PAGES PROLETARIENNES

mardi 22 janvier 2008

Krach boursier et fin

de cycle capitaliste triomphant

Tous les marxistes ringards se pâment. Les ultra-spécialistes de l’économie capitaliste se cachent, rouges de honte car, comme à chaque fois – en serviles moutons du système confiant en un enrichissement perpétuel - ils ont été incapables de voir venir la tempête.

Je pourrais reproduire ici tout mon article d’août 2007. On se contentera de relire ceci : « Le krach bousier (que j’attendais pour septembre) est causé en apparence par des changements du marché monétaire et du crédit, mais en vérité le bouleversement provient surtout des conditions de la production et des heurts dans la compétition marchande. La recherche difficile de débouchés pour les marchandises aboutit à une tension grandissante du crédit et à une hausse des taux d’intérêt. Marx a démontré que le développement du crédit ne constitue pas la cause des crises, il favorise leur répétition et extension, tandis que la spéculation renforce les tendances contradictoires à la hausse et à la baisse des prix. L’extension du crédit a toujours représenté un danger, pour les Etats comme pour les particuliers… Le système bancaire n’est plus un intermédiaire impartial qui redistribue mais un pourvoyeur de crise dans la mesure où il y a des limites aux engagements « liquides » des banquiers. L’arrêt du crédit provoque la chute des prix. Et les fonds d’épargne ne peuvent servir éternellement de réserve de sauvetage du système financier international. »

Il s’est écoulé six ans depuis le 11 septembre 2001 qui avait déclenché le dernier krach, et une guerre pour assurer la relance économique américaine, tous les observateurs affolés oublient de le dire en ce moment. Oserai-je dire que la guerre exutoire contre l’Iran n’a que trop tardé ? Oui, j’ose le dire. Ficelée par ses rivaux impérialistes, la superpuissance US est restée coincée et va le payer cher, mais en entraînant les autres dans sa chute…

Nos spécialistes érudits vous racontent que c’est la faute à ces moutons d’opérateurs financiers qui font hausser irrationnellement les cours boursier qui s’effondrent comme un vieux loup épuisé ! L’autre explication nous est servie concernant « l'impressionnant dynamisme de l'économie américaine » dont la nature ne pouvait être durable. L'envolée des cours boursiers avait apporté aux ménages américains un `effet de richesse´ qui les a poussés à s'endetter pour consommer massivement, ce qui a permis le développement des importations américaines et, par extension, des exportations européennes, asiatiques et latino-américaines. Mais les cours boursiers surévalués, la consommation à découvert et le déficit commercial américain (passé en quelques années de 100 à 450 milliards de dollars) ne pouvaient éternellement croître et l'édifice mondial craque de toutes parts. On a tenté ensuite de nous faire croire que la crise demeurerait américaine comme si les marchés financiers n’étaient pas interconnectés. Hélas ce coup-ci les trois locomotives de l'économie mondiale (Etats-Unis, Allemagne et Japon) et adieu l’horizon d'une éventuelle reprise avec les trois machines en panne.

La jambe de bois d’un capitalisme `actionnarial´ a ridiculisé la prétention des syndicats à défendre les ouvriers et a appauvri les prolétaires en général (plus de 10% des couches moyennes en sus) ; la part des profits a décuplé par rapport à la baisse équivalente des salaires, et le retour de bâton ne s’est pas fait attendre avec la chute de la consommation des masses.

Abandonnant toute stratégie industrielle cohérente, les entreprises se sont focalisées sur la création de valeur boursière à court terme par toute une série de techniques financières: fusions-acquisitions, licenciements boursiers, transfert de dettes vers des filiales, rachat de leurs propres actions, manipulations comptables. L'édifice boursier s'effondre en même temps que des entreprises considérées jusque-là comme des modèles (Enron, Worldcom, Vivendi-Universal, etc.). La reprise risque bien d’être repoussée aux calendes grecques. La gravité de la crise actuelle va poser des problèmes politiques énormes aux dominants. Le système capitaliste est basé sur le moteur de la croissance financière. Sans croissance, il lui faut au moins une bonne guerre. Justement, nous en sommes là. Le système a trop créé de besoins artificiels et il apparaît que rien ne justifie plus une consommation artificielle ou inabordable.

Le capitaliste du XIXe siècle disait il vaut mieux vendre pas cher et au grand nombre que cher à un petit nombre. L’élite bourgeoise, ultra repue ne peut tout de même pas relancer la consommation nécessaire à la machine capitaliste. En privant de ressources suffisantes ceux-là mêmes qui pourraient consommer, le Capital se prive du carburant essentiel. Là est le ridicule des mesures d'urgences lancées en catastrophe par l'administration Bush vendredi 18 janvier 2008. À quoi bon offrir un programme de réductions fiscales quand les masses appauvries qui pourraient relancer la consommation, ne sont plus imposables depuis des lustres.

Les richesses ne sont plus réinjectées dans l’économie ou sont investies dans les pays émergents non fiables au moyen terme comme la Chine et l’Inde. Ces pays ont un faim immense de consommation et leurs dizaines de millions de prolétaires ont encore moins de moyens de consommer que dans l’Occident faussement repus. Il leur est impératif d'exporter… vers l’Occident qui sature ! C’est donc sur les places asiatiques que le krach boursier est aujourd'hui le plus sévère.

La crise des subprimes n’aura été que la cerise sur le gâteau. L’heure est grave. Ce ne sont pas que les « couches moyennes » ou les petits accédants à la propriété privée d’une baraque qui vont être jetés à la rue. Le krach va frapper cruellement des millions de prolétaires – déjà souterraine la crise en avait déjà terriblement appauvri un grand nombre – et reposer les questions majeures d’alternative de société dont tous les dominants et leurs laquais intellectuels se moquaient depuis un bon bout de temps. Il ne s’agira plus de lutter simplement pour maintenir des acquis salariaux ou défendre les retraites…

PS: Au niveau des entrefilets des chiens écrasés, la presse nous apprend ce jour que quelques milliers d'ouvriers des transports ont défilé dans Paris pour "continuer à peser sur les négociations portant sur la réforme des régimes spéciaux". Avec le servile Thibault en tête il ne s'agissait que des quelques affidés de la CGT et d'employés municipaux provinciaux. Autant dire qu'il ne s'est rien passé. "Le Monde" nous a fait beaucoup rire en titrant l'entrefilet: "les syndicats parviennent encore à mobiliser sur la question des régimes spéciaux".

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