PAGES PROLETARIENNES

vendredi 25 janvier 2008


JEUNES TRADERS DE TOUS LES PAYS, UNISSEZ-VOUS !

MORT AUX BANQUES !

MORT AU CAPITAL !

Krach boursier à suivre… Le feuilleton qui masque au jour le jour la gravité de la crise économique du capitalisme connaît son lot de rebondissements. Tout nouvel épisode sert à masquer le fond de la crise. Après le coup des subprimes, voici celui d’un présumé hacker qui aurait eu des pouvoirs exorbitants. Il est évident plutôt que la hiérarchie affolée de la Société Générale a cherché à déguiser des pertes liées à la crise des «subprimes» en les attribuant au seul Jérôme Kerviel. Qui peut croire le Bouton en chef de la SG lorsqu’il déclare au Figaro : «Ce qui est arrivé à la Société Générale n'a rien à voir avec une catastrophe qui aurait été le fait de notre stratégie. Cela s'apparente à un incendie volontaire, qui aurait détruit une grosse usine d'un groupe industriel» !? Dans le dos du grand patron de l’Elysée, ils ont tout bonnement transféré dans un trou nouveau des pertes provenant d'un autre trou, et font porter le chapeau à Kerviel, étrangement disparu (coulé dans du béton ?).

Les amerloques ont voulu profiter du mensonge systémique en accusant la simple SG de la chute spectaculaire des marchés financiers en début de semaine, obligeant la Réserve fédérale américaine (Fed) à abaisser mardi son principal taux directeur de 0,75%. Et la SG de renvoyer la balle en Extrême-Orient : «C'est absurde! Ce sont les bourses asiatiques qui ont donné le “la” ! On se marre.

Mais on peut continuer à rêver quand même à l’action « directe » ou « anarchiste » de plusieurs traders pour faire effondrer la chaîne des banques. Après tout le système capitaliste est très fragile… il suffira de le pousser un petit peu.

Nota bene : (La fraude a bon dos, elle pourrait masquer une audacieuse politique du risque", juge un banquier. "La Société générale a pu charger la barque sur le thème de la fraude pour faire passer plusieurs mauvaises opérations de marché", suggère de son côté Elie Cohen à l'AFP.)


jeudi 24 janvier 2008

EN AVANT LA ZIZIQUE :

MŒURS SEXUELS DE 68

OU POLITIQUE DES MOEURS ?

Formidable moment de remise en cause du pouvoir d’Etat et de toutes ses hiérarchies, période intense quotidienne de jubilation et d’inquiétude, d’attente de l’épisode suivant, du retournement de situation, mai 68 dérange encore. Comme avec le salut à notre dernier poilu (pourtant très dérangeant lui aussi) on s’efforce de saluer avec l’hypocrisie et la lâcheté de l’arrière. C’est parti. FR3 a lancé la commémo. L’épatante fille Drucker dirigea de main de maître l’inventaire télévisuel hier soir. Rien de bien nouveau pourtant au milieu des poncifs récurrents. Tout le monde a fini par connaître par cœur : répression des étudiants, trahison du PCGT, fuite de De Gaulle, retour au calme et élections « piège à cons », fermez le ban.

Avant une série de colloques, d’expos et radotages divers dans l’hexagone où on dissèquera grammaticalement Rimbaud, on s’aperçoit que « le pouvoir » actuel n’a rien de nouveau à nous en dire ni rien de plus à effacer. Il peut convoquer sur le plateau des vaches quelques clowns rassis, le Cohn-Bendit de service, le bêta Balladur, les navrants Fiterman et Juquin, le geignard Geismar, le nullissime Max Gallo ; c’est encore la jeune journaliste Marie Drucker, pas née à l’époque, qui pose les questions les moins idiotes et qui semble plus lucide que les épaves qui défilent devant son bureau. Cohn-Bendit fait le dur en affirmant que Marchais était une ordure (Marie en reste bouche-bée) mais le Bibi Fricotin a tellement sorti d’âneries dans sa vie politique officielle qu’il est remis à sa juste place par les images d’archives : un banal leader étudiant petit bourgeois. Oui Marchais était une ordure mais Cohn-Bendit lui a succédé en proclamant qu’il avait toujours fait semblant et que la question en 68 n’était pas celle du pouvoir mais de s’éclater… et il conclut : « heureusement qu’on a perdu politiquement » ; mais il ne parle qu’en son nom et pour une frange de la petite bourgeoisie plus très verte. (En 1985, sur Canal+, j’ai eu l’occasion de dire son fait au petit « Dany le rouge ».)

Principal poncif : les mains fragiles des étudiants n’ont pu serrer celles, calleuses, des ouvriers. Je trouve toujours un côté surréaliste à cette manif d’étudiants qui va à Billancourt pour tenter la jonction avec les ouvriers tenus en cage par la CGT et le PCF. Ni les étudiants, désordonnés et impulsifs, ni les plus gros bras CGT, n’eussent pu empêcher les ouvriers de tenir des AG et d’accueillir qui ils voulaient s’ils en avaient eu la volonté… Or ni les orateurs étudiants ampoulés ni les crétins des partis de gauche ne représentaient une alternative crédible dans cet éveil brumeux, opaque et incertain d’une révolution balbutiante et inachevable pour l’heure. Revenons à la prosaïque chaîne publique n°3, qui resta benoitement sur le seul quadrilatère franchouillard comme si 68 n'avait été qu'une simple affaire du cru, comme si l'éclat de 68 se délimitait à un mois, comme la France avait été isolée du monde, comme si les mouvements concomittants des années suivantes n'en avaient pas été partie intégrante: Italie (69), Pologne (71), Angleterre (72)... pauvres journaliers de l'écran incompétants en séismologie de la lutte des classes!

La seule innovation de l’émission est sa révélation que les CRS furent les héros de 68. Braves gars, fils de paysans ou d’ouvriers venus chercher la sécurité de l’emploi à Paris, voilà-t-il pas qu’ils se prirent des caillasses dans la gueule ! Pasolini, acoquiné aux partis staliniens, avait déclaré lui que les flics étaient fils d’ouvriers et les étudiants fils de bourgeois. En suivant la description misérabiliste de l’uniforme sans défense et des boucliers couvercles de poubelles de nos pauvres CRS, avec des séquences d’étudiants hargneux protestant avec dédain sous les coups e matraque, moi, téléspectateur averti, ne pouvais-je pas en déduire que (certes par procuration) le fils d’ouvrier en uniforme matraquait son futur cadre chef de service ou commissaire ?

Finalement tous ces CRS ne furent-ils pas les gentilles victimes d’un mai 68 petit-bourgeois arrogant ? Non, sous l’uniforme, ces lascars n’étaient plus fils d’ouvriers mais des brutes épaisses qui n’ont jamais cessé de frapper à terre les manifestants (n’en déplaise à l’onctueux et hypocrite Grimaud). Braves CRS de 68 qui, peu avant (en 1961) avaient massacré des centaines d’ouvriers algériens et qui eussent recommencé contre les foules étudiantes si leurs chefs ne leur avaient pas hurlé fréquemment : « gaffe, y a nos gosses là-dedans ! ».

Plus dérisoire que la défense sarkozienne du CRS victime de 68, l’interprétation conjointe de la fuite impulsive du Général par les râclures du PCF et de son embonpoint Balladur : une manœuvre habile ! Ouaf ! Surtout quand la parole est donnée au sinistre Pasqua qui fût un des organisateurs de l’ombre de la manif gaulliste des Champs Elysées, présentée comme éteignoir de la « majorité silencieuse ». Comme nombre de curieux restés sur les trottoirs, j’ai été moi-même vérifier le tonus de cette manif « organisée » : minable et inconsistante ! Toutes les possibilités de répression dure et même de massacre ont été soupesées par De Gaulle (comme il le suppute dans son discours glacial du 30) et les officines mafieuses comme le SAC et le milieu OAS étaient prêts mais ont été réduits à organiser la manif « pacifiste » plus payante après le poignardage de la CGT. Un des conseillers de Pompidou, Joël Lecat nous livre la vérité. Le jour de la manif d’adieu à De Gaulle, le gouvernement interdit de rue les CRS : « …il valait mieux laisser le service d’ordre de la CGT s’occuper des gauchistes que de leur renvoyer les CRS » (qui auraient été enclin au bain de sang).

Mai 68 n’est plus si bon enfant qu’on a bien voulu nous le radoter quand on examine ainsi le rapport des forces !

L’émission s’efforce ensuite de gonfler la possibilité de l’alternative de « l’opposition de gauche ». Mitterrand qui ramène sa fraise et propose un gouvernement avec Mendès. Mais qu’est-ce qu’on s’en foutait ! Mitterrand n’était pas du tout crédible, ni Mendès qui d’ailleurs s’était dégonflé à Charlety (ou bien avait-il été l’objet de menaces occultes de mort par SAC ?).

Pour boucler le tout et refermer l’éteignoir, l’inventaire de la fille Drucker nous sort le dernier poncif : la libération des femmes. Et de nous raconter qu’elles n’avaient pas droit à la parole et qu’on était tous des machos… Le système idéologique sarkozien se dédouble pour faire oublier le conservatisme de ses pairs : la mixité n’existait pas encore dans les écoles, De Gaulle avait donné le droit de vote aux femmes en 1945 parce que le socialisme n’y avait pas pensé, deux fois sur trois chaque fois qu’une femme prenait las parole en public elle était l’objet d’une raillerie masculine, la CGT revendiquait des augmentations de salaires mais pas le droit pour les femmes de posséder un carnet de chèques, etc. Mais l’émission n’élève pas le niveau et détruit son propos féministe en montrant les ouvrières grévistes qui se battent en tant que membres d’une classe sociale, digne et dangereuse si elle prend en charge la question politique vue non comme une hausse des salaires mais pour « changer la vie ». Paradoxalement, cette émission nous a rappelé, par contre, notre sympathie pour toute une génération de journalistes virés brutalement qui nous enchantèrent (De Caunes, Desgraupes, Dumayet, Chapatte, Pottecher, etc.) qui eurent le courage de faire grève, mais trop tard. Les fayots comme le répugnant Bernard Volker ou le sire Mourousi (SM) et Cie connurent une bonne carrière mais la télé était morte pour les années 1970 et le mépris dont elle est l’objet chez la majorité des prolétaires date de cette époque. La défaite de 68 est avant tout politique. Les ouvriers n’ont touché que des clopinettes et on leur a institué la police syndicale d’entreprise. Les journalistes, derniers grévistes, voient leur mouvement cassé et divisé par des augmentations de salaires. Ils disent alors, tristes et dégoûtés, mais comme au nom de toute la classe ouvrière : « on ne s’était pas battus pour ça ! ».
JLR

PS : Mai 68 est surtout important au fond pour sa répercussion inouïe. Dans la période qui suit immédiatement, je suis encore abasourdi et envahi par le doute.

Dans les lycées mai 68 s’apparente déjà à un conte de Noël ou à un bon western. Début mai 1969, dans la cour du lycée Buffon, mon ami Denis Martignon, anarchiste échevelé avec la même coupe de cheveux que Georges Sand un long manteau noir et des rangers, s’avance porteur d’une bougie fixée sur un pavé, suivi par une centaine de lycéens. Il stoppe au milieu de la cour face au chef des maoïstes, Nicolas Peskine, flanqué du petit chef de la Ligue boufonne, l'aîné d'Albert-Paul Lentin, entourés par leur cohorte de porteurs du livre rouge. Tous les deux jouent du menton quelques instants avant de retourner en classe avec les autres. Nombre de bons marcheurs des manifs qui ont traversées Paris trouvent bien ridicules tous ces gauchistes et considèrent le gauchisme comme un versant secondaire et plutôt ridicule de mai. La répercussion sur les marcheurs-spectateurs ser surtout politique et dans le domaine essentiel, celui de la représentation. J’ai raconté mon itinéraire dans « Les montagnes ne se rencontrent pas », mais j’ai oblitéré que j’avais été délégué de classe en terminale, ce fût la seule fois de ma vie où j’ai accepté ce rôle dérisoire de « délégué syndical », que j’ai parfaitement ridiculisé. Nous n’étions que trois fils d’ouvriers en classe de philo, et me voilà élu pour défendre des « congénères ». Lors de ma candidature j’avais, à mon corps défendant, tenu un discours parfaitement démagogique et hypocrite (« je défendrai ici chacun et tous indépendamment de ses opinions politiques », et je pensais « même les enculés de fils à papa » ???). Mais surtout, je m’étais engagé à ne trahir personne et à rendre compte intégralement des débats avec les profs et le proviseur. Lors du conseil de classe pour le bac, je me présente avec mes cheveux longs, une longue cape noire, mes chaussures à grosse boucle Louis XIV et des mi-bas roses. Le proviseur fixa un moment ces curieux bas. Cet accoutrement visait à tromper l’adversaire car, dans ma sacoche posée au sol, il y avait mon magnétophone Philips qui enregistra à l’insu de tous. Je défendis les plus mal lotis intellectuellement de mon mieux, en particulier mon copain Dominique Borde (le futur critique de cinéma du Figaro) mais il était trop nul pour bénéficier d’encouragements et incapable de passer le bachot. Le lendemain, je convoquai toute la classe pour faire écouter l’enregistrement et faire valider mon honnêteté comme délégué, et je remis ma démission. Apprenant l'existence du scandaleux enregistrement secret, l'association des parents d'élèves (cette officine nuisible et superflue que nous dénoncions comme étrangère aux élèves) me fit savoir par une lettre sévère que je méritais d'être foudroyé! Je fis circuler la lettre bien évidemment dans toute la classe pour la joie de tous.

Mon idée révolutionnaire fût reprise par les ouvriers polonais en 1980, bien qu’ils aient eux finalement réclamé le « direct » (micro dans la salle de négociations gouvernement-syndicat et répercussion par les hauts parleurs de l‘usine). Les années sont courtes et passent si vite. Douze ans c’est rien. Le mouvement des ouvriers polonais fût aussi une répercussion sonore de 1968, plus puissante puisqu’on ignore encore que c’est cette lame de fond qui devait mener à l’écroulement d’un bloc impérialiste… et non pas la simple pression militaire des USA.

Je me tiens à l'écart des groupuscules gauchistes du lycée qui me navrent. Je délaisse ma passion pour la littérature américaine et russe pour m'intéresser de plus en plus aux essais politiques de Daniel Guérin, Marx, Trotsky, etc. Le GMPCT (groupe marxiste pour le pouvoir des conseils ouvriers) - avec son cercle GUMR (Groupe d'union marxiste révolutionnaire) dans les parages de "pouvoir ouvrier" et des bordiguisants (avides lecteurs d'Invariance) ne vont pas tarder à m'influencer, mais lentement car ce sont des potaches peu sérieux qui passent leur temps à picoler en rond et à se moquer des gauchistes - ce qui est certes un pas important pour se démarquer des imbéciles petits bourgeois - mais pas suffisant pour évoluer vers l'engagement marxiste du combat de toute une vie.

L’image ci-joint est restée ma préférée de 1968, l’émission Droit d’inventaire se lamenta qu’elle fût la seule représentant la femme. Et alors ? Même avec une seule image, la femme restait partout en 1968 dans l’âme des poètes et des révolutionnaires. Il y a longtemps que votre serviteur a choisi cette image comme sigle de ses éditions du pavé !



mardi 22 janvier 2008

Krach boursier et fin

de cycle capitaliste triomphant

Tous les marxistes ringards se pâment. Les ultra-spécialistes de l’économie capitaliste se cachent, rouges de honte car, comme à chaque fois – en serviles moutons du système confiant en un enrichissement perpétuel - ils ont été incapables de voir venir la tempête.

Je pourrais reproduire ici tout mon article d’août 2007. On se contentera de relire ceci : « Le krach bousier (que j’attendais pour septembre) est causé en apparence par des changements du marché monétaire et du crédit, mais en vérité le bouleversement provient surtout des conditions de la production et des heurts dans la compétition marchande. La recherche difficile de débouchés pour les marchandises aboutit à une tension grandissante du crédit et à une hausse des taux d’intérêt. Marx a démontré que le développement du crédit ne constitue pas la cause des crises, il favorise leur répétition et extension, tandis que la spéculation renforce les tendances contradictoires à la hausse et à la baisse des prix. L’extension du crédit a toujours représenté un danger, pour les Etats comme pour les particuliers… Le système bancaire n’est plus un intermédiaire impartial qui redistribue mais un pourvoyeur de crise dans la mesure où il y a des limites aux engagements « liquides » des banquiers. L’arrêt du crédit provoque la chute des prix. Et les fonds d’épargne ne peuvent servir éternellement de réserve de sauvetage du système financier international. »

Il s’est écoulé six ans depuis le 11 septembre 2001 qui avait déclenché le dernier krach, et une guerre pour assurer la relance économique américaine, tous les observateurs affolés oublient de le dire en ce moment. Oserai-je dire que la guerre exutoire contre l’Iran n’a que trop tardé ? Oui, j’ose le dire. Ficelée par ses rivaux impérialistes, la superpuissance US est restée coincée et va le payer cher, mais en entraînant les autres dans sa chute…

Nos spécialistes érudits vous racontent que c’est la faute à ces moutons d’opérateurs financiers qui font hausser irrationnellement les cours boursier qui s’effondrent comme un vieux loup épuisé ! L’autre explication nous est servie concernant « l'impressionnant dynamisme de l'économie américaine » dont la nature ne pouvait être durable. L'envolée des cours boursiers avait apporté aux ménages américains un `effet de richesse´ qui les a poussés à s'endetter pour consommer massivement, ce qui a permis le développement des importations américaines et, par extension, des exportations européennes, asiatiques et latino-américaines. Mais les cours boursiers surévalués, la consommation à découvert et le déficit commercial américain (passé en quelques années de 100 à 450 milliards de dollars) ne pouvaient éternellement croître et l'édifice mondial craque de toutes parts. On a tenté ensuite de nous faire croire que la crise demeurerait américaine comme si les marchés financiers n’étaient pas interconnectés. Hélas ce coup-ci les trois locomotives de l'économie mondiale (Etats-Unis, Allemagne et Japon) et adieu l’horizon d'une éventuelle reprise avec les trois machines en panne.

La jambe de bois d’un capitalisme `actionnarial´ a ridiculisé la prétention des syndicats à défendre les ouvriers et a appauvri les prolétaires en général (plus de 10% des couches moyennes en sus) ; la part des profits a décuplé par rapport à la baisse équivalente des salaires, et le retour de bâton ne s’est pas fait attendre avec la chute de la consommation des masses.

Abandonnant toute stratégie industrielle cohérente, les entreprises se sont focalisées sur la création de valeur boursière à court terme par toute une série de techniques financières: fusions-acquisitions, licenciements boursiers, transfert de dettes vers des filiales, rachat de leurs propres actions, manipulations comptables. L'édifice boursier s'effondre en même temps que des entreprises considérées jusque-là comme des modèles (Enron, Worldcom, Vivendi-Universal, etc.). La reprise risque bien d’être repoussée aux calendes grecques. La gravité de la crise actuelle va poser des problèmes politiques énormes aux dominants. Le système capitaliste est basé sur le moteur de la croissance financière. Sans croissance, il lui faut au moins une bonne guerre. Justement, nous en sommes là. Le système a trop créé de besoins artificiels et il apparaît que rien ne justifie plus une consommation artificielle ou inabordable.

Le capitaliste du XIXe siècle disait il vaut mieux vendre pas cher et au grand nombre que cher à un petit nombre. L’élite bourgeoise, ultra repue ne peut tout de même pas relancer la consommation nécessaire à la machine capitaliste. En privant de ressources suffisantes ceux-là mêmes qui pourraient consommer, le Capital se prive du carburant essentiel. Là est le ridicule des mesures d'urgences lancées en catastrophe par l'administration Bush vendredi 18 janvier 2008. À quoi bon offrir un programme de réductions fiscales quand les masses appauvries qui pourraient relancer la consommation, ne sont plus imposables depuis des lustres.

Les richesses ne sont plus réinjectées dans l’économie ou sont investies dans les pays émergents non fiables au moyen terme comme la Chine et l’Inde. Ces pays ont un faim immense de consommation et leurs dizaines de millions de prolétaires ont encore moins de moyens de consommer que dans l’Occident faussement repus. Il leur est impératif d'exporter… vers l’Occident qui sature ! C’est donc sur les places asiatiques que le krach boursier est aujourd'hui le plus sévère.

La crise des subprimes n’aura été que la cerise sur le gâteau. L’heure est grave. Ce ne sont pas que les « couches moyennes » ou les petits accédants à la propriété privée d’une baraque qui vont être jetés à la rue. Le krach va frapper cruellement des millions de prolétaires – déjà souterraine la crise en avait déjà terriblement appauvri un grand nombre – et reposer les questions majeures d’alternative de société dont tous les dominants et leurs laquais intellectuels se moquaient depuis un bon bout de temps. Il ne s’agira plus de lutter simplement pour maintenir des acquis salariaux ou défendre les retraites…

PS: Au niveau des entrefilets des chiens écrasés, la presse nous apprend ce jour que quelques milliers d'ouvriers des transports ont défilé dans Paris pour "continuer à peser sur les négociations portant sur la réforme des régimes spéciaux". Avec le servile Thibault en tête il ne s'agissait que des quelques affidés de la CGT et d'employés municipaux provinciaux. Autant dire qu'il ne s'est rien passé. "Le Monde" nous a fait beaucoup rire en titrant l'entrefilet: "les syndicats parviennent encore à mobiliser sur la question des régimes spéciaux".