PAGES PROLETARIENNES

mardi 9 juillet 2013

IMPRECISIONS ET BRICOLAGE DE REVENDICATIONS




LE PROLETAIRE n°507

L’article de front arbore le titre à rallonge le plus long de toute l’histoire du maximalisme bordiguiste. Il est un article à lui seul ! L’article proprement dit dessous qui s’adresse « aux travailleurs de toutes les races et de toutes les nationalités, est très bien construit et répond à une série de pourquoi : pourquoi seule la lutte de classe peut résister, pourquoi les générations actuelles ont perdu tout lien avec les traditions, pourquoi les prolétaires sont en concurrence permanente. Hélas la conclusion, bricolage amateur et généraliste de mots d’ordre poussifs et abstraits, flanque tout par terre :

-          Lutte contre la concurrence entre les prolétaires ! (pourquoi pas lutte contre la mauvaise ambiance au boulot ?)
-          Lutte contre le chômage et le travail au noir ! (tout le monde lutte contre le chômage indistinct, même gouvernement et patronat, et faut-il remplacer les flics dans la « lutte contre le travail au noir ? », moralisme d’instituteur ?
-          Union des chômeurs, intérimaires, saisonniers et travailleurs plein temps entre autochtones et immigrés ! (faut-il vous l’envelopper dans du papier journal madame ou le verser dans votre panier ?)
-          Vive le premier mai de lutte, vive le premier mai classiste ! (ébé oui vive le premier mai du barnum syndical et des confettis des aristocrates bien nourris !)
-          Pour la reprise de la lutte de classe dans tous les pays ! (c’est à souhaiter car c’(c’est à souhaiter car c’est global et çà ne coûte pas cher de l’énoncer)
-          Pour la reconstitution des organismes classistes de défense prolétarienne ! (quel charabia pour redonner verdeur au syndicalisme rampant !)
-          Pour la reconstitution du parti communiste fort et compact, organe indispensable pour la révolution prolétarienne ! (le parti n’est pas un DVD !)
La critique des avortons du gauchisme comme la Tendance (pas) Claire du NPA qui s’est couché dans le FdG de Mélenchon, tape juste. Ces cuistres, en s’emberlificotant sur le désir de rupture avec l’Europe, la répudiation de la dette, etc. ne rompent pas avec l’idéologie de la gauche bourgeoise et ne peuvent être ni devenir révolutionnaires.
Qu’est-ce qui a motivé l’article le plus long de toute l’histoire du maximalisme dans un journal à huit pages sur une « boite » (il est présent sur 4 des 8 pages !) : « RENAULT-CLEON : Les métallos entre le marteau patronal et l’enclume syndicale ». Les bordiguistes croient-ils encore à la théorie du bastion usinier qui va mettre le feu à la plaine comme l’usine Poutilov en 1917 ?
On commence par souligner l’attaque sur les emplois comme à PSA. On perd beaucoup de temps à citer en long et en large les déclarations des bonzes syndicaux, alors qu’on pouvait raccourcir efficacement en passant tout de suite à la dénonciation et identification des factions gauchistes et néo-staliniennes qui cornaquent la CGT de l’usine : NPA et Action Communiste, scission locale du PCF. On nous décrit avec précision le bestiaire de la galaxie des débris staliniens (Rouges Vifs, PRCF, etc.) tous « nationaux-réformistes », non pour leur propagande en faveur des nationalisations mais parce qu’ils passeraient du chauvinisme au racisme : « … A.C. franchit allègrement, comme un vulgaire groupe d’extrême droite, il s’élève contre « la démagogie sans-papiériste qui apporte de l’eau au moulin de l’exploitation capitaliste » (Ascenseur pour les fachos » 17 novembre 2011). Reconnaissez que A.C. sur ce plan a de l’humour et frappe juste quand nos bordiguistes, courroucés, restent alignés sur une préférence immigrée exaucée par le parti gouvernemental et toutes les pleureuses du gauchisme convivial et ouvert à toute la misère du monde pourvu que d’autres s’en occupent.
Autrement il est juste de constater que la politique du NPA sous l’affiche anticapitaliste n’est que : « le bon vieux réformisme qui rêve de revenir à l’époque de l’Etat-providence ».
Vient le tour de LO, décidément à Cléon c’est la cohue gauchiste, et son avorton L’Etincelle, intégrée au NPA : « Au final, l’Etincelle avance une explication réformiste de la crise couplée avec des « mesures d’urgence » d’aménagement du système capitaliste et des fumisteries comme le « partage du travail » et « l’interdiction des licenciements » par l’Etat bourgeois ! ». Or nos bordiguistes défendent des fumisteries revendicatives du même ordre comme vous l’avez lu plus haut. 

UNE CONFUSION DE GROUPES

Notre trimensuel bordiguiste commet l’erreur de confondre Matière et Révolution (VDT, Voix des Travailleurs) aéropage de militants sortis de LO et venus rejoindre Robert Paris sur son site et leurs frères ennemis la Fraction L’Etincelle (voiture-balai des vieux fondateurs exclus de LO) qui s’oppose aux précédents sur la nature de LO : cet organisme ne serait pas bourgeois selon eux. La confusion gêne donc l’appréciation du rôle de ces groupes dans le « bastion » Cléon. A ma connaissance, c’est Matière et Révolution qui est le plus dur contre les syndicats. Les deux groupes qui vivent dans un rapport d’amour-haine restent des avortons de LO avec les mêmes limites politiques et intellectuelles qui les conduisent aux mêmes « vieilles élucubrations réformistes » ; on nous ressert le bulletin de Matière et Révolution du 11 janvier 2013 au raisonnement cacahuète idem que LO : « les capitalistes désinvestissent pour spéculer ». Le prolétaire tape encore : « Comme LO dont elle est un avorton, M&;R offre ses bons conseils à la bourgeoisie pour gérer au mieux ses entreprises ! ».
La fin de l’article est impeccable sur l’effacement consenti et complice des débris du trotskysme sous parapluie aristo syndical : « … ne pas laisser le mouvement entre les mains des appareils syndicaux même dirigés par des « révolutionnaires » qui n’ont pas un mot dans leurs journaux, tracts ou communiqués, pour mettre en garde les travailleurs contre l’orientation des syndicats, de chercher la solidarité et non pas des « clients » (…) La trahison des trotskystes consiste en ce qu’ils ne permettent pas aux prolétaires d’éviter les pièges de l’adversaire, mais qu’ils contribuent à les enfermer dans un collaborationnisme « combatif » qui lie leurs intérêts à ceux de l’entreprise et qui les place non pas sur le terrain de l’affrontement ouvert de classe, mais dans le cadre légaliste de la « négociation ».

LA PREFERENCE ISLAMISTE : un paternalisme politique hypocrite

Après sa longue préférence immigrée, ce qu’il reste du PCI croit pouvoir faire la leçon de comportement aux étroits « laïcistes » sous l’égide du vieux texte de Bordiga de 1949 (Anticléricalisme et socialisme), alors que le contexte a radicalement changé, que la crise entraine des déplacements massifs de populations fuyant la misère, mais inintégrables aussi souplement que par le passé. En somme, à l’unisson de la campagne bourgeoise contre ladite islamophobie, nos bordiguistes prennent la défense d’une des religions les plus arriérées, à l’instar du NPA qui, par démocratie et bêtise, avait tenté d’introduire le voile dans les urnes. L’article commence mal, tarabustant gauche et extrême gauche pour leur agressivité contre l’enseignement catho par le leur contre la « loi Debré ». Nos bordiguistes bigots défendent l’école réac catho pour mieux défendre le droit à l’intégrisme vestimentaire musulman ! Evidemment gauche et gauchistes vivent dans le péché en défendant au même rythme la République bourgeoise. Mais c’est avec l’affaire Baby Loup que le paternalisme hypocrite du PCI s’étale. LO a raison de déclarer que l’autorisation du voile dans les crèches « donne des armes aux obscurantistes » et à ce « symbole d’asservissement des femmes », même Bordiga serait d’accord avec LO sur ce point aujourd’hui. Il est faux de dire que c’est une manip du premier flic de France qui se sert des "licencieurs" gauchistes d'une pauvre provocatrice bigote. Le PS a toujours louvoyé et louvoie encore sur la permissivité pour le folklore musulman (dont les travailleurs coranisés sont très nécessaires au Capital français) puisque rien n’est tranché et que les magistrats ont redonné raison à la voilée dernièrement.
Avec leur vision strictement économiste et trade-unioniste de la lutte de classe, les bordiguistes auraient proclamé que Dreyfus devait attendre sa libération « de la lutte contre l’exploitation et l’oppression bourgeoise ». C’est bien joli de se démarquer des « croisades laïques » mais encore ne faudrait-il pas cautionner les « croisades intégristes », qui se développent elles y compris sur les lieux de travail où la chanson « combattre uniquement sur le terrain de classe » se brise sur les divisions confessionnelles et les salles de prière. Stratégie anti-laïque et antiraciste de l’auguste bourgeoisie américaine.Comme il se doit.







Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire