PAGES PROLETARIENNES

samedi 22 mai 2010

LE PROGRAMME DE NATHALIE ARTHAUD


Sous l’églantine le vieux programme stalinien…

La fête de Lutte Ouvrière bat son plein par chance avec un temps magnifique à Pentecôte pratiquement jamais vu à Presles depuis quasiment l’intronisation de cette fête de l’Huma bis. Vu la gravité de la crise économique, on reprend au sérieux les termes « ringards » de « lutte de classes », de « parti révolutionnaire » et de « révolution ». L’occasion pour certains sur les forums de Libération de nous ressortir un coucou à la « travailleuse Arlette » et un coup de chapeau à un groupe « qui veut l’unité des travailleurs », « qui est contre les patrons et les capitalistes ». J’ai répondu à ces insanités naïves et simplistes, mais la meilleure réponse à ces faux communistes que sont les trotskiens est encore et toujours de rappeler leur trajectoire dont ils, depuis l’après-guerre surtout, s’efforcent d’effacer systématiquement les traces de complicité avec la bourgeoisie de l’Est et de l’Ouest. Ainsi LO a tout fait pour faire disparaître ce qui témoignait (affiches et articles du journal) de ses appels à voter Mitterrand. LO, qui a ses blogueurs envoyés en mission (même des anars !) fait dire sur les post qu’elle est l’organisation la plus démocratique puisqu’elle autorise les groupes divergents à venir débattre. Gros vilain mensonge ! Depuis une dizaine d’années, après avoir chassé le CCI, puis il y a deux ans le PCI bordiguiste (qui refusait de retirer sa brochure sur Auschwitz), il n’y a quasiment plus de débats géants comme par le passé. Les stands de frites et de jeux gogols ont envahi l’espace champêtre. Les livres de la bibliothèque au château sont soigneusement sélectionnés et tout ce qui critique le trotskysme est soigneusement expurgé. Une fête de l’Huma bis, avec paradoxe comique un stand réservé à une autre secte, le PCF, ou plutôt ses oppositionnels internes. Mais tous ces résidus du stalinisme et de son bâtard le trotskysme c’est mort pour le prolétariat, même si quelques gogos découvrent pour la première fois la ducasse trotskienne (dont j’ai supporté trop longtemps la corvée d’avoir à y participer comme responsable du CCI) c’est creux et du bla-bla. En plus, Arlette étant retraitée (toujours éditorialiste) LO a dévoilé l’arrière-ban de son bureau politique en collant comme secrétaire générale une petite prof – ce qui fait pas vraiment « prolétarien » - mais confirme que la secte a toujours été dirigée par une camarilla de profs et de fonctionnaires de la petite bourgeoisie syndicale (comme chez les groupes maximalistes, dits naguère « ultra-gauches » avant que les anars ne récupèrent le qualificatif avec l’aide de la police. Ce petit extrait de mon ouvrage de 2002, mettra je l’espère les yeux en face des trous aux néophytes qui ont de la compassion pour une vieille secte néo-stalinienne. N’oubliez jamais, quand on vous dit « parti révolutionnaire », demandez « quel programme SVP ? ».

"...Au cours des années 1984 à 1986, jusqu’au retour de la droite au gouvernement, le coup d’épaule des trotskiens au gouvernement Fabius est indéniable. Ils s’assument comme cinquième roue du carrosse. Le 25 septembre 1984, le bureau politique de la LCR avait envoyé une lettre ouverte à la direction de Lute ouvrière proposant encore un rapprochement des deux organisations pour lutter ensemble contre l’austérité et soutenir la « révolution nicaragayenne ». La réponse de la phalange LO avait été fraternellement lucide mais sèche et étroite comme le nombre de leurs militants : « Pour le moment, ni vous ni nous, ni séparément ni réunis, ne sommes crédibles au sein du mouvement ouvrier organisé. Nous n’avons jamais fait la preuve nulle part que nos idées valaient mieux, étaient plus efficaces, avaient plus de poids auprès des travailleurs que celles défendues par les directions des appareils en place. Même lorsque ces directions sont déconsidérées (et elles sont loin de l’être à l’heure actuelle), cela ne suffit pas pour que nous, nous soyons considérés (…) Il faut comprendre qu’additionner nos forces ne les multipliera pas. »
LO ne jette qu’un os à ronger à la proposition de rapprochement de la LCR, outre l’organisation commune de la fête de 1985 (où les militants de LO feront encore tout le travail de préparation), venir participer mensuellement aux réunions du Cercle Léon Trotsky à la Mutualité : « où nous pourrions par exemple développer chacun nos positions sur un même sujet lors de la même réunion. » Le BP (bureau politique) de la LCR prendra acte de l’impossibilité de travailler en commun en déclinant toute participation aux cercles Léon Trotsky, fort diplomatiquement sous prétexte d’agenda chargé, sachant le contenu tarte et le déroulement stalinien de ces meetings scolaires à la Mutualité.

L’extrême-gauche pabliste et libertaire anime donc derrière le PS les protestations contre le « danger Le Pen » qui a semé l’horreur en France en frôlant les 15% lors d’une élection partielle à Dreux. Leur agitation en opposition critique permet de laisser passer les licenciements massifs. Le gouvernement est d’ailleurs désolé de ces licenciements dûs aux seuls patrons « irresponsables » et s’en sort relativement bien en faisant voter la loi sur les 39 heures et la cinquième semaine de congés payés. Les trotskiens surrenchérissent par rapport à ces réformes pour plaider qu’ils ne sont pas complices. De retour au gouvernement deux années à peine, après, la droite va redevenir la cible prioritaire de l’extrême-gauche et lui permettre, en particulier lors de la grève des cheminots et des agents hospitaliers, de jouer pleinement le rôle de frein social réservé jusque là aux grands syndicats.

Cependant, sur le plan électoral, les trotskiens vont de revers en revers. Il est plus facile de saboter une grève que de retrouver une crédibilité politique à l’échelle du pays. Les trotskiens se présentent en ordre dispersé à l’élection présidentielle de 1988. Lambert tente le coup pour sa gloire personnelle. Le pauvre vieux fait peine à voir au point qu’on pense que son charisme phalangiste est bon pour les maisons gériatriques. Krivine se met au service de l’ex-stalinien Juquin. Arlette va seule au combat, forte de son capital antérieur de voix « populaires ». Le Front National sort en troisième position, pas seulement favorisé par l’insécurité des banlieues mais aussi par l’inquiétant programme d’extrême-gauche qui lui était opposé. La propagande électorale du groupe Arlette&Hardy va nous permettre de mesurer la principale différence sémantique entre Lutte ouvrière et le parti de Maurice Thorez et Georges Marchais. Les deux satrapes brejnéviens ayant trop abusés dans leurs programmes successifs du futur « radieux » - très « présent » en URSS - Lutte ouvrière en est réduit à la forme la plus minable de la grammaire, l’imparfait, car conjuguer à l’imparfait signifie, outre ne pas être sûr de soi, qu’on ne sait pas où l’on va.

En 1988, Lutte ouvrière publie seize ans après la LCR, son programme. Ce programme fait une grossière concession au culte de la personnalité, puisqu’il est présenté comme l’ouvrage laborieux d’Arlette Laguiller, la pauvre employée de banque plusieurs fois candidate malheureuse aux élections. Cela fait déjà plusieurs années que LO a fidélisé une partie des électeurs de gauche à une figure reconnaissable, relativisant le caractère obscur de la phalange LO. La voix des « travailleuses et de travailleurs » est en outre hebdomadairement personnalisée, vedettarisée par les éditoriaux du journal du même nom, même si ceux-ci comme le pensum en question, sont rédigés ‘collectivement’ par les intellectuels-nègres du comité central inconnu.
Parcourons donc ce nouveau programme intitulé sobrement : « Il faut changer le monde ». Autant les programmes thoréziens étaient une série de « sera » et « il faudra », comme ceux du ‘programme commun’ , autant Lutte ouvrière laisse entendre que la révolution sera facile et aussi inéluctable que 1789, mais n’étale qu’une série de « serait » pour la mise en pratique, intonation incantatoire voire suppliante qui est caractéristique de ses commentaires d’actualité et qui permet de ne jamais se prononcer clairement.
« Eh bien, le pouvoir aux mains des travailleurs, ce ne serait pas seulement le moyen d’en finir avec la propriété privée des grands moyens de production (…) Ce serait aussi une tout autre conception de l’Etat, et de ses rapports avec les citoyens (…) Le pouvoir ouvrier ce serait le remplacement de la sinistre bâtisse actuelle (…) Le pouvoir ouvrier ce serait l’accès de tous les courants d’idées aux grands moyens d’information (…) Le pouvoir ouvrier, ce serait la possibilité pour les électeurs de révoquer en cours de mandat l’élu. »
Le programme de LO, affiché ci-devant par la citoyenne râleuse Arlette, devient de plus en plus sinistre par l’encadrement de la population qu’il prévoit, assez proche finalement des objectifs initiaux des khmers rouges et du stalinisme triomphant - dont, malgré ses critiques ‘anti-bureaucratiques’, LO défend l’existence à chaque page. En une formule lapidaire et refroidissante, le rédacteur collectif de LO croit rassurer sur leur changement du monde : « Le pouvoir ouvrier, ce serait au contraire les commissariats et leurs dossiers ouverts à toute la population » : tout ce qui est stocké comme informations sur les criminels dans les commissariats pourrait donc être jeté en pâture au tout venant ? Prévenant cette objection les précepteurs d’Arlette apportent une précision, au conditionnel toujours, qui n’est pas plus rassurante : « Il y aura peut-être besoin d’une police et d’une armée pendant des années après que la classe ouvrière aura pris le pouvoir entre ses mains, parce que tous les maux engendrés par le capitalisme ne disparaîtront jamais du jour au lendemain. Mais il y a d’autres solutions qu’une police professionnelle, qu’une armée encadrée par des officiers et des sous-officiers de métier, échappant l’une et l’autre au contrôle des citoyens. Pourquoi les tâches de la police ne seraient-elles pas exercées par des milices de citoyens ? Il y aurait des "bavures" ? Peut-être, mais sans doute pas plus qu’aujourd’hui, où on confie des armes à des policiers… » (p.140).
Il y a là toute une conception policée de la réorganisation de la société, qui conserve même les commissariats ou, avec ce perpétuel conditionnel d’une pensée phalangiste, qui esquive sans cesse pour masquer sa profonde parenté avec le stalinisme et sa pauvreté idéologique, propose « des milices de citoyens », de « quartiers », qui est étrangère à l’esprit et à la réalité de l’armement du prolétariat dans la période de transition envisagée classiquement dans le mouvement ouvrier pour l’après-révolution. Mais, mettons-nous à l’époque à la place de lecteurs attentifs de ce programme faussement rédigé par une potiche, et de lecteurs éveillés, d’ouvriers conscients qui préféraient encore vivre plutôt en France qu’en Union soviétique, même en votant pour le PCF. Il nous revient la remarque d’Engels : « Le programme officiel importe moins que ses actes ». Avant le lancement de son ouvrage-programme, Arlette avait été chargée de déclarer pourtant les conditions de sa candidature avec un mot d’ordre simpliste entre tous, « barrer la route à Le Pen », car les électeurs ne lisent pas plus les programmes que la collection de professions de foi envoyées avec les bulletins de vote.
Arlette Laguiller fait un de ses plus mauvais scores. La déception est d’autant plus cuisante que, les mois précédents les élections, les éditos de la célibataire trotskienne étaient pleins de lendemains électoraux qui ‘chanteraient’, qui ‘verraient’ nombre d’élus trotskistes. Le courant représenté par LO ‘ferait’ la différence avec les frères ennemis partis en ordre dispersé à la bataille électorale. En attendant les militants de LO avaient sué sang et eau pour coller à hue et à dia dans l’hexagone bien plus d’affiches que d’habitude, fouettés par des éditos qui se hasardaient parfois à utiliser le futur au lieu de l’imparfait. La déconvenue électorale n’était plus qu’un passé composé piteux face à la montée du Front National, favorisée par la gestion capitaliste de la gauche, la dispersion des candidats d’extrême-gauche avec un programme inquiétant et en troisième lieu seulement l’insécurité. Cet échec électoral trotskien est un contre-coup du soutien de l’extrême-gauche à la première phase du règne de Mitterrand. Mais, quoi de plus simple que de transformer le dégoût des électeurs prolétaires en démoralisation : « Cela reflète un recul du poids politique de la classe ouvrière en général (…) (la gauche au pouvoir) a démoralisé une partie des travailleurs qui ont perdu confiance dans leurs propres forces, dans les idées de la gauche. » Et pour camoufler le tour de passe-passe, Arlette en conclut avec mépris que c’est la faute aux travailleurs eux-mêmes : « Jusqu’à présent, aucun des mouvements de la période récente n’a été capable de franchir les limites que patrons et gouvernement ont fixées à l’évolution des salaires. » Quand les ouvriers votent pour les trotskiens ce sont de bons ouvriers, quand ils ne votent pas pour eux ce sont des ouvriers « démoralisés » et « impuissants ».
En août 1988, les amis d’Arlette font aussi la leçon aux ouvriers polonais, bien qu’ils ne lisent pas leur journal simplet. La répression du général Jaruzelski en Pologne est bien loin, Walesa ne va pas tarder à être élu président, aussi les amis d’Arlette peuvent faire de la surenchère sur les frères ennemis qui exigent la reconnaissance de Solidarnosc par l’Etat stalinien polonais : « Cette reconnaissance pourrait devenir un piège pour la classe ouvrière, un moyen de faire jouer officiellement aux dirigeants du syndicat le rôle de pompiers, au nom de l’ ‘intérêt national’. » Fallait-il attendre la reconnaissance officielle de Solidarnosc pour montrer aux ouvriers que ce syndicat ne valait pas mieux que la CGT française ?

(extraits de "Les Trotskiens" (1968-2002) histoire véridique du trotskisme en France,toujours disponible.

mardi 18 mai 2010

ANARCHISME ET VIEILLES DENTELLES




Deux ouvrages documentaires sur deux facettes de l’anarchisme
- Michel Cordillot, Révolutionnaires du Nouveau Monde – Une brève histoire du mouvement socialiste francophone aux Etats-Unis (1885-1922), Lux, 2009.
- Ronald Creagh, Utopies américaines – expériences libertaires du XIXe siècle à nos jours, ed Agone 2009.

Ces deux ouvrages sont intéressants comme études des pérégrinations théoriques d’une part des révoltés prolétaires européens (français surtout) partis à la conquête du Nouveau monde, et d’autre part – celui de Creagh – comme illustration de ce qu’il est impossible de confondre les ouvriers immigrés européens qui, soit de la génération des communautés utopistes de la fin du XIXe, soit de la génération des militants anarchistes et socialistes à la veille de la Première Guerre mondiale combattirent pour « changer le monde », et la révolte des WASP, des fils de bourgeois et de petits bourgeois blancs des sixties, qui tentèrent de « jouir sans entraves » malgré le capitalisme.

1. Le passé révolutionnaire mais artisanal de l’anarchisme :

Parmi les immigrants de tous les pays d’Europe, une large place est faite dans l’histoire sociale aux anarchistes et socialistes d’origine italienne, allemande, russe, juive, etc. On n’avait jamais entendu parler du fait que des milliers d’ouvriers français avaient franchi eux aussi l’Atlantique, pas seulement avec leur maigre baluchon, mais avec leur besace idéologique et leur passion révolutionnaire. En publiant Révolutionnaires du Nouveau Monde – Une brève histoire du mouvement socialiste francophone aux Etats-Unis (1885-1922), les éditions canadiennes Lux ont permis à l'historien Michel Cordillot de mettre en lumière la contribution de ces migrants français à l'histoire sociale de l'Amérique du Nord. Ces prolétaires français qui ont migrés ne sont pas des citoyens ordinaires. Beaucoup de militants anarchistes comme Etienne Barthelot, d’anciens communards fuyant la répression comme Edouard David, des mineurs du Nord, Louis Goaziou qui quitte son Finistère natal pour s’installer en Pensylvannie et âgé de 16 ans, en 1880, se prolétarise. C’est en exil qu’il s’est fait mineur d’anthracite pour vivre, et c’est dans cette lointaine Amérique qu’il « acquiert la conviction que l’organisation des ouvriers au sein d’union de métiers est la clef de leur émancipation ». Michel Cordillot va suivre le parcours de Louis Goaziou car sa vie est révélatrice de l’évolution d’une large part de la communauté française émigrée aux Etats-Unis (mais aussi avec son intégration bourgeoise finale comme notable franc-mac). L’étude se centre sur cette deuxième vague d’immigration française qui amène des éléments plus enclin au combat syndicaliste de défense et constitution du prolétariat et qui seront peu à peu attiré par les théories socialistes de la IIe Internationale ; la vague d’immigration précédente avec Cabet, les fouriéristes et des communards avait déjà tenue une place non négligeable pour la propagation du socialisme et comme animatrice au sein de la Première Internationale (p.13 et suiv.). L’auteur défriche et sort de l’oubli les journaux ouvriers (La Révolte, Le Révolté, La Torpille, le Réveil des masses, le Réveil des mineurs, L’ami des ouvriers, La Tribune libre – plusieurs de ces journaux sont fondés par Goaziou). La guerre des classes est très dure, emprisonnements répétés, massacre du Haymarket, etc. L’auteur nous montre très bien le développement de cet anarchisme en milieu ouvrier, contre l’apologie de la « propagande par le fait », poussant les travailleurs à s’organiser en barrant la route aux bureaucrates carriéristes, avec le souci d’éduquer les masses au nécessaire renversement de la société bourgeoise. Il décrit précisément les intenses efforts d’organisation et surtout le rôle de lien et de référent que joue la presse anarchiste et socialiste. Les immigrants français, et en cela nous comprenons mieux tous les immigrants, recherchent d’abord à maintenir l’esprit communautaire du vieux pays, se jettent sur ces journaux anarchistes en langue française qui leur permettent de garder leur identité, ou de la prolonger avant d’être absorbé par la société américaine ; mais ce ne sera le cas que d’une minorité.
L’intérêt de cette étude est de resituer la vraie place de l’anarchisme ouvrier, totalement étranger à l’anarcho-syndicalisme moderne agité par nos gauchistes carriéristes. Il fait défiler ces personnages pugnaces, honnêtes, intransigeants que sont les Goaziou, Jean Brault et un Célestin Pugin qui déclare : « Non, camarades, je n’ai plus confiance dans les grèves partielles ou locales (…) je suis partisan d’une grève générale » (31 octobre 1891). Mais l’anarchisme périclite comme théorie politique avec l’affirmation du mouvement socialiste. Les éléments les plus déterminés comme Goaziou vont évoluer vers la IIème Internationale, mais sans rejeter leurs anciens camarades ; partout il acceptera le débat avec les militants de toute sorte.
Michel Cordillot donne une leçon d’histoire en décrivant la vie de cette communauté française prolétarienne avec ses journaux anarchistes et socialistes, ses « baptêmes civils », ses « ducasses » héritées de la région Nord-Pas de Calais. Une des raisons de la faible répercussion de la participation des français immigrés aux instances ou aux congrès est liée aux problèmes du bilinguisme, la plupart des ouvriers français de cette génération ne pratiquant pas la langue de Shakespeare ou s’y mettant difficilement.
Ouvrage novateur aussi en ce qu’il étudie les rapports des lecteurs ouvriers et de leurs presses anarchistes et socialistes qui leur sont précieuses et maintiennent leur identité. Ces journaux ont un public large, songez : 575 000 travailleurs canadiens français bossent aux Etats-Unis en 1901, 812 000 en 1912 + 270 000 français. Pourtant il n’y a gère de contact entre ouvriers français et canadiens ces curetons…
Goaziou est devenu l’une des figures incontournables du jeune Parti socialiste américain d’Eugène Debs. Comme nombre de migrants conscients que leur vie est désormais ici, il s’est fait naturaliser. Ce phénomène de naturalisation/sédentarisation est illustré par « l’existence d’un maillage extrêmement dense de sociétés de secours mutuels, de coopératives, de sociétés culturelles, théâtrales, musicales et même horticoles », structures montées et animées par des militants chevronnés. On voit ainsi que cette « vie ouvrière communautaire » - si elle constituait bien l’ossature du prolétariat – ne préparait ni la révolution, ni la lutte contre la guerre mondiale proche, mais fût un facteur d’intégration d’une partie des français au mode de vie américain. Ce fait démontre en même temps que l’ouvrier immigré n’est pas un facteur révolutionnaire en soi. S’il a quitté son pays d’origine c’est quand même pour chercher fortune ailleurs. D’ailleurs la plupart des français qui ont réussi à « s’intégrer » aux Etats-Unis, ont fait bonne pioche, la plupart des militants « surent individuellement, en tant qu’immigrés, tirer leur épingle du jeu dans le contexte américain, si bien qu’ils furent relativement nombreux à connaître à la fin de leur existence une réussite sociale et un niveau de revenus à tout le moins honorable » (p. 211). Durant une quinzaine d’années, L’Union des travailleurs, avec ses racines libertaires, aura été un organe de référence pour les militants socialistes francophones et un outil indispensable à la mise sur pied d’une section francophone, reconnue comme telle au sein du Parti socialiste américain. A la veille du massacre de 1914, tant d’énergies pour « organiser », « éduquer les masses » avec une presse qui supposait tant de privations personnelles et des endettements sans fin, Goaziou et le pS américain tombent aussi dans l’Union sacrée, après des hésitations, puis franchement en s’appuyant sur l’aplatissement de Kropotkine… Michel Cordillot voit la source de ce ralliement patriotard dans ce maintien du communautarisme français : « alors même qu’ils sont de fait devenus des Américains, ces immigrés politisés continuent fondamentalement de se voir comme des Français (ou des Belges) et c’est cela qui détermine leur loyauté patriotique instinctive ». La Fédération socialiste de langue française subit une crise dont elle ne se relèvera pas. En avril 1915, elle se déclare indépendante du Parti socialiste américain et vivotera jusqu’en 1922. L’Union des travailleurs disparaît en 1916.
Un travail vivifiant d’historien.

2. Le poujadisme (1) hippie

Avec "Utopies américaines" de Ronald Creagh on n’a pas affaire à un travail d’historien cohérent comme Cordillot. Mise à jour, revue et augmentée de son ouvrage de 1983, "Laboratoires de l’utopie", qui brossait un tableau des communautés utopiennes jusqu’aux années 1960, l’étude mélange tout, confond les « colonies agricoles idéales » de l’époque de la guerre de Sécession (dont parle Cordillot) et le mouvement épicurien et nihiliste petit bourgeois hippie des sixties. Il ne pouvait pas plus mal commencer qu’avec l’évocation du « collectif à GO-GO », communauté punk. Quand Cordillot débute son ouvrage avec les meetings socialistes et les espérances des prolétaires, San Creagh commence par mystifier ses lecteurs avec cette histoire de ferme communautaire où vécurent deux anarchistes célèbres il y a un siècle ainsi que des suffragettes, et où naquit en 1936 le rigolo Abbie Hoffman, camelot de la théorie yippie (variante radicale du hippisme bobo). D’emblée la confusion est ainsi introduite entre une mouvance anarchiste de la fin du XIXe siècle - qui pouvait compter d’honnêtes syndicalistes, comme de braves utopistes et des réformistes pour les droits civils - et les vibrations fumigènes de la jeunesse petite bourgeoise de la fin de la reconstruction.
Deux époques différentes, et avec des buts différents. Au tournant des XIXe-XXe siècles, des anarchistes comme Emma Goldman et Alexandre Berkman agissaient en direction du mouvement ouvrier et pour le changement de société. Ils portèrent des critiques justifiées aux dérives de la révolution russe à laquelle ils avaient apporté leur soutien, mais persistaient à dénoncer le capitalisme. Avec l’apologie du hippisme et des punks attitudes à la Creagh, c’est au maintien et à l’aménagement du capitalisme que nous sommes conviés à chaque page, avec pour exemple le moindre bordel communautaire d’un coin de Californie, et il aurait pu nous y ajouter la communauté épicière de Tarnac. Avec le chapitre « les sixties les années du défi », l’auteur aurait pu en profiter pour nous faire rigoler par contre sur le « jouir sans entraves » immédiatiste des adeptes de la fumette et du nirvana communautaire à condition que ce soit toujours les mêmes qui fassent la vaisselle. Malheureusement, en bon anarchiste moderniste, il nous déverse en permanence sa « science » en considérant qu’il n’y a plus non plus « d’entraves historiques » et que le monde est régi par la théorie du chaos. L’utopie permet tout selon ce petit boutiquier des « expériences communautaires » : « La réflexion utopique n’est donc pas simplement une idéologie de résistance, elle est ouverture et création ». Ah Ah ! mais création de quoi ?
Pourtant San Creagh nous donne ponctuellement des éléments pour nous moquer de son salmigondis « Utopies américaines » (et pourquoi américaines ?). Les prétentions des communautés alternatives de la fin du XXe siècle ne sont souvent que la réédition des pratiques des sectes religieuses, des tribus arriérées indiennes et des quakers…
Passons sur le chapitre « Communisme à l’américaine », où il y aurait beaucoup à dire sur le succès de courte durée des utopies importées d’Europe dans le Nouveau Monde plus calibré pour développer un capitalisme moderne et novateur que pour suivre les illusions et théorisations des courants petits bourgeois du XIXe siècle.
C’est avec les « sixties » hippies que Creagh tente de réviser le déroulement réel du mouvement de contestation de la jeunesse, emmenée par sa fraction petite bourgeoise en nous faisant le coup du « retour de balancier » dans l’histoire américaine. En fait il inverse les données : « un courant communautaire d’une force sans précédent » ressurgit dans les années 60 puis il saute dans la contestation de la guerre du Vietnam. Or, ce révisionniste en histoire oublie d’en référer à la notion de « société de consommation » qui est centrale dans la période de reconstruction quelques années après la fin de la deuxième boucherie mondiale. Il oublie le plus important, la domination culturelle de la bourgeoisie et le rôle essentiel et prédominant des modes musicales pour défouler la « jeunesse » (qui n’est qu’un mot et pas une classe sociale). L’explosion des distractions pour la jeunesse, la place grandissante du cinéma puis plus tard de la télévision, l’apparition des groupes de rocks et la place réservée aux messes géantes de leurs concerts, sont des trucs accordés par les pouvoirs publics pour « faire rêver dans le capitalisme plus ou moins calmé. Or, le capitalisme des sixties ne fait pas rêver, et le stalinisme d’époque illusionne encore une partie des ouvriers et quelques fils de grands bourgeois. Ceux qui posent la nécessité d’un autre monde, ce ne sont pas les gentilles communautés de la côte ouest des states avec ses Beach boys et les contestataires de Berkeley. Ceux qui posent la nécessité non de s’adapter au capitalisme mais de le détruire c’est une conscience politique (certes confuse et contestataire) qui touche même les fils de bourgeois face à la guerre du Vietnam, ce sont les mouvements de grève dans la plupart des pays développés puis mai 68 en France. Creagh ne manque pas d’air en bon révisionniste bobo de faire commencer « l’ébranlement » sociétal par la réunion de quelques clochards Wasp dans des fermes abandonnées aux fins fonds des Etats-Unis en 1966. Ce poujadisme romantique donne de ces envolées lyriques… : « Le vent libertaire des sixties s’est gonflé avec les émotions et les œuvres d’imagination » (p. 211). Il avait fumé un joint avant d’écrire une telle insanité ? Il dénonce la « vulgarisation médiatique » qui stigmatise les « microsociétés marginales » mais heureusement les « jeunes » s’en foutent, les crottes des médias ne ternissent pas leur blanche colombe « underground », ces « journaux alternatifs », « véritables petits chefs d’œuvre » (2) . « Les défenseurs de l’American way of life »furent effrayés par les apôtres du « paradis communautaire » : « Des forces nouvelles apparaissent au grand jour. Dans le sillage des Afro-Américains (3) va surgir un mouvement qui passera de la Nouvelle Gauche et du radicalisme institutionnel ( ?) à une permutation avec une culture différente et innovatrice. C’est dans ce tourbillon, dans l’œil du cyclone, que s’installe le paradis communautaire, à la poursuite d’une Nouvelle Frontière » (4) .
Chez les intellectuels bobos, édités par Agone, l’histoire est le fait des sociologues, des philosophes à la mode et des amateurs anarchistes artistes de la provocation. La marche de la société mondiale n’est qu’un nuage écologique, les classes n’existent pas. Tout est chaos et il suffit de laisser « pousser les fleurs » comme il dit en citant le célèbre penseur libertaire un peu neuneu Chomsky.

EN QUETE DE REVOLUTION ? NON, EN QUETE DE « STYLE DE VIE » (sic)

Comparaison n’est pas raison. Comme ledit Creagh a fortement conscience d’avoir abusé ses lecteurs avec ses comparaisons avec les sociétés utopiques du XIXe siècle, il va tenter de nous faire croire qu’il y a eu un « progrès » avec les fermes hippies : « Les associations du XIXème siècle donnent l’impression d’une plus forte consistance (sic) que celles qui voient le jour dans ce nouveau cycle. Elles se recrutaient dans des populations relativement stables, essentiellement parmi les paysans et les ouvriers. Une nouvelle identité collective constituée par la perception d’un objectif et d’un engagement communs (…) regroupe une frange qui appartient surtout aux classes moyennes… ». Pour une fois que notre théoricien des vieilles dentelles et tresses hippies serre de près la vérité du courant bobo moderniste, on ne va pas mégoter notre plaisir, lequel ne dure point car Beach Creagh nous refroidit avec un certain Keith Melville qui a tout compris (mais après Hoffman, Marcuse et Leary), le prolétariat est complice : « les contradictions de la société occidentale (c'est-à-dire des pays capitalistes développés) (5) ne se fixent plus sur le prolétariat, comme au XIXème siècle ; la classe ouvrière, qui touche sa part du profit, défend donc le statu quo ; les contradictions se manifestent désormais chez les jeunes, en quête d’un style de vie et qui ne sont pas encore définitivement engagés dans la société ou dans des obligations économiques (resic). A la lutte des classes se substitue une politique de libération « culturelle ». Creagh, comme ledit Melville s’adressent donc aux adolescents pré-pubères, ces jeunes d’avenir… Et qu’est-ce que notre rate se dilate quand Creagh ridiculise lui-même sa théorie de l’ébranlement par la « société communautaire » des bobos pas encore cadres, quand il nous révèle la nature de cette couche « révolutionnaire » qui hante les villes depuis lors : « Le mouvement des années 1960 n’affecte que la population blanche des moins de cinquante (ou même de quarante) ans et leurs enfants (…) Ils optent pour une vie simplifiée et pensent que le monde rural leur offrira cette opportunité (…) La proportion des recrues qui ont fréquenté l’université et sont issues des professions libérales et des catégories relativement aisées est donc beaucoup plus élevée que dans la population globale ». On se marre, les bobos hippies ont remplacé la classe ouvrière dans leur but d’accorder le monde à leur petit nombril ! Plus drôle, si certaines communautés parurent végéter comme les sectes religieuses, en réalité le phénomène hippie n’aura été qu’une extension de clan familial, plus ou moins nomade (mais tout aussi réac): « Les « communes » sont microscopiques, même par rapport aux groupuscules du passé ; elles se réduisent souvent à cinq ou six individus et à leur progéniture ». Creagh s’imagine qu’il s’agissait d’une remise en cause « des valeurs d’une Amérique opulente mais inégalitaire », alors – et c’est lui qui les cite – que des observateurs plus perspicaces (les marxistes ?) n’y ont vu qu’une contestation au sein des classes moyennes entre puritains et « échangistes ».

UNE APOLOGIE DE LA DENTELLE VILLAGEOISE PSYCHEDELIQUE

Les anciens hippies incapables de faire tourner la ferme communautaire (fainéantise + délires intellectuels + abus de cannabis) sont revenus parasiter les villes. Creagh s’enthousiasme pour le « groupe tribal » libertaire selon qui « small is beautiful » ; l’utopiste moderne se nomme black block ou « subversif », il dédaigne l’ordinateur (c’est pas vrai) : « A l’opposé, l’utopiste échappe à l’étouffement de l’homme moderne, qui n’est accouplé qu’à son écran d’ordinateur ». Creagh est un plouc fier de l’être : « Le groupe devenu milieu de vie hospitalier, fluctuant et révocable (6) , peut intervenir aussi bien sur les plans affectif ou culturel que sur celui de l’économie, à condition de résoudre d’une manière satisfaisante le problème du choix » (p.229). J’ai pas tout compris, mais cela sent la définition de secte, non ? Pour Creagh le summum de l’utopie féconde est de vivre sans montre et sans calendrier ; comment fait-il pour assurer régulièrement ses cours pour justifier son salaire ? IL n’aime pas le train non plus : « Les utopistes du XIXe siècle n’avaient pas quitté le train de l’histoire. Ils avaient accepté le développement matériel et industriel (7) . Ils avaient cru ferme au déterminisme historique » ; la suite on dirait du Coupat brut : « Sur cette conception impérialiste du devenir social, s’est greffé le socialisme « scientifique », dans sa version vulgarisée (8) ; le militant devait s’investir dans les institutions traditionnelles et limiter les chaînes de Prométhée dans l’expectative de sa révolte » (p. 231). La palette de couleurs de l’anarchiste d’aujourd’hui est si belle par contraste : « Quel contraste avec l’époque antérieure où les anarchistes faisaient figure d’exception au sein d’un réseau communautaire doté de dirigeants doctrinaires et de règles contraignantes… » ; de nos jours (heureux) le milieu libertaire est cool dans son impuissance bi-séculaire : « ils tendent à esquiver les décisions collectives et même la recherche d’une unanimité. Ils évitent aussi les pressions inutiles sur les individus, les décisions forcées imposées par les plus persuasifs, l’unité de façade qui implique la manipulation ». Oubliant ces immigrants harassés de fatigue, illettrés et non cultivés pour prendre exemple sur la « seconde génération » libertaire comme celle de Bryn Athyn où on poursuivait « systématiquement la politique de l’extase : dès la moindre contradiction on fumait un joint » (9) .
Les « anarchistes d’antan manifestaient des préoccupations essentiellement d’ordre économique (…) par contre leurs successeurs témoignent d’un « radicalisme culturel ». Non mon pauvre Creagh, les zozos parisiens ou new-yorkais ne sont pas les successeurs des militants ouvriers du passé ! Et, le culturel on te le met au cul car tu sais maintenant que dans la crise systémique on attendra longtemps San Creagh l’aide de tes amis « utopistes communautaires » pour renflouer l’économie capitaliste chancelante et donner à bouffer aux prolétaires à la rue ! La plupart des communautés dont tu as fait la publicité ont sombré dans le ridicule de l’égotisme petit bourgeois fainéant de fils à papa, pour des raisons aussi prosaïques que se lever pour aller nourrir les animaux ou chercher du pain, et ont plongé par une part dans la clochardisation et pour une autre dans sa version new look des squatts des zones urbaines en déshérence (cf. p.250).
Je n’ai plus beaucoup d’espace sur mon blog, et j’ai dû supprimer nombre de messages anciens aussi je ne vais pas m’amuser à citer toutes les âneries du dernier produit Agone. Simplement je te laisse, lecteur, réfléchir (et te poiler) sur ce passage en conclusion de ce pauvre petit prof de faculté de province (française) ; il décrit avec des accents romantico-tarnaciens, voire communisateur nunuche l’existence (utopique communautaire et terriblement emmerdante pourtant):
« Dans son essence, cette existence rompt avec le temps mythique de l’Etat, avec ses cycles répétitifs de l’année civile et des rituels civiques ; elle échappe à l’appropriation capitaliste, qui fait du temps une marchandise ; en son sein, par exemple, vendre sa force de travail peut demeurer un impératif, ce n’est plus la règle normale ni la matrice de tous les statuts individuels. Elle n’attend pas « la révolution » parce qu’elle fait sa révolution permanente dans le présent. En dehors de l’histoire et du temps chronologique (10) , elle vit chaque instant comme un événement. Bref les formes d’historicité qu’ont institué la marchandise et l’Etat sont estompées ». Et le capitalisme avec ?
Ce bouquin est vendu hors de prix à 24 euros, j’espère par ma critique (sans aucun égard pour la troupe qui a réalisé un bel ouvrage au sens belle maquette) faire économiser leurs sous à mes lecteurs prolétaires pauvres et qui ne veulent pas gaspiller leurs deniers dans des marchandises avariées pour salonards. Le glossaire est intéressant concernant le parcours de certains individus tarés, tel ce John Zerzan, prisé jadis dans les milieux ultra-gauches et ultra-bobos.

Notes:

(1) Le poujadisme est le nom donné à un mouvement corporatiste et populiste de droite, apparu au début des années 1950 en France. Le mouvement s'est fédéré autour de Pierre Poujade (1920-2003), homme politique français, fondateur de l'Union de Défense des Commerçants et Artisans (UDCA). Il visait à défendre les intérêts des petits commerçants et des artisans confrontés à la modernisation de l'après Seconde Guerre mondiale et à la pression fiscale.
(2) En réalité de vraies merdes faisant l’apologie de la provocation, de l’exhibitionnisme, de la fumette ; à côté « Actuel » ou « Rock & Folk » c’est du Balzac, quoique niveau mental pré-ado.
(3) En bon antiraciste, Creagh tente de nous renforcer sa théorie de « l’ébranlement originel » des fermiers hippies avec ce clin d’œil aux crétins du black power.
(4) La frontière du haschich, avec Ducon Timothy Leary, apôtre du LSD : « explore et dilate tes phénomènes de conscience ! ». Ou comme disait une très vieille chanson française, nous sommes tellement ébranlés par la fascination du petit prof Creagh pour des cons légendaires que… j’ai la rate qui se dilate !
(5) La précision est utile pour les crétins d’étudiants de Montpellier qui suivent les cours de Creagh.
(6) Ah ces vieilles réminiscences de « l’autonomie » et de « l’autogestion » de la vie quotidienne…
(7)Les lâches !
(8)Car il existe une version chic ?
(9) N’est-ce pas une apologie de la fumette pour résoudre les problèmes de politique internationale par exemple ? Sans compter l’évolution que représente dans le chaos la noria des utopistes illuminés modernes : « Les étapes successives des milieux libres (sic) représentent à n’en pas douter une rupture croissante avec la civilisation urbaine et policée ». Nouveau déterminisme « utopiste » à la sauce Creagh
(10)Attention ! S’il y a une vraie révolution, ce genre d’intellectuels peut se cloner. Claude Bitot est pour jeter les MP3 et MP4 à la décharge comme ses amis talibans. Le beach boy Creagh va tenter de nous imposer la destruction généralisée des montres. Il trouvera en travers de son chemin certainement un certain Julien Dray. Et moi.

dimanche 16 mai 2010

LA REPONSE D'HYARION

Bon, essayons d'être constructif, même s'il n'y a guère matière à l'être...
C'est déjà une vieille histoire entre nous : en matière d'emploi des termes "prolétaire", "prolétariat", "lutte des classes", "conscience de classe" pour les appliquer à notre époque, ta conviction profonde de la pertinence de ces termes pour comprendre notre temps n'est pas partagé par moi. Contrairement à ce que tu affirmes, je ne méprise pas le "prolétariat" : je ne sais pas où il est au juste aujourd'hui, c'est tout, sachant que de toute façon je ne suis pas marxiste. Je me rends d'ailleurs bien compte que le fait de ne pas être marxiste m'exclut, à tes yeux, de la catégorie - la classe ? - privilégié à laquelle appartient ce que tu appelles le "prolétaire conscient". En gros, je suis plus ou moins donc un "inconscient" - un "aberré", diraient les scientologues - qui n'a pas encore bénéficié de la lumière de la vérité révélée dans la littérature marxiste. On va tâcher de faire avec. Toujours est-il que des salariés, des chômeurs, des laissés pour compte, des gens vivant dans la rue, j'en vois tous les jours, mais que je ne vois pas de "prolétaires" comme on pouvait peut-être plus facilement en identifier dans les sociétés occidentales au XIXe siècle à la lumière des écrits de Marx et Engels. Tu écris : "Le prolétariat, avec ses innombrables métiers modernes, fait tourner la société. Le prolétariat ce n’est pas simplement des bras qui obéiraient à des crânes d’oeuf, c’est une conscience universelle." Soit, mais à part expliquer le titre de ton blog - "Le Prolétariat Universel" -, je ne suis guère plus avancé, même si je note ta volonté d'essayer de donner une définition moderne du "prolétariat". Tu écris : "L’existence du prolétariat est un fait qu’aucun bourgeois ne se permet d’ignorer dans la terrible crise systémique qui n’en est qu’à ses débuts." C'est peut-être vrai, mais pourquoi le terme "prolétariat" n'est-il alors jamais employé par les "bourgeois" dont tu parles ? Parce qu'ils sont hypocrites ? Peut-être, je n'en sais rien. Mais si ce terme de "prolétariat" n'est pas employé par tout le monde alors qu'il te parait si adéquat pour expliquer le monde comme il va, c'est peut-être aussi, tout simplement, parce que ce terme est spécifique à une théorie, devenue idéologie, doctrine pour certains : la théorie du marxisme. Selon cette théorie, l'histoire de l'humanité est une histoire de lutte de classes sociales, lutte au sein de laquelle s'illustre particulièrement, au XIXe siècle, selon Karl Marx, le prolétariat opposé à la classe capitaliste. Tu as tout à fait le droit, Jean-Louis - comme tant d'autres avant toi, en même temps que toi, et même après toi -, d'adhérer à la théorie marxiste et donc de la trouver pertinente non seulement pour expliquer le monde mais aussi pour espérer un monde meilleur voire pour se battre afin que ce monde meilleur puisse naître un jour. Mais tu ne peux pas dire que cette théorie est la Vérité révélée sous prétexte que tu y adhères et que tu crois profondément. Aussi pertinente que la théorie marxiste te paraisse, elle n'est qu'une théorie, sociale et politique. Je me souviens avoir lu un jour, dans un de tes anciens articles, que tu considérais qu'il y avait quelque-chose de "presque scientifique" dans la théorie marxiste, avec une conviction digne des discours messianiques des tribuns révolutionnaires des siècles passés. Or, encore une fois, il ne s'agit là que d'une histoire de théorie. Marxisme, "prolétaire", "prolétariat", "lutte des classes", "conscience de classe" : tout cela, je te l'ai déjà dit, n'est que théorie et concepts. Sur un plan politique et/ou social, aucune théorie ne peut prétendre "sérieusement" expliquer tout et apporter des solutions à tout. Voila pourquoi je persiste à ne pas comprendre pourquoi il y a chez toi si peu de place pour le doute, et autant de place pour des certitudes marxistes qui, sincèrement, me dépassent... Tu pourras faire, je pense, toutes les démonstrations que tu veux sur la possibilité de mener une lutte "de classe" à notre époque, je risque fort de rester sceptique, non pas par rapport à la sincérité de tes convictions, mais par rapport au fait que je reste incrédule face au schéma de pensée et à la grille de lecture systémique proposés par le marxisme, lequel, n'en déplaise peut-être à Paul Lafargue, ne saurait prétendre au statut de science, et encore moins de science exacte. Je n'ignore pas, en tout cas, ce que signifie pour toi le marxisme. En décembre dernier, tu as été très clair : "Je défends l'activité politique révolutionnaire consciente comme dénonciation et identification des dominants et de leur politique criminelle de destruction de l'humanité. Je dénonce les palabres mondaines des politicards gauchistes comme celles des intellectuels ultra-gauches hors des réalités et qui posent aux héritiers nobles. Bien sûr [...] je défends des solutions et qui passent par une principale: la révolution sous la responsabilité du prolétariat moderne. Je n'attends aucun miracle des bandits qui nous gouvernent et j'attends tout de la révolte des masses au niveau N de la crise systémique. Je ne conçois la transformation du monde (et pas sa sauvegarde) que comme un combat entre classes, au moment et au terme duquel seront précisées les solutions. Pour l'instant nous n'avons pas d'autre solution que de proposer à la bourgeoisie de s'auto-détruire avant qu'on ne s'en charge. Après on pourra discuter."
Voila ton opinion. Voila ta grille de lecture. Ma conception des choses est différente, sans être capitaliste, ni marxiste. Un point, c'est tout.

Venons-en maintenant toutefois à cette histoire de "masses"... Voila ce que tu as écris dans ton article intitulé "COMMENTAIRES SARCASTIQUES SUR UNE CARTE POSTALE", et daté du 13 mai dernier :
"Faisons confiance aux masses, qui, même sans langue commune, sauront trouver les moyens d’imposer leur force face aux Etats aux abois et même pour leurs gentils conseillers révolutionnaires amateurs. [...] Cette affirmation du prolétariat comme colonne vertébrale de la révolution, et non comme masse diluée dans ce crétin de peuple, est l’étape indispensable qui doit se nourrir de réflexion politique, [...] par la capacité, dans les affrontements politiques et sociaux, des masses à imaginer et solutionner la nécessaire refondation d’un autre monde, libéré du capitalisme."

J'ai exprimé en commentaire, et j'exprime toujours maintenant mon doute profond sur la capacité de ce que tu appelles les "masses" - même si tu prétends ne pas aimer le terme, c'est tout de même avant tout toi qui l'a employé ici le premier - à "imaginer" quoi que ce soit. Je ne vois pas en quoi des "masses" seraient douées d'intelligence. Une "masse" n'est pas intelligente, elle peut être passive ou soumise aux pulsions émotionnelles qui donnent au mieux les hystéries de certains concerts populaires et au pire les émeutes et les foules en panique les plus imbéciles. Une "masse" ne réfléchit pas. On peut essayer de la manipuler, et parfois ça marche. Mais que les "masses" soient capables de penser, et donc d'"imaginer" quoi que ce soit, désolé, mais je n'y crois pas. Si tu avais, par exemple, employé le terme d'intelligence collective, de réflexion commune, mon scepticisme aurait été moins grand. Pour moi, les "masses", c'est l'anti-réflexion par excellence, alors que parler d'individus qui réfléchissent ensemble, de façon collective, voila quelque-chose qui, à mes yeux, fait davantage sens. Et en vérité, je vois bien que tu ne nies pas l'importance de l'individu lorsque tu évoques la part de rêve à laquelle chacun a droit. Seulement comme tu emploies le terme, à mon sens inapproprié, de "masses" pour évoquer un ensemble d'hommes, de femmes et d'enfants, tous capables en théorie de penser et donc d'imaginer et de rêver, la perception que l'on peut avoir de tes propos est ambiguë, dans la mesure où tu sembles laisser penser qu'une "masse" serait capable de réflexion en elle-même alors que ce sont les individus qui réfléchissent (éventuellement collectivement), et non pas la "masse". S'il ne s'agit donc que d'un problème de vocabulaire, alors évidemment, il y a une méprise totale de ta part lorsque tu fais un parallèle hasardeux entre les propos que je tiens et ceux d'un contre-révolutionnaire français comme Louis de Bonald, dont les idées politiques, conservatrices et même réactionnaires, sont aux antipodes des miennes, tout comme évidemment celles de Charles Maurras à qui tu fais également référence, à mon grand regret du reste, car si ces deux penseurs royalistes n'étaient pas des imbéciles, le fait que je puisse être comparé politiquement à eux a, pour moi, quelque-chose à la fois de caricatural et d'insultant. J'en profite d'ailleurs, au passage, pour te répéter, une fois de plus, que le terme "anarcho-monarchiste" utilisé pour le titre de mon blog, est un doigt d'honneur idéologique contre toutes les étiquettes politiques (ou "de classe") convenues, rien de plus, et qu'il serait bon que tu cesses de faire une fixation sur ledit titre de mon blog, ainsi que sur son contenu iconographique : tout cela n'a pas beaucoup d'importance et tu sais bien que sur ce sujet comme sur tant d'autres, il faut aller au-delà de la tyrannie des apparences si caractéristique de notre époque.
Pour en revenir à cette histoire de "masses", après ce que je viens d'expliquer, il me semble qu'il n'y a pas lieu de m'accuser, comme tu l'as fait, d'avoir commis un "grave dérapage", alors que le problème vient, en amont, d'un emploi du terme "masses" que j'ai peut-être mal interprété mais qui n'était peut-être pas non plus le mot juste pour désigner des êtres humains réfléchissant ensemble à un monde meilleur, chose que je conçois aussi bien que toi. Inutile donc de ressortir de ta besace tes chers "communisateurs" "voyeurs de la bourgeoisie" pour prétendre montrer combien je leur ressemblerais et combien je serais censé mériter d'être mis dans le même sac qu'eux. Je ne crois pas faire partie de ces "intellectuels" méprisant les "masses" dont tu me dresses succinctement le panorama chronologique. C'est du reste me faire un curieux honneur que de m'accorder une importance "intellectuelle" que je ne prétend pas avoir, de même qu'il est aussi curieux que tu veuilles m'attribuer des costumes historiques qui ne sauraient être a priori les miens, car nous ne sommes tous les enfants que de la seule époque qui nous a vu naitre. Ainsi donc, je ne sais pas si j'aurai été un "incroyable" sous le Directoire français ou un "menchevik" dans la Russie de 1917, comme tu sembles le suggérer, alors que toi, apparemment, tu t'es déjà rêvé en martyr de la révolution sociale aux côtés des communeux ou communards parisiens de 1871. Les voyages dans le temps semblant a priori hautement improbables, il est impossible de vérifier si tel ou tel costume du passé nous irait ou non, sur le fond comme sur la forme. Toujours est-il que lorsque tu m'accuses d'une sorte de négationnisme en matière d’"initiative des masses", j'en viens à penser que tu joues sur les mots, afin de noircir au mieux le vilain portrait que tu entends faire du pauvre "égaré" que je suis. Tu dis qu'"en 1789, en 1830, en 1848, en 1871, en 1905, en 1917, en 1918-19, en 1920, pour ne citer que de grandes dates, nous avons sous les yeux, sans être prof d’histoire ou prof d’athéologie ou curé de secte, de multiples exemples de l’initiative des masses", en précisant que lesdites masses à ces moments-là, "se soulèvent contre la faim, contre la guerre, contre l’oppression". Certes, tout cela renvoie à des évènements historiques incontestables, mais pour autant, je ne comprends pas très bien le rapport qu'il y a entre le fait de se soulever comme ces "masses" l'ont fait et le fait qu'elles soient capables d'"imaginer" un monde meilleur. Les soulèvements n'ont jamais lieu sans cause, mais peut-on pour autant dire que les masses ont réfléchies, rêvées, avant de se décider à la révolte ? Non, à mon sens, parce que la réflexion, les rêves, l'imagination ne peuvent sortir que de la tête des individus, et non pas des "masses". Dire qu'il y avait des pensées, des rêves, des souhaits de monde meilleur dans la tête des individus qui ont participé aux grandes journées révolutionnaires de 1789, de 1830 ou de 1848, oui, c'est évident, mais de là à dire que c'est la "masse" qui pense dans tous ces évènements, il ne faut pas exagérer. Tu écris : "Lorsque les méchants marxistes Marx, Engels, Lénine, Rosa Luxemburg, Trotsky, Pannekoek ont le culot de relever « l’initiative des masses », nous sommes totalement en phase avec ces théoriciens". Déjà, je croyais que Karl Marx ne se considérait pas lui-même comme marxiste, mais bon, passons... Ensuite, libre à toi de te sentir en phase non seulement avec Marx, Engels, Rosa Luxemburg et Pannekoek, mais aussi avec Lénine et Trotski. Si cela t'aide à te sentir bien et à croire à "l’initiative des masses", tant mieux pour toi. Pour ma part, je persiste à être sceptique quant à considérer que les "masses" sont capables de prendre consciemment l'initiative de quoi que ce soit, faute de capacité de réflexion de la "masse" en elle-même. Les individus peuvent se révolter consciemment, et cela peut entraîner un phénomène collectif de "masse", mais ce n'est pas la "masse" qui décide un jour de dire "moi, la masse, j'imagine un monde meilleur et je décide de me soulever". Tout le problème, en fait, vient du terme employé. A la limite, je préfèrerais presque que tu emploies l'expression "initiative des prolétaires", car même si le terme "prolétaire" me pose aussi problème, il y aurait au moins dans cette expression la volonté de ne pas forcément noyer les individus, seuls capables d'"imaginer", dans une improbable "masse" pensante ou rêveuse.
Enfin, venons-en à mon engagement au sein du Parti Socialiste et à la perception que j'ai de ce parti de gouvernement, le PS donc, que tu méprises et que tu rêves d'interdire en cas de succès d'une révolution qui viendra peut-être... ou qui ne viendra peut-être pas. Ta charge anti-PS ne me choque pas. Je la trouve même justifiée, au moins en partie, dans la mesure où, de toute façon, dans tes articles qui abordent le sujet, tu ne manques jamais de critiquer à égalité tous les partis politiques présentant des candidats aux élections en France, y compris l'extrême-gauche (ou prétendue "vraie gauche") plus ou moins institutionnalisée allant de ce crétin de Mélenchon à cet escroc de Besancenot, en passant par LO, ce qui n'est que justice. Concernant le PS, tu dénonces la structure et le fonctionnement profondément oligarchique de ce parti, et tu cites certains de mes propos allant dans ce sens. Que veux-tu que je te dise ? Que le Parti Socialiste est un parti oligarchique ? Oui, il l'est, sans doute au moins en grande partie, dans la mesure où, dans le meilleur des cas, la démocratie interne ne s'applique peut-être vraiment que lorsque les scrutins internes ne comportent pas de véritable enjeux. Que dire de plus ? Qu'il y a des magouilles au PS ? Bien-sûr qu'il y a des magouilles, comme dans tous les grands partis politiques, et notamment du fait de leur fonctionnement oligarchique, d'ailleurs. Du reste, dis-toi bien une chose, Jean-Louis : ce que je raconte sur mon blog, c’est seulement ce que je veux bien raconter. Si je voulais aller plus loin, crois-moi, il y aurait matière à balancer. Ne me rêvant pas en alternative du Canard Enchaîné pour révéler des scandales que beaucoup de gens connaissent mais dont personne ne parle publiquement, je n'en ferais donc rien. Mais dis-toi bien en tout cas que je ne suis pas dupe de ce qui se passe année après année dans ce parti dont je suis adhérent.
Tu écris : "Je t’ai déjà dit que mon rêve était que tu fiches le camp au plus vite de cette merde de parti bourgeois oligarchique où ils ne parlent pas politique ni social. Dans vos réunions avec les papys soc-dém çà cause d’élections bidons, des petits personnages des particules concurrents."
C'est vrai. A la dernière réunion locale socialiste où je suis allé, à la fin du mois dernier, j'ai été impressionné par le nombre de personnes âgées dans l'assistance. Je vais très rarement à ce genre de réunion où je ne connais presque personne. Je me suis senti assez isolé, et, à vrai dire, à la marge de l'ensemble des participants, même si j'ai tout de même trouvé quelques personnes avec qui discuter un peu. Que dire des gens que j'ai rencontrés lors de ce dernier rendez-vous ? Pas grand-chose, sinon qu'ils apprécient surtout ce genre de réunion parce qu'elle leur donne l'occasion de se retrouver, bien plus que pour écouter et applaudir des discours. En fait, il s'agit de gens ordinaires, qui ne se distinguent des autres que par l'intérêt qu'ils portent à l'action politique, et aux problèmes actuels de notre société que ladite action politique doit s'efforcer de résoudre dans la mesure du possible. C'est une grande erreur de penser que les militants d'un gros parti comme le PS seraient dupes des défauts de l'organisation interne dudit parti. Ce serait aussi une erreur de penser que les militants ne se sentent pas eux-mêmes en décalage par rapport à un certain nombre d'élus et de dirigeants du PS. Ce serait encore une erreur de penser que les adhérents du PS ignoreraient, par exemple, la désinvolture avec laquelle beaucoup d'élus jouent avec l'argent des autres pour satisfaire leurs petits caprices et leurs égoïstes ambitions personnelles, à droite comme à gauche. Les membres anonymes constituant la base de partis politiques comme le PS ne sont pas forcément des naïfs, des imbéciles qui ne se rendraient pas compte de tous les défauts du système politique actuel. Ils croient juste sincèrement que leur engagement au sein d'un parti de gouvernement comme le PS peut être utile à l'évolution de la société. Personnellement, je suis plus sceptique qu'eux quand au rôle que des militants politiques peuvent jouer dans le monde comme il va, et de facto je suis beaucoup moins engagés qu'eux, sans doute évidemment donc à cause de mon scepticisme, mais je respecte néanmoins le positionnement qui est le leur, parce qu'il me parait, a minima, honnête et sans arrière-pensées pour ce qui est de la plupart d'entre eux. Pour ma part, cela dit, comme je l'ai écrit plus haut, je me suis donc senti quelque peu isolé. Je ne suis sans doute pas à ma place dans un parti politique, quel qu'il soit. Je réfléchis trop, et n'aime ni donner des ordres, ni en recevoir. Alors pourquoi rester ? Par ambition ? Que nenni ! Je ne recherche absolument pas les honneurs, ni les places, ni les titres. Cela ne m'intéresse pas. Pour essayer de peser d'une façon ou d'une autre afin de modestement contribuer au départ de l'Elysée, dans deux ans, de celui que tu appelles maintenant "M. Sarkozy" et à qui tu écris des lettres ? Oui, même si c'est là une entreprise dérisoire et pathétique à tes yeux, Jean-Louis. En tout cas, je quitterai un jour le PS, n'ayant jamais eu l'intention d'y faire carrière, contrairement à ce que tu ne cesses de déclarer, sans savoir. Et pour ta gouverne, Jean-Louis, je n'ai PAS de "maîtres à penser", contrairement à ce que tu affirmes sans pourtant avoir cependant la moindre idée de ce dont tu parles : les noms de politiciens que tu cites, Rocard, l'escroc Bayrou, Frêche ou Fabius, ne sont certainement pas pour moi des noms de "maîtres à penser", et c'est franchement ne s'arrêter sottement qu'aux apparences - toujours cette tyrannie des apparences à laquelle toi-même décidément tu ne peux pas résister ! -, que de me suspecter de rechercher je-ne-sais quel "grand homme" à vénérer dans une perspective politique. Oublie donc ton idée des "maîtres à penser" : je n'ai besoin d'aucun politicien français actuel - ou même passé - pour réfléchir par moi-même.
Pour conclure, puisque tu proposes de changer le titre de mon blog en "BLOG DU SOCIALO-OLIGARQUE", je propose pour ma part de baptiser le tien "CERTITUDES PROLETARIENNES", ou bien "VERITE UNIVERSELLE", ou bien encore "MAXIMALISME ET MODERNITE", en hommage à Giscard.
Amicalement,
Hyarion.