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mardi 20 mars 2012

TOULOUSE : LES MEURTRES D’UN « loup solitaire » QUI PERMETTENT A L’ETAT BOURGEOIS D’EXPRIMER UNE HYPOCRITE COMPASSION



 Les PN qui nous gouvernent n’ont que foutre de la mort d’adultes et d’enfants de la multitude civile, seul compte le paraître avec curés contrits et chants d’union nationale dans les guerres opaques d’une société minée par la corruption et l’oppression. Il y a la même indéniable précipitation que lors du meurtre du jeune Halimi à Bagneux par le cinglé Fofana, ou le tueur débile de Norvège à « politiser » le drame. C’est d’abord un complot, puis un « attentat contre la démocratie », et, en l’occurrence un acte d’antisémitisme, même si les premiers touchés furent ces pauvres pioupious d’origine maghrébine à Montauban et Toulouse. Je dis même que l’interprétation des médias est plus criminelle encore dans sa focalisation sur l’acte criminel comme « acte antisémite ». Pourquoi ? Parce qu’à la limite un tel acte a plus à voir avec la psychopathologie qu’avec une théorie politique surannée mais encore trop « utilisée » pour les imbéciles. Quoique chacun soit dans l’attente de l’aboutissement de la traque policière et de l’arrestation du ou des criminels (et de leurs éventuelles déterminations rationnelles), je penche pour la théorie du « loup solitaire » de Mathieu Guidère (auquel je fais référence dans mes « avatars »). On ne peut pas échapper à la comparaison avec le tueur de Norvège. A moins d’être au service des puissants pervers on ne peut manquer de poser la question de la décadence d’une société qui à une extrémité, procédant par élimination massive des « hommes en trop », génère l’autodestruction individuelle (cf. suicides à la Poste et à France Télécom, comme par hasard entreprises fondées sur la mise en relation, tarifée, des humains entre eux), et à une autre extrémité favorise le meurtre gratuit et produit cette sorte de « vengeur aveugle ». Il serait superficiel (ou louche) de prétendre que la débilité politique du débat politico-malade, racial et chauvin qui pèse sur la France depuis des mois est étranger à l’éclosion d’esprits malades, sans repères autres que haine, vengeance aveugle et désir de « passer à l’acte ».
Suscitant l’ire des lecteurs déjà gagné à l’union nationale dans la compassion électorale sanctifiée, un article du Nobs, est plus fine mouche : « Le tueur au scooter de Toulouse et Montauban apparaît comme un homme qui "s'est attribué une mission" et est "parti en guerre", avec "une montée en puissance" à chacune de ses agressions, selon des criminologues et spécialistes des "serial killers"."A ce stade, on peut formuler trois hypothèses", dit le psychiatre criminologue Roland Coutanceau. "Il peut s'agir d'un malade mental, avec une personnalité particulière de type paranoïaque, proche du tueur d'Oslo (le Norvégien Breivik qui avait tué 77 personnes en juillet 2011, ndlr). Parfois le délire ne touche qu'un aspect de la personnalité et le reste fonctionne 'normalement' en lien avec la réalité, ce qui le rend capable d'organisation et d'intelligence stratégique". Deuxième hypothèse, le tueur "peut-être un représentant d'un sous-groupe terroriste pas forcément très connu et qui a choisi d'agir, avec ou sans l'appui des autres". Mais Roland Coutanceau développe surtout une troisième hypothèse qu'il résume ainsi : "un terrorisme réduit à un seul homme". "Ce serait une personne qui, au lieu d'avoir une maladie mentale, a simplement un caractère paranoïaque. Elle développe une forme de croyance idéologique absolue, inébranlable, dans le secret de son imagination. De façon mégalomane, elle s'attribue la mission de passer à l'acte et ressent une nécessité absolue d'agir : elle pourra dire 'il fallait que je le fasse !'". "Du fait qu'il est dans une logique abstraite de combat, l'acte est commis de façon organisée, froide, avec une insensibilité aux êtres qu'il tue", ajoute Roland Coutanceau ».
Voici la partie de mon ouvrage, paru il y a exactement un an, qui examine les diverses formes de terrorisme – « Les avatars du terrorisme » - qui notait cet aspect du « nouveau terrorisme » (sauf si la police parvient à inventer encore une affabulation islamiste ou tarnacienne) :
Dans l’introduction : « Nous n’allons pas prendre de gants pour dévoiler ici que le raisonnement logique suffit à démystifier le terrorisme. En résumé nous pouvons distinguer pour tout le vingtième siècle et le début du suivant deux formes de terrorisme :

-          Un terrorisme utilisé contre la lutte de classe (dans ses versions anarchistes et stalinistes)
-          Un terrorisme entre factions bourgeoises (dans ses versions militaires et religieuses).
(…)L’interprétation visant de nouveaux terroristes « indépendants » dits « loups solitaires » comme quatrième mutation du terrorisme transnational - nouvelle prétention sociologique et mode journalistique de certains à diluer encore les enjeux de l’idéologie anti-terroriste policière et gouvernementale - ne déroge pas aux deux prémisses principales, ci-dessus délimitées, que le lecteur doit garder en tête tout le long pour identifier et comprendre « le fait de l’attentat », ou plutôt surtout son utilisation par les dominants.
Dans le dernier chapitre : « La violence islamiste est tout à fait différente de la violence nazie, elle est désir de participation des acteurs marginalisés par le progrès économique. Elle s’inscrirait plutôt dans la dynamique classique, du point de vue marxiste, d’une révolution bourgeoise, qui ne peut plus être nationale à l’époque de domination des grands impérialismes, ni refaire le coup des libérations nationales des années 1950. Là encore, si une comparaison s’impose il faut placer sur le même plan stalinisme et islamisme : « …il n’est pas inutile d’esquisser un parallèle entre l’islamisme radical de nos jours et le communisme staliniste à l’heure de sa gloire idéologique et se son emprise sur les cœurs et les esprits. Beaucoup d’islamistes virulents étaient d’ailleurs, il y a quelques décennies encore des communistes convaincus (…) le traitement médiatique des événements est au cœur de la problématique terroriste, parce qu’il a un impact certain sur l’auto radicalisation des individus »[1]. Comme lors de l’effondrement du bloc de l’Est nous assistons depuis janvier 2011, non au simple renversement de dictatures sanglantes mais à l’effondrement du bloc islamiste qui démontre que la religion est aussi secondaire que le marxisme-léninisme quand les peuples ont faim de liberté, de dignité et de travail.[2]
En annexe : « Autre époque, autres mœurs, nos maîtres ne seraient plus aussi compatissant de nos jours avec les attentats aveugles du terrorisme d’Etat ni avec les nouveaux « loups solitaires », cinglés pervers à la Timothy McVeigh ou Kaczynski dit « Unabomber »[3], qu’ils ne le furent pour Fritz Adler, Van der Lubbe, Baader ou les brigades rouges. Trotsky lui-même combatit le terrorisme une fois parvenu au pouvoir puisqu’il agréa avec les autres pour la création de la Tchéka, commission pour faire cesser les attentats sanglants anarchistes et populistes…

PS : ouvrage toujours en vente sans publicité, sans critique amie, et sans reproche.



[1] Les nouveaux terroristes de Mathieu Guidère (p.92). La thèse mondiale d’un fascisme vert regroupant les terroristes islamistes est une baudruche commerciale pour journaliste en mal de sensation (cf article de Xavier Crettiez, Politique et violence in Les Cahiers de la sécurité intérieure n°38, 2000).
[2] Nos gentilles émeutes de 2005 paraissent bien lointaines et dérisoires comparées aux soulèvements  du Maghreb au Makrek. Ces émeutes de banlieue françaises avaient soulevées d’inutiles et ronflantes polémiques sur leur utilité ou nocivité, avec des apologistes héroïques de la « violence urbaine contemporaine » comme le prof honoraire Jean-Pierre Garnier.
[3] Les nouveaux terroristes de Mathieu Guidère, ed Autrement 2010.

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