(réponse à Yannick Toutain)
Comme vous pouvez le lire en lien avec mon article critique sur le déroulé des événements en Tunisie, en date du 19 janvier, Yanick Toutain, que je ne connais pas personnellement et qui a tout l’air d’être un sacré agitateur du net, manifeste son mécontentement à mon égard, alors que sur de nombreux points nous sommes apparemment d’accord (sur la fumisterie du terrorisme anarchiste, sur le néo-stalinisme des trotskiens à la Bensaïd et Besancenot, sur la « bourgeoisie des diplômes, etc.). Il m’accuse de mépris à l’égard du peuple tunisien et de n’avoir pour toute proposition que l’ironie. D’abord je respecte profondément le peuple tunisien et ensuite je ne nie pas ne pas avoir réponse à tout, comme je n’ai pas la prétention d’être un parti à moi tout seul, même si, hélas, tel Mirabeau, je joue quand même un peu ce rôle au-dessus du milieu maximaliste incapable de s’assumer et de prendre position en temps et en heure sur les graves événements du monde, alors que le système internet le permet sur cinq continents. Sans doute le système bureaucratique des sectes empêchera toujours de prendre des décisions rapides et surtout de faire prendre des risques à ses membres pétochards cachés derrière un confortable anonymat. Je ne répondrais pas ici en détail aux conceptions libertaires débridées de Yanick, bien que j’aime sa vivacité et son anti-conformisme, parfois créateur mais souvent, malheureusement, farfelu. Il n’a pas bien assimilé l’histoire du mouvement maximaliste en taxant Ben Ali de « social-fasciste », épithète spongieuse et qui sent la naphtaline. Je ne sais ce que signifie sa notion de « formoisie », mais je sais qu’il se complait, comme la presse bourgeoise en ce moment, à des comparaisons hasardeuses et invraisemblables avec la dite révolution française, qu’il est, quoiqu’il en dise un rousseauiste de la plus belle eau… égalitariste simpliste, un tiers-mondiste mal embouché « il faut rendre aux africains la moitié de notre Pib » !!?), qu’il ignore le prolétariat comme force révolutionnaire, et qu’il plaque le système de représentativité qui fut celui des soviets russes de 1917 sur « les gens », « les tunisiens » de façon idéaliste et irréaliste sur un mouvement au Maghreb dont on ne connait pas encore tous les tenants et aboutissants. Sans personnaliser ma réponse, je m’efforcerai d’analyser la réalité de la situation en Tunisie et plus encore la situation d’une réalité un peu trop fleurie où des enterrements un peu trop précipités sont là pour empêcher toute véritable naissance ou renaissance de la seule classe révolutionnaire qui importe. L’invocation, par les supporters de l’UGTT en France et en Tunisie, de l’ignoble union de « tous les honnêtes gens » constitue une tactique ridicule et empoisonnée de la bourgeoisie tunisienne, soutenue et conseillée toujours en sous-main par les meilleurs diplomates français du genre Védrines.
Les raisons complexes du manque de développement du mouvement et de la conscience prolétaire en Tunisie, en rapport étroit avec le manque de développement économique et civil de ce pays semi-colonial (la plupart des patrons sont encore français), exigent de la part des théoriciens maximalistes et des hommes d’action du communisme conseilliste une moins longue étude que les précipitations louangeuses des gauchistes syndicalistes limités aux revendications économiques. Mais nous pouvons faire quelques observations cependant non tant sur les faits récents qui entravent le développement des véritables positions révolutionnaires que sur l’inadéquation et la fausseté des méthodes adoptées dans l’emballement par tous les donneurs de leçon gauchistes.
Les « restes » du régime colonial, le faible développement de la grande industrie, l’importance et le nombre de petites entreprises de sous-traitances et les salaires dans les « usines à touristes », les problèmes immenses posés par l’immigration, l’absence de perspectives pour une jeunesse très diplômée et une autre non diplômée, tous ces faits historico-sociaux mériteraient une analyse très précise du point de vue maximaliste. Ainsi que l’impossibilité, pour les prolétaires des pays laissés sur le bord de la route par le développement inégal du capitalisme, de rattraper le niveau des salaires de l’aristocratie syndicale occidentale. Ainsi que les facteurs ethnographiques et leurs conséquences sur la psychologie du peuple tunisien qui se caractérise par une survivance de l’individualisme, l’absence d’esprit d’initiative et d’association de la part de ceux qui prétendent non pas travailler pour le socialisme dans ces régions mais pour des réconciliations nationales et criminelles.
Un premier fait qu’il faut mettre en évidence est la totale insuffisance politique et intellectuelle des classes dirigeantes, le faible niveau de leur culture, leur misogynie, leur suivisme et leur paresse face aux graves problèmes sociaux. La moyenne intellectuelle de la bourgeoisie tunisienne est plutôt basse, du niveau du boutiquier, et celle-ci ne fera jamais avancer le problème social vers une solution nationale, enveloppée dans l’étoffe rouge étoilée du fanal local. Sa représentation politique actuelle, comme le lourdaud Ben Ali, est sans couleur et inconsciente, elle constitue l’agrégat ministériel de n’importe quel gouvernement occidental, elle ne s’occupe pas de faire pression sur la classe enrichie (cf. l’excellente blague tunisienne qui fait fureur : « Ali est parti mais les 40 voleurs sont restés !) parce que ses ministres « d’unanimisme national » ne s’occupent de chanter la « liberté retrouvée » que pour parader devant les télévisions occidentales et orientales. Ce n’est pas de la bourgeoisie tunisienne que les prolétaires et la jeunesse scolarisée ou non doivent attendre de quelconques améliorations de jasmin.
Et pas plus des conseils des Etats français, américain, libyen ou iranien, tous dirigés par des oligarchies capitalistes, religieuses et militaires, qui n’accepteront jamais qu’une protestation sociale de cette ampleur, en s’affirmant avec des organismes de classe, serve d’exemple pour démontrer la pourriture de tous ces régimes complices contre le prolétariat universel.
Les raisons en sont claires. D’une part, et fondamentalement, la crise systémique tue toute illusion sur la marché naturel de la consommation et sur une sortie du chômage massif. D’autre part, un développement d’organisations prolétariennes hors du syndicat collabo et des militants flics de l’ancien parti gouvernemental, ne pourrait que nuire à la fable des élections reprogrammées à six mois pour favoriser les petits arrangements entre ex-bénalistes et oppositionnels arrivistes, ainsi qu’à remettre en selle l’opposition islamiste ad hoc. Bien que posée avec maladresse et hors du champ prolétarien par Yanick Toutain (il fut le seul et il a ce mérite), la question de la formalisation de l’organisation – de masse et comme parti politique indépendant de la bourgeoisie – est la tâche de l’heure pour cesser ce spectacle d’une nation réduite à de simples manifestations sporadiques, à des conciliabules de café et au gré des humeurs de la mode voyeuse « twitter ». Un développement correspondant, sur le terrain politique, mieux qu’en 68 en France, des masses travailleuses , couperait certains des liens les plus mystificateurs des médias « démocratiques » et soporifiques.
Faut-il rappeler que les islamistes, moins diabolisés par les médias que Ben Ali, font des sourires au « processus électoral », que les pâles classes dirigeantes tunisiennes ont accordé à nouveau la rue aux imams tout en prétendant être encore le futur barrage aux musulmaniaques ?
Ce n’est donc pas de cette bourgeoisie conciliatrice et pleutre que viendra l’opposition à la présence des islamistes totalitaires au devant des manifs, mais seulement de la pression révolutionnaire des masses travailleuses.
Nous ne devons cependant pas nous cacher que si les classes dirigeantes tunisiennes sont très arriérées, le prolétariat lui-même a de profonds et graves défauts qui diminuent et retardent l’efficacité de son action.
La petite bourgeoisie diplômée, avec laquelle il est lié par mille liens de relations familiales, constitue une véritable entrave pour le mouvement prolétarien avec son espoir juvénile de valorisation des diplômes pour « encadrer » le prolétariat.
Dans ces conditions, il est naturel que la propagande bourgeoise pour le « renouveau » rencontre des appuis parmi la jeunesse. La tactique établie par les vieux gouvernants suivistes, que nous examinerons sous certains aspects, concourt pleinement à empêcher toute prise de conscience de l’impuissance du système à intégrer une masse croissante de sans travail, diplômé ou pas, et promet quelques accommodations fictives, vouées naturellement à renflouer l’islamisme lequel s’engage à faire intervenir Allah pour jouer les prolongations du capitalisme.
Nous voulons parler du « scandale financier » du clan Ben Ali et de sa pouffiasse, qui remplit toutes les colonnes de la presse occidentale, qui est présenté comme problème urgent de rapatrier des richesses extradées de Tunisie. Par stupidité et corruption, le système post-bénaliste continue à maquiller les mêmes manières de fonctionner, avec les mêmes cuisines « républicaines » et la même police sanglante. Cette manie de porter continuellement au premier plan les multiples exemples du scandale des profits du clan népotiste Ben Ali, ouvre ainsi la porte à l’option « morale » islamiste, plus apte à faire accepter frugalité, privations et punitions du capitalisme paupérisant que les belles paroles libertaires des vieux gouvernants. Le peu de concrétisation sociale et salariale du « gouvernement de transition » va naturellement causé un autre mécontentement parmi les masses, qui sera habilement exploité par les partis musulmaniaques.
Les ex-membres du RCD qui se sont élus au gouvernement de transition alors qu’ils étaient toujours les créatures de ce parti oligarchique veulent faire prendre leur ratatouille pour du couscous. Ils veulent continuer à laisser le pays aux mains de la bourgeoisie avec l’accord du clergé islamiste dit soft. Les opposants, qui ne sont au fond pas moins réactionnaires, prennent des positions populistes « démocratiques » fourre tout, se proclament champions de la nouvelle liberté fleurie et de la moralité libre-échangiste, essayent de prendre quelques positions anti-islamiques et chacun de se présenter en ordre dispersé comme en France pour le pompon présidentiel .
Des deux côtés de la Méditerranée, les prolétaires savent que quand de tels opposants parviennent au pouvoir, ils deviennent en général plus malhonnêtes et conservateurs que les autres. Tout prolétaire immigré tunisien qui connait la France, sait que cette description n’est pas exagérée. Ah, la démocratie occidentale !
L’erreur tragique des prolétaires tunisiens serait de se laisser entraîner dans l’orbite de cette transition, de cette pseudo-démocratie sans programme. Médiatisé et adoubé par les médias, cajolé par les petites sectes politiques bourgeoises de l’opposition dans l’attente fiévreuse d’un poste ministériel, il ne faudrait pas que le peuple tunisien reproduise la faible du corbeau et du renard, qu’il croit sous prétexte d’acquérir une plus grande liberté de circulation, que les « nouvelles autorités » vont rester neutres lors des conflits économiques avec la classe ouvrière, quoiqu’avec quelques améliorations temporaires d’ordre fiscal .
Retreint à s’admirer lui-même, absorbé par un épuisant travail de préparation électorale à base de scandales, de calomnies et de querelles ; préoccupé parle fait de prouver que le clan Ben Ali détroussait l’argent public – ce qui aurait été la seule motivation des émeutes selon la presse occidentale complice – bercé par les promesses de quelques sièges électoraux dans les conseils municipaux et provinciaux, après la présidentielle, pour quelques uns de ses enfants surdiplômés, le peuple tunisien est déjà le dindon de la farce.
Certes, cette situation n’est pas universelle. En Chine comme en Algérie, se produisent tous les jours des grèves hors du champ du crétinisme électoral, luttes qui, à terme, vont réveiller l’esprit révolutionnaires des prolétaires. En Tunisie le syndicalisme surgit en réaction. Mais même leurs syndicalistes de base anarchistes , qui laissent en plan les chefs les plus collaborationnistes, tombent dans les faciles étreintes d’une démocratie de quatre sous.
Et il y en a encore qui ont le culot d’adopter l’argument des conditions spéciales transitoires de la Tunisie contre la menace islamique encore fictive et romantique !
Ils se disent que si le pays est encore dans un moment incertain, ils doivent dénoncer la « politique de la chaise vide », s’allier même avec les neveux de la famille Ben Ali ou le diable lui-même pour sauver la population des islamistes.
Mais si la politique du « gouvernement de transition » venait à triompher, elle serait encore plus nuisible pour le pays là où la classe ouvrière tunisienne croit aux élections libres des avocats bourgeois et à des solutions autarciques nationales.
Mieux vaut l’abstentionnisme, permettant de faire un travail de contre-propagande au sein des masses qui veulent prendre leur destin en main pour pouvoir affronter et les fractions bourgeoises au service de l’occident et les fractions arriérées islamiques.
Mieux vaut avoir deux travailleurs conscients dans une assemblée de quartiers que vingt députés diplômés au service d’une majorité parlementaire bourgeoise.
Les conséquences des chants de sirène sur la présumée « révolution de jasmin » sont désormais fatales. Les journalistes tunisiens et français ne font que marcher à la recherche de scandales passés, ou pire, à chercher les moyens de saisir des fortunes en Suisse ou au Groenland. Aucun journal ne met en cause le capitalisme dans ses versions occidentale et orientale ni ne laisse filtrer de sérieuses discussions politiques parmi les masses tunisiennes.
On ne réclame pas de programme de changement de société, mais on provoque une poignée de népotistes fuyards en menaçant d’exhiber les casiers judiciaires. Le prolétariat tunisien et international qui assiste à tout cela, pourrait bien se lasser, à se défier et à se défiler de la comédie électorale si décrédibilisée même en Côte d’Ivoire.
Prolétaires tunisiens, il y a une seule voie. Recommencer depuis le début. Laissons les fantasmes sur la menace islamique, ce faux ferment d’unanimité nationale, donnons libre cours à notre propagande des principes. Voleurs ou honnêtes, les bourgeois se valent tous pour nous. Déjà ils craignent plus la propagation de votre insubordination en France qu’au Maroc ou en Algérie. En Iran les dictateurs bourgeois ont envoyé l’armée à l’université. N’autorisons plus la déformation du concept de révolution en une douteuse croisade pour le respect envers les codes de l’Etat bourgeois. Adoptons une tactique ultra-intransigeante de classe prolétaire et nous donnerons l’exemple au monde entier.
C’est seulement alors que nous aurons réveillé le lion qui dort en nous, classe exploitée universelle, que nous pourrons le lancer contre la bourgeoisie nationale de tous les partis qui se fient tant à la servilité de populations malheureuses. En avant contre les avocats du capitalisme et un peu plus pour le maximalisme révolutionnaire.
« Le marxisme est une conception révolutionnaire du monde qui doit toujours lutter pour des connaissances nouvelles, qui ne hait rien autant que la pétrification dans des formes valables dans le passé et qui conserve le meilleur de sa force vivante dans le cliquetis d'armes spirituel de l'auto-critique et dans les foudres et éclairs de l'histoire ». Rosa Luxemburg
PAGES PROLETARIENNES
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samedi 22 janvier 2011
vendredi 21 janvier 2011
HUMOUR TUNISIEN ECLATANT
(au moment de la farce du deuil national de 3 jours. Deuil pour qui ? Deuil pourquoi ?... pour calmer le jeu et faire chanter à nouveau dans les rues les imams….)
(piqué sur Le Monde aujourd'huiu)
CORRUPTION
"Ali Baba est parti, mais pas les 40 voleurs !"
PETITE ANNONCE
"Offre d'emploi n° 140 111 : On cherche un nouveau président pour la Tunisie. Expérience : débutant accepté. Type de contrat : CDD. Qualités requises : orphelin, fils unique, stérile et surtout chauve pour qu'il ne fréquente pas les salons de coiffure."
[La famille de Leïla Trabelsi, l'épouse du président déchu, une ancienne coiffeuse, a mis la Tunisie en coupe réglée.]
NOUVEAUX VERBES
"Hier, je suis allé chez le coiffeur pour me faire Leïler [coiffer] les cheveux. J'ai voulu Trabelsier [voler] le coiffeur, mais il s'est Tunisié [défendu], alors je me suis Benalisé [enfui]".
IVRESSE
"Après l'ivresse du changement, Tunis se réveille avec une gueule de bois nationale ! La démocratie, c'est comme l'alcool, ça se consomme avec modération... Mais en tant que peuple alcoolique, on a vite fait d'ingurgiter toute la bouteille cul sec. Résultat : le pays sombre dans un coma démocratique."*
BANQUE
"Ben Ali a créé une banque de solidarité... il s'est enfui avec la banque, mais il a laissé la solidarité."
[Ben Ali avait fait de cette banque de microcrédit pour les démunis un motif de fierté.]
PRÉSIDENT
"On avait un président tous les vingt-trois ans, maintenant on a un tous les jours."
[Du 14 au 16 janvier, la Tunisie a vu défiler : Ben Ali, puis l'actuel premier ministre de transition Mohamed Ghannouchi, suivi de l'ancien président du Parlement et actuel président par intérim Foued Mbazaâ.]
COMMENTATEURS
"Avant, en Tunisie, on avait 10 millions de commentateurs sportifs, maintenant, on a dix millions de commentateurs politiques."
KHADAFI
"Tant que nous sommes chauds, rendez-vous demain à Tripoli vers 9 heures. On fait tomber Kadhafi vers 9 h 30, maximum 10 heures, puis on rentre continuer notre révolution."
[Le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi a regretté le départ de Ben Ali qu'il considère toujours comme le "président légal".]
RIRA BIEN
"En 1987, Ben Ali a fait un coup d'Etat contre Habib Bourguiba. En 2011, c'est Habib Bourguiba qui lui rend la monnaie."
[Allusion à la manifestation du 14 janvier, avenue Habib Bourguiba à Tunis, qui a précipité le départ de Ben Ali.]
CHASSEZ LE NATUREL
"Urgent : en se réveillant ce matin, le roi d'Arabie saoudite a découvert qu'il lui manquait de l'argent."
[L'ancien président Ben Ali a trouvé refuge en Arabie saoudite.]
EMPLOIS
"Ben Ali nous avait promis 300 000 emplois. Il nous a offert 10 millions de postes... de gardien de quartier."
[Allusion aux comités de vigilance formés par les Tunisiens pour défendre les quartiers des milices armées de Ben Ali.]
Propos recueillis par Isabelle Mandraud
mercredi 19 janvier 2011
Tunisie : Désespoir et mensonge, et après ?
Jasmin en arabe est un composé de deux termes qui signifient désespoir et mensonge, juste résumé du sentiment des masses tunisiennes pour l’instant, dont la joie a fait plaisir à voir, comme ces jeunes filles tunisiennes sans voile et juchées sur les épaules de leurs copains manifestant (pied de nez à tout l’obscurantisme moyen oriental). La joie n’a pas été virtuelle mais elle pourrait être écourtée par de bien concrètes déceptions si ne surgissent pas des organismes politiques de classe pour « muscler » et servir de guide à la pensée émancipatrice.
REVOLUTION TWITTER ?
On nage en pleine wèbitude, navrantitude, hébétitude... qu'est-ce qu'on vous prend pour des cons et comme vous aimez cela! Les médias prêtent à internet des vertus qu'ils ne peuvent plus refiler aux élections financières de la république des avocats! Ce serait à mourir de rire si l'insurrection de la misère n'avait pas entrainé tant de morts et tant d'illusions sur la "liberté" à l'occidentale. Franchement si les infos du net ont abouti à cette misérable révolution de palais où le peuple tunisien est toujours aussi méprisé, ficelé dans le drapeau national, pour que trois gugusses d'une présumée opposition aient figuré sur des strapontins gouvernemtaux, c'est se moquer des suicidés et des massacrés!
Que les « réseaux » du web aient servi à faire transiter l’information et à encourager les manifestations, nul ne le conteste, mais l’exercice de la protestation ne pouvait pas rester virtuel. Il a bien fallu défiler dans les rues et aller s’en prendre aux symboles concrets du pouvoir. De plus pour qu’un mouvement social s’affirme, il n’est pas possible de rester assis devant son clavier. Rien ne peut remplacer les AG physiques. Rien ne peut remplacer de réels comités et organismes de la lutte. Ce rien c’est cette hystérique et universelle exaltation d’internet ! Qui n’empiète pas fondamentalement sur les prérogatives du pouvoir. Cette auto-congratulation des milliers de blogueurs anonymes est conforme à la mystification américaine "fleurie" qui a pris les devants pour déminer toute réelle extension de la lutte du point de vue prolétarien en arguant de cette merveilleuse plante, moins jolie que le jasmin (et certes très puante), la démocratie occidentale. La lutte contre les dictatures ne serait plus que l’observation du spectateur attendri devant son écran d’ordinateur, doté d’une étonnante colère virtuelle, d’une mobilisation virtuelle, d’une volonté de changement virtuelle. Amusez-vous sur internet, le pouvoir s’occupe du reste. Cela me rappelle la réponse à ma question des gogos en France après mai 1981 :
- L’élection de Mitterrand vous a apporté quoi ?
- Les radios libres !
J’en ris encore de ces misérables bobos qui nous prennent toujours pour des cons. La chaîne de télé Al-Jazeera est du même type. Le très chic Le Monde a salué comme exemplaire la propagande pourtant perverse de cette chaîne : « Al-Jazeera n'a pas raté son rendez-vous avec l'Histoire. La télévision qatarie, qui pourfend depuis sa création les abus des autocrates du Maghreb et du Machrek, a été à la pointe de la couverture médiatique de la première révolution populaire du monde arabe. Dans des conditions hostiles, puisque le régime Ben Ali avait décrété ses journalistes persona non grata, la chaîne d'information continue, en s'appuyant sur les nouveaux médias du Web 2.0 et en leur offrant sa force de frappe inégalée, est parvenue à accompagner la montée en puissance du soulèvement tunisien. Et c'est ainsi, vendredi 14 janvier, en fin d'après-midi, que Houeida a vu apparaître sur Al-Jazira l'information qui enflammait le tout-Tunis depuis quelques minutes : Ben Ali est parti. "Ça a été un grand bonheur, dit le Tunisien Mhamed Krichen, l'un des présentateurs vedettes de la chaîne panarabe, cible favorite des officines de l'ancien régime, qui était justement ce soir-là sur le plateau, à Doha. Si j'avais été en vacances ou absent ce jour-là, je m'en serais voulu toute la vie ».
On en aurait presque les larmes aux yeux si tout cela n’était pas manipulation, manipulation intéressée pour l’après Ben Ali. Taoufik Ben Brik, journaliste et opposant tunisien interviewé par Boris Manenti lundi 17 janvier a bien levé le voile de cette manipulation : « Avant le départ de Ben Ali, la chaîne Al-Jazeera a commencé à prendre la place de la chaîne nationale TV7 tant décriée. Depuis le début des événements de Sidi Bouzid, Al-Jazeera a choisi de ne diffuser les messages de ceux qui croient au compromis, ceux qui sont des propagandistes liés à Ben Ali. Depuis le 14 janvier, la chaîne s'est placée sur l'échiquier politique, elle est devenue un mastodonte du quatrième pouvoir. Al-Jazeera est le Vanity Fair du monde arabe : tout le monde la suit, tout le monde veut y passer. Mais la chaîne fait le tri et ne choisit que les collabos du gouvernement de solidarité nationale. Al-Jazeera est maintenant comme un char américain avec sur son dos une opposition politique qui n'a aucun ancrage en Tunisie. La chaîne ne présente comme opposition que des islamistes, les collabos de ce gouvernement et ceux qui acceptent la mouvance intégriste. Tous ceux qui bataillent depuis des années, qui ont porté la résistance, qui ont bataillé de l'intérieur sont écartés. L'opposante de la première heure à Ben Ali, Om Zied, a par exemple été tout de suite écartée. J'ai simplement une question : cette opposition est-elle représentative de Mohamed Bouazizi qui s'est immolé à Sidi Bouzid ? Est-elle représentative des martyrs de Kasserine ? Est-elle représentative des paysans, des syndicalistes, des poètes, des journalistes, des chômeurs diplômés ou non ? Al-Jazeera fait de la désinformation. La horde des correspondants d'Al-Jazeera fait de la désinformation alléchante. Ils affirment que le gendre de Ben Ali a été attrapé, mais en réalité non. Ils affirment que des étrangers viennent pour liquider des membres du gouvernement, mais il s'agit simplement de chasseurs Suédois. Al-Jazeera lance de nombreuses rumeurs pour créer un brouillard sur l'information. Elle affirme que le chaos règne sur la Tunisie et appelle les gens à rester dans leur maison, mais ce n'est que du vent ! La chaîne installe un climat de peur. Les services des renseignements mis en place par Ben Ali continuent d'opérer. On a coupé la tête, mais le canard court encore. Le système Ben Ali est aujourd'hui resplendissant. Les PPP - parti unique, police, pègre - sont encore là. Nos communications téléphoniques sont filtrées et sur écoute. Sur Facebook, la page de ma femme, Azza Zarrad, a été piratée. Le piratage des pages continue pour les membres les plus actifs qui continuent de dire "No passaran". Depuis le 14 janvier, il y a d'ailleurs une baisse énorme de l'activité des Facebookers. Les leaders numériques sortent du virtuel pour aller sur le terrain et réclamer une part du gâteau. Ici, tout le monde a senti l'odeur du cadavre du gouvernement tunisien ».
LA PRISE EN MAIN DE LA SITUATION SOUS CONTROLE US
Les troubles sociaux qui secouent la Tunisie depuis près de 15 jours ont fait entre 60 et 100 morts. Le département d'Etat américain avait déjà convoqué la veille (le jeudi 13) l'ambassadeur de Tunisie, Mohamed Salah Tekaya, pour lui exprimer son inquiétude et demander le respect des libertés individuelles, selon la langue de bois occidentale consacrée.
Le gouvernement US avait déjà téléphoné immédiatement, début janvier, aux caciques de l’armée tunisienne pour éjecter le plus vite possible le fusible Ben Ali. Ce dernier s’est enfui dans la province d'Arabie Saoudite sunnite. La bourgeoisie US finance l'islamisme sunnite dans le monde. Sans coup férir la bourgeoisie US a lâché sa carte Ben Ali, carte usée. Il avait été formé par la CIA avec pour mission de tenir la Tunisie et surtout d'apporter un soutien aux palestiniens du Fatah, pour contrer le Hamas et le Hezbollah(Iran) ; cette stratégie qui n'a pas donné les fruits escomptés. La ministre de la guerre, Mme Clinton a eu peur d’un trop grand dérapage dans la répression qui pouvait entraîner des dégâts collatéraux, tout particulièrement pour "les autocraties" voisines soutenues par « l’administration » Obama.
Le problème avec le monde arabo/musulman – armée de réserve de chômeurs pour l’occident - est qu'il est difficile à maîtriser avec les seules forces islamistes car Allah ne fait rien pour réduire le chômage. Immédiatement, lors de la fameuse journée du 14 janvier (fuite de Ben Ali) la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a appelé le gouvernement tunisien à oeuvrer à une "solution pacifique" pour faire cesser les troubles sociaux qui secouent le pays, dans une interview à la chaîne al-Arabiya basée à Dubaï. Elle a appelé surtout Tunis à "se concentrer sur la création d'emplois pour les jeunes" : « Nous sommes inquiets quant aux troubles et à l'instabilité" qui touche la Tunisie, a déclaré Mme Clinton dans cette interview diffusée mardi soir, en se disant également préoccupée par "la réaction du gouvernement, qui a malheureusement provoqué la mort de certains jeunes protestataires"."Nous ne prenons pas partie, mais nous espérons qu'il y aura une solution pacifique. Et j'espère que le gouvernement tunisien pourra trouver une telle solution", a-t-elle ajouté ». Charmant conseil à l’usine tunisienne de sous traitement de soutifs !
Le gouvernement intérimaire tunisien cherche encore les solutions et va continuer à voir ses ministres fantoches dévaler les escaliers à la renverse chaque jour parce que c’est un gouvernement de faux-cul parce que c’est un gouvernement d’héritiers hypocrites de la dictature Ben Ali, parce que c’est un gouvernement qui protège encore les tueurs de la police, etc. Au cours de l’épisode suivant de la mascarade successorale, le président par intérim Foued Mebazaa et le Premier ministre Mohammed Ghannouchi ont démissionné du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), qui a régné sans partage pendant 23 ans sur la vie politique tunisienne. Dans le même temps, le RCD a renchéri pour tenter de sauver ses meubles et ses affiches, en annonçant, dans un communiqué, avoir radié de ses rangs l'ex-président Ben Ali. Ben dis donc ! Le syndicat gouvernemental, présenté aussi mensongèrement par Le Monde comme un acteur principal de la « révolution de jasmin » a invoqué les protestations de sa « base » pour retirer ses ministrables. Ben dis donc !
Des questions graves sont posées et n’ont pas de réponse dans le black out actuel sur le niveau de réflexion politique des prolétaires tunisiens et de la jeunesse. On m’objectera que c’est faux qu’il y a surabondance d’infos. C’est vrai mais justement parce que cela permet de noyer les vraies questions :
1-Pourquoi les grandes puissances se fichent-elles qu’il n'existe aucun gouvernement de type démocratique en Afrique, et pas seulement en Tunisie?
2-Pourquoi la presse française qui n'en finit plus de faire ses unes sur "La révolution de Jasmin" n'a t elle rien dit depuis l'été 2010 alors que la déliquescence du régime s'accélérait (un rappel: Ben Ali est malade d'un cancer et ne gouvernait plus, ça se savait)?
3-Pourquoi aucun commentateur n'explique que c'est l'armée qui a renversé Ben Ali après une « suggestion » américaine? Petite révolution de palais par la grande muette pas par le peuple hurlant sa colère. Ce n’est pas un peuple insurgé qui a occupé le palais mais l’armée bourgeoise qui est venue empêcher sa mise à sac !
4-Pourquoi mentir chaque jour en glorifiant une possible démocratie fleurant bon le jasmin ? A-t-on jamais vu une dictature policière devenir une démocratie à l'occidentale en 60 jours ou six mois? Aucun journaliste n'envisage d'autre hypothèse, il suffit pourtant de regarder le long cheminement de l'Irak et la Côte d’Ivoire pour savoir qu'on ne s’oriente pas vers une démocratie parlementaire qui n'existe nulle part dans le monde Arabe, et qui surtout est rendue impossible par la crise systémique. Bref, toutes ces réactions journalistiques sans recul ni analyses et teintées d'eurocentrisme triomphant, nous gavent.
LES PAUVRES MYSTIFICATIONS DES REACTIONNAIRES GAUCHISTES
Nos gauchistes nationaux sont les premiers chantres d’une protubérante mais fallacieuse nouvelle révolution fleurie, un peu comme ce Jean Nullard, historien de la Révolution française qui a été convié, toujours dans l’Immonde journal bourgeois grand bobo, à étaler ses niaises comparaisons historiques. Pauvres gauchistes, rangés des mitraillettes guévaristes, ils ne sont plus que les fervents défenseurs de la démocratie électorale des avocats. Mais, ils ont, en lisière de secte, leurs radicaux genre bolcheviques imaginaires. Un certain Yanick Toutain fantasmant un inéluctable nouvel Octobre 17 est certain d’avoir enchanté les « masses arabes » avec son programme léninien relooké anti-fasciste de salon exhumé (ce pitre a recopié Anweiler et Broué dans le texte):
1° Il faut disloquer TOUT l’APPAREIL JURIDIQUE, ECONOMIQUE, REPRESSIF du socialo-fascisme Ben Alisme.
2° Il faut en FINIR avec les ELECTIONS. Depuis la Commune de Paris – noyée dans le sang – la bourgeoisie a tenté de TUER le principe de REVOCABILITE. Les élections sont incompatibles avec le contrôle des élus. La bourgeoisie veut un système avec DELAI non révocable pour pouvoir CORROMPRE.
3° IL NE FAUT AUCUN DELAI pour AFFIRMER LA VOLONTE POPULAIRE
Il faut donc que les Tunisiens de plus de 14 ans se GROUPENT LIBREMENT par groupes de 25 ayant des options provisoirement identiques et désignent un DELEGUE REVOCABLE.
Ce délégué est un délégué de base. 25 délégués de base se choisissent et désignent un délégué de conseil (qui représente 625 personnes en étant contrôlés par ses 25 délégués de base)
25 délégués de conseil ===> un delégué député (15 000 délégateurs)25 délégués députés ===>> un délégué national. C’est ce que j’écrivais hier avant la chute
vendredi 14 janvier 2011 A Tunis, c’est la révolution africaine qui commence, c’est la révolution mondiale anti-capitaliste, IL FAUT D’URGENCE LA DELEGATION GENERALE REVOCABLE. Le dictateur socialo-fasciste Ben Ali va peut-être balayé d’ici ce soir – vendredi 14 janvier 2011. Si ce n’est pas le cas, ce sera dans les jours qui viennent.
La seule question, le seul critère c’est l’ORGANISATION par la BASE.
Ils sont des dizaines de milliers face au leader socialo-fasciste de l’Internationale Socialiste. Ils sont des dizaines de milliers face à un pouvoir sur le point de se DISLOQUER !
(…) Il faut d’urgence 300 000 délégués de base ! Il faut que 7,5 millions de Tunisiens de plus de 14 ans se groupent par 25 pour désigner le meilleur d’entre eux.
IL FAUT 12 000 DÉLÉGUÉS DE CONSEIL révocables à tout moment (chacun représentant 625 Tunisiens). IL FAUT que ces délégués de conseil, par 25, désignent 480 DÉLÉGUÉS-députés.(chaque délégué-député représente 15000 délégateurs de base et peut être révoqué à tout moment par ses 24 délégués de conseil.) IL FAUT UN GOUVERNEMENT PROVISOIRE RÉVOCABLE !!! IL FAUT UN GOUVERNEMENT DE 19 DELEGUES NATIONAUX ! Ce sont 25 délégués députés qui peuvent désigner un délégué national révocable à tout moment. Chaque délégué national représente donc 390 000 Tunisiens ».
AH Ah Ah Ah….
La révolution n'a même pas commencé qu’un bouffon gauchiste, qu'un promoteur, un syndicaliste et un moitié diplômé nous parlent de la défendre! Défendre quoi? Des élections de merde où vous n'aurez que le choix entre Ghannouchi le vieux benaliste et Ghannouchi l'obscurantiste de Londres?
Qu'est-ce qu'une révolution?
C'est le renversement de la bourgeoisie par le prolétariat + la dissolution de l'armée et de la police + l'armement du prolétariat+ l'appel à imiter dans les autres pays. L’auto-organisation des masses suit naturellement sans les décomptes et projections ridicules du petit Toutain. Rien de tout cela en ce moment en Tunisie mais des intellos qui attendent un petit moustachu genre Walesa, et qui promettent la lune avec les élections, pas de grèves, pas de Conseils ouvriers mais un vieux syndicat d'Etat qui tente de se refaire une façade, des comités de quartiers ridicules avec des bouts de bois... et certains qui veulent encore prétendre sauvegarder une révolution qui n'a pas eu lieu. Parce que la classe ouvrière est trop faible dans ce pays et engluée dans le drapeau national.
Les manifestants sont en train de se faire niquer en beauté doublement, une première fois avec la provocation dans la continuité de cette merde "d'union nationale" (avec le jeu trouble de l'UGTT) et une deuxième fois, qui va devenir l'alternative pour les arriérés: en laissant les islamistes prendre la tête de leurs manifestations. Si vous n'êtes pas capables de virer un Sadok Chourou de la tête de vos manifs, vous deviendrez la risée du monde entier et ne venez pas vous plaindre par après si une dictature musulmaniaque succède à la mafia Traboulsi-Ben Ali! A Paris les délirants islaminguants vont être aussi tolérés à dessein par Sarko et Delanoë: alors que les pyjamas barbus et leurs bigotes étaient absents des précédentes protestations, ils vont faire leur retour en force avec leurs cris nationalistes et antisémites, sauf si on est capable de leur faire barrage et de leur rentrer dedans pour bien montrer qu'ils ne sont pas les défenseurs ni des ouvriers ni des pauvres, mais des promesses d'Allah pour réduire le chômage à la fin des temps. La rue en France ne doit pas être laissée aux futurs oppresseurs du peuple tunisien mais affirmer la solidarité de classe avec le prolétariat tunisien qui ne contentera pas lui des promesses éternelles des musiciens d’Allah. Pour l’heure la menace islamiste est un peu comme la menace de la blonde Le Pen, une farce qui n’intéresse ni n’amuse les tunisiens.
La bourgeoisie tunisienne prépare par contre, à terme,, en lien avec les bourgeoisies occidentales, cette fausse opposition électorale classique, gauche contre droite, gérants repentis de l’Etat benaliste + les partis oppositionnels bariolés contre les tenants de l’obscurantisme « propre » !
A suivre….
POST SCRIPTUM : un addenda sur la religion me paraît nécessaire. La religion reste en arrière fond et pèse comme facteur d’arriération non seulement sur le prolétariat de ces pays mais en ce qu’elle entretient un capitalisme arriéré semi-colonialiste. La religion musulmane a conditionné une absence totale de découvertes scientifiques modernes dans l’aire géographique arabe. La politique se fout pourtant de la science officielle et de la religion. L’exemple de la lutte du peuple tunisien sous beaucoup d’aspects montre que la réaction islamiste a peu de chance de s’imposer contrairement à l’Iran, au grand regret de la Sainte Alliance capitaliste ! (mais à condition de se relier à la lutte de classes des pays riches, où hélas le prolétariat fait figure encore de privilégié). Et de toute façon, désormais l’Occident rattrape l’Orient, les sciences sont surtout vouées à des découvertes… destructives et aliénantes ! Néanmoins, vu la prégnance de l’idéologie religieuse, sponsorisée par le capitalisme, on n’échappera pas dans l’époque qui vient à des confrontations politiques ouvertes contre l’obscurantisme religieux, avec pour drapeau : le prolétariat n’a ni patrie ni religion !
Il n’en a pas toujours été ainsi. Du VIIème au XIème siècle, il n’y pas incompatibilité avec les sciences dans le monde arabo-musulman, bien que le plus grand mathématicien et astronome de son époque, Omar Khayyam, commence vers la fin de cette période à manifester par ses écrits à quel point les dévôts de l'islam lui tapent sur le système. Après lui, les sciences islamiques déclinent peu à peu pour ne plus renaître. La contestation des religieux non plus. Après le XIe siècle, il serait injuste de ne pas citer Averroes (1126-1198), mais là encore, il a surtout "ré-exploité" Aristote. On lui doit d'avoir expliqué le fonctionnement de l'œil. Mais cette civilisation a lentement replongé dans l'obscurantisme avant que l'occident ne prenne le relais du progrès scientifique. Pour certains, il reste que le Coran est un "grand ouvrage scientifique". Tout y est ... même la mécanique quantique ! L’aire arabe n’a pas stagné, elle a régressé, pas seulement à cause de la colonisation. Toute religion puissante dans une aire géographique a tendance à museler la recherche. Les années où le Christianisme a été le plus puissant en Europe correspondent à la période de plus fort obscurantisme au même endroit. Les années récentes aux USA, où des pressions religieuses font qu'on enseigne au même niveau des théories scientifiques et des croyances datant de 4000 ans, sont du même genre. L'Islam n’est pas plus condamnable dans ce domaine que les autres religions actuellement bien connues. La seule différence, c'est l'"usure" de l'Islam, comme il y a une usure du Christianisme. La première ne date que de 1400 ans en gros, la seconde de 2000. La science durant le Christianisme de l'An 1400, c'est assez ténébreux...
« Expliquer toute chose par Dieu, cela revient à couper court à toute question, à réprimer toute curiosité intellectuelle, à étouffer tout progrès scientifique. On n'est guère avancé en disant que la merveilleuse variété et l'impressionnante complexité des organismes vivants sont un miracle. C'est encore moins une explication scientifique... » (Ibn Warraq). « La charia ne reflète que les conditions sociales et économiques des premiers abbassides et on l'a conservée sans tenir compte des développements ultérieurs de la société. ...aussi longtemps que nous penserons que le Coran est éternellement vrai et qu'il apporte une réponse à tous les problèmes du monde moderne, il n'y aura aucun progrès. Les principes contenus dans le Coran sont antithétiques au progrès moral ». « Le plus nocif des legs de Muhammad est peut-être d'avoir soutenu que le Coran est la parole même de Dieu, vraie à jamais, faisant ainsi obstacle à tout progrès intellectuel et oblitérant tout espoir de liberté de pensée qui seuls permettraient à l'islam d'entrer dans le XXIème siècle » . (Ibn Warraq / Pourquoi je ne suis pas musulman / 1999)
lundi 17 janvier 2011
dimanche 16 janvier 2011
INSURRECTION DE LA MISERE PUIS REVOLUTION DE PALAIS?
« On pense aujourd’hui à la révolution, non comme à une solution des problèmes posés par l’actualité, mais comme à un miracle dispensant de résoudre les problèmes ».
Simone Weil
Outre cette contribution, on lira par après quelques données économico-sociales pour comprendre la Tunisie d’aujourd’hui et le constat de la ménopause révolutionnaire du CCI qui, telle une vieille dame percluse de rhumatismes vient aux nouvelles bien après tout le monde pour… ne rien dire de précis ni d’utile à l’insurrection des consciences des prolétaires.
Tout le monde est conscient que le peuple tunisien est en train d’être grugé par les conciliabules secrets des amis de Ben Ali, des généraux et du menu fretin oppositionnel et syndical. Plutôt que de dire bêtement comme le CCI (RI-France) qu’il y aurait eu jusque à black out, c’est SOUS NOS YEUX que se déroule la défaite du peuple tunisien en révolte sociale :
- Le monde entier assure que se déroule une « révolution de jasmin », curieuse symbolique soft puisque cette fleur est un symbole érotique,
- Les manifestations sans pancartes syndicales débiles et sans drapeau national arriéré sont désormais envahies par ce fanal rouge étoilé comme au moment des matchs de foot,
- Tous les médias agitent la perspective dans deux mois d’élections démocratiques alors que partout elles apparaissent comme de la foutaise pour maintenir les oligarchies capitalistes et élire des notables et avocats bourgeois, de France en Côte d’Ivoire ;
- La focalisation sur l’Algérie est terminée, des manifestations en Jordanie ont été vite oubliées, seuls des étudiants du Yémen ont appelé à renverser tous les Etats de la région… montrant la vraie perspective pour les prolétaires tunisiens et non pas cette espèce d’hypocrite consensus national pour une présumée réconciliation des tueurs et des victimes ;
- Les émeutes positives dans un premier temps – attaques contre les symboles de l’Etat et de l’enrichissement - sont devenues contre-productives et ne sont plus le fait que des flics et cerbères de l’ancien régime intéressés à piller et à criminaliser le mouvement ;
- Sans grèves colonnes vertébrales de la lutte et sans force industrielle concentrée, la classe ouvrière tunisienne n’est pas à même de constituer des organes insurectionnels type Conseils ouvriers ni d’empêchement du chaos, type milices prolétariennes.
L'enthousiasme risque donc de s’éteindre en Tunisie après l'éviction de Ben Ali samedi. Aucun prolétaire tunisien, comme aucun prolétaire de Côte d’Ivoire ne croit à une transition en douceur vers un régime bourgeois démocratique de type occidental. Bien au contraire, l’intelligence politique des prolétaires leur fait craindre que la fuite du président tunisien n’ait été manigancée par l’armée que pour la préservation du pouvoir par des membres de son entourage. Ce qui les conforte dans leur inquiétude est l’affirmation générale de tous les médias bourgeois qu’il n’y a aucune « figure » pour incarner l’opposition ou que celle-ci n’est pas fédérable. Quelle cuistrerie pour maintenir la même oligarchie en place. N’importe quel petit parti de gauche bobo ou même d’obédience trotskienne peut évidemment fournir des cadres gouvernementaux ; n’importe quel militant chevronné de partis oppositionnels ou chefaillons de l’UGTT peut aussi bien prendre les rênes d’un nouveau gouvernement que les vieux caciques cireurs de pompes de Ben Ali qui commandent aux fonctionnaires. La petite bourgeoisie intellectuelle dans tous les pays a les moyens de fournir des élites gouvernementales, du côté du prolétariat c’est moins sûr ; et le prolétariat tunisien, sans parti et sans conseils ouvriers, n’a pas assez de force pour que la bourgeoisie invente un nouveau Kérensky, donc il est exclu comme force du jeu actuel. L’armée, si flattée par les médias, alors qu’elle a été totalement complice du régime Ben Ali, n’est même pas qualifiable au niveau des capitaines d’avril du Portugal de 1974, parce que ce n’est plus la même époque, parce que la Tunisie est restée et reste un Etat semi-colonial. L’armée est donc supposée avoir négocié le départ de Ben Ali… A qui veulent-ils faire croire cela ? L’éviction de Ben Ali a été plus probablement négociée sous l’égide de la bourgeoisie américaine et européenne (avec Sarko comme simple consultant), et généraux et sous-fifres mafieux ont dû dire amen. Il apparaît qu’à la suite de ces tractations avec les autorités de tutelle occidentale, contrairement à l’imbécilité de MAM, l’armée a eu consigne de limiter les exactions de la police et qu’une partie des policiers ont compris l’intérêt de poser pour de fausses scènes de fraternisation pour éloigner tout risque de dissolution de ce corps mercenaire.
Abandonnés par Ben ALI, ses partisans tentent de se maintenir au pouvoir :
- se basant sur une constitution faite par et pour Ben Ali, ses partisans ont pris le pouvoir d'une façon soit disant provisoire. La validation du choix de GHANNOUCHI puis celui de MBAZZAA a été faite par les membres de la chambre constitutionnelle.
La majeure partie des membres de cette chambre ONT DU SANG SUR LES MAINS et le président de cette chambre et le bourreau ABDALLAH EL KALLEL (recherché par la Suisse pour torture).
- MBAZZAA promet de préparer dans les 60 jours des élections présidentielles avec la participation de l'ensemble de l'opposition dans le respect de la constitution alors que cette constitution stipule que pour se présenter aux Elections Présidentielles il faut être chef d'un partie politique autorisé par la chambre constitutionnelle depuis au moins 5 ans! (autre raison pour écarter toute opposition émigrée).
- le peuple Tunisien a donné de son sang pour "dégager" Ben Ali, mais ni MBAZZAA, ni GHANNOUCHI n'ont donné d'explication sur les circonstance du départ du dictateur, ils n'ont pas demandé le gel des avoirs de sa famille ( 5 milliards de dollars pour toute la famille, la bourgeoisie française ne pose le problème du gel que maintenant, preuve qu’elle misait encore sur le clan Ben Ali)).
- les pilleurs et voleurs arrêtés par la population tunisienne ( et non par la police) avouent avoir reçus le soutien des agents du ministère de l'intérieur..
- le retour des dites "élections libres" (mensonge habituel de la démocratie financière en Europe) et surtout comme il n'y a pas une classe ouvrière capable de former Conseils ouvriers + milices prolétariennes pour faire cesser les pillages PREPARE un faux débat entre les successeurs "démocrates" de Ben Ali et les abrutis barbus en pyjama de retour de Londres. Tout ça parce que des manifestants croient qu'en s'enveloppant dans le drapeau national ils se protègeraient de la bourgeoisie. Une solution? L'extension de la lutte par delà les frontières. Le repli vers la farce électorale de type occidental c'est la mort d'une révolte sociale justifiée.
Dans la mesure où il apparait hypothétique que surgissent de véritables comités révolutionnaires, la bagarre sous égide occidentale, se déroule encore entre le maintien d’une partie de l’ancien personnel vendu à Ben Ali et les partisans d’une intégration du milieu politique petit bourgeois émigré pour donner un semblant de crédibilité à une révolution de palais qui ne sent pas aussi bon que le jasmin. Si les manifestations retombent, cela pourrait redonner une légitimité à quelqu'un du système après une mise à l'écart des larbins les plus en vue. Quelle transition démocratique dans ce pays de bourgeoisie semi-coloniale ? Les cartes se succèdent. Mohammed Ghannouchi n’aura été qu’un intérimaire de 24 heures, puis le Conseil constitutionnel a proclamé le président du Parlement chef de l'Etat transitoire vers des élections « démocratiques ». En attendant rien n’est réglé dans la rue, après les destructions les incendies de grandes surfaces les problèmes d’approvisionnement de la population vont être utilisés pour calmer les ardeurs politiques des prolétaires, avec, inévitablement la promesse d’une renaissance du syndicalisme « indépendant ». L’UGTT devrait être amenée à jouer un rôle de premier plan pour le maintien de l’ordre dans la perspective vide des élections. Avec l’aide de tous les réactionnaires gauchistes européens.
LE SYNDICAT UNIQUE CAMELEON
L'UGTT était devenu, au lendemain de l'indépendance en 1956, un prétendu contre-pouvoir au régime de parti unique. Son histoire alterne une contestation soft, de façade, à une soumission totale au pouvoir, alternée par la révélation d’une série de malversations. En 1999 l’UGTT s’était même alignée systématiquement sur les positions officielles et sur celles du patronat. Accusé de malversations et de mauvaise gestion, son pontife général était contraint à la démission en septembre 2000 puis traduit en justice et condamné, en octobre 2001, à 13 ans de prison ferme et à de fortes amendes. Abdessalem Jerad lui succède. Contesté par une partie de la classe ouvrière, cet ancien agent de la Société nationale de transport est confirmé à son poste au congrès de Djerba, en février 2002, par 307 voix sur 457. À défaut de légitimer son leadership, il parvient à s'imposer à la tête du bureau exécutif où siègent 9 de ses partisans ainsi que 3 élus sur une liste rivale emmenée par Ali Romdhane. Au sortir d'une longue traversée du désert, ce dernier devient le numéro 2 de l'organisation. Le syndicat unique a perdu depuis longtemps le prestige qu'il avait durant les années 1970 : le secrétaire général d'alors, Habib Achour, n'hésitait pas à contester formellement les décisions du gouvernement au nom de l'intérêt des travailleurs. Pourtant, les signes d'une adaptation du syndicalisme tunisien caméléon sont perceptibles, dans le même cadre corrompu du maintien de l’Etat. En 2004, le soutien de l'UGTT à la candidature du président Zine el-Abidine Ben Ali pour un quatrième mandat est âprement discuté au sein de la commission administrative. La majorité finit par accepter une motion de soutien présentée par le bureau exécutif mais certaines structures régionales, plusieurs fédérations (dont celles de l'enseignement supérieur et de la santé) et des syndicats nationaux y sont hostiles.
Les gauchistes européens se démènent de ce côté de la Méditerranée pour épauler la renaissance d’un syndicalisme rénové et qui va recruter parmi les étudiants tunisiens bobos. Un communiqué de l’antenne des lambertistes le POI (parti ouvrier indépendant) – secte française louche - milite déjà, en truquant les faits, en faveur d’une fallacieuse renaissance syndicale basée sur une martyrologie intéressée à faire oublier le syndicalisme d’Etat automatique et reconstituer une bouée de secours pour l’Etat maintenu: « Plongée dans la misère, sans aucune perspective, la jeunesse et la classe ouvrière de Tunisie, se réappropriant leurs syndicats se soulèvent dans tout le pays pour défendre leur droit d’exister. Depuis plusieurs jours, des militants syndicalistes locaux de l’UGTT sont morts sous les balles de la répression policière. Hommes et femmes unis, travailleurs, jeunes, avocats, artistes, universitaires : des centaines sont blessés, ont été tabassés, jetés en prison. Spontanément, dans des dizaines de villes, la population s’est rendue au siège local de l’UGTT pour exprimer son opposition à Ben Ali ». (signé Louisa Hanoune du PT d’Algérie, et du pitre parisien Gluckstein). Laguiller fait le même habituel bla-bla généraliste sur la solidarité des peuples. Le NPA cire les pompes de la révolution de jasmin : « La fuite du dictateur c'est une grande victoire pour le peuple tunisien. Le NPA renouvelle tout son soutien au peuple tunisien, à la révolution démocratique à laquelle il aspire ». Pour que la révolte sociale expire…
A suivre…
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QUELQUES DONNEES ECONOMICO-SOCIALES SUR LA TUNISIE
La Tunisie étant un pays semi colonial, dont l’économie, dominée par l’impérialisme mondial, est tournée vers l’exportation, l’industrie lourde y est faiblement développée et le pays importe les équipements. Les salariés travaillant dans les industries manufacturières sont 554 700 dont 273 560 salariés (49,3%environ) dans 2 800 entreprises à capital totalement ou partiellement étranger comptabilisées.
En 2006, ces entreprises représentaient le tiers de l’ensemble des entreprises manufacturières en Tunisie. Le capital monopoliste européen domine dans ces 2800 entreprises dont la moitié environ sont des entreprises françaises. On dénombrait également des entreprises italiennes, belges, allemandes, etc. Selon le recensement de 2004, le nombre de salariés s’élève à 2 255 700 sur une population de 9 910 872 habitants (soit 21,75%de la population) et une population active de 3 328 600 (1), dont 2 440 100 hommes et 73,4% et 888 500 de femmes ou 26,6%. Il est à noter que le nombre des salariés est passé de 1 649 600 en 1994 à 2 155 700 en 2004, soit +506 100 en 10 ans. La classe ouvrière se caractérise par :
- une faible concentration dans le milieu agricole, surtout après le démantèlement du secteur public ;
- une faible concentration dans l’industrie en raison de l’importance des PME et des ateliers employant quelques salariés ;
- la précarité de l’emploi en raisons de la quasi-généralisation des contrats de travail à durée déterminée, de l’emploi temporaire, de l’emploi à domicile, et.
- le faible taux de syndicalisation : entre 7 et 8% dans le secteur privé et 20% environ dans le secteur public ;
- une centrale syndicale dominée par une bureaucratie sur une ligne de conciliation de classes.
L’industrie est essentiellement une industrie de transformation, d’extraction des matières premières, une industrie légère. Le prolétariat industriel tunisien se trouve dans le secteur des transports, de l’énergie et dans quelques unités métallurgiques.
Notons que parmi les 3 328 600 actifs en Tunisie, on compte 884 500 femmes (soit 26,6%) Et parmi ceux qui ont effectivement un emploi, le nombre des femmes atteint 733 300 sur 2 854 700 (soit (25,68%), étant entendu que le chiffre de 733 300 englobe les non-salariées et les salariées qui représentent la majorité écrasante des femmes pourvues d’un emploi.
(source : quelques données sur le travail en milieu ouvrier en Tunisie par Mohamed Jmour du PTPDT, parti du travail patriotique et démocratique de Tunisie).
DU COTE DES SECTES MAXIMALISTES REVISONNISTES :
CONSPIRATION DU SILENCE OU CONSTIPATION DU CCI ?
Sacrée ménopause politique ! Le CCI, lui, se réveille seulement le 15 pour publier deux communiqués qui sentent le faisandé, où ils racontent des énormités sur le black-out présumé des médias (conspiration du silence), qui au contraire du CCI ont bien montré que l’info passait de toute façon. Un certain Sofiane conclut pourtant en contradiction avec ce qui été dit avant… pour ne rien dire sur le mouvement en cours: « Le seul objectif de cet engouement des médias pour la "révolution tunisienne" vise à intoxiquer la conscience des exploités, à dévoyer leurs luttes contre la misère et le chômage sur le terrain de la défense de l'État démocratique bourgeois qui n'est rien d'autre que la forme la plus sournoise, la plus hypocrite, de la dictature du capital ».
Le 2e communiqué ce même 15 janvier est de la même eau, trop tardif et dépassé par les événements. Il raconte ce que tout le monde sait depuis plus d’une semaine en général, mais avec sa théorisation lamentable des étudiants « fils de la classe ouvrière » au souvenir des héroïques luttes des jeunes bobos contre le CPE, la LRU et pour des retraites de cadres. Comme la classe ouvrière est très faible en Tunisie, ce que chacun sait, le CCI sponsorise la petite bourgeoisie intellectuelle. Donc après des grèves inventées, il nous dit que « la révolte s’étend aux universités ». Mais quelle révolte ? La théorisation de « la lutte de la jeunesse universitaire » leur fait mêler les simples matraquages d’étudiants lyonnais lors de la pantalonnade sur les retraites en France et les tirs à balle réelle de la mafia tunisienne semi-coloniale sur la population indistincte. Les amalgames du CCI – au nom d’une vague solidarité universelle humaniste – ne sont pas simplement infantilement recruteurs mais anti-marxistes, donc, dans ce cas, un aliment de plus aux chansons sur la démocratisation où s’exprime cette vague compassion d’observateurs éloignés pour « une révolte qui se rattache au combat de la classe ouvrière mondiale ». Et le combat de la classe ouvrière mondiale il est où et il se rattache à quoi ? Quand on voit les manifs maigrichonnes de soutien en France contre le massacre de nos frères de classe en Tunisie, on peut considérer que notre pauvre classe ouvrière n’est pas très internationaliste et garde sa conscience dans sa poche sous le mouchoir sale du chacun pour soi et vive ma bagnole. L’appel de cette secte à un avenir pour les jeunes diplômés –nouveau substitut à une classe ouvrière encore rampante – « Solidarité avec les jeunes générations de prolétaires partout où elles luttent contre un avenir bouché ! » - nous fait pleurer de rire. L’avenir bouché des diplômés, qu’est-ce que les prolétaires s’en fichent ! Le Capital ne peut plus donner du travail à tous diplômés ou pas et le prolétariat n’a pas vocation à intégrer à son combat la promotion hiérarchique des diplômés par rapport aux diplômés (certes les enfants de militants gauchistes et maximalistes sont très diplômés en général…).
Tout ce petit milieu de has been ne mérite même pas qu’on s’y intéresse. Le mouvement de fond qui monte suscitera, n’en doutons pas, un sang neuf, des forces vives qui sauront garder ou se réapproprier les acquis politiques du courant maximaliste, en oubliant ses vieux révisionnistes, fossoyeurs de la théorie marxiste.