PAGES PROLETARIENNES

jeudi 14 septembre 2023

EN FINIR VAVEC LES FAUSSES CAUSES DES IMMIGRATIONS MASSIVES (2)



Comme souligné à la fin de la première partie, l'hypocrisie de l'aide au développement inventée par le principal impérialisme victorieux en 1945, a servi à prétexter que le développement industriel des colonies - qui allaient être raflées aux vielles puissances coloniales européennes - serait basé sur la création de démocraties alors que ce sont bien des dictatures étatiques qui ont postulées à ce développement, source de corruption dès le départ, non pour la concurrence face à l'impérialisme stalinien mais comme instrument de déstabilisation des concurrents, comme d'ailleurs la plupart des mafias de sauvetage des migrants aujourd'hui. L'
USAID est encore l'agence chargée de l'aide au développement de l' ex tiers monde. Cette agence est controversée en raison de sa participation à des actions de déstabilisation contre les gouvernements en mésentente avec le gouvernement américain. D'après la Banque mondiale, le taux de fuite moyen vers les paradis fiscaux est estimé à environ 7,5 % de l'aide.

Comme l'a écrit Alain Lipietz : « Les plus urbanisés des pays de l'OCDE ont toujours pu garder la maîtrise de la croissance de leurs centres urbains, et la création de villes satellites autour des plus gros centres n'y a joué qu'un rôle secondaire. Dans les années 1960, un certain nombre de pays du tiers monde entrèrent à leur tour dans un processus d'industrialisation voisin. Les plus connus sont appelés «nouveaux pays industrialisés» (NPI), mais le phénomène est en réalité assez étendu. Cette industrialisation fut, elle aussi, financée par des transferts de crédits et de technologie venus du fordisme central. Mais elle s'accompagna d'une formidable explosion urbaine, que ne semble pas devoir arrêter la crise actuelle de ce modèle d'industrialisation que j'ai appelé «fordisme périphérique». En vérité, ce que ne souligne pas Lipietz, membre de l'élite de la gauche bourgeoise, c'est que cette « explosion urbaine » (sans aucune limitation des naissances) a fait exploser un chômage endémique, poussant les millions de jeunes à fuir vers les zones de capitalisme « développé ». Par contre, Lipietz a raison de constater la prééminence américaine :

« Pour tous les pays où s'est imposée l'accumulation intensive avec consommation de masse, s'il faut parler d'impérialisme américain, alors c'est avant tout un impérialisme culturel, qui visait à imposer son modèle de développement et non à maintenir une situation de sous-développement ! Car, dans les années 1945-1960, l'importation de machines américaines, financée par les plans Marshall et MacArthur en Europe et au Japon, se combinait avec l'importation des normes fordistes de consommation, d'organisation du travail, de contractualisation syndicale ».

On trouve par ailleurs le même type de constat ;

 « Les réformes impliquées par la substitution aux importations, puis les difficultés de celles-ci amenaient les pouvoirs locaux à prendre des mesures «trop» radicales, éloignant dangereusement du modèle américain. C'est alors que le «gendarme » intervenait, surtout quand le risque d'une alliance soviétique se profilait derrière la radicalisation de la volonté d'indépendance. Dans certains cas cependant, les Etats-Unis sont intervenus d'emblée pour imposer le maintien pur et simple du «pillage» des matières premières : intervention à Saint-Domingue, chute de Mossadegh en Iran, etc. Mais l'attitude ultérieure des Etats-Unis à l'égard du shah Reza montra qu'en fait les Etats-Unis n'avaient pas d'hostilité de principe à un flux de capitaux vers les pays sous-développés, suscitant à la fois industrialisation et transformation des classes dominantes locales... pourvu que cela se fît en concordance et en liaison avec le modèle américain ».

De plus, pour leurs Etats mafieux l'ancien pillage colonial a été remplacé par un pillage plus sophistiqué basé sur le chantage aux aides financières, et ce trucage faisant croire à une continuité du libre-échangisme alors que toutes les opérations économiques et financières passaient par les nouveaux Etats régionaux issus des fausses libérations nationales, et inféodés au système financier drivé par la robuste Amérique.. .

Les migrations sauvages et massives ont recommencé dès la fin de la guerre, liées aux conséquences directes pour l'heure à la seconde boucherie capitaliste mondiale, mais très vite la complexité des motivations a retrouvé l'impulsion de fuite éperdue pendant les 50 années suivantes.  Chaque migrant a une histoire unique, une culture particulière.. Certains cherchent simplement à gagner assez d’argent pour s’assurer un avenir meilleur. D’autres fuient les persécutions des gangs, du crime organisé (Amérique du Sud) ou des fonctionnaires corrompus (pays de l'Est), fuir la faim (Afrique, Biafra...). Pour d’autres encore, l’insécurité, la guerre et la pauvreté sont tellement liées qu’il devient impossible de les distinguer. La faim va même de pair avec le massacre ignoble de femmes et d'enfants par les gangs narco-nazis.

La première vérité de la fumiste « aide au développement) : des pays périphériques criblés de dettes

Aujourd’hui, environ la moitié des Centraméricains – et même les deux tiers des populations rurales du Guatemala et du Honduras vivent en dessous du seuil de pauvreté. Le profit de la drogue est corrélé aux Etats sous-développés, faiblement industrialisés ou basés sur le tourisme (Tunisie, mais aussi...Monaco). La violence barbare en Amérique du Sud ou chez les Etats musulmaniaques '(IRAN, Afghanistan Indonésie, etc.) pourrait apparaître comme causalité première des « fuites » massives...de main d'oeuvre exploitable et corvéable à merci :

« ...le Mexique, le Honduras, le Guatemala et le Salvador figurent parmi les pays les plus meurtriers du monde. De nombreux migrants d’Amérique centrale désespèrent d'échapper aux tueurs sanguinaires encagoulés (comme les assassins de daesch) et de trouver un emploi qui leur permette de subvenir aux besoins de leur famille. La loi américaine sur l’asile n’apporte aucune solution à ces « réfugiés économiques », en renforçant la fermeture des frontières quand le même gouvernement américain soutient les dictatures qui composent avec les mafias des tueurs narcotraficants. .Le Honduras le deuxième pays le plus violent, derrière le Salvador et devant le Venezuela. Deux facteurs intervenus dans les années 1990 expliquent ce phénomène : d'abord, l'arrivée de délinquants arrêtés aux Etats-Unis, originaires du Honduras et renvoyés chez eux. Ensuite, l'essor des narcotrafics dans le Triangle du nord, région devenue la zone de transit de la drogue produite notamment en Colombie et acheminée jusqu'en Amérique du Nord.

Le crime voisine aussi toujours avec l'endettement étatique. Les pays non pétroliers du tiers monde qui ne peuvent pas encore accéder à l'industrie pourraient acheter aux pays qui s'industrialisent, s'ils ne manquaient terriblement de moyens, depuis les chocs pétroliers. Faute d'une production industrielle, avec laquelle ils auraient pu fournir les nouveaux riches du pétrole, ils doivent vivre d'emprunts, mais leur crédit s'épuise. Les principaux crédits qu'ils obtiennent encore sont des crédits à l'importation, que les anciens pays industrialisés leur consentent à condition qu'ils se fournissent chez eux. On est passé du pillage au chantage de l'échange obligatoire. Et, ridiculisant le lamentable immigrationnisme gauchiste, c'est bien enfin surtout un pillage de main d'oeuvre et de cerveaux qui es dommageable pour les pays relégués désormais au « quart monde ».

LA FAIM RESTE LE PREMIER FACTEUR POUR MIGRER EN URGENCE

L'électeur lambda européen ne perçoit plus cet aspect, d'abord parce que dans l'Europe sans guerre directe depuis plus de 70 ans, la faim restait invisible, on pouvait donner une obole aux clochards ou se reposer sur les banques alimentaires. Voici pourtant que, ici aussi, une partie de la population comme de étudiants ne mangent plus à leur faim !

Le nombre de personnes souffrant de la faim dans le monde avait atteint 828 millions en 2021, soit une augmentation d’environ 46 millions depuis 2020 et de 150 millions depuis l’apparition de la pandémie de COVID-19, selon un rapport des Nations Unies fournissant de nouvelles données indiquant que le monde s’éloigne de son objectif d’éliminer la faim, l’insécurité alimentaire et la malnutrition sous toutes ses formes d’ici 2030.

Selon le SOFI, le rapport de la FAO (l’organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture) sur l’état de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde, c'étaient 735 millions de personnes qui souffraient de la faim à travers le monde en 2022. C’est une augmentation de 122 millions de personnes par rapport à 2019, avant la pandémie de Covid-19. 

La fin de la faim était la deuxième promesse des « Objectifs de Développement Durable (ODD) » que les Etats s’étaient d’atteindre d’ici 2030, or le monde s'enfonce dans la gabegie de la malnutrition. Reste la prétention affichée d'éliminer la faim pendant les huit ans à venir, l’insécurité alimentaire et toutes les formes de malnutrition.

En 2022, les chiffres de la faim étaient soit disant relativement stables mais la situation de la faim a montré des tendances opposées dans différentes régions du monde. L’Asie et l’Amérique latine ont vu une diminution de la faim, tandis qu’en Asie de l’Ouest, dans les Caraïbes et dans toutes les sous-régions d’Afrique, la faim a continué de progresser. L’Afrique est la région la plus affectée, où un cinquième de la population souffre de la faim.

En 2022, la faim avait touché 402 millions de personnes en Asie, 282 millions de personnes en Afrique et 43 millions de personnes en Amérique latine et dans les Caraïbes.

En France, cinq à sept millions de personnes ont eu recours à l’aide alimentaire en 2020, c’est près de 10% de la population Française selon le rapport « Etat de la pauvreté en France 2021 » du Secours Catholique. Du jamais-vu en période de paix en France. La crise sanitaire de coronavirus a rendu encore plus vulnérable les familles déjà fragiles, notamment les familles monoparentales.

Les demandeurs d’Asile sont également fortement touché. A Paris, on estime que 50% des demandeurs dépendent exclusivement de l’aide alimentaire et 33% d’entre eux sont en situation de faim sévère selon notre rapport conjoint avec plusieurs autres associations « Les oubliés du droit d’asile« . En 2022, les chocs économiques ont dépassé les conflits en tant que principal facteur d’insécurité alimentaire aiguë en termes de nombre de pays/territoires touchés. Cependant, les guerres demeurent le principal facteur pour un plus grand nombre de personnes.

 En 2022 encore, les guerres ont été la principale cause de la faim pour 117 millions de personnes réparties dans 19 pays². La plupart de ces pays sont en conflit ou souffrent encore des conséquences d’un conflit passé.

En 2022, la famine a touché sept pays en situation de conflit prolongé ou d’insécurité² : la Somalie, l’AfghanistanHaïti, le Burkina Faso, le Soudan du Sud, le Nigéria et le Yémen. Ces zones sont en conflit et les populations vivaient déjà une situation alimentaire difficile avant le début de la crise sanitaire. Ces zones sont souvent difficiles d’accès pour les assocs de l’humanitaire à cause des contraintes administratives et sécuritaires, ou encore avec le chantage de l'odieux nationalisme comme celui du Maroc.

LA FAIM COMME ARME DE GUERRE

Aujourd’hui, dans de nombreux pays la faim est utilisée comme une arme de guerre. Affamer les populations, empoisonner des puits, brûler des champs, ces pratiques sont aujourd’hui des tactiques très utilisées pour asservir les populations.

La guerre en Ukraine, qui implique deux des plus grands producteurs mondiaux de céréales de base, d’oléagineux et d’engrais, perturbe les chaînes d’approvisionnement internationales et fait grimper les prix des céréales, des engrais, de l’énergie, ainsi que des aliments thérapeutiques prêts à l’emploi destinés aux enfants souffrant de malnutrition grave. Cette situation survient alors que les chaînes d’approvisionnement subissent déjà les effets néfastes d’événements climatiques extrêmes de plus en plus fréquents, en particulier dans les pays à faible revenu, entraînant des conséquences potentiellement inquiétantes pour la sécurité alimentaire et la nutrition dans le monde.


FIN DU TIERS MONDE et relégation d'une partie de l'humanité en « quart monde » ?

Les économies du Tiers Monde ne sont plus des économies sous- développées en soi, mais des économies capitalistes périphériques. Certes, tous les pays du tiers monde, et notamment l'Afrique sub-saharienne, ne font pas encore preuve d'une grande aptitude à l'industrialisation. Mais ce n'est pas le cas de centaines de millions d'hommes d'Amérique latine et du Sud-Est asiatique : leur participation au développement industriel est freinée non par leur incapacité à croître davantage, mais par la réticence des principaux impérialismes à laisser jouer pleinement la concurrence.

On se souvient de ces journalistes, économistes mais aussi politologues, principalement nord-américains et européens, qui vantèrent vanter les expériences des pays asiatiques en voie d’industrialisation rapide comme modèles d’économies nouvellement insérées dans le marché mondial grâce à leur libéralisme et à leur ouverture sans entrave au commerce international et aux investissements étrangers. Les vagues successives d’industrialisation rapide en Asie orientale à partir des années 1960-70 ont fait voler en éclat la dichotomie Nord-Sud et la notion même de "Tiers Monde". Après celle du Japon, l’expérience des quatre dragons (Corée du Sud, Hong Kong, Singapour, Taïwan), jugée encore trop isolée et spécifique, s’est ensuite étendue à d’autres pays de la région (Indonésie, Malaisie, Thaïlande, plus faiblement aux Philippines) avant de s’élargir à la Chine, au Vietnam et plus récemment à l’Inde, c’est-à-dire, pour la première fois dans l’histoire, à la majorité - en poids démographique - de la population du Sud (Godement, 1993 ; Radelet, 1997).

Les dérives des "miracles asiatiques" révélées par la crise financière asiatique de 1997-98. Cette crise a mis en cause les capacités réelles de rattrapage total des États-développeurs, et a mis à l’épreuve leurs aptitudes éventuelles à se redéployer vers des modes plus soutenables d’inquiétude à l’égard de la croissance de la Chine, et dans une moindre mesure de l’Inde, phénomène de développement qui enterre définitivement la notion de Tiers Monde, et semble fortement lié - surtout dans le cas de la Chine - à une insertion rapide dans la mondialisation des marchés, via non pas à un nouveau libéralisme mais au rôle prédominant de l'Etat1. L'Etat capitaliste de la décadence n'est pas simplement l'agent qui gère les projets économiques de la bourgeoisie mondiale (divers petits Etats appendices des impérialismes dominants) ou qui gère des firmes multinationales. Dans un certain nombre de cas, l'Etat apparaît comme une force capable d'orienter les choix économiques et sociétaux, dans certains pays secondaires comme l'Algérie ou l'Egypte.

En 2005, c'est Marcel, encore membre du CCI, qui dévoile la mystification des dragons sensés donner un coup de jeune au capitalisme :

« Le capitalisme a achevé son rôle progressif notamment au travers de la fin du développement d'une des principales forces productives : la force de travail. La petite poussée d'industrialisation qu'a connu le « tiers-monde » au cours d'une période à cheval entre les années 1960-70, vigoureuse en terme de taux de croissance n'a en rien infléchi les grandes évolutions rappelées ci-dessus. Elle fut limitée dans le temps et l'es­pace, dépendante et fonction du mode d'ac­cumulation dans les pays dévelop­pés, et fi­nalement très coûteuse et per­nicieuse pour le « tiers-monde ». Mis à part quelques ex­ceptions, localisées pour l'essentiel dans le Sud-est asiatique, tous les essais de consti­tution d'une véritable assise industrielle per­formante ont échoué. Et pour cause, les puissances industrielles en place ne pou­vaient permettre la généralisation d'un pôle concurrent. (

  Seuls les impératifs de la guerre froide ont poussé les Etats-Unis à soutenir la Corée du Sud à bout de bras. Contrairement aux stupides asser­tions sur le formidable auto-développement du Sud-est asiatique, la croissance des qua­tre « dragons » est le pur produit d'une vo­lonté américaine dans le contexte exacer­bé de la guerre froide. Il n'y a guère de doute que sans l'aide massive apportée par les Etats-Unis dès le début et pendant de lon­gues années, ces pays, et particulière­ment la Corée du Sud et Taiwan, n'auraient pas pu survivre en tant qu'Etats nationaux :

Mais les Etats-Unis ne se sont pas bornés à fournir aide et soutien militaires, aide fi­nancière et assistance technique ; ils ont en fait pris en charge dans les différents pays toute la direction de l'Etat et de l'économie. En l'absence de véritables bourgeoisies na­tionales, le seul corps social pouvant pren­dre la tête de l'entreprise de modernisation voulue par les Etats-Unis était représenté par les armées. Un capitalisme d'Etat par­ti­culièrement efficace sera instauré dans cha­cun de ces pays. La croissance économique sera aiguillonnée par un système qui alliera étroitement le secteur public et privé, par une centralisation quasi militaire mais avec la sanction du marché. Contrairement à la variante est-européenne de capitalisme d'Etat qui engendrera des caricatures de dé­rives bureaucratiques, ces pays ont allié la centralisation et la puis­sance étatique avec la sanction de la loi de la valeur. De nom­breuses politiques inter­ventionnistes ont été mises en place : la formation de conglomé­rats industriels, le vote de lois de protection du marché intérieur, le contrôle commercial aux fron­tières, la mise en place d'une pla­nification tantôt impérative, tantôt incita­tive, une ges­tion étatique de l'attribution des crédits, une orientation des capitaux et ressources des différents pays vers les sec­teurs porteurs, l'octroi de licences exclusi­ves, de monopoles de gestion, etc. Ainsi en Corée du Sud, c'est grâce à la relation uni­que tissée avec les « chaebols » (équivalents des « zaibatsus » japonais), grands conglo­mérats industriels souvent fondés à l'initia­tive ou avec l'aide de l'Etat ([5]), que les pou­voirs publics sud-coréens ont orienté le dé­veloppement économique. A Taiwan, les entreprises pub­liques fournissaient 80 % de la production industrielle dans les années 1950... Voilà un taux qui n'a rien à envier aux ex-pays de l'Est ! Après une baisse dans les années 1960 cette proportion augmente à nouveau dans les années 1970 quand l'Etat prend en charge le programme d'édification d'industries lourdes.

Loin des grands poncifs de la propagande bourgeoise sur le dynamisme du capitalisme et sur « la possibilité pour de nouveaux ar­rivants sur le marché mondial de s'indus­trialiser et rivaliser avec les an­ciens », le développement du Sud-est asia­tique ne pro­cède d'aucun mystère. Le Japon et les quatre « dragons » étaient désignés par les Etats-Unis pour revitaliser l'Asie ori­entale et faire barrage contre les « ennemis » chinois et soviétique. Ces Etats militaires ou à parti unique ont joui dans l'après-seconde guerre mondiale d'un espace de respiration dont bien peu d'autres ont pu bénéficier. Cette « parenthèse développementiste » dans l'es­pace et dans le temps confirme au con­traire la thèse que toute la décadence du mode de production capitaliste est déter­minée par les conflits inter-impérialistes, par une lutte économique à mort sur un mar­ché mondial sursaturé et donc par le poids surdétermi­nant du militarisme et de l'économie de guerre.

 Il y a quelques an­nées, c'étaient les miracles allemand et ja­ponais ; ensuite, après l'effondrement du bloc de l'Est, ce fut les promesses de « lendemains qui chantent » grâce à l'ouver­ture de « nouveaux marchés » ; au­jourd'hui se sont les « dragons » qui sont à l'honneur. Mais les récentes et futures dif­ficultés dans la région montrent et mon­treront à la classe ouvrière que les petits empereurs sont éga­lement nus, déchirant un peu plus le voile que tend la bourgeoisie pour masquer la faillite du mode de produc­tion capitaliste ».

UN PROBLEME COMPLEXE ET INSOLUBLE DANS LE CAPITALISME ACTUEL

Les pleurnicheries humanitaires servent à faire croire une solution possible aux mouvements migratoires décuplés pour toutes les raisons listées ici. En réalité il s'agit d'une course de vitesse dans une tension permanente qui, du point de vue capitaliste, ne peut être réglée que par une nouvelle boucherie mondiale des populations. En attendant on propose aux millions de migrants de jouer au loto qui comme chacun sait, permet de gagner...à une infime minorité de « chanceux ».

Il faut dire enfin en conclusion que l'intégration (sociale, politique et culturelle) de telles foules est impossible quoi qu'en disent les curés gauchistes, ces menteurs ! Tout en souhaitant que certains « s'en sortent » il faut surtout dénoncer la promesse fausse des bourgeois de prétendre à terme résoudre le problème, de l'endiguer ou de l'interrompre. PARCE QUE LE CAPITALISME EST IMPUISSANT A RESOUDRE SES PROPRES CONTRADICTIONS ! Il veut surtout culpabiliser le prolétariat des pays avantagés de son système, quoique les prolétaires là aussi soient à leur tour menacés par cette maladie du Moyen âge qu'on croyait disparue : la faim.

Il faut surtout proclamer et s'efforcer de le démontrer que SEULE UNE REORGANISATION TOTALE DE LA SOCIETE MONDIALE sera la solution : stopper les flux de populations affamées, leur donner les moyens de revivre sur place, après avoir fait cesser les guerres par une révolution à vocation internationale, repenser les politiques agricoles, permettre aux produits du tiers et du quart monde d'être échangés au prix leur valeur réelle, donner une occupation aux millions de jeunes inoccupés et désemparés, enfin repenser les besoins de la période de transition comme l'a écrit fort justement Marcel de Controverses !

Même si vous pensez que c'est encore de l'utopie, VIVE L'UTOPIE !

1« Le rôle de l'Etat a été décisif au moment du déclenchement de l'accumulation interne du capital. Dans d'autres pays, possédant déjà une tradition industrielle, l'intervention étatique toujours présente a été cruciale lors de l'entrée en crise de l'économie nationale, en particulier lorsque le modèle d'import- substitution a épuisé ses effets. Dans le cas de l'Espagne au début des années soixante, ou du Brésil autour des années soixante-dix, il est incontestable que l'Etat a permis le déblocage économique par un changement radical dans sa stratégie économique : libéralisation de l'économie, réforme du commerce et des paiements extérieurs, orientation massive et volontariste des investissements au profit des secteurs essentiels (énergie, transport, grandes unités pétro-chimiques, sidérurgiques et de l'électromécanique...), réorganisation des industries de biens de consommation pour favoriser leurs exportations ». Par ailleurs notre ami Marcel explique bien le rôle central de l'Etat, surtout l'américain, dans le rafistolage de l'économie mondiale en permanente perdition, ci-après.

 

EN FINIR AVEC LES FAUSSES CAUSES DES IMMIGRATIONS MASSIVES

 


ET POSER LA SEULE QUESTION VALABLE : Comment réorganiser un monde morcelé et détruit progressivement par le capitalisme ?


PREMIERE PARTIE

L’Europe est-elle en train de connaître la plus grande vague migratoire de son Histoire récente ?  Se demandent les médias. Ces jours-ci New York comme l'île de Lampedusa sonnent l'alerte. L'Allemagne ne veut plus de migrants transitant par l'Italie. La Suède paye les pots cassés d'une ouverture laxiste. En France invoquer une invasion des pays du Sud ne relève que de l'ordure de l'extrême droite. Il faut accueillir toute la misère des pays oubliés par la sardonique « aide au développement » de 1945 au milieu du repartage impérialiste du monde.

Cet article se propose d'en finir avec les jérémiades sur l'insuffisance d'aide aux migrants de plus en plus nombreux et désespérés qui croient à la possibilité d'échapper à la barbarie dans leur pays ou à une pauvreté sans fin. Le problème, fondamental, est écarté par la propagande massive de la bourgeoisie et de ses gauchistes : peut-on résoudre ce scandale par des mesures de charité chrétienne avec l'agitation des diverses mafias secouristes qui en font leur gagne-pain ou poser la question de la réorganisation du monde par des mesures vraiment communistes, après une révolution internationale mettant fin à un mode de production bordélique, inhumain réduisant des masses de population à la mendicité et à la mort ?

La bien-pensance industrielle et gauchiste agit comme des pompiers irresponsables qui, face à une inondation, veulent ouvrir des vannes d'eau supplémentaires, ou, lors d'une catastrophe naturelle crient aux gens de fuir dans tous les sens. Face à un monde capitaliste « qui fuit » de toutes parts, on tente de nous faire avaler des causalités plus ou moins fantaisistes, tel le réchauffement climatique, ou les guerres comme phénomènes lointains et étrangers au capitalisme, une natalité africaine exponentielle (ce qui est en partie vrai), l'exode rural, etc.

DU DEVELOPPEMENT INEGAL DU CAPITALISME...du XX ème au XXI ème siècle

Pourtant les causes sont bien les économies du capitalisme: 84% de l`économie mondiale est détenue par les G20 et les 16% sont réparties dans le 175 autres pays restant du monde. Malgré des progrès économiques réalisés dans toutes les régions du monde en 2016, les pays de l`Afrique Sud- saharienne et de l`Asie du Sud demeurent sous le seuil de la pauvreté. Mais ces causes économiques relevant du mode de production capitaliste injuste et inégalitaire sont atténuées et masquées par d'autres causes « naturelles ou « éducationnelles », enfin surtout par des considérations wokistes dominantes excluant toute compréhension marxiste, chapelet (très religieux et apolitique » : « Les causes politiques de l'explosion migratoire portent sur le manque de démocratie participative et d`inclusion des migrants aux processus de développement du pays d`accueil, le manque de volonté politique pour l`autonomisation des gouvernements locaux, les persécutions et l`absence d`institutions spécialisées pour lutter contre le racisme, la xénophobie et toutes les formes d`intolérance et protéger les migrants et les victimes de trafic » (wiki).

Cette misère ne serait due bien évidemment qu'aux dictatures : « Au forum de haut niveau de 2016, les chefs d`Etat et de Gouvernement ont confirmé dans leur déclaration du 19 Septembre que le nombre de migrants dépasse 244 millions en 2015. Les conséquences. Héritiers du capitalisme, beaucoup de gouvernements des pays en développement s`enrichissent au détriment des pauvres populations. La dictature, l`absence de la démocratie, la pauvreté, le chômage et la malnutrition deviennent le vécu quotidien des populations. Les conflits, les guerres, les soulèvements populaires, les coups d`Etat, le terrorisme, les conséquences du changement climatique, le manque du civisme, l`intolérance, le racisme, la xénophobie, l`esclavage moderne : le trafic humain et commercial, le mariage forcé, le travail des enfants, l`esclavage sous contrat etc en sont ses manifestations. C`est au regard de toutes ces formes d`aliénation et de privation de liberté de l`individu que les Nations Unies se sont retrouvées il y a de cela quelques décennies en Assemblée générale pour se pencher sur les droits de l`homme. Ce fut la déclaration universelle des droits de l`homme en 1948, suivi des conventions relatives au statut des réfugiés en 1951 et son protocole en 1967, aux droits de tous les travailleurs migrants et les membres de leur famille (1990) et la convention sur toutes les formes de discrimination raciale en 1965 ».

LES OBJECTIFS DE « DEVELOPPEMENT DURABLE » sont une pure vision de l'esprit charitable :

« La déclaration politique des chefs d`Etat et de Gouvernement à New York le 22 Septembre 2011 en faveur de la lutte contre l`exclusion, le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et toutes les formes contemporaines d`esclavage est restée lettre morte dans plusieurs pays. La non domestication de ces conventions et ces déclarations des Nations Unies fait que la migration intracontinentale, extracontinentale et l`exode rurale sont devenues aujourd`hui pour les jeunes un moyen de se sauver de la pauvreté. Ainsi, des villages se vident de leur jeunes, en faveur des villes dont la statistique devient de plus en plus lourdes engendrant d`autres problèmes de survie et d`infrastructures socio-économiques et des conséquences imprévisibles pour les nations. La migration intracontinentale est aussi accentuée dans le monde et particulièrement en Afrique. On peut dénombrer plus de 1000000 de Togolais au Nigéria et plus de 15000 Nigérian, sans compter les autres nationalités, au Togo. Le même phénomène est observé partout dans les pays du monde. Selon le rapport 2016 de l`UNICEF, Les enfants migrants représentent une forte proportion de tous les enfants d’Océanie. Six enfants de la région sur 100 sont des migrants. Les 670 000 enfants migrants vivant en Océanie représentent 2 % de tous les enfants migrants du monde. Les enfants représentent une proportion relativement faible de la population migrante en Océanie, constituant à peine 8 % du total. Entre 1990 et 2015, le nombre total d’enfants migrants en Océanie est passé de 430 000 à 670 000, mais la migration en général a augmenté plus rapidement, ce qui signifie que la proportion d’enfants par rapport à la population migrante est plus faible qu’il y a 25 ans. À peine plus de 48 000 réfugiés vivent en Océanie. Malgré l’absence de données ventilées sur le nombre d’enfants réfugiés en Océanie, ceux qui y cherchent asile courent de graves dangers dans leur quête de rives plus sûres, selon des rapports récents. Environ la moitié des réfugiés africains sont des enfants, soit près de 3 millions d’enfants qui ont été forcés de quitter leur pays et sont confrontés aux réalités les plus dures. L’Afrique a l’un des taux de migration d’enfants les plus faibles, car à peine un enfant africain sur 90 vit hors de son pays de naissance. Un migrant sur dix en Amérique est un enfant, mais cette moyenne masque deux réalités distinctes : les enfants constituent une proportion relativement faible des migrants vivant en Amérique du Nord, en Amérique du Sud et dans les Antilles (8 %, 15% et 15 %, respectivement), et les enfants représentent 43 % de tous les migrants vivant en Amérique. En raison de son poids démographique, l’Asie compte le plus grand nombre absolu d’enfants migrants dans le monde. Cependant, la proportion d’enfants asiatiques qui migrent est relativement modeste : seul un enfant asiatique sur 110 vit hors de son pays de naissance. Les 5,4 millions d’enfants migrants en Europe ne représentent que 7 % de tous les migrants dans la région. C’est la proportion la plus faible d’enfants par rapport à la population migrante totale de toutes les régions. Environ un enfant migrant sur six vit en Europe. La migration extracontinentale devient plus récurrente vers l`Europe, vers l`Asie, vers l’Australie et vers l`Amérique. Des conséquences regrettables découlent de ces migrations internationales surtout vers la cote de l`Espagne et de l`Italie en Europe, avec des milliers de perte de vie humaine, en passant par le Maroc et la cote Libyenne avec de nouvelles formes d`esclavage. Des réfugiés se multiplient dans le monde avec une assistance humanitaire qui devient plus complexe pour les pays d`accueil, de transit ou d`origine et pour la communauté internationale. Les remèdes Pour résoudre les problèmes migratoires forcés et massif il faut adopter des mesures appropriées. C`est dans ce cadre que les Objectifs du Développement Durable (ODD) sont adoptés par les leaders mondiaux en 2015. Ces ODD disent que « personne ne sera laissé pour compte ». Le 1er objectif est la lutte contre la pauvreté sous toutes ses formes et partout. Le 2 ème est de mettre fin à la faim partout. En 2016, les rapports volontaires nationaux sur les ODD, présentés par 22 pays à l`ONU à New York, montre que 2 pays sur les 22 (la Finlande et l`Uganda) ont bien compris les ODD et les processus de leur implémentation. En 2017, sur 43 rapports volontaires nationaux, 10 sont déclarés « ouverts », 12 « semi-ouverts » et les 21 autres déclarés « obstrués » Le Secrétaire Général de l`ONU Mr Antonio Guterres a relevé, dans le rapport d`ODD 2017, des lacunes comme : la lenteur dans la mise en œuvre des ODD, le manque de volonté politique des pays et le problème de financement. L`implémentation holistique des ODD à tous les niveaux, du local au global, est un atout considérable pour limiter les flux migratoires massifs dans le monde. La coopération Gouvernements-société civile s`impose pour contrôler la migration internationale et limiter la criminalité transfrontalière, démasquer les criminels, lutter contre le trafic humain et celui commercial et assister les victimes de trafic et les migrants vulnérables. Il s`agit de créer des opportunités d`emploi aux jeunes, sans discrimination, lutter contre la discrimination liée au genre, au statut migratoire, promouvoir la paix, une société inclusive, promouvoir l`accès à la justice pour tous avec la création d`Institutions à tous les niveaux, promouvoir une politique de répartition égalitaire des ressources et promouvoir des programmes d`assistance aux migrants vulnérables avec une révolution des données et de leurs identités. Le partenariat mondial doit viser la lutte contre la pauvreté sous toutes ses formes et partout, éliminer la faim et la malnutrition, prévenir des catastrophes naturels, réduire les inégalités à l`intérieur des nations et entre les nations et combattre le changement climatique. Le Plan Marshall et le Compact with Africa de l`Allemagne et l`Union Européenne peuvent résoudre durablement le problème migratoire avec le développement de programmes d`inclusion, de protection et d`assistance aux groupes vulnérables et des migrants. De plus, les Investissements dans les infrastructures porteurs d`emplois décents peuvent bloquer les migrations internationales. Il faut alors que les gouvernements prennent leur responsabilité pour accélérer l`implémentation et la concrétisation des ODD dans les communautés locales avec une éducation de jeunes sur les ODD, la lutte contre le racisme et la xénophobie et la domestication des conventions internationales.

L'hypocrisie des gestionnaires du capitalisme décadent et en décomposition, n'a pas de limites !

Ce n'est pas enfin de crise migratoire dont on nous rebat les oreilles mais de la désorganisation et impuissance des gestionnaires capitalistes, comme le démontre Stephen Smith :

« Pression démographique et lutte des générations

Stephen Smith analyse tout d’abord, d’un point de vue historique – de la « rencontre coloniale » (traites et colonisation) aux indépendances –, ce qu’il considère comme l’exception démographique africaine. En effet, alors que l’Europe est confrontée au vieillissement global de sa population, celle de l’Afrique a quadruplé depuis 1960. Smith estime donc qu’en 2100, 40 % de la population mondiale sera africaine. Face à cette situation démographique et aux divers problèmes sociaux qui y sont associés (surpopulation, urbanisation sauvage, exode rurale, risques sanitaires), le « modèle chinois » reposant sur la révolution verte et la politique de l’enfant unique pourrait s’appliquer dans le but de réduire la « pression démographique ». Cependant, Stephen Smith craint que les dirigeants des pays africains aient d’ores et déjà failli dans la régulation de la forte densité et la prévention de ses risques.

Le spécialiste de l’Afrique présente ensuite l’hypothèse selon laquelle l’instabilité chronique que connaissent plusieurs pays du continent s’expliquerait par le décalage entre les espérances pour l’avenir des jeunes africains et les perspectives réellement proposées. Ces derniers ont en fait le sentiment d’être condamnés à n’être que des « cadets » demeurant de plus en plus tardivement sous la dépendance des « aînés ». Le fossé entre les générations grandit   . La fracture qui s’opère met en péril la division sociale du travail et rend alors difficile voire insoluble l’autosuffisance alimentaire (diminution ou absence d’exploitation et de productivité)   . D’autres jeunes, dans l’espoir de voir leur condition de vie s’améliorer, se décident à quitter ce « pays imaginaire » qui leur a tout de même permis de projeter leurs désirs et d’alimenter leurs rêves, pour un autre monde bien réel.

Continent en crise et flux migratoires

Stephen Smith reconnaît que la société africaine est en crise. Cette situation, même si Smith explique que la « ruée collective vers la porte n’est pas forcément la solution »   , peut expliquer la fuite des jeunes africains vers l’Europe. Pour autant, l’auteur s’attache à (re)contextualiser la situation économique « sous-développée » de l’Afrique et sa position sur l’échiquier mondial. Il souhaite déconstruire une vision « sur-fantasmée » de ce continent et de ses habitants, fondée sur des stéréotypes datant du passé colonial. L’Afrique « n’est pas "arriérée", elle est ailleurs »   . Pour ce faire, l’auteur tente de vulgariser son propos. Il multiplie les références filmographiques « grand public » - Out of Africa (1985) et White material (2010) - et les clins d’œil humoristiques. Ainsi, pour résumer, il explique que « structurellement, le portrait de l’Afrique se dessine en cinquante nuances de gris »   .

Dans les deux dernières parties de sa démonstration – « Un départ en cascade » et « L’Europe, entre destination et destin » – Stephen Smith aborde les différents types de flux migratoires en particulier d’un pays du Sud vers un pays du Nord. Il décrit la trajectoire des migrants en s’attardant sur « l’épreuve » qu’elle représente en termes de sacrifices, d’investissements ou de dangers et sur la manière dont ces derniers sont perçus et traités par leurs « hôtes ». À travers cette analyse, l’auteur démontre que le choix de la destination ne se fait plus de manière automatique, en lien avec l’instauration des diasporas ou l’histoire coloniale du pays d’origine des migrants. Il repose désormais davantage sur une logique d’opportunités. Dans ce contexte, Stephen Smith invite le lecteur à s’interroger sur la pertinence de l’utilisation des notions d’État, de frontière ou encore de nationalité.

Dans la conclusion, Stephen Smith élabore cinq « scénarios d’avenir » de la situation dont il évalue la probabilité et les conséquences. Dans le premier scénario qu’il nomme « l’Eurafrique », le modèle social ne consisterait plus à réduire et empêcher en permanence les flux migratoires mais à les prendre en compte dans une gestion politique rationnelle. À l’inverse, dans le second scénario, « l’Europe forteresse » les frontières seraient fermées et les flux migratoires extrêmement contrôlés notamment par des modalités de droit d’asile strictes. Dans le troisième scénario envisagé par Smith, « La dérive mafieuse », les flux migratoires, comme au temps des traites, feraient l’objet de trafics sous le contrôle de passeurs. Dans le quatrième scénario, un « retour au protectorat » qui permettrait de « couper le mal à sa source » est envisagé. Une coopération entre les dirigeants européens et africains moyennant contrepartie financière permettrait d’endiguer l’afflux de migrants. Le dernier scénario consisterait à mélanger savamment les quatre autres précédemment évoqués pour mener ce qu’appelle l’auteur une « politique de bric et de broc ».

Stephen Smith traite dans cet ouvrage, avec audace et de manière frontale, un phénomène qualifié hâtivement par les mass medias et les commentateurs politiques de « crise » des migrants ou des réfugiés. Avec la multiplication de faits divers, la Méditerranée est devenue « la focale médiatique d’un "jeu de guerre" […] entre migrants, trafiquants, la police des frontières et des humanitaires sans frontières »   . L’auteur, déplorant une instrumentalisation de la situation à des fins politiques plutôt que la mise en place d’une action européenne d’envergure, a souhaité nous éclairer sur un sujet complexe. En déconstruisant de nombreuses idées reçues, Stephen Smith permet aux lecteurs de mieux saisir l’un des enjeux sociétaux majeurs de ce siècle.

Dans notre deuxième partie, on examinera comment cette explosion migratoire n'est d'abord que l'aboutissement de la prétendue époque de « reconstruction » suivant la deuxième boucherie mondiale, suivie par la fable de la fin du tiers monde avec les pays émergents, en vue de la seule solution possible pour le capitalisme mondialisé et de plus en plus...militarisé pour éliminer les surplus de population : un nouveau massacre mondial !


Il faudra débuter par la fable de « l'aide au développement » :

« L'aide au développement trouve son origine dans le discours sur l'état de l'Union du président des États-Unis Harry Truman le 20 janvier 1949 :

Nous devons nous lancer dans un nouveau programme de construction pour mettre les bénéfices de nos avancées scientifiques et de nos progrès industriels au service de l'amélioration et de la croissance des régions sous-développées.

Plus de la moitié des habitants de la planète vivent dans des conditions proches de la misère. Leur nourriture est insuffisante. Ils sont victimes de maladies. Leur vie économique est primitive et stagnante. Leur pauvreté est un handicap et une menace tant pour eux que pour les régions plus prospères.

Pour la première fois dans l'histoire, l'humanité possède les connaissances et les compétences nécessaires pour soulager la souffrance de ces personnes.

Les États-Unis sont prééminents parmi les nations dans le développement des techniques industrielles et scientifiques. Les ressources matérielles que nous pouvons nous permettre d'utiliser pour aider d'autres peuples sont limitées. Mais nos ressources impondérables en connaissances techniques sont en constante augmentation et sont inépuisables.

Je crois que nous devrions mettre à la disposition des peuples épris de paix les avantages de notre réserve de connaissances techniques afin de les aider à réaliser leurs aspirations à une vie meilleure. Et, en coopération avec d'autres nations, nous devrions encourager les investissements de capitaux dans les domaines nécessitant un développement.

Notre but devrait être d'aider les peuples libres du monde, par leurs propres efforts, à produire plus de nourriture, plus de vêtements, plus de matériaux pour le logement et plus de puissance mécanique pour alléger leurs fardeaux1.

 

L'aide au développement était aussi, dans l'esprit de l'administration Truman, et dans le contexte du début de la Guerre froide, un moyen de lutter contre l'influence du communisme. Un rapport du PNUD paru en 1994 souligne que « de fait, l’aide versée par les États-Unis pendant les années 1980 est inversement proportionnelle au respect des droits de l’homme. Les donateurs multilatéraux ne semblent pas non plus encombrés de telles considérations. Ils semblent en effet préférer les régimes autoritaires, considérant sans ciller que ces régimes favorisent la stabilité politique et sont mieux à même de gérer l’économie. Lorsque le Bangladesh et les Philippines ont mis fin à la loi martiale, leur part respective dans l’ensemble des prêts de la Banque mondiale a diminué ».


à suivre vraiment...