PAGES PROLETARIENNES

jeudi 17 octobre 2013

EXPULSIONS BUREAUCRATIQUES : LE BOBOLAND EN EBULLITION




(De la niaiserie en milieu lycéen et des aigreurs du Boboland)

« Ayant soigné leur popularité et prenant soin avant chaque réunion de procéder à un exposé politique et revendicatif par un de leur prétendant au vedettariat, ils (les jeunes gauchistes) imposèrent l’état de fait à quelques lycéens parisiens encore peu conscients de ce qui se produisait. Bien entendu les CAL qui s’étaient formés ou se formaient spontanément en province étaient encore moins au courant de cette nomination honoraire et théorique. L’acte de naissance eut donc lieu devant trois ou quatre cent lycéens assemblés, sans que la masse lycéenne participante fut le moins du monde consultée ». (in de la brochure ‘De le misère en milieu lycéen’ parue en 1968, extrait de mon livre « Nous tous les lycéens »).


Curieusement le bourgeois journal Le Monde fait état de l’avis d’un certain Philippe Tournier, secrétaire général du SNPDEN, syndicat majoritaire des chefs d'établissement. Un mandarin installé qui s'insurge contre les blocages de lycées, qui ont eu lieu jeudi 17 octobre au matin pour protester contre les expulsions de Leonarda et de Khatchik. Le ponte réfute la rumeur de la non comptabilisation des absences. Le journaleux d’interroger le ponte sur la préservation des « mineurs lycéens » : La rumeur courait dans la manifestation parisienne que les absences ne seraient ni comptabilisées ni même relevées. Quelle est la pratique dans les lycées ?
Incontestablement la réponse du bureaucrate va alimenter gazettes gauchistes et leurs relais lycéens. Je rappelle, comme je l’ai souligné dans mon livre, que contrairement aux années 60 et 70 faire de la politique pour un jeune est considéré comme un viol de sa juvénile conscience et que par conséquent tout distributeur de tract aux portes des lycées peut avoir assez rapidement affaire aux vigiles ou aux cognes.

DEGRE ZERO DE LA CONSCIENCE POLITIQUE ?

« Les chefs d'établissement et leurs équipes feront comme d'ordinaire. Participer à une manifestation est un exercice de liberté individuelle mais si l'élève est mineur, les parents doivent être prévenus. Certains lycéens ne souhaitent justement pas que leurs parents le sachent... (les parents bourgeois évidemment, ndt). La multiplication des espaces numériques de travail (ENT) fait que les parents verront tout de suite l'absence de leur enfant à un cours. Le débat sur la justification d'une absence doit avoir lieu en famille. Les équipes de direction ont pour mission, elles, de faire respecter un règlement intérieur. Face à des blocages comme ceux qu'a connu l'est parisien jeudi, un chef d'établissement est assez démuni ? Les blocages de lycées sont une détestable habitude dans notre pays. Les premiers ont eu lieu lors du conflit sur le contrat première embauche (CPE), en 2006. Depuis ils continuent de s'imposer comme première forme d'action des lycéens alors que c'est réellement le degré zéro de la conscience politique. Il n'y a pas d'assemblée générale, pas de discussion ; les élèves empêchés d'accéder à leurs salles de cours rentrent chez eux ou restent dans les rues avec leurs copains ! Cela pose à mes yeux un vrai problème d'éthique ».
Commentaire de Luluc sur Le Monde : « Quelle suffisance dans ce commentaire tristement administratif d'un très louable mouvement de solidarité de nos lycéens face à d'inqualifiables atteintes aux droits de l'homme et singulièrement d'enfants scolarisés expulsés sans ménagement par un gouvernement dit de gauche appliquant de fait les directives xénophobes des Le Pen Hortefeux Guéant et autres Valls ou Chevènement ».
Ce commentateur est aussi niais que le bonze de l’Eduque naze. Nul citoyen sensé ne saurait reprocher à tous ces lycéens manifestants leur merveilleuse réaction de solidarité avec leurs congénères de classe (scolaire). Que les habituels arrivistes et apprentis gauchistes viennent « organiser » et flanquer les rangs des manifestants de banderoles débiles, personne ne peut l’empêcher non plus. Ni de considérer par delà les « antifas » et « antiracistes » imberbes que les manifs spontanées finissent par être téléguidées et vidées de leur dynamique de révolte.
A l’origine, les petits des clans gauchistes avaient dûment préparé des manifs pour le seul Khatchik, lycéen arménien salement expulsé alors qu’il se trouve considéré comme déserteur et a été jeté illico en prison en Arménie. C’est leur rôle d’assocs accessoires pour créditer le système régnant de la merveilleuse liberté de manifester dans les impasses urbaines et les entiers balisés qui éliminent toute réflexion de fond, mais octroient pour quelques heures la jouissance de se sentir nombreux à crier et danser dans la rue. L’affaire était déjà scandaleuse pour un pays qui se targue d’exciper l’exigence de « droits de l’homme » aux dictateurs féodaux d’Iran ou du Qatar. L’asile politique, face au risque de mort ou de torture pénitentiaire n’est pas négociable pour tout le mouvement ouvrier historique même si les ouvriers français restent spectateurs. Là-dessus est venue se greffer le cas de la petite kosovare (italo-kosovare en réalité) Leonarda, à cause de l’imbécilité bureaucratique d’un préfet. Les flics, exécutants dociles, sont eux-mêmes tombés dans le piège, quoiqu’ils aient plusieurs autres malversations à leur actif[1]comme moutons honteux.
Le degré zéro de la conscience politique s’est surtout immédiatement manifesté dans le Boboland : une partie de l’appareil gouvernemental (label gauche caviar) a protesté, l’ex-fils à papa étudiant, apparatchik confirmé du PS, Juliard a été autorisé à montrer sa fraise aux caméras. Les vuvuzelas gauchistes et anarchistes vont comme d’hab assurer la sono de la nouvelle campagne non pas pour la défense de pauvres enfants de prolétaires sans patrie ni logis, mais pour « les droits de l’homme », cette virtualité fumeuse et inconsistante du pouvoir régnant. La protestation légitime des lycéens en solidarité avec leur congénère est ainsi dévitalisée à la racine, mis à la remorque d’une hypocrisie classique des bateleurs de foire électorale.

La campagne idéologique est intéressante à un double titre :
-          Elle permet à la gauche binaire gouvernementale flanquée de ses opposants contestataires (mais intensément solidaire du combat viscéral contre le parti débile FN, représentant de Lucifer sur terre) d’exalter les « valeurs de gauche » : cet esprit bobo humanitaire qui ne coûte pas un rond et qui réconforte les pétitionnaires artistes et intellectuels sans rivage, où le summum du subversif réside dans des déclarations fracassantes qui ne changent jamais rien pour les victimes déshéritées. La politique bourgeoise est toujours perverse et à double sens : quand Valls est chargé de jouer le méchant, une armée de ses confrères se lamente, le cloue au pilori, et tourne la page au dîner suivant. Electoralement l’affaire est payante : le FN ferme sa gueule[2] et les électeurs des couches moyennes se rassurent en se disant que ses édiles protestent tout de même quand sous Guéant-Sarko la droite assumait cyniquement dernière le caïd à talonnettes.
-          Les pauvres lycéens ne sont nullement crédités d’une conscience « internationaliste » pubère mais déjà formatés à être de futurs électeurs des « valeurs de gauche », gauche laxiste avec sa théorie humanitaro-bourgeoise mais pas un poil marxiste. Les gauchistes ont là un excellent vivier pour recruter et empêcher de réfléchir aux vraies questions.
La focalisation sur la défense de ces deux malheureux lycéens, exemples d’intégration réussie, ou en voie de réussir, nullement « roms voleurs » ou « étrangers assassins », permet au Boboland de jouer aux redresseurs de torts. Par contre, le Boboland ne se MANIFESTE JAMAIS CONTRE LES EXPULSIONS QUOTIDIENNES DE FAMILLES SANS LOGIS ET SANS REVENUS. Le tumulte autour d’un ou deux cas ne dure qu’un dimanche les autres jours de la semaine le Boboland va au théâtre, discutaille dans ses diverses confréries et fait poser des caméras dans ses résidences secondaires.

UN PROBLEME COMPLEXE QUE L’ETAT BOURGEOIS NATIONAL NE PEUT RESOUDRE DANS LA DECADENCE CAPITALISTE GENERALISEE
La famille de la petite Léonarda avait demandé l’asile politique depuis 2011, celui-ci ayant été refusé, l’expulsion était inévitable. Mais contradiction et faille de la législation bourgeoise française, et surtout directive supranationale européenne : les enfants, même de famille sans papiers doivent être scolarisés. C’est un truc bien connu des réfugiés de jouer sur cette loi, comme de bénéficier des allocations familiales ; de plus si le père de famille est en prison pour vol ou acte de banditisme tout le temps qu’il restera en prison, sa femme et ses enfants sont pris en charge par l’Etat ! C’est également le cas pour les « gens du voyage » français les communes sont tenues de leur réserver un terrain pour leurs caravanes, peu importe s’ils ne peuvent pas payer et les aides européennes les concernant restent toujours un mirage, personne ne sachant pourquoi en définitive elles sont gelées… Il existe des solutions palliatives intermédiaires bien connues dans le cas des expulsions familiales, les familles d’accueil ; solution qui aurait pu être mise en place sans l’imbécilité du préfet pour la petite Léonarda, en demandant l’accord des parents[3].
Ces contradictions – secret de Polichinelle et attribuées aux « racistes » du FN - sont pain béni pour activer rancune et jalousie aux millions obligés de payer leur loyer et les taxes gouvernementales croissantes (et de fermer leur gueule quant à un éventuel questionnement sur le sujet) . La bourgeoisie fait payer sa crise aux prolétaires comme elle leur fait supporter la concurrence de la misère[4]. On ne sait pas généralement que les taux d’imposition locaux inflationnistes (par exemple à Boulogne sur mer 28%) concernent les villes à fort taux de chômage et d’assistés. Ainsi, sous les palabres d’estrade et les manifestations pour « les droits de l’homme » le gouvernement et son Boboland masquent leur responsabilité dans la gestion de la misère.

IL N’Y A PAS DE SOLUTION NATIONALE A LA MISERE DU MONDE

Evidemment la presse américaine, anglaise et allemande fait les gorges chaudes de « l’attitude honteuse » de la France[5]. TOUT CE QUI PEUT EMPECHER TOUTE REFLEXION PROLETARIENNE FACE A L’ANGELISME DES GOUVERNANTS est du petit lait pour ridiculiser l’Europe en général face à l’afflux des réfugiés. Les drames à répétition au large de Lampedusa et de Malte entrainent également mille protestations vertueuses des amis de l’Oncle Samuel : l’Europe, et la France sont « égoïstes » en refusant d’ouvrir grand leurs frontières ! Or toutes les grandes puissances ont intérêt à développer le chaos des populations, à non seulement précariser les millions de prolétaires en les emberlificotant par la sponsorisation des divers folklores religieux pour empêcher toute stabilisation et reconstitution d’un prolétariat unitaire[6], conscient de ses intérêts communs et de la nécessité de foutre en l’air le capitalisme.
En manifestant pour la « libre circulation » de tous les peuples et l’accueil de toute la misère du monde, les plus agités du bonnet du Boboland, les gauchistes rendent un fieffé service à la bourgeoisie : ils se la pètent mondialistes humanitaires dans un monde de guerres et de paupérisation massive en prétendant que la fourmilière humaine peut foncer tête baissé dans le lupanar des pays riches. Ce faisant ils se foutent de la gueule des millions de prolétaires et de chômeurs qui sont, déjà sur place, les exclus du lupanar et les montent contre cette masse de plus déshérités qu’eux qui sont tout aussi légitimes de réclamer une place digne au soleil.
Ils taisent la responsabilité des bourgeoisies des pays sous-développés qui poussent leurs miséreux à s’expatrier et ne font nullement barrage aux frêles embarcations des sinistres « passeurs ». Tout est encore la faute au colonialisme et au « racisme ». Ils taisent le fait qu’un véritable combat de solidarité serait d’exiger que cessent les dictatures moyenâgeuses, que les femmes soient respectées, que dans chaque région du monde soit organisée une structure industrielle et alimentaire SUR PLACE, que soit planifiée la répartition des richesses. Autant demander au capitalisme d’être humain, d’être une véritable société pour le droit à vivre décemment de tous les hommes, sans frontières, sans prendre le risque d’aller vivre mieux au péril de leur vie à des milliers de kilomètres, par familles entières ![7]

Le Boboland et ses agités gauchistes ne prônent au fond qu’une impuissante charité réformiste aussi impuissante qu’elle est tonitruante et verbeuse. Pire ils font croire à des solutions nationales dans la mer de la misère mondiale. Ils voudraient nous faire croire que leurs caciques au pouvoir pourraient « aménager » la misère. Pire encore ils détruisent toute unité du prolétariat par leurs campagnes philanthropiques creuses, car se sont eux, plus que le FN, qui avivent les dissensions au sein d’un prolétariat encore éclaté et atomisé faisant comme s’ils ignoraient qu’il n’a y a plus de travail pour tous, et que le gâteau ne peut plus être ni partagé ni réparti équitablement DANS CE MONDE.

Enfin je terminerai pour annoncer un propos plus large sur lequel je travaille déjà. Ce n’est pas le brave Marcuse qui aurait touché juste en décrétant que la classe ouvrière avait disparue, happée par le consumérisme. Ce à quoi il nous faut réfléchir face à l’impuissance actuelle du prolétariat universel c’est à cette perverse politique déterminée qui a été mise en place et comprise par les puissances victorieuses au cœur de la seconde Guerre mondiale, à partir de l’exemple d’un certain chancelier allemand, politicien longtemps considéré comme respectable. Hitler, dictateur contre-révolutionnaire, pas seulement chef d’une armée conquérante et barbare, mais habile politicien qui avait trouvé le moyen de « réformer en profondeur » la marche de la société civile en guerre et la place des classes sociales. Dieu sait si Bordiga avait intégralement raison de dire à l’époque : la guerre est finie, mais le fascisme a triomphé !

A suivre…






[1] Sans remonter aux exactions contre les enfants juifs par leurs prédécesseurs en 1942, ils ont dû quelques fois faire marche arrière ou être ridiculisés par le retour d’autres lycéens déportés manu militari dans leur pays, comme Taoufik du lycée L.Girard à Malakoff, en 2004 qui a pu revenir du Maroc.
[2] Mais, comme les autres coquins de la droite plus rien, le FN  batifole sur le passé douteux et les mensonges du père de Léonarda, pour seconder la lamentable tâche du Ministère de l’Intérieur national. Cela dit s’il s’avère que le père a menti, et que la famille est d’origine italienne, le cas de la petite lycéenne est scellé. Tous les migrants qui ont menti une fois au moins sont cuits aux yeux de la magistrature et refoulés impitoyablement. Et c'est mal barré avec leurs aveux là-bas: "On a quitté l'Italie car je n'avais pas de travail et il est plus facile d'avoir des papiers en France, explique au Monde Resat Dibrani. En France, ils donnent des papiers aux Kosovares, aux Bulgares et aux Roumains, on a donc dit qu'on était tous Kosovares. On a fait un faux certificat de mariage à Paris, et on a présenté notre dossier pour avoir des papiers." Et leurs avocats qui  ne craignent pas de faire passer la France pour bonne poire...
L'avocate chargée de défendre leur dossier, Me Brigitte Bertin, ne se montre pas pour autant décontenancée par ces affirmations. "Les demandeurs d'asile doivent décliner leur identité, mais sans forcément produire de justificatifs, ce qui peut se comprendre car les conditions de leur exil ne leur permettent pas toujours de les emporter avec eux. C'est donc purement déclaratif", explique-t-elle. Les fausses déclarations d'identité ne sont pas chose rare, confirme un autre avocat spécialiste du droit des étrangers! Misère de misère, c'est quand même moins grave que les mensonges quotidiens de nos bourgeois gouvernants! Mais imaginez un ouvrier au chômage qui se pointe à pôle emploi "sans produire de justificatifs" et vous comprendrez pourquoi votre fille est muette et sensible à l'ergotage du FN!
[3] Et si les parents refusent, c’est de leur responsabilité !Mais comme ils sont menteurs avérés les magistrats s'en laveront les mains et les "antiracistes" de la bande à l'ex-trotskien R.Moyon encore plus ridicules.
[4] Le Boboland sait être parfaitement cynique électoralement et sans frais : un député stalinien a proposé de loger des familles Roms dans le 16éme arrondissement. Propos d’estrade quand ses collègues de terrain sont obligés de supporter des inconvénients réels et au bord d’une prochaine défaite électorale…
[5] L’Etat américain est très sélectif pourtant pour l’immigration, la situation des noirs et des mexicains y reste toujours en état d’infériorité sociale. L’Etat anglais mène actuellement une campagne anti-immigrés sans fard. L’Allemagne ne veut plus de l’immigration maghrébine et table sur une main-d’œuvre du Sud de l’Europe les viviers espagnol, grec etc. où le chômage constitue une importante « armée de réserve » !
[6] Cf . lire dans mon livre « L’immigré fataliste et sa religion policière », le chapitre où j’explique comment la bourgeoisie américaine empêche en permanence la reconstitution du prolétariat.
[7] Personne ne remarque la différence terrible, comparée aux années 1960 où ce n’étaient que les hommes qui s’expatriaient, ce sont désormais des familles entières, voire des villages qui bravent tempêtes, brutalités policières ou crimes (certaines embarcations ont sans doute étaient « coulées » !).

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