De la Tunisie à la Libye, on nous a saoulé avec la revendication de la liberté démocratique qui n’a encore jamais fait pousser le blé toute seule… Voici le pays où la classe ouvrière la plus importante du Maghreb, qui risque bien de « recadrer » les soulèvements du croissant arabe en rappelant que c’est la classe ouvrière qui est déterminante, et que les étudiants ont un rôle à jouer, dans leur domaine, mais aussi pour appuyer les prolétaires qui, eux, restent l’avant-garde dans la lutte sociale.
Algérie : la grogne sociale gagne tout le pays
Par Mélanie Matarese le 7 mars 2011(repiqué du blog Visa pour l’Algérie)
Dans la rue, rien ne va plus. Ironie de l'histoire : ce ne sont pas les appels au «changement de système» de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie qui tarabustent aujourd’hui le pouvoir algérien, mais… les étudiants, les garde-communaux, les chômeurs, ou encore les cheminots. La grogne sociale a non seulement gagné en puissance mais s’est propagée dans tout le pays. Tour d’horizon de cette contestation à suivre de près…
LES ETUDIANTS
C’est le mouvement le plus généralisé (les universités bougent depuis début février) et le mieux organisé puisque les collectifs de huit universités algériennes - Béjaïa, Sétif, Tizi Ouzou, Boumerdès, Alger et Mostaganem - se sont fédérés en Coordination nationale autonomes des étudiants. Pour Farid Cherbal, enseignant et syndicaliste, ce mouvement est «le plus large qu’a connu l’université algérienne depuis 1987». La nouvelle Coordination appelle à un sit-in devant tout les rectorats des universités le mercredi 9 mars et à une journée de grève et de marche dans plusieurs wilayas le lundi 14 mars.
Que veulent-ils ? Ils demandaient au départ l’abrogation d’un décret présidentiel voulant aligner les diplômes de l’ancien système (magisters) avec les masters issus du LMD ; le maintien du diplôme d’ingénieur des universités et l’alignement de ces diplômés sur les masters, tous les deux des bac+5. Aujourd’hui, les revendications se sont élargies et diversifiées selon les régions. La Coordination est donc en train d’étudier une plate-forme commune à toutes les universités.
Que dit le gouvernement ? Le Conseil des ministres a abrogé le décret présidentiel, maintenu le diplôme d’ingénieur mais n’a pas autorisé l’alignement avec les masters. «Une commission chargée d’établir les équivalences a été mise en place par le ministère, explique une enseignante de l’université de Blida, et des propositions affluent des universités et des écoles. On attend une réponse pour le 27 mars, quand tout le monde sera en vacances…»
En quoi sont-ils en mesure de déstabiliser le pouvoir ? Il y a déjà eu des affrontements entre les forces de police et les étudiants qui n’hésiteront pas à radicaliser le mouvement. Selon les universités, ils ont été rejoints par les enseignants. Et les déclarations du recteur de l’université d’Alger, hier sur une chaîne de télévision nationale, selon lesquelles il n’y a pas de différence entre le magister et le master, pourrait les agacer un peu plus. «L’erreur émane clairement du ministère, poursuit l’enseignante chercheuse de Blida. S’il est vrai que l’Algérie ne peut se soustraire aux systèmes qui s’appliquent à l’échelle mondiale, elle aurait pu temporiser.»
LES GARDES COMMUNAUX
Ils sont environ 100.000 dans tout le pays, mais plus que leur nombre, c’est leur charge symbolique qui est importante. Car ces paramilitaires ont été recrutés dans les années 90 pour lutter contre le terrorisme et certains ont été tués ou sont encore blessés. Ils se font entendre depuis un mois, d’Annaba à Sidi Bel Abbès en passant par Alger où ils ont manifesté ce lundi 7 mars.
Que veulent-ils ? Ils rejettent le plan de redéploiement prévu par le gouvernement et le nouveau statut d’agent de sécurité qui leur a été proposé. Ils se disent «marginalisés après avoir protégé la population». Certains ont carrément été mis à la retraite avec une pension d’environ 100 euros, d’autres ont été orientés vers des entreprises publiques avec un salaire inférieur à celui qu’ils percevaient et avec un contrat moins avantageux. Ils réclament un statut avec, entre autres, des indemnités pour les services rendus durant la décennie noire, une retraite anticipée et une prise en charge de victimes du terrorisme, une augmentation des salaires.
Que dit le gouvernement ? Le programme de redéploiement de la garde communal a été officiellement gelé le 20 février dernier. Daho Ould Kablia, le ministre de l’Intérieur, a reçu leurs représentants le jeudi 3 mars. «Je dois dire toute notre reconnaissance et notre gratitude pour le travail gigantesque qui a été fait par ce corps pour protéger le pays et d’être à l’avant-garde de la lutte contre le terrorisme», a-t-il déclaré. La loi de finances 2010 prévoit un fonds spécial pour accompagner le processus de dissolution du corps dont une partie sera affectée au ministère de la Défense.
En quoi sont-ils en mesure de déstabiliser le pouvoir ? Le gel du redéploiement ne les a pas convaincus, pas plus que la rencontre avec le ministre. Ils se disent prêts à radicaliser leur mouvement. «Mais il y a fort à parier que le gouvernement les laisse tomber comme il a laissé tomber les patriotes, souligne un journaliste de Chlef, à l'ouest d'Alger. Dans une wilaya comme la nôtre, où il y avait dans les années 90 quelque 5.000 patriotes et 3.000 gardes communaux, ils ont pourtant joué un rôle capital. Certains sont aujourd'hui invalides, avec une famille à charge et ne touchent qu'une pension d'environ 70 euros...»
LES CHÔMEURS
Depuis fin janvier, date de sa création, le Collectif national pour la défense des droits des chômeurs, a appelé à plusieurs rassemblements. Il annonce une manifestation le 20 mars prochain, à Alger, où sont attendus des chômeurs de tout le pays, y compris du Sud (zones pétrolières) où le mouvement est le plus dur.
Que veulent-ils ? Un travail décent, une allocation chômage à hauteur de 50% du salaire minimum (qui est de 150 euros environ), la permanisation de tous les contractuels des dispositifs d’aide à l’emploi et de tous les travailleurs précaires, l’ouverture de nouveaux postes budgétaires dans tous les secteurs, notamment dans la Fonction publique, l’interdiction des licenciements économiques et la suppression du service militaire pour les jeunes de 25 ans, la baisse de la durée du service militaire à 6 mois.
Que dit le gouvernement ? «À part les mesures qui ont été annoncées en Conseil des ministres, et qui ne correspondent pas aux aspirations des chômeurs, pour l’instant, le pouvoir ne nous a adressé aucun message», assure Samir Laribi, porte-parole de la Coordination.
En quoi sont-ils en mesure de déstabiliser le pouvoir ? Le chômage (10% de la population) touche surtout les jeunes -21% des 16-24 ans d’après les chiffres officiels, plus de 70% des 16-29 ans selon certains sociologues- et les diplômés de l’enseignement supérieur (à plus de 20%). Or ceux sont eux qui sont les plus mobilisés, tous mouvements confondus. Par ailleurs, comme l’explique le syndicaliste Yacine Zaid, «C’est la première fois que les chômeurs arrivent à se structurer pour réclamer leurs droits. Et ils sont en train de mener un véritable travail de proximité dans toutes les régions.»
LES CHEMINOTS
Ils ont déjà mené plusieurs mouvements de grève en 2010, et dimanche 6 mars, les cheminots d’Alger ont décidé de paralyser le trafic ferroviaire entre les banlieues est/ouest et la capitale pour protester contre leurs conditions de travail et leurs salaires, d’environ 180 euros auxquels s’ajoutent 5 euros de prime de risque.
Que veulent-ils ? Une augmentation de salaire. Comme les garde-communaux, ils mettent en avant leur rôle pendant la décennie noire. «Au moment où le terrorisme ravageait l'Algérie, seuls les cheminots ont bravé la menace, se défendent-ils, au détriment de leur vie, pour assurer le transport des Algériens.»
Que dit le gouvernement ? Il n’a pas encore réagi. La Société nationale des transports ferroviaires dit avoir reçu les travailleurs et fait des propositions pour améliorer les conditions de travail. L'an dernier, le ministère des Transports s'était engagé à les augmenter.
En quoi sont-ils en mesure de déstabiliser le pouvoir ? Si la contestation reste circonscrite à Alger, cela ne devrait pas avoir de conséquences autres qu’économiques.
Le bond en avant de la revolution egyptienne
RépondreSupprimerEgypte: des bâtiments de la sécurité d'Etat pris d'assaut
LE CAIRE - Des bâtiments de la sécurité d'Etat ont été pris d'assaut samedi en Egypte par des manifestants à la recherche de preuves d'abus commis par ce puissant appareil dépendant du ministère de l'Intérieur, dont des militants exigent la dissolution, ont indiqué des témoins.
Environ 2.500 manifestants ont fait irruption dans le bâtiment de la sécurité d'Etat à Nasr City au Caire "s'emparant de documents officiels avant que les responsables ne les brûlent ou les déchirent", a dit un responsable des services de sécurité.
A Cheikh Zayed, dans la banlieue du Caire, des centaines de manifestants ont tenté de pénétrer dans le siège local de la sécurité d'Etat. Des employés ont tiré des coups de feu en l'air avant que l'armée ne s'interpose pour empêcher que le bâtiment soit pris.
La dissolution de ces services, accusés par des organisations de défense des droits de l'Homme d'abus et de torture, est l'une des principales revendications des militants pro-démocratie.
L'un des manifestants a affirmé à l'AFP que le but était de s'emparer des dossiers de la sécurité d'Etat "de crainte que les preuves de violations ne soient détruites".
"On pouvait voir la police à l'intérieur en train de brûler des papiers", a-t-il dit.
"Les fenêtres étaient ouvertes et des papiers s'envolaient par les fenêtres", a ajouté un autre manifestant, joint par l'AFP par téléphone.
A Marsa Matrouh, ville située au nord-ouest du Caire sur la côte méditerranéenne, un groupe de manifestants a pu entrer dans le siège de la sécurité et s'emparer de documents, avant de mettre le feu au bâtiment d'où s'élevait une épaisse fumée noire, a rapporté un témoin à l'AFP.
Les manifestants se sont ensuite attablés à un café non loin de là pour éplucher les papiers récupérés, a-t-il ajouté.
A Zagazig, ville du Delta du Nil, des manifestants s'en sont également pris à des bureaux de la sécurité d'Etat, ainsi qu'à Fayoum, au sud du Caire, selon des responsables des services de sécurité.
Vendredi, des manifestants avaient été blessés par balle lors d'un rassemblement réclamant la dissolution de la sécurité d'Etat à Alexandrie, la grande ville du nord de l'Egypte.
L'armée, qui gère le pays depuis la démission sous la pression populaire du président Hosni Moubarak le 11 février, avait dû intervenir pour ramener le calme.
Selon un responsable des services de sécurité, près de 100.000 personnes travaillent à la sécurité d'Etat, sans compter les informateurs.
Vendredi, entourant le nouveau Premier ministre Essam Charaf, les manifestants de l'emblématique place Tahrir au Caire avaient scandé "Le peuple veut la fin de la sécurité d'Etat".
"Je prie pour que l'Egypte soit un pays libre et que ses services de sécurité soient au service des citoyens", a répondu M. Charaf, nommé jeudi en remplacement d'Ahmad Chafic.
La colère contre les abus quotidiens et la torture par la police ont été l'un des éléments déclencheurs le 25 janvier des manifestations sans précédent contre le régime de M. Moubarak, qui était en poste depuis près de 30 ans.
05 mars 2011 21h07
http://www.romandie.com/infos/News2/110305200727.f7eiyg5b.asp
Dans de nombreuses casernes,des comités de soldats sont en constitution et reclament la destitution de la hierarchie corrompue.
.....La nouvelle est fracassante. La chute de la Sécurité d'Etat est plus importante encore que celle de Moubarak qui, et c'est un manifestant qui l'a hurlé en ouvrant un dossier par hasard, était fiché lui aussi..
http://crisdegypte.blogs.liberation.fr/cairote/2011/03/egypt-larmée-torture-video.html#comments