PAGES PROLETARIENNES

vendredi 13 novembre 2009



DUALISATION DU MARCHE DU TRAVAIL ET PRECARISATION


=


RENFORCEMENT DE L’ISOLEMENT SOCIAL ET POLITIQUE


· La presse bourgeoise utilise de façon obscure la notion de « destruction d’emploi » ; PRÈS DE 400 000 EMPLOIS auraient été « détruits » DEPUIS 2008, mais combien ont été créés ? Ets-ce pour affoler encore, pour dramatiser à bon compte sur la crise « immanente » ?


· On nous parle (dixit l’INSEE via Le Monde) « de premières conséquences sociales » de la crise « notamment une forte hausse du chômage et un ralentissement de celle des salaires », mais jamais des conséquences sociales en termes politiques : la crise est pour l’instant « l’alliée de la bourgeoisie » !


La précision du taux de chômage nous fait autant d’effet que le vol de bijoux dans un appart bourgeois ; oui il est passé de 7,1 % au premier trimestre 2008 à 9,1 % au deuxième trimestre 2009 en métropole, après deux ans de baisse régulière en 2006 et 2007. Certes cela signifie que "Le nombre de chômeurs augmente donc de presque 30 % en un an et demi", souligne l'Institut national de la statistique et des études économiques. Certes aussi, le chômage partiel a été plus que décuplé en un an environ, pour atteindre trois cent vingt mille personnes au deuxième trimestre 2009, "niveau équivalent" à 1993. Et çà change quoi ? çà se guérit comment ?


* Elle est super la crise : La flexibilité a protégé les entreprises. Pour faire face aux ralentissements conjoncturels des derniers trimestres, les « boites » ont joué sur deux tableaux. Sur les ajustements internes, avec le recours au chômage partiel, sur le périmètre externe avec l'utilisation de l'intérim et des contrats à durée déterminée (CDD). Les entreprises profitent de la crise pour licencier par harcèlement et pour réduire les salaires


Au final, s'est conforté un marché du travail "à deux vitesses". Comme l'analyse le Centre d'analyse stratégique (CAS) dans sa note de novembre (n° 156). Pour René Sève, son directeur, la crise a causé un choc conjoncturel intense. Pour y faire face, les entreprises se sont resserrées sur leur coeur de métier et sur leurs salariés en CDI. "Les salariés en contrats stables appartenant au coeur de l'emploi ont été relativement épargnés par les destructions d'emplois au second trimestre 2009", note bien le CAS. En externe, le travail intérimaire a joué "le rôle d'amortisseur de choc conjoncturel, notamment dans l'industrie où il a représenté plus de la moitié des destructions d'emplois entre le 1er avril 2008 et le 30 juin 2009".


Dans les services marchands, ce sont les CDD qui ont joué ce rôle. Pour préserver ce "coeur" de main-d'oeuvre, les entreprises ont aussi recouru massivement au chômage partiel : "Le nombre total de personnes salariées en chômage partiel en France métropolitaine dépassait au second trimestre 2009, le nombre maximal atteint lors du choc de 1993", dit le CAS.


Vous avez déjà vue une grève commune possible entre « contrats stables » et CDD ?


Des inégalités criantes qui empêchent l’union de combat contre l’austérité gouvernementale :


Cette protection des salariés "stables" - observée aussi en Allemagne - a accentué la "dualisation du marché du travail". La « dualisation » n'est pas nouvelle, mais elle a connu un coup d'accélérateur. Elle avait commencé à se dessiner au fil de la seconde moitié des années 1990 et des recompositions successives du « tissu productif » , avec des entreprises qui, en se recentrant sur leur coeur de métier, ont recouru massivement à la sous-traitance, contribuant à généraliser l'intérim. Cette « dualité du marché du travail », qui a joué son rôle de bouclier pendant la récession, risque maintenant de desservir les entreprises qu'elle a protégées. Cette gestion par l'externe pourrait se montrer inefficace en sortie de crise si les entreprises n'en profitent pas pour préparer l'avenir. "L'enjeu est de savoir si elles sauront organiser la "mobilité interne", à savoir la formation de leurs salariés aux nouveaux métiers, aux nouvelles technologies", explique un certain M. Sève.


La situation varie là encore d'un secteur à l'autre, ce qui amplifie encore les inégalités et différencie le sort des salariés. Les secteurs d'activité qui recourent le plus facilement aux contrats courts et intérimaires sont aussi ceux qui ont aussi le plus de difficultés à organiser les formations. Contrairement aux secteurs qui offrent des emplois stables, à faible rotation, des salaires plus élevés et des perspectives d'évolution. La crise systémique joue un rôle d'accélérateur dans la pérennisation d'un marché du travail véritablement dédoublé, flexibilisé, où les prolétaires les plus faibles, jeunes et vieux, femmes et immigrés cumulent les inconvénients, sans que les grands bataillons à « statuts » ne les soutiennent..


Pendant ce temps, on continue à mourir au travail :


En 2007, 622 salariés ont péri dans un accident du travail. Sur les 720 150 accidents avec arrêts enregistrés, pour 35 871 141 journées d'indemnisation, 46 426 ont entraîné une incapacité permanente. La plupart des accidentés proviennent des métiers dits d'exécution.


Faudra-t-il une bonne guerre impérialiste pour provoquer à nouveau une révolution mondiale ?





jeudi 12 novembre 2009

MESSIANISME PROLETARIEN ET INVECTIVES



Un camarade de « Controverses » de Belgique m’a fait parvenir des messages de critiques tout à fait fraternels, et je lui en suis reconnaissant. Je souhaites qu’il ne prenne pas mal mes réponses où j’ai tâché de modérer mes « invectives » habituelles et consaguines.



Salut Jean-Louis,



Tes remarques introductives à propos de la situation de la classe ouvrière sont très justes. De plus (désolé si je vais t'énerver), c'est nettement plus lisible lorsque tu écris sur ce ton que ce que tu nous offres à lire habituellement (rangé des voitures et autres invectives). Sans prendre les vieux barbus en exemple et pour des demi-dieux ... ils ont très rarement écrit comme çà, et quand ils l'ont fait (Misère de la philosophie ou l'Anti-Dürhing), ce ne sont pas du tout les parties polémiques que l'on retient ou cite, mais les autres passages où ils expliquent clairement leurs positions. Je dois sûrement être le nième à te le signaler, mais tu dois t'en balancer comme de l'an 40 : le ton que tu emploies rebute plus le lecteur qu'autre chose, tu obtiens l'effet inverse à ce que tu recherches. Ceci dit, s'il est vrai qu'il ne suffit pas d'évoquer la faiblesse quantitative des statistiques de grèves pour les apprécier et qu'il faut développer une appréciation qualitative :


a) Se limiter à décrire (très bien comme tu le fais) que la classe ouvrière a le dos au mur ne suffit pas, encore faut-il expliquer pourquoi elle ne réagit pas alors qu'elle se retrouve de plus en plus acculée.


b) Si le lien n'est pas automatique, il y a quand même un certain rapport entre le quantitatif et le qualitatif. S'il n'y a pas plus d'expressions de la classe ouvrière d'un point de vue qualitatif, c'est aussi qu'elle ne s'exprime pas plus d'un point de vue quantatif. En effet, pour qu'il y ait un mouvement de généralisation, il faut des luttes à généraliser, donc, le stade qualitatif de la généralisation dépend aussi quelque part d'une multiplication quantitative des grèves. Or, cette multiplication quantitative manque cruellement aujourd'hui : ce niveau quantitatif est nettement en deçà du niveau de la prospérité d'après-guerre pour reprendre les comparaisons que tu décris, ce qui est quand même très interloquant. Autrement dit, analyser les statistiques des grèves n'est pas inutile et contient aussi une signification très intéressante et à expliquer.


c) Enfin, ta conclusion est un peu courte : "Si l’Etat bourgeois depuis une cinquantaine d’années a jonglé dans son « aménagement du territoire » avec cette ambiguë et opaque « mixité sociale », en favorisant le racisme ou la peur permanente de l’agression, et qu’il a réussi à ce que la colère ne s’exprime que sous la forme d’émeutes, il n’a pas réussi à éradiquer complètement non seulement la solidarité « propre au monde ouvrier » mais non plus à supprimer toute « conscience de classe ». Sa force réside simplement du fait de l’absence de la perspective révolutionnaire clairement revendiquée par des organisations politiques ayant pignon sur rue et force de conviction. Heureusement, en politique, rien n’est définitif". Cela ressemble trop à deux idées que je ne partage pas ou plus :



1) La classe serait prête, seule manque le(s) organisation(s) qui expriment sa perspective avec conviction.


2) L'expression d'une radicalité ouvrière comme un éclair dans un ciel bleu ... cela fait 40 ans que le CCI l'annonce (tout comme l'écroulement du capitalisme parce que les marchés extra-capitalistes sont épuisés) et cela fait 40 ans que cela ne s'est pas réalisé (pour l'écroulement, cela fait aussi presqu'un siècle que cela ne n'est pas réalisé et que cette prévision a régulièrement été démentie). Ces questions, tu ne les règles pas avec quelques belles formules ou invectives dont tu es friand, cela doit se comprendre et s'expliquer, et ce n'est pas simple. En tout les cas, ce que tu en dis (ou ne dis pas) ne répond pas à ces questions.


A+.



Ma réponse :



Pour moi il ne s'agit pas de mépriser la théorie, sinon je n'aurais pas écrit 28 livres, mais sa nécessaire acquisition ne doit pas se présenter sous forme élitaire ou rébarbative. Nous nous sommes contentés de grands simplismes pendant des décennies comme militants. Par ex on pouvait lire l'Anti-Dühring simplifié par les éditions sociales, no problem, cool; malheureusement quand on tombe sur l'édition complète (par ex des gens de sciences marxistes) aïe aïe aillaillaïe, le texte est dense, compliqué comme du Spinoza, peu accessible au lecteur cultivé et encore moins au lecteur moyen. Quel con cet Engels, me dis-je alors que je croyais jusque là qu'il écrivait plus limpidement que KM!


Le Capital, bonjour aussi. Très très peu l'ont lu ou le liront...


La querelle entre la raréfaction des marchés et la bttp n'a jamais empêché un prolétaire de faire grève consciemment.


Début 2008 j'ai publié "Dans quel Etat est la révolution?" (mon livre le mieux vendu) où j'arrivais aux mêmes conclusions que toi: en théorie on s'est longtemps basé sur des à-peu-près voire des trucs faux. Ce que tu dis sur l'oppression de la femme, moi je l'étends à bien d'autres questions (agressivité, désir de meurtre, pulsions...impulsions...) où il appert que tout ne peut pas être mis sur le dos du capitalisme. donc:


1. je ne me bats pas pour une vision puriste d'une autre société


2. je pense que le prolétariat peut nous mener s'il s'affirme révolutionnairement à une société plus humaine mais où demeurera longtemps encore à mon avis le règne de la nécessité encore, où les contrôleurs devront être contrôlés, où l'individu (de type dominant) devra être modéré (à cet égard je ne pense pas que la différence entre émulation et compétition et les bonnes pensées philosophiques et morales de M+E puissent nous être utiles pour le futur).


Je ne cache pas que, pour ma part, la révolution demeure une improvisation avec les moyens de l'époque concernée, mais avec les acquis théoriques des malheureuses fractions du XXe siècle.



Doit-on approfondir en cercles théoriques ou préparer


une nouvelle organisation de combat?



Telle est la question qui nous oppose, il me semble. Et nous en reparlerons après que tu auras lu mon pavé sur le maximalisme, qui j'espère sera aussi un élément de réflexion pour tous dans les "poubelles" ou les "assiettes". Ma théorie sur les avanies du CCI est bien connue depuis mon lourd bilan de faillite du CCI (L’organisation eggregore):



1. d'une part, pendant les 30 premières années on a un combat entre une tendance petite bourgeoise anarchiste et une tendance marxiste (tenue à bout de bras par le "vieux"Chirik) qui est elle-même faible mais en phase avec la nécessité d'être une orga politique et pas un cénacle de penseurs;



2. tu verras avec mon historique que les analyses de RI et Cie des 70 aux 80 sont assez "impulsives" (= maximalisme adolescent, la révolution est au coin des rues du Chili et du Portugal). Les années 80 manifestent une maturité indéniable (dont je me revendique encore), avec deux bémols: on n'a pas pris assez en compte la signification de l'implosion du PCI (ce qui fait que comme tu le dis on s'est glissé dans sa fourrure néo-bolchévik) et la force idéologique de la bourgeoisie (MC l'a vu mieux et avant nous tous avec la chute de l'Est). L'intervention ne fût pas frénétique pour moi, même si nous eûmes peu de résultats; je ne peux pas développer ici mais je pense que nous avons eu raison contre les "approfondisseurs", mais que l'histoire a tourné une autre page, que l'histoire ne nous a pas offert la révolution, et quand on n'obtient pas ce qu'on désire on devient fou (je cite en conclusion Wittgenstein). Permets-moi une blague : « Quelles sont les deux tendances qui divisent alors l’organisation ? Les marteaux et les fossiles » !



Je me branle des termes fractions, oppositions (comme ces pauvres autistes de la fraction interne (sic) – mes proches voisins en banlieue à qui j’ai téléphoné plusieurs fois en vain pour les faire sortir de leur cocon - mais je ne suis pas prêt non plus à m'associer à des intellectuels en chambre qui ronronnent comme on sait depuis des années et étalent leurs conneries révisionnistes à longueur de web, de Sander à Raoul. Ce petit milieu végète dans une démarche essentiellement intellectuelle de has been d'une organisation qui les a laissés sur le bord de la route à différentes époques, pour des raisons différentes. Je ne peux m'associer à un front anti-CCI non plus qui serait improductif. Je ne remets pas en cause les positions programmatiques de base acquises dans le CCI. Cette organisation « que nous avait confié la classe » (dans le langage messianique de MC) a été en effet un produit de cette classe, et cette dernière porte aussi une part de responsabilité dans l’étiolement ou l’étouffement de ses « avant-gardes ». Pose-toi plutôt la question : et si notre catastrophisme s’était vérifié – plongée drastique de la crise ou guerre mondiale – notre impact n’aurait-il pas été bien différent ? Rappelle-toi que Rosa n’hésita pas à rendre responsables les masses en 1918 en Allemagne d’avoir été coresponsables de la défaite. Nous ne chions toujours pas cependant sur ces masses, comme modernistes et communisateurs. Comme nous-mêmes, les masses subissent un capitalisme qui ne fût pas, qui n’est pas encore moribond. Je dis donc que c’est la bourgeoisie qui a été plus forte que nous. La phrase de « sainte » Rosa que tu cites sur la puissance du mouvement basé sur « connaissance (essentiellement) théorique », je ne la fais pas mienne. Dans le domaine politique nous disons que la conscience est le facteur premier, pas la connaissance. La connaissance vient après. La démarche intellectuelle de la petite bourgeoisie part de ses connaissance culturelles pour aboutir, c’est encore le cas de nombreux militants ou ex, à une compassion philanthropique. Chez Rosa, que j’aime toujours, il y a un côté fleur bleue qui est absent chez Lénine, et qui explique les tiraillements entre les deux. Si nous prétendons être l’expression d’une classe qui vit, qui souffre, qui croit un autre monde possible, nous ne pouvons nous ériger en nouveaux théoriciens coupés de la prise de conscience. Je ne vais pas te faire un cours, que tu connais bien, sur la non séparation de la praxis et de la théorie, mais l’engagement politique ou plutôt la restauration du projet de parti (car il en faut un) ne passe pas par de nouvelles recettes culinaires d’intellectuels qui découvrent qu’en anthropologie les organisations marxistes ont été assez minables jusqu’à l’époque actuelle, ni par de savantes discussions sur les analyses divergentes de la crise systémique ou de la morale ad hoc. Cela n’interdit à personne d’écrire des livres ou de rédiger des articles sur ces sujets, avec ce bon esprit qui est le tien (le vôtre) en renvoyant à des thèmes de lecture.


Mais de ce petit milieu où vous voulez nous rejouer la comédie du « regroupement des révolutionnaires » has been, il ne sortira rien. Pourquoi ? Parce que vous vous basez sur la « recherche », l’archéologie d’un savoir « rénové » qui redonnerait vie à un marxisme fossilisé par le pouvoir terriblement dominant. Parce que vous vous basez sur l’échange d’idées, la « discussion fraternelle » comme si, tel un miracle, cette bonne intention allait nous permettre de guérir de la sectarisation du CCI. La fraternité je ne l’ai pratiquement jamais connue dans RI-CCI dans les combats de rue comme dans les congrès. Nous sommes restés des bâtards d’une époque bizarre, confortable (pas un d’entre nous n’a été en prison) où le réformisme est resté efficace, contrairement à la rengaine idiote de RI. Or, si nous espérons tous une renaissance, essayons de comparer avec ce qui a permis l’embellie des sixties : le cadre d’ICO. ICO, petit de S ou B, ne fût pas un cercle de mirlitons usés par des purges successives d’une secte, mais un lieu de rencontre de « jeunes » étudiants et prolétaires qui, boosté par des luttes réelles du prolétariat, a permis de reposer la question du parti pas de fonder de nouveaux cénacles à la S ou B ou Arguments, EN LIEN AVEC LES LUTTES, avec une intervention dans la classe. De là sont sortis les jalons de véritables petits groupes maximalistes, non seulement RI, mais aussi le For, le PIC, le Glat, et –par les polémiques – qui réussirent à faire sortir de leur trou quaternaire les bordiguiens et assimilés.


Le mouvement de demain, pareillement, n’est pas assujetti à une meilleure connaissance mais à une praxis liée aux nécessités de la lutte des classes, que la connaissance ne peut que renforcer dans la mesure où elle ne se présente pas comme des leçons d’une élite quelconque. Paradoxalement, R.Camoin a suivi le même chemin que vous, il est devenu « gramsciste ». Il recopie à tour de bras tout ce qu’il trouve sur des sujets éclectiques ou littéraires dans la bibliothèque de Marseille. Pour lui les ouvriers sont des cons consommateurs. Un autre versant de désenchantés du prolétariat et du parti de classe, les communisateurs, prise également un langage abscons avec de lourdes références culturelles anthropologiques et structuralistes, qui mène certains à un néo-fascisme ou à des bluettes écologistes.


Si nous ne sommes pas capables de partir des besoins de la principale classe exploitée, qui se confondent avec l’avenir de l’humanité, d’autres le feront à notre place, comme disait Marc Chirik, et ce sera tant mieux



Je ne pense pas qu'on va faire de nouvelles et brillantes découvertes avec un marxisme "approfondi" mais que nous dépendons d'une capacité non seulement à analyser et critiquer le monde actuel avec des armes déjà "affûtées, seulement émoussées par des tirades bêtes en fin d'article (cf. au début de RI surtout et à sa fin), mais nous dépendons de ses bouleversements: aggravation crise et guerres, phénomènes qui obligent à "prendre position", à "réaffirmer le rôle du prolétariat".


Sur le regroupement vers 1917 tu te trompes, les plus proches de Lénine n'étaient pas ce milieu glauque d'intellectuels réfugiés de l'émigration parisienne, mais en Russie une avant-garde autrement déterminée. La plupart des cercles que vous avez listés ne sont composés que de vieux chaouis impuissants et incapables des mener une activité organisée, marqués par un gentil sentimentalisme relationnel. Je te redis, sans être le démagogue de la jeunesse en soi, que je crois plus à l'apport du sang neuf qu'aux divers vieillards de la maison de retraités du CCI, car ces cercles viennent en effet de la même maison-mère. Or, d'autres anciens courants ne sont pas tout à fait disparus et restent sur des positions de classe opposés à tous les "modernisateurs". On retrouve et on retrouvera les mêmes tiraillements entre une droite académiste et une gauche activiste (ou l'inverse) et un centre pour tempérer ou tomber dans une des deux ailes...



L’INVOCATION DES GRANDS ANCETRES…



La « fraction interne » du CCI (externalisée) comme la « Lettre internationaliste » du seul membre (indépendant) du BIPR en France, comme vous-mêmes à « Controverses » qui n’êtes pas « un groupe politique mais un projet derrière lequel toute une série de participants se sont reconnus », ni une « scission du CCI », et où « existent d’autre analyses sur la crise », vous vous réclamez des « tâches de l’heure » de Bilan. Or la poignée de militants italiens réfugiés en Belgique pendant la guerre, malgré leur indéniable apport théorique, n’est pas la messe. Ce groupe de vétérans d’Octobre 17 se dissout à la veille de la guerre et ne doit sa pérennité qu’à l’effort théorique de la GCF de Chirik. Déjà, avec son leader théorique Perrone la fraction avait fini par remettre en cause l’existence du prolétariat et fini en eau de boudin dans le comité antifasciste de Bruxelles. Le risque de se placer sur le terrain abstrait des « nouveautés » ou de « l’approfondissement intellectuel » » est clair : c’est celui de se couper de la réalité de l’existence du prolétariat et de lui demander de faire ce qu’il n’est pas encore en mesure d’accomplir. La démarche qui consiste à dire « pendant 40 ans on a répété que le capitalisme était en train de s’effondrer » et que, par conséquent, comme on s’est trompé, il faut ausculter un peu mieux l’état du monstre, est anti-marxiste. Marx s’est trompé plusieurs fois dans l’attente de la révolution au XIXe siècle, mais sa motivation n’était pas que les prolétaires soient capables de faire la différence entre la baisse tendancielle du taux de profit et la saturation des marchés, ni un pur volontarisme. Quoiqu’il soit contradictoire souvent avec son « jamais une société n’expire avant d’avoir épuisé toutes ses possibilités » (de mémoire), les moments des révolutions sont toujours soudain ou inattendus. Les analyses fournies depuis des décennies par les « minorités révolutionnaires marxistes » n’ont pas plus la science infuse que les meilleurs prix de l’économie bourgeoise ; et le débat picrocholin que vous menez avec « Perpsectives internationalistes » n’est pas autre chose que la lecture du marc de café. On renifle plutôt de vieux règlements de comptes entre ex du CCI, un pinaillage qui n’intéresse personne dans la classe ouvrière.(cf. votre réponse à l’analyse de la crise à la réunion de Bruxelles). Cela confine au débat d’esthètes et ne répond pas aux questions « politiques » qui se posent dans la classe ouvrière qui n’attend pas la « faillite finale du capitalisme » pour « se réveiller ». Le marxisme a établi l’essentiel politiquement. La « tâche de l’heure » reste la dénonciation des crimes et de l’exploitation du capitalisme jusqu’à ce qu’il pose les conditions de son renversement. Ce sont peut-être pour toi « belles formules » et « invectives » , mais cela participe d’un combat politique qui n’est pas analyse de cénacle dans l’attente de belles grèves « sauvages » ou de la vérification de la bttp ou de la vérité de la saturation des marchés. Il est évident que la situation morose et incertaine de la lutte des classes dans un monde « shakespearien » ne favorise nul activisme ni regroupement précipité d’intellectuels culpabilisés par leurs échecs de prédiction successifs, ni de renier des recherches théoriques, qui passent encore, hélas peut-être, par une réelle réappropriation e ce que nos ancêtres ont voulu nous transmettre : ne pas séparer l’action de la théorie, ne pas douter du rôle historique de la classe ouvrière jusqu’à ce que la révolution ait lieu ou pas. Nous ne sommes pas là pour débattre comme les observateurs bourgeois au même niveau de leur doute (naturel) et de leur négation (intéressée) de la « mission du prolétariat ».



LA QUESTION DE LA REVOLUTION EN PERSPECTIVE



Sur le concept d’histoire, Walter Benjamin considérait en 1940 que le matérialisme historique ressemble à cet automate qui, jouant aux échecs, gagne à chaque coup. Un pantin actionné, en réalité, par un « nain bossu , maître dans l’art des échecs », dissimulé sous la table. Selon Benjamin, « la marionnette appelé « matérialisme historique » peut hardiment se mesurer à n’importe quel adversaire, si elle prend à son service la théologie, dont on sait qu’elle est aujourd’hui petite et laide, et qu’elle est de toute manière priée de ne pas de se faire voir ». Pour les intellectuels bourgeois cela renvoie au « messianisme marxiste » car le mouvement ouvrier a partie liée avec le christianisme de Saint Paul. Le Christ aurait été un personnage manipulé par Saint Paul pour faire croire que tout était possible sur terre. Pour Benjamin l’arrivée des temps messianiques pourrait être accélérée par l’action révolutionnaire. Or les marxistes révolutionnaires sont tout sauf mystiques. La semaine dernière, sur une chaîne de télévision la diva médiatique Attali déclarait que la politique mondiale procédait plus de Shakespeare que du marxisme. Pour les élites bourgeoises la possibilité de renversement du capitalisme reste une utopie, le « mythe du salut prolétarien », malgré sa longue marche triomphale au XXe siècle est encore moribond et une génération entière ne suffira pas à ranimer le mort, au moment où toute la bourgeoisie mondiale républicaine et mafieuse commémore la chute du mur de Berlin vingt ans après comme si celle-ci était un triomphe définitif contre toute alternative politique « communiste ». La société serait en mesure désormais d’apprendre à vivre avec « le réel » : la pérennité de la division en classes, le règne de l’argent, les guerres permanentes et l’exploitation inévitable de l’homme par l’homme.


L’histoire est notre école et notre guide. Bien que j’ai émis de sévères critiques contre sa façon de renâcler contre la classe ouvrière des supermarchés par Robert Camoin, j’ai trouvé un fond politique autrement plus judicieux chez ce vieux révolutionnaire dans son invocation d’un nouveau 1905.



UNE REVOLUTION PREMONITOIRE : 1905 EN RUSSIE



Tous ceux qui doutent, tous ceux qui auscultent l’état du capitalisme malade, tous ceux qui se lamentent qu’il n’y ait pas de grèves « révolutionnaires » devraient réfléchir à nouveau sur l’apparition de cette révolution inattendue même dans le mouvement ouvrier moderne, qui n’est pas une vulgaire image d’Epinal mais hante la peur des plus lucides des classes biens pensantes.



Un conflit mineur du travail avait éclaté à la mi-décembre 1904 aux usines Poutilov. Des usines de constructions mécaniques qui fournissaient la défense nationale et n’employaient pas moins de 13.000 ouvriers, représentaient le plus gros complexe industriel de la capitale russe. Quatre ouvriers avaient été licenciés et les membres de l’ « Union des ouvriers de l’industrie mécanique » réclamaient leur réintégration. Dans le contexte de la guerre avec le Japon et la chute du réduit russe de Port-Arthur (des milliers de morts) et avec le refus du patronat de Poutilov naît spontanément l’idée de grève totale, qui est reprise par le syndicat du pope Gapone. La grève se généralise en partie grâce au dynamisme des militants socialistes. De proche en proche, chantiers navals de la Néva, filatures de coton, manufactures d’Etat sont progressivement paralysés. Début janvier 1905 la grève est totale aux usines Poutilov. Les autres secteurs importants basculent les jours suivants dans la grève, conducteurs de tramway, employés des centrales électriques. Cette grève apparaît sans précédent et à quelque chose d’universel et de mystérieux pour tous les observateurs. , car elle outrepassait le pouvoir de mobilisation d’un parti et prenait de court l’Etat tsariste.



La pétition supplique au tsar de Gapone connaissait entre-temps un immense succès. Mélange de revendications prolétaires et de foi mystique dans le tsar cette supplique n’avait pas été prise au sérieux par les éléments socialistes révolutionnaires. Lors de la manifestation du 9 janvier la réponse du tsar est de faire tirer dans le tas. Les « militants bolcheviques » ne sont que 28 ! Le « dimanche rouge » est un véritable massacre. En faisant irruption sur la scène de l’histoire les ouvriers, remisant au second plan les jérémiades syndicalistes et mystiques de Gapone allaient porter un coup fatal à l’Etat tsariste. Ce meurtre de masse fera plus pour la conscience révolutionnaire que des années de propagande impuissante des révolutionnaires de tout acabit. Les ouvriers étaient incapables pourtant dans ces circonstances, étant donné l’effondrement de tout l’univers politique traditionnel (tsariste et libéral) d’envisager une solution de rechange. Les seuls à même de dénoncer l’impéritie et la barbarie de l’Etat tsariste restèrent pour un temps cependant les partis bourgeois libéraux qui disposaient d’une presse légale à fort tirage. La révolution gardait un caractère décousu et incohérent. Sa répercussion était avant tout mondial quand l’Etat tsariste persistait à n’y voir qu’un incident mineur, changeant simplement quelques fusibles et lançant avec sa police la chasse aux suspects « payés par l’ennemi ». Le tsar avait condescendu à accorder 50.000 roubles aux familles des victimes et invitait les ouvriers à reprendre le travail. Face à une délégation ouvrière le tsar « leur pardonne leur faute » ; cette même délégation est conspuée à son retour par les assemblées générales. Cette tartufferie est dénoncée sans écho par un certain Lénine : « Le prolétariat russe n’oubliera jamais le dimanche sanglant et parlera un jour au tsar sur un autre ton ». Les représentants des ouvriers refusent désormais de participer à toute commission de conciliation au mois de février. ; ces mêmes représentants seront à l’origine de la formation du premier conseil ouvrier de la capitale.


Les éléments intellectuels, les étudiants, étaient descendus à leur tour dans la rue pour faire des quêtes en faveur des victimes du massacre. La manifestation du 12 janvier à l’occasion de obsèques d’un étudiant tué par la police, tourne à la manifestation politique où l’on prête serment de « venger les victimes ». Les universités resteront fermées jusqu’à la fin de l’été. Des portraits du tsar sont lacérés. Des résolutions sont votées contre la guerre, la « criminelle aventure » d’Extrême-Orient. Avocats, ingénieurs, savants et intellectuels se prononcent à leur tour par diverses formes de protestation. Les patrons eux-mêmes réclament l’instauration de libertés civiques. Toutes ces couches ne pouvaient pas prétendre exprimer seuls l’indignation générale. La protestation ouvrière reprend le dessus par une série de grèves de solidarité, qui sont spontanées et faiblement politisées. La plupart des centres industriels finissent par être touchés malgré les occupations de la police. Les provinces non russes voient également se développer une mobilisation plus contre la guerre qu’en solidarité avec les ouvriers russes. A la mi-janvier, à Varsovie se déclenche une grève générale insurrectionnelle qui aboutit à une centaine de victimes. La classe ouvrière n’était pourtant mobilisée que pour à peine un tiers de ses effectifs. Tiré de son sommeil, le monde ouvrier sonnait l’alarme sans que les biens pensants n’en mesurent les conséquences. Le massacre sert alors le mouvement socialiste comme jamais et l’on se met soudainement à parler du socialisme comme alternative à une échelle inconnue jusque là. Il s’agit bien d’une véritable révolution des esprits dans ce puzzle révolutionnaire dont personne ne voit clairement les possibles aboutissements. Une des premières conséquences est l’émergence de partis hors légalité et étroits. Des unions de toutes professions se créent un peu partout. L’Union pour la libération du travail de Plékhanov avait incité toutes celles-ci à les créer et à se fédérer entre elles.


Le monde paysan qui se sentait étranger au monde urbain des ouvriers s’y met à son tour., il avait déjà anticipé lors des émeutes agraires de 1902-1903. Des émeutes s’étaient produites en février 1905. En Pologne le mouvement fût plus prolétarien marqué par les grèves et manifestations de salariés agricoles.


En mars, en Russie on ne comptait plus que 70.000 grévistes et le mouvement semblait s’essouffler. Les ouvriers polonais reprenaient l’initiative en renforçant leur mouvement. Il prend un tour insurrectionnel à Lodz où sont dressées des barricades. Ce regain relance à nouveau le mouvement en Russie où les grèves repartent de plus belle dans les principaux centres industriels. Elles présentent un caractère bon enfant et ne mobilisent pourtant qu’à peine 10% de la classe ouvrière. La propagande socialiste en faveur du renversement du tsarisme ne rencontre encore que peu d‘échos. Les ouvriers persistent à n’avancer que leurs revendications traditionnelles sur les conditions de travail. Bien que peu révolutionnaires, ces grèves vont pourtant accoucher d’une institution aussi nouvelle qu’inquiétante : le soviet. Non plus simple comité de grève mais institution ramifiée dans le pays et antagoniste au pouvoir, avec pour principale revendication troublante : le droit pour les ouvriers de se réunir librement « pour débattre de leurs besoins ». Le premier soviet, dans le « Manchester russe » Ivanovo-Voznesenk qui ne comporte que peu de militants socialistes, tendance menchévique, se réunissait en rase campagne au milieu de la foule des ouvriers prend des mesures de type « étatique » : fermeture des débits de boisson, maintien de l’ordre en ville. Il se permet de demander la convocation d’une assemblée nationale élue au suffrage universel. Le mouvement se radicalise face à la répression des cosaques. Au mois de juin se généralisent des actes de vengeance contre l’autorité, une épidémie de pillages et d’incendies. Impuissant à limiter les émeutes, le soviet décide d’interrompre la grève et en juillet la reprise du travail est effective. Cette reculade face au risque de décomposition de la révolution n’est pas une défaite en soi. La classe ouvrière a révélé son sens de l’organisation et des responsabilités pour l’ensemble de la société totalement étrangère à l’accusation de chaos invoquée par l’autocratie capitaliste. De simple comité de grève le soviet avait mué en organe représentant les besoins et les volontés des ouvriers de la ville d’Ivanovo-Voznesenk, reconnu par l’Etat et les patrons comme interlocuteur incontournable et sérieux. Quoiqu’il ait été indifférent à toute conquête du « pouvoir », il posait les jalons pour une véritable « prise du pouvoir » ultérieure.


A la ville voisine de Kostroma, l’assemblée « de députés des grévistes » s’était faite le porte-parole de toutes les entreprises de la province et publiait un Bulletin d’information « Izvestija » rendant compte scrupuleusement du déroulement de la grève et des négociations. Elle obtint une réduction de la journée de travail sans prendre en compte les appels à l’insurrection d’une poignée de militants bolchéviques. On était loin du chaos antérieur des divers comités et cette forme d’organisation commençait à en imposer aux militants social-démocrates mencheviks et bolcheviques qui ne croyaient jusque là qu’aux formes syndicat et parti.


Face à ces « enfants inattendus de la révolution », les mencheviks pensèrent pour leur part qu’ils n’étaient que l’expression d’une « révolution bourgeoise ». Ils n’étaient, selon eux, qu’une étape vers la mise en place d’une assemblée constituante. Les bolchéviques misaient eux plutôt sur des « groupes de combat » pour prendre le pouvoir et considéraient ces soviets comme une institution rivale, refusant de « subordonner le conscience à la spontanéité ». dans son ouvrage paru à Genève en juillet 1905 Lénine commençait à considérer les soviets comme des instruments possibles de l’insurrection armée. Au total mencheviques comme bolcheviques ne jouèrent qu’un rôle mineur lors des premiers mois., mais leur influence au sein des soviets devait s’affirmer progressivement. Cette influence est renforcée par le Trafalgar militaire de l’armada russe. Au mois de juin, l’émeute dans le cuirassé Potemkine allait porter un nouveau coup au pouvoir, faisant culminer la révolution.


Leçons


La puissance et la vigueur du mouvement révolutionnaire de 1905 ont montré la force du prolétariat organisé comme classe. D’emblée, c’est lui qui s’est trouvé à la tête du mouvement révolutionnaire. Certes, la propriété des moyens de production est restée entre les mains des capitalistes, et le pouvoir gouvernemental entre celles des bureaucrates tsaristes. Mais le Soviet de Petrograd a disposé de fait des ressources nationales de la production et des moyens de communication.


La principale méthode de lutte appliquée par le Soviet a été la grève générale politique. Son efficacité révolutionnaire est venue de sa capacité à désorganiser le pouvoir. La classe ouvrière a pu ainsi créer l’anarchie au niveau de l’autorité tsariste, sans jamais devenir elle-même la victime de cette anarchie : au contraire, elle est demeurée tout au long de cette année révolutionnaire une force rigoureusement organisée, par les réunions politiques permanentes et le fonctionnement du Soviet des députés ouvriers.


L’importance du prolétariat,a souligné Trotsky, dépend entièrement du rôle qu’il joue dans la production à grande échelle. Les trois millions d’ouvriers que comptait alors la Russie produisaient par leur travail la moitié des revenus annuels du pays. Les moyens de production appartiennent certes à la bourgeoisie, mais le prolétariat est le seul à pouvoir les mettre en mouvement : « de là résulte sa puissance sociale ». Les ouvriers en lutte ont la force de suspendre, par la grève, le fonctionnement de l’économie ; par conséquent, « l’importance du prolétariat croît en proportion de l’importance des forces productives qu’il met en mouvement ».


L’état de développement des forces productives est donc fondamental quant à la possibilité, pour un mouvement révolutionnaire prolétarien, d’être victorieux. Quoi de plus actuel ? Il n’en est cependant pas l’unique facteur. Trotsky écrivait : « Le jour et l’heure où le pouvoir passera entre les mains de la classe ouvrière dépendent directement, non du développement des forces productives, mais des rapports dans la lutte des classes, de la situation internationale, et, enfin, d’un certain nombre de facteurs subjectifs : les traditions, l’initiative et la combativité des ouvriers (…). Bien que les forces productives des États-Unis soient dix fois supérieures à celles de la Russie, il n’en reste pas moins vrai que le rôle politique du prolétariat russe, son influence sur la politique de son pays et la possibilité pour lui d’influer sur la politique mondiale dans un avenir proche sont incomparablement plus grands. ». L’état du capitalisme et des forces productives, avec Internet et les crises de plus en plus déstabilisantes, est donc essentiel à la révolution socialiste : les grandes entreprises doivent surclasser les petites afin que soit permise et efficace économiquement la socialisation de la production. Mais elle se complète par une prémisse socio-économique : il faut qu’existe une force sociale qui ait intérêt, du fait de sa situation objective, à réaliser le socialisme, qui s’organise comme classe et qui soit assez puissante pour pouvoir l’emporter.


Comment ne pas comparer dans les potentialités moderne de cette classe en Russie si minoritaire en 1905 avec sa place, autrement plus impressionnante dans la société actuelle, en tant que force démultipliée au XXIe siècle et riche de potentialités occultées?


Bien sûr nous ne sommes pas encore dans les conditions d’une guerre mondiale ou de la gravité de celle qui opposa le Japon à la Russie, mais ces conditions dramatiques, d’une façon ou d’une autre, en renouvelant ses mystifications ou ses complots, la bourgeoisie nous les prépare pour demain. On ne saura guère se contenter alors certes de « belles formules » ou d’invectives. Il faudra passer à la pratique. Comme naguère. Et toujours dans l’improvisation, mais avec des leçons du passé à retenir.







mercredi 11 novembre 2009

CORRESPONDANCE CONFIDENTIELLE




Voici donc un courrier"confidentiel". On ne vous cache rien sur ce blog et on vous dit tout dans la mesure du possible. Les "raisons" de sa publication dépassent le caractère "personnel" car elles indiquent une force irréductible : la fraternité et l'existence d'une correspondance multiple – individualité et...communauté ! Un état d’esprit qu’on aimerait bien voir se développer en milieu maximaliste. Même s’il ne croit plus, contrairement à moi, à la théorie du prolétariat (= classe révolutionnaire) dans sa condition de chômeur, la contribution de Florian nous intéresse parce qu’elle pose la nécessité de bouleverser la société dans un sens humain. Et il décrit cruellement avec ses mots à lui, notre situation à tous : « Aujourd'hui, nous sommes parvenus au point où nous n'avons jamais été autant démunis, dépouillés ».


Il aborde plusieurs faits ou questions auxquels je n’ai pas des réponses toutes prêtes.


Florian sait que j’ai rompu avec François L. parce qu’il avait publié sur le site facho Arrrgh son introduction à Tempus Fugit 2, sans me faire lire un galimatias incohérent et plutôt antisémite. Désespoir ? Désarroi comme le dit le jeune Florian. Certainement et d’autant que la lutte des classes ne casse pas des briques, que même les vieux routiers du maximalisme, et les groupes au disque rayé de la dite « gauche communiste » s’interrogent sur les capacités du prolétariat à fonder une alternative de société. Sous des airs de fiers à bras pour ces derniers ou sous une volonté « d’approfondir » façon « controverses » ne va-t-on pas vers une remise en cause faillitaire de la classe ouvrière ? Serais-je son dernier mohican ? D’où l’intérêt de réfléchir aux questions que pose fraternellement le jeune Florian, sans exclusive et en examinant attentivement les ordures et décombres dans le champ politique révolutionnaire. Sachant que ce ne sont pas seulement les mauvaises herbes qui repoussent.


Vous pouvez envoyer votre avis chers lecteurs ou vous impliquer sur ces sujets, ce modeste blog vous est ouvert.



JLR



PS : N+1 publie en italien www.quinterna.org Je ne connais pas leurs textes.





Cher Jean-Louis,



J'ai donc lu cette introduction à Tempus Fugit 2. C'est normal que je ne connaissais pas ce texte, puisque dans son édition "officielle", François L. dit l'avoir retiré et qu'une copie peut être demandée. C'est clair et net, il rejoint tout à fait la même façon d'appréhender que François B. C'est dommage. Le désespoir et le désarroi les minent et leur énergie est entière consumée dans une lamentation. C'est ainsi que je caractérise ce que je viens de lire - une lamentation indiquant de la perte des repères. Mais je crois sincèrement qu'ils sont en chemin, qu'ils évoluent, comme moi, comme chacun, chacune. Bref.1. Prendre acte que la théorie du prolétariat et le parti prolétarien ne sont plus opérants car le système s'est développé d'une façon telle qu'ils ne le sont PLUS, est foncièrement DIFFERENT de, du coup, nier carrément qu'ils aient été opérants. Cette négation les amène du côté de la révolution conservatrice. 2. l'échec et le désarroi pousse à créer des diaphragmes : théorie du complot (et ça c'est vraiment gravos). Ce qui est une mystification. Ça montre bien qu'on passe, là aussi, du côté de la révolution conservatrice. 3. l'analyse n'est plus qu'une longue lamentation. 4. il n'y a pas de sortie. Alors effectivement, tout support n'est pas innocent. Pourtant, je crois important ce travail historique, de publier tous ce qui est du courant radical, non seulement de notre courant, la Gauche communiste etc, le courant prolétarien révolutionnaire, mais aussi en intégrant certains apports du courant anticapitaliste de droite. Le problème est là : publier les textes des opposants de droite est également important. Car ils y avaient des choses très justes. MAIS, (il y a toujours un mais. Et c'est parce qu'il y a un MAIS que je me garde de plonger dans le piège de tout moralisme et du mode de penser binaire), MAIS il y a un pas (énorme, abyssal) entre publier des textes instructifs de ce courant et... PASSER DE L'AUTRE COTE! Je mets cela sur le compte du désarroi. En espérant que ces individualités poursuivent leurs chemins..., que rien ne soit fixé. Je suis content des divers textes que tu places en ligne. Notamment sur ton deuxième blog. J'ai lu le texte sur le volontarisme en Russie. C'est fort intéressant. Sur la guerre civile espagnole, sur la Belgique (gauche communiste italiens en exil) également. Est-ce toi qui a écrit le texte sur les "Besoins radicaux" ? En ce cas je te ferais quelques remarques. Tout comme la société bourgeoise puis capitaliste est née de la société féodale en tant que nouveau rapport social en gestation porté par des groupes infimes d'hommes et femmes dans une société féodale en décomposition, naîtra de notre société capitaliste en décomposition un nouveau rapport social : le communisme. Non plus comme un nouveau mode de production, mais un nouveau rapport social qui abolira tout le courant historico-social (dans ses manifestations, ses rapports sociaux, ses modes de production divers) qui a présupposé la dernière et la plus totale et à la fois dissolutive des formations historico-sociales : le MPC. C'est là qu'intervient le rôle historique du prolétariat en tant que classe révolutionnaire. Or, les conditions qui faisaient du prolétariat une classe révolutionnaire ont changées à mon avis. En ce sens que la généralisation de la prolétarisation et la minéralisation (domination réelle) rendent inopérante et placent en situation d'échec la fonction révolutionnaire de la classe. Elle a été opérante, elle n'est l'est plus car en tant que classe universelle elle perd des déterminités et en acquiert d'autres. Il y a toujours classes socio-économiques. Mais le fait de la généralisation de la prolétarisation, qui est aussi en même temps une "middle class-isation" (la middle class est par définition une non-classe), indique d'une évolution structurelle. Celle-ci implique à son tour la question : dans quelle mesure a-t-on, nous prolétaires, 1° la force d'une classe (c'est-à-dire ayant une position déterminante dans le système), 2° un programme préfiguration de la société communiste ? Nous n'avons plus ni l'un ni l'autre (victoire de la contre-révolution). Alors, cette classe universelle, lorsqu'elle entrera en action, opérera-t-elle en tant que classe ? Cette question n'est pas spéculative. Elle est importante car elle révèle la question suivante, connectée avec la fameuse question des besoins : qu'est-ce qu'on garde ? Doit-on réformer les rapports de production ? Ce système n'est-il désormais pas entièrement à détruire ? Nous ne sommes plus en 1848. Cf. Amadeo Bordiga. Le schisme. Faut-il lutter sur le terrain de l'entreprise ? Faut-il s'opposer sur le terrain de la production ? S'agit-il de nous réapproprier le travail vivant ? Mais où est-il ce travail vivant ? Doit-on garder les circuits de circulation, distribution ? Pire : est-ce vraiment la production ? Le communisme en tant que mode de production c'était les besoins de manger, se vêtir, se chauffer. Point barre. Tout le reste ciao. De quoi a-t-on besoin? C'est là que ton texte pose une bonne question : ces besoins de base c'est secondaire. Le besoin c'est le besoin d'être : la continuité de l'être : gemeinwesen. C'est ça la connaissance du plan de vie pour l'espèce : le gemeinwesen. Je pense que ce besoin, qui n'est plus un besoin lorsqu'il commence à abandonner l'aliénation mais manifestation de mon individualité totale qui est en même temps communauté, est appréhendé par la situation de répression, situation sociale. La reconnaissance, etc., sont des mystifications de notre être-gemeinwesen. Les rapports sociaux sont les supports d'un besoin d'être. Les rapports sociaux ALIENES sont les supports de besoins d'être ALIENES. Il faut aller à la racine. La racine c'est le rapport social. L'équation qui produit le schisme est déterminée désormais par la prépondérance de ce facteur: l'émergence d'un nouveau rapport. De celui-ci à son tour naît, plus ou moins spontanément, l'organisation matérielle, notre auto-organisation, nous prolétaires, prolétarisés, pauvres, dominés, qui dissous et fait disparaître peu à peu, mais radicalement et définitivement, ce système, tout en ayant mûri dans ses conditions, dans sa situation de cadavre en décomposition.


Ton billet sur les "tarnaqueries" m'a beaucoup amusé. Mais je ne serais pas aussi méchant ! Ces gars et filles sont animés sincèrement de la passion du communisme, de la communauté. Mais ils sont complètement happés par les déterminations du système, et par l'auto-infantilisation. A voir comment ça évolue de ce côté. Mais, pour parler en terme situs, je crains que, une fois pris dans la logique retorse et multiple du spectacle il soit quasi impossible de s'en dépêtrer, à moins de couper net (encore le schisme...).


Je lirais bien avec plaisir ton Histoire du maximalisme. Pour l'instant mes indemnités de chômeur ne permettent pas encore, mais bientôt j'espère je pourrais te l'acheter.


Sinon, pour ceux qui sont maintenus strictement classiquement marxistes, je me sens plus proche de la façon dont les camarades de N+1 abordent les choses que de Controverses. L'article de N+1 sur la crise est, par exemple, autrement plus vigoureux je trouve... Qu'en penses-tu toi de N+1? A ce propos, tu vois, pour revenir à cette question des besoins, du communisme comme mode de production, d'un nouveau rapport, eh bien ces gars maintiennent l'idée que ce que produit le système dans la haute-technologie (nanotech, etc.) constitue les bases matérielle du communisme. Pour moi, c'est tout simplement absurde. C'est un fatras. Et à mon avis tout est comme ça. Aujourd'hui, nous sommes parvenus au point où nous n'avons jamais été autant démunis, dépouillés. Alors c'est de ce dénuement total que nous nous repartons. Et pas compter sur ce que met le système à disposition matériellement, ce serait pour moi réformer. Car en fait ce qu'il met à disposition, c'est-à-dire tout simplement son organisation, est déterminée par SON organisation (ça à l'air tautologique mais ça ne l'est pas...!).


Je m'arrête. Je suis encore assez jeune pour affiner, confronter à la réalité, etc. Je continue donc. A bientôt !



Florian




lundi 9 novembre 2009

UN DEBAT ENTRE AVEUGLES EN DEHORS DE L’ENTREPRISE MAIS QUI CONCERNE LA CLASSE OUVRIERE

(soliloque sur la grève désincarnée et abstraite ?)

La grève d’une partie du réseau urbain de transport à Paris a au moins fait parler d’elle sur les forums d’Internet qui remplacent plus confortablement les cafés d’antan, comme je l’ai souligné dans mon long message blog précédent, et sans risque de se faire casser la gueule. Dans ma période militante j’ai connu cette situation, pas dans les bistrots, mais à l’entrée des boites ou des locaux RATP où critiquer la grève, même du point de vue des ouvriers et de la révolution, ne souffre pas la discussion…

Malheureusement, comme vous allez le constater, sans risques physiques, le débat à l’aveugle sur le web (sans savoir qui est qui, qui est quoi, ni son opinion politique de fond) ressemble étrangement aux antiques discussions de bistrot. On imagine même le surfeur en train de s’enfiler une pinte de bière pour éructer ses réponses ou ses coups de colère. Il n’y a en effet pas de cadre formel. Ce n’est pas une réunion publique patronnée par un groupe politique ou un syndicat. C’est tout azimuts comme une surenchère entre marchands de poissons. C’est « l’opinion » qui s’exprime comme disent les journalistes. Les avis des uns et des autres se chevauchent et finissent même par oublier le fond de l’article proposé par le journal. Les entrepreneurs de Libération ne sont pas neutres. Ils organisent la publication des commentaires, les refusent (heureusement dans les cas pathologiques) et en tirent grand profit. L’auteur de l’article, comme les observateurs et la police des mœurs politiques, peuvent y trouver là un des meilleurs sondages de cette « opinion » si volatile, inconstante et anarchique.

Nulle « démocratie » dans ce genre de débat aveugle. Le tout venant peut débiter ce que bon lui semble. Evidemment il serait autrement plus subversif de fixer comme cadre au débat et source de confrontations et de réponses une réunion de grévistes au local de Libération qui dialogueraient directement avec ces courageux internautes de l’ombre, mais cela se révèlerait vite très dérangeant pour le pouvoir et ses encadreurs syndicaux et journaleux.

Plongeons-nous dans les conciliabules du café-internet pour une grève très parisienne et très corporative, qui s’élèvent peu au-dessus du quotidien et de l’histoire, obéissent aux concepts les plus éculés et charrient les banalités politiques des partis bourgeois bien connus. Mais on y trouve des pépites de vérité. Comme au bar de la rue des Martyrs, sans conséquences pratiques.

Libé place en tête un des plus bouillants blogueurs qui prend la défense de la grève. Kalachnikov : « un peu comme les commentaires haineux de militants du front national et de l'ump sur ce genre d'articles... ». Réponse de Dumnac : « ...j'adore votre pseudo !!! Surtout aujourd'hui, 20ème anniversaire de la chute du mur de la honte...Quel bon goût, quelle élégance !!! Il me fait penser aux Allemands de l'Est morts sous les balles des kalachnikovs des wopos est-allemands en essayant de s'évader du paradis soviétique. »

Mouleagaufre répond à une série de jérémiades de post-staliniens sur le bonheur de vivre en RDA : « Je te propose d'aller déposer un gerbe de fleurs en l'honneur des hommes, femmes, enfants qui ont voulu traverser le mur et se sont fait abattre comme des chiens, pour quitter le paradis communiste tant vanté par le PCF et l'Humanité jusqu'en 1989. D'ailleurs les dirigeants actuels du PCF et de l'Humanté avaient déjà des post de dirigeant (voir au secrétariat général du PCF), à cette époque. Entendre Hue ou Gremetz se dirent contre le mur, c'est comme Pinochet se dire pour la démocratie. »

Suit une série de polémiques sur les mérites respectifs de la privatisation et du service public, lassante et éculée.

Pour Rasti « cette grève montre bien que leur travail (à la RATP) est dur et insupportable : « pourquoi ne voulez-vous pas les aider et trouver des solutions pour améliorer le quotidien ? Vous manquez d'empathie ; c'est pas très gôche compatissante tout ça ! » Keroro répond : « Rien à foutre de la gôche compatissante…! Je suis pas politique, je juge pas les choses à travers le filtre idéologique d'un parti, je juge avec ma tête et mon expérience qui vaut ce qu'elle vaut... » (…) « Je me contente juste de mettre les contradicteurs de cette grève face à leur lamentable méconnaissance! Comment peut on juger d'une chose alors qu'on a aucune connaissance dans le domaine? Je ne porte pas de jugement sur la grève, je porte un jugement sur les imbéciles (comme toi) qui porte un jugement sur les supposées conditions de travail des cheminots... Alors qu'ils n'en ont aucune idée! ».

On s’égare ensuite sur l’automatisation comme solution.

Juno essaie de départager les deux colériques : « Un petit peu moins de mépris, ne vous ferait pas de mal, ni à l'un, ni à l'autre. J'ai l'impression d'assister à une bataille rangée entre le privé (lui) et le public (vous) L'automatisation? Oui, biensûr. C'est l'idéal. Les personnels seront toujours nécessaires. A l'entretien, accompagnement dans les rames, contrôle, aiguillage...etc. Mais l'automatisation, c'est un vrai pas en avant. Moins de stress pour les navigants, moins d'erreur dûe au facteur humain, aussi. Calmez-vous M Keroro, ce n'est pas par des réponses, tels que vous faites, que les gens continueront à se sentir solidaires de la Fonction Publique. »

Juno essaie de ramener la polémique en vue de l’espoir électoral : « Automatiser pour moins de grêve? Faut simplement répondre : "Oui, notre but est d'avoir moins de conflits, donc moins de grêve. Oui, mais SANS destruction d'emplois". La grêve, reste le moyen ultime pour ceux qui travaillent, pour se faire entendre. Tout patron censé, évite le plus que possible, d'en arriver aux situations conflictuelles de ce genre là. Je vous l'accorde, votre patron, n'est pas un patron très éclairé ;-) Il faut mieux voter, en 2012, pour changer de patron. Il en a oublié, qu'il n'est qu'en CDD de 5 ans, renouvelable, ou pas. »

Rasti fait de l’humour : « on vous mettra un local quelque part marqué "grève" dessus comme ça vous pourrez vous réunir et vous rappeler, sous le portrait d'André (sic) Krazucki, les héroïques combats d'antan contre le Grand Capital ...Pendant ce temps-là, le monde continuera à tourner, les gens pourront continuer à travailler et à vaquer à leurs occupations. Chacun sera ainsi libre de faire ce qu'il veut sans s'imposer à ses voisins. Formidable non ? »

Keroro ne lâche pas prise : « Toi, à tous les coups t'es tellement couillon que tu crois que je soutiens la grève... Je me trompe? Les grévistes ont leur raison, et c'est comme ça... Moi aussi je suis de la FP, et j'ai jamais fait grève...Je ne défends pas la grève, je défend les grévistes contre les crétins qui leur crachent dessus avec des a priori pourris...Tiens par exemple, toi, tu es resté bloqué à l'époque de Krazucki... Réveilles toi, mon gars... L'URSS n'existe plus, on t'a rien dit? Y parait même que l'homme a marché sur la Lune... Si si, je te jure... »

Rasti réplique: « ce serait pas "colleur de timbres à la Poste" ? Tu as l'air d'avoir la langue bien pendue ... PS : tiens quelques raisons pour la grève. Attention, c'est du lourd : "Ils exigent une «réelle reconnaissance» de leur nouvelle qualification avec la conduite sur le tronçon SNCF de cette ligne". C'est pas mignon ça ? Ils veulent de la **reconnaissance** ... Et pourquoi pas des p'tits bisous avec un bouquet de fleurs avant le départ du train ? »

Alfredogarcia essaie d’élever le débat : « Les robots dans les usines, loin de soulager les travailleurs (le rythme a augmenté) ils ont augmenté les dividendes payés au actionnariat ».

On s’empaille ensuite sur la connaissance du métier de conducteur de train.

Theviguy sermonne l’abusif Keroro : « Et en gros pour toi, quelqu'un de crédible c'est quelqu'un qui soutient cette grève absurde ? Elle porte juste sur un changement de conducteur à la Gare du Nord. Est ce que tu crois qu'il n'y a pas deux ou trois problèmes un peu plus importants que ces revendications puériles ? »

Keroro répond intelligemment : « Non, quelqu'un de crédible, c'est quelqu'un qui a du vécu et des arguments. C'est quelqu'un qui sait pourquoi cette grève a lieu, et qui sait exactement quelles sont les justificatifs de cette grève. Le fait qu'il soit pour ou contre, je m'en tape. si le type me dit "c'est une grève absurde parce que..." avec de vrais arguments et une expérience dans le domaine, là, d'accord... Mais dire "cette grève est absurde parce que les cheminots c'est des glandeurs", j'appelle pas ça une argumentation... A part deux ou trois a priori bien bidons, et quelques situations loufoques issus de ton imagination, y a pas grand chose dans tes commentaires...Un a priori n'a jamais été un argument... »

Theviguy argumente : « Il fallait lire l'article jusqu'au bout mon petit bonhomme. Les raisons de la grève y sont clairement expliquées : Ils font grève parce qu'ils ne veulent pas qu'un conducteur de la ligne B fasse la liaison St Rémy les Chevreuse - Roissy sans changer de conducteur à la Gare du Nord. Autant j'ai beaucoup de respect pour l'historique de la lutte syndicale, autant je trouve que ces dernières années les revendications sont de plus en plus légères. Et encore une fois, il me semble qu'elles sont facilitées par le fait que : 1. Ils ne risquent rien (Pas de sanctions ni de renvoi possible) 2 . Ils ont un travail "stratégique" qui leur permet de faire ch.... un maximum de gens ce qui donne beaucoup plus de poids à leur action qu'une grève des contractuelles par exemple. En termes économiques, on pourrait parler d'abus de position dominante.....Voila. D'autres questions ? »

Keroro défend les conducteurs de train : « Et paf! Encore un point de vue issu d'une imagination débordante en termes d'a priori! Elles te paraissent légères parce qu'elles ne te concernent pas, point...Les conducteurs, eux, font ça tout les jours... S'ils considèrent que la revendication est solide, ben ils y vont... Je ne vois pas en quoi tu serais mieux placé qu'eux pour juger ou non de la légèreté des revendications, étant donné que tu n'y connais pas plus que moi... »

Theviguy se moque de la revendication corporative : « Franchement bloquer 10 millions de parisiens pour qu'un conducteur descende du train à la Gare de Nord au lieu d'aller à Roissy, oui je trouve ça exagéré. Maintenant, dans le privé, quand les conditions dans lesquelles on exerce son boulot ne nous plaisent pas, on en cherche un autre et on ne fait pas pression sur l'ensemble de la population pour qu'un patron prenne en compte nos demandes. Et quand on a la responsabilité d'acheminer des millions de travailleurs sur leur lieu de travail, je trouve insupportable d'en jouer pour satisfaire ses revendications. »

Keroro démasque Theviguy : « J’en étais sûr. Le fameux laïus sur le privé, ou on préfère se barrer plutôt que d'embêter le patron... C'est tellement bien, le privé, que les gens préfèrent même se suicider pour que le message soit entendu, plutôt que d'embêter la populace, c'est-y pas formidable? Et pour info, les gens bloqués ne sont qu'une conséquence de la grève, pas la finalité...Tu peux te placer du coté où on dit que les conducteurs utilisent les usagers pour faire pression, moi je vois aussi que les patrons utilisent les usagers pour forcer les conducteurs... Tu vois ce que j'veux dire? »

D’autres s’égarent sur la notion de service minimum et des défenseurs de Sarkozy pointent leur nez.

Chirsukr , approuvé par Keroro, voit venir les fascistes : « ça va se transformer en débat pour le droit de grève remis en cause par les fascistes cet article. »

Charlemagne 2009 essaie de se faire entendre : « Il y a une instrumentalisation ignoble de la part de certains syndicat, le fait qu’un chauffeur fasse une crise cardiaque ne peut être attribué aux seuls conditions de travail, même pour certains suicides, c’est un tout, il faut voir les choses en face, alors à part ceux qui ont laissé une lettre à cet effet, pour le reste je trouve cela ignoble d’autant que les syndicats sont là après coup mais il n’y avait personne avant les passages à l’acte. C’est bien des témoignages de harcèlement, mais c’est avant qu’il aurait fallu parler. Effectivement, il y a de plus en plus de commentateur qui veulent occuper le terrain de façon exclusive, on m’a demandé de disparaître, parce que j’avais reproché une certaine vulgarité alors qu’on n’avait pas élevé les cochons ensemble. Soit, il s’agit de commentaires vulgaires soit il s’agit de discussions à caractères privées, alors qu’ils pourraient utiliser les messages, ils le font bien pour vomir sur les autres. »

Un italien, Fransesco a le malheur de vouloir calmer la mêlée : « Allons allons… vous vivez dans le plus beau pays du monde... Les ordures de Marseille qui s'entassent dans les rues, les grèves à répétition, ... Mais chut. Attention Francesco, tu es en train de franchir la ligne rouge. Mais oui osons le dire tout haut: les choses fonctionnent bien mieux en Italie. A ceux qui me diraient d'y retourner : j'y suis déjà. Bonne grève... »

Le procureur Keroro lui tombe dessus : « Tu as le droit d'avoir une opinion! Pourquoi tu nous dis ensuite que tu es en Italie? Beaucoup de personnes qui réagissent ici ne sont pas touchés par la grève, et n'ont jamais été touchées par la grève... Ils viennent et crachent un venin puant, comme s'ils étaient intéressants... Je dis pas ça pour toi, hein...Ne t'excuses pas d'avoir un pays mieux que la France... En plus les Italiennes sont des booooombes... »

Francesco s’excuse : « Tu sais, c’est hors sujet et je m'en excuse. Tu sais, je ne suis pas un habitué des commentaires. C'est assez décevant dans l'ensemble ces monologues où personne ne lit ni n'écoute l'opinion des autres. Je suis binational. Je connais donc bien les deux pays et je suis très fier de ma partie italienne. Bonne journée et merci de ta réponse. »

Hector en profite pour témoigner que les grévistes en Italie sont moins cons que les grévistes parisiens et ne paralysent pas le trafic au moment des manifs : « Dernière grève des Cobas : 23 octobre 2009. Avec une manifestation Rdb, Sdl Intercategoriale et Confederazione Cobas, en matinée à Rome entre la place de la République et la place San Giovanni. En grève le même jour : bus, metro, transport aérien et ferroviaires. Le service minimum est assuré grâce au dispositions suivantes : les conducteurs du metro et le personnel des trains ne se met en grève que de 20h00 à 24h00 afin de ne pas gêner ceux qui veulent se rendre aux manifestations. Forse si svolge, ma nell'isola che non c'é... »

Francesco est désarmé : « J’en étais sûr…qu'on allait me ressortir la mafia, cicciolina, les brigades rouges, berlusconi. Trop drôle. Bon n'alimentons pas les polémiques parce que souvent cela devient hors sujet. Nous étions partis sur les grèves des lignes A et B du RER et je m'aperçois que cela devient des foires d'empoigne entre lecteurs. Bonne journé à tous. »

Pete dénonce la xénophobie mais assure que en Italie ce n’est pas exemplaire non plus : « Les réactions xénophobes à votre post sont navrantes. Votre provocation initiale n'était pas non plus d'une sidérante finesse : on peut effectivement se gausser de la gréviculture horripilante des Français, mais de là à prétendre sérueusement que les choses fonctionnent mieux en Italie... J'imagine que vous plaisantez. »

Les échanges qui suivent sur les mérites comparatifs des deux contrées de chaque côté des Alpes sont pauvres et inutiles, et en effet hors sujet.

Avocatdudiable vient rappeler tout le monde au sujet : « Aux armes citoyens, Les syndicats dénoncent l'organisation du travail sur le RER B. Et les utilisateurs s'organisent comment?
Ras le bol de ces grèves fomentées qui usent la patience des voyageurs.
Ou nous continuons à être des veaux,ou on se réveille. »

Tir de barrage, ce quidam veut supprimer le droit de grève ! Avocatdudiable répond prestement : « supprimer la connerie oui ».

Ploc met les pieds dans le plat : « La CGT est là pour vous servir ! Comme elle vous a servi si longtemps, en étant piloté par les communistes qui opprimaient tous les peuples, tellement heureux qu'ils voulaient tous fuir le paradis, comme à Berlin. Heureusement, François Mitterrand est arrivé: il a fait disparaître les communistes français. Encore bravo à la CGT, qui sait amuser ses partisans avec ses grèves débiles, sans aucun motif. »

Leonardo 75 voit à nouveau sous la haine, des fascistes : « Toujours les mêmes messages de haine Pour certain il faudrait revenir au temps ou les grèves étaient interdites et ou l’armée tirait sur la foule. Le bon temps, quoi , pour ces gens la ».

Robert veut ramener les émeutiers au conflit sectoriel : « Et si c’était l'employeur qui prend en otage les usagers des RER, en maltraitant, harcelant, pourrissant la vie des conducteurs de train ? Car pour une grève, il faut en général 2 parties... »

Pete se montre cynique : « Exploiteur ! C'est vrai qu'en faisant travailler ses conducteurs 5h55 par jour, 180 j par an, jusqu'à l'âge canonique de 55 ans, la RATP est un véritable exploiteur-vampire... ». Turlutto répond en se moquant de Pete : « Vous avez raison. C'est bien connu, en France, ce sont les salariés qui exploitent leurs patrons. Et parfois, ils ont tellement honte qu'ils vont jusqu'à se suicider. Au fait parmi les pourfendeurs de la SNCF, de leurs "odieux privilèges" (mais pourquoi ne font-ils pas conducteur de train, pour connaître le bonheur du travail du WE et la nuit), combien voudraient échanger notre réseau SNCF contre ceux des pays voisins? »

Greenvarior qui ne cache pas ses sympathies sarkozystes parle de courage : « Syndicats totalitaires. Qui aura le courage de mettre en place un véritable service minimum, qui aura le courage de dire que ces syndicats défendent d'abord leurs avantages acquis, qui aura le courage de dire que plus on "emmerde" les gens plus on fait de voix aux élections syndicales. »

Mirkof défend l’honnêteté des syndicats : « Syndicat, syndicalistes, toujours le même discours. Monsieur n'a du jamais mettre les pieds dans une entreprise. Sans les salariés, les syndicats ne sont rien. Si un syndicat appelle à faire grève et si les salariés ne suivent pas, cela fait flop. Dans cette grève, si il y a si peu de train, c'est que les salariés de la SNCF et RATP ont un réel problème et qu'ils ont décidés de se mettre en grève. Mais vous pouvez continuer à croire que les salariés se font manipuler, si cela vous fait plaisir, mais vos œillères vous empêchent de comprendre ce qu'il se passe réellement dans notre pays. Mais comprendre vous intéresse-t-il? Je crois que c'est de râler qui vous préoccupe, non? »

Greenvarior récuse que les salariés soient des veaux : « Je n'ai jamais dit que les salariés se faisaient manipuler, mais force est de constater que le pouvoir de nuisance leur sert de levier pour des contestations mineures. Quand aux entreprises, je dois les connaître mieux que vous. »

Mirkof ne laisse pas passer : « des broutilles ? Contestations mineures?? Et donc, comme un seul homme, l'ensemble des conducteurs se mettent en grève pour des broutilles?? Puisque vous dites bien connaitre le monde de l'entreprise (et mieux que moi, d'après vous), imaginez-vous vous et vos collègues, se mettre en grève pour des contestations mineures? Non, je ne crois pas.Et bien, je suis à peu près certains que les salariés de la SNCF et de la RATP sont des êtres humains comme vous, doter des mêmes pouvoir de déductions et qui savent calculer ce que leur coute un jour de grève, ce que cela provoquera comme mouvement d'opinions etc ... et pourtant ils l'ont fait. C'est que sûrement le mobile doit être sérieux. »

Dumnac revient à la charge violemment du côté des « usagers » un mot qu’il n’aime pas pourtant : « ..vous avez oublié dans votre baratin classique et puant de mauvaise foi, un détail important. Celui de préciser, comme d'habitude, que la grève profite aux "usagers" (j'adore ce vocable !).Il est certain que les dizaines de milliers d'usagers qui ne vont pas pouvoir aller bosser aujourd'hui qui vont perdre une journée de salaire et peut-être même leur emploi, seront très reconnaissant vis à vis des grévistes ! »

Discours faible car d’une part si le préavis a été bien annoncé à l’avance, beaucoup de travailleurs ont posé une journée de congé et pris leur bagnole, et comme le dit Koukoutisme : « toujours le même discours à la con. Allez hop, supprimons le droit de grève. Par ailleurs il ne faut pas en faire un fromage non plus ce n'est que le RER RATP qui est en grève. Or il y a des solutions alternatives au RER RATP. Et j'adoooooooore la rhétorique de ceux qui vont perdre leur emploi. Quel employeur serait assez salaud pour virer quelqu'un qui est absent pour cause de grève des transports ? S'il en existe ce sont eux les salauds, pas les grévistes. »

Theviguy récuse les invectives et soutient qu’au moins les salariés de « certains services publics peuvent encore se battre contrairement au privé : « Bref, on parle effectivement d'une grève de 24 heures, mais reconductible selon la CGT. Cette grève porte principalement sur le fait que les conducteurs ne veulent pas faire un trajet complet d'un bout de la ligne à l'autre (ce qui doit représenter un maximum de deux heures de boulot d'affilée) auquel s'ajoute evidemment les sempiternelles revendications salariales. C'est vrai qu'a l'heure où la plupart des entreprises affichent une moyenne de moins 20% de leur activité , il n'y a que les crétins de certains services publics pour réclamer une augmentation de salaire........ (J'ai bien dit CERTAINS services publics)... »

Pete trouve ridicule la grève, et confirme être un brave citoyen sarkozien : « Ces revendications dérisoires ne justifient pas de mettre en rade 2 millions d'usagers. Le manque d'éthique et de conscience professionnelle de ces emmerdeurs irresponsables est tout simplement sidérant. Ce sont les vrais fossoyeurs du service public : on ne pourrait trouver de meilleurs avocats pour une privatisation rapide de cette pétaudière. »

Dumnac renchérit : « ...en matière de discours "à la con", je crois que vous faites partie des champions Je sais. Ce sont les RER de la SNCF qui sont en grève ! Mais pour l'usager moyen quelle est la différence avec une grève de la RATP ?Mêmes emmerdements. Même galère.Et même risques vis à vis de l'employeur, contrairement à ce que vous pensez.Le droit de grève est constitutionnel. Le droit de prendre "les usagers" en otage est irresponsable. »

Jmvi94 plaint les employés du privé qui ne font jamais grève : « Pas de risque. Avec les "gentils employeurs" du privés, ils comprennent leurs employés pris en otage par le service public, d'ailleurs chez eux les smicards ne font jamais grèves et restent au SMIC toute leur vie, le paradis en vérité. »

Pete, qui doit être au moins artisan patron ne dit pas des stupidités mais sa défense de l’usager fait très « citoyen » et finalement il n’y a que des veaux, les grévistes et les usagers : « Il y a ce réflexe pavlovien d'une certaine catégorie de la population qui justifie la grève par le simple fait qu'elle existe. Si les salariés cessent le travail, c'est qu'ils ont une BONNE raison, nous rabâche-t-on sans relâche, sans même prendre la peine d'examiner des revendications souvent floues, parfois ridicules et frivoles. On en vient donc à justifier, a priori, les mouvements sociaux les plus ineptes, les plus égoïstes et les plus pénalisant pour l'usager. Celui-ci ne fait pas exception. Etrange réflexe, qui consiste à se placer automatiquement dans le camp d'une minorité protégée et revendicatrice, contre la majorité silencieuse exposée, dans le camp des grévistes compulsifs et contre les centaines de milliers d'usagers qui s'entassent comme des veaux sur des quais bondés, sont pénalisés financièrement par les grèves et souffrent en silence. »

Jmvi94 en parlant des avantages obtenus « grâce aux grèves » (il ne précise pas lesquelles ni pour quel secteur d’activité) se fait moucher par Pete : « C'est vrai, on est stupéfié par le sens de l'intérêt général des grévistes du secteur public, et par la quantité d'avantages arrachés par ces héros au bénéfice de la collectivité dans son ensemble. On se rappellera que les grèves les plus dures l'ont été pour préserver leur droit de cotiser moins que les autres, s'opposer au service minimum dans les transports, ou plus prosaïquement, travailler le moins possible. Merci à eux. »

Elea s’énerve en relativisant le mal causé aux « usagers » par la grève : « Franchement, je n'ai eu qu'une demi-heure de retard ce matin:C'était pénible , on était tassés, mais j'ai pu aller bosser ce matin, comme l'ensemble des usagers d'ailleurs! Cessez de rabacher que le service minimum n'existe pas c'est FAUX !Vous êtes en région parisienne, vous avez déjà pris le RER un jour de grève, j'en ai pas l'impression. Car hormis les grèves RATP d'il y a deux ans et demi, je n'ai JAMAIS manqué le boulot à cause d'une grève! Au pire une demi heure à une heure de retard , et je suis prête à payer ce prix si ça peut contribuer à défendre nos transports publics. »

Pete, décidément en verve, ne lâche pas le crachoir et se moque des généralités de gôche : « Vous trouvez que les grévistes défendent le service public ? Des salariés du service public de transport qui mettent des centaines de milliers de personne en rade pour 2 minutes de travail en plus ou en moins, ou comme dans le cas présent, refusent de conduire de boût en boût et exigent des augmentations de salaire ? Vous devez certainement confondre défense du service public et défense des intérêts catégoriels de ses agents. La confusion est fréquente...Heureusement que leur objectif n'est pas de discréditer et de torpiller le service public. Qu'est-ce que serait, sinon. »

Il faut remonter au début de la matinée pour trouver des commentaires plus lucides. Zebre 233 demande : « Quelle grève ? Cette grève gêne beaucoup moins de monde qu'on le dit. Les adorateurs de notre petit président, en effet, ne sont pas touchés. Le petit président n'a-t-il pas dit: " maintenant, quand il y a une grève, personne ne s'en aperçoit ! " »

Dumnac sévissait déjà à 8H51 : « ...vous portez bien votre surnom, car vous semblez être un drôle de zèbre...Affirmer que la grève "gêne beaucoup moins de monde qu'on le dit", relève d'une mauvaise foi certaine ou encore d'une pathologie pathologie mentale inquiétante!Je lis dans l'article de libé, qui n'est pas à ma connaissance un journal particulièrement dévoué à Sarkozy, ce qui suit:"La ligne A du RER est l'une des plus chargées au monde avec plus d'un million de passagers par jour. La ligne B transporte quotidiennement près de 800.000 Franciliens. Sur le RER A, un train sur dix seulement roulera lundi aux heures de pointe sur les tronçons gérés par la RATP." Alors monsieur le zèbre, vous allez me répondre que libé raconte des conneries ? »

Hyene justifie son surnom : « Tu rigoles là ?Ca géne pas grand monde ??Remarque pour toi sans doute que le peuple n'existe pas.C'est sûr qu'on s'en fout de la femme de ménage qui vient de banlieue pour faire un travail de merde et même pas savoir quand elle retrouvera ses enfants perdus dans les gréves. Bloquer des millions de gens par une poignée de crétins ? Et ben... ca doit être ça la tolérance en démocratie... »

Un « fasciste » fbs1 sort sa kalachnikov : « RATP = Rentre Avec Tes Pieds. Quand est-ce qu'on leur rentre dans le lard a ces feignasses ? Conduire un train c'est pas tres compliqué : une manette a pousser pour avancer, la même à reculer pour freiner. Et il suffit de respecter la vitesse indiquée sur les panneaux et de s'arreter au rouge. Rien de tres compliqué. Qu'on envoie l'armée conduire les metro, ca doit être à la portée de n'importe quel bidasse. Et qu'on envoie paitre ces parasites. Enfin, je m'en fous, j'ai gardé ma voiture a cause d'eux et je l'ai utilisé ce matin. Ce soir je mettrai sans doute du temps dans les bouchons, mais je rentrerai pas a pied. »

O11955 le prend de haut comme sa date de naissance : « Paris, ville de lumière. Quelle chance de vivre à Paris, vous avez une vie palpitante avec vos grèves qui emmerdent un max de personne, vos syndicats qui ne pensent qu'à eux, vos opinions sur tout et tous, vous qui ne représentez pas plus de 10% de la population française restez zen, le reste de la France vous regarde. »

Alejandro fait une allusion plus profonde qu’il n’y paraît à la nécessité pour les prolétaires lutter tous ensemble, dans un débat qui n’oppose pourtant que syndicalistes staliniens et petits bourgeois indépendants : « Dialogue de sourds. Quand arriveront-ils à se mettre d'accord dans cette putain de boite? Je ne comprends pas qu'il soit impossible avec du temps d'améliorer les conditions de travail et celles des clients, pardon usagers. »

Turlutoto déplore le nombre de DRH adjudants dans les contributeurs de ce forum. Mais Buckdanny sème la zizanie chez les braves défenseurs du service public et des syndicats : « Coluche avait drôlement raison quand il disait "le capitalisme c'est l'exploitation de l'homme par l'homme, le syndicalisme c'est le contraire !" .Au fait la situation d'aujourd'hui, à savoir un seul conducteur sur la ligne B, a commencé en juillet 2008. Tous ces braves gens ont mis un an et demi avant de se rendre compte que ce n'était pas supportable...syndicats compris. C'est sûr que ça doit être vraiment fatiguant !! »

J’avais commencé à émettre mon avis le premier vers 8H du mat et je me retrouve en queue de cortège : « Une simple grève corporative qui ridiculise les syndicats. emmerde surtout les usagers travailleurs.Concluez:1. ils sont 7 à réclamer des préavis pour laz ligne A
2. trois pour la ligne Bet la ligne C?pourquoi ne posent-ils pas un préavis par station de métro? Les permanents « syndiquaux » de la RATP sont de toute façon payés pour emmerder le monde. Si les ouvriers du métro étaient intelligents:A. ils ne les suivraient pas B. ils feraient circuler le métro gratis toute la journée. »(Hempel)

Costera, soucieux de la légalité et de la bonne marche des grèves syndicales, me répond : « C’est légalement impossible. Vous savez bien, on l'a déjà dit, qu'instaurer une gratuité sauvage est légalement impossible. Vous pensez bien que d'autres y ont songé avant vous. Ce serait considéré comme une faute professionnelle. »

On en tremble. Pour koukoutisme, je suis un ignare : « la ligne C est SNCF. Ignare » .

Je ne réponds jamais ni ne participe à ce débat d’aveugles … On pouvait se passer de son commentaire; si la ligne C est uniquement SNCF,certaines comme la ligne D sont partagéespar la RATP et la SNCF et même hors période de grève c'est déjà la merde.. Le problème n'est pas de nommer une ligne plutôt qu'une autre (je plaisantais sur les lettres de l’alphabet) sauf s'il a un beug dans sa boite crânienne... Jmvi94 me reproche ma méconnaissance de la RATP et ma grosse tête (ou me menace): « Dommage Que vous ne travailliez pas à la RATP, il y aurait un "génie" dans cette entreprise, faites attention à la tête en sortant de chez vous. »

Kalachnikov91 suppute l’infiltration d’extrême droite : « Libééé…pourquoi ouvrir cet article aux commentaires ? on sait d'avance ce que ça va donner (d'ailleurs ça a déjà commencer)....pfffff, c'est lourd. les militants d'extrême droite ont pourtant d'autres sites pour défouler leur haines .... ». Mais il se prend une veste par jloo : « Y’a des p’tits fachos d’extrême gauche aussi. C'est sûr qu'avec un nom comme le tien et le genre de propos que tu tiens, dans ton monde à toi, y'en aurait sûrement pas beaucoup des sujets ouverts au commentaires ou au débat.. ». Kalachnikov en remet une couche : « débat ? Vous confondez débattre et vomir de la haine putride. Dommage que le site de libé soit devenu un défouloir pour les réactionnaires haineux d'extrême droite. ». Pas de pot il est immédiatement remis en place dans la minute qui suit par Vincent : « C’est vrai pourquoi ouvrir les commentaires…... aux personnes pour qui le simple fait de critiquer des grèves récurrentes dans les transports en commun fait de vous un néo-nazi. C'est avec des raccourcis de "pensée" comme ça que des gens peuvent (ou ont pu) dire: "ceux qui critiquent la politique de colonisation d'Israël sont antisémites", ou encore "ceux qui sont contre la guerre en Irak sont des ennemis des États-Unis". Et accessoirement, parler de la supposée haine des autres et prendre "kalachnikov" comme pseudo ça ne vous choque pas? ».

Le stalinien Keroro prend évidemment la défense de Kalachnikov. Mais les deux derniers commentaires postés qui terminent le forum sont étrangement plus sensés que tout ce qui a été éructé. Au point qu’on se pose la question de l’ordonnancement de ce débat entre aveugles. Les commentaires ne sont pas publiés dans l’ordre chronologique horaire, ni par thèmes, mais surtout en fonction des attaques et réponses des uns et des autres. Le choix des dernières interventions procède sans doute de la « synthèse » de rédaction de Libération ; qui a dû fermer un certain nombre de commentaires qu’on imagine très violents et injurieux tant du côté des « fascistes » que des bonzes syndicaux voyous. Peu importe dans ce cas, car ces commentaires placés à la fin sont pour une fois judicieux :

Jloo dit : « Triste. L'abus de grève a surtout tué la grève. Ceux qui se sont battus pour obtenir ce droit seraient stupéfiés par l'usage qu'on en fait aujourd'hui dans ce pays. Ce qui était un dernier recours, extrêmement rare, devient un premier réflexe, tellement banal qu'il a perdu tout son sens, à tel point que les entreprises (particulièrement publiques) en tiennent compte dans leurs prévisions budgétaires et leurs bilans comptables ».

Tofraziel approuve : « Oui. Disons que les deux ont été affaiblis : la grève en tant que telle, et les services publics trop souvent touchés par la grève. Les usagers réguliers (dont je suis, et j'appréhende mon départ cet après-midi vu que je suis sur le RER B) savent en plus que les "petites" grèves sont courantes à la RATP, des grèves dont les medias ne parlent jamais.Et c'est exaspérant. »

Voici mon commentaire final sur ce blog en tout cas.

Petites grèves, grèves du public, du privé, mais les médias ne parlent en général que des grèves officielles, bien tenues en main par les syndicats. Les grèves ne sont pas toutes à mettre sur le même plan : grèves corporatives, de solidarité (rares), politiques, grèves de merde, grèves insurrectionnelles… Jamais les médias ne parlent du déroulement de « la grève » conçue comme une entité à la fois commune et désincarnée : comment a-t-elle commencé ? Qui a décidé ? de son début et de sa fin ? Pour quels objectifs ? Vous ne savez jamais d’ailleurs, comme vous ne le saurez pas non plus pour cette grève « sur commande » de la RATP si les revendications « ont été satisfaites », si la grève aura servi à quelque chose, si les prolétaires en lutte ont protesté ou ont posé d’autres questions, de société par exemple. Etrange non, ne trouvez-vous pas ?