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lundi 7 octobre 2024

LE COMMUNAUTARISME PATRIOTIQUE : une apologie israélienne de la guerre mondialisée

 


«Alors qu’Israël combat les forces de la barbarie dirigées par l'Iran, tous les pays civilisés devraient se tenir fermement aux côtés d'Israël», a affirmé Benjamin Netanyahou.  

« Ce qui se passe à Gaza est un scandale absolu » . Elie Barnavi

"Le PC n'est pas à gauche, il est à l'Est." Guy Mollet


Sans contexte, et avec une complicité sous-jacente, le parti de la guerre « sans frontières » de Netanyahou, agit de la même manière à Gaza et au Liban que Poutine en Ukraine. La pensée lancinante que nous éprouvons pour les otages du hamas ne peut en ce jour de curieuse commémoration  (comment peut-on commémorer un crime qui est encore en cours ?) faire l’impasse que, s’ils sont encore vivants, ils sont depuis des mois surtout les otages du parti  d’extrême droite juif au rythme miliaire impérialiste sans vergogne de l’Etat « hébreu ».

Un article du Figaro, pour une fois assez objectif, décrit l'hypocrisie régnante du « parti de l'étranger US » ou plutôt de cet étrange gouvernement d'extrême droite israélien :

« Aux États-Unis, l’Administration Biden a ordonné des sanctions contre des colons juifs réputés coupables de violences envers des Palestiniens de Cisjordanie ainsi que contre des organisations qui les soutiennent. L’initiative, imitée depuis par plusieurs pays européens, dont la France, a été dénoncée par la droite israélienne comme un coup de poignard dans le dos. Benyamin Netanyahou n’hésite guère à rabrouer ses « amis », comme il l’a prouvé samedi en déclarant qu’Emmanuel Macron devrait avoir « honte » d’appeler à cesser les livraisons d’armes vers son pays.

Cette levée de boucliers contre Israël, spectaculaire, peut sembler dérisoire au regard du soutien que l’Amérique continue de lui apporter. Non contente d’avoir déployé des bâtiments de guerre pour dissuader l’Iran et ses satellites au lendemain du 7 octobre, l’Administration Biden a régulièrement regarni les arsenaux de l’État hébreu tout en lui garantissant une protection presque sans faille au Conseil de sécurité des Nations unies. Face à la réprobation croissante des pays du Sud, elle a opposé son veto à des résolutions réclamant une pause humanitaire, un cessez-le-feu ou encore un statut de membre de plein droit à l’ONU pour l’État de Palestine. Il a fallu attendre fin mars, alors que le bilan de la guerre à Gaza venait de franchir la barre des 30 000 morts, pour que Washington laisse adopter un texte exigeant l’arrêt des combats ainsi que la libération des otages. Benyamin Netanyahou, furieux, a aussitôt dénoncé un « abandon ». Comme si l’allié américain, sous pression de son opinion publique ainsi que des pays qui l’accusent de pratiquer un « deux poids, deux mesures », pouvait être tenté de prendre ses distances… ».

Le  « sud global » contre la posture moralisatrice de l'Oncle Sam et son bâtard l'Etat hébreu ?

 « Le 7 octobre a accéléré le réveil des pays du Sud, observe Maurice Gourdault-Montagne, qui fut tour à tout ambassadeur à Londres, Berlin et Pékin, puis secrétaire général du Quai d’Orsay. Ceux-ci se demandent pourquoi Poutine a été poursuivi par la Cour pénale internationale après les massacres de Boutcha (en Ukraine, NDLR), tandis qu’Israël, accusé depuis des décennies de ne pas respecter le droit international en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, a été constamment protégé par le veto américain au Conseil de sécurité. D’une certaine façon, ils prennent les Occidentaux à contre-pied de leur posture moralisatrice » L’adoption de textes réclamant la fin des bombardements à Gaza ou de la «  présence illégale  » d’Israël en Cisjordanie a mis en évidence la marginalisation des États-Unis à l’Assemblée générale de l’ONU . Cette fronde d’un Sud qui refuse de s’aligner sur les Occidentaux constitue, pour ceux-ci, un défi de taille. En février 2023, plusieurs dizaines de pays avaient refusé de voter une résolution qui exigeait le retrait immédiat des troupes russes présentes sur le territoire ukrainien. Plus récemment, l’adoption de textes réclamant la fin des bombardements à Gaza ou de la « présence illégale » d’Israël en Cisjordanie a mis en évidence sa marginalisation...1

Relais de cette farce de « sud global », simple reproduction de l'ancien tiers-mondisme "non aligné" présumé indépendant des blocs dominant, Coquerel, de la clique à Mélenchon, est à son tour venu jouer de cette petite musique déclarant qu'«il faut arrêter d'armer Israël, sur toutes les armes servant le génocide en cours à Gaza». Il a qualifié de «modérée» la réaction de Macron aux déclarations du premier ministre israélien. Qui a livré une charge «assez stupéfiante, quasiment injurieuse» envers Emmanuel Macron. Selon lui, «il aurait fallu a minima convoquer l’ambassadeur d’Israël.» Pour une fois que, du point de vue national-chauvin Macron et Mélenchon sont à l'unisson...

Or, sachant que la mélenchonie lambertiste2, comme la plupart des pays autocratiques du « sud global », considère le hamas comme une juste lutte de « libération nationale », cette contestation du colonialisme de l'Etat hébreu ne peut aboutir qu'au néant du point de vue du prolétariat. Cette contestation vise à empêcher de penser que pour le prolétariat aucun camp militariste n'est à soutenir. De la même manière qu'un éventail de personnalités, arguant surtout de leur judéité – les Crif, Braun-Pivet, BHL – agonisent, avec l'accusation d'antisémitisme, tous ceux qui dénoncent les crimes de l'Etat juif ; lequel Etat n'est pourtant pas une théocratie, mais serait le dernier paravent « démocratique » de la civilisation contre les barbares islamistes. Comme le crime d'islamophobie, l'accusation d'anti-sémitisme ne se discute pas... Le prétexte accusatoire d'antisémitisme, comme celui d’islamophobie, sert à empêcher de penser la guerre comme intrinsèquement capitaliste et confrontation perverse de nationalismes rivaux sous couleur religieuse (la guerre n'est-elle pas sacrée?).

 Toutes ces personnalités juives de par leurs fonds baptismaux viennent contribuer à, la confusion sur les buts de ces guerres, notamment ceux qui se demandent, faussement naïfs : « Israël n'a pas d'objectif politique » !?3 Si l'on dépasse leur étiquette religieuse, on peut se poser la question : d'où parle ces gens-là ? Quand le troisième personnage de l'Etat, au demeurant macroniste, la présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet se permet de déclarer : «Il ne faut pas désarmer Israël». Quand l'ordure BHL qui appelle partout à entrer en guerre4 se met à traiter de Villepin d'antisémite5, Ces gens, au cul du criminel de guerre Nethanyahou sont les principaux vecteurs de l'explosion de l'antisémitisme.

Ces gens-là sont-ils donc du « parti de l'étranger » ?6

Le sans-fontiérisme israëlien n'a évidemment rien à voir avec l'internationalisme communiste du début du vingtième siècle ni avec une « gouvernance juive du monde », ni une défense en soi de l'Eta hébreu. N'importe quel ouvrier conscient, français ou immigré, sait qu'il s'agit de l'hégémonie prédatrice de l'impérialisme américain dont Israël n'est qu'un pion pour contribuer à affaiblir la principale région pétrolière du monde (et favoriser la vente du gaz et de pétrole de schiste US)7.


Vieille rengaine le « parti de l'étranger » a toujours été un argumentaire de toutes les forces politiques nationale du fascisme au gaullisme. Surtout initialement au début du siècle dernier face à la menace de la « pénétration communiste ». Du point de vue chauvin en premier lieu, il s'agissait de discréditer l'adversaire . Or, comme ce qualificatif est réservé à sa version fasciste, on ne l'emploie plus que par euphémisme. La formule est ainsi atténuée par LFI et devient « les amis d'Israël ». Avec les amis d'Israël BHL et Braun-Pivet cela est traduit par « les ennemis antisémites d'Israël »8. Mais franchement, les BHL et Braun-Pivet, le clown pitoyable GW Goldnadel, le milieu juif artistique avec le honteux Chouraqui, ne peuvent être considérés comme des « ennemis de l'intérieur »9 car ils sont au service des deux nationalismes le français et l'israélien dans le même bloc impérialiste finalement. L'argument est peu utilisé « officiellement », mais hier n'est pas si loin En 1979, Chirac qualifie la liste Giscard de «parti de l'étranger»; Simone Veil traite Le Pen de «SS aux petits pieds»; Mitterrand rappelle à Marchais son «travail en Allemagne». Il est incontestable que les accusations de « double standard » formulées à l’encontre des puissances occidentales pèsent de plus en plus lourd10. 

Or depuis les deux guerres mondiales la nation a pris un coup de vieux, pas seulement parce que le monde est désormais régi non par de grandes nations mais par des puissances militaires « apatrides » dont le souci d'utiliser l'idéologie nationaliste n'est plus qu'accessoire, en prétendant la laisser au nazisme disparu. La gouvernance capitaliste se cache désormais sous divers euphémismes : la défense de la démocratie, de la civilisation, des valeurs de l'islam, du droit des nations à disposer d'elles mêmes... Car, surtout, si l'idéologie nationale a pris un coup de vieux historique c'est du fait de l'impact internationaliste, jamais oublié, de la vague révolutionnaire au début du siècle dernier, au sens où il n'est plus invisible que face au capitalisme décadent il n'y a plus que communisme ou barbarie, et en plus chez les petits bourgeois : démocratie ou pollution.

 Pourtant la xénophobie de l'extrême droite israélienne vis à vis des arabes supporte la comparaison avec notre extrême droite des années 1930 qui accusait-elle les partisans d'une confrontation armée avec l'Allemagne nazie de pousser à la guerre au détriment des intérêts réels de la France pour le seul bien des juifs, des communistes ou de "Dantzig". Ou aussi pendant la guerre froide le général de Gaulle fustigeait les staliniens, le 26 juillet 1947 à Rennes : "Sur notre sol, au milieu de nous, des hommes ont fait vœu d'obéissance aux ordres d'une entreprise étrangère de domination, dirigée par les maîtres d'une grande puissance slave."11

 LE COMMUNAUTARISME PATRIOTIQUE ne serait-il finalement qu'une apologie israélienne de la guerre mondialisée dans un monde qui semble ne pas pouvoir y échapper ?

Enfin ne peut-on pas s'interroger vue l'hystérie actuelle sur le rôle de bouc-émissaire des juifs au début des deux précédentes guerres mondiales? Affaire Dreyfus en France qui diffusa, depuis les cercles militaires, l'idée d'un complot "intérieur" de l'étranger prouvant qu'il fallait se soumettre à la défense nationale bourgeoise! Et lors de la boucherie suivante, les juifs "partout" et responsables de la finance capitaliste? idéologie pas seulement nazie mais présente partout dans les "démocraties" et en Russie stalinienne, Mais, possible troisième épisode cette fois-ci non à cause d'un simple capitaine "apatride" mais au souvenir d'une certaine révolution bolchevique où la majorité du comité central, y compris Lénine (info cachée par ses proches) était juive donc véhicule destructeur d'un anti-capitalisme démoniaque! Quand, aujourd'hui, les intellectuels juifs adoptent le même genre de posture totalitaire que Hitler - le complot universel contre la race - avec pour seule référence explicative la shoah, c'est ridicule et nationaliste et cela a pour conséquence ignoble de raviver cette idéologie pourrie l'antisémitisme...par les juifs eux-mêmes victimes de leur nombrilisme! et non le capitalisme putrescent. Dans tous les cas c'est le "nationalisme démocratique" et "moralisateur"  qui a triomphé, jusqu'à présent!

 


NOTES

1La « désoccidentalisation », ou l’affirmation continue des pays du Sud (lemonde.fr)

   2 Pourtant trahison de la secte trotskienne lambertiste du passé qui ne soutenait pas les « libérations nationales » contrairement à la LCR.

3Cf. l'ami de Mélenchon, Villepin : « "Quelle est la vision politique portée par le gouvernement de Benjamin Netanyahu? ».

4Conception antique de sa formation politique originelle maoïste : la guerre sans doute révolutionnaire !

5BHL et Villepin s'étaient déjà confrontés le 24 fev 2022 face au même au sujet d'une possible intervention de la France sur le sol ukrainien. Bernard-Henri Lévy avait souhaité cette intervention militaire de la France, rejetée par l'ancien Premier ministre de Jacques Chirac. Dominique de Villepin l'avait déjà recadré : "Je ne crois pas que la posture sur les plateaux de télévision soit la bonne réponse". Le fils du maoïste soixante-huitard Glucksmann (pote de BHL), qui se rêve déjà à la tête d'un parti de masse, et qui pour attirer l'attention sur sa petite personne, se plaint de menaces antisémites à son égard, s'est illustré il y a peu aux côtés de Macron pour envoyer des soldats français au front ukrainien. De là à croire que tous les intellectuels juifs sont des va-t-en guerre pour la sauvegarde du capitalisme...et de l'Etat hébreu. « Imaginez une seconde qu’un député issu du camp présidentiel s’oppose frontalement aux choix géopolitiques du président de la République et défende les intérêts d’un pays tiers plutôt que la position du chef de l’Etat français. On pourrait s’en émouvoir ou tout du moins s’étonner qu’un élu de la nation agisse ainsi et inverse totalement les conventions politiques. Mais c’est exactement ce qu’a fait la députée EPR des Français de l’étranger (notamment d’Israël) Caroline Yadan, dimanche soir, sur BFMTV..(cf. Libération) Cette élue des juifs à l'étranger, invention de Sarkozy, ne manque pas d'air et montre que le faeux suffrage universel permet d'élire n'importe qui.

6« Entre 1789 et 1792. Le «parti de l'étranger», à l'époque, c'est la monarchie, qui affiche une solidarité de destin avec les Habsbourg d'Autriche, le roi de Prusse, d'Angleterre ou le tsar de toutes les Russies. Le parti de l'étranger, ce sont les émigrés, ces nobles qui passent la frontière pour fuir la Révolution voire la combattre.». Johann Chapoutot

9« La France doit, elle aussi, rejeter hors de la communauté nationale toutes les factions que l’étranger a installées sur notre sol et, pour commencer, la plus active, la plus dangereuse, celle qui aujourd’hui travaille publiquement à briser son effort de redressement : le Parti Communiste ».

 26 septembre 1939 : la dissolution des organisations communistes. Louis Poulhès (u-bourgogne.fr)

10L’ancien ambassadeur Michel Duclos, désormais conseiller spécial à l’Institut Montaigne, voit dans le rejet du double standard « une donnée psychologique de base dont les Occidentaux ne peuvent pas ne pas tenir compte »« Dénoncer un “deux poids, deux mesures”, dit-il, revient à considérer qu’on peut établir une stricte équivalence entre l’agression de l’Ukraine  par son voisin et la riposte israélienne aux attaques du 7 octobre. Sur le fond, c’est bien sûr très contestable. Mais, sans se laisser complètement piéger par ce grief, il est indispensable de l’entendre pour ce dont il témoigne : l’aspiration d’un nombre croissant de puissances moyennes, comme l’Inde, l’Indonésie, le Brésil ou l’Arabie saoudite, à jouer un rôle plus actif dans la gouvernance mondiale. Illustration du double standard qui sert à dissoudre tout internationalisme contre la guerre, la prestation à la tribune de l'ONU, le 25 septembre d'un qui Macron avait renvoyé dos à dos Israël et le Hezbollah en leur demandant de cesser leurs hostilités au Liban. Le Hezbollah, qui a engagé les hostilités à la frontière avec Israël dès le début de l'offensive à Gaza, prend «depuis trop longtemps le risque insoutenable d'entraîner le Liban dans la guerre». À Gaza, Benjamin Netanyahou commet «une faute, y compris pour la sécurité d'Israël demain», avait renchéri le chef de l'État sur France Inter, mettant en garde contre «un ressentiment qui est en train de naître, une haine qui est nourrie par cela».

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