PAGES PROLETARIENNES

dimanche 1 juillet 2012

VOYEURISME ET BIZNESS DE LA GAY PRIDE



La "gay price" au cul des semi-remorques de la gauche « normale »

La Gay Pride parisienne a aussi un  "coût", elle aurait rassemblé samedi environ 60.000 personnes selon la préfecture de police. Outre les 60.000 participants qui défilaient de Montparnasse à Bastille, la "fière" démonstration aurait également rameuté sans doute plusieurs dizaines de milliers de voyeurs. Il n'y a pas de mal à se faire plaisir. Nicolas Gougain, porte-parole de l'Inter-LGBT (lesbiennes, gays, bi et trans) s'est réjoui et a estimé que "cette participation exceptionnelle est due aux attentes des personnes LGBT suite aux annonces faites" par le gouvernement d'ouvrir le mariage aux homosexuels, mais, a-t-il ajouté, « il faut encore avancer sur la question de l’homoparentalité.Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, avait assuré vendredi soir que le "droit au mariage et à l'adoption pour tous serait institué" au cours du quinquennat, sans toutefois préciser la date. « Le mariage pour tous » sera-t-il l’équivalent inoffensif du même calibre que les « radios libres », gadget électronique bon enfant et musical qui, en mai 81, avait fait crier aux jeunes apolitiques crédules que l’accession au pouvoir de Mitterrand signifiait plus de liberté et rompait avec une droite bornée ?
Nous traînions tout à fait par hasard au début de la manif bobo (j’allai à la FNAC montparnasse pour acheter des ouvrages sur la question de l’immigration, sujet sur lequel je mène un travail de longue haleine). L’ambiance était sympa, pas de bousculades ni d’haleine avinée comme à la deuxième manifestation annuelle obligatoire bobo-socialo dite fête de la musique (un acquis politique du perv J.Lang). Divas, trans et drag-queens paradaient déjà sous les flashs des voyeurs parisiens et des touristes. Quelle joie de voir papy main posée sur le cou d’une drag-queen de 1M90 ! Ou mamie entre deux solides gaillards de haute taille déguisés en bonnes sœurs avec talons aiguilles rouges (pointure 46). Bref le carnaval homo-hétéro-bobo battait déjà son plein. Tout le long, marchands de frites et de déguisements,  et aussi  les boutiquiers politiques de la petite bourgeoisie, la spartacist Ligue avec son étal, et le Font de Gauche avec quelques fanals  pour rivaliser  avec le drapeau multicolore de la « fête des fiertés ».
Le Gai Moto club ouvrait le cortège, mais avec cinq motos banales sauf une Harley Davidson, suivis par plus de 80 associations, souvent représentées qui avaient dû louer de gigantesques camions sur lesquels étaient juchés: Les Gais retraités, l'association des parents et futurs parents gays et lesbiens, Têtu, des associations d'entreprises comme Embrayage (l'association des personnels LGBT de PSA Peugeot citroën) ou Homobus (RATP) , David et Jonathan (mouvement homosexuel chrétien), Beit Haverim (groupe juif gay et lesbien), Homosexualité et socialisme ou encore Gay Lib (les gays de l'UMP), et plus détonant le camion des gays et lesbiennes de la maison poulaga (ils tiraient sur  la foule heureusement avec des pistolets à eau ! Et on ne pouvait qu’être attendri au regard tendre du flic homo lorsqu’il vous demande vos papiers en temps normal où il est déguisé de la même manière).
Savoir que des membres du gouvernement, le maire homo Delanoé et deux comédiens fayots précédaient ce carnaval, avait tout pour favoriser l’exaltation démocratique, conviviale, irénique, et socialement multi-compatible de la jeunesse qui se dandinait au cul des semi-remorques de la gauche « normale » (pas en zone islamique, voyons, ne soyez pas bêtes !) ; le jour où les homos et les gouines défileront ainsi dans les pays arabes, vous pourrez en conclure qu’on aura remisé le mode de production arriéré des anciennes colonies au musée de la reine Victoria et aux chiottes de monseigneur Dupanloup.
Comment ne pas avoir une pensée émue pour tous les homos persécutés en Ukraine et dans la plupart des pays arabes ? Et surtout pour la condition de la femme ? Peu d’arabes en effet, pas de punkettes voilées, le multiculturacisme et multisexualisme de la gauche bourgeoise avait au moins éloigné pour la journée ces cafards du trottoir parisien.
Mais, examinons brièvement les revendications. Il faut noter en passant que, vers le milieu du cortège, deux semi-remorques trade-unionistes s’étaient intercalés. Empanachés par deux énormes montgolfières : les ballons de la CGT et de la CFDT ! Tiens ! même la syndicratie avait envoyé son barnum publicitaire pour racoler la jeunesse sans aprioris sexuels ! La CGT thorézienne avait pourtant doctement répudié et anathémisé le défilé gay-lesbienne dès ses premiers pas : « ce n’est pas une tradition de la classe ouvrière » (comprenez : la tradition de la classe ouvrière c’est de baiser le dimanche matin et de procréer pour la « reproduction »).
Bien sûr on peut, du point de vue maximaliste révolutionnaire, manifester contre telle ou telle ou toutes les injustices du capitalisme, mais l’organisation de manifestations sur des sujets parcellaires et qui, sous le mode carnavalesque, contribue plus au ridicule qu’à faire prendre conscience de la gravité de telle ou telle question (en pays arriéré on torture et tue des homosexuels, en pays « avancé » on licencie certains ou on humilie, etc.). Fêter la musique, ou défiler en bonne conscience pour la liberté sexuelle, ne dérange aucun gouvernement bourgeois, bien au contraire car la musique subliminale qui est diffusée aux oreilles adolescentes qui croient se mêler à des adultes « subversifs » et iconoclastes – parce qu’ils montrent leur cul et leurs sangles de cuir SM ? – cette musique c’est celle des sirènes électorales, du libéralisme hypocrite qui, sous couvert de l’égalité, maintient la xénophobie de classe, le découpage du prolétariat en communautés, en religions, en couleur et en sexe, voire en transexe.
Alors maintenant les revendications de tous ces bobos. Outre le mariage, la communauté LGBT revendique également le droit à l'adoption pour les couples de même sexe et l'ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples de lesbiennes. Le président normal ( ?) de ces bobos se serait également déclaré favorable à ces propositions ; ce qui est dans le vent américain puisque Obama s’est prononcé en faveur du mariage homosexuel. Comment faire pour être plus révolutionnaire que Obama et Hollande ?
Je ne suis ni macho ni salaud ni bobo, mais simplement hétéro et prolo. Le mariage est pour moi, en tant que marxiste, la première forme de prostitution obligatoire de la femme. Je ne vois donc pas pourquoi je défendrais le mariage des homos et lesbiennes. Je ne vois donc rien de révolutionnaire dans cette revendication qui agrée tant aux dirigeants bourgeois, et qui ne peut que renforcer « l’opposition » religieusement catholique, musulmane et juive !
Par contre qu’ils aient toute liberté pour vivre ensemble et être respectés dans leur choix, OK . L’adoption d’enfants, rare de toute façon (il est quasiment impossible d’adopter légalement en France) – qui suppose donc l’adoption d’enfants du « sud », me paraît de la dernière stupidité. Tant pis si vous me considérez comme prude, réactionnaire et dépassé. Nous vivons dans une société décadente au point de vue politique et économique (je me fiche de la morale en général, qui est bourgeoise et cynique), où une partie des problèmes sociaux provient de l’éclatement du couple parental, où les mômes perdent tout cadre éducationnel. Vous m’objecterez que cela ne vaut pas mieux un couple où le mari bat sa femme, et devant ses enfants, ni les familles monoparentales. OK. Mais c’est encore pire avec les couples homos : hé Robert qui fait la maman ce soir ? Toi si tu veux, répondit Bernard.
On ne sait pas ce que seront les rapports familiaux et sexuels dans la société communiste de l’avenir. On sait qu’ils n’auront rien à voir avec ceux d’aujourd’hui ni avec une quelconque société dictatoriale islamique, mais souhaitons qu’ils ne soient pas le bordel généralisé !
Ah, j’allais oublier. Après les camions homo-bobo-stéréo, juste après les barnums syndico-pédalo-démago, suivaient les caravanes publicitaires pour des marques automobiles (5 voitures roulaient les unes derrière les autres avec des hôtesses en tenue correcte) ainsi que des PME. La société marchande, comme aurait dit Guy Debord, atteint au sublime en marchant. Les défilés syndicaux, et politiques déguisés en drag-queens de la démocratie bourgeoise, seront traités désormais comme tout film  à la télévision, entrecoupé d’encarts publicitaires. C’est bien le comble de la démocratie du fric et des injustices que de mêler le mercantilisme et le consumérisme le plus minable aux espoirs frelatés de conquête de la liberté humaine.
Voilà pourquoi la "gay pride" est devenue la "gay price". Fière et vendue.




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