PAGES PROLETARIENNES

samedi 30 novembre 2013

La principale prostitution n’est pas celle que vous voyez!




La répression libidinale de l’abbé Hollande contre la sexualité des ouvriers immigrés
 
« La prostitution n’est qu’une expression particulière de la prostitution générale de l’ouvrier et comme la prostitution est un rapport où entrent non seulement le prostitué mais aussi celui qui le prostitue – dont l’abjection est plus grande encore – le capitaliste, etc., tombe aussi dans cette catégorie ».
KARL MARX
(Manuscrits de 1844, économie politique et philosophie, se reporter également aux diverses discussions de Marx sur le travail et la prostitution des femmes qui citent et commentent les textes d’économie politique en France dans les années 1840).


1.      L’ETAT MAQUEREAU ET LES INEGALITES SEXUELLES

Le « mac » décide à la place de sa prostituée. L’Etat fait de même avec ses citoyens, jugés tour à tour comestibles ou pervers. Il détient la propriété du corps électoral comme du corps intime. On ne copulera que dans les règles pour s’éviter toute contravention, a édicté le pape François  2 sur France 2. Face au nouveau « sexuellement correct » mariage pour tous (mais interdiction de la sexualité pour tous) vous êtes vous les moches, les vieux, les célibataires et les sans-papiers comme les premiers chrétiens face à Rome l’impériale. Sachez, honorables humains que l’Etat protecteur de la putain et de la catin peut vous ligoter les mains pour empêcher la masturbation mais il n’empêchera pas les rêves érotiques. Pour l’Etat sous l’œil de Monseigneur Dupanloup restauré et d’une vierge écologiste la prostitution des pauvres n’est pas un travail mais une hérésie immorale, qui bafoue la dignité de la ménagère.  N’était la faible virilité du pingouin de l’Elysée, on se croirait presque face au « Ministère de l’Amour » du 1984 d’Orwell ! Big Brother bobo et big sister gauchiste veillent sur votre libido ! Surtout tarifée ! Pour ne pas dénigrer un taxe qui échappe à l’Etat décroissant.
Tenez-vous bien. L’Etat français sous François 2 roi des bobos, va révolutionner des mœurs pluri-centenaires à défaut de diminuer chômage et augmenter les salaires. Fin 2012 le cinémascope hollandais avait scénarisé la fin du « harcèlement » sexuel surtout pour oblitérer qu’au travail, sans harcèlement « hiérarchique » des petits chefs la « croissance » ne verra jamais le jour ni la nuit. Le premier type de harcèlement ne reste qu’une affaire secondaire de fesses dont les effets resteront toujours déroutants.
On verra que l’Etat bourgeois moraliste s’attaque surtout à la possible jouissance (tarifée) des travailleurs immigrés en transit alors qu’il envoie en stage tous ses cadres dans les pays où les enfants sont tarifés et les putes à disposition sans gêner les droits de l’homo erectus. Thaïlande et Allemagne sont idéales pour que les cadres puissent éponger leur libido entre les harassantes conférences de firmes et de commerciaux. L’immigré sans femme, qui couche sur les chantiers, peut toujours s’astiquer le poireau lors de ses mornes soirées, sur le magazine cucul de Beigbeder. Le gouvernement a lui fait sa révolution conceptuelle communiante. Foin d’une sélection des politiciens provinciaux, l’Etat maquereau industriel aligne désormais des conseils de ministres avec quotas diversifiés, arabe, noir, femmes, sensibilité écolo, sensibilité policière, sensibilité productive, etc. La répartition du travail sexuel semble moins maquée que sous Chirac et Sarkozy, mais sans doute est-ce parce que le chef est cornaqué par une drôle de rombière.
Dans le Manifeste communiste de 1847 Marx et Engels vont plus loin que l’équivalence travail-prostitution (cf. en exergue de cet article) des écrits de jeunesse de 1844 : « « Moins le travail exige d'habileté et de force, c'est-à-dire plus l'industrie moderne progresse, et plus le travail des hommes est supplanté par celui des femmes et des enfants. Les distinctions d'âge et de sexe n'ont plus d'importance sociale pour la classe ouvrière. Il n'y a plus que des instruments de travail, dont le coût varie suivant l'âge et le sexe ». Le travail (= torture) devient donc au cœur de la révolution industrielle une prostitution généralisée aux hommes et aux enfants ; nos chers maîtres anti-bourrage de crâne auraient pu ajouter à l’époque, « et aux diverses races exploitées », mais ils les comprenaient déjà en en référant aux prolétaires du monde entier. Prémonitoire ! De vulgaires « instruments de travail », ces « choses » ouvrières ne peuvent prétendre à la jouissance, fusse-t-elle tarifée ![1]
La loi pour pénaliser les clients des prostituées n’est pas étonnante de la part des élites jouisseuses, vénales, féministes et moralisatrices qui gouvernent le pays et enfument la lutte des classes. Ce sexuellement correct est très proudhonien (réac) comme vous le découvrirez certainement plus loin. Elle s’inscrit dans le traditionnel accaparement des corps, et du corps intime, par l’Etat bourgeois succédant à la calotte à l’orée du XXe siècle, comme Freud l’avait remarqué. Et surtout la morale d’Etat est annexion totalitaire du corps du prolétaire. Car les clients du bordel, s’ils appartiennent à toutes les couches sociales, sont certes avant tout majoritairement issus des classes pauvres et surtout du prolétariat immigré. Il ne suffit plus de les domestiquer dans la décadence et crise capitaliste encore faut-il pouvoir les humilier complètement en les confinant à la masturbation à condition d’acquitter la taxe d’internet. Le clan sarkozien humiliait les chômeurs quand le clan de Hollande a décidé d’humilier les travailleurs immigrés avec le cortège habituel des laids, des vieux, des sans-papiers, en leur faisant payer au prix fort des besoins jugés irrecevables par les dames journalistes baisées par leurs politiciens. Le mépris aristocratique des « bas besoins » du peuple fait toujours florès. De partout les féministes bobos frigides incitent « nos mâles » à aller « régler leurs problèmes de testostérone en Allemagne »[2]. Demain leurs successeurs déferont cette loi imbécile.
La fraîche loi prohibitionniste rappelle les époques les plus lointaines de l’obscurantisme, émanant des think tanks de la cervelle abstraite de bourgeoises et bourgeois immobilièrement et sexuellement repus, avec la prétention de :
-          Moraliser le client (surtout s’il ne sait ni lire ni s’exprimer): contravention de 1500 euros, doublée en cas de récidive (etc. si mineure dans les parages, banco)[3].
-           Créer une contravention de 5e catégorie (amende de 1.500 euros) pour les clients (surtout prolétaires immigrés pue-la-sueur) ayant recours à la prostitution d'une personne majeure. L'amende sera doublée en cas de récidive.
-           « sensibiliser » les (pervers) clients pendant six mois avant application d’une bonne dose de campagne idéologique (morale d’Etat garantie).
-          créer un stage de sensibilisation à « l'achat d'actes sexuels »[4] comme pour le permis de conduire, payé par le client puni (pourra-t-il récupérer ses points de vertu ?)
-          De supprimer le délit de racolage public (recette sarkozienne), qui punissait les « travailleuses du sexe », ce qui signifie qu’elles pourront recommencer à racoler, même en mettant en danger leur lient….(Créé en 2003, ce délit était passible de deux mois d'emprisonnement et de 3.750 euros d'amende)[5].
-           Promesses de redonner un emploi de femme de ménage à toutes les prostituées volontaires pour « changer de métier ».
-          D’ autoriser provisoirement le séjour in France six mois (et droit au travail) pour les prostituées étrangères sans qu'elles soient obligées de dénoncer leur réseaux (poil au dos, lire la clause suivante qui l’annule).
-           De Renouveler, jusqu'à la fin de la procédure judiciaire, le titre de séjour délivré pour les personnes prostituées qui témoignent ou portent plainte contre leur réseau de proxénétisme.
-          D’octroyer  un soutien financier temporaire, l'allocation temporaire d'attente, pour les prostituées étrangères qui s'engagent dans un parcours de sortie (mon œil !).

2.      L’OUVRIERE, LA PUTAIN ET LE PURITANISME DE HOLLANDE

Au mitan du dix-neuvième siècle l’ouvrière est généralement considérée, surtout si elle est « femme isolée », comme prostituée potentielle[6], mais pas encore comme « proie à immigré » 150 ans plus tard sous François 2.
Villermé décrit ce qu'on appelle le « cinquième quart de journée » à Reims et qui est devenu courant. Beaucoup de filles et de jeunes femmes des manufactures abandonnent souvent l'atelier dès six heures du soir, au lieu de sortir à huit heures, et vont parcourir les rues, dans l'espoir de rencontrer quelque étranger qu'elles provoquent avec une sorte d'embarras timide.
N'oublions pas enfin les droits que s'arrogent parfois des employeurs et des contremaîtres sans scrupule. Il faut céder ou accepter le renvoi... La mortalité dans la classe ouvrière est sensiblement plus précoce que dans la classe bourgeoise, pourquoi ne pas « prendre du bon temps » surtout lorsqu’il est bref La prostitution permet de tenir en période de grèves ou de marasme industriel. Cette prostitution ouvrière clandestine, souvent occasionnelle, échappe au contrôle des pandores de l’Etat. Il est plus rentable de vendre ses charmes que de travailler en usine… comme de nos jours. De toute façon les femmes étaient par définition des travailleurs inférieurs, même pour les ouvriers eux-mêmes. La putain ouvrière est forcément une exclue de la norme maritale, lieu naturel de régulation de la moralité :
« Le terme qui servait à désigner les ouvrières sans soutien familial était ambigu. Sous ce régime qui réglementait la prostitution, l’expression « femmes isolées » était l’appellation des prostituées clandestines celles qui n’étaient pas inscrites sur le registre de l’une des maisons où ce commerce était autorisé. Dans les enquêtes sur les ouvriers, par exemple dans la « Statistique de l’industrie » préparée par la Chambre de commerce de Paris en 1848, « femmes isolées » désignait des femmes salariées (habituellement des couturières) qui vivaient seules dans une chambre meublée où elles cousaient pour la confection des vêtements rémunérés à la pièce. L’utilisation des mêmes mots dans les deux cas n’avait rien d’accidentel. Depuis l’importante enquête de Parent-Duchâtel sur la prostitution en 1836, il était admis que les prostituées occasionnelles se recrutaient parmi les ouvrières : « De toutes les causes de la prostitution, particulièrement à Paris, et probablement dans les autres grandes villes, il n’est pas de plus active que le défaut de travail et la misère, suite inévitable des salaires insuffisants que gagnent nos couturières, nos lingères, nos ravaudeuses et en général toutes celles qui s’occupent de l’aiguille ». L’analyse de Parent comportait des explications qui n’étaient pas directement liées aux salaires ou aux conditions de travail. Il était d’avis que, en plus de la pauvreté, « la vanité, et le désir de briller sous des habits somptueux avec la paresse, est une des causes les plus actives de la prostitution, particulièrement à Paris ». Le goût du luxe assez répandu chez les prolétaires qui en ont marre de « se priver ».
C’est le mouvement ouvrier socialiste organisé en partis qui, avec Marx et Engels (mais totalement contre l’idiot sexiste Proudhon) souligne historiquement que la vente de la force de travail n’était guère différente de la vente du corps féminin, que l’exploitation économique et l’exploitation sexuelle étaient de même nature, avec cet aspect dérangeant que les hommes ouvriers – au bordel – font partie des exploiteurs…
Avec l’avènement des machines et la simplification de leur utilisation sur le poste de travail la division sexuelle du travail est laminée. Les ouvriers et Eric Zemmour protestent contre cette fin de la ségrégation sexuelle qui rend les femmes concurrentes et « féminise » la société. La large reconnaissance faite à la femme en usine, non plus comme putain mais comme maman, est gage d’une classe ouvrière docile, comme de nos jours sous la Hollandocratie l’obtention des papiers d’identité nationale (après un parcours de combattant au pied des préfectures bureaucratiques) est gage de reconnaissance par l’heureux travailleur immigré rebaptisé. Mais les sociologues d’époque comme Julie Daubié et Jules Simon sont désolés de constater que « sous le rapport sanitaire » la position des ouvrières « est beaucoup plus déplorable que celle des prostituées »[7]

HOLLANDE, ONFRAY, SORAL MEME COMBAT

Un conseiller de Hollande au 19e siècle explique comment il faut éviter aux femmes de devenir des putains : Proudhon. Proudhon hait autant les grèves que les femmes. Il faut lire comment Daniel Guérin se moque de ce cocu et homosexuel refoulé ("Proudhon un refoulé sexuel") : « Proudhon n'est pas tendre pour le sexe faible. Il ne trouve pas de mots assez dégradants pour stigmatiser la femme que l'amour possède. Elle jappe, elle redevient une bête, une folle, une catin, une guenon, elle est atteinte de luxure inextinguible, elle est un puits de coquinerie. « La femme sollicite, agace, provoque l'homme ; elle le dégoûte et l'embête encore, encore, encore ! ». Pour Proudhon, la femme est une créature inférieure, « subalterne ». Elle ne sera jamais un «esprit fort ». Il nie radicalement le génie féminin. « Une femme ne peut plus faire d'enfants quand son esprit, son imagination et son cœur se préoccupent des choses de la politique, de la société et de la littérature. » Sa vraie vocation est le ménage : « Nous autres hommes, nous trouvons qu'une femme en sait assez quand elle raccommode nos chemises et nous fait des biftecks ». Accorder à la femme le droit de vote serait « porter atteinte à la pudeur familiale » et Proudhon, qui a fini par prendre pour épouse une ménagère, profère cette risible menace : «Le jour où le législateur accordera aux femmes le droit de suffrage sera le jour de mon divorce ». Proudhon n'hésite donc pas à appeler le législateur, le gendarme, le juge à la rescousse. Qu'on interdise le divorce, qu'on assimile la sodomie au viol et qu'on la punisse de vingt ans de réclusion. Mieux encore, qu'on déclare légalement excusable le meurtre, par le premier venu, d'un « sodomite » pris en flagrant délit. Proudhon songe sérieusement à adresser une dénonciation au procureur général afin de faire poursuivre pour « immoralité » l'école phalanstérienne : « Désormais, triomphe-t-il, on est en droit de dire aux fouriéristes : vous êtes des pédérastes (...) S'il est démontré que le fouriérisme est immoral, il faut les interdire (...) Ce ne sera pas de la persécution, ce sera de la légitime défense ». Proudhon prône, pour en finir avec la luxure, le plus implacable des eugénismes : « Il faut exterminer toutes les mauvaises natures et renouveler le sexe, par l'élimination des sujets vicieux, comme les Anglais refont une race de bœufs, de moutons et de porcs ». Le socialisme, tel qu'il le conçoit, emploiera les grands moyens. Le tort du christianisme n'est pas, selon lui, d'avoir voulu condamner tout rapport sexuel hors légitime mariage, mais de n'avoir pas su le faire. La Révolution, elle, le fera. Nous voici prévenus : « Tout se prépare pour des mœurs sévères. » Dans la société future, « une guerre perpétuelle » sera faite « aux appétits érotiques », « une guerre de plus en plus heureuse ». On saura bien nous inculquer « le dégoût de la chair ». Ainsi, pour éteindre « le feu du sang » qui le consume, Proudhon, anarchiste en matière d'organisation sociale, tombe dans le plus autoritaire des puritanismes ».
C’est le même puritanisme donc chez Hollande et son clan de politiciens rose-verts. Mais plus étonnant encore Hollande se retrouve en compagnie d’Alain Soral et de M.Onfray ! 

Soral défend aussi drastiquement le mariage en position du missionnaire que Hollande et ses amis défendent le mariage pour tous les chiens et chats. Soral qui assure que le capitalisme a besoin de la « pensée libertaire » (come lui) ne sait pas qu’il est dans le même bateau que les libertaires camusiens nihilistes à la M.Onfray, lesquels ont autant besoin du réac Nietzsche que du réac Proudhon pour trouver des failles dans l’horrible pensée marxiste. Onfray a salué la parution d’un dictionnaire Proudhon « fort opportunément pour montrer qu’il existe une gauche libertaire n’ayant rien à voir avec la gauche autoritaire des marxistes nourries de nostalgie bolchevique ». Mais hélas, au vu des inepties et conneries politiques de Proudhon, il doit réfréner son envie de le placer au Panthéon des grands de l’anarchisme, alors il tente de sauver cette nullité politique en reprochant à Marx d’avoir mis les rieurs de son côté : « Le proudhonisme est un pragmatisme, autrement dit, le contraire d'un idéalisme. D'où ses propositions concrètes et détaillées : la fédération, la mutualisation, la coopération comme autant de leviers pour réaliser la révolution ici et maintenant, sans qu'une seule goutte de sang soit versée...(hé hé) Proudhon ne pense pas le réel à partir de catégories philosophiques idéales, mais à partir du réel le plus concret.  Ce droit d'inventaire effectué, et il est terrible, mais nécessaire, reste un philosophe ayant pensé un socialisme libertaire (ultra réac, pré-facho et borné, ndt) que Marx et les siens ont critiqué, moqué, ridiculisé (songeons à Misère de la philosophie d'un Marx qui répond à la Philosophie de la misère de Proudhon et met les rieurs de son côté, mais au détriment des idées du philosophe français recouvertes par le sarcasme marxiste) ».
Merci au sarcasme marxiste d’avoir recouvert ce tas de merde ! Onfray mérite tout autant le sarcasme marxiste qu’il se retrouve en compagnie de l’autre fan de ce pauvre Proudhon : Soral. A. Soral vante sur sa tribune internet le dernier livre de Proudhon « La pornocratie », et d’appuyer ce besoin bourgeois normal du mariage « couple androgyne » bcbg[8] et l’apport du pape de la petite bourgeoisie  qui bredouillait:  «Nous vivons à une époque de décadence ». Aujourd’hui, savez-vous qui pose devant le peintre ? L’avarice, le jeu, l’orgueil, la luxure, la mollesse avide et désœuvrée, le parasitisme féroce, la prostitution… ». (…) « Nous avons à instruire le peuple, à lui donner (…) les vraies joies du travail. (…) Nous avons à refaire l’éducation des femmes et à leur inculquer les vérités suivantes : - l’ordre, et la propreté dans le ménage valent mieux qu’un salon garni de tableaux de maîtres. (…) La femme est artiste ; c’est justement pour cela que les fonctions du ménage lui ont été départies ».
Non au bordel, vive la femme de ménage éternelle !
Les fonctions du ménage  « départies » à nouveau, promises à quelques putes recyclées c’est l’engagement du président normal dans sa courageuse lutte contre « les réseaux » !

3.      LES PUTES VICTIMES OU PROFESSIONNELLES CONTRARIEES DANS LA CRISE CAPITALISTE ?

Le nec plus ultra de la gauche frigide au pouvoir est de faire passer les putes pour des victimes. Tout est relatif cependant dans les salons des ministres bourgeois. D’aucuns n’ignorent point que lors de leur juvénilité boutonneuse et lycéenne , traiter une condisciple de pute parce qu’elle avait refusé d’aller « plus loin » n’était que dépit suite à un « rateau ». Toutes les putes ne sont pas des putes de même niveau ni spécialement victimes. Ma mère me dit un jour « plutôt que recommencer ma vie à faire la femme de ménage, je ferai pute » ; ou une autre fois, apercevant une prostituée avec son sac à main elle lançait :  « encore une qu’a pas voulu travailler à l’école ! ». Pour la génération de l’après-guerre, les putes installées étaient simplement des femmes qui avaient généralement choisi un « métier » qui rapportait plus que celui, minable, d’ouvrière d’usine ou d’employée de bureau poussiéreuse. Traditionnellement la pute, courtisane de l’Antiquité, comme péripatéticienne aux Champs Elysées se caractérise par son goût du luxe ; elle cache à son ou à ses enfants son drôle de « métier » en les élevant avec toutes les gâteries nécessaires afin qu’ils « montent » dans la société. La pute traditionnelle est peut-être une « travailleuse du sexe », comme disent ses amis libertaires, mais elle n’est plus une prolétaire. Son « métier » relève tout au plus de l’artisanat individuel ou de la TPE (très petite entreprise avec patron mac). D’une certaine manière elle est femme émancipée du mariage et de la position du missionnaire. Elle est une petite bourgeoise arriviste. Elle n’est pas toujours perdante et ouvre un bistrot avec ses économies en fin de carrière.
Avec la crise mondiale de la  fin des années 1960 jusqu’à nos jours, la prostitution a cependant globalement changé de nature. Elle n’est plus du domaine artisanal et fonctionnel – réservoir pour les moches et les obsédés, utile à la limitation des viols – mais du domaine industriel. De plus la prostitution s’est colorée. Sur le trottoir s’alignent de pauvres filles d’Afrique, d’Asie et d’Europe de l’Est, souvent grosses et pas très belles. L’envie d’aller au bordel a du coup pâli pour le « petit blanc européen »: peur du sida, répulsion raciale, allergie à la capote, ou même pour nombre d’hommes simplement refus de profiter de la misère vraiment « noire » à notre époque et à faire se retourner dans son caveau Villermé.
Après avoir parcouru les divers avis des uns et des autres, des sites officiels et des blogs de particuliers, je constate que c’est le site de Lutte Ouvrière qui met le doigt sur le principal scandale de la loi de la Hollandocratie pour punir les « usagers » : « 90% des personnes se prostituant dans la rue, presque exclusivement des femmes, sont étrangères et la plupart sont sous l’emprise de réseaux de traite et de proxénétisme (…) Ces réseaux, qui se sont renforcés d’abord dans les pays de l’Est dans les années 1990, orchestrent maintenant dans de nombreux pays la traite d’êtres humains (…) Il faut y ajouter la vulnérabilité liée au manque de connaissance de la langue et des droits élémentaires. Enfin, la précarité liée à l’absence de titre de séjour est une arme entre les mains des proxénètes. (…) les solutions d’hébergement sont insuffisantes » (Marion AJAR)[9]. Parce que l’Etat pourrait faire mieux avec Arlette présidente ?
La prostitution généralisée a été de pair avec la crise de l’immigration, à la fois incontrôlable sous le flux de la misère croissante des pays du « Sud » et de l’Est, et de plus en plus envahissante, donc visible… donc répréhensible pour un électorat qui donne des ulcères antifascistes aux gouvernants. Les vagues d’immigration d’avant-guerre, polonaise, espagnole ou italienne étaient déjà accompagnées du curé du village, du proxénète et de ses collaboratrices… Mais cela était artisanal et consensuel comparé à maintenant. Le capitalisme ne peut plus prospérer que par magouilles bancaires, trafic des drogues et de plus en plus trafic des êtres humains, des enfants. Ce n’est pas tant la question de la victimisation des putes en général qui est la réalité ignoble que le fonctionnement mafieux du capitalisme dans tous les domaines.

4.      CONSTANTES DE LA PROSTITUTION

Le corps comme objet d’achat n’est pas nouveau. De l’esclavage antique à la vente d’un rein ou d’une valseuse le corps humain a toujours été plus ou moins monnayé. Il l’est toujours en amour comme en amitié. On jauge de la tête au pied celui ou celle qu’on approche. Celle-là a plus de valeur parce qu’elle est grande et belle. Celui-là compense sa petite taille par une belle vivacité d’esprit, etc. L’amour le plus pur n’est souvent que vénaux calculs comme en témoignent cinématographie et pipoles exhibitionnistes. L’exemple vient toujours d’en haut !
La cause de la prostitution reste toujours d’abord économique et pas une question de femme en soi ni de réelle jouissance… Qui aime jouir en dépendant de l’argent ? La libido est une activité naturelle immémoriale… qui ne s’achète pas.
La classe bourgeoise a toujours pris soin de ses bordels de luxe. Pourquoi personne ne parle-t-il des « collaboratrices » attitrées au parlement européen ? Parce qu’il n’en sourd rien pour troubler « l’achat sexuel » des « élus » de la jouissance républicaine, avec viagra gratos SVP ! Qui est vraiment « la pute » : celle qui est exposée sur le trottoir aux humiliations et violences ou la secrétaire de direction qui couche avec le patron et « vend » ses collègues ? Le syndicaliste qui se couche sur les intérêts des « salariés » ? Les femmes journalistes qui couchent avec députés et ministres ?

Comment devient-on prostituée ? Pas toujours à la suite du viol de tonton ou des attouchements de papa dans la petite enfance, ni suite aux coups de Julot casse-croûte. De témoignages recueillis personnellement à tel film de Pasolini, l’argent peut être la motivation perverse principale. Avec les risques du métier. Après un licenciement. Après un divorce. Après avoir fui la misère d’un pays arriéré…
Par contre l’Etat Mac est inconstant, aléatoire. Il ne voit rien à redire aux maisons closes des années 1930[10], pendant la période de l’avant-guerre et des soubresauts d’une révolution prolétarienne en Europe ; ne faut-il pas s’abstenir de contrarier les « bas instincts » du prolétariat ? A partir de la libération de la Normandie où le soldat US se livre à de nombreux viols, il est prudent de généraliser les bordels « de campagne » prophylactiques, comme ce sera le cas aussi pour le contingent en Algérie quelques années à peine après. En 1947 avec la dame patronnesse Marthe Richard, la fermeture des maisons closes est présentée par la SFIO et le parti de Thorez comme une « révolution » : faut oublier le plaisir et ne plus penser qu’au travail pour reconstruire le pays ; retour au travail, famille, patrie néo-pétainiste et à la position réglementaire du missionnaire, voire de l’Andromaque à l’occasion de la mort de Staline ! Après l’ébranlement de mai 68, on peut vivre « la révolution sexuelle » « sans temps morts » pour oublier une dangereuse confrontation des classes, même si le très pudibond maire de Tours Jean Foyer,  précurseur des Hollande Clémentine Autain et Morano, doit subir l’action « syndicale » des putes qui parodient désormais les manifs gauchistes.
De Marthe Richard à Hollande, de César à Rosalie la féministe, jamais personne n’a réussi à mettre fin à la prostitution. Non pas qu’il faille la conserver ad eternam mais parce qu’elle est toujours intrinsèque à la société de classes, au fric et aux inégalités sexuelles, et au mépris de la bourgeoisie pour les besoins sexuels des prolétaires. Ainsi nos dames patronnesses d’un gouvernement de nains bourgeois prétendent botter en touche leur parrainage de l’exploitation industrielle et normaliser par la répression financière la misère sexuelle des masses. Ces politiciens repus, à la vie sexuelle équilibrée se lamentent tous en faveur de l’abolitionnisme à échéance toujours repoussée. Le pauvre PCF a soutenu un appel de « 1000 jeunes » ficelé par l’appareil dont la radicalité[11] s’est lamentablement échouée sous les pieds des parlementaires qui s’étaient déjà cirés les chaussures. La loi anti-client de la prostitution se mord la queue en dépénalisant à nouveau le racolage passif. Sur de telles questions, ce gouvernement de nains et d’affidés de la boutique à parlottes  disent tout et le contraire de tout et finissent pas se tirer eux-mêmes une balle dans le pied. L’Etat nounou va envoyer au chômage des « travailleuses du sexe » (mais elles se rattraperont au noir) et s’étant engagé « à obtenir réparation des dommages », comment va-t-il évaluer la valeur des passes non réalisées ?

A quand l’abolition de la prostitution du mariage ?[12]

MAINTENANT LISEZ CET ETONNANT TEXTE DE 1931

Les Éléments de la Prostitution dans le Mariage (1931)
Avoir un homme ou une femme à soi, en toute propriété, c'est cela le mariage ; et on considère cela comme respectable. Coucher avec l'homme ou la femme d'autrui est appelé adultère et considéré comme criminel. Se servir d'une femme qui se donne à plusieurs hommes pour de l'argent est pire que l'adultère ou le crime, mais résulte d'un commerce patenté et autorisé. De même est patenté et autorisé le mariage comme respectable.
Quelle est, après tout, la différence entre le mariage et la prostitution ? La prostitution est l'utilisation publique d'un certain corps alors que le mariage est le monopole privé d'un certain corps. Pour le reste, nous allons voir que les mêmes éléments sont à l'œuvre dans la prostitution comme dans le mariage.
Tout homme peut posséder une femme en toute propriété et garder « son amour » tant qu'il a l'argent nécessaire pour entretenir son corps. « Quand la pauvreté entre par la porte, l'amour sort par la fenêtre » est un proverbe très familier chez nous. Quand l'amour et la misère sont forcés de cohabiter, les querelles prennent la plus grande partie du temps qu'on vit ensemble. « Quand il n'y a plus de foin au râtelier, les animaux se battent ». L'argent détermine la longueur et l'intensité de ce qui passe ordinairement pour être de l'amour.
Dans l'état de prostitution, une femme passe un contrat volontaire pour peu de temps avec un homme, puis, les clauses du contrat exécutées, « transfère » son affection et son contrat à un autre homme, dés lors qu'il est prêt à verser 1a somme requise. Lorsqu'une prostituée trouve un homme disposé à l'entretenir continuellement, ses difficultés sont finies. Une prostituée est semblable à l'ouvrier payé à l'heure ou à la pièce et qu'on remercie, sa tâche achevée. Dans l'état de mariage, une femme passe généralement contrat avec un homme – pour aussi longtemps qu'elle le désire ou qu'elle est attachée à lui ou qu'il l'entretient. Le mariage est un contrat indéfini qui peut, à un moment donné, être résilié définitivement. La femme peut aimer l'homme, l'homme peut aimer la femme – ils peuvent s'aimer mutuellement – mais c'est le droit à la possession exclusive du corps qui fait durer le mariage plus longtemps que la prostitution.
On peut objecter que, dans le mariage, la femme choisit son amant habituel, ce qui n'existe pas dans la prostitution. La femme qui choisit son amant permanent peut très bien ne pas être guidée par l'amour ; ayant choisi une fois pour toutes, elle ne peut pas se dédire facilement. C'est comme l'ouvrier qui choisit son patron, contracte un engagement – l'ouvrier sachant qu'il ne manquera pas de travail tout le temps que durera le contrat et le patron sachant qu'il obtiendra un meilleur rendement, de cette façon, que s'il changeait fréquemment d'ouvrier. La femme choisit son mari parmi plusieurs prétendants comme cet ouvrier choisit son patron parmi plusieurs exploiteurs. Très souvent sa femme ou l'homme qui cherche à se marier n'épouse pas du tout le partenaire qui lui conviendrait – tantôt pour raisons économiques, tantôt pour motifs d'ordre social. Même lorsqu'il ou elle a choisi ce qu'il y avait de mieux, le mari ou la femme doit supporter les défauts de son conjoint, jusqu’à ce qu'ils se séparent. La question de l'amour passe alors au second plan. C'est le support des défauts mutuels qui occupe la première place. Ce support mutuel des imperfections des conjoints est ce qui porte le plus de tort à « l'amour conjugal ».
Y a t-il quelque chose de pire dans la prostitution ? La prostituée peut, elle aussi, choisir un client parmi plusieurs qui la sollicitent, et elle ne le supporte que pendant le temps prescrit par le contrat : moments, une heure, une nuit. Elle peut même aimer son amant de passage, le recevoir sans pour cela être obligée de cohabiter avec lui. La prostitution, sous ce rapport, est supérieure au mariage.
C'est surtout dans l'art d'aimer qu'il n'y a pas de différence entre le mariage et la prostitution. Dans les deux états, la femme doit être désirable. Elle doit avoir tel air, s'habiller de telle façon, se conduire de telle manière. Pour attirer, charmer l'homme, il lui faut ne pas dépasser telle taille, tel poids ou vice-versa ; elle doit posséder «  la ligne » à la mode ; user de coquetterie, s'offrir, se refuser, fleureter, etc.
C'est un jeu qu'elle a appris à mener dés son enfance. Il n'y a pratiquement aucune différence dans la façon dont s'y prend une « honnête » fille pour « gagner » un mari et, une prostituée pour « faire » un client.
Dans le mariage, la femme doit même apporter de l'argent, sinon un trousseau. L'amant trouve en effet, que sans dot, une femme coûte cher à habiller.
Il est très difficile de savoir si c'est pour imiter leurs sœurs respectables que les prostituées se vêtent luxueusement ou si c'est pour imiter leurs sœurs prostituées que les femmes honnêtes font de la toilette. Quoi qu'il en soit, les magasins de nouveauté fournissent les mêmes vêtements aux unes et aux autres et ce sont très souvent les prostituées qui déterminent la mode – mode qui doit en premier lieu plaire aux hommes qui les entretiennent.
La jeune fille en quête d'époux – la future maîtresse de maison – doit, pour gagner un mari, se rendre plaisante, agréable à tous les hommes. Si elle ne l'est pas naturellement, elle doit avoir recours à des artifices. Chez elle, une femme peut être aussi insignifiante et laide qu'il est possible d'imaginer ; à l'extérieur, il faut qu'elle brille et plaise. Tout futur époux se pose donc cette question : « combien cela me coûtera-t-il pour que ma future épouse brille et plaise en société ? ». Toute future épouse se demande quelles ressources possède son prétendant pour lui permettre de briller et plaire en société. Un train de maison luxueux, une situation solide, des « espérances » sont des éléments de séduction incontestables. – Le prix d'une prostituée ne dépend-il pas lui aussi de son train de maison, de sa situation ?
Les femmes honnêtes apprennent rapidement quelles toilettes plaisent, aux hommes et à tout ce que la perversité d'esprits oisifs peut inventer sous ce rapport, elles se soumettent facilement. Si elle parviennent à triompher des prostituées pauvres, c'est simplement parce qu'elles sont entretenues par un homme et que le contrat qui les lie à cet homme est plus difficile à rompre que l'engagement qui lie à la prostituée ou femme entretenue son amant de passage ou son entreteneur. L'art de la prostitution est un art de théâtre, que les dames respectables pratiquent avec assiduité ; en régime capitaliste, on appelle cela de la « culture ».
La prostituée n'a pas honte de coucher avec l'homme qui l'a engagée. La femme honnête est même orgueilleuse de montrer qu'elle accomplit l'acte sexuel, dans des conditions qui, de méprisable, l'ont sanctifié ou légalisé ; non pas, remarquez-le, pour le plaisir qu'elle en retirera. Au Japon, les prostituées encagées doivent accomplir la cérémonie nuptiale avant de coucher avec chacun de leurs clients ; je trouve cela plus logique, plus romantique. En Perse, (j'ignore si ce système a survécu à la modernisation d'après-guerre) tout homme pouvait se marier, en accomplissant la cérémonie requise, pour l'espace d'une semaine, d'un mois, selon les termes d'un contrat expressément établi. Dans l'Inde, le mariage était un contrat monogamique (tout au moins pour la femme) qui durait non seulement toute la vie du mari, mais que la mort de celui-ci ne résiliait pas ; l'amour n'y tenait aucune place ; c'est le sort (calculs astrologiques) qui décidait de l'union. C'était la cérémonie nuptiale qui constituait l'acte essentiel ; venait ensuite la procréation des enfants. Mourir sans enfants déconsidérait la femme ; mourir sans s'être mariée était considéré comme un péché.
Le mariage et la prostitution sont deux termes d'une même opération, qu'il s'agisse de l'Europe où de l'Asie. Le mariage est de la prostitution prolongée, la prostitution est un mariage temporaire.
L'amour – c'est-à-dire la consommation de l'acte sexuel pour le plaisir qu'il procure – ne compte que rarement dans le mariage. Le sexe est affaire de possession, propriété privée, et le propriétaire des organes sexuels n'est pas libre de s'en servir quand il le désire et de la façon dont il le désire. Il ne s'agit plus d'une coopération mutuelle, volontaire, visant à l'accomplissement d'une fonction vitale ou à la recherche d'un plaisir partagé ; mais d'une affaire offrant plus ou moins de profit matériel, d'une entreprise vénale, ce qui est justement la caractéristique de la prostitution.
M. Acharya  L'En-Dehors °202-203, 15 mars 1931 source  : Le Grenier des Insoumis



J'ai déjà rapporté, dans Arcadie (1), que Proudhon, sans d'ailleurs avancer de preuves, soupçonnait Charles Fourier, le grand utopiste du début du XIXe siècle, d'avoir, entre autres, « sanctifié » l'amour « unisexuel ». Mais je manquais alors de matériaux pour établir le bien-fondé de cette suspicion. Un éditeur avisé vient de combler la lacune en publiant un important inédit de Fourier : Le Nouveau monde amoureux (2). Les phalanstériens (3), ses disciples, s'étaient gardés de livrer à l'impression un livre aussi osé et en avance sur son temps. On y trouve la confirmation que l'érotisme est une des clés de l'anticipation fouriériste. L'amour est au centre de la société future décrite sous le nom d'Harmonie. Mais dans les autres traités il fallait le lire entre les lignes ou se contenter d'allusions éparses. Avec cet inédit, tout devient clair. Plus encore qu'un réformateur social, Fourier est un sexologue avant la lettre. Il enquête à la manière de Kinsey. Il reproche aux moralistes de n'avoir pas procédé à l'analyse systématique et au classement de chaque « vice ». Et il ajoute : « Ce tableau ferait sentir la nécessité de faire en amour comme en toutes passions la part du feu ». C'est après avoir interrogé « les femmes qui ont eu beaucoup d'amants et les hommes qui ont eu beaucoup de maîtresses » qu'il a appris « par leurs récits que les manies sont variées à l'infini ». Quelques années avant Stendhal (4), il ose analyser le fiasco qu'il nomme « échec matériel » et il attribue cette défaillance masculine à un phénomène de « profanation sentimentale ». Pour s'excuser d'aborder des sujets aussi scabreux, il observe : « Ce livre est comparable à ceux qu'on réserve aux médecins et aux confesseurs et qui doivent traiter de matières interdites à d'autres ouvrages. » L'étude des passions que Fourier entreprend est « vraiment la région des ténèbres ». « Nous sommes en étude passionnelle des commençants ». Il s'indigne de « la profonde ignorance des savants sur tout le passionnel ». Les philosophes veulent diriger les passions « sans avoir la moindre connaissance du mécanisme que leur assigne la nature ». Depuis trois mille ans, on n'a proféré à leur sujet que des « sornettes éloquentes ». Fourier a une certaine intuition de la société primitive. Les passions, selon lui, y « étaient plus violentes qu'elles ne le sont aujourd'hui. Les hommes n'avaient rien de cette simplicité pastorale qui n'exista jamais que dans les écrits des poètes. Ils étaient fiers, sensuels, esclaves de leurs fantaisies, exempts de préjugés ». Ils « ne songèrent nullement à déclarer crime la liberté amoureuse ». Ils s'adonnaient « aux orgies, aux incestes et aux coutumes les plus lubriques ». Garçons et filles pratiquaient « une galanterie de genre collectif ». « On a retrouvé quelques vestiges de liberté amoureuse, simple et brute, à Tahiti ». Il fallut « bien du temps pour faire naître les circonstances qui obligèrent à restreindre la liberté amoureuse » et apparaître des « règlements coercitifs de l'amour ». Comme le confirmera, de notre temps, Wilhelm Reich, l'origine de ces interdictions remonte à « l'établissement du patriarcat, ou despotisme masculin », « un ordre dans lequel chaque père devient un satrape, qui exerce sur sa famille la tyrannie la plus révoltante ». En dépit de l'avènement de l'état de choses actuel que Fourier dénomme, péjorativement, « Civilisation », la nature, bien que réprimée de toutes les façons, conserve, dans une certaine mesure, ses droits. La polygamie, « quoique gênée et secrète, est déjà si générale parmi toute la jeunesse ». « Chez nous, où le sérail et la polygamie sont défendus, que fait la jeunesse masculine ? Elle sait se créer des sérails secrets, voltiger de belle en belle ». Chaque homme aimerait avoir un millier de femmes et chaque femme « voudrait pareil assortiment d'hommes ». Les parties carrées préfigurent les croisements collectifs, les « quadrilles » de la future société d'Harmonie. C'est ainsi que Fourier donne en exemple une association de Moscovites, qui s'intitulait « club physique » et dont les membres, après s'être dévêtus dans un cabinet, entraient dans une salle obscure « où chacun palpait, fourrageait, opérait au hasard sans savoir à qui il avait à faire ». Cette invention d'une séance obscure était aux yeux de Fourier une « très belle idée », car elle conciliait « le penchant naturel à l'orgie avec l'obstacle qu'opposent les défiances et jalousies civilisées». Arcadie n°168 et n°169, Daniel Guérin, décembre 1967 et janvier 1968
Et l’article de Guérin – Proudhon refoulé sexuel – se trouve sur ce site : CULTURE ET QUESTIONS QUI FONT DEBATS
 





[1] Freud observait  que la religion fût et est un des moyens dont disposait la société pour contraindre les hommes à des renoncements aux satisfactions pulsionnelles ; la répression libidinale de l’abbé Hollande est un apport incontestable à la civilisation des bobos et de leurs clubs libertins privés ! Les toubibs modernes remplacent les curés en exigeant le port de la capote en cas d’infection des mariés.
[2] L’hypocrisie du sexuellement correct gouvernemental atteint des sommets de religiosité disons christiano-musulmaniaque – il n’est pas étonnant que Mlle Belkacem mène le bal – en argumentant ainsi : « 99% des acheteurs sexuels sont des hommes (ouah la trouvaille !). On nous parle de prétendus « besoins sexuels irrépressibles » à assouvir, comme si nous étions au stade primaire de l’évolution de l’humanité. Peu importe si ces envies sont assouvies au détriment de vies humaines ? Il nous faudrait pour les envies de quelques-uns continuer de sacrifier la vie de certaines femmes (de référence les plus précaires) ? ».  Je vous laisse décortiquer alternance du mépris de la vie sexuelle des hommes immigrés et position noble d’intellectuelles de Saint Germain des Près qui se font sodomiser après chaque réunion ministérielle.
[3] L’Etat français sexuellement correct encourage le tourisme en Thaïlande comme il pille les matières premières d’Afrique. Et en plus il souhaite que les malheureuses putes d’icelle région ne soient pas « tarifées » mais demeurent honorables bonniches à Neuilly-Passy.
[4] Il n’est pas précisé si la réclame pour les voitures ou les petites culottes supprimera l’exhibition de mannequins licencieuses en tenue licencieuse sur le capot, ni si l’éducation sexuelle à l’école intègrera une explication sur la misère sexuelle et des inégalités sexuelles.
[5] Valls a fait savoir que les policiers n’étaient pas d’accord car cela leur enlève le pain de la bouche…
[6] Lire sur Persée l’excellentissime article de Joan W.Scott : « L’ouvrière, mot impie, sordide… Le discours de l’économie politique française sur les ouvrières, 1840-1860 ». cf. Columbia University Press 1988.
[7] Cf. Joan Scott, p. 13. Cela n’a pas change sous Hollande 1er, mais apparemment ce pingouin est plus soucieux de faire payer les clients des prostituées que les patrons qui licencient à tour de bras les ouvrières et les ouvriers ! Sans doute pour prouver qu’il est avant tout du côté de la morale hypocrite que du prolétariat jeté à la poubelle.
[8] Venant d’un coureur invétéré… Comme son maître Pétain  queutard incorrigible, pas croyant pour deux sous, vieux pervers jusqu’au bout (lire l’excellent bouquin du pote de Sarkozy P.Buissson : « 1940-1945 années érotiques » (ed de poche).
[9] Brièvement vendeur de journal de cette secte en 1970 j’étais choqué de m’entendre dire qu’un « militant révolutionnaire » ou un ouvrier ne devaient pas aller au bordel, sachant l’échangisme régnant chez ces cons de profs de secte. A dix sept ans j’avais été m’initier au sexe tarifé. Elle avait un corps magnifique de star. La prostituée avait ouvert de grands yeux lorsque je lui avais confié que je me masturbais. Il faut que tu cesses, c’est mauvais pour ta santé m’avait-elle objecté. Chacun défend son petit commerce.
[10] Elles avaient été créées au 19e siècle pour réglementer la « prostitution sauvage » et limiter les risques d’épidémie. La bonne bourgeoisie mâle prend soin de son sexe et ne fréquente que les maisons « de tolérance » de luxe certifiées « propres ».
[11] Cf. la terrible phrase « la prostitution est aujourd’hui la forme la plus brutale de la domination masculine » pour égayer leur « tour de France de l’abolition » et ridiculiser toute réflexion marxiste sur la nécessité de se tenir hors de tous ces petits arrangements contre la vérité.
[12] La vie sexuelle est vitale pour tout être humain. Il est évident que l’abolition de l’argent dans la société communiste peut seule abolir la prostitution. Il y a aussi toutes les inégalités et malformations dues à la nature et aux héritages génétiques. Seul Charles Fourrier a apporté un début de réponses, souvent pertinentes à ces difficiles questions, mais ce n’est pas l’objet de cet article concernant la morale conservatrice et pusillanime de la propagandastafel de la gauche bourgeoise, aussi impuissante qu’elle est ergoteuse.

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