PAGES PROLETARIENNES

vendredi 12 mars 2010



LA CORRUPTION DU SYNDICALISME EST AVEREE, et alors ?



PEUT-ON REMEDIER A L’ABUS DE CONFIANCE PERMANENT


DES COTISANTS EN PEAU DE CHAGRIN?



« Toujours moins ! Déclin du syndicalisme à la française »


par D.Andolfatto et D.Labbé (ed Gallimard, sept 2009)



Toujours mal écrit ! Et couverture moche ! Comment peut-on se prétendre « spécialistes » de la question syndicale française ? Comme s’il y avait des « spécialistes » des partis politiques comme il y a de prétendus spécialistes de la salade d’endives? Comme si la question de se syndiquer ou d’être membre d’un parti dépendait dans le choix du vulgum pecus d’un « expert » ? Le trust gallimardesque qui n’a jamais rien publié de subversif présente ainsi ses deux sous-auteurs pour un ouvrage au titre mauvais, vague resucée d’un succès de librairie d’un certain De Closets, et au sous-titre encore plus confondant : « déclin du syndicalisme à la française » qui s’adresse à un public d’élite, mais qui noie le poisson du quant à une soit disant diversité de l’idéologie syndicaliste dans l’ensemble du monde capitaliste. Il n’y a pas un syndicalisme « à la française » mais diverses formes d’adaptation de ce caméléon étatique modernisé. Cette prétendue étude du syndicalisme hexagonal, décrit comme particulièrement pourri alors que dans les autres pays (Suède, Allemagne, etc.) il fonctionnerait sur la base de probes cotisations des prolétaires eux-mêmes, ne dénonce pas tant la corruption (réelle et avérée) des principaux syndicats français que « l’abus de confiance » permanent – non vis-à-vis de la classe ouvrière – mais concernant les deniers publics. Nos intellectuels d’édition n’ont jamais eu faim ni fait grève.


Plusieurs commentateurs, comme M.Noblecourt du Le Monde, en octobre dernier, ont frémi en y décelant une thèse « séduisante » bien qu’avec une plume trempée au vinaigre car les « syndicats sont payés par le patronat » (mais jamais vraiment décrit comme des organismes étatiques). Or, il n’y a rien de radical à lister les affaires de corruptions successives des syndicats étatisés si c’est pour nous chanter qu’il suffirait de rétablir des cotisations honnêtes dans un Europe clean et balayer tant de faussaires parasites trade-unionistes définitivement coupés de toute base « de classe ». De plus l’écriture des deux sociologues n’est ni vinaigrée ni passionnante. Leur démarche est à la traîne de tout ce que le monde ouvrier maximaliste a compris depuis 30 ans, mieux que les gauchistes organisés et les anarchistes désorganisés. Une première vérité fondamentale est esquivée : partout dans le monde des pays développés, le syndicalisme a dû son déclin depuis 3 à 4 décennies, non pas aux supputations des sages intellos en conclaves rampants dans les salons de la revue gallimardesque « Le Débat » sur le financement obscur des bonzes des mafias syndicales qu’ils auraient révélé au bon prolétariat, mais du fait avéré et répété DU SABOTAGE PERMANENT DES GREVES ET LUTTES du prolétariat par les appareils syndicaux étatiques depuis des années et des années.


Le déclin n’est pas le mot juste non plus, mais paraît plus rassurant pour les élites qui ne ratent jamais une occasion non plus de remettre leurs larbins à leur juste place. Parler de déclin concorderait avec des organisations autrefois nobles, or dès 1914, et à la vieille de 1939, les syndicats étaient déjà des instruments de la bourgeoisie[1]. La conscience prolétaire a opéré à un rejet des syndicats saboteurs en permanence des luttes, plus qu’elle ne s’est souciée des prébendes de leurs édiles hauts placés. De la colère au dégoût et à la démotivation, les prolétaires ont voté avec leurs pieds et laissé en rade les cotisateurs et autres sébilles des gauchistes de base. Cette tendance s’est confirmée dans la plupart des pays, un peu comme la perte de croyance religieuse. Et c’est tant mieux. Nos auteurs chics sponsorisés par la revue distinguée « Le Débat » ne se soucient jamais d’analyser l’origine des grèves et leurs poussées, croyant que les grands camions allemands et les bureaucrates français contrôlent tout de mains de maître. Ils font parler les statistiques qui sont muettes comme ma grand-mère défunte concernant les rapports de force, les confrontations sur le terrain. En gros, ces cuistres veulent ignorer la lutte des classes, et ils l’ignorent tant qu’ils finissent par en être ridicules, qu’ils finissent par passer à côté de l’essentiel. Ils font partie de l’élite, discutent entre mandarins universitaires, et nous ne perdrons pas notre temps à les corriger ou à débattre avec eux. Par contre nous pomperons sans vergogne un certain nombre d’informations et d’appréciations qui sont totalement utiles à la cause révolutionnaire et de nature à déciller tant de prolétaires du genre veaux consentants pour l’abattoir, divers imbéciles bornés quand on n’en trouve pas tant complices de l’esprit de clan parce qu’ils en recueillent des miettes. Bien que je m’illusionne point, seuls ceux qui ont déjà compris la NATURE (pourrie) du syndicalisme, découvriront avec joie les sources que nous avait déjà fourni la presse bourgeoise elle-même (ces éléments se trouvent en permanence au bas de la colonne droite de ce blog, depuis des mois).


1. Une étude peu sérieuse sur la perte d’influence du syndicalisme hors histoire :


Le premier reproche qui vient à l’esprit est que, voulant faire très actuel et factuel, les auteurs oublient de mentionner la longue histoire du syndicalisme, en quoi il fût un moyen constitutif de l’esprit collectif ouvrier, bien que toujours minoritaire, mais ne devint jamais un instrument révolutionnaire, et en quoi son action permit aussi au capitalisme de s’améliorer. Le mouvement maximaliste communiste moderne qui s’est réclamé de la Gauche allemande après 1968 a été un éclaireur sur la faillite moderne du syndicalisme. Pour ne parler que de la France, l’ouvrage de Munis et Péret « Les syndicats contre la révolution » publié en 1968 (mais écrit bien avant), puis à la fin des années 1970, la brochure de Révolution Internationale rédigée par Raoul Victor « Les syndicats contre la classe ouvrière », sont restés des phares pour la compréhension de la mort du syndicalisme pour le mouvement ouvrier, et ont précédé de plusieurs longueurs la prise de conscience par des millions de prolétaires de la faillite du mensonge syndical.


Les auteurs gallimardesques ne sont pas net d’emblée, en ignorant volontairement l’immense rejet des syndicats initié par mai 68[2], tout comme en ignorant la thèse maximaliste ; pour une raison simple, ils surfent à la queue de la gauche caviar avec l’amalgame très médiatisé depuis des lustres : déclin des syndicats = déclin de la classe ouvrière. Leur propos reste terre à terre, petitement sociologique. Et de nous enfoncer dans les pourcentages de syndiqués du public et du privé, dont chacun connaît disparités, faiblesses, jalousies et inégalités effectives de traitement. S’ils s’élèvent au-dessus de l’hexagone, en nous disant qu’un quart des salariés européens sont syndiqués c’est pourtant pour relativiser ce chiffre, important surtout à l’étranger, au vu de la syndicalisation obligatoire de ces pays qu’ils montrent tout de même en exemple pour les pauvres bonzes français sans troupes correspondantes, voire sans troupes du tout. Le taux de syndicalisation en France est très faible, se plaignent-ils. « Infidélité des adhérents » posent-ils ? Vont-ils nous faire croire qu’il s’agirait d’une perte d’identité[3]… des adhérents prolétaires ? Non, ils prétendent surgir à contre courant : « L’individualisme des salariés et la précarité sont finalement des explications bien commodes pour les essayistes et les institutions censées s’occuper des questions sociales. Elles épargnent toute interrogation sur le fond et permettent de ne rien changer. De plus, cette légende confère au militant et au permanent, seules figures stables au milieu de ce tourbillon, les rôles de gardiens et de représentant légitime de l’organisation. Comment en effet, confier le pouvoir à des individus qui se conduiraient en usagers passifs, qui cotiseraient l’espace d’une saison et qui se désintéresseraient de l’organisation ? ». Très juste, or ce discours méprisant du syndicaliste moyen existait déjà avant la naissance de ces deux auteurs (dixit « c’est toujours les mêmes qui se battent »), le même discours depuis plus de 60 ans qui justifie la confiscation des luttes et des organisations par leurs chefs et permanents appointés hors de la production.


En grands naïfs démocrates qui oublient qu’ils vivent dans la société du mensonge de la classe dominante, nos pèlerins d’un syndicalisme propre déplorent « l’absence d’études indépendantes et fiables dans le domaine social » en France, parce qu’ils imaginent qu’il en existe de « propres » ailleurs ? Ils posent alors aux « scientifiques » qui vont démystifier les « légendes ».


2. L’absence de mythes du passé dans les casernes corporatives miteuses:


Pauvres observateurs en labo universitaire, ils lisent le marc de café d’un beau syndicalisme avec augmentation de salaires garantie même pour les non-syndiqués, avec les légendes cramoisies de 1936, de 1945 et ces braves militants qui consacraient leur temps « aux contacts avec les syndiqués et à la collecte des cotisations », à la gestion des œuvres sociales et à la défense individuelle, quoique l’ensemble de cette misérable activité écervelée et apolitique « représentait l’essentiel de l’activité de ces cellules de base »[4] ; quoique cet encéphalogramme plat trade-unioniste puisse se comprendre aussi dans les calmes années de la reconstruction, ou ni crise économique ni révolution ne semblaient vouloir à nouveau menacer à l’horizon. Période bonne enfant où de toute façon : « les congrès et les grands débats n’atteignaient guère les adhérents de base… ». Belle époque du taux syndical élevé dans les grosses corporations (cheminots, postiers, mineurs, enseignants, postiers, EDF –GDF, banques, assurances, etc.). A l’intérieur des corporations comme à Renault, les syndicats avaient créé des sous-corporations catégorielles, à côté du secteur ouvrier (délégués à vélo) il y avait les fameux ETAM (délégués en voiture). La première condition pour devenir militant (stalinien ou chrétien) était de faire ses preuves au travail, même brièvement, pour les rapides à la promotion bureaucratique dans les appareils des « fédés ».


Rien de très exaltant dans cette saga rapide d’un passé peu mythique, et des affirmations creuses comme celle qui suppose que jusqu’aux années 1980, les élus syndicaux auraient constitué un « véritable contre-pouvoir » ! Palinodie ! Les bonzes étaient depuis fort longtemps aussi serviles envers leurs maîtres, même si ceux-ci n’étaient que les maîtres de la place du colonel Fabien mais néanmoins cogestionnaires du pays avec la bourgeoisie gaulliste.


3. Des révélations sur la « syndicratie » ou la farce de la « privatisation » syndicale[5]?


En négligeant l’historique du syndicalisme du point de vie ouvrier, en laissant entendre que sous l’époque stalinienne les syndicats avaient une utilité pour la défense des prolétaires (sales, mal éduqués, rongeant leurs crottes de nez), en se souciant de l’affaiblissement de la police sociale, les auteurs se dévoilent incohérents, sans méthode, et parsèment de ce fait leur texte de redites, qui se veulent accusatrices mais relèvent d’une littérature anémique qui recherche à faire sensation par le scandale sans susciter une réelle réflexion, non sur la corruption syndicaliste (qui va venir, qui est annoncée comme le chœur de l’ouvrage), mais de la fonction destructrice anti-révoltionnaire du syndicalisme contre l’ensemble du prolétariat.


Ils s’adressent aux managers, par-dessus la tête des ouvriers, on nous ressortant cette vieille idée morte qu’une bonne concertation en entreprise, qu’un bon syndicalisme de dialogue peut contribuer à la « modernisation des entreprises » ; et ce qu’on s’en fout de la modernisation du capitalisme et de ses dérivés… Tout cela nous rappelle trop le bla-bla sur « l’entreprise citoyenne » du parti caviar et du pneu syndical Besancenot.


Les révélations arrivent enfin, mais elles n’en sont que pour l’élite éblouie des journaleux comme M. N.Noblecourt du Le Monde, les prolétaires ont tranché depuis la Saint Glinglin : « (aucun chef syndical n’est sûr du nombre de ‘salariés’ qui vont obéir à un appel à cesser le travail) ce qui signifie que le réseau syndical ne fonctionne plus et que les représentants ont, pour la plupart perdu leur légitimité professionnelle ». Belle entourloupe pourtant cette perte de « légitimité professionnelle », car les prolétaires ont jugé bien plutôt qu’il s’est agi d’une perte de « légitimité de classe », autrement dit en langage non châtié : « ils pensent qu’à leur gueule les salariés des appareils» !


Et c’est bien l’idée centrale que nos auteurs enfourchent maintenant : oui les syndicalistes ne pensent qu’à leur gueule. Nos auteurs n’ont plus de raisons d’avoir peur de se faire cogner par les abrutis du syndicat du livre ou les dockers ivres de Marseille, contrairement aux militants maximalistes qui avaient dénoncé la mystification trotskienne et anarchienne du martyrologue syndical il y a près d’un demi-siècle : « nous avons rencontré plus de militants syndicaux ayant eu de belles promotions que de militants chassés de leur entreprise » (p.49). Nous n’avons pas attendu, en milieu prolétaire et révolutionnaire, pour approuver les ouvriers qui se rendaient compte que le syndicat avait servi de marche-pied aux plus corrompus parmi eux – et qui jouaient aux pères la vertu militante – et qu’ils avaient été trompés par leurs discours ; quoique la masse des prolétaires soit molle, malléable en général et sans mémoire.


Après une affirmation vraie, en voici une autre, carrément fausse, les patrons s’emploieraient aujourd’hui à « vider les syndicats de leur substance ». Galéjade ?


« Fonctionnement formel des instances représentatives, encouragement au cumul des mandats, mise à disposition de personnels, multiplication des réunions sans contenu, tolérance envers le détournement des ressources du CE au bénéfice d’un syndicat, d’un parti, voire au profit de quelques leaders, financement accordé au syndicat sans aucune condition formelle à l’utilisation de ces ressources, etc. ». Mais tout cela fonctionnait dès l’après-guerre, sous Thorez puis sous Marchais, Mitterrand et ses 40 ministres gauchistes. Si l’on s’élève au-dessus de ce collage de constats incohérents, il apparaît qu’on nous fournit tout de même un aperçu d’une énorme population parasitaire de la classe ouvrière. Des milliers et des milliers de bonzes syndicaux officient et gèrent paritairement derrière de grands bureaux : négociations en délégation permanente, gestion des camps de vacances, des CE, des organismes sociaux, caisses d’assurances-maladie, etc. la moitié des juges des prud’hommes, ils siègent aux conseils (non insurrectionnels) économiques et sociaux au niveau national et dans les régions. Et après cela comment voudriez-vous qu’ils rêvent prendre le pouvoir d’Etat puisqu’ils le partagent même avec leur front étroit, leurs incompétences et leurs attitudes de potentats arrogants ? Ou qu’ils se soucient d’une éventuelle « identité » des ouvriers crasseux du rang ? Qui le leur ont bien rendu avec leurs pieds et qui détestent ces petits fonctionnaires parasitaires et planqués. Non, la vraie raison de la perte de contact avec les bouseux de base, objectent nos « spécialistes » d’une histoire syndicale en zi-zag, fût au tournant des 70, dès les premiers pas élyséens de Mitterrand avec son petit Auroux[6], la création de la section syndicale et du délégué syndical dans les entreprises privées (ceux du public sont délaissés à leur tour au passage). La section syndicale financée désormais par l’employeur sous l’aval de l’Etat, comment ne pas comprendre que les anciens syndicalistes marchaisiens ou chrétiens qui ramaient après la moindre cotis, se soient sentis allégés de ne plus à avoir à jouer les « assistantes sociales » ou les « marchands de parapluies » ?


4. Le syndicalisme est-il d’abord une corruption financière ou une police de la « conflictualité » [7]?


Sous les termes sociologiques empruntés perce le souci de la bonne marche de la société capitaliste et les propositions claquent comme un discours électoral d’un bourgeois du PS : « Il n’existe que deux parades : le protectionnisme ou l’action syndicale internationale ». Ah bon ! De démonstration point, pas plus des caciques européens à part « faut régler le problème au niveau des entreprises ». On revient obstinément à l’indifférence (inquiétante il faut le reconnaître) des prolétaires traités bassement de vulgaire « salariés » : « les salariés ne se sentent pas vraiment engagés dans ce que les syndicats signent en leur nom ». Cela aura de quoi choquer les lecteurs syndicalistes sensibles, mais quoi ? Vous rêvez messieurs les parasites sociaux qu’on vous laisse signer entre nom ? Pauvres types !


L’avènement de la négociation d’entreprise, toujours à l’époque de la gauche caviar au pouvoir aurait « aggravé la dépendance des syndicalistes ». Or la négociation d’entreprise a toujours existé ! Pourquoi nous sortir cette nouvelle sornette ? Pour montrer du doigt les affairistes Sirven et son pote président de la République ? Pour nous faire croire que les « versements en liquide » ont commencé à polluer le probe syndicalisme stalinien d’antan ? Non cela nous savons que la bourgeoisie n’a pas attendu l’aventurier Mitterrand pour graisser la patte aux chefs syndicaux. Non, nos auteurs, ne voulant pas paraître s’appuyer sur l’explication simpliste de la seule corruption par l’argent sorte une autre carte du chapeau mais balancent une bien belle cruelle vérité pour les collaborateurs syndicaux de l’Etat, l’intérêt national auquel ils sont accrocs : « Cette dépendance est d’abord intellectuelle : la majorité des syndicalistes partage aujourd’hui l’opinion dominante selon laquelle les salariés doivent consentie des sacrifices pour réduire les déficits publics ou pour défendre la compétitivité des entreprises françaises. Avant même de commencer la négociation, ils sont convaincus que les salariés en sortiront perdants. De plus, beaucoup de ces syndicalistes s’imaginent qu’ils gagneront une stature « churchillienne » en imposant aux salariés des sacrifices dans l’intérêt supérieur du pays ». Tout pour leur gueule, comme disait l’ouvrier tout à l’heure ! Nos auteurs si percutants par ce constat n’en tirent ni conclusion ni matière à réflexion sur la fonction du syndicat en général à notre époque. L’absence d’analyse laisse place à nouveau aux mêmes constats que ce sont toujours les mêmes (syndicalistes) qui s’en foutent plein les poches. C’est vrai mais là n’est pas l’essentiel qui est comment empêcher les appareils syndicaux de nuire à la lutte prolétarienne, et, avant de détruire ces engeances de l’Etat, de mettre au boulot prosaïque leur nombreux personnel parasitaire.


5. Un bon syndicalisme étranger à l’entreprise…


Pour nous les maximalistes, bien plus connaisseurs des vices et de l’illégitimité du syndicalisme que des intellos de labos, celui-ci n’a plus de secrets partout dans le monde où il plastronne et fait risette au public. Laissant transparaître encore leur souci d’un syndicalisme rénové, « modernisé », nos auteurs gallimardesques prennent les leçons d’un syndicalisme résolument moderne, majoritaire et vacciné contre la corruption patronale et étatique… à l’étranger : « Dans les autres pays, les négociateurs sont étrangers à l’entreprise et appointés par le syndicat. Au cours des négociations, ils doivent rendre des comptes aux syndiqués de l’entreprise et l’accord n’entrera en vigueur que s’il est ratifié par les intéressés, c'est-à-dire selon les pays et les traditions locales, par les syndiqués ou par l’ensemble des salariés ».


Super ! Mais où nos auteurs ont-ils déniché ce conte de fée ? Au Groenland ? En Norvège ? En réalité ils parlent pour ne rien dire. Les luttes ouvrières se confrontent partout tôt ou tard aux mafias syndicales. Si nous ne lisions pas la presse étrangère, si nous n’avions pas été membre d’une organisation internationaliste qui permettait de vérifier les mêmes problèmes de confrontations avec les flics sociaux dans les autres pays, nous pourrions peut-être agréer à de telles fadaises, que nous pouvons démonter par mille exemples. Et un syndicat financé par de simples cotisants cela n’existe plus nulle part. Dans les grands barnums allemands, les syndicalistes restent ficelés aux ordres de leur hiérarchie et de l’Etat omniprésent. Tous les cas de figure existent dans la plupart des pays développés. En France, comme en Allemagne, la promotion des bonzes peut dépendre d’un patron comme de l’Etat ou vice versa, c’est prendre les lecteurs pour des imbéciles de prétendre qu’il existe une distinction à la française. Et la phrase qui voulait faire mouche, fait donc pschitt[8]. Mieux encore, nos découvreurs sociologiques d’un syndicalisme corrompu mais amendable croient que les bonzes ont définitivement tué la grève : « Enfin, la disparition des syndiqués et la transformation des syndicalistes en professionnels de la représentation ont eu une autre conséquence. La plupart des salariés ont été privés, en pratique, de la dernière arme qu’il leur restait pour se défendre : la possibilité de faire la grève ».


Vont-ils s’interroger sur cette étrange disparition, au moins sous les ordres syndicaux ? Que nenni, ils ne sont point menacés par un licenciement chez Gallimard. La situation de l’ensemble de la classe ouvrière et de la population paupérisée dans la crise systémique est le cadet de leurs soucis. Leur souci : que le syndicalisme soit passé à côté de toutes les professions nouvelles (électroniques, téléopérateurs, etc.) et que « l’économie post-industrielle (ait) échappé aux syndicats ! Dame la question est d’importance car il en va de la « modernisation » ! Du coup les syndicats ne sont plus populaire, pas parce qu’ils planifient des grèves pour emmerder la majorité des prolétaires, pas parce qu’ils sabotent professionnellement toutes les grèves importantes (c’est leur fonction étatique) mais parce que leurs bonzes « glandent » et sont absent du terrain. Et quand ils sont sur le terrain ils ne sont pourtant pas plus « populaires » !


6. La grève est dépassée :


Déclin du syndicalisme = déclin des grèves. Dans un raisonnement qui tord le coup à la logique simple, nos auteurs justifient en fait le sabotage répété des grèves par les appareils, à coups de négociations bidons et de fausses informations, à coups de saucissonnage des assemblées et de rumeurs inventées. Le « privé » n’a jamais pu, par son fractionnement et ses petites unités, mener de véritables grèves ou menacer d’extension ; en 36 le « privé » en grève n’a pas cassé des briques. Nos auteurs se moquent du « rituel » des grèves syndicales du « public » qui sont en effet une vaste comédie de foutage de gueule contre l’ensemble du prolétariat et soigneusement encadrées et conclues invariablement sans « conflictualité » dangereuse pour l’Etat bourgeois. Et cela ne les empêche pas d’avoir le culot de déclarer « l’épuisement de la grève comme instrument de lutte » - c’est pourquoi le patron de droit divin Gallimard les a édités – toujours au nom de l’identification très stalinienne : syndicat = classe ouvrière. Syllogisme : impuissance des syndicats = grève morte[9]. Les syndicats ne sont pourtant pas impuissants mais des fossoyeurs, certes récompensés, de la grève. Quand nos auteurs semblent s’intéresser aux principaux acteurs bafoués des « grèves syndicales rituelles », les ouvriers, c’est pour les plaindre : « Beaucoup de salariés ne comprennent pas non plus pourquoi ils devraient renoncer à leurs salaires pour un bénéfice incertain, alors que les syndicalistes initiateurs du mouvement peuvent se mettre en heure de délégations (les encules, ndt) et par conséquent ne perdent rien dans le conflit » ; ajoutant que la surestimation des mobilisations syndicales s’expliquerait par la politique de l’autruche des prolétaires, leur souffrance et mal-être au travail. La classe ouvrière est complètement individualisée dans sa perception de son sort, et il suffit de glisser quelques phrases radicales (repiquées aux révolutionnaires) sur « les révoltés (ouvriers) qui n’ont jamais vraiment la parole » quand on fait appel « aux pompiers » syndicalistes extérieurs… pour sauver l’entreprise.


7. Le syndicalisme vous ouvre une carrière au service de la bourgeoisie :


Cela a été répété à satiété, par la corruption patronale, ainsi que cela fût confirmé en septembre 2007 lorsque l’UIMM, union des industries et métiers de la métallurgie, tout puissant syndicat patronal dût répondre à la police sur la destination d’importantes sommes d’argent liquide destinées aux « œuvres sociales ». Ces fonds versés de manière occulte ou officielle par le patronat ou l’Etat, le con syndiqué moyen n’y croit pas un seul instant, même si nos auteurs tentent de démonter le subterfuge : « … il ne fait guère de doute qu’une partie des sommes ainsi perçues par les sections et les syndicats sont recyclées en cotisations, ce qui permet d’entretenir la fiction d’un syndicalisme d’adhésion et de se constituer un matelas de mandats très utiles lorsqu’il s’agit d’établir la liste des candidats aux élections ». Le financement occulté transite aussi par les salons organisés par exemple par la CGT et payés à prix d’or pour des stands vides par les mêmes caisses occultes, ou les publicités chère payées dans les magazines syndicaux, ou par la « formation ». C’est une évidence mais vous ne convaincrez jamais le con moyen syndiqué avec ce genre d’arguments, soit parce qu’il fait partie des parasites qu’on arrose un peu, soit parce qu’il est si trouillard qu’il a besoin de croire que le leurre temporaire de la protection syndicale n’a pas à se soucier de « ces détails » plus ou moins vrais… Les moutons de Panurge syndiqués trouvent d’ailleurs un entier soutien de la part des partis de droite au pouvoir qui, en accord total avec la dite vertueuse Cour des comptes, n’ont jamais osé inquiéter le bastion imprenable du CE d’EDF. Donnant-donnant, la CGT en tête a fait preuve d’une si rigoureuse complicité avec les « directions » (c'est-à-dire l’Etat patron) pour permettre la réussite de la privatisation qu’il serait, qu’il eût été malséant de lui envoyer les flics ouvrir ses comptes opaques et louches à Montreuil. En écrivant cela il ne m’échappe pas que je suis devenu un ami du patronat, comme me le révèle le militant CGT du coin.


Quand ils cessent de répéter que les syndicats sont payés par l’Etat (ce qui est vrai et logique pour tout individu un peu intelligent) les auteurs font parfois des preuves de sagacité sur le comportement des syndicalistes, qu’ils soient staliniens, gauchistes ou anarchistes. Vivant de la manne étatique et se passant de tout contrôle d’adhérents, les « vendeurs de parapluie » en viennent à « développer une philosophie de la représentation, des comportements et des discours proches de ceux des hommes politiques ». Très juste, mais ils oublient d’ajouter qu’on retrouve la même idéologie de la gauche caviar et que les quelques syndiqués sont traités avec autant de mépris que les électeurs en politique. Ils se contredisent, par rapport à la soit disant indépendance de l’entreprise des délégués à l’étranger, en constatant la même bureaucratie interchangeable en France malgré le financement des syndicalistes par les grosses entreprises, l’appareil syndical : « … utilise librement la personne mise à sa disposition et peut donc l’affecter à des tâches sans aucun rapport avec l’entreprise ou l’administration qui est toujours financièrement parlant son employeur », et ils bénéficient de promotions syndicales (par ex. dans les carrières parallèles à EDF). On nous décrit les carrières fulgurantes des « représentants ouvriers » Mailly, Notat, Kaspar, Blondel, etc. Les chauffeurs de Blondel, d’Edmond Maire, de Marchais et leurs gardes du corps, étaient rétribués par la Mairie de Paris ou une vulgaire caisse de retraites des concierges. Tout cela prouve bien sûr que ces pékins ne sont pas des bolcheviques prêts à renverser l’Etat bourgeois, mais des membres à part entière de la classe dominante, à la tête d’une noria de milliers de petits parasites syndicaux, de militants bons à rien et de bonimenteurs professionnels prêts à tuer père et mère pour demeurer en fonction dans les appareils ; ils sont des milliers à EDF, à la Poste, dans l’Eduque Naze et se battent comme des chiens, trotskiens contre anarchistes, crétins contre chrétiens pour ravir les places honorifiques de mandataires de la syndicratie depuis bien avant le faux clivage inventé de la fin des années 1980. Ils sont tous extrêmement soumis à la hiérarchie des « fédés », et les auteurs ne font que répéter ce que nous disons depuis plus de 30 ans : « le ‘mis à disposition’ vit en permanence avec la hantise de déplaire aux dirigeants de son syndicat »… et d’être renvoyé à la base !


La bureaucratie syndicale, cette mafia étatique existe donc de la même façon dans tous les pays et génère le même genre de larbins militants qui n’ont plus aucun rapport avec leur ancien milieu professionnel[10], financés par l’impôt obligatoire sur le dos des ouvriers en Suède ou Belgique, ou financés en France par les impôts indirects ou les tours de passe-passe comptable des diverses administrations.


8. Extraire les syndicalistes de leur fonction de sabotage permanent de la lutte ?


Le syndicalisme ne trahit pas, comme le crient les aspirants et arrivistes gauchistes, il est la trahison même dès qu’il pointe le bout de son nez, et nos auteurs font mine de ne pas le comprendre en nous assurant que les racailles actuelles rétribuées pour parader seraient des « permanents » et pas des « militants » ; ce qui est une autre manière de nous refourguer la fausse séparation bien connue et fallacieuse grouillot de base/chefs au sommet. Comme nous l’avions constaté au début de leur livre, nos braves auteurs intellos, refusant toute référence sérieuse à l’histoire, picorent superficiellement dans les légendes faisandées de la gauche caviar : 1936[11], 1945 et 1968 auraient été des occasions (réformistes) manquées « pour l’édification de relations professionnelles équilibrées et durables »… Où l’on retrouve le même conte de fée à chaque fois qu’il s’agit de prolonger l’analyse sur le gangstérisme des appareils syndicaux : une paix sociale bc bg, un capitalisme clean et éternel. La dernière partie aborde l’Europe pour montrer certes l’immense hypocrisie qui règne, le dumping, l’encouragement aux situations complètement contrastées pour les salaires, les mêmes formes de rétributions capitalistes pour la Confédération européenne des syndicats ; laquelle joue le même rôle de sabotage de l’extension de la lutte ouvrière, mais au niveau international. A ce niveau également : « Les syndicats ont fait un marché de dupes en n’exigeant aucune garantie sérieuse en échange de la « modération salariale ». Au niveau européen les syndicats laissent d’ailleurs la place à plus spécialisés qu’eux : avocats, experts, huissiers divers, nouveaux « pilleurs d’épaves ».


Conclusion gauchiste lamentable de nos auteurs. Ils rêvent à un « mouvement syndical puissant et unitaire » - qu’ils viennent de nous décrire comme intrinsèquement pourri et irrécupérable – pour ce poncif imbitable « une Europe sociale ». Ces auteurs révèlent une incapacité à saisir même la mue des appareils de la syndicratie. Ainsi que je l’ai déjà signalé il y a quelques mois, lors de son dernier congrès la CGT a abandonné la fédération en entreprises pour « fédérer » sa machinerie au niveau régional, ce qui signifie bien qu’elle s’est inspirée des modèles étrangers tant vantés par nos naïfs auteurs, non simplement pour mieux paraître indépendante de chaque entreprise, mais, à mon sens, pour parer au surgissement d’organismes dangereux, qui naissent en général au niveau régional, les conseils ouvriers insurrectionnels…


Les auteurs en rajoutent une couche en fin de parcours sur les petits arrangements entre amis patronaux et syndicaux, toujours sans analyser la répartition des rôles, et peu importe, si un seul syndicat dit « représentatif » (c'est-à-dire financé par l’Etat) signe, tout accord est validé, même si la CGT ou FO jouent les vilains ; ou se trouvent en position de signer quand les autres mafias boudent à leur tour. Aucune analyse de la pourriture de SUD qui n’est qu’un aspirant à recevoir les mêmes prébendes que les officiels pour leurs militants arrivistes.


Effaçant finalement tout le contenu très édifiant de leurs répétitions sur la corruption syndicale, les auteurs gallimardesques tentent au final de nous refiler la même camelote de syndicats « indépendants », ce qui n’a jamais existé et ne peut pas exister car (point de vue évidemment bourgeois : « … le syndicalisme – reste le principal moyen disponible pour imposer des compromis économiques et sociaux plus équilibrés, seuls capables d’enrayer la spirale déflationniste et l’anomie qui gagne de nombreux secteurs de la société française ».


Enoncer enfin la tautologie : un syndicat dépendant de l’employeur « n’est plus un syndicat mais un agent patronal (ou un rouage de l’Etat) » ne convaincra pas les complices et employés des appareils, attachés à leur vie parasitaire, et encore moins les pauvres ouvriers et employés clientélistes, qui savent mais sont consentants. Nos intellectuels gallimardesques sont décidément bien naïfs à côté des ouvriers en général. Ils cherchent pire que « corruption » et cela donne « abus de biens sociaux », ce qui est la langue de bois de la justice de classe et un domaine qui dépasse le quotidien des prolétaires qui se doutent bien que les « maisons syndicales » et autres placements dans les CE ne sont de toute façon pas leur propriété. L’abus de confiance des masses est permanent de la part des militants professionnels, et ce qui est dramatique, c’est que tout le monde le sait à présent dans le prolétariat, et qu’on n’avait pas besoin d’un livre aussi mal fagoté pour en amoindrir les dangereuses conséquences au niveau politique au moyen terme.


Faillite du livre à rendre compte donc des vraies raisons du dit déclin syndical – le rejet historique de ces organismes par la classe ouvrière – au nom d’un espoir imaginaire que, par la grâce du Saint Esprit la désyndicalisation serait enrayée sous l’égide du nouveau Grand Syndicat Uni (GSI) les prolétaires se remettraient à cotiser pour les pires parasites du mouvement ouvrier depuis 1914 et les meilleurs complices de leurs exploiteurs. La vérité est là, la grève syndicale est morte. La lutte syndicale n’est plus qu’une compétition entre fainéants arrivistes. Les syndicalistes sont plus dangereux que les flics, parce qu’ils ne portent pas d’uniforme, excepté les calicots et ballons ridicules pour jours de foire. La classe ouvrière reste bien vivante, capable de créer des organismes nouveaux qu’elle peut contrôler, non pour « négocier » une stabilisation de l’exploitation ou une sortie fallacieuse de la crise systémique mais pour foutre en l’air qui vous savez.













[1] C’est la tentative de révolution en Allemagne en 1918 et les années suivantes, qui révèlent la compromission définitive des appareils syndicaux, malgré l’entretien de l’idée morte syndicale par les anarchistes arriérés (cf. mon ouvrage « En défense de la Gauche communiste et de la November révolution »



[2] Excepté sous ce doux euphémisme vague et cabalistique de « la rupture de la fin des années 70 ».



[3] C’est affirmé d’une autre manière page 38 : « Pendant près d’un demi-siècle, le « syndicalisme à la française » a produit de l’identité sociale ». Mon œil comme « L’homme de fer » de Wajda, le syndicalisme félicitait les stakanovistes pendant que les « militants » jouaient les beaux parleurs.



[4] Ils caractérisent cela plus loin page 39 comme « une vie syndicale intense dans ces petites cellules d’entreprises » ; qui peuvent-ils ravir avec ce genre de considération pour la cogestion apolitique du quotidien ouvrier, mamie Arlette ou maîtresse Arthaud la sévère ? Pour atténuer leur vision méprisante du « management pour les nuls » ? Mais mieux ils témoignent pour le mépris des bonzes syndicaux rattachés à ces tâches subalternes pour un bon prolétariat croteux : « Les délégués éprouvaient parfois le sentiment de perdre leur temps – les heures de délégation passaient vite – à entendre les mêmes banalités sur la saleté ou l’inadaptation des locaux, l’incompétence ou l’autoritarisme de la maîtrise, l’insuffisance de la paie, la non-reconnaissance des compétences et des qualifications… ». Témoignage du mépris conjoint des intellos et des bonzes syndicaux pour les questions de base où ils se gardent bien d’élever les débats par exemple à une alternative de société quand ils considèrent que les ouvriers ne sont bons qu’à se soucier du nombre de rouleaux de papier chiotte. Et ils sont si bêtes ces encadreurs professionnels qu’ils s’offusquaient en plus que les adhérents même anciens n’aient eu aucune attirance « pour les idées de l’organisation » (p.41) ; parce que l’organisation syndicale avait des idées… autre que la cogestion de l’entreprise et la promotion de ses ouailles ?



[5] « Un bien collectif qui aurait dû profiter à tous » (p.56)



[6] Un bond « citoyen » pour l’humanité que les lois de ce bon M.Auroux qui n’ont jamais servi à rien d’autre qu’à revaloriser les bonzes syndicaux et à continuer à prendre pour des nuls la masse des ouvriers (j’en étais pendant 35 ans).



[7] Je m’abaisse ici à me servir de la langue de bois de nos sociologues juchés sur leur grue giratoire.



[8] « … la disparition des syndiqués et la transformation des syndicalistes français en boss nord-américains ont été les conditions nécessaires du développement de ce curieux dialogue social » (p76).



[9] Autre syllogisme réducteur de la même eau pour faire avaler la mort de la grève : « En France, seule une minorité suit les mots d’ordre de la grève et le mouvement se termine souvent dans la confusion » (p.93).



[10] Comme le métier de politicien, syndicaliste est devenu aussi un métier bourgeois. J’ai raconté dans mon livre « Dans quel Etat est la révolution ? » que, si les Grecs ont inventé le métier de la politique, cela signifie qu’il devra être supprimé dans la société communiste comme fonction séparée et rétribuée comme telle ; idem pour la profession de syndicaliste. Le communisme met fin radicalement à toutes les activités parasitaires.



[11] On atteint des sommets de bêtises en général dans les interprétations de 1936, et ici nos auteurs atteignent des sommets… d’ignorance crasse en écrivant : « Historiquement (sic), en effet, les responsables syndicaux, particulièrement ceux de la CGT, ne se concevaient pas comme les élus des salariés, au nom desquels ils auraient parlé ou agi. Il y avait une grande méfiance à l’égard des élections sur le lieu de travail… ». Mensonges, bien qu’auto-nominés les bonzes CGT prétendaient bien sûr parler au nom de la majorité des ouvriers, et nos historiens à la manque ne savent pas que la bolchévisation (stalinisation des PC) était basée sur la « cellule d’entreprise » avec les manips adéquates des intellectuels dirigeants. Et c’est Publié chez Gallimard, ces mensonges historiques d’amateurs.

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