PAGES PROLETARIENNES

dimanche 13 janvier 2013

LA GAUCHE BOURGEOISE EN GUERRE AU MALI : EMPECHER LA PARTITION



Comme à chaque déclenchement de guerre, les fossiles organisés petitement, du milieu maximaliste sont silencieux : pas de tracts, pas de prise de position sur le web (sauf peut-être le PCI bordiguiste qui a dû en sortir un à 50 exemplaires (pour l’histoire). Seule la presse sur la Toile de Lo et du NPA dénonce a minima et sans frais la nouvelle bordée impérialiste :
 NPA: "3 mois après il annonce le déclenchement de l’intervention militaire au Mali ! Il est passé du « nous n’interviendrons pas » au « nous protégerons nos ressortissants » pour finir à l’intervention directe. L’ancienne puissance coloniale n’entretient pas des troupes sur ce continent pour rien. Elle poursuit, dans la tradition de tous les gouvernements qui se sont succédés, son rôle de gendarme, pour protéger ses intérêts, pour soutenir les gouvernements qui sont à sa botte. La menace islamiste constitue le paravent de cette opération militaire. Le NPA dénonce cette intervention militaire impérialiste décidée par Hollande, une fois de plus sur le dos des peuples ! Ce n’est pas de cette façon que les maliens se libéreront de tous les fondamentalismes. Montreuil, le 11 janvier 2013 ».
Le NPA n’est ni prolétarien ni révolutionnaire, et en appeler à la libération des « maliens » est aussi subversif qu’en appeler à la libération des « français » en 14-18.
L’impuissance une nouvelle fois des expressions organisées les plus anciennes du milieu maximaliste repose bien sûr sur une incapacité à analyser de façon marxiste la situation.
Prenons l’analyse fournie par le journal belge Internationalisme du CCI l’an passé :
 « Depuis six mois, le Mali est entré dans une situation de guerre qui n’offre elle aussi aucune perspective d’apaisement avant longtemps. Là encore, les dignes représentants de la bourgeoisie démocratique occidentale n’ont de cesse de s’offusquer et de s’inquiéter de l’enfer qui attend les habitants de cette région où les bandes armées peu ou prou islamistes sévissent sans vergogne. Mais qu’en est-il de ces velléités et de tout ce battage médiatique censé nous interpeller sur le sort de ces deux pays en particulier ? Rien ! Du vent et encore du vent ! Non seulement les grandes puissances ne se préoccupent au fond aucunement de la barbarie que vivent les populations vivant en Syrie ou au Mali, comme partout ailleurs, mais elles n’ont pour réelle problématique que de calculer les bénéfices possibles à tirer d’une intervention militaire et les risques qui en découleraient. Ces deux situations (Syrie et Mali) sont une expression critique de l’impasse dans laquelle se trouve le monde capitaliste et de l’impuissance dans laquelle sont plongées les puissances occidentales. Au Mali, il s’agit d’un imbroglio qui est directement issu à la fois de la pourriture sociale qu’a laissé derrière lui le colonialisme français et de son incapacité à faire vivre un État malien suffisamment stable. L’explosion des différentes fractions qui sont apparues ces derniers mois en dit assez long sur l’état de déliquescence de toute cette région, bien au-delà du Mali proprement dit. De l’Aqmi au Mnla en passant par les divers groupes dissidents et opposants au régime de Bamako, tous plus “vrais croyants” les uns que les autres, il s’agit de cliques de bandits armés qui ne sont pas apparues hier par enchantement. On nous dit que le facteur déclenchant de cette nouvelle zone de chaos sahélienne a été le retour des touaregs anciennement enrôlés par Khadafi, c’est-à-dire de centaines d’hommes entraînés, aguerris, et traînant avec eux des armes lourdes. Comme s’il ne fallait pas s’y attendre ! Comble de “surprise”, la Libye n’ayant pas de frontières communes avec le Mali, les touaregs ont dû franchir deux frontières : Libye-Algérie et Algérie-Mali. Et ils n’ont même pas été désarmés (!), venant grossir de façon significative les rangs et les forces d’une rébellion touarègue chronique, excitant de ce fait les appétits des petits truands locaux et régionaux.  Car le ver était depuis longtemps dans le fruit. Le Mali, avec l’ensemble du Sahel, fait en effet partie de ces endroits historiquement difficilement contrôlables du fait de l’existence d’une myriade de populations aux cultures différentes et parmi lesquelles les ex-puissances coloniales, en l’occurrence la France, ont pendant plus de 150 ans excité et entretenu les dissensions, selon l’adage : “diviser pour mieux régner”. Et si la situation actuelle est le produit de ce qu’on appelait la “Françafrique”, elle ne peut qu’être aggravée par la guerre larvée qui se mène entre les États-Unis et la France depuis vingt ans pour le contrôle du marché des matières premières africaines. Après le Soudan, il n’est donc pas impossible que le Mali connaisse une partition en deux États. En attendant, une épidémie de choléra se développe à Goa, que les islamistes forcenés ont de surcroît miné aux alentours, prenant toute la population en otage. Mais, soyons rassurés, le Conseil de sécurité de l’ONU a appelé à des sanctions contre les rebelles du nord du Mali dans une résolution adoptée à l’unanimité jeudi, tandis que la Cedeao refuse toute ingérence militaire occidentale dans le pays !"
EXTRAIT d’Internationalisme 2 octobre 2012 (« La situation en Syrie et au Mali révèle l’avenir dans le capitalisme »).
Le crétinisme de la théorie du chaos (une analyse de type anarchiste) est incapable de rappeler les méthodes classiques, inchangées, des incursions impérialistes. Le fait d’avoir gobé l’hypothèse farfelue agitée par le médias de la partition ne leur a pas permis de permettre ni une intervention contre la guerre ni d’en comprendre le déroulement ; tout comme de continuer à gober « l’impuissance des grandes puissances » et  cette histoire « d’islamistes forcenés » ! Par après ils donneront des explications recopiant les analyses des journalistes bourgeois snobs confirmant un scandaleux « chaos capitaliste ».
En octobre, le petit PCI semblait prendre les devants (plus cohérent au niveau marxiste que le CCI sur la question de la guerre) : « Non à une intervention militaire impérialiste française au Mali ! » ; avec ces bons vieux mots d’ordre usés jusqu’à la corde et aussi efficaces que l’illumination nocturne de la Tour Eiffel : « Impérialisme hors d’Afrique ! » et « Vive la révolution communiste mondiale ! », le terrible slogan subversif qui va embraser les masses maliennes et francophones !
Un vieux relent de la miteuse « libération nationale » ou de « révolte de pauvres croyants » filtre dans les présupposés de l’article bordiguiste avec cette singulière préférence à la dictature… de la charia: « Ces dernières (les organisations islamistes)  étaient probablement mieux armées, mais elles auraient profité surtout, semble-t-il (sic), de la colère des populations de Tombouctou et d’autres villes devant les abus des Touaregs ; le rétablissement de l’ordre, fût-ce l’ordre islamique  d’une charia brutale (sic), aurait apparemment (sic) été apprécié positivement, au moins au début, par certaines couches de la population ». Une note ajoute cette référence au journal bourgeois Le Monde :  « Le premier ministre est menaçant : « il faut dès maintenant sécuriser les grandes villes du Mali » ; qui vise-t-il vraiment, sinon les opposants à sa politique capitaliste parmi les masses ? ». Très ambigus les bordiguiens n’est-ce pas ? D’où qui sont ces fantômatiques « opposants » ? Sont-ce les islamophiles aigus ?
La Gauche à pouvoir = Bras armé DES INDUSTRIELS  (1)
Lors de son discours à Kinshasa pour le congrès mondial de la francophonie, Hollande, dit Pingouin petit-bras,  avait  proclamé à l’égal de son prédécesseur le hâbleur Sarkozy : « Le temps de la Françafrique est révolu. » Après son appui au coup d’État d’Alassane Ouattara en Côte-d’Ivoire et le bombardement de la Libye, la bourgeoisie française a donc cette fois-ci délégué la gauche bourgeoise, soutenue par les frères ennemis de la droite déconfite (sauf le Chevènement de papier Mélenchon et les gentils LO et NPA), pour « défendre les ressortissants français » et « porter secours » au pitre président du Mali face aux hordes « islamistes ». Discours béton classique de toute grande puissance depuis 2001 pour défendre son pré carré. Le bobardement idéologique concerne la région Azawad , qui une région du Sahara grande comme deux fois la France. Incorporée à l’empire colonial français au sein de l’AOF (Afrique Occidentale Française), elle fut intégrée au Mali lors de sa déclaration d’indépendance. Depuis plus de cent ans, ce territoire est revendiqué par les Touaregs, peuple berbère repoussé par les Arabes dans le désert du Sahara au Moyen Âge.
Le Mali est le troisième producteur d’or d’Afrique. Du pétrole a été découvert dans l’Azawad, qui pourrait être exporté en Europe par l’Algérie. Son sol est également riche en gypse, en uranium, etc. Malgré ces richesses, le Mali est un des pays les plus pauvres du monde, le revenu par habitant y est de moins d’un dollar par jour et l’espérance de vie ne dépasse pas 48 ans. Il est pillé par la dette, par les exigences cyniques et cupides du FMI (comme la monoculture du coton qui a décimé la culture vivrière) et par les industriels  français (Air liquide, Total, Bouygues…), qui tiennent à garder le contrôle des ressources maliennes. L’intervention militariste coûte cher : envoi d’un matériel de guerre ultra-sophistiqué et aérien pour réduire au minimum les pertes « blanches » (si je peux dire) ; lesquels soldats professionnels volontaires perçoivent le triple de leur solde pour la durée de l’intervention (qui pourra être longue ce coup-ci). La communication du staff élyséen est étroitement surveillée, les lampistes journalistes accrédité auprès du suivi des opérations ne doivent lire que les mêmes communiqués contrôlés au poil près par le Ministère de la Défense (pardon de la Guerre).
Le général en chef Hollande avait officialisé devant l’Onu le 25 septembre un projet d’intervention dans l’Azawad. La Mission de la Cédéao (Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest) au Mali a très vite pris forme : les armées de Côte-d’Ivoire, du Sénégal et du Burkina ont eu le temps de préparer au moins 3 300 soldats pour soutenir l’armée malienne. De la chair à canon qui agira directement pour le compte de l’impérialisme protecteur des grandes fortunes industrielles en France qui méprise les acteurs déserteurs.
En catimini, lors de son voyage « amical » à Alger le généralissime Hollande a parachevé le plan d’intervention « humanitaire » en serrant très fort dans ses bras Bouteflika lequel craint que le conflit ne déborde sur son territoire avec l’Aqmi, sans oublier un débarquement inopiné de réfugiés touaregs. La bourgeoisie algérienne est dans ses petits souliers vu le maintien des miasmes de la révolte dudit Printemps arabe qui pourrait se réveiller comme un cauchemar si en plus de la crise, les bourgeoisies locales exigeaient l’impôt du sang. La participation discrète de la bourgeoisie algérienne à l’action en cours, vise à consolider ses liens avec les États-Unis et la France pour s’assurer un rôle de puissance régionale nord-ouest-africaine.
La partition du Mali était jusque là une des options actées par les impérialismes complices. Tant qu’ils pouvaient y piller à leur guise les ressources de la zone contrôlée par les « bandits islamistes », rien ne les empêchait effectivement d’appuyer la constitution d’une république laïque ou islamique de l’Azawad. La masse des Touaregs, éjectée par la camarilla islamique faisait déjà son deuil. L’option de « l’unité », voire d’une récupération des Touaregs à condition qu’ils acceptent de « composer » avec la « république malienne », semble la voie choisie par les Rafales et drones français.

LA REFLEXION DE ROGALSKI...
"Des repères plus difficiles dans un contexte de mondialisation accrue:
"La nouvelle période qui surgit marquée par la fin des blocs et des camps militaires et par un processus de mondialisation suscite un effet de brouillage idéologique effaçant la frontière entre mondialisme et internationalisme et affectant la solidarité entre travailleurs.
Des questions jaillissent .
- Comment être internationaliste ? Comment articuler son combat avec la persistance des États-Nations, lieux toujours vivants des enjeux sociaux ? Quels types de liens établir entre les forces progressistes ? Comment construire une toile d’araignée planétaire qui s’inscrive dans le défi de la mondialisation et prenne en compte la mondialisation des défis ?
La crise actuelle, dont la mondialisation est la figure principale, appelle à adapter les luttes et les manifestations de l’internationalisme aux conditions du moment ne serait-ce que parce qu’elle a pour effet de déstabiliser les solidarités constituées. A chaque étape du développement du capitalisme -impérialisme, colonialisme, néocolonialisme, montée des multinationales, financiarisation, mondialisation, etc.- des défis nouveaux ont été posés à la solidarité internationale des travailleurs.
Le processus de mondialisation a pour effet d’accroître à l’échelle de la planète la concurrence des travailleurs. Le débat récurrent sur la retraite par capitalisation qui se substituerait ou compléterait le système par répartition en offre un exemple. Les sommes collectées sont placées par des Fonds de pensions sur les places financières internationales. Les retraites américaines peuvent ainsi bénéficier de l’exploitation des travailleurs asiatiques. Ainsi par le biais de la capitalisation on distille des mécanismes d’adhésion aux valeurs du capital et on brise les bases d’une solidarité internationale.
Pour sortir de ce piège, l’internationalisme des travailleurs doit-il coller au mouvement d’internationalisation pour l’accompagner ? Le risque d’une dérive mondialiste -participer au phénomène, l’accompagner, le croire accompli et accepter ses normes et ses « contraintes »- le guetterait alors à coup sûr. Ainsi l’internationalisme peut n’être qu’un alibi s’il est invoqué pour s’engager dans des constructions super-étatiques à souveraineté et à démocratie limitées.
Le maintien de l’État-nation devient une exigence dans la stratégie de défense des salariés pour lesquels l’Etat se doit d’apporter protection et assistance aux individus menacés par les effets de la mondialisation. Cette position s’appuie sur le fait que le capital mondialisé s’inscrit de moins en moins dans une échelle nationale dont il essaie de repousser les entraves qu’elle constitue pour lui.
L’internationalisme d’aujourd’hui doit affronter les enjeux de son époque, encore fortement marquée par le siècle écoulé et doit se préparer à faire face dans ses analyses comme dans ses modes d’organisation à ceux de demain. A ces conditions, l’internationalisme ne sera pas battu en brèche par la mondialisation. L’internationalisme du 21° siècle doit intégrer des dimensions nouvelles qui vont bien au-delà du « prolétaires de tous les pays unissez-vous » et qui résultent des enjeux nouveaux induits par la mondialisation (sécurité, environnement, mouvements de capitaux, montée de l’économie mafieuse, etc..) dont les réponses dépassent le cadre unique des États-Nations et supposent des coordinations -souveraines de préférence. Il faut reconquérir de façon solidaire la perte de la maîtrise du développement ».

(cf. L’internationalisme pris au piège de la mondialisation par Michel Rogalski, Economiste (EHESS-CNRS), directeur de la revue Recherches internationales). Ces questions que Rogalski posait en 1999 sont très pertinentes, plus pertinentes que la solution de Charlot qu’il propose – une coordination souverainiste – et qui renvoient à la véritable renaissance de l’internationalisme… par les prolétaires de tous les pays, disposant de véritables organisations révolutionnaires avec un pied dans la réalité.

Cet après-midi je propose à Paris de détourner la manif contre le mariage homo en manif contre la guerre, ce serait une excellent manière d'enc. la bourgeoisie, mais je doute fort que les réacs en bas résille et soutane apprécieraient... ils pestent contre les homos mais sont agenouillés derrière le pingouin généralissime qui promeut la guerre de rapine de leur classe.


Demain on ébauchera sur ce blog, les raisons de l’affaiblissement du véritable internationalisme dans la (faible) classe ouvrière en Afrique, dans le même sens que ce que j’ai développé dans mon livre « Immigration et religion », mais plus par rapport aux méfaits du « colonialisme syndical » européen.

(1)" la gauche à pouvoir" n'est pas une faute de frappe, mais un approfondissement de la notion de "gauche au pouvoir"... face à "gauche à rien" des rigolos Mélanchon, Poutou et Machine de LO.



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