PAGES PROLETARIENNES

jeudi 20 juin 2024

DU VOTE PROTESTATAIRE AU VOTE CATASTROPHIQUE…

 


« Mais pour les prolétaires qui se laissent amuser par des promenades ridicules dans les rues, par des plantations d’arbres de liberté, par des phrases sonores d’avocats, il y aura de l’eau bénite d’abord, des injures ensuite, enfin de la mitraille, de la misère toujours ! Que le peuple choisisse ! » BLANQUI

 « La colère se traduit par un vote en grande partie pour le Rassemblement national, quelque part, on l’a un peu cherché. » Roschdy Zem

« ...tous les gouvernants, quelles que soient leurs promesses électorales et même leurs convictions, à faire tous à peu près la même politique, en tout cas perçue comme telle, qui fait souffrir une partie croissante de la société qui n’en peut plus et qui finira par chercher la solution en dehors des urnes. Il nous faut cesser de croire que ce qui est arrivé aux générations d’avant ne peut plus nous arriver. Cette dissolution, loin d’offrir une issue démocratique à la crise profonde que traverse notre société, ouvre un peu plus en grand une porte sur la violence et le chaos que les institutions pourraient avoir bien du mal à maîtriser « . Henri Guaino1

J'ai déjà dit tout le bien que je pensais de l'article du CCI au mois de mai : Comment la bourgeoisie s'organise ?2 et qui analyse dans l'ensemble la perte de contrôle de l'Etat bourgeois et la montée du populisme et non pas d'un quelconque fascisme comme veulent le faire avaler la plupart des factions de droite et de gauche. La longue citation suivante révèle pourtant une perception petite bourgeoise de type gauchiste qui doit être corrigée.

« En fait, tous les aspects alimentant le "catéchisme" populiste (le rejet des étrangers, le rejet des "élites", le complotisme, la croyance dans l’homme fort et providentiel, la quête du bouc-émissaire, le repli sur la communauté autochtone…) sont d’abord et avant tout le produit des miasmes et de la putréfaction idéologique véhiculée par l’absence de perspective de la société capitaliste (explicité dans le point 8 des Thèses sur la décomposition), dont la classe capitaliste est affectée en premier lieu. Mais la percée et le développement du populisme dans la vie politique de la bourgeoisie a été déterminée surtout par une des manifestations majeures de la décomposition de la société capitaliste : "la difficulté croissante de la bourgeoisie à contrôler l’évolution de la situation sur le plan politique. À la base de ce phénomène, on trouve évidemment la perte de contrôle toujours plus grande de la classe dominante sur son appareil économique, lequel constitue l'infrastructure de la société. (...) L'absence d'une perspective (exceptée celle de "sauver les meubles" de son économie au jour le jour) vers laquelle elle puisse se mobiliser comme classe, et alors que le prolétariat ne constitue pas encore une menace pour sa survie, détermine au sein de la classe dominante, et particulièrement de son appareil politique, une tendance croissante à l'indiscipline et au sauve-qui-peut." [Thèse 9]. C’est donc sur la base de l’aggravation continue de la crise économique ainsi que sur l’incapacité de la bourgeoisie à mobiliser la société vers la guerre mondiale que le délitement et la désagrégation de l’appareil politique trouve ses principaux ressorts. Cette lame de fond historique se manifeste notamment par une tendance croissante à l’indiscipline, aux divisions, au chacun pour soi et, en fin de compte, à l’exacerbation des luttes de cliques au sein de l’appareil politique. Ce bouillon de culture a constitué le terrain privilégié à l’émergence de fractions bourgeoises aux discours de plus en plus irrationnels, capables de surfer sur les idées et les sentiments les plus nauséabonds, dont les chefs de file se comportent en véritables chefs de gangs vandalisant les rapports politiques, dans le but de faire valoir leurs propres intérêts à tout prix et ce au détriment des intérêts du capital national.

Ce faisant, si l’incapacité du prolétariat à ouvrir la voie vers une autre perspective que celle du chaos et de la barbarie capitaliste ne peut que renforcer les manifestations de la décomposition telles que le populisme, ce n’est pas pour autant qu’elle en constitue le facteur actif. D’ailleurs, Les deux dernières années ont apporté un démenti cinglant à une telle analyse. D’une part, nous avons assisté à une reprise très significative des luttes ouvrières, contenant un développement de la réflexion et de la maturation de la conscience. D’autre part, sous l’effet de l’aggravation sans précédent de la décomposition, la montée du populisme s’est malgré tout pleinement confirmée. En fin de compte, la thèse soutenue dans la contribution sur le populisme se place en totale contradiction avec l’analyse du CCI consistant à identifier deux pôles dans la situation historique actuelle. De plus, elle revient également à nier l’analyse de la rupture historique, et/ou à penser que le développement de la lutte ouvrière peut faire reculer les tendances populistes. Enfin, elle mène aussi à sous-estimer le fait que la bourgeoisie exploitera le populisme contre la classe ouvrière ».

Sans entrer dans les arcanes des débats entre eux, cette perte de contrôle ils la relativisent eux mêmes en reconnaissant « que la bourgeoisie exploitera le populisme contre la classe ouvrière ». Par contre il est erroné de dire que la bourgeoisie « perd le contrôle de son économie » alors qu'elle la sacrifie comme je le démontre par après, ou mieux qu'elle est contrainte de la sacrifier par la dette.

 Comment expliquer l'apparition et la montée du populisme ? Pour certains dans le CCI cela s'apparenterait à une défaite ou un effacement du prolétariat ? S'agirait-il alors plutôt d'une décomposition du prolétariat ? La grande explication dominant l'explication officielle résiderait dans la notion de décomposition suivie de la vision d'une perte de contrôle de la bourgeoisie.

La définition dans ce cadre du catéchisme populiste apparaît pourtant assez élitaire et gauchiste : «Le "catéchisme" populiste (le rejet des étrangers, le rejet des "élites", le complotisme, la croyance dans l’homme fort et providentiel, la quête du bouc-émissaire, le repli sur la communauté autochtone…) sont d’abord et avant tout le produit des miasmes et de la putréfaction idéologique véhiculée par l’absence de perspective de la société capitaliste ».

Il faut rappeler hélas encore que c'est depuis la fin de la guerre froide et l'ouverture d'un monde multi-impérialiste qui a ouvert les vannes d'une violence interne de plus en plus généralisée dans tous les secteurs de la vie sociale et politique. Que signifie ce galimatias de « miasmes et de la putréfaction idéologique véhiculée par l’absence de perspective de la société capitaliste ». L'absence de perspective qui « véhiculerait » la putréfaction idéologique ? Ubuesque ! Non c'est du fait de l'éclatement de la société depuis au moins trois décennies, et surtout de la perte de confiance dans les partis politiques qui prétendaient représenter le prolétariat, qu'ils ont laissé tomber, pour le peuple indifférencié et encadré par les lois électorales. L'ordre présenté en version CCI du catéchisme populiste et ses caractéristiques sont celles attribuées par les résidus de la gauche bourgeoise, les journalistes et Macron lui-même : un mépris total des basses couches sociales, voire de cette grande partie de la classe ouvrière (illettrée) qui vote RN. Aussi hors sol que la pensée dominante qui s'est pris une claque au début de ce mois. Rétablissons l'ordre hors du désordre méprisant ci-dessus.

Le repli sur la communauté autochtone, ce qui signifie que les ouvriers français se replient sur le nationalisme et donc, par extension gauchiste, que l'immigrant est le top de l'internationalisme, surtout s'il est voilé ! Or dans l'environnement multicultuel le problème qui se pose à la classe partout c'est la perte d'identité, chose ignorée par nos doctes enseignants en révolution car l'ouvrier moderne n'a pas de patrie, au sens où il ne doit pas se considérer comme français ; il est internationaliste ou il n'est rien, voire moins que le pauvre migrant qui lui débarque avec sa patrie lointaine à la semelle de ses souliers mais reste toujours en référence à elle.

La quête du bouc émissaire qui viendrait des profondeurs réacs des « autochtones », en compagnie du complotisme. Ce qui est faux, c'est la pipolisation de la vie politique animée par la bourgeoisie, la mise en exergue des personnes du fait de l'absence de tout programme politique crédible, qui génère la course au facho, à l'islamo-gaucho, et aux classiques sages de Sion (via la question de l'antisémitisme très agitée par les médias en ce moment) ; cette quête du bouc émissaire ne relève pas de la perte de contrôle. La perte de crédibilité des partis peut susciter le « besoin d'un homme providentiel » mais c'est l'appareil de domination qui le gère profitant du fait que le prolétariat est encore sans parti.

Le rejet des élites serait-il un péché véniel cent pour cent populiste ? Les élites pour ce bon prolétariat si méprisé c'est non seulement les hiérarchies sociales et dans l'entreprise, les politiciens, les patrons, les chefs syndicalistes, les journalistes et artistes, c'est le rejet de tout ce monde qui nous regarde de haut et ce qui emmerde tout le monde politique bourgeois et petit-bourgeois ; ce qui a été le choc de la soirée électorale européenne. Enfin le dit rejet des étrangers est une globalisation à la gauchiste. Nulle part la majorité des ouvriers de base, des employés, des jeunes prolétaires ne sont dans un rejet de l'étranger, mais certainement souvent plus dans l'affliction pour le sort qui est réservé à la plupart des migrants . Le CCI est toujours gêné d'avoir à utiliser les mots hiérarchie et élite...il connaît cela en interne lui aussi. Et son absence de prise de posiution sur le chaos en cours trahit à la fois l'opportunisme qui attend le résultat final et la même gêne qu'au début du mouvement des gilets jaunes ; ce chaos bien analysée n'entre pas dans les ornières d'un marxisme bridé.

Le CCI ne s'est, à ma connaissance, jamais différencié de l'hystérie et irresponsabilité gauchiste sur la question. Les arrivées en effet de plus en plus nombreuses (intégrant une nouvelle lubie écolo-bourgeoise : le « réfugié climatique »), l'impossibilité d'intégration assez désespérante, des faits pas très divers, a compétitivité salariale à la baisse, le chômage « autochtone », les gouffres culturels et cultuels ne seraient que des miasmes de la classe autochtone !

Le catéchisme populiste, si on veut bien le rétablir dans l'ordre, ne fait que récupérer des constats basés sur une réalité concrète par les « couches inférieures » (et pas inventée dans le cerveau de Marine Le Pen) mais en évitant de les poser en termes de classe et en personnalisant les confrontations politiques, méthode classique de la droite bourgeoise, mais sur la base d'une réalité, elle, vécue par ceux d'en bas, étrangère aux oeillères de la petite bourgeoisie, elle-même bien plus populiste que les ouvriers humiliés . A ce catéchisme du populisme il manque le culte de l'émeute et de la violence en soi, masque politique souvent du gauchisme impuissant (sur ce sujet la plupart des articles du CCI sont nickel)..

LE PEUPLE SOUVERAIN EST UN ANE RETIF

Le plus scandaleux dans cette dissolution surprise aura été cette plaisanterie d'en appeler au « peuple souverain » à choisir entre des merdes programmatiques creuses, espérant masquer la perte de contrôle de la bourgeoisie quitte à mettre cette perte sur le dos de ce peuple indistinct, mal éduqué voire incapable de mesurer les nécessaires sacrifices pour la nation et l'Europe.

Le plus important du choc surprise reste minoré : c'est le va-t-en guerre Macron qui a été sanctionné. C'est quand même lui l'un des principaux caïds européens qui a annoncé qu'il faudra (faudrait) envoyer des troupes françaises ayu front...suscitant l'ire de toute la classe politique en France et à l'étranger ! Les électeurs et surtout la classe ouvrière française (blanche, raciste, nucléaire, macho, sale, autochtone, etc.) qui lui a mis un pied aux fesses !

La stratégie : c'est pas moi c'est l'autre

Tous les partis sont devenus populistes, ce qu'ils étaient déjà par leur ignorance systématique du prolétariat et leur peu discrète apologie fielleuse du « peuple souverain ». Le « front unique » dans sa perversité diverse du front popu bis au front répu cible de plus en plus en fin de parcours de l'élection en feu le vote RN en particulier avec un faits divers ignoble concernant une petit fille juive. C'est pourtant la même utilisation répugnante de ce drame dit « fait divers », par les fâchistes invariants qui leur est reproché par la gauche hâbleuse lorsque nombre d'OQTF violent ou tuent. A l'unisson du courageux gouvernement qui fait sien, et en vitrine, un combat très platonique et a-historique contre cette saloperie d'antisémitisme...qui a été en réalité réanimé par les destructions immenses et les crimes de l'Etat israélien, venant lui aussi servir de terreur faire valoir du terrorisme du Hamas. La stratégie de la peur de la part d'un invisible cordon sanitaire qui irait de Macron à Mélenchon ne marchant toujours pas, on tente maintenant d'en appeler à une conscience irénique qui exclut les autres racismes. Tout cela étant tellement difficile à expliquer que la justification de cette focalisation, hors de la lutte de classe et des déterminants du prolétariat oblige l'idéologie dominante à taxer Mélenchon et Poutou d'antisémites pour faire simple et éviter de réfléchir3. Ce qu'ils ne sont pas, mais simples recruteurs électoraux d'une France divisée en trois : classe ouvrière (dite peuple souverain selon le sens du vent), petite bourgeoisie hétéroclite multi-culturelle et croyants musulmans. La diabolisation de Poutou est éclairante de la bêtise et inefficacité des médias. Je connais Poutou, y a pas plus gentil mais il a rien dans le crâne, comme Bardella d'ailleurs . Krivine à côté était un as.

L'endettement faramineux qui est reproché par tous les fossoyeurs du pauvre Macron lui est cyniquement reproché parce qu'il « a endetté la France » et pour des générations pour « nos enfants » (formule politicienne ridicule qui exaspérait Lénine). Or tous ces partis bourgeois, y compris le RN devraient plutôt le remercier. Le fond est que la pais sociale a un (énorme) coût. C'est à cela qu'a servi le « quoi qu'il en coûte ». Dans ce sens, du point de vue de notre camp de classe, on peut dire merci à la menace du prolétariat qui,même avec sa demi-défaite sur les retraites4, pousse le système à s'effondrer pas seulement à cause de la crise économique capitaliste, pas seulement par ses grèves à répétition mais par une montée de sa conscience politique qui se traduit aussi électoralement par cette sorte de détournement que représente le vote protestataire5.

Par contre les programmes irréalistes plein de monts et merveilles (et aussi le concurrent gouvernemental) ne sont pas destinés à favoriser cet effondrement ; sinon je voterais Mélenchon ou Bardella. L'édito du Figaro est autreent lucide quele parti pris gauchiste infantile de Libération6. Ils sont destinés, malgré leur caractère irréaliste et irrationnel à illusionner les prolétaires sur une possibilité de vivre mieux, mieux payé avec moins de travail, dans un capitalisme plus en crise que dans les années 1930. On pense à nouveau à Blanqui se moquant de ces masses abruties. Cette fadaise sur un capitalisme supposé avoir le moyens pour qu'on finisse mieux nos fins de mois, ce qu ne concerne pas l'aristocratie « moyenne », est le fond de l'idéologie ultra bourgeoise de l'écologie (et du féminisme) : on peut rajeunir le capitalisme avec du bio et des éoliennes pour pallier à la « destruction environnementale »...idéologie dominante américano-allemande pour détruire la seule solution pour l'heure, le nucléaire. Si le RN a un penchant pro-Poutine, les bobos écolos et Glucksmann sont clairement des agents de l'impérialisme US !

Tous, je dis bien tous, parvenant au pouvoir ne pourraient pas tenter la moindre mesure dite socialiste à la manière Mitterrand en 1981, qui fût une catastrophe économique et politique jamais oubliée.

C'est pourquoi la clique à Macron, en perdition, pousse au chaos, en particulier pour la clique du RN qui, autrement, pourrait obtenir une majorité absolue ; donc la réaction de Macron est : vous voulez plus de moi donc vous aurez le chaos !7 De plus la gauche rabougrie et éclatée c'est aussi le chaos. Un chaos où on a associé les petits bourgeois verts dont l'élection précédente a montré qu'on ne voulait plus de ces irresponsables, plus LFI aux pratiques staliniennes, une Place publique baisée par l'appareil néo-stalinien et un héritier du stalinisme toujours plus minuscule8.

Plus que nos mille discours contre la « gauche bourgeoise » durant des décennies, le règne de Tonton, ex pétainiste et colonialiste, et pape de toutes les cliques féministes, écolos et trotskiennes (voter pour lui nous a aussi épargnés paraît-il du fâchisme à l'époque).- a détruit à jamais cette falsification dite peuple de gauche, « pensée de gauche », bêtise de gauche, aliénation gauchiste....

Le peuple ne choisit pas un programme, on le fait voter à la tête du client

Le crash en cours n'est pas la faute en soi à cet « hyper-président » mais à la bourgeoisie elle-même dont les ficelles ont fini par s'user. La focalisation sur l'erreur, le hara-kiri macronien est aussi un mensonge9. Il dit lui-même la vérité dans ses justifications contrites : « « Sans dissolution, cela aurait été la chienlit ». « N’ayez pas peur », « allez voter et choisissez votre avenir ». Mais un : les gens n'ont pas peur, et deux : chienlit pour chienlit ils choisiront la deuxième. Et il continue à prendre les gens pour des imbéciles : « Il y a une majorité silencieuse qui comme vous ne veut pas que cela soit le désordre » des extrêmes. « J’ai plein de défauts, des choses que je n’ai pas bien faites », a-t-il ajouté un peu plus tard. Mais « on ne peut pas craindre le peuple dans une démocratie », « on a connu le chaos » pendant la crise des gilets jaunes, « une élection, ce n’est pas le chaos, c’est la démocratie ». Il évoque, ce qui est révélateur de sa faillite, une peur du peuple, d'autant qu'en effet le peuple va voter chaos et ingouvernabilité ! Pas par ignorance mais parce qu'on ne lui laisse le choix qu'entre chienlit et chienlit.

Pourtant on n'a jamais vu peuple décider d'un programme, c'est en général un plat culinaire servi par toutes les fractions bourgeoises en lice.

L'hyper président n'est qu'un sous produit des milliers de chefaillons qui se fichent d'écouter le peuple ou le prolétariat. Le pouvoir est devenu hyper individualiste et c'est ce qui le mènera à sa perte10.

Un argument du CCI reste très valable : la bourgeoisie ne peut pas encore généraliser la guerre face à un prolétariat désobéissant d'Europe, des Etats-Unis et d'Amérique latine. Le paradoxe de la victoire populiste vient de le démontrer, même s'il faut prendre en compte que ce populisme peut se transformer en nationalisme belliciste.

LA GUERRE N'AURA PAS LIEU DANS TROIS MOIS

Dans mon article du 29 février (Il faut prendre au sérieux Macron) j'écrivais ceci :

Macron n'est pas un idiot. Il a fait un test, souhaité par les minorités bourgeoises qui tirent les ficelles : banquiers, militaires, industriels, etc. Il a été assuré (mais pas vérifié) qu'envoyer de jeunes troufions occidentaux au casse-pipe était une « erreur » voire presque un crime pour les Mélenchon, Le Pen et autres opposants faux-culs. La presse a exhibé un sondage montrant que 70% des « français » sont opposés à une participation de nos soldats au front ukrainien. Super ! ont exulté les opposants de pacotille, dont certains dits extrêmes, Mélenchon et Le Pen sont plutôt du côté de Poutine ». Or, je le maintiens, une des principales raisons du premier succès électoral du RN est d'avoir été le seul à vraiment dénoncer l'envoi de soldats français au front ukrainien, même si, en cas d'union nationale il ne serait pas le dernier à prôner un tel crime.

Au vu du discours de ce jeudi soir tout cet alarmisme militariste a été clairement confirmé, et en retournant l'accusation d'irresponsabilité contre toutes les fractions de la gauche bourgeoise pacifiste. Macron n'est ni confus ni dépassé. Il a compris avant ses contestataires de pacotille et mieux que tous ses journalistes et politiciens affidés, qu'une guerre ne se décide pas « démocratiquement » et n'a plus besoin d'un vote de crédits de guerre ; en l'espèce la consultation des députés ne fût qu'une consultation ridicule après la décision du sommet de l'Etat de  lâcher trois milliards à l'Ukraine. Par contre ce qui ne change pas, malgré tous les éloges sur les nouvelles découvertes tueuses (drones, armes à longue portée) c'est qu'il faut encore et toujours envoyer au casse-pipe des millions de prolétaires, mener toujours plus la guerre dans le cadre urbain en y tuant le plus possible de civils, faits autrement plus graves que la destruction environnementale ou la fonte des glaciers, , comme savent le faire les criminels de guerre Poutine et Netanyahou, mais aussi leurs homologues américains, français, chinois lorsqu'il leur faut à leur tour « préparer la paix en faisant la guerre ». Sans oublier les cliques du nationalisme palestinien, islamiste et tutti quanti. Déclencher la guerre ne relève pas d'une décision individuelle ni d'un seul Etat, elle relève de la soumission préalable du prolétariat, tâche classique des partis de gauche.



NOTES

1Guaino est devenu meilleur analyste de la décomposition que le CCI.« Mais la disparition des familles politiques est un phénomène général. Toutes les grandes forces politiques, Renaissance, Rassemblement national, LFI, ne sont plus que des partis en forme d’entreprises unipersonnelles dont la logique d’action est devenue purement sociologique, avec une longueur d’avance pour le RN. Les vieux partis de gouvernement, LR et le PS, eux, n’ont plus de chefs, de Chirac, de Sarkozy, de Mitterrand, pour en maintenir, temporairement au moins, l’unité. Mais, faute d’être de véritables familles politiques, les partis, aujourd’hui puissants, n’échapperont pas non plus à ce destin une fois que leurs leaders se seront retirés de la scène ».

3Un plumitif de Marianne, affirmant sa judéité, résume une mauvaise foi crasse dans les accusations contre le clientélisme arabe de LFI, pour soutenir en catimini les exactions monstrueuses de l'Etat « fâchiste » d'Israël en compagnie de la plupart des artistes juifs en France : « Il s’agit d’observer le continuum entre Macron et Le Pen/Bardella, en refusant le prêt-à-penser simpliste du risque d’une « rupture fasciste ». Deuxièmement, la question juive se trouve tragiquement au cœur de l’agenda idéologique français, du fait des errements de la gauche radicale, de son incapacité à distinguer le soutien au peuple palestinien de la condamnation nécessaire du terrorisme islamiste du Hamas, et de la confusion entretenue par certains cadres de LFI (au premier lieu, son chef) au service d’un agenda tactique clientéliste nourri délibérément par l’antisémitisme ».

4Qui n'est qu'une demi-défaite puisque finalement l'Etat n'a pu finaliser une attaque plus importante et que tout est à recommencer aujourd'hui et en pire, avec à la clé...l'insurrection ! Car contrairement aux pleurnicheries de populisme de la gauche bobo et des syndicalistes corporatifs bornés il y a bien un énorme problème du nombre exponentiel des retraités qui mine le système, et il n'est même pas sûr qu'au lendemain de notre improbable révolution, les retraites ne demeurent pas un problème...insoluble avec une population de plus en plus nombreuse au-delà de 75 ans.

5La vieille ultra-gauche, que je nomme maximaliste aujourd'hui, a toujours affirmé qu'il n'y a rien à attendre des élections, ce qui est vrai, mais plus tout à fait aujourd'hui, car votes protestataires et abstention toujours massive, viennent déréguler le système en même temps que ridiculiser. Sa « perte de contrôle » idéologique.

6 ÉDITORIAL DU FIGARO - Pendant que le gouvernement met sur la table des promesses coûteuses en faisant mine de chercher des économies, le RN et le Nouveau Front populaire proposent sans vergogne un catalogue de dépenses publiques sans limites. Au vu du concours de dinguerie économique auquel se livrent le RN et le Nouveau Front populaire, possiblement aux manettes dans quelques jours, la France danse sur un volcan. Pendant que le gouvernement met sur la table des promesses coûteuses en faisant mine de chercher des économies, eux proposent sans vergogne un catalogue de dépenses publiques sans limites. Des programmes totalement déconnectés des réalités - avec, il faut le dire, une prime dans l'horreur pour celui de l'extrême gauche, qui effraie jusqu'à ses propres alliés -, dans un pays où l'on paie déjà une partie des charges courantes à crédit.

7Le journaliste philosémite de Marianne que j'ai déjà cité ne dit pas que des bêtises : « Un bon thermomètre de ce changement d’humeur est la parole d’Alain Minc, qui se montre maintenant très critique envers le présidentqui aurait risqué par la dissolution de rendre la France « instable », donc moins « attractive » pour les milieux financiers et les investissements. Dans ce climat, nul doute que le RN incarnera le parti de l’ordre, à supposer qu’il se montre encore moins anti-européen et qu’il se notabilise toujours plus. Le RN a déjà abandonné la perspective du Frexit. Il s’est doté de son propre cercle de dirigeants, et il a désormais ses entrées au Medef. Ainsi que nous l’écrivions dans Où va la France de Macron ? l’accession très probable au pouvoir de l’extrême droite ne sera pas un bouleversement institutionnel mais une montée en puissance renforcée de l’autoritarisme déjà promu par Macron (gestion personnelle du pouvoir, usage systématique du 49.3, des « Conseils de défense », mépris des corps intermédiaires, des syndicats, de la négociation sociale…).(...) « Nul doute que le personnel du RN fera tout pour se couler dans les institutions, y compris européennes, reculant sur le volet populiste de son programme (cela a déjà commencé avec le rétropédalage quant à la remise en cause de la loi sur les retraites).Le RN au pouvoir ne sera pas un danger pour l’économie française, seuls les immigrés et les secteurs les plus déclassés de la population en paieront le prix. N’en déplaise au NPA, il n’y aura pas de « troisième tour social », c’est là une vieille ritournelle faite d’une dialectique abstraite que l’on nous ressort depuis 1968 à chaque fois que la gauche unie est aux bords du pouvoir. Si le RN passe, on aura droit à du Macron en plus dur, voilà tout. »

8Les soutiens de vedettes se bousculent dans chaque camp aux choix de plus en plus délirant et cacophonique, très chaotique en effet et irrationnel, le crétin de la dissolution chiraquienne Villepin s'en vient soutenir LFI soutenu dans ses pratiques staliniennes par la folle Boutelja. La famille Klarsfeld soutient le RN. Tous les chats sont gris dans la nuit électorale qui vient.

9Cet élément de langage de la gauche bourgeoise rabougrie - la dérive autoritaire du pouvoir d’Emmanuel Macron – est presque une accusation de fâchisme mais on la réserve au seul RN par décence consensuelle et autorisée, mais qui provoque la risée.

10Cf. mon article « LA PERSONNIFICATION DE LA POLITIQUE DANS LA PERSPECTIVE DE GUERRE »



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