PAGES PROLETARIENNES

jeudi 12 décembre 2013

UN AUTOPORTRAIT QUI ECLIPSE UN DUO BANAL


Les images « spontanées » « parlent » plus que les discours. Le buzz du « selfie » du trio Cameron/la belle blonde ministre danoise/le sémillant Obama vient « pipoliser » les puissants du monde bourgeois. Seuls se choquent ceux qui n’ont jamais été à un enterrement où le fou-rire impromptu est souvent la meilleure réplique à la mort. Voici des dirigeants capitalistes surpris en tant que « humains ». Formidable image de propagandastafel ! Qui ne se souvient, aimablement, du fou-rire de Clinton face à une blague impossible de l’ivrogne Eltsine ?
L’image des trois lascars plus le regard furax de l’épouse Obama restera un tableau digne de la Joconde pour le 21ème siècle commençant. Tout a été dit, et le portrait – qui sera un jour vendu fort cher, et qui est déjà source d’imitation répandue – concentre en lui tous les fantasmes sexuels (un noir et un blanc avec une blanche complice et aguicheuse), la femme trompée enfermée dans sa jalousie, des millions de « mateurs », enfin le triomphe non pas de l’individualisme mais de la masturbation : avec les nouvelles technologies ne peut-on pas tout faire soi-même, outre se masturber à l’infini, se photographier, se mettre en scène, se faire cuire un œuf à distance, etc. ? L'historique des photos, hors du contexte où, paraît-il personne "ne pensait à mal", outre une indéniable charge érotique, nous renvoie à la triste condition de l'homme moderne président: il ne peut pas tromper sa femme comme pervers Kennedy, et celle-ci fait la loi; la photo finale de la scène ne montre-t-elle pas la mère Obama qui s'est intercalée entre pépère et la belle danoise? La morale missionnaire est sauve.


Ainsi dans la grand messe "antiraciste" où l'on chante et danse à la manière africaine pour honorer un auguste mort - ce qui est tout de même moins ridicule que nos tristes enterrements européens - le beau monde capitaliste trouve le moyen d'engranger une empathie photogénique, un semblant d'unanimisme mondialiste, quoique Poutine et Assad soient absents des festivités nécrophages. Le monde capitaliste est beau il est technologique, dématérialisé et scotché au cordon ombilical d'internet. Les deux types en-dessous du trio transgressif matent leur portable ignorant et les vedettes du dessus et le tintamarre de la foule du stade; on pense au best seller de 1950 "La foule solitaire". Partout où il va "l'homme moderne" de tout âge, n'est plus rien sans son portable, son ipod, son ipad, sa tablette. Partout il est cerné, photographié ou filmé même s'il fait simplement caca où dit bonjour à sa voisine.





Orwell avait sous-estimé le degré d'aliénation et d'auto-enfermement dans lequel "l'homme du futur" allait être ficelé; et l'érotisme virtuel qui huile les rapports sociaux.(note 1)


 La poignée de main du président mondial de l'antiracisme avec frère Raul Castro et les grimaces du génial exhibitionniste qui s'est fait passer pour un interprète du langage des signes sont passés au second plan. Comme est passé au troisième plan le duo Hollande-Sarkozy, symbole de la nationale compassion frenchie des seconds rôles. Figurants du cirque africain les deux compères faisaient la paire de marionnettes pourtant quand on songe aux coups bas qu'ils se distribuent copieusement dans le microcosme franchouillard. Le cabinet noir de l'Elysée patronne la résurrection fictive de Sarkozy-Zidane, remake du destin (qui finira en coup de boule), a initié la fin de la journée de carence pour les fonctionnaires afin qu'ils ne s'abstiennent pas de voter gauche bobard et que ceux du privé continuent à voter à droite plus rien. Le retour "fatal" de Sarkozy sert entretemps à accroître l'éclatement de la droite bourgeoise si bien symbolisée par l'idéologie (droite des riches) du Figaro qui passe son temps à des attaques ad hominem contre Hollande (les petits commerçants adorent cette façon de faire de la politique). Bref tout va bien au pays des râleurs, et la photo des deux nains présidentiels n'a ni le chic ni le sexappeal de la belle danoise et des deux benêts qui ricanent de chaque côté, fort mauvaise image électoraliste de complices. A qui, selon vous, cette image profite-t-elle? Au FN? Pas forcément.

Note 1: Lire la plaquette récente des Cahiers Spartacus, l'homosexualité selon Daniel Guérin (sous-titre: Prolétaires de tous les pays caressez-vous) et ne réfrénez pas votre envie de rire, elle est salubre.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire