PAGES PROLETARIENNES

jeudi 29 novembre 2012

LES PROLETAIRES TUNISIENS EN LUTTE CONTRE LES ATTAQUES DU GOUVERNEMENT CAPITALISTE ISLAMISTE



A l'instar des dirigeants africains qui pour bon nombre d'entre eux ont fait de brillantes études dans les plus grandes universités occidentales avant de retourner dans leur pays d'origine pour embrasser des carrières de tyran, les nouveaux dirigeants issus du « printemps arabe » suivent la même voie. Mohamed Morsi le président égyptien qui vient de s’octroyer sur mesure une loi le protégeant de toute poursuite judiciaire a passé près de dix ans à s'instruire comme ingénieur au pays d'Obama, quant au président tunisien Moncef Marzouki qui n'hésite pas à tirer sur la classe ouvrière, il était dans les années soixante-dix chef de clinique à Strasbourg,spécialiste en neurologie. Les dernières manifestations de protestation en Egypte et en Tunisie viennent confirmer qu’il n’y a pas eu de révolution, qu’il n’y a pas de processus révolutionnaire en cours et que les espoirs de changement radical de la société n’ont résidé que dans les esprits enfiévrés de petits bourgeois floués par la crise et chez les têtes creuses de certains journalistes occidentaux. Le film « Tahrir, place de la Libération » de Stefano Savona, a révélé que place Tahrir, au plus forts des impressionnants combats de rue, il n’y avait aucune discussion, aucune réflexion, et seule revenait la litanie imbécile « Allah akbar », qu’on peut traduire en français dans de telles circonstances par « bon dieu de merde » ! On y voit des petits bourgeois mis en scène complaisamment, pas très futés, archi-nuls politiquement, qui se plaignent de ne pas avoir  d'avenir et imaginent qu’ils ne vont pas  subir, comme leurs parents, la corruption et la privation de liberté. Ils voudraient vivre pleinement comme nous consommateurs européens et bannir l'économie de subsistance dans laquelle les enferme le régime islamiste corrompu qui a succédé au dictateur.
Les deux luttes en Egypte et en Tunisie ne sont pas de la même teneur. En Egypte, la lutte « démocratique » de la petite bourgeoisie a le mérite de contester l’autocratie islamiste, mais sans colonne vertébrale prolétarienne elle mène dans le mur ; l’armée reste l’instrument du pouvoir islamo-américain et va continuer à tirer dans le tas. En Tunisie, comme je le souligne dans mon livre « religion et immigration », existe la classe ouvrière la plus concentrée du Maghreb, et cette dernière mène son combat de classe contre l’oppression économique du gouvernement islamique. La signification de ce combat est autrement importante et autrement dérangeante qu’en Egypte. Ce combat vient confirmer que la crise économique répercutée par les capitalistes islamistes contre la classe ouvrière va contribuer à décrédibiliser ces bourgeois parasites issus des élections truquées. Voici ce que j’écris au mois de septembre en conclusion de mon livre (qui ne s’est pratiquement pas vendu et dont beaucoup parlent sans savoir) :
« Il n’existe aucun projet de société mondiale islamiste car l’islamisme c’est la conservation du capitalisme actuel, cérémonial féodal en prime. L’islamisme est incapable de remplacer le projet de société « émancipatrice » même si modeste des « libérations nationales » des sixties, qui n’ont rien libéré du tout, surtout pas le prolétariat. L’islamisme n’est qu’un des multiples masques de Washington. Souvent comparé au nazisme comme idéologie totalitaire, l’islamisme n’en a ni la prétention militaro-industrielle ni les capacités politiques. Il n’est qu’un fascisme de sous-développés. Il ne peut pas prétendre représenter la classe ouvrière ni une nation en particulier. Il hait tant le socialisme qu’il ne peut s’en affubler comme d’un masque. Nike et Coca-cola lui suffisent. La prétention de vouloir édifier un jour  un Etat  califal transnational, regroupant l’oumma de tous les croyants (et internant tous les non-croyants) est une vue de l’esprit. L’érection de nouveaux Etats théocratiques à partir d’élections dites démocratiques et sous le contrôle des grandes puissances assure la continuité de la dictature étatique contre les populations paupérisées du « sud », avec une dose plus ou moins épicée de charia. Les nouveaux Etats religieux ne permettront aucune échappatoire à la misère capitaliste pour les migrants et opprimés du monde entier, et, eu égard aux dissidents politiques ou religieux, ils se ficheront de plus en plus de tout « droits de l’homme ». L’Egypte persécute les Coptes, le Maroc expulse les immigrants, la Tunisie restreint la liberté d’expression, etc. Les nouveaux régimes font subir en gros la même oppression que le colonialisme disparu et les dictateurs nationaux qui lui avaient succédé. Nulle part les clans religieux au pouvoir ne mettent en cause le capitalisme. Nulle part ils ne voudraient cesser de s’en mettre plein les poches dans ce système. (…)Au mode de production féodal a succédé le mode de production capitaliste. Au mode de production capitaliste devrait succéder le mode de répartition communiste  sans frontières ou une régression universelle (c’est ce qu’on espère depuis presque deux siècles), mais il n’existe pas de mode de production musulman alternatif ! Les Etats artificiels créés par les puissances dominatrices ne peuvent plus être des Etats-Nations au sens évolutif, industriel et prolétarien du XIXe siècle. Ils resteront des zones d’allégeance, des réservoirs de main d’œuvre jusqu’à la prochaine civilisation. Un réservoir qui se déverse n’est pas forcément un malheur mais certainement pas un facteur révolutionnaire, et tous les réservoirs du monde ne peuvent pas encore se donner la main. L’Histoire fait souvent le contraire de ce qu’on attendait d’elle. Le marxisme n’est pas mort, mais il n’a jamais été une science exacte. Le retour du refoulé religieux, applaudi par Washington, n’est en rien définitif. L’ordre bourgeois intériorisé par une religion féodale est friable. Le dépérissement de la religion reste une donnée historique pour tous les peuples modernes enchevêtrés. Si une nouvelle révolution doit avoir lieu, elle prendra pour théâtre le monde entier. Nous croyons volontiers qu’il sera inévitable que soient déchirés les oripeaux religieux en même temps que la bannière étoilée ».
En tout cas pour l’heure, pas plus d’avancée révolutionnaire que d’alternative à la dictature capitalo-islamiste. Et pour les prolétaires qui se laissent abuser par des élections ridicules, par des implantations de mosquées, par des phrases sonores d’islamistes gouvernementaux ou de salafistes en opposition, il y aura des Allah akbar d’abord, des injures ensuite, enfin de la mitraille, de la misère toujours.
EN EGYPTE L’IMPASSE DEMOCRATIQUE BOURGEOISE FOIREUSE
La promulgation, jeudi soir, d'une déclaration constitutionnelle qui lui donne pour ainsi dire les pleins pouvoirs au détriment de l'autorité judiciaire a créé la surprise et déchaîné les critiques de l'opposition. «Aujourd'hui, Morsi a usurpé tous les pouvoirs de l'État» , s'est écrié le Prix Nobel Mohamed El Baradei sur Twitter, qualifiant le président de «nouveau pharaon» . Vendredi, des milliers de manifestants ont convergé vers la place Tahrir où régnait une atmosphère électrique, tandis que des bureaux du parti Justice et Liberté, issu des Frères musulmans, ont été brûlés ou saccagés à Alexandrie, Port-Saïd et Ismaïliya. Au sortir de la prière (sic) des cortèges se sont mis en branle dans plusieurs quartiers du Caire en présence d'Amr Moussa, ancien candidat à la présidentielle, et de ­Mohamed ElBaradei. Lors d'une conférence de presse jeudi soir, ces figures de l'opposition égyptienne avaient souhaité une mobilisation massive contre la nouvelle «déclaration constitutionnelle» du président Morsi. Main dans la main, libéraux et révolutionnaires ont répondu à leur appel, dénonçant la mainmise des islamistes sur le pays et sa Constitution. Le Mouvement révolutionnaire du 6 avril, très actif durant la révolution, fut particulièrement visible avec ses militants brandissant des drapeaux noirs à l'effigie des martyrs. «À bas la dictature des Frères musulmans», scandaient nombre de manifestants, tandis que des heurts éclataient rue Mohamed-Mahmoud, à deux pas de la place Tahrir, entre forces de l'ordre et manifestants - les premiers essuyant une pluie de pierres et répliquant par des tirs de grenades lacrymogènes. Principaux soutiens du président Morsi, les mouvements islamistes officiels - Frères musulmans et parti salafiste al-Nour - se sont pour leur part tenus à l'écart de la place Tahrir. Satisfaits de la décision présidentielle, ils se sont réunis devant le palais présidentiel d'Heliopolis afin de remercier Mohammed Morsi, qui s'est exprimé en direct à la télévision assumant pleinement sa décision, assurant que l'Égypte est «sur la voie de la démocratie» et jurant qu'il protégera les droits de l'opposition. «Une opposition est importante pour l'équilibre démocratique d'un pays», a-t-il précisé.  Les hauts magistrats égyptiens ont immédiatement répliqué au coup de force de Morsi en convoquant des assemblées générales extraordinaires afin de préparer leur riposte juridique. «Morsi vient de neutraliser le seul contre-pouvoir qui existe dans ce pays», s'inquiète le juriste Karim el-Chazli. Plus généralement, l'opposition soupçonne le président d'avancer méthodiquement ses pions dans le but d'établir un régime autoritaire appliquant la charia. "Dégage!", avaient scandé les manifestants reprenant le slogan emblématique de la révolte anti-Moubarak.Une banderole déployée à une entrée de la place Tahrir proclamait: "Interdit aux Frères musulmans". Ce qui n’est pas fait pour déplaire au prolétariat qui subit maintenant ces corbeaux noirs du capitalisme décadent et bigot.

EN TUNISIE MANIFESTATIONS CONTRE LE CHOMAGE ET LA PAUVRETE

Affrontements très violents entre manifestants et forces de l'ordre dans la ville de Siliana, chef-lieu d'une région déshéritée du centre de la Tunisie faisant 177 blessés. Parmi les blessés, 22 personnes ont dû être évacuées vers la capitale pour recevoir des soins. Les violences avaient éclaté la veille lors d'une manifestation qui avait mobilisé des milliers d'habitants, en marge d'une grève générale décrétée par l'Union régionale du travail (URT). Les manifestants protestent contre la marginalisation de cette région affectée par un taux élevé du chômage et de la pauvreté. La population réclamait également la libération de 14 activistes emprisonnés. Le porte-parole du ministère de l'Intérieur Khaled Tarrouch a déclaré que les forces de l'ordre «n'ont fait que riposter aux actes de violence des manifestants qui tentaient d'envahir le siège du gouvernorat (préfecture) et lançaient des pierres sur les agents». Le mouvement de protestation s'est étendu à plusieurs villes de la région dont Gaâfour, Makthar et Bouarada. A Tunis, quelque 200 manifestants dont des syndicalistes et des représentants de la société civile, se sont rassemblés devant le ministère de l'Intérieur pour protester contre "la répression" dont ont été victimes les habitants de Siliana.

PS: même la lutte pour le respect des femmes est à l'avant-garde en Tunisie avec la lutte sociale, et ne peut pas être séparée de celle-ci par le féminisme bourgeois.


La Tunisienne violée que le gouvernement Ennahda s’obstinait à laisser condamner en soutien aux policiers violeurs, a bénéficié d'un non-lieu. Les magistrats bourgeois la poursuivaient avec un total cynisme pour atteinte à la pudeur … Ces cuistres ont dû reculer face aux protestations internationales. Le viol de cette jeune femme de 27 ans début septembre par deux agents de police, devant son fiancé " était nié par la mafia islamiste au pouvoir.  Les policiers affirmaient avoir surpris la jeune femme et son fiancé en train d'avoir des relations sexuelles dans leur voiture, garée dans une banlieue de Tunis. Selon le parquet, c'est alors que deux des agents avaient violé leur victime à tour de rôle dans leur véhicule. Le troisième policier avait pour sa part conduit le petit ami de la jeune femme jusqu'à un distributeur de billets pour lui extorquer de l'argent. Face à l’arrogance des pontes ministres d’Ennahda  les déboires judiciaires de la victime illustraient la politique à l'égard des femmes menée par les islamistes du gouvernement tunisien. Le ministre tunisien de la Justice en voie de chariasation, une sorte de taré butor  à la Copé, Noureddine Bhiri avait été particulièrement conspué après qu'il eût estimé début octobre que l'intérêt porté par les médias étrangers à cette affaire témoignait d'un complot contre le gouvernement! Les Tunisiennes bénéficient du Code de statut personnel promulgué en 1956 instaurant l'égalité des sexes dans certains domaines, une situation unique dans le monde arabe. Elles restent cependant discriminées dans plusieurs cas, notamment en ce qui concerne les héritages. Il ne faut pas oublier, en toile de fond, le large mouvement de contestation en août  contre le gouvernement capitalo-islamiste qui proposait d'inscrire dans la nouvelle Constitution la "complémentarité" des sexes et non l'égalité, un projet abandonné finalement en septembre après une vaste mobilisation populaire qui va dans le sens de l’émancipation du prolétariat. La lutte conjointe des femmes et des prolétaires en Tunisie est un exemple radieux pour l’Egypte où la misère et l’arriération religieuse favorisent encore et souvent viols et attouchements sur les femmes, même pendant les événements sur la place Tahrir ; avec ces exactions inadmissibles le tohu-bohu égyptien ne mérite surtout pas le nom de révolution.




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