PAGES PROLETARIENNES

mardi 6 juin 2023

FIN DU MATCH.... du réformisme utopique syndical

 « la liberté des bourgeois c'est la confusion» Georges Bataille.

« Cette victoire est précieuse pour l’avenir. Parce que nous savons que les attaques vont encore s’accroître ». CCI

 

Cinq mois et 14 promenades syndicales inutiles sauf à entendre des pétards de carnaval. Voir autant de manifestants se plier aux programmations intercalées et filandreuses des généraux syndicaux. Etre sidérés avec cet épilogue minable du triomphalisme des mafias syndicales. Suivies par les sectes gauchistes et « révolution internationale »

Entretenir la confusion est devenu une arme de communication. Pendant cette longue, trop longue fin de feuilleton de la réforme des retraites, la gauche a agité les mêmes gimmicks menaçant le gouvernement d'un grand chambardement qui n'est jamais venu, qui ne pouvait advenir tant la poudre était mouillée depuis le début. La confusion sur une possible voire inévitable victoire du « camp des travailleurs a été délibérément entretenue par la gauche contestataire et creuse de la bande à Mélenchon, et les ballons gonflés des bandes syndicales en costume fluoré.

Dans ce bordel dit unitaire le plus frappant a été le mensonge quant à la défense de la démocratie...des élites des partis et des syndicats. En passant sur le corps des millions de prolétaires indignés à l'idée de se faire exploiter deux années de plus, on batailla pour que le parle-ment soit vraiment une instance « représentative » du « peuple » et des syndicat « enfin écoutés », c'est à dire pour du vent. Aux balades syndicales toujours plus moutonnières répondaient les milliers d'amendements ridicules d'une gauche plus bobo que caviar, plus spécialisée dans une fonction de victime d'un « manque de démocratie » que vraiment menaçante pour le pouvoir d'Etat.

L’effet de la confusion est de renvoyer dos à dos aux yeux de l’opinion tous les acteurs du jeu parlementaire. D’autant qu’on n’assiste pas ici à un débat de fond sur deux visions distinctes du financement des retraites, mais à une bataille de procédure à coups d’articles de la Constitution et du règlement de l’Assemblée. L’alliance Nupes-Liot fait le pari que le rejet très majoritaire de la réforme Borne-Dussopt conduira à un rejet parlementaire ultime le 8 juin, mais avec un spectacle qui, globalement, ne revalorise pas vraiment l’image du Parlement. Et ce n’est pas le moindre des paradoxes de voir les défenseurs les plus ostensibles du parlementarisme favoriser l’incompréhension sinon le dégoût des pratiques parlementaires. Bien que Binette et Bergerette n'aient pas cessé de défendre leurs amitiés sincères au parle-ment1, concernant non la démocratie ouvrière mais la démocratie...bourgeoise !

C'est une fiction comique, malgré l'échec du mouvement social contre la réforme des retraites, les syndicats estiment s'en sortir grandis - si ce n'est gagnants - de ces cinq mois de contestation. Adhésions en hausse, image positive dans l'opinion... Les mafias sociales soulignent régulièrement leurs gains engrangés depuis janvier, estimant par ailleurs être parvenues à peser comme exécutants face à l'exécutif. «Nous avons gagné la bataille de l'opinion», martèle, bravache mais peu crédible, la pimpante nouvelle cadre cheffe de la CGT, Sophie Binet.

Le 4 juin, sur son site, le CCI conclut sur cette « victoire »2 : « Ce mouvement est une promesse pour l’avenir. Il est le signe que nous, la classe ouvrière, nous avons commencé à redresser la tête. À nouveau, nous nous serrons les coudes dans la lutte. Durant des décennies, nous avons subi les attaques incessantes des gouvernements successifs, de droite comme de gauche. Mais dorénavant, nous refusons cette dégradation continue de nos conditions de vie et de travail. Voilà ce que montre la massivité de notre mouvement ».

Pas une seule critique sur l'essentiel, l'organisation méthodique de la défaite par les mafias syndicales ! Vantardise de la massivité, autrement dit du nombre, qui a toujours servi d'argumentaire aux pires démagogues3. Or le nombre en l'espèce a été complètement domestiqué depuis le début par les mafias syndicales. Il n'y a eu aucune conscience d'une identité de classe mais domination de l'idéologie du « peuple en colère », du malaise d'une société en crise. Enfin il n'y eût aucune remise en cause de la stratégie des promenades syndicales pépères nullement gênantes pour le gouvernement. La seule promesse qui demeure est d'attendre sur les autres sujets le renouvellement de la comédie d'union syndicale bâtarde.

Le CCI qui, au dire de certains de ses lecteurs, radotent les mêmes choses, veut même conduire Marx au tombeau en croyant pouvoir se servir de la fameuse citation sur « le triomphe éphémère des ouvriers en lutte » ; comme triomphe concernant l'attaque sur les retraites on fait vraiment mieux au 24 heures du Mans ! Et «l'union grandissante des prolétaires » est restée une fiction dans les cortèges hétéroclites des défilants toujours parqués dans leurs diverses corporations. Sans parler des AG inexistantes et du silence radio vide de toute initiative ouvrière entre les séquences d'attente de la rando syndicale suivante. La seule union grandissante c'est le bordel des luttes sociétales et petites bourgeoises prônées en dépit de tout bon sens par le NPA, pourtant affaibli par le départ des illuminés de « révolution permanente », les principaux agités du bonnet lors des défilés parisiens.

Pour se mentir à lui-même sur le doit disant « réveil international du prolétariat », on peut même se servir d'un petit mensonge, dérisoire tant il est ridicule : « Ce n’est pas un hasard si le slogan le plus populaire brandi sur les pancartes était : « Tu nous mets 64, on te re-Mai 68 ». Or que nenni, ils avaient repiqué une photo que j'avais prise de trois jeunes lycéennes avec leur petit affiche, assises sur un trottoir, et auxquelles personne ne prêtait attention. Les slogans « populaires » dominant exhibaient surtout la haine contre Macron, et exprimaient bien plutôt l'absence d'une réflexion de classe au niveau historique. Pour la majorité des bonzes syndicaux et leurs suivistes, Mai 68 c'était au 19 ème siècle !

Quand un mensonge a peu de poids on peut en ajouter un autre :« Contrairement à 2018, où les cheminots avaient fait grève seuls durant des semaines et jusqu’à épuisement, tandis que les autres secteurs étaient appelés à la « grève par procuration » et à la solidarité platonique, cette fois aucun secteur n’est resté isolé, aucun secteur ne sort abattu. Même les raffineurs qui ont pourtant été poussés, mois après mois, à se replier sur leur lieu de travail au nom du blocage de l’économie. Cette fois-ci, c’est bien la dynamique de la solidarité active dans la lutte qui l’a emporté. Le piège classique de la division et de l’isolement n’a pas fonctionné ».

VICTOIRE A LA PYRRHUS DE MANIFESTANTS TOURISTES SANS RISQUES

Aucun secteur n'est sorti isolé ? Aucun secteur ne sort battu ? Faut-il lire pour avaler ce nouveau mensonge digne de n'importe quelle secte gauchiste ? Les syndicats se targuent d'avoir gagné la bataille de l'opinion, mais perdu sur le fond. En catimini ces gugusses ont dupé à l'eau de rose la masse des travailleurs, et sans forcer, ont maintenu éparpillés tous les secteurs avec pour seul lieu de rencontre tous les dix ou quinze jours la rando pédestre entre les places urbaines, suivie d'une dispersion peu rebelle jusqu'à la programmation sportive suivante.. Des grèves ? Pratiquement pas. Les syndicats ont même inventé un moyen de s'en passer, avec un même argument utilisé par le CCI : la grève coûte cher et les temps sont durs ; or les temps étaient aussi durs jadis ,voire plus, mais la grève constituait un effort de classe qui ne laissait pas la porte ouverte à la manipulation syndicale pacifique avec ses solutions de balades bon enfant gratuites et pas du tout favorables à l'expression d'un lutte consciente de la gravité et des enjeux au niveau social et historique. Un historien du mouvement ouvrier a très décrit ce qui est hors de portée de la comprenette des sectes (révolues...) :

«Longtemps, cela a été d'abord la grève, puis la manifestation, qui venait d'abord renforcer la pratique gréviste. Aujourd'hui, c'est l'inverse : la manifestation devient l'outil privilégié, la grève ne venant qu'en soutien, pour permettre aux gens d'aller battre le pavé. Une évolution visant à «envoyer des messages aux institutions», par de puissantes journées d'action, et qui permet aussi d'emporter le soutien populaire, en évitant une grève pénalisant l'usager. Ce changement souligne aussi, en creux, les difficultés de salariés ne pouvant se permettre de faire grève, mais aussi la fragilisation des organisations, qui n'ont plus les moyens, sur le terrain, de mobiliser les travailleurs, y compris dans des secteurs pourtant traditionnellement fortement engagée, comme le ferroviaire. «Si vous regardez comment partent les grands mouvements sociaux comme 1936 ou 1968, ceux-ci démarrent toujours des lieux d'emploi où se joue, depuis quelques années, un travail de terrain des organisations syndicales ». (Stéphane Sirot)

Contrairement aux larges mouvements de 1995 dans certaines entreprises et dans la fonction publique, cette fois-ci, «les mouvements de grève ont été généralement très peu suivis, y compris dans des secteurs emblématiques», note le sociologue au Cevipof, pour qui la grève a été «inexistante» dans le privé.

VICTOIRE A LA PYRRHUS AUSSI POUR LES MAFIAS SYNDICALES et un retour en grâce provisoire

Les syndicats sont parvenus à mobiliser des millions de personnes, dans un climat « responsable et cadré », but qui était indispensable pour ces appareils de défense sociale de l'Etat, comme je l'ai souligné dans mes premiers articles.

«On a prouvé qu'on était capable d'organiser un mouvement social et de le faire monter», se réjouissait ainsi mi-février Patrick Privat, trésorier de FO, lors de la cinquième journée de mobilisation mi-février. Une capacité qui ne s'est pas démentie trois mois plus tard. Voici donc les centrales relégitimées, leur popularité rassérénée, une dynamique visible dans leurs adhésions en hausse : la CGT et la CFDT auraient ainsi enregistré 30.000 adhésions et prises de contact depuis le début de l'année. Cinq mois de carnaval syndical et mélenchoniste animés par une poignée de bébés wokistes de rue rodés et manipulés par la police sans uniforme à la casse pour aboutir à rien. Comme Chirac, Macron peut dire « ça m’en touche une sans faire bouger l’autre. »

Il y a toujours un effritement du taux de syndicalisation et un énorme taux d'abstention aux élections professionnelles. Sur les retraites les mafias syndicales ont toujours chanté les défaites. Depuis 1995, les syndicats n'ont jamais permis une victoire ouvrière sur la question des retraites. Ils ont mobilisé largement dans la rue, mais pour aboutir à un résultat analogue en 2010, 2006, 2003 et 1995. Or ce que sociologues et observateurs historiens ne pigent pas, est la vocation première de la gauche syndicale : toujours perdre en attendant une révolution utopique. Cultiver une absence de réelle réflexion politique en encourageant la haine contre les personnes du gouvernement, la détestation sans nuances de la police et bien sûr l'épouvantail du fascisme inexistant. C'est avec ces gimmiks idéologiques que les gauches bourgeoises « gouvernent » et « disciplinent » la classe ouvrière depuis des décennies ; n'en déplaise au CCI menteur par omission, nul réveil des prolétaires moutons contre les ficelles qui les entourent encore.

LA FABLE DE L'UNION SYNDICALE

Depuis la guerre, et même depuis 1936 en France, il n'est plus admissible de faire reposer la paix sociale sur un unique syndicat, non seulement pour saboter toute réelle union de classe dans les luttes, mais parce qu'un syndicat unique (comme la CGT d'antan) est une conception de type stalinienne, tout comme certains gérontocrates de l'ultra-gauche des EPHAD, imaginent un seul Conseil ouvrier central. Le mouvement ouvrier révolutionnaire comprendra toujours des diversités de tendances qui devront mûrir ensemble et s'allier pour les moments décisifs. L'unité de façade des bonzes syndicaux, nullement représentatifs des masses de prolétaires, était une condition indispensable pour berner les masses et les conduire à une défaite...regrettable mais si douce comme ces moments passés ensemble en agapes et à chanter lors du mariage de la fille du puisatier quoique assombri par un rapide divorce dans la violence.

L'intersyndicale a bâti sa capacité d'encadrement sur l'opposition au recul de l'âge légal à 64 ans, non sur le reste des revendications, ni sur les modalités d'action face au gouvernement. En jouant chacun sa partition, la CFDT bonne pomme, la CGT la méchante, FO plutôt trans, SUD en déraillant souvent, etc.

Un autre aspect de la manœuvre d'ensemble des appareils de la bourgeoisie, négligé, traité le plus souvent accessoirement? a été la séparation affirmée du syndicalisme et des partis politiques de la gauche en confettis bobos et wokistes4. Phénomène qui exprime le mieux la capacité de l'Etat à dépolitiser la question sociale, en même temps que le constat de la faiblesse de la gauche bourgeoise en miettes fémino-écolo-bobo, incapable pour longtemps d'incarner une alternative au pouvoir actuel par irresponsabilité totale et radicalité débile.

UNE PAGE TOURNEE...

J'annonçais il y a cinq mois que le mouvement de colère se conclurait par la division syndicale. Non pas vraiment. Le syndicalisme d'Etat sait varier langage et tactique Le gros du boulot ayant été accompli par épuisement lors de centaines de kilomètres pédestres, il ne restait plus qu'à tabler sur la confusion du long et pénible cinéma parlementaire et juridique et la lassitude des masses pour laisser notre Berger déclarer : « le match est en train de se terminer », quand les autres, sans l'insulter, hurlent : « "On ne va pas tourner la page": ardemment prêts prêts à continuer la « mobilisation » surtout celle qui sert à rien et à remonter le moral des encadreurs professionnels.

C'est une idée de gauche, surfer sur l'infinité de la confusion et la promesse des réformes du grand soir, qui se pointera jamais dans le cimetière des banderoles corporatives et au milieu des ballons syndicaux dégonflés.



NOTES


1« Pour Sophie Binet, c'est une question de "respect de la démocratie" et une décision contraire ferait "monter l'antiparlementarisme". "Ca va provoquer une grande colère. Après ça, la question sera à quoi sert le Parlement, à quoi servent les parlementaires?", redoute la leader cégétiste, pour qui "c'est la moindre des choses que les députés puissent s'exprimer sur un texte de cette ampleur ».

2Un mouvement riche de leçons pour les luttes futures (sic!)

3On la retrouve chez la secte trotskienne, mais plus critique Lutte ouvrière : « Quels que soient les calculs des dirigeants syndicaux, saisissons-nous de l’occasion et soyons nombreux à manifester et faire grève le 6 juin pour affirmer les intérêts de notre classe sociale. Montrons que nous nous fions à nos propres forces pour inverser le cours des choses ! « .Même si les dirigeants des confédérations syndicales ont choisi d’appeler à la grève la veille d’une énième péripétie parlementaire, il n’y a rien à attendre de tout ce cirque » (édito du 4 juin). LO est plus radical et critique de l'encadrement de la gauche bourgeoise que notre ultra-gauche gérontocrate, moins suiviste apparemment.

4« Non content de reléguer le monde politique en marge des journées d'action, les syndicats n'ont pas non plus hésité à s'en prendre frontalement à l'ensemble des partis et notamment à l'opposition de gauche, pourtant elle aussi opposée au recul de l'âge de départ. En cause, le choix de la Nupes de proposer un nombre incalculable d'amendements dans le seul but de ne pas permettre un échange sur la question des 64 ans à l'Assemblée nationale. La critique a été immédiate parmi l'ensemble des représentants des salariés » (beurk, propos de journaleux inéduqué)

3 commentaires:


  1. Sur le blog "Le prolétariat universel": Des bavardages irresponsables qui font le jeu de la bourgeoisie

    Soumis par Révolution Inte... le 8 juillet, 2023 - 11:14
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    « Fin du match », ainsi s’intitule le dernier texte publié sur le blog Le Prolétariat universel tenu par le sieur JLR.

    En tête, se trouve un photomontage sur lequel est écrit « Le palmarès des menteurs ». On y voit, autour, en photo, les têtes de Macron, de Le Pen, de Mélenchon, de Martinez… et d’un militant du CCI ! D’ailleurs, pour que la cible ne fasse aucun doute, le sigle « C.C.I » barre l’ensemble en lettres majuscules. L’image introduit un long texte dans lequel JLR passe son temps à traiter le CCI de menteur. Un menteur pire que Macron, Le Pen, Mélenchon, Martinez donc… à en croire le photomontage.
    Quand l’irresponsabilité débridée mène à la calomnie…

    « Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose » (Francis Bacon).

    JLR a un désaccord avec le CCI sur l’analyse du mouvement social contre la réforme des retraites. Pour le CCI, ce mouvement s’inscrit dans la dynamique internationale enclenchée en juin 2022 au Royaume-Uni, avec sa série de grèves et son « été de la colère » : face à l’aggravation de la crise économique mondiale, la classe ouvrière des pays centraux commence à relever la tête et à retrouver le chemin de la lutte. Pour JLR, la série de manifestations en France n’a été qu’une mascarade syndicale qui a emmené les ouvriers atones à une nouvelle défaite. Soit. Le CCI n’a jamais eu aucun problème avec ce type de désaccord, cela devrait même être l’occasion de débats et de confrontation des positions. Arguments à l’appui…

    Mais non, JLR n’est pas intéressé par le débat et la clarification, il préfère accuser à tort et à travers. À l’appui de sa démonstration, JLR lâche ce qui est censé être la preuve des mensonges du CCI : « Pour se mentir à lui-même sur le soi-disant “réveil international du prolétariat”, on peut même se servir d’un petit mensonge, dérisoire tant il est ridicule : “Ce n’est pas un hasard si le slogan le plus populaire brandi sur les pancartes était : ‘Tu nous mets 64, on te re-Mai 68’.” Or que nenni, ils avaient repiqué une photo que j’avais prise de trois jeunes lycéennes avec leur petite affiche, assises sur un trottoir, et auxquelles personne ne prêtait attention ».

    C’est tout ?… Oui, c’est tout. Pour juger du « petit mensonge » du CCI, il suffit de taper dans n’importe quel moteur de recherche sur Internet « Tu nous mets 64, on te re-Mai 68 » : on verra apparaître des centaines de photos de manifestants brandissant ce slogan sur leurs pancartes.

    Il n’y a rien de « dérisoire » ni de « ridicule » dans ces accusations infondées proférées par JLR. Avec son photomontage, JLR associe un militant du CCI aux crapules de la bourgeoisie. Il met sur le même plan les militants communistes et les dirigeants bourgeois. De tels propos, qui s’apparentent à de la calomnie, ne peuvent qu’agir comme un épouvantail pour tous ceux qui commencent à s’intéresser aux positions révolutionnaires, aux organisations communistes et à leurs débats.

    Aujourd’hui, les forces révolutionnaires sont encore maigres. Les minorités en recherche des positions de classe, peu nombreuses, sont précieuses. Elles représentent l’avenir. Les gagner au camp révolutionnaire, leur permettre de s’organiser, de s’approprier les principes et l’expérience de la Gauche communiste est un enjeu vital pour le futur des organisations révolutionnaires, pour le futur des luttes du prolétariat, pour la possibilité de la révolution. Rien de moins.


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  2. Et voilà JLR qui salit sans retenue le CCI et, à travers lui, la tradition de toute la Gauche communiste. Il n’y a ici, finalement, aucune autre préoccupation que sa petite personne, son bon plaisir, au sein de l’imaginaire politique qu’il s’est créé.

    Il faut reconnaître que l’hostilité de JLR envers le CCI est très fluctuante. Il lui arrive même d’écrire des mots élogieux envers notre organisation. Puis, un autre jour, il la couvre de boue et d’insultes. Ainsi, on peut lire dans un article de son blog, au sujet de l’une de nos réunions publiques à laquelle il a participé : « Le meilleur hommage à la tenue de cette réunion est venu de personnes que j’avais invitées directement :“une réunion où l’on pouvait s’exprimer librement, contrairement aux autres groupes politiques, et discuter de problèmes qui sont exclus des médias”. Une réflexion touchante aussi d’un vieux sympathisant du CCI :“un lieu où l’on pouvait échapper au sentiment de solitude” ». Et quelques jours plus tard, il peut qualifier ce même CCI de « secte néo-stalinienne » ou de « secte délirante étrangère au prolétariat ».

    Que JLR puisse saluer les positions et démarches du CCI qu’il estime correctes tout en critiquant celles avec lesquelles il est en désaccord ne pose strictement aucun problème. Bien au contraire ! Mais ce n’est pas de cela qu’il s’agit. De toute évidence, le jugement global que JLR porte sur notre organisation dépend grandement de son humeur du moment. Il s’agit là d’un comportement totalement irresponsable. (1)
    … et au mouchardage

    Seulement, l’irresponsabilité peut mener au pire. Le blog de JLR regorge d’informations sur les militants qu’il peut parfois qualifier de « pervers-narcissique », de « fous »… Tout y passe, la description des couples et de leurs rapports, des précisions sur leurs enfants… La vie des militants étalée sans retenue.

    Pourtant, on peut lire sur ce même blog ce type de remarques : « les RG vont-ils vraiment à nouveau s’intéresser au mouvement maximaliste ? (2) Pas seulement par leurs incursions masquées sur le web ? ». Mais, comme pour le reste, ce genre de réflexion passe avant que ça ne le reprenne, et JLR déblatère le lendemain sur la vie des uns et des autres.

    À force d’irresponsabilité et d’inconséquence, le voilà conduit à publier la photo d’un militant du CCI. Pour le plus grand plaisir des RG et de « leurs incursions masquées sur le web ». En affichant ainsi le visage d’un militant du CCI, JLR fait le jeu des ennemis déclarés du CCI et de la bourgeoisie.

    En fait, cette sorte de délation a même été permise et encouragée par tous ceux qui utilisent le mouchardage comme une arme contre le CCI pour le détruire, notamment la FICCI (aujourd’hui appelée GIGC) dont c’est même la spécialité, la marque de fabrique. (3)

    L’histoire du mouvement ouvrier démontre que ce type de mouchardage a toujours préparé et accompagné la répression des organisations révolutionnaires et de leurs militants. La divulgation d’informations sensibles à leur sujet participe directement de la répression en vue de les détruire, et en forme le premier stade. En janvier 1919, c’est la social-démocratie elle-même qui se chargea des mensonges, des diffamations et des appels à la haine qui conduisirent à l’assassinat de Rosa Luxemburg et de Karl Liebknecht.

    Aujourd’hui, pour réaliser ce travail, de sape, pour entretenir la suspicion envers les organisations révolutionnaires et même exhaler l’effluve nauséabonde des pogroms, la bourgeoisie n’a pas besoin de se mouiller directement, elle peut compter sur cette fange parasitaire, prête à tout, et gratuitement. Sans partager ce but détestable, JLR se retrouve sur son blog, à alimenter ce marigot à force d’irresponsabilité et de ne pas réfléchir plus loin que son nombril.
    La responsabilité de toute la Gauche communiste contre les comportements indignes

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  3. La question qui se pose maintenant aux organisations révolutionnaires et à tous ceux qui partagent leurs positions et leur combat est : comment lutter contre ces comportements indignes et destructeurs ?

    L’irresponsabilité sans entrave de JLR est encouragée par tout le milieu parasitaire qui se vautre dans la calomnie et le mouchardage. Ce milieu parasitaire peut se répandre d’autant plus facilement qu’il ne rencontre aucun obstacle, aucune digue.

    À l’image de ce monde pourrissant, les individus et les groupes prêts à tout, aux coups les plus bas et les plus sordides, prolifèrent. L’usage de la calomnie, et, pour certains, la pratique du mouchardage, incarnent de façon répugnante la haine de l’organisation politique du prolétariat et la volonté de la détruire, propre au parasitisme. Mais le laisser-faire d’une grande partie des groupes de la Gauche communiste, l’absence de réaction année après année, calomnie après calomnie, mouchardage après mouchardage, facilite ce sale boulot. En restant silencieuses, une grande partie des organisations révolutionnaires offrent en réalité un blanc-seing, presque un encouragement à tous ces comportements destructeurs.

    Ne rien dire, ce n’est pas seulement manquer de la plus élémentaire solidarité qui doit primer entre les groupes historiques de la Gauche communiste, c’est aussi laisser notre tradition et nos principes être traînés dans la boue, c’est hypothéquer l’avenir. Sans réaction ferme face à la calomnie et au mouchardage, sans une défense visible et intransigeante des principes de la Gauche communiste, sans une solidarité en acte entre organisations révolutionnaires, (4) tout le marigot putride du parasitisme ne pourra que continuer à se développer, à écœurer les minorités en recherche et à détruire.

    Nous appelons aussi tous nos lecteurs à participer à cette réaction, à prendre position et à lutter contre ces agissements, à œuvrer pour la solidarité prolétarienne et la défense des principes du camp révolutionnaire et de ce qui constitue son arme la plus précieuse : l’organisation politique du prolétariat.

    CCI, 19 juin 2023



    1 « C’est une tradition : les ennemis de l’action, les lâches, les biens installés, les opportunistes ramassent volontiers leurs armes dans les égouts ! Le soupçon et la calomnie leur servent à discréditer les révolutionnaires » (Victor Serge).

    2 C’est ainsi que JLR désigne les organisations de la Gauche communiste, et notamment le CCI.

    3 Pour connaître la liste non-exhaustive des méfaits de ce groupe aux méthodes policières, lire par exemple sur notre site : « Attaquer le CCI : la raison d’être du GIGC ». Nous reviendrons sur la FICCI/GIGC prochainement dans notre presse.

    4 En 2002, le BIPR (aujourd’hui Tendance communiste internationaliste) et l’un de ses sympathisants vivant aux États-Unis (prénommé AS) ont été attaqués par le groupe Los Angeles Workers Voice (LAWV). Le BIPR avait ainsi dénoncé le LAWV pour « avoir recours à la calomnie » et avait fort justement affirmé qu’un tel comportement « interdit toute discussion ultérieure ». Le CCI avait immédiatement et publiquement apporté sa solidarité au BIPR et dénoncé, lui aussi, le LAWV. Notre article, « Milieu politique prolétarien : Une attaque parasitaire contre le BIPR », avait pour objectif de défendre tant le BIPR et le sympathisant AS que l’honneur de toute la Gauche communiste.

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