PAGES PROLETARIENNES

samedi 3 août 2024

LES REVOLUTIONNAIRES SONT MORTELS ET LA REVOLUTION AUSSI



(Dialogue et polémique avec un mort)

« Un chrétien est un homme qui se repent le dimanche pour ce qu'il a fait le samedi et qu'il refera le lundi » Thomas R. Ybarra

Lorsqu’on m’annonça le décès de Michel Roger (alias Michel Roux ou Maël Auroux), je crus tout d’abord à une fake news du CCI, qui a pris pour habitude de nommer policier tous ceux qui l’ont quitté et qui continuent une activité politique « individualiste » ou « parasitaire », ou tout autre combat respectable.  Nous, les prometteurs de révolution, ne sommes pas toujours bien mis : hirsutes, poilus jusqu’aux oreilles, petits, voire gros comme certains policiers ; quoique ce n’est pas parce qu’on est gros qu’on est policier ; Michel c’était le contraire. Beau mec d’un mètre quatre vingt à la voix de stentor, élégant avec ses éternels mocassins, nous préférions l’envoyer en représentation lors des rencontres importantes. Il établissait facilement le contact et inspirait confiance.  

Politiquement il avait suivi pendant cinq décennies, comme la plupart d’entre nous, les oscillations entre méfiance du parti et apologie du conseillisme. On retrouve cette oscillation jusqu’à la fin de sa vie. Loin de traduire une confusion, cette oscillation traduisait l’inexpérience et la difficulté de se réapproprier les leçons du passé de ces vrais révolutionnaires du début du 20ème siècle que nous considérons comme nos ancêtres et à qui nous n’arrivons pas à la cheville car, eux, ils ont réellement fait et participé à des révolutions.

La disparition d'un tel homme nous est particulièrement pénible, combattant, ardent comme nous-mêmes, dans l’attente d’un bouleversement social mondial et croyant y contribuer malgré nos faibles diffusions ; d’abord parce que nous sommes d’infimes minorités et individualités dispersées, hélas souvent antagonistes, ensuite parce qu’il avait encore beaucoup à apporter au mouvement révolutionnaire, malgré des convictions incertaines ou discutables ; en tout cas un souci permanent de sauver les indispensables textes du passé historique des meilleures minorités et penseurs du prolétariat. On ressent comme un grand vide à la suite de la disparition d'un parent proche et on le pleure. Dans un premier temps. Il ne connaîtra pas la révolution qu'il souhaitait, moi non plus.

Les articles élogieux des mini groupes politiques, du milieu maximaliste, après le décès de ce camarade, le présentent un peu trop comme un roc1. J’ai eu des rapports sincères, mais souvent houleux qui semblaient résorbables par la croyance en une fraternité...finalement aléatoire.. Je sais qu’il a connu des périodes de déprime : le souci pour la santé de ses parents très âgés, les reculs de la classe ouvrière après la chute du mur de Berlin, l’exclusion du CCI qu’il avait tant contribué à créer et développer, puis leurs insultes inqualifiables de secte parano. Mais ces moments de déprime étaient très brefs, aussitôt reprenait l’enthousiasme de combattre pour un vrai communisme, en particulier en voyageant loin pour rencontrer d’autres « frères de classe » dans tous les pays, avec ses propres deniers. En doutant pourtant que les choses avancent vraiment dans le piétinement actuel de l'histoire .

Véritable engagement ou hobby de retraité du CCI ?

Ces voyages ne relevaient pas en soi d'un sacrifice mais d'une occupation intellectuelle et d'une affirmation de soi. Sa femme s'en moquait comme d'un loisir où il échappait à la maisonnée : « Michel et sa petite organisation », disait-elle moqueuse.

Au plan militant il avait été un acteur pur et dur de l’organisation de fer pendant les premières années, croyant comme Bordiga que « le communisme était comme un fait déjà advenu », et le parti comme Graal final ; il n'avait pas délaissé tout dogmatisme devant l’accumulation des faits de notre époque qui ne rentrent pas toujours dans les cadres du marxisme, contestant en particulier les notions de décomposition et de parasitisme, fleurons réalistes du CCI. Plus par rancune contre le CCI qu'avec des arguments fiables.

Longtemps bridé par les préventions organisationnelles, collectivistes débiles, à toute contribution littéraire, mais bridé n’est pas le terme exact, plutôt parce qu’il était suroccupé dans ses longues années de « participation à la construction du futur parti de classe » par ses nombreuses responsabilités dans les organes centraux, lesquels presque aussi nombreux que le total des militants, et qui consommaient toute son énergie. A ma suite il avait consacré une énorme partie de son temps restant à écrire plusieurs ouvrages qui relèvent du souvenir révolutionnaire indispensable, mais trop techniques avec foule de sigles à embrouiller le lecteur lambda, raisons pour lesquelles aucune édition officielle n'a accepté de le publier.

Le Missi Dominici et confesseur des militants condamnés : un œcuménisme bizarre voire évangélique

Sans renier le salut au combattant et à l’historien d'une histoire enfouie je ne peux passer sous silence ses derniers défauts politiques.

Ni méchant, ni hargneux, il justifia par le passé le surnom de Gaston Lagaffe du fait de son naturel jamais hypocrite et souvent trop spontané. Mais il y avait des incohérences dans le relationnel qu’il entretenait avec chacun, un caméléonisme ?

Il ne m’a jamais dit avoir adhéré au groupe italien ex   BIPR la TCI 2 me laissant croire qu’il n’était qu’un simple collaborateur épisodique. Le dernier livre qu’il a réalisé avec moi en 2017, compil d’écrits de Marc Chirik, avait été une collaboration fructueuse, sauf que, si je l’avais su, je n’aurais pas été d’accord pour être publié par l’édition du zigoto qui réalise « sans patrie ni frontières »…de classe. ; néo-trotskien donneur de leçon de morale antiraciste. Michel présida des réunions de publicité avec cet individu peu fiable. Il a aussi présidé des réunions, de façon  aléatoire, avec le GIGC, concurrent du CCI, puis la TCI avec l’ancien  meilleur orateur du CCI en milieu ouvrier (lui très diabolisé), après moi.

Ces dernières années, il fût le réceptacle de toutes les pleureuses et éjectés du CCI, les Camoin la terreur en conserve, Sylvain pas maréchal, Max le rédempteur, Paulo le paysan, les messieurs belges distingués qui controversent entre eux et certainement le clan Pantin de Raoul. Dans ce blog on peut retrouver des commentaires violents de ma part contre cet oecuménime. A la relecture ces diatribes me paraissent outrancières, mais valides sur le fond.

Probablement énervé que je trouve bizarre ce double jeu, militant clandestin et confesseur d’individualités égarées, il avait cessé de répondre à mes appels téléphoniques depuis sept années (que le temps passe vite). Dommage, en tout cas j’aurais voulu savoir vraiment pourquoi car, même avec cette merde de cancer, il a continué courageusement à mener son activité politique.

 Dans les années2010 j'avais déploré un manque de réciprocité dans les échanges, une attitude que je considérais comme un snobisme de grand seigneur ce qui transparaît dans nos correspondances en 2014 où il pontifiait tel un centre du monde :

 « Je ne crois pas que le moment soit venu d'aller plus loin mais, comme le disait MC dans ses lettres de loin, de conserver des liens et de tisser des réseaux de discussion ou seulement d'information en attendant des jours meilleurs. J'essaie de préserver les liens avec tout le monde même s'ils sont (illisible)… et de ne pas sombrer dans la critique des uns et des autres. De quel droit, un individu ou un autre aurait-il le droit de s'arroger un pouvoir suffisant pour lancer des ostracismes envers un tel ou un tel? »

Il s'indigne à juste titre face au travail de démolition du « milieu » révolutionnaire par le CCI. Il croit qu'il sera possible de récupérer tous les éclopés successifs victimes des « épurations » régulières, en me demandant de garder secrète notre correspondance (en 2014) :

« Nota : je ne tiens pas à  ce que tu rendes ce texte public, à un moment où le CCI est en train à  nouveau de chercher à tout détruire dans la rage du désespoir:

1) Déboussoler des jeunes militants anglais participants à   une réunion sur la guerre entre le SPGB et la CWO

2) critiquant la réunion de présentation à  Paris du 4ème tome des Oeuvres de Rosa, après avoir semé la panique en empêchant de discuter sur la question essentielle : contre la guerre impérialiste. c'était un lieu où il fallait affirmer la position internationaliste dans une période où même des anars nous refont le coup de 1936 à Kobané.

3) Critiquant et semant la panique contre Philippe G; au cours de la réunion qu'il tenait à Marseille pour un petit groupe autour de Gianni. 

4) demande au PCI et à  la TCI de prendre partie contre Juan et son groupe.

5)  nous allons devoir accueillir d'autres militants de cette organisation déboussolée ».


Il dispose d'informations internes, car il y a toujours un infiltré, un traître ou un « correspondant » dans ces petits groupes qui se croient hermétiques. Il m'informe des manœuvres du CCI pour saboter mon blog et des pressions exercées sur Smolny pour qu'ils retirent mes articles, ce que les animateurs de Smolny refusèrent. Je lui ai rappelé que j'étais alors ciblé aussi par leurs petits Vichinsky depuis le mois de septembre « étant "complice" des appels au "pogrom" du cci par l'ex-fraction.. » que je n'ai jamais fréquentée ni de près ni de loin ». En lui rappelant que lui aussi avait été longtemps un petit Vichinsky dans ses jeunes années "pures et dures.

Il me répond au plus fort de l'algarade : « Précision : c'est mal me connaître que parler que mon attitude est du snobisme. Très loin de moi cette attitude. Mes réactions contre toi font que je te pense souvent impulsif et incontrôlable et que tu dépasses ta pensée. Voilà mais l'on est comme on est, il faut accepter l'autre comme il est. Point ». Incontrôlable oui et j'en suis fier, impulsif non, par contre mon Gaston complètement !. Car pour beaucoup qui le côtoyaient il méritait parfois ce surnom de Gaston Lagaffe (sur cette réputation il y a un article sur ce blog) mais il est resté jusqu'au terme de sa vie un combattant intègre et dévoué.

VERS LE MEURTRE DE LA REVOLUTION

 Cela va mal dans le CCI : « De toute les façons comme cela va mal dans le CCI, ils cherchent à resserrer les rangs et toute secte pour survivre fait çà. Tout ce qui n'est pas elle, est néfaste. C'est d'ailleurs bizarre qu'ils te fassent cela maintenant. Comme en direction de Philippe Gavry qui a toujours été en dehors des dernières affaires3. Oui, à Paris le dernier qui a quitté est Sylvain. Je dois aller le voir chez Michel Po. (cela fait 5 mois qu'il va régulièrement prendre une bouffée d'oxygène pur chez Michel) ».

Quelles en sont les raisons ? 

 « 1) le CCI cherche la confrontation et cela permettrait de sauver d'autres camarades de la destruction. Ce qu'a fait le groupe de Juan a fait que Marc le jeune(nous pensons que c'est lui et peut être Pépito ceux qui sont visés) qui devait commencer à se rebeller contre la "dame" et le "moustachu", a fait amende honorable. Donc ne poussons pas à ce qu'ils resserrent les rangs mais que ceux qui doutent puissent discuter et partir.

2) ce serait ridicule car n'aboutirait à rien de concret alors qu'il faut maintenant que le CCI disparaisse et vite pour ne plus nous déshonorer (la Gauche communiste) ».

 Je ne suis évidemment pas d'accord alors avec cette volonté d'élimination qui n'est que l'autre face de la pièce de la destruction/anéantissement/éradication obsessionnelle par le CCI de tout ce qui n'est pas lui. Même pourrie par ce sectarisme et lourdingue une organisation sur les positions de classe reste indispensable ; de plus indépendamment de ses dérives internes et de ses bidouillages la presse internétisée du CCI reste une référence internationale de poids, même avec ses articles souvent répétitifs. Seul regret l'abandon de l'antique notion de regroupement des révolutionnaires au profit de la notion anéantissement total des concurrents surtout issus de ses rangs. Un tel état d'esprit c'est une politique de mise à mort de la révolution supposée parfaitement et exclusivement prolétarienne avec doigts sur la couture du pantalon. Une application discutable mais en partie vraie du projet de parti unifié par Chirik dans les années 1970. Il disait d'un côté « il faut éliminer tous ces petits groupes éparpillé », mais de l'autre il insistait toujours sur le fait qu'il ne peut plus y avoir de parti unique pour le mouvement ouvrier.

En réalité, Michel lui voulait reprendre à son compte l'antique notion de « regroupement des révolutionnaires », notion caduque des résidus « ultra-gauches », mes «maximalistes » dans le foutoir actuel et un prolétariat la tête dans le sable. Cette notion était valable par le passé avec de véritables groupes en divergences mais qui se respectaient (plus ou moins...). Or on ne fait pas du bon pain avec de la vieille farine. Qui sommes-nous les successifs exclus ou démissionnaires ? Des renégats à jamais ? Des « qui ont vécu cette expérience formidable de l'engagement », merveilleux « éveilleurs de conscience marxiste » ou simples passants sur terre ? Avant la destruction de l'humanité programmée par tous les généraux, Macron et Glucksmann pour dans trois ans... En réalité chacun des vieux restera dans son coin en pensant au temps jadis où tout ne fût pas toujours transparent. Qui avait décidé de détruire les archives confectionnées par Max à Montrouge  dans les années 1980? Qui a décidé dans les années 1990 de supprimer les bulletins internes ?

Michel par son silence n'a pas dû oublier combien j'avais été virulent4, à son égard comme je pouvais l'être à l'intérieur de l'organisation (il me nommait « le rétif »). Je reviens sur la question de l'utilisation des blogs comme sommets de la libre expression démocratique et dont, il faut le dire, tout le monde profite, réacs comme radicaux, cocus comme pères de famille. Il y a au moins trente ans lorsque la presse nous prévenait de l'arrivée de la révolution informatique où « chacun pourra faire son propre journal », j'avais été dubitatif et je trouvais cela idiot. Mais le capitalisme moderne a fait montre de ressources incroyables mais croyables que même nos férus marxistes ne voient toujours pas: par exemple l'antiracisme et l'immigrationnisme ont rangé le véritable internationalisme au musée du rouet et de la hache. L'idéologie dominante des classes moyennes dissout chaque jour toute notion de lutte des classes. La fin du stalinisme sert à morigéner tout ceux qui vomissent la pourriture de la démocratie parlementaire (quasiment toujours truquée) qui reste...assurément l'avenir enfin présent de l'humanité.

Internet enfin est venu concrétiser ce que nous pensions réservé au communisme pur : chacun peut exprimer ce qu'il veut, quand il veut en s'adressant au monde entier. Le faux communisme en est révulsé dans sa tombe. Comment ne pas être séduit ? Bravo Google et en plus t'es gratuit. Que désirer de mieux quand avant tu envoyais une lettre à un parti ou un syndicat et qu'elle n'était même pas lue, quand, avant aussi, tu proposais un article à ton parti ou à ta secte, il partait fissa à la poubelle car forcément mal écrit et pas sur les bonnes positions.

Excepté les égotistes ou les malades mentaux chacun de nous a compris que le système n'est que la noyade des milliards d'avis dans l'océan de la confusion. Dans la majorité des cas, tel facebook, ce sont des lieux d'échanges affectifs et de relativisation de la solitude où les millions restent scotchés sur le portable idiot dans le métro ou au risque de se faire écraser dans les clous.

Au plan politique c'est devenu par contre un facteur non négligeable de propagande dont se servent TOUS les partis politiques et les sectes, dont l'usage pénètre même dans les zones les plus obscurantistes. Où, hélas, des influenceurs de merde disposent d'un public considérable.

Quel poids peut peser le projet communiste quand on sait que des sectes qui se disent marxistes se disent si uniques qu'elles excluent toute contestation interne ou virent le premier canard qui fait couac, et on imagine si que elles parvenaient au pouvoir leur première action serait de supprimer internet, cet « instrument du capitalisme pervers » au profit de l'abolition totale de toutes les divergences toutes forcément petites bourgeoises. Non merci je préfère encore garder mon blog, comme modeste tribune, et merci Google. Pour répondre amicalement à Michel dans sa tombe : oui on est impuissant à changer le monde, toi allongé et moi encore debout, on ne représente pas grand chose, mais moi je peux encore gueuler avant de te rejoindre dans pas longtemps5.

GASTON Y A LA QUESTION DES FONDS

ET Y A PERSON QUI Y REPOND

L'argent que possède le CCI te tourmentait avec quelques autres qui se posaient la question de comment le récupérer. Un tel souhait me choque : au nom de quoi et pour qui récupérer ce pognon honnêtement acquis? On ne fonde pas une organisation ou une autre secte avec simplement de l'argent ! On ne peut pas punir le CCI pour l'usage propagandiste qu'il en fait, sauf s'il s'avérait que « la dame et le moustachu » se le mettent dans les poches, ce qui eût été une vue de l'esprit (de revanche) sachant l'intégrité de ces deux personnes. A ma connaissance la question de l'argent est toujours restée claire et nette dans toute l'histoire de l'organisation. Je n'ai jamais payé une forte cotisation, on était toujours endetté avec ma femme. Je garde un souvenir ému de la lointaine époque où Marc Chirik gérait les comptes. J'avais été le trouver, l'air piteux :

  • Marc je ne peux pas régler les cent francs ce mois-ci

  • c'est pas grave, laisse tomber, tu nous mettras pas en faillite.

Puis c'est moi qui ai enrichi le CCI il y a trois décennies en lui faisant profiter d'affaires immobilières par l'achat de locaux pour la rédaction et le tirage de tracts. Ces locaux à Clamart et à Montrouge n'ont pas vraiment servi à grand chose plutôt d'entrepôts pour des tonnes de papier. Mais la plus value immobilière a été en effet importante, et tant mieux pour le groupe. Je dois dire que les locaux m'étaient utiles pour mon usage personnel...sexuellement utiles ; je peux l'avouer depuis que je suis devenu une porn star. J'avais même installé un divan à l'insu de tous. Aux premiers interloqués je répondais : c'est pour vous reposer mes amis au cours de vos longues nuits enfumées à sucer vos stylos. Je jure n'avoir jamais couché avec une policière dans le « local communiste » et de n'avoir placé en position horizontale que de jolies femmes apolitiques.

C'est pas bien d'avoir « baisé » l'orga par l'orgasme, je le reconnais. Lors de ma décharge, pardon à ma décharge, il faudrait plutôt me féliciter d'avoir anonymisé comme une vulgaire garçonnière les locaux. Imaginez ce couple qui entre dans un local inhabité en plein après midi et qui ressort à peine une heure plus tard : il a préparé des bombes ? Ou fomenté une insurrection ? Les voisins qu'on croisait souriaient. Sur ce plan j'ai pu être en d'autres circonstances complice avec les gendarmes, puisque j'ai été soupçonné aussi d'en être un ; deux épisodes vont vous faire bander6.

Revenons à la question de l'argent qu'il était envisageable de récupérer à l'ex-orga par ses rancuniers. Gaston tu fis la proposition au PDG de Smolny, Eric, de leur «  demander de l'argent (au CCI) pour publier Bilan et les laisser faire une post face ce qu'ils refuseront. Ainsi Eric aura le beau rôle et on pourra rire pour voir ce que fera le CCI ».

Avec ma réplique j'avais été très méchant avec toi : «  pire tu imagines une "négo" dans l'espoir de vraiment tuer la secte, "négo" glauque: copublier Bilan avec l'argent de celle-ci dans l'espoir de remettre en selle le magouilleur individualiste Eric, grand seigneur vexé d'avoir été chatouillé en politique! Grotesque. Tu es toujours finalement le petit fabricant de fausse-monnaie des arrières-salles bureaucratiques, des petits arrangements personnels mais au profit de la bonne conscience du bourgeois rentier "suroccupé" comme lorsqu'il était patron d'entreprise publique ».

Et pourtant on t'avait servi de gardes du corps ! Lorsque l'orga lui avait intimé de rendre les archives, tu avait acquiescé puis tu avais fait appel à notre compagnie de vigiles amateurs . On était cinq costauds au premier étage (dont je tais les noms) pour te soutenir au cas où cela tournerait mal. Depuis la fenêtre on vit arriver les cinq membres de l'organe central déjà tous blanchis sous le harnais...organisationnel. Par après, Gaston remonta les marches en riant : je les ai bien baisé je ne leur ai remis que de la merde, j'ai gardé les archives importantes. C'est d'ailleurs la question que j'ai posé dans un courrier de condoléances à ta veuve : où vont aller ces archives et la seule photo du premier congrès du CCI qu'il détenait ? Mais bof, il n'y a pas de secrets d'Etat et je regrette seulement de ne pouvoir récupérer l'historique photo, que tu avais heureusement conservée, pour en faire un poster ; on est tous dessus les morts et les vivants.

A PROPOS DE TES NOUVELLES FACETIES GASTON

En 2008, je constatais que l'apprentissage dans le CCI de comment éradiquer, néantiser ou inférioriser un concurrent, groupe ou individu, restait la méthode de mon ancien Vichinsky :

« Michel Olivier qui vient faire le beau avec le dernier numéro de sa revue « La lettre internationaliste » contre les efforts de réflexion de quelques uns, en particulier Robert Camoin et moi-même. Dans un court article fielleux – « Polémique ou réflexion ? Quelle méthode ? - ce sergent recruteur du BIPR (organisme italien qui se réclame de la tradition révolutionnaire, aux positions à géométrie variable), vient faire la leçon aux « individus » : Tu balançais :

« Il existe aujourd’hui un certain nombre de petites revues le « Prolétariat Universel » et « Présence marxiste », qui n’expriment que les pensées de leurs rédacteurs, elles ne sont pas les organes des réels courants politiques organisés et historiques. Leur existence est la manifestation de la faiblesse du courant de la Gauche communiste. (????) Devraient-elles exister ? La réponse est non. Mais peut-on empêcher leur existence ? Non bien sûr. De toute façon, c’est un fait, elles existent un point c’est tout ».

Michel tu rédigeais pourtant seul ton brûlot pompeux « la lettre internationaliste » ; celle-ci était-elle une expression de Billancourt ? Pas plus que Le prolétariat universel7. C'est un fait elle n'exista plus.

Passons sur le constat que ce questionnement est typiquement stalinien, car alors tu n’avais pas encore été éjecté du CCI. Tu fut de longues années mon meilleur Vichinsky, et penchons-nous plutôt sur toi-même Gaston Lagaffe (ainsi étais-tu dénommé naguère pour tes régulières gaffes en politique) . Qui sont selon toi les « réels courants politiques organisés ». Tu s’y prends évidemment très mal. Tu commences par nous faire une belle publicité pour le site de lectures (conseillées) Smolny qui « met à disposition des lecteurs des documents historiques ». Le site Smolny, qui ne compte que deux ou trois pékins déçus du CCI, s’est décrédibilisé par la publication d’une œuvre honorable de Rosa Luxemburg sur l’économie politique enveloppée dans une lourde introduction à la gloire de la starlettre Louis Janover qui vomit la révolution russe et dénie tout soutien de Rosa à Lénine. Cher Gaston tu nous assures que les polémiques dirigées contre cette publication n’auraient été qu’une « dérisoire polémique entre individus ». Car dans la conception anéantissement, l'individu n'existe pas ! Voilà tout !

Je t'ajoute ceci : « Avant de révéler l’objectif totalement opportuniste et arriviste de ce foutage de gueule, je me suis marré en lisant son appel à rejoindre le creux BIPR et un encouragement à la discussion fraternelle entre sectes qui se haïssent cordialement et se foutent sur la gueule en réunion ». Puis je suis encore cruel avec toi :

« On se retourne alors vers le seul rédacteur de la lettre, et unique représentant théorique dudit BIPR (Battaglia comunista) en France : « Pourquoi la lettre existe-t-elle ? » Pour le « moi » de Gaston Lagaffe dont l’existence seule exprimerait « les réels courants politiques organisés » ?(...) tu prétends que le parti de demain sera la fusion des petites sectes incapables de se regrouper depuis trente ans et qui auront franchi le seuil de la haine perpétuelle, on a le droit de rêver à la transformation du plomb en or ! »

Et d'enterrer la révolution. Je t'en avais remis une couche :

« Finalement tu reconfirmes l'opportunisme démocratoc que je t'avais déjà reproché il y a des années. Tu crois pouvoir battre le rappel de tous les has been et pleureuses déchues (de leur poste) du CCI? Après avoir cautionné l'ex-trotskien démocrate "sans patrie et sans frontières...de classe" en publiant sous son aisselle, tu viens poser au défenseur des éditions Smolny du bidouilleur-chef Eric et sa bande, dont je me passerai ici de lister ses diverses malhonnêtetés et petits arrangements de basse cuisine . Au nom d'une solidarité de compromission politique sentimentalo-fusionnelle tu en es venu à renier les positions politiques de base du maximalisme pour contrer "la dame et le moustachu"- cet appel à un oecuménisme acritique des "anciens" dans l'esprit du cercle belge Controverses – de plus en nous jouant le coup du redressement interne comme lors de votre  éphémère fraction restauratrice des jambes tordues du CCI .

Cher Michel ton échec aura été aussi le mien et probablement de nombre de combattants sincères : est-il possible cet autre monde après un tel meurtre de l'esprit communiste ?

Epilogue

An 2017: Depuis 6 mois, je cherchais à te joindre, toi qui se targuais d’être le seul à avoir vu venir la fin du cycle bienheureux du capitalisme -pourtant comme tant d’autres camarades, vu la gravité de la situation. Tu ne m'as jamais répondu, tout à ses activités ludiques de paisible retraité. C’est ce qui s’appelle faire de la politique dans son petit coin. La rando est certes « la manifestation de la faiblesse du courant de la gauche communiste ». Allez va, je te pardonne et je t'embrasse.


 REVERENCES

Aux éditions sans patrie ni frontières

 - 2013 L'enfer continue (la Gauche Communiste de France parmi les révolutionnaires          1942-1953

331 pages

- Envers et contre tout (de l'Opposition de Gauche à l'Union Communiste) 250 pages

- Les années terribles 1926-1945  La Gauche italienne dans l'immigration, parmi les communistes oppositionnels 324 pages

- 2017 La guerre permanente, anthologie des écrits de Marc Chirik, éditions Prométhée, sous le pseudonyme de Maël Auroux avec jean-louis Roche (je ne sais pourquoi il avait choisi de se cacher derrière cet alias féminin, honte de s’afficher avec moi ? faire croire à un travail indépendant de lui ?) ne pas être identifié par l'organisation à laquelle il s'était rallié ?

 Signalons malgré tout son apport fondamental et accessible à tous sur le web sur l’histoire du groupe, dit ultra-gauche à l’époque par la faune gauchiste, Révolution Internationale, dont le véritable inspirateur et fondateur est Marc Chirik. Cette contribution historique restera la plus fiable car elle a été corrigée et validée par nos deux centenaires survivors Claude Bitot et l’indéboulonnable Henri Simon.

Présentation de Révolution Internationale (1968-1976) - [Fragments d'Histoire de la gauche radicale] (archivesautonomies.org) EXCELLENT !

  

- UN TRAVAIL DE FAINEANT SUR LA GAUCHE ITALIENNE (malgré le titre provocateur je fais plutôt l'éloge de ce travail historique)

 - UNE COMPILATION MARQUANTE SUR L’HISTOIRE DU PRINCIPAL GROUPE REVOLUTIONNAIRE DANS LA France D’APRES GUERRE

-- UN DOCUMENT TRES IMPORTANT POUR LA FILIATION MAXIMALISTE

 - Article publié sur ce blog : Sur le livre : La révolution russe une histoire française D’Eric Aunoble  par Maël Auroux 

- Sur ce blog : LES BONNES PAGES DE LA« LETTRE INTERNATIONALISTE »Ou les nouvelles facéties de Gaston Lagaffe (28 novembre 2008) (extraits ci-dessus)

Disparition du camarade Olivier (Michel Olivier-Michel Roux) - Révolution ou Guerre (igcl.org)

http://www.leftcom.org/fr/articles/2024-07-16/en-m%C3%A9moire-de-notre-camarade-olivier




NOTES

1Je me méfie toujours des éloges surfaits comme celui sur Guy Sabatier par les belges de Controverses. Il a collaboré un temps par plusieurs articles à la version papier de PU. Mais on est vite devenu inconciliables. Bipolaire vraiment incontrôlable, capable de colères folles, Guy m'avait demandé de signer un papier comme quoi je m'abstiendrais dès lors de le critiquer politiquement. Je l'avais signé !Son oeuvre éclectique n'est pas spécialement géniale, il fût plus un compilateur qu'un concepteur.

2Merde aux sigles, j'ai toujours trouvé curieux qu'un des courants de la gauche italienne partidaire acharné fasse succéder aux termes BIPR = BUREAU INTERNATIONAL POUR LE PARTI REVOLUTIONNAIRE celui de TCI = TENDANCE COMMUNISTE INTERNATIONALE, ce qui révèle certes une plus grande modestie sur le rôle du parti mais aussi son incontestable réduction à une « tendance ».Certainement sous l'impulsion du CCI qui a tant démontré que le parti ne pouvait plus prendre le pouvoir...Avec raison face au pullulement des petits particules gauchistes dans les années 1970. et à la perte de crédibilité des partis staliniens.

3Le meilleur historien des « gauches communistes » (hors Staline et gauche bourgeoise) de son vrai nom Philippe Bourrinet, qui tient aussi un blog, a eu cette formule qui me fit beaucoup rire : « ils passent leur temps à se dénoncer mutuellement ».

4 « Note bien – moi je ne suis ni pour la décimation de la secte CCI ni de la boutique Smolny -  lorsque j'ai écrit au CCI pour lui dire mon accord avec leur critique de l'intro du tome 4 de Rosa, je leur ai indiqué que Smolny a le droit de vivre comme vous tous les critiques larmoyants et dispersés de la secte, mais d'écraser un peu dans leurs hurlements après le loup imaginaire, sauf à continuer à se ridiculiser eux-mêmes. Vous m'emmerdez tous. Le prolétariat n'a pas besoin de vous pour vivre. Vous êtes tous devenus des répulsifs à la restauration de la théorie révolutionnaire ».

5Comme ils sont nombreux au boulevard des allongés nos chers camarades disparus : outre Marc et Clara, Ian de Southtampton, Claude Munoz, Jacquy le mauvais dentiste, Bernadette, Elisabeth, Michel le corse, Antonio, René de Nantes (une intelligence hors pair même s'il avait piqué dans la caisse), André Claisse, etc. La plupart fauchés pas vieux. Oui je les pleure.

6Forfuitement j'avais été envoyé mettre en service (en électricité) un local derrière la gendarmerie de Clamart. C'était tout simplement leur garçonnière. J'avais été donc invité à sabler le Champagne avec eux, sans la présence de leurs femmes. Bien plus tard, à Arras, une amante danseuse pulpeuse se faisait sauter certaines après midi par le camion de la gendarmerie garé devant chez elle. Le commandant, avec ses brigadiers, ayant entendu parler de moi comme cobaiseur des lieux, avait fait savoir à Alexandra (le nom a été changé) que j'étais le bienvenu à leurs partouzes. Il est vrai qu'il avait une petite bite comparée à la mienne comme je l'avais vérifié dans l'album de leurs exploits exrtra-conjugaux. J'avais décliné, bien que je considère qu'une fois dépouillé de l'uniforme on est tous des bêtes à poil.

7(…) Robert Camoin a vu, dès le début, que l’unique rédacteur de la « lettre internationaliste », jouait les rassembleurs œcuménique de tous les exclus du CCI. Cette revue opéra dès ses débuts les mêmes censures que ses anciens petits copains de la « fraction interne » (clône autiste du CCI) à mon encontre. Ils faisaient bien de m'ignorer car ils étaient encore plus autoritaires et sectaires que la maison mère. Et Camoin du fond de son bled, encore pire.