PAGES PROLETARIENNES

dimanche 12 octobre 2014

UNE DEDICACE NARCISSIQUE... QUI DEVRAIT ABOUTIR A UNE PREOCCUPATION POLITIQUE


Le narcissisme est d'abord le reflet de la confiance en soi lorsqu'il est relatif, son contraire lorsqu'il est exagéré ou surtout maladif. Lorsque les auteurs de livres viennent dédicacer leur ouvrage il ne s'agit pas simplement d'un promo commerciale de l'éditeur mais bien d'un acte narcissique. Le soi, comme dirait le cuistre J.Attali, est livré à l'admiration. On pose des questions à l'auteur, on le félicite, on le cajole, on lui demande une petite phrase pour le destinataire du cadeau-livre. Dans ce sens chaque rencontre avec le public a valeur thérapeutique, comme cette ancienne amante, violée adolescente par son père, qui me confiait se ressourcer à chaque expérience sexuelle nouvelle et surtout voulue.

Ce samedi à la librairie L'horizon de Boulogne sur mer, nulle autre auteure que Maude Julien n'a autant mérité la compassion, l'affection et le soutien du public et la reconstruction narcissique minimum. Son témoignage sur ce qu'elle a subi de l'enfance à l'adolescence par un père pervers narcissique, pendant quinze ans (le double de Natascha Kampusch) est si bouleversant par l'accumulation de cruautés qu'il révèle, qu'on regrette que ce sinistre Monsieur Didier n'ait pas eu le temps d'être pendu haut et court, en plus pour maltraitance particulièrement sadique d'animaux. N'ayant pas encore lu le livre, nous ne mesurons pas encore l'ampleur des humiliations que l'enfant a dû subir au cours de si longues années. La femme, grande et belle, ne donne pas la leçon de psychologie sur les PN en général ni ne théorise – elle en a l'aisance et les moyens intellectuels puisqu'elle est devenue thérapeute avec cabinet sur rue à Paris – elle livre des conséquences de sa maltraitance: forcée à devenir musicienne, elle joue bien mais ne peut pas jouir d'écouter la musique; jetée de force dans l'eau glacée sans savoir nager, elle hait la piscine. Etc.

La libraire quelque peu histrionne la questionne pendant une heure, et nous laissons faire car les questions sont en général pertinentes. Je ne reprends la libraire que lorsqu'elle se fait l'écho d'une lectrice qui avait objecté: "cette victime n'est peut-être pas la plus indiquée pour soigner les autres victimes".
  • ce doit être une PN qui vous a posé cette question... ce genre de psychopathe nie non seulement toute existence, mais toute capacité aux autres... je pense moi que la victime est la plus indiquée pour devenir la meilleure thérapeute.
  • non, non je vous assure c'était une lectrice en bonne santé mentale.

J'étais assez étonné, connaissant le black-out ou les déformations des médias (et des militants politiques) sur le sujet de voir autant de personnes, une vingtaine, dans cette librairie exiguë, en majorité des femmes d'âge mûr... Les présentes posèrent surtout des questions littéraires ou centrées sur l'expérience malheureuse de l'auteure, qui à chaque fois montra sa formidable aspiration à la vie, et insista sur sa longue ténacité à combattre tout repli suicidaire.
Son expérience a valeur plus large qu'un simple coup de projecteur sur sa longue persécution intra-familiale (emprisonnée 15 ans par un couple de fous furieux) ou une habituelle dédicace narcissique au niveau de son passage chez Ardisson ou après lecture de l'article élogieux de Libération.

UN PREMIER TEMOIGNAGE D'ENFANT VICTIME DE L'EMPRISE PN

Comme je l'en ai félicitée, son ouvrage est le premier à mettre en lumière la destruction psychologique perverse narcissique contre un enfant, vue et subie par un enfant. En général le sujet connait des modes aléatoires assez superficielles centrées sur l'emprise de maris abusifs ou de quelques folles dominatrices, mais on n'avait pas encore le témoignage vu de l'enfance. En s'exprimant sur le mode présent Maude Julien nous fait ressentir plus vivement qu'un traité de psychologie ou une description façon enquête journalistique la pourriture mentale de son salopard de père.
Comme je l'ai remarqué aussi, ce témoignage n'a aucune chance d'être reconnu ni appréhendé par la psychiatrie officielle et freudienne qui nie ce phénomène – normal puisque les pros de ce domaine dit thérapeutique sont souvent des graines de PN. Mais j'étais venu avec une question bien précise sur laquelle j'avais buté lors de la rédaction de mon propre livre sur le sujet: est-ce contagieux? Est-ce que dans un couple où l'homme est PN, dans le cas où son épouse n'est pas directement la première victime, cette femme peut le devenir? Le parodier?

Sur le fond nous étions d'accord. Tout le monde ne peut pas être PN. Le PN souffre d'une carence/négligence affective depuis l'enfance de la part d'un ou de deux parents. Il sera toute la vie "un sale gosse", qui a toujours raison, qui ne vit que dans la mesure où "il pompe l'air" d'un(e) souffre-douleur. Sous ses grimaces terroristes il n'y a pas plus peureux, plus lâche.
Maude Julien m'apporta une réponse claire et convaincante.
- Non la compagne n'hérite pas du fond vampiriste de son mari PN, mais comme la favorite du gourou elle adopte le même comportement, comme tout membre d'une secte parodie le gourou. Elle sera désagréable, elle aura un même comportement destructeur mais dans l'imitation.

Laissons maintenant cette librairie de gauche qui se flatte de ne pas vendre la pétasse Trierweiller ni "le raciste" Zemmour et portons-nous à l'épilogue du livre qui nous fait souhaiter que l'auteure offre ultérieurement un travail plus théorique sur le constat effarant de la tolérance sociale et politique de la perversion narcissique au nom de la démocratie anarchiste individualiste:
"...Dans l'emprise, il y a d'abord un prédateur, un ogre, pour qui seul compte son propre monde mental, ses croyances, ses besoins, ses désirs. Les autres ne sont que des instruments ou des obstacles. Le piège de l'emprise est créé quand un prédateur rencontre une victime. Il lui fait croire que leur rencontre est l'amour avec un grand A. Il prend peu à peu possession d'elle tout en la traitant comme un objet méprisable qui n'a de valeur q'à travers lui. Le piège se referme quand la victime commence à adhérer à cette image dégradée d'elle-même. La voie est libre alors pour sa destruction, qu'il va mener systématiquement et sur tous les plans: physique, intellectuel, relationnel, social".

Dans les discussions mutuelles qui se sont déroulées à la fin de la séance de dédicace, nous ne discutâmes pas de la tragédie de Maude ni de son incroyable aptitude à survivre mais... des salauds qui nous font chier en entreprise. C'est cela qui revenait le plus souvent dans les conversations. Une telle disait en avoir supporté une (car des femmes peuvent aussi être PN) durant des années avant de réussir à la faire pleurer (des larmes de crocodile). Un autre étonné du sous-titre de mon livre (Le pervers narcissique dévoilé, une approche politique) reconnaissait que nombre de DRH était choisi avec cette "qualité", puis lorsque je lui objectai le niveau de décomposition de la société conditionnant plus de faits divers, plus de crimes au couteau, plus de pervers narcissiques (avec les familles mono-parentales, etc.) il admit que cela méritait... une réflexion politique.
Toutes les couches sont touchées. Une femme de médecin était venue pour trouver des solutions pour son mari persécuté par un supérieur administratif. J'en ai donné quelques-unes efficaces contre les psychopathes... même non admises légalement puisque le système capitaliste est ... pervers narcissique et prétend que tous les prolétaires sont devenus comme lui: anarchistes individualistes!
Les prolétaires peuvent bien être considérés comme des révoltés primaires mais ils ne sont pas "individualistes" en soi comme le capitalisme qui lui, dans sa décadence, génère l'idéologie individualiste dont la devise bien connue est "Pour briller il faut éteindre les autres" (qui n'est pas seulement un slogan interne à EDF ou au CCI)!


DE LA SECTE FAMILIALE A LA SECTE POLITIQUE

Ce qui m'a frappé personnellement dans ce témoignage saisissant c'est la focalisation des PN, version gourous en puissance, sur l'occultisme, la fascination du père pour le nazisme et les camps de la mort. Comment ne pas penser que le PN a tout du facho de base? Mais pas simplement car c'est aussi un anar démocrate qui a toujours raison (mais il oblige sa fille gamine à se farcir Le Capital pour qu'elle comprenne l'apport immense du marxisme...); il est autant anti-religieux que procédurier, autant victime de la terre entière que le premier à aller pleurer chez les flics (ou l'organe central), autant menteur à la louche que vantard pleurnichard ; on se méprend sur ses idées parce qu'on ne l'a pas vraiment lu ou écouté quand c'est lui qui est seul apte "à expliquer". Souvent il ne finit pas ses phrases pour exprimer sa lassitude d'avoir affaire à autant de crétins... ou pour inciter ses sectateurs à comprendre... "tu vois ce que je veux dire". C'est le zozo des sous-entendus permanents pourtant creux comme une baleine, incapable d'expliquer lorsque cela touche au trivial ou au détail.

Ce répugnant personnage qui oblige tous les soirs sa gamine à lui tenir le pot à pipi et à aller le vider après exposition de sa grosse bite sale et baveuse, par sa complexion mentale terroriste me fit penser à un gourou du CCI en 1993 que j'avais été parmi les premiers à identifier et à faire éjecter. L'explication des prémisses de secte à travers ce genre de personnalité opaque psychopathe est décrit limitativement à mon avis (profession oblige) par cette psychothérapeute estimable pour le couple ou la secte, sans aller jusqu'au politico-social, même si elle l'effleure pour l'entreprise (l'emprise dans l'entreprise... Ah AH... mais c'est de moi).

Lisons sa description lumineuse jamais analysée ni évoquée par les connards pros des sectes officielles psy et consorts (seuls autorisés à jacter à la télé) qui montre aussi qu'une secte ce peut être un couple, une famille qui croupit dans un état d'insanité mentale hors du contrôle de la société : "La "secte familiale à trois" dont j'ai été partie intégrante présentait la quasi-totalité des caractéristiques des sectes religieuses. Mon père qui me mettait en garde contre les gourous du dehors, avait lui-même tout d'un gourou. Sa rencontre avec l'occultisme, sa croyance dans les "pouvoirs spirituels" avaient fait de lui un homme fasciné par la domination, persuadé d'être un "esprit élu" et prêt à trangresser les règles communes".

Or, par extension, et avec ma coutumière habitude à faire sauter les barrières des genres, contre toute éthique moraliste nunuche en politique, et après plusieurs livres et articles sur l'errance politique du milieu maximaliste, je pense qu'on doit poser un regard attentif sur le comportement de la plupart des leaders politiques officiels ou de sectes. J'ai déjà démontré que Sarkozy est un PN de première, sa réapparition en donne confirmation chaque jour, mais aussi Monique Avril du CCI: on voit mise en oeuvre la même emprise, la même vampirisation des individus, la même soumission à des fantasmes terroristes, le même mal être chez les sectateurs qui eux ont un subconscient même s'ils sont des moutons de Panurge. En ce sens, le jour où il sera possible de débattre dans un parti politique de la nocivité et de la nécessité d'identifier et de paralyser ces tarés mentaux destructeurs on évoluera vers un regain de confiance dans la politique, contre l'emprise de ces soit disant guides ou leaders ou managers ou animateurs qui ne cachent que des anarchistes individualistes autoritaires. Mais il faudra avoir réfléchi sainement au phénomène en tant que "pouvoir spirituel" sur les autres (qui est en soi totalement déconnecté de l'argent ou de l'esprit capitaliste, quand le CCI devenu secte persistait dans l'amalgame), et annihilateur de toute conscience individuelle et capacité de décision collective, pour FORMULER COMME UNE NOUVELLE FRONTIERE DE CLASSE L'INTERDICTION D'EXERCER UN QUELCONQUE POUVOIR A CERTAINS INDIVIDUS PREDATEURS, POUR MAINTENIR UN CONTROLE PERMANENT DES DEVIANCES PRIVEES. Je vois déjà un contradicteur qui se moque de moi du fait que je fais une tautologie, le pouvoir capitaliste et de ses chefs de parti n'est-il pas par essence PN? Objection retenue mais pas contradictoire avec ma proposition d'une nouvelle "position de classe".

Enfin, quoique l'auteure ne se batte pas à ma connaissance sur un plan politique et que je n'ai pas ses capacités professionnelles et artistiques, je suis très fier qu'elle m'ait accordé cette dédicace:

"à Jean-Louis,
  • Partageant ce même combat de lutte contre l'emprise,
    avec toute mon amitié
    Maude.

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