PAGES PROLETARIENNES

LES BESOINS RADICAUX DU COMMUNISME

EXTRAITS DE "DANS QUEL 'ETAT' EST LA REVOLUTION ?

SORTIE DE SECOURS



« Le contenu véritable de tous les systèmes qui ont fait époque,  ce sont les besoins de la période où ils ont fait leur apparition ».
« La propriété privée ne sait pas faire du besoin élémentaire un besoin humain ».
Marx

AU ROYAUME DE LA LIBERTE LES « BESOINS RADICAUX »SONT ROIS

« Nous ne puisons au grand dépôt d’idées de Marx pour travailler et mettre en valeur quelque parcelle de sa doctrine, qu’au fur et à mesure que notre mouvement progresse de stade en stade et se trouve en face de nouvelles questions pratiques. Mais notre mouvement, comme toute véritable lutte, se contente encore des vieilles idées directrices, longtemps après qu’elles ont perdu leur valeur. Aussi, l’utilisation théorique des leçons de Marx ne progresse-t-elle qu’avec une extrême lenteur.
Si nous sentons maintenant dans notre mouvement un certain arrêt des recherches théoriques, ce n’est donc pas parce que la théorie de Marx, dont nous sommes les disciples, ne peut se développer, ni parce qu’elle a « vieilli », mais au contraire parce que nous avons pris toutes les armes intellectuelles les plus importantes dont nous avions besoin jusqu’ici pour notre lutte à l’arsenal marxiste, sans pour cela l’épuiser. Nous n’avons pas « dépassé » Marx au cours de notre lutte pratique ; au contraire, Marx, dans ses créations scientifiques, nous a dépassés en tant que parti de combat. Non seulement Marx a produit assez pour nos besoins, mais nos besoins n’ont pas encore été assez grands pour que nous utilisions toutes les idées de Marx ». Rosa Luxemburg (« Arrêts et progrès du marxisme », 1903).

Bien qu’avec ses limites archaïques, l’existence d’un communisme primitif réactualisé après Morgan et Marx par Rosa Luxemburg, où prédominait le partage et où le profit était inexistant, prouve en lui-même la possibilité d’une société débarrassée du capitalisme pour une humanité libérée de la pénurie, de la superstition et des hiérarchies tribales.
 Après avoir réfléchi sur les conditions d’une nouvelle insurrection moderne, qui ne pourra pas prendre la forme du western de la prise du palais d’Hiver, mais supposera une rupture en profondeur et étendue avec toutes les formes d’encadrement de surveillance des institutions répressives, il faudrait disposer de projections précises sur ce qu’il faudra faire. Avant de poser les nouvelles « politiques économiques » pour une période de passage du capitalisme au communisme, il faudrait avoir fait un inventaire précis des exigences socialistes devenues obsolètes par rapport aux anciennes divisions du travail et être capable d’analyser en quoi les transformations du capitalisme contemporain facilitent ou rendent plus complexe l’émergence d’un nouveau mode de production, sachant qu’il n’existe pas de solutions technologiques ni réformistes aux contradictions du capitalisme. Il faudrait que nombre de prolétaires aient réfléchi sur la prospective révolutionnaire, certainement pas sur la base des catéchismes étriqués fournis par les petits groupes révolutionnaires dispersés[1] ni espérer un programme tout prêt intégrant toutes les transformations futures à la façon des dérisoires programmes électoraux des partis bourgeois. Il faudrait… mais les événements, comme toujours, ne devraient pas laisser le temps de tout lire.
Hegel, le premier, s’interroge sur le « système des besoins » dans la « Philosophie du droit ». La société civile s’organise autour d’un système des besoins, basé sur le travail qui est la médiation de la satisfaction des besoins. La division du travail crée des rapports d’interdépendance : « par les besoins et le travail des autres, la satisfaction est soumise à la condition de la réciprocité » ; « je suis nécessairement amené à procurer aux autres les moyens de leur satisfaction ». Ce système a la forme d’une universalité laquelle s’exprime comme un besoin social pour imiter les autres et se distinguer d’eux en même temps. Dans ce sens le besoin n’est pas une simple nécessité physiologique, c’est la recherche de sa propre liberté. Cette dialectique des besoins est, selon Hegel, productrice de misère sociale incarnée par la plèbe ; il faudrait donc maintenir le système des besoins en équilibre pour ne pas tomber dans le chaos. L’analyse du système des besoins avait pour but de montrer une société civile en état de carence livrée à elle-même, donc pour souligner l’importance de l’Etat. L’Etat sera défini par Marx comme le fondement de la société civile et non l’inverse. L’Etat procède donc du « système des besoins »[2].
Ce rapide résumé permet de situer la part de la politique dans la vie des individus. Le souci du pouvoir politique reste ponctuel car la majeure partie de la vie des individus est consacrée au travail et à la consommation. Selon Nicolas Lisan le « marché politique » finit par être inclus dans les besoins : « Les partis politiques fournissent des produits, sur un marché concurrentiel et soumettent ces produits au consommateur politique qu’est l’individu. Ainsi, le système des besoins trouve, dans le politique, un nouveau terrain d’expansion ». Il va plus loin : « L’idée d’un règlement - « à l’amiable », via la représentation – des rapports de force du système des besoins, est-elle encore crédible ? (…) peut-on encore tenir les rapports capitalistes à l’écart de la critique ? ».
Nicolas Lisan, dans son langage philosophique dit à peu près la même chose que tout révolutionnaire moderne, si l’on prend soin de remplacer citoyens par prolétaires et démocratie par communisme : « Comment pouvoir accorder l’exigence d’un maximum de temps consacré à la production et à la consommation et celle d’une meilleure formation et information des individus, en vue d’une participation accrue à la question politique ? Comment penser une telle participation des citoyens sans lui donner les moyens temporels de son accomplissement ? Comment le citoyen peut-il devenir un acteur politique – plutôt qu’un consommateur politique – sans remettre profondément en cause les mécanismes de la représentation (institutions, partis politiques), aujourd’hui largement marginalisés ? En bref, l’émancipation démocratique n’est pas un  simple problème politique dans la mesure où ce problème politique se pose d’emblée comme un problème économique. En ce point, l’émancipation démocratique acquiert une portée révolutionnaire en ce qu’elle interroge, de manière critique, les rapports du capitalisme et de la démocratie ».
Au fond, c’est bien là l’essentiel de notre propos, la dialectique des besoins possède une dynamique révolutionnaire. Elle permet le dépassement des contradictions apparentes entre besoins grossiers et besoins universels parce que les prolétaires ne se contentent pas des besoins biologiques, et se situent, par leurs luttes ou leur apparente apathie, dans le processus historique de recherche de la liberté.
On a vu dans la première partie que pour le citoyen anarchiste Berthier la suppression immédiate de l’iceberg de la division du travail, la hiérarchie, comme besoin irrépressiblement égalitaire, était la sortie de secours du capitalisme.
La période de transition ne peut pas être, hélas, une simple sortie de secours. Par une sortie de secours, sauve qui peu, même en écrasant les autres ! Une foule ne peut s’extraire de l’incendie par une simple sortie de secours. Tout le monde risque d’y passer. On ne sait pas dans quelles conditions catastrophiques et urgentes se posera la prochaine révolution. Peut-être serait-il souhaitable de construire déjà plusieurs sorties de secours. Pour la chute du capitalisme, je choisis l’image du bateau qui coule. Rosa Luxemburg préférait la représentation des organisations comme des navires emportés dans le sens du courant…
Dans un bateau qui coule, tout le monde ne peut pas décider pour tout le monde. Il faut laisser les sauveteurs et le capitaine mettre en place des barques de survie, placer les femmes et les enfants d’abord, etc.
Les voyageurs du bateau qui sombre en mer ont des besoins radicaux, sauver leur vie, ne pas se noyer, être rapidement récupérés par un autre navire, souhaiter que tout le monde s’en sorte. Ils ne sont pas taraudés par une conscience de la tragique fin de leur voyage (une conscience de classe maritime et touristique…). Ils ont des « besoins radicaux » de « survie ». S’il n’existe pas une volonté commune et une discipline face à la mer démontée, il n’y a pas de « sauveur suprême » ni capitaine ni matelot. C’est la même chose pour le besoin du communisme. Le marxisme est un catastrophisme qui ne se réduit pas cependant à un simple « sauvetage ultime », il laisse la place au doute et se méfie de l’illusion d’une maîtrise totale de l’histoire par les hommes[3].
Ne nous abusons plus, rien n’est déterminé d’avance quant à l’avenir de la planète. Le marxisme a été caricaturé entre un déterminisme politique (l’histoire ne ferait que suivre des chemins tracés d’avance) et un déterminisme des besoins parfois idéaliste (la revendication des besoins suffirait à provoquer la révolution)[4]. Les multiples démonstrations de Marx de la jeunesse à la maturité, à des époques différentes, des conditions de la révolution sont parfois difficilement conciliables, même s’il a fait l’effort de se démarquer de la philosophie idéaliste spéculative. Pourtant Agnès Heller y voit « une géniale incohérence », et donc un refus d’une théorie marxiste scientiste.
Mais est-ce incohérent de ne plus faire dépendre les hommes des forces obscures de l’économie capitaliste et des superstitions séculaires en ne restant pas au niveau d’un déterminisme mécaniste ? Marx prévaut comme agitateur de la pratique révolutionnaire qui met en avant la volonté des prolétaires comme production consciente de l’histoire, en vue de la création d’une société où ils maîtriseront leurs conditions d’existence.
Les révolutions n’ont jamais lieu dans les périodes de paix ni face aux brusques abcès de fièvre de la Bourse. Il faut se trouver dans la guerre mondiale, une crise économique explosive pour que les prolétaires aient besoin de révolution où se posent vraiment la question du grand chambardement, sinon ils n’en ont pas besoin. Des cassures dans la paix sociale, comme hélas même mai 68, ne déterminent même pas automatiquement une issue révolutionnaire. Il faut sans doute qu’apparaisse inopinément, comme révélateur d’un long et lent bouillonnement, un processus de rupture et une volonté de dépassement du capitalisme. Michel Vadée le pose ainsi, sans tomber dans le cliché de la misère absolue comme aiguillon de la révolution :
« La nécessité d’une révolution sociale n’est pas sans rapport avec le développement historique des besoins, et sa possibilité avec le développement des moyens. Lorsque la satisfaction des besoins élémentaires de classes sociales nombreuses est entravée alors qu’en existent les moyens, cette révolution apparaît possible et nécessaire dans ce sens-là (…) La nécessité historique se renverse en son contraire : elle crée la possibilité historique »[5].
LA REVOLUTION DES BESOINS RADICAUX
« De chacun selon ses besoins à chacun selon ses capacités », je veux le répéter, est la formule enfin trouvée de la quête pluriséculaire de la liberté.
Vaste question comme la liberté abstraite elle-même ? Mais simple en même temps, accessible à tous. Peut-on se contenter des « besoins élémentaires » ? Il existe, comme chacun sait, trois types de besoins : les besoins immédiats (dits élémentaires), les besoins superflus et les besoins humains, que l’on peut caractériser comme radicaux au sens de Marx. Au XXe siècle jusqu’au début du XXI e siècle, dans les zones développées, on ne peut pas dire que le capitalisme ne satisfait pas les besoins immédiats. On meurt de solitude en Europe de nos jours, pas de faim. On peut se payer une foule de gadgets sans se ruiner.
Dans le plein sens de la lutte des classes, le besoin est revendication et implique luttes économiques et conflit plus ou moins politique. Nul ne peut contester que dans sa recherche effrénée de combattre la baisse tendancielle du taux de profit, la bourgeoisie s’acharne à nier une grande partie des besoins sociaux (coupes sombres dans les dépenses de santé, développement de mutuelles privées onéreuses, fin des assurances-maladie, fin de la protection sociale, allongement inconsidéré de l’âge de la retraite, etc.).
La bourgeoisie dominante du XXe siècle, l’américaine, a développé de façon faramineuse le besoin de consommation depuis le début du siècle dernier : « Le phénomène de consommation de masse n’a pas jailli spontanément ; il n’était pas non plus l’inévitable sous-produit d’une nature humaine insatiable »[6]. Le capitalisme moderne a été capable de créer des besoins jamais ressentis jusqu’alors. A partir de 1929, la psychologie de masse du consumérisme triomphe en prétendant que les désirs sont insatiables, de nouveaux besoins ouvrant la voie à d’autres besoins plus nouveaux encore qui n’ont pas pour but de « satisfaire » mais d’activer la compétition du paraître. Au niveau de la superstructure impérialiste, le capitalisme a toujours besoin de la guerre mystifiée, incompréhensible dans des aires encore localisées pour le pillage des matières premières du sous-sol ou comme base de lancement des représentants de commerce militaire. La Deuxième Guerre mondiale a sauvé l’économie américaine et remis à flots pour des décennies le Capital mondial, mais les guerres du Vietnam jusqu’à celle d’Irak, si elles sont nécessaires au profit du complexe militaro-industriel, ne constituent pas un élixir de jeunesse pour les besoins de l’économie libérale.
A chaque époque, ou tous les dix ans, nous nous reposons la même question : à quand la fin du capitalisme ? L’impuissance à contrecarrer la loi de la baisse tendancielle du taux de profit contient une partie de la réponse. Marx considérait cette loi comme une de ses principales découvertes en économie (cf. Capital livre III) mais avec une signification plus large que celle qui lui a été attribuée, intégrant l’accroissement anarchique de la concurrence, le refoulement des capitaux vers des placements risqués et la limitation des marchés. Avec une cause ultime :
« Actuellement, la cause ultime d’une crise réelle se ramène toujours à l’opposition entre la misère, la limitation du pouvoir de consommer des masses, et la tendance de la production capitaliste à multiplier les forces productives, comme si celles-ci avaient pour seule limite l’étendue absolue de la consommation dont la société est capable » (Le Capital, livre III, tome II, p.26).
Avec l’immense masse de bouches à nourrir que le capitalisme laisse sur le carreau surtout dans le tiers-monde depuis le XXe siècle et de plus en plus aussi dans les zones dites riches, derrière des montagnes de charité publique, par l’éjection actuelle de la production de millions de « vieux » travailleurs après 45 ans, on peut mesurer combien Marx entrevoyait la faille. Par son souci de productivité accrue, le Capital diminue la part du capital variable (les travailleurs) au bénéfice du capital constant (les machines, la technologie sophistiquée, l’informatique). Or, seul le capital variable produit de la valeur. Par conséquent, la productivité augmentant sans cesse, la nécessité du travail s’amoindrit. La société se rapproche d’un état de surabondance parce que les produits sont réalisés de manière de plus en plus automatique et performante. Le travail des humains exploités ne disparaît pas, il se raréfie relativement, « les bouches à nourrir » « surnuméraires sont une mise en accusation de la gabegie du système concurrentiel mercantile.
Les hommes et les femmes expulsés du travail ne sont pas menacés seulement d’être privés de subsistances, mais dévalorisés, privés de la dignité d’un minimum d’activité sociale, laquelle est toujours en même temps « visibilité sociale ». Le prolétariat peut être amené à prendre la place du fossoyeur du capitalisme par nécessité du fait de sa dysfonction économique. Jeremy Rifkin s’est inspiré de Marx pour souligner les dangers qui menacent la société qui tend à se diriger vers une automatisation de plus en plus poussée, c'est-à-dire l’élévation de la composition organique du capital (l’élimination des ouvriers par les machines), et il a théorisé il y a dix ans une « fin du travail » qui ne s’est pas vérifiée, tout comme la théorie fumeuse du partage du travail pour laquelle il avait milité avec le bonze M.Rocard. La menace d’un chômage technologique structurel n’en est qu’à ses débuts et le capitalisme ne peut pas s’automatiser totalement ni repousser éternellement un règlement de compte impérialiste général.
Rifkin avait mis le doigt pourtant sur l’importance de la consommation pour la survie du capitalisme. L’expulsion de plus en plus massive de travailleurs du processus productif avec la chute interminable des salaires menace le niveau de consommation dont le capital a besoin pour se reproduire. La stagnation de la consommation et les privations n’ont en effet pas un effet bon pour le « moral des ménages » comme disent les gazettistes. La consommation diversifiée et à crédit n’a pas d’effets directs sur la lutte de classe mais elle ne lui est pas étrangère non plus. Le capitalisme est encore capable de maintenir une foule de produits courants à bas prix dans les pays développés avec le mirage du pouvoir d’achat et du pouvoir de se distraire afin d’éviter des émeutes.
Les prolétaires en tant qu’individus socialisés posent les jalons d’une espèce humaine émancipée. Ils ne vivent pas que pour le présent, la peur du lendemain les a toujours motivé à se soucier de l’avenir, non simplement de l’avenir de leurs enfants mais de l’avenir de l’espèce. Par ses souffrances universelles, la classe ouvrière incarne les besoins radicaux parce qu’elle n’a aucun but particulier et que ses objectifs sont forcément généraux. Ses objectifs concernent donc toute la société, ce que l’Etat bourgeois dénie à cette classe, prétendant encore être le parangon de la vertu du capitalisme libéral et écologique.
La téléologie aura le dessus sur la causalité, présume Marx. Agnès Heller le formule ainsi : « L’intelligence associée des producteurs incarnera la téléologie sociale ».
Lorsqu’il parle de la société future, Marx utilise moins les termes ouvrier ou travailleur que « producteurs associés ». Dans le Capital, le mot producteur est le plus usité, ainsi les prolétaires n’apparaissent plus seulement comme une classe. Cette remarque de l’universitaire Denis Collin sur son site n’est pas très appropriée. Ce n’est pas parce que Marx parle plus souvent de « producteurs » que les ouvriers et employés disparaissent soudainement comme catégories. D. Collin et la bande d’Actuel Marx (Texier, Bidet, Lojkine, etc.) forment une catégorie d’ornithologues issus de la décomposition du PCF, qui étudient à la loupe les textes de Marx et passent le temps qu’il leur reste à y trouver le plus de contradictions possibles surtout si telle ou telle phrase de Marx induit qu’il ne croit plus ni à la mission historique du prolétariat ni à dictature de celui-ci. Ce sont des branleurs intellectuels de la même espèce que leurs pères en politiques, Althusser et Cie qui se penchaient avec les mêmes loupes de myopes sur ledit « matérialisme scientifique », plus attachés comme toujours à la lettre qu’au sens réel illégal et subversif.
Les anarchistes affectionnent aussi ce terme depuis le XIXe siècle, toujours avec sa connotation artisanale applicable encore à l’ouvrier de fabrique mais étranger à l’ouvrier taylorisé. Même s’il est repris par Marx en projection pour la société future, on peut douter de son utilité pour favoriser le sentiment de collectivité de classe de nos jours. Pourrait-on raisonnablement s’empailler encore pour savoir si telle catégorie d’ouvriers est plus productrice qu’une autre comme ce fût le cas dans maints cénacles après mai 1968 ? On trouve des intellectuels marginaux pour gloser à l’infini pour savoir si l’ouvrier de l’usine est quand même plus productif que la secrétaire informatique, si la conscience révolutionnaire dépend de la capacité productrice, etc. Qu’il nous suffise de dire qu’on s’en fiche, ce qui fait l’unité des prolétaires ce sont les conditions du salariat et la peur du lendemain, et l’affirmation d’une volonté commune en faveur d’un changement radical. Les prolétaires avant d’être en condition pour se nier comme classe doivent s’affirmer comme travailleurs organisés pour le renversement de l’Etat ; tant que règnera la loi de la valeur ils resteront des travailleurs, nullement « producteurs associés » mais foule atomisée. Ils ne deviendront de vrais producteurs que lorsqu’ils contrôleront toute la production pour les besoins humains. En attendant ils ont à faire face à la limitation des forces productives, à l’éjection de la production d’un nombre considérable d’entre eux. Il n’y a pas de solution intermédiaire entre ce marasme, ce déséquilibre croissant, et la chute plus ou moins inéluctable à moyen terme.
En 1952, Marc Chirik, tout en contestant la thèse de l’interprétation par Grossmann de la baisse tendancielle du taux de profit (un effondrement automatique du capitalisme), posait aussi comme moment de prise de conscience révolutionnaire par le prolétariat que celui-ci soit « éjecté de la société, que le capitalisme ne parvienne plus à lui assurer ses conditions matérielles d’existence » (revue Internationalisme n°39). Il se plaçait à cheval entre le domaine des revendications immédiates et des besoins radicaux.
Comme phénomène exponentiel, inévitable et explosif, la diminution considérable en nombre des travailleurs - donc l’exclusion massive d’autres travailleurs aussi nécessaires et la radiation d’une masse surnuméraire de retraités, sensés obérer les coûts de production, mais transformés en « nécessiteux » dans les pays riches – peut poser la question de la guerre mais réactualise en même temps la question de la révolution et la nécessité d’une nouvelle organisation de la société comme la suppose Marx: « C’est alors le libre développement des individualités. Il ne s’agit plus dès lors de réduire le temps de travail nécessaire à la société à un minimum. Or cette réduction suppose que les individus reçoivent une formation artistique, scientifique, etc. grâce au temps libéré et aux moyens créés au bénéfice de tous » (cf. les Grundrisse).
Les révolutionnaires et les syndicalistes qui l’étaient encore au siècle dernier ont toujours polémiqué sur les besoins immédiats des prolétaires et les besoins politiques, sur les réformes possibles et le programme maximum. Ces besoins ne s’opposaient pas pour les premiers, ils devinrent dissociables pour les syndicalistes. Pour la plupart des activistes gauchistes, des syndicalistes anarchistes et des anti-syndicaux ultra-gauches il fût convenu que la lutte immédiate n’était point séparable de la révolution. Si vous niez la revendication immédiate en la qualifiant de politique de clocher, vous n’êtes qu’un idéaliste petit bourgeois qui méprise les besoins matériels des masses. Si vous appelez à la révolution en vertu de l’urgence à stopper l’exploitation, vous êtes aussi un idéaliste petit bourgeois. Les besoins immédiats, même négociés en général au rabais, ne sont pas subversifs depuis très longtemps, et l’éducation politique présumée de l’expérience de la grève n’a jamais décuplé le nombre des révolutionnaires intransigeants. Les slogans radicaux, anarchistes, situationnistes ou ultra-gauches n’ont jamais non plus permit le recrutement massif des ouvriers floués par le système. Octobre 1917, comme mai 68 n’ont pas été déclenchés ni par un cahier de revendications immédiates ni par des appels subversifs en parole. La voie du déclenchement des révolutions contient tant de facteurs politiques et économiques qu’il est normal qu’elle apparaisse impénétrable. Cela ne signifie pas que dans le brouillard on doive se passer d’un radar.
Il n’est plus possible de confondre besoins immédiats et historiques face à la capacité du capitalisme de gérer avec les syndicats les demandes relativement « solvables », et s’il est toujours indiscutable d’approuver les grèves de défense su « bifteck », elles ne pourraient être révolutionnaires vraiment que si elles étaient gonflées démesurément face à une chute économique brutale. Tant que la bourgeoisie tient le manche elle parvient à découpler revendications immédiates et besoin d’une autre société, qu’on le veuille ou non. La plupart des grèves du secteur public sont d’ailleurs organisées depuis de nombreuses années pour ridiculiser la notion de grève, pour emmerder l’immense majorité de prolétaires ou pour étaler un corporatisme étroit. L’approfondissement brutal de la crise économique est donc attendue comme le Messie par tous les révolutionnaires.
Personne n’est devin, mais en attendant, on peut mener une réflexion sur les besoins radicaux historiques qui ne peuvent être tous déterminés à partir de la société actuelle ni à partir des revendications immédiates, ni dans l’impasse des réflexions syndicales. A l’inverse des diverses demandes salariales actuelles, les besoins humains de la « première phase du communisme » seront de moins en moins orientés vers des biens matériels de consommation. Produisant en vue des besoins humains réels, la société transitoire élimine les hasards du marché et permet progressivement de satisfaire les besoins radicaux.
Les minorités révolutionnaires classiques de la « Gauche communiste » (excepté l’effort de Bilan sur la question des besoins en général) et même les groupes léninistes gauchistes sont passés à côté de la question des besoins radicaux, imaginant la bulle des multiples revendications immédiates éclatant en révolution mondiale. Ils ont continué à dénoncer le capitalisme comme on pouvait le faire au XIXe siècle, laissant avec mépris à Marcuse et aux sociologues la réflexion sur la dimension nouvelle de la société (bourgeoise) de consommation. Mai 68 a pourtant démenti que les revendications immédiates soit le facteur déclenchant révolutionnaire.
Les travailleurs restent travailleurs avant tout ; parler d’eux comme consommateurs serait une hérésie confusionniste ! Pourtant Marx a parfaitement saisi dès son époque la double nature travailleur/consommateur par ses allusions répétées à la question des besoins, en opposant implicitement l’aliénation des consommateurs sous le capitalisme au mode de distribution communiste qui privilégie l’être à l’avoir. Contrairement aux sociologues des sixties qui arguèrent que les prolétaires étaient paralysés par la « société de consommation », Marx avait entrevu le rôle de la consommation comme facteur en puissance de la formation sociale et échelle des inégalités. On se souvient que les hippies petits bourgeois prônaient la modération des besoins quand les ouvriers commençaient à peine à être équipés en gadgets utiles du frigo à la machine à laver. Nombre de graffitis de mai 68, fort rigolos du style « Jouir sans entraves », ont été le produit de gros lycéens non émancipés de la cellule familiale et permirent d’alimenter l’imaginaire limité des publicitaires professionnels des années durant.
Si les peuples primitifs se nourrissaient de cacahuètes et noix de coco, pourquoi les prolétaires modernes devraient-ils les envier, et renier le progrès technologique ? Le « bien-être » procuré par un relatif confort moderne dans les « trente glorieuses » n’a pas tant modifié l’angoisse du lendemain (à crédit) dans la classe ouvrière, en réduisant l’urgence du besoin vital, que déstabilisé les militants intellectuels qui espéraient être aussi convaincants qu’en période de pénurie[7].
La question des besoins en général pose toujours les différenciations de classe. Ceux qui ont trop se rient de ceux qui se plaignent de ne pas avoir assez. En grattant un peu, on retrouve alors vite les clivages des classes. En 1970, Jean Baudrillard, revenu du maoïsme misérabiliste, reprenait l’antienne de comptoir de bistrot, de l’artisan et de son compère le petit commerçant bourré qui méprise le consommateur ouvrier. Consommation ne rime-t-elle pas avec collaboration (voire corruption de l’idéal), semblait souffler cet ancien maoïste dégrisé d’un marxisme simpliste ? La consommation n’était pas un phénomène anodin, « même si l’homme de la consommation n’est jamais en face de ses propres besoins » car : « La consommation n’est pas ce mode passif d’absorption et d’appropriation qu’on oppose au mode actif de la production » (Le système des objets).
En dépit de tous les clichés repris aux plus excités des étudiants irréalistes, dits modernistes en ce qu’il nie le prolétariat comme classe révolutionnaire, la consommation n’est pourtant pas entièrement aliénation lorsque la marchandise correspond à un besoin réel. Le besoin d’équipement (machines automatiques pour la cuisine, machines de distraction, etc., crédit d’accession à la propriété de son logement ou pour la voiture) est devenu aussi indispensable à la vie quotidienne que le manger et le boire. Le facteur d’addiction qui est généralement prêté au mode de consommation moderne, peut fort bien se retourner contre le système en période de krach économique. Baudrillard le fanfaronnait dans le dernier paragraphe de son célèbre livre : « Or, nous savons que l’objet n’est rien, et que derrière lui se noue le vide des relations humaines (…) Nous attendrons les irruptions brutales et les désagrégations soudaines qui, de façon aussi imprévisible, mais certaine, qu’en mai 68, viendront briser cette messe blanche » (La société de consommation). Mais briser quoi au juste ?
L’objet n’est rien ? La maison, la voiture, la machine à laver… surtout si on n’a plus les moyens de régler les traites, et que ce ne sont pas les « relations humaines » de palier qui vont assurer à votre place. Ces objets du confort moderne font parti du « minimum » contemporain, comme la paillasse et la cuisinière à charbon de l’habitat ouvrier du XIXe siècle. Ne plus pouvoir en régler la facture équivaut à la dégradation sociale, à la paupérisation, au risque d’être jeté à la rue.
Les « vrais besoins », les « besoins radicaux » comme on va les voir, si on peut en identifier quelques-uns, sont subversifs de plus parce qu’ils ne peuvent pas vraiment être classifiés ni toujours définis précisément par rapport aux besoins aliénés, parce qu’ils sont en devenir. Le besoin radical de la suppression de la division hiérarchique du travail est devenu plus subversif que le manger et le boire. Pas besoin des sociologues pour définir ce qui doit être au fond de notre assiette ni nous dépeindre notre imbécillité de clients de supermarchés. Les besoins sous le capitalisme en temps normal, sont galvaudés ou plutôt masqués derrière des discours politiques vertueux qui montrent du doigt à intervalles réguliers la famine en Afrique ou le clochard parisien. On a vu que l’idéologie petite bourgeoise des sixties, attribuée faussement à mai 68, a trop longtemps servi à culpabiliser les prolétaires occidentaux pour leur soumission présumée à la « société de consommation », comme si on pouvait se passer de consommer ce qui est consommable et ce qui fait partie de la vie non pas quotidienne mais mensuelle et annuelle !
On ignore généralement que l’appareil d’Etat – suivant l’exemple de l’Etat américain depuis le début du siècle dernier - à travers les instituts de sondage, la collecte des questions en période électorale, les études de marché, s’efforce de cerner les besoins latents susceptibles d’émerger sous forme de désordre ou de revendications contagieuses qui risquent d’enclencher des processus incontrôlables de déstabilisation mettant en péril l’ordre établi. Dès le milieu des années 1950, la politique d’aménagement du territoire se soucia des bassins industriels en difficulté. Les entreprises étaient incitées par des primes à s’installer dans les « zones critiques » et des « zones spéciales de conversion ». Soucieux en permanence de la paix sociale, contrairement à ses médias qui feignent d’en ignorer le problème constant et récurrent, deux ans avant 1968, le gouvernement avait nommé des commissaires à la reconversion industrielle[8]. Le problème est plus aigu qu’il n’y paraît, certainement à cause d’une longue période où aucun espoir ne semble permis où les grèves sérieuses rarissimes n’apparaissent plus comme « hydres de la révolution » mais revendications corporatives égoïstes, et que le monde entier demeure tétanisé entre la terreur des grands Etats et le terrorisme des petits.
Tout se passe comme s’il fallait repartir à zéro.
N’ayons pas peur de repartir à zéro mais en se rappelant que la révolution est rupture, un gigantesque STOP face à l’ancienne façon de fonctionner. Si on n’est pas content de la société, si on pense possible de la réformer ou de la révolutionner, quel manque répond à quel besoin ? Les nouveaux besoins ne pourront pas être surenchère face aux anciens mais saut qualitatif, vieille rengaine plutôt éculée, mais soyons plus précis.
Qu’est-ce que les besoins de tout un chacun ?
-          des besoins de satisfactions individuels ? familiaux ? professionnels ?  culturels ?
-          besoin de reconnaissance sociale ?
-          besoin sexuel ?
-          besoin religieux infantile lié au manque du père ou au bourrage de crâne d’une éducation communautaire?
Les besoins ne sont-ils pas éphémères ? Infinis ? Multiples et contradictoires ? Tout le monde peut-il être satisfait de la même façon ? Mes besoins finissent-ils où commencent ceux des autres ?
Les besoins ne renaissent-ils pas sans cesse ? Oui.
Différence entre besoin et désir ? Le désir n’est-il que subjectif et le besoin du domaine de la nécessité ? On ne peut pas opposer les deux.
Le monde capitaliste produit des besoins artificiels, mais aussi à de bons besoins et à de mauvais besoins. Il innove même des besoins qui aggravent encore les différences de fortune. Le premier besoin ne commence-t-il pas avec l’alimentation ? Mais tout aussi important est le besoin de spiritualité, de but, de connaissance… enfin de croire que les choses peuvent être changées dans les rapports entre les hommes sans se consoler inutilement dans la superstition religieuse.
Résumons :la structure des besoins sous le règne du capitalisme se réduit au besoin de posséder. Les besoins restent primitifs, brutaux et fondés sur l’intérêt.
Le prolétaire n’existe pas en tant qu’individu dans le monde bourgeois. Le prolétaire présumé « citoyen à part entière » est un simple chiffre des sondages. Il reste enchaîné économiquement à la nécessité de subir le travail ou à plonger dans les affres de la solitude du chômage. Le prolétaire ne doit donc attendre aucune reconnaissance de l’ordre capitaliste, son seul espoir réside dans la téléologie et la destruction de l’Etat : « …pour se faire valoir sur le plan personnel, les prolétaires doivent supprimer leurs conditions de vie actuelles, qui sont en même temps celles de toute la société jusqu’à maintenant, à savoir : le travail. Ils s’opposent par conséquent directement à la forme sous laquelle les individus se donnaient jusqu’ici une expression d’ensemble, autrement dit l’Etat, et ils DOIVENT (souligné par moi) renverser cet Etat pour faire valoir leur personnalité propre » (Marx). Au devoir politique, Marx ajoute encore la menace d’anéantissement et un certain déterminisme basé sur l’indignation:
« C’est une question de vie ou de mort de changer la condition monstrueuse, de remplacer la misérable population ouvrière, toujours disponible et mise en réserve pour les besoins variables de l’exploitation capitaliste, par des hommes absolument disponibles pour les exigences variables du travail, de substituer à l’individu parcellaire, simple exécutant d’une fonction sociale de détail, l’individu à développement intégral, pour qui les diverses fonctions sociales ne seraient que des façons différentes et successives de son activité. Il est hors de doute que la conquête inévitable du pouvoir politique par la classe ouvrière amènera l’introduction de l’enseignement technique, théorique et pratique, dans les écoles populaires. Il est également hors de doute que la forme capitaliste de la production et la situation économique correspondante des ouvriers se trouvent en contradiction absolue avec de pareils ferments de bouleversement et leur but, qui est la suppression de l’ancienne division du travail » (premier volume du Capital).
Marx tente des projections souvent mais les besoins radicaux ne peuvent être déterminés à partir de la société actuelle. Marx n’avait pas classifié les besoins généraux de la société mais bien déterminé l’existence d’une hiérarchie des besoins qui gouverne les désirs des hommes. La théorie des besoins de Maslow et la théorie bifactorielle de Herzberg sont basées sur les besoins de l’entreprise et non de la société. Selon la théorie de Maslow, les besoins humains sont hiérarchisés en cinq niveaux : au bas de la pyramide sont placés les besoins physiologiques (faim, soif, sommeil, etc.) ; lorsque ces besoins sont raisonnablement satisfaits, d’autres générations de besoins peuvent émerger : besoins de sécurité (stabilité dans son cadre d’existence ou son travail), besoins sociaux d’appartenance (affection, identification, scolarité, etc.), besoins d’estime (prestige social, amour-propre individuel) et besoins de réalisation de soi. Tant qu’un besoin n’est pas satisfait, il constitue une source de motivation. Mais dès qu’il est satisfait, c’est le besoin de niveau supérieur qui apparaît comme une nouvelle source de motivation. On peut noter que les besoins d’être sont plus nombreux que les besoins d’avoir.



[1] Une base de réflexion à ajouter à la bibliothèque idéale révolutionnaire est encore « La grève généralisée, mai-juin 68 » d’ICO (reprint par Spartacus en mai 2007) qui pose clairement que l’homme ne vit pas que de pain (contre le monopole de la revendication alimentaire pure appartenant à la CGT) et que mai 68 ne s’est pas limité aux besoins salariaux immédiats, récusant l’idéal de la société bureaucratique où « une couche de technocrates règlent par la planification les problèmes de la production et de la consommation ». En librairie, parmi plusieurs ouvrages de très haute qualité, mais destinés au milieu étudiant et universitaire sur la possibilité et l’opacité de la transition, il faut vivement conseiller au prolétariat ou au lectorat d’avant-garde en son sein, la lecture de deux ouvrages : « Marx penseur du possible » de Michel Vadée (ed L’Harmattan, 1998), et « Convoiter l’impossible » de Henri Maler (ed. Albin Michel, 1995).
[2] Tout cela est en fait encore plus compliqué traité au niveau philosophique ; les chercheurs habilités pourront se reporter à l’article de Nicolas Lisan : « Hegel : « système des besoins » et Etat. Les défis politiques de la modernité » (sur le net, Klesis, revue philosophique).
[3] Thèse que développe Henri Maler, Convoiter l’impossible, p.364.
[4] Ce déterminisme est, en général, étranger à Marx, comme le démontre Michel Vadée.
[5] Michel Vadée, op. cit. p.230.
[6] Jérémy Rifkin, « La fin du travail », p. 41.
[7] Michel Foucault, en 1972, disait des avant-gardes éclairées : « … ce que les intellectuels ont découvert depuis la poussée récente, c’est que les masses n’ont pas besoin d’eux pour savoir, elles savent parfaitement, clairement, beaucoup mieux qu’eux ».
[8] Cf. P.Durand, « Industrie et régions » et Xavier Vigna « L’insubordination ouvrière dans les années 60 »(p.317). On lira aussi sur le web avec intérêt l’Essai sur la notion de besoin de Cyrille Mcgdiche de l’université de Brest. Je partage son avis que le questionnement des besoins n’apparaît à son niveau subversif qu’au moment des conflits sociaux, et que même leur résolution provisoire ne fait que rendre plus nécessaire encore la subversion révolutionnaire. Les émeutes de novembre 2005 en France ont par exemple infléchi la répartition des offres d’emploi. Pendant les deux années qui précédèrent l’élection présidentielle, le département 9-3 fût le plus fourni en emplois, preuve que l’Etat bourgeois ne resta pas inactif sur le fond du problème de la violence des « cailleras » ; les autres départements parisiens restant par ailleurs « dégarnis » en offres pendant ce temps…

1 commentaire:

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