shoah nanas si elle est redoutablement pernicieuse – le massacre des juifs ne peut être sujet de plaisanterie même si Lanzmann a changé le terme de génocide par Shoah pour contribuer à la fameuse unicité du malheur juif (la moquerie du chef de bande Mahomet ne peut pas justifier d'en faire autant pour ce génocide moderne) – chantée par des milliers de spectateurs de base, n’est pas vécue comme une simple revanche sur le barnum mondial américanophile des années 80 mais confirme que « en bas », pas chez les élites ni les milieux intellectuels, les exagérations mémorielles (cf. Sarkozy et l’imposition de la lecture du martyr Guy Môcquet) se payent toujours d’une dérision populaire « moqueuse » tôt ou tard. Michelet disait que les historiens étaient les vengeurs des peuples, pas les humoristes délirants quand même ? Il existe assez de textes du courant maximaliste pour avoir dénoncé en temps utile les mystifications démocratiques bourgeoises, du point de vue marxiste et pas dieudonnesque que vous pouvez trouver sur mes blogs.
[8] Seul le NPA évoque en page cachée le tintamarre gouvernemental, ne prend pas position, et se cache derrière l’interview emberlificotée parfois pertinente d’un certain Julien Salingre : Au-delà des quenelles, il faut remettre du politique » - Julien Salingue (interview au site Femmes de Chambre) - http://www.femmesdechambre.be/julien-salingue-au-dela-des-quenelles-il-faut-remettre-du-politique/

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