PAGES PROLETARIENNES

vendredi 7 mars 2008

COMMENT UN NEO-FACHO VIENT SABOTER

L’ANNIVERSAIRE DE LA GLORIEUSE

REVOLUTION RUSSE

Deux livres à ne pas acheter:
- Les blancs et les rouges de D.Venner (Ed du Rocher)
- Les blancs et les curés, pardon "le livre noir de la révolution française" (ed du Cerf)

Il fallait s’y attendre, comme avec la commémoration frelatée de mai 68, les éditeurs bourgeois prennent toujours de l’avance pour saloper l’histoire du mouvement révolutionnaire. Plus les ouvrages sont épais plus ils ont de chance pour passer pour profonds. Après la lourde et imbitable compilation de Orlando Figues (qui ne connaît rien de l’intérieur de la révolution) qui a voulu nous faire le coup du commentaire avisé de l’album photo pour ostraciser encore les bolcheviks, voici une nouvelle supercherie des « Editions du Rocher » qui republient sans en changer une virgule « Les blancs et les rouges » histoire de la guerre civile russe 1917-1921 par Dominique Venner ; laissant croire que, stratégie classique de tous les éditeurs, la première version aurait été épuisée…

Pour comprendre l’importance de la manipulation (et combien la révolution russe dérange encore la bourgeoisie démocratoc, et en quoi il n’existe pas d’historien d’extrême droite pour la communauté d’intérêts anti-communistes) disons qui est quoi :

Les Editions du Rocher, comme le nom l’indique, sont sises à Monaco, cité prolétarienne comme chacun s’en doute. Mieux, ces éditions ont été fondées en 1943, époque où la liberté de publier sous la botte allemande était évidemment totale. Gallimard ne fait point la fine bouche puisque ce trust est associé au capital de cette maison vichyste avec le groupe pharmaceutique Pierre Fabre, intéressé à une histoire objective hurlant contre la suppression des patrons et hostile à l’arrêt des guerres mondiales si utiles à la promotion des produits afférents. Mieux encore, ces éditions sont liées au réseau le meilleur et le plus puissant en France et Belgique pour la diffusion des livres en librairies. J’ai nommé le groupe Privat (sis à Toulouse). Autant dire que n’importe quelle merde qui sort du Rocher va tomber automatiquement sous le regard de tous les passants.

L’auteur Venner est fils d'un membre du Parti populaire français (PPF), membre du mouvement Jeune Nation, il participe à la mise à sac du siège du PCF en 1956 (ce qui n’est pas grave en soi pour la pourriture stalinienne) suite à l'Insurrection de Budapest, mais participe à la fondation du parti nationaliste avec Pierre Sidos un zozo oublié dont le nom était peint sur toutes les bretelles d’autoroute. Il passe 18 mois au quartier des politiques de la prison de la santé du fait de sa participation à l'organisation de l'OAS. En 1963 il crée et dirige avec Alain de Benoist un journal qui rassemble des rescapés de l'OAS, d'anciens collaborationnistes comme Lucien Rebatet de nombreux jeunes militants. Il a ensuite fait partie des fondateurs du Grece Ses divers ouvrages trahissent la fascination que le nazisme continue d’opérer sur son pauvre cerveau. Son Histoire de l'Armée rouge a obtenu le Prix Broquette-Gonin d'histoire de l'Académie française 1981. A ne pas confondre avec le prix Croquette-Wiskas, il s’agit d’un prix annuel bourgeois justement créé en 1918 qui est décerné par l’Académie à l’auteur qui défend le mieux les valeurs actuelles du capitalisme. Il co-anime quasi systématiquement une émission sur Radio Courtoisie, radio pro extrême droite qui s'appuie généralement sur la dernière livraison de La NRH, fausse revue d’histoire pour demeurés.

UN LIVRE DE PROPAGANDE SUPERFICIEL

Le néo-facho Venner ne s’intègre pas à une habile stratégie de conquête d’une nouvelle respectabilité à travers ses revues présentées comme « d’histoire », contrairement aux gentils commentaires des sociologues gauchistes de service. Il a travaillé sur commande à plusieurs reprises pour soutenir l’ordre dominant en falsifiant l’histoire sous la prétention à « des travaux d’historiens », alors qu’il n’est même pas reconnu par l’Université. Continuité idéologique classique de la fraction de droite de la bourgeoisie (ni extrême ni molle).

Aux côtés d’Orlando Figues et d’un tas de plumitifs aux ordres, jusqu’à la fin de cette année, il voudrait bien détruire le sens et la portée de l’Octobre rouge, et révèle qu’il aurait été aux côtés des tueurs des armées blanches et des antisémites. Son livre antérieur sur les corps francs et sa passion des armes révèlent de quel côté il se serait trouvé. On ne va pas se choquer outre mesure ici que la pensée libérale totalitaire se serve d’un triste sire facho pour galvauder le souvenir de l’ébranlement bourgeois et de l’immense joie des millions de prolétaires.

Quel triomphe pour ce vieux baroudeur facho d’annoncer en prologue que Poutine (une référence pour la liberté et l’honnêteté) ait reçu en grande pompe les familles des généraux Dénikine et Cie pour les congratuler ! Ce pseudo-historien a même la prétention d’écrire une histoire « enfin complète de la révolution et de la guerre civile ». En réalité sa compilation est putride.

Chassez le facho, il revient au galop. Avec lâcheté. Assumer un certain nombre de commentaires directement sur les juifs dévoilerait immédiatement le fond de croyance antisémite de l’auteur, et lui vaudrait les foudres de la justice bourgeoise, ce qui serait un comble pour ses commanditaires de Monaco, des labos pharmaceutiques et de Privat. Venner se cache donc derrière les citations des autres. Mais on voit bien que son obsession, comme sa génétique paternelle et feu Hitler, reste… le juif ! L’étranger apatride qui vient foutre la merde au pays !

Comment démolir le génie révolutionnaire de Trotski (p.247) ; après s’être « couvert » par une phrase notant la culture des préjugés antisémites sous Nicolas II, notre veule auteur ajoute: « …. Le fervent particularisme juif entraînait une attitude de rejet, elle-même génératrice d’une sorte de dissidence intérieure (que le préjugé antisémite est lourd ! ndt). Henri Arvon décrit attentivement (sic) ce phénomène : « la contrainte quasi existentielle qui semble prédestiner les juifs à rallier les rangs de ceux qui, mécontents de l’ordre social, cherchent à le réformer ou à le bouleverser par la violence (…) en adhérant à un parti révolutionnaire, ils agissent peut-être inconsciemment, en fonction de la haine ancestrale contre un monde que, à tort ou à raison, ils considéraient comme hostile aux Juifs ».

Notre facho de service en déduit que : « c’est peut-être là que réside l’explication des étonnantes contradictions de Trotski (…) Tout se passe en effet comme si ses racines culturelles (sic) le poussent à la révolution et l’y maintiennent par aversion pour la société européenne traditionnelle (resic ! apostolique et romaine aussi !). Trotski n’est qu’un « artiste » (cad une sorte de bohème… juif) quand les autres ne sont que des « besogneux de la révolution ». Au fond c’est Staline « qui a joué le rôle militaire le plus important » (p.258). Hélas pour le soldat Venner il dévoile ainsi la reconnaissance de la bourgeoisie occidentale au bon boulot répressif de Djougachvili. Venner accumule les mensonges pour lecteurs illettrés ou bons bourgeois rassurés : Lénine avait plus confiance en Staline qu’en Trotski… C’est faux, les meilleurs ouvrages l’ont démontré… Autre mensonge, mais par omission, les saloperies de Staline à Tsaritzyne, mais le lecteur de gare n’ira pas vérifier…

Dans les notes, à plusieurs reprises, ce cuistre rappelle lourdement les origines juives de Sverdlov. Pourquoi ? Parce qu’il est « féroce » et qu’il le soupçonne, sur la base de l’enquête du tchéquiste brejnévien Volkogonov, d’avoir fait assassiner le tsar et family ; jamais il ne fait reproche par contre au tsar d’avoir fait assassiner des millions d’hommes en 1905 et 1914 !

Coup de chapeau aux futurs nazis page302 : les corps-francs du Baltikum l’ont « libéré de l’étau bolchevique ». Puis il crache sur Lénine, rêve d’humiliation de petit facho qui a tout raté : « Lénine perd les pédales » (p.435) et n’est plus décrit que comme un fou furieux, une variété d’assassin de grand chemin. Hein… bé ouais quoi… mais c’est Lénine qui crachait, jeune, sur la Russie, d’autant qu’il surfait sur une « phobie » « contre le sentiment national ». Le rat antisémite pointe à nouveau son nez avec la phrase suivante : « On peut naturellement se demander si une telle phobie est le fruit de l’idéologie internationaliste, ou si l’idéologie a vu le jour en raison d’un terreau de sensibilités réfractaires à l’enracinement » (sic).

Admirons ensuite l’impartialité feinte du cuistre Venner (note 3 de la page 451) :

« On sait par exemple que les Juifs étaient proportionnellement surreprésentés dans les instances dirigeantes après Octobre (suivent les noms de tous ceux qui ont été éliminés par Staline) (…) Cette présence visible qui favorisait l’assimilation judaïsme-bolchevisme, n’est pas étrangère à la montée d’un odieux antisémitisme non seulement en Russie, mais également en Europe ». Misérable peau de banane typique des nazillons : « l’odieux » antisémitisme dont ils furent l’objet… ne le devaient-ils pas qu’à leur propension à se mettre en avant ? Et à finir premiers dans les goulags ?

Notre objectif facho recyclé historien des labos de Monaco en rajoute une louche bien lourdingue aussitôt : « Lénine avait lui-même un grand-père maternel juif, Alexandre Blank, mais à l’époque le fait n’était pas connu ». Mais alors pourquoi le préciser à cet endroit ? Pour conforter les amis lecteurs antisémites du FN ?

Chers lecteurs du blog, rassurez-vous je n’ai pas acheté ce pensum réac et haineux. Je l’ai emprunté à une bibliothèque municipale du PCF dont le PDG-maire laisse dépenser les deniers publics pour n’importe quoi, en tout cas pour un labo pharmaceutique et la mafia de la diffusion en librairie.

LES BLANCS ET LA CALOTTE RELEVENT LA TETE

Pour faire vendre n’importe quelle cochonnerie au popu il suffit de titrer « livre noir de… ». Un livre noir est comme une facture, une compilation de chiffres et de faits plus ou moins vérifiés. Après une série de livres blancs de la médecine ou de la sécurité sociale, on a connu une série de livres noirs pour tout public : livre noir de la répression, livre noir du communisme, de la psychanalyse, du colonialisme, etc. alors qu’il faudrait plein de livres noirs du capitalisme, de la précarité, de la solitude, du suicide, du mal-logement, etc. Pourquoi pas un livre noir de l’anarchisme, un livre noir du trotskysme, un livre noir du PS… Ne serait-ce pas un bon moyen de propagande ?

Avec le livre noir de la révolution française, rien de bien nouveau, vieux curés, artistos déchus, Neuneu de Vendée, Furet, tous les réacs n’ont cessé de vouloir couler la signification universelle de la révolution française. Des historiens honnêtes, spécialistes de cette révolution, comme Jean-Clément Martin, se sont émus du succès (10.000 ex.) de cette réapparition du Lazare aristo dégoulinant des miasmes du tombeau féodal.

Que les cathos intégristes récitent leur chapelet de haine inassouvie contre cette révolution qui les a enterrés définitivement peu nous chaut. Comme les Editions du Rocher, les Editions du Cerf puent.

Le milieu catho intégriste voile un passé très pétainiste (ils ont caché assez longtemps des Leguay et Cie). Que ce courant d’anciens fachos vienne tenter de confondre révolution française et antisémitisme relève du même tour de passe-passe que Venner – ils n’ont que foutre du sort des juifs – mais la révolution française les emmerde encore parce qu’elle a émancipé les juifs, grâce à mon aïeul (sans doute) l’abbé Jean-Baptiste Grégoire !

Ces anciens suppôt d’Hitler veulent assimiler la terreur en Vendée aux massacres de Pol Pot ! Pauvre nazes, c’est non seulement disproportionné mais faux historiquement ; le massacre en Vendée a été exagéré par les restaurateurs complice des bourgeois au pouvoir dès le début du XIXe siècle. Plus débile dans la falsification historique est l’affirmation que la révolution française aurait été responsable de 26 années de guerres dévastant l’Europe, passant à la trappe que c’est le roi et la reine qui ont voulu la guerre, et que les puissances européennes, déstabilisées par la grande révolution citoyenne, avaient entrepris (mais en vain dans l’immédiat) de l’écraser militairement.

Un ouvrage dirigé par un père dominicain ne peut être qu’hypocrite et falsificateur. Parmi une série de bigots inintéressants on trouve l’hyper réac. Chaunu, l’ex-stalinien adorateur de la démocratie bourgeoise Leroy-Ladurie, l’historien de pacotille à allure de Landru S.Courtois, ce pauvre Tulard superficiel et professoral.

Rien de très grave au fond, une compilation « bâclée », « jargonneuse », comme l’a écit Mona Ozouf, donc un prurit révisionniste de plus dans l’espoir de rendre encore plus incompréhensible la marche de l’histoire aux proles des exploités.

JB Grégoire


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