PAGES PROLETARIENNES

samedi 6 mars 2010

LA GRECE BOUC-EMISSAIRE DE LA NOUVELLE SECOUSSE

DE LA CRISE SYSTEMIQUE

Depuis le déclenchement de la crise grecque fin novembre 2009, les bobards ont succédé aux bobards : les Grecs sont des tricheurs, les Grecs vivent au-dessus de leurs moyens, z’avez qu’à pas organiser les jeux olympiques de 2004, prestigieux mais inutiles en termes de retombées économiques d’avenir. « Cigale » ridicule ce gouvernement athénien qui a dû, courant janvier, emprunter sur les marchés à un taux supérieur à celui du Vietnam !

La docte bourgeoisie allemande a pris des airs princiers en ce début d’année face à l’affolement de la bourgeoisie grecque « socialiste »: on ne crachera pas un euro pour les Grecs dépensiers ! Allez on leur achètera à la rigueur quelques îles à touristes[1]. Madame Lagarde, ministre du gouvernement Sarkozy, a soufflé également le chaud et le froid, morigénant puis compatissant. Derrière tous ces racontars et chantages pointe la vérité de l’économie : la monnaie unique européenne a chuté de 10% par rapport au dollar. Ce qui n’a pas choqué l’ambigu FMI qui a estimé que cette dégringolade ramenait l’euro à « sa valeur fondamentale », dollar et yuan chinois restant trop sous-évalué…

R’VLA LA GUERRE ECONOMIQUE EUROPE/USA

Or la dépréciation de l’euro vis-à-vis du dollar, amplifiée depuis début 2010, faisait figure d’aubaine, favorable à la croissance de la zone euro ; une baisse de 10% entraîne à terme un surplus de 0,3 point du PIB, mieux, si l’euro « tombait » à 1,17 dollar cela égaliserait le pouvoir d’achat des « consommateurs » des deux côtés de l’Atlantique. Les oligarques européens on en plus le droit de rêver, une dépréciation de 20% de l’euro par rapport au dollar permettrait une opération plus intéressante : l’égalisation des coûts de main d’œuvre (les journalistes disent main d’œuvre qui fait plus chic que prolétariat) entre Europe et Amérique (du nord). Il fallait être naïf pour croire que l’arrogant empire US n’allait pas réagir.

angela Merckel a levé le lapin indirectement, diplomatie oblige, non pour désigner le coupable en sous-main, le gouvernement américain, mais la plus puissante et scandaleuse banque du monde Goldman Sachs ; et les journalistes de Libé au Figaro d’amplifier le mensonge de la méchante banque avec des jeux de mots simplets : « Goldman prise la main dans le Sachs », « Ainsi fonds, fonds les requins de la spéculation »… qui ravissent les gauchistes Michael Moore, Besancenot et Coupat. Merckel, relayée par la ministre française Lagarde dénonçait fin février « certaines banques qui ont pu aider à maquiller le déficit budgétaire de la Grèce ». Subtil !

Certes le déficit de la Grèce est abyssal, près de 120%, et alors ? Celui du Japon est bien de 200% ! Mais double humiliation pour la bourgeoisie grecque, si, en effet, Goldman Sachs est venu soit disant à la rescousse à Athènes… Les encravattés débarquent avec une autre intention comme l’explique l’ex-secrétaire au trésor de Bush : « Goldman ne s’intéresse pas au marché de la dette des grands pays comme la France ou l’Allemagne, il préfère celle des petits, comme la Grèce ou le Portugal, car elle est plus volatile et donc plus spéculative. C’est beaucoup plus facile de faire de l’argent vite ». En 2004 Goldman Sachs avait déjà roulé la bourgeoisie grecque en empochant 300 millions rien que pour la consultation… Toute l’Europe oligarchique était au courant depuis des années des magouilles avec les banques. Face au scénario catastrophe fin 2009 la bourgeoisie grecque fait appel une nouvelle fois aux banques, GS en tête. Le premier ministre grec, Papandréou se fait baiser une seconde fois avec un emprunt non pas à 3% mais à 6% ! Alléchant tous les banquiers du monde mais couac de la Chine qui refuse d’acheter les 25 milliards d’euros (véreux) de l’emprunt grec, apportés par… Goldman Sachs, comme le révèle le Financial Times[2]. Mieux encore, cet organe de presse a été manipulé par GS pour que çà se sache. Gorges chaudes des spécialistes : 25 milliards de dettes cela est invendable d’un coup ! L’opération passe donc au stade de la déstabilisation politique de l’Europe, car c’est bien l’Europe qui est visée par cette spéculation carnavalesque sur la Grèce en faillite. La spéculation massive de GS, aux ordres du gouvernement US, est claire dès fin janvier par les ventes massives d’euros contre des dollars. Cette spéculation est relayée par une série de sous-fifres des gouvernements américain et anglais qui vont clamant partout que les partenaires européens ne doivent pas voler au secours de la Grèce ; ces sous-fifres sont rétribués pour leurs articles par Goldman Sachs !

C’est en même temps une gifle pour le gouvernement français. Il apparaît clairement aux plus lucides que Sarkozy s’est fait baiser lui aussi par sa politique pro-USA en entrant dans l’OTAN, en étant obligé de contribuer à leur effort impérialiste – croyant sans doute être un bon VRP de l’industrie aéronautique. Le président français a dû tourner casque, tout en restant le cul sur deux chaises, en faisant les yeux doux à Medvedev (soudain présenté comme un rival de la morue décongelée Poutine) et en étant obligé de fait de réarmer la Russie[3]. Du sein du gouvernement français la vérité transpire du faux-pas sarkozien même si l’attaque US reste opaque : les anglo-saxons sont « ravis » de ce qui arrive : « après l’effondrement du modèle libéral américain, les problèmes de la zone euro sont une divine surprise »[4]. Ces mêmes économistes tentent de faire croire qu’il n’y a pas complot car en matière économique au XXe siècle tout fonctionnerait encore sous la main invisible du marché…

LA GESTION POLITICO-MILITAIRE DE LA CRISE SYSTEMIQUE

Or la gestion de la crise économique systémique devient de plus en plus de l’ordre du politique puisque les lois de l’économie du profit sont mises à mal par la désindustrialisation des vieux pays capitalistes et une concurrence acharnée pour écraser toujours plus le prolétariat. Les politiques bourgeois accusent les banques qui dépendent de leur crédibilité idéologique. Les banques se plaignent auprès des politiques bourgeois de ne pas être félicitées pour leurs magouilles et leur aggravation des inégalités de faveur. Le yo yo boursier dépend de plus en plus des déclarations politiques, ce qui révèle un monde non plus fondé sur la loi du marché et de la valeur mais sur l’esbroufe et l’agiotage, signes de défragmentation de la société propice aux révolutions, pas aux simples manifs syndicalistes minables.

La vertu des reconnaissances historiques est convoquée à la barre quand il s’agit de rappeler à l’ordre un vassal. La Turquie, vieux cheval de Troie US, sponsorisé par la bourgeoisie américaine pour entrer dans l’Europe se voit tancer au même moment que la crise grecque. Pour certains, la reconnaissance du génocide turc en Arménie par la Commission des affaires étrangères américaine (à majorité républicaine) a mis une épine dans le pied d’Obama. Elle serait l’expression des lobbys pétroliers US dont est membre la famille Bush comme sanction au rapprochement de la Turquie avec les monarchies pétrolifères. Possible, mais l’explication la plus vraisemblable est qu’il s’agit d’une opération pour faire un clin d’œil amical à la Grèce, traditionnelle ennemie du voisin turc, et ainsi de lui rappeler qu’en cas de danger, les Etats-Unis sont une puissance autrement crédible que la noria molle des Etats européens.

L’enjeu de la production industrielle est de plus en plus lui aussi politico-militaire. Si la bourgeoisie française veut rester compétitive, elle ne peut plus compter sur le secteur automobile qui n’est plus producteur d’emploi, elle doit développer le secteur où elle est en pole position au niveau mondial : l’industrie aéronautique, laquelle exige des compétences élevées et dispose d’acheteurs alléchés en Chine, Russie, etc. Mais la crise est trop immédiate et ralentit tous les projets, y compris pharaoniques ; c’est pourquoi Guaino, le principal conseiller de Sarkozy a modéré officiellement l’objectif de hausse de 25% de la production industrielle française en vue de 2015, reprécisant aux ordres de son chef que cela était indicatif, comme la promesse présidentielle d’empêcher les fermetures d’entreprises qui tombent en cascades. La politique de la bourgeoisie française et de son principal délégué est donc « purement indicative ».

L'indicatif est essentiellement le mode du réel capitaliste. Il s'emploie dans les phrases énonciatives, les phrases interrogatives et les phrases exclamatives. C'est le mode le plus riche en temps (le plus pauvre, le gérondif écologiste n'a qu'un seul temps : En marchant. En rêvant), l'indicatif gouvernemental en a huit : quatre simples et quatre composés :

- le présent capitaliste : déplorable ;
- l' imparfait des promesses politiques : hélas !
- le passé simple : toujours pire ;
- le futur simple : on ne sait jamais ;
- le passé composé : le lourd bilan de la droite
- le plus-que-parfait : la droite au pouvoir la prochaine fois ;
- le passé antérieur : le lourd bilan de la gauche
- le futur antérieur : « Dans deux ans je remettrai çà » (N.Sar.)

LA CLASSE OUVRIERE EXISTE-T-ELLE EN GRECE ?

Au début de l’annonce de la catastrophe grecque, la bourgeoisie allemande a cru bon de morigéner sévèrement la bourgeoisie grecque, conçue comme la Grèce entière. Panandréou a encaissé d’abord. Puis le chef du gouvernement grec s'est insurgé contre l'image renvoyée par la presse allemande, qui suggère que les Grecs attendent une aide financière de l'Allemagne. Le quotidien le plus lu d'Allemagne Bild s’était lancé dans une campagne « contre le gaspillage et la corruption en Grèce ». Réaction vive du bouc-émissaire : « Nous n'avons pas demandé au contribuable allemand (...) de nous payer nos vacances et nos retraites, affirmer cela est injuste ». Papandréou avait ajouté : « Et les Grecs n'ont pas la corruption dans les gènes, tout comme les Allemands n'ont pas le nazisme dans les leurs ». Puis, au vu des gorges chaudes des spéculateurs du gouvernement américain, Merckel a mis le hola aux diatribes journalistiques. Les leaders de la bourgeoisie européenne ne s’étaient pas rendus compte du jeu subtil de la bourgeoisie américaine initialement. Ce n’est pas que la mise à l’écart de la Grèce serait une grosse perte[5], mais cela constituerait un camouflet à sa prétendue homogénéité croissante. Même le chouchou fanatique européen des médias Cohn-Bendit en a eu le sifflet coupé et on ne l’entend plus !

Il ne faut jamais oublier une leçon historique du marxisme, dans la crise, même la pire des crises (celle en train de se développer irrésistiblement) la bourgeoisie s’efforce de resserrer les rangs par alliances en son sein ou si le prolétariat universel la menace. Le prolétariat en Grèce n’est malheureusement pas très internationaliste. Le Grec moyen reste très chauvin, non pas tant en lien avec un passé antique prodigieux qu’il ne connaît pas vraiment, que parce que c’est resté un pays de ploucs qui a vécu à l’ombre de la reconstruction et des ressources parasitaires du tourisme. La population de 10 millions d’habitants est surtout concentrée à Athènes et Salonique. Le Grec, dit-on, où qu’il atterrisse dans le monde reste chanteur ou petit commerçant et méprise en particulier les arabes. Le cliché est relatif car il faut bien prendre en compte que l’immigration grecque des années de reconstruction fonctionnait comme toutes les immigrations prolétariennes. L’ouvrier grec chez Renault accumulait un petit pécule pour ouvrir boutique, comme le cévenol au début du siècle dernier, puis l’italien, puis le maghrébin. La partie du prolétariat non autochtone, immigrée donc, qui ne peut bénéficier de la promotion sociale fonctionnariale, s’est donc toujours plus ou moins rabattue vers l’accession à la petite bourgeoisie marchande. Avec l’enfoncement dans la crise, le prolétaire immigré est plus violemment rejeté vers le chômage et l’expatriation se ralentit. Les conditions particulières de la Grèce depuis deux décennies, faible population et ressources du tourisme alliées aux trafics gouvernementaux qui explosent à présent, avaient favorisé l’expansion d’une couche moyenne et la corruption d’une bonne partie des salariés grecs. En vue de la construction du barnum des jeux olympiques de 2004, la bourgeoisie grecque n’avait nullement saisi l’occasion pour développer des « emplois jeunes » (comme dirait Sarkozy) mais pour faire venir d’un peu partout des « sans-papiers » pour se taper le sale boulot au prix des cailloux grecs. Résultat, la classe ouvrière manuelle est à l’heure actuelle composée de 3 millions de prolétaires immigrés qui vont devoir pointer au chômage, qui sont considérés avec mépris par leurs anciens employeurs dont l’argument choc est : ce ne sont que des types en transit qui n’ont voulu que faire escale en Grèce pour ensuite remonter au nord de l’Europe… faire fortune, et qui se fiche de faire la révolution en Grèce comme à Tombouctou.

Les bourgeoisie dominantes accusent en même temps les « cigales de l’Europe » Grèce, Portugal et Espagne de favoriser des « dépenses sociales trop importantes » ! C’est vrai en soi, non par malignité nationale bourgeoise complice de « ses » travailleurs, mais parce qu’il n’y a pas assez de personnes qui travaillent, parce que les jeunes et les femmes sont rejetés de la production. Or cette situation est la même en France comme en Grande Bretagne ! Quand l’activité économique est faible, il n’y a pas assez d’impôts pour financer les dépenses publiques[6].

La « riposte » des représentants syndicaux des couches moyennes grecques vérifie l’impuissance d’une classe ouvrière ghettoïsée. La gentille grève générale, en Grèce, comme au Portugal la veille, ne signifie pas que les syndicats canailles prendraient les devants pour parer à une explosion de révolte du prolétariat. Cette « riposte » n’est qu’un complément des amis syndicaux du gouvernement pour faire pitié auprès des huissiers européens. Les couches moyennes salariées, si méprisantes et si hautaines vis-à-vis des « transitaires » qui ont servi à bâtir les stades olympiques (et qui feraient mieux de retourner chez eux) vont de toute façon passer à la casserole : 30% de diminution du 13ème mois et 60% du 14ème des fonctionnaires. Tant mieux, cela les aidera peut-être à réfléchir à l’union du prolétariat hors du petit patriotisme économique de circonstance et du mépris pour le travail manuel. En tout cas, la potion de cheval que constituent les plans d’austérité un peu partout, ne résout plus la situation comme du temps de la dame de fer ; les plans d’austérité entraînent un ralentissement économique, les suppressions d’emplois massives dans le secteur privé, tirent vers le bas les rémunérations dans les entreprises, décuplent le chômage et… les très inquiétants « fins de droit » !

Les solutions les plus improbables et les plus comiques sont évoquées par des experts ; la Grèce devrait développer par exemple la profession d’architecte… mais qui fera le maçon ? Tous les pays largués ne peuvent même plus dévaluer leur monnaie avant une faillite inéluctable… Chacun pour soi ! Malgré la modération des reproches allemands aux cigales grecs, la bourgeoisie teutonne va continuer à baisser les salaires pour renforcer sa compétitivité, même si cela fait couler encore plus vite ces pauvres grecs et portugais…

Les éditorialistes en viennent enfin à se demander combien de temps la « pâte humaine » acceptera de se serrer la ceinture jusqu’à l’os ? ou jusqu’à des « manifestations violentes assurées »[7].

COMMENT PEUT-ON ETRE SYNDICALISTE ET « COMMUNISTE » (communiste en peau de vache stalinienne) ?

La grève générale sur commande du 5 mars a enflammé tous nos bobos gauchistes européens, alter-mondialistes et anarco-terroristes en carton. Les manifestants néo-staliniens, réunis devant le Parlement à l'appel du Front de lutte syndical (PAME), émanation de l'ultra-orthodoxe parti communiste (KKE) portaient des banderoles appelant à faire "la guerre à la guerre des capitalistes" et dénonçant les "mesures antipopulaires du gouvernement". Pas de quoi fouetter un ministre du chômage. Ces couches moyennes qui vivotaient tranquillement à l’ombre du capitalisme financier se soucient soudain non du chômage en général mais de LEUR chômage qui les attend au coin de la crise : banderolles « Travail pour les chômeurs » et banderoles fiers-à-bras type anarchiste affirmant « Vous voulez la guerre, vous l'aurez! ». La gauche bobo néo-stalinienne prend les devants. On se pâma le jeudi matin environ trois cents manifestants « communistes » du PAME avaient occupé le ministère des Finances à Athènes pour protester contre les mesures d'austérité. Les syndicalistes « communistes » avaient réussi à entrer dans le ministère et étaient montés sur le toit du bâtiment où ils avaient déployé une banderole, portant les mots "Soulevez-vous pour que les mesures ne s'appliquent pas". Soulevez-vous pour quoi ? Pour une insurrection de lycéens admirateurs du plouc Coupat ? Pour une solution grecque à la crise mondiale ?

« Sous la pression » (sic) de la Commission européenne et des marchés, le gouvernement socialiste a regretté mercredi être obligé de prendre un paquet de mesures d'austérité extraordinaires, dont la hausse de la TVA de deux points et des coupes salariales, afin d'économiser 4,8 milliards d'euros et faire face au grave dérapage des finances publiques du pays[8]. On se pâme !

Une autre info grecque a fait se pâmer aussi tous nos anarchistes et gauchistes syndicaux de base : le chef d'un des principaux syndicats aurait été blessé par de « jeunes manifestants » dans les bagarres de rue. Le chef de la Confédération générale des travailleurs grecs GSEE, Yannis Panagopoulos, a été légèrement blessé à coup de poings, lors d'un discours devant le Parlement, par un groupe de « jeunes manifestants » (il n’était pas précisé que c’étaient de jeunes staliniens). Nos ultra-gauches anarchistes et quelques maximalistes radoteurs y verront un début d’insurrection contre ces salopards de bonzes syndicaux et un exemple à suivre. Or, l’agression des chefs syndicalistes n’est pas nouvelle et ne pisse pas loin. Nicole Notat, la bonze CFDT fût giflée naguère lors d’une manif. Quant aux autres bigs chefs, impossible de les approcher. Du temps du PCF triomphant les gros bras CGT étaient nombreux pour protéger le leader. Depuis que même les gros bras sont dégoûtés du syndicat, Thibault (bonze n°1 CGT en France) est entouré d’une cinquantaine de gros bras policiers, directement affectés par Sarkozy soi-même. Mais quel intérêt de taper sur un chef syndical quand en même temps vous n’êtes pas foutu de contrôler les AG manipulées par les « syndicalistes de base » ?

Aucune radicalisation sociale ni révolutionnaire ne proviendra de la Grèce. La seule nouveauté grecque est le fait que les couches moyennes vont plonger dans le prolétariat, lentement mais sûrement, sans prendre conscience au début de l’implication de ce fait, sans se penser comme prolétaires ni comme alternative au capitalisme financier. Par contre, indépendamment de la Grèce, la défragmentation du capitalisme, la disparition ou la fossilisation des activités industrielles classiques (automobile, pétrole) va régénérer en quelque sorte la classe ouvrière, mondialement. Nous n’aurons plus affaire à cette classe ouvrière encasernée dans diverses entreprises, limitée dans son champ de vision à la sauvegarde de l’entreprise ou de SON emploi. Nous n’aurons plus affaire à une classe ouvrière divisée en strates « privilégiées », « exposées », « démunies », « musulmaniaques ».

Les « fins de droit » vont montrer la voie. Quand tu as faim et que tu es à la rue tu te donnes les moyens pour trouver les armes. Ils vont être de plus en plus nombreux et impossibles à tenir isolés les « jetés à la rue », les otages et victimes des salauds des « pôles emploi » et autres bonimenteurs de stages dortoirs. La classe ouvrière qui va se lever, cette « pâte humaine » comme ont dit les cyniques ci-dessus, va retrouver sa vraie nature de classe universelle, par-delà les frontières et les « boites », par-delà les races, par-delà intérêts des diverses bourgeoisies, par-delà les divisions entretenues par syndicats et partis officiels.

Ce prolétariat qui se relèvera des cendres imaginaires des dominants s’unifiera sur des bases régionales puis territoriales en donnant naissance à des organismes de type conseils ouvriers. Il aura besoin de l’arme indispensable pour vaincre et dépasser l’isolement politique dans lequel on le tient depuis si longtemps : le parti mondial du prolétariat.

Au travail ! militants révolutionnaires isolés et dispersés, sans parti, sans secte, sans peur et sans reproche ! Et, n’oubliez pas, surtout sans ressentiments personnels.



[1] En 1993 des députés de la bourgeoisie allemande avaient déjà énervé les espagnols en leur proposant de racheter l’île de Majorque, comme cela était la pratique au temps de la noblesse décadente.

[2] C’est le Wall Street journal qui avait allumé la mèche en fait début février : « Le quotidien a raconté un dîner discret entre « gourous de la finance » le 8 février, au cours duquel les plus importants hedge funds américains auraient décidé de spéculer de concert contre l’euro. Ils étaient 18 associés autour de la table (…) l’euro tomberait « probablement » d’un dollar… les hedge funds auraient ainsi engendré plus de trois milliards de dollars de bénéfices, sur le dos de l’euro ». Les spéculateurs ont-ils alimenté la crise grecque? Oui, à en croire le prix Nobel d'économie Joseph Stiglitz, embauché par Athènes comme conseiller. Comme toujours les comptes-rendus journalistiques des économistes montrent du doigt simplement les banques et font semblant d’ignorer que le capitalisme financier n’est pas indépendant du contrôle de l’Etat et de plus en plus « sous contrôle politique de « l’Administration », ce doux euphémisme made in USA ! En France, jamais un président de la République n’avait autant convoqué à table les banquiers pour « faire le point » régulièrement que sous Sarkozy !

[3] La vente de 4 frégates n’est pas rien, puisque comme l’a remarqué un plénipotentiaire russe, avec une seule frégate militaire française, l’invasion de la Géorgie n’aurait pas pris 3 jours mais une journée !

[4] Libé du 20 fev : : « Goldman, prise la main dans le Sachs ».

[5] La Grèce n’est pas un pays productif, et les aides européennes n’ont pas eu le charitable but proclamé de contribuer à son développement, mais en finançant des autoroutes qui sont parvenues jusqu’aux villages les plus éculées, d’accélérer la marchandisation des produits agricoles du nord de l’Europe en Grèce, mais pas dans le sens du retour vers le nord des mêmes produits grecs…

[6] On baigne dans le mensonge universel sur l’affectation des dépenses publiques et des trucages non livrés à l’opinion. Pays de faible fécondité, Espagne et Italie consacrent 60% de leurs dépenses sociales pour les retraites contre 45% en France pays qui bénéficie de la jeunesse de son immigration. Cependant le gouvernement français de droite triche lui aussi sur les retraites. Alors qu’il a tranquillement annoncé la fin de la retraite à 60 ans, il négocie en catimini comme un vulgaire Jospin, en ce moment, des départs en préretraite à Air France ; c’était piocher encore dans les dépenses publiques ou obliger le patronat d’Air France a lâcher de grosses indemnités ! Par peur de l’insurrection généralisée du prolétariat, tôt ou tard?

[7] Cf. Le Monde du 6 mars.

[8] Ces mesures "sont une question de survie nationale", "nous appliquerons ce plan avec le soutien de toute la société grecque", a assuré lors des débats le ministre des Finances, Georges Papaconstantinou.

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