PAGES PROLETARIENNES

dimanche 1 mai 2022

CRISE DE LA GUERRE TRADITIONNELLE : épisode 15

 


FAUCONS ET VRAIES CONSÉQUENCES

(suivi de: Ce bon vieil antisémitisme russe)

« Les hostilités ouvertes dans les Balkans, se transportent et se localisent en Crimée ; le siège d » Sébastopol dure des mois et des mois. Chaque jour il est plus évident que l'armée russe, mal instruite, mal équipée, constamment à court de vivres et de munitions, est incapable de repousser les agresseurs et de sauver la place. Pour l'orgueilleux Nicolas, c'est une affreuse humiliation ; c'est bientôt même une torture qui va le ronger comme un cancer, car les échecs ininterrompus de ses troupes l'obligent à constater, dans son empire, un mal beaucoup plus grave : l'incurie, le désordre et la corruption de la bureaucratie, l'usure et le détraquement de tous les rouages gouvernementaux, une éclatante faillite du régime autocratique dont il est la personnification suprême »1.

Etrange destinée morbide des Romanov, mais comment ne pas y voir un héritage autocratique plus proche du moyen âge que d'un capitalisme développé et sans guerre, une similitude avec le cynisme inhumain du tsar Poutine 2? Le dictateur à tête de morue décongelée n'a plus et n'aura plus aucune crédibilité mondiale - quoiqu'il se négocie en paix ignominieuse avec une guerre sans fin - sauf aux pays du mensonge dictatorial déconcertant. Ses immenses destructions de la société ukrainienne, le sadisme de ses troupes et ses sorties aussi stupides que déconcertantes pour tout quidam rationnel, le classent désormais au rang des pires criminels historiques ; il n'a plus pour défenseurs fourbes que les deux extrêmes du cirque français, la mère Le Pen et le roi des bobos Mélenchon3.

Dans le revue de presse qui va suivre, j'ai pu constater que la plupart des critiques de petits groupes ou de sectes s 'apparentant aux marxisme on tous bien vu la provocation américaine, si masquée par nos médias dominants. Mais on va voir que certains rares officiels qui ont vu venir la guerre, se raccrochent à une vision bien trop classique et économiste de la première guerre extensive du XXIème siècle. A peine quelques jours avant le triste 24 février, André Baria se demandait si les Etats-Unis ne cherchaient pas « à précipiter la guerre » ?4

« D’un point de vue économique, un conflit en Ukraine serait bénéfique pour les États-Unis, en ce qu’il rendrait légitimité et raison d’être à l’OTAN (dominée par les intérêts américains), organisation il y a peu en état de « mort cérébrale ». Le marché européen de la défense s’ouvrirait alors encore plus aux USA, déjà principal fournisseur de l'armée européenne comme le démontre le choix d'équipement en coûteux chasseurs F 35 par la plupart des pays européens tel l’Italie, la Belgique et les Pays-Bas – au détriment du Rafale de Dassault, de l’Eurofighter d’Airbus ou du Gripen de Saab. (…) En changeant d’angle, on s'aperçoit donc qu’un conflit ukrainien semble inéluctable. Sur fond de tensions internationales entre la Chine et les États-Unis, dont la puissance économique ralentit, la solution d’une guerre par proxy en Europe se profile à l’horizon. Ce ne serait pas la première fois que les États-Unis provoquent un conflit loin de leur territoire national pour servir leurs intérêts. L’escalade médiatique actuelle est symptomatique de l’imminence d’un élément déclencheur. Diviser et affaiblir ses concurrents, aussi bien russe et chinois qu’européen s’inscrit dans la logique de maintenir l’impérialisme américain ».

Ce que le débile Poutine a justement critiqué comme « monde unipolaire » au prétexte de contribuer à une nouvelle bipolarisation des impérialismes mondiaux, nommée « monde multipolaire ». Dans le même sens, après une guerre « action spéciale » d'envahissement arbitraire de l'Ukraine, puis une guerre contre l'OTAN, c'est bien d'une nouvelle guerre Amérique/Russie dont il s'agit. Ce revirement, après le soi-disant « dramatique et chaotique » d'Afghanistan ne confirme pas un affaiblissement de l'impérialisme américain contrairement à ce que le dernier congrès du CCI se croyait autorisé à affirmer5. On peut même analyser qu'il y a un intérêt commun des Poutine et Biden à affaiblir l'Europe dans ce qui est plutôt une guerre contre l'Europe, cimetière des vieilles vanités historiques et principal marché mondial.

Ce sont nos vieux communisateurs qui font pour une fois preuve de plus de lucidité que nos marxistes professoraux – approfondissant, peut-être involontairement, la propre analyse du CCI sur la décomposition du capitalisme ! - en montrant une nouvelle ruse de l'histoire comme quoi la guerre n'obéit plus tout à fait aux vielles déterminations économistes :

« Le retour des puissances et le rééquilibrage auquel on assiste agit comme une ruse de l'histoire qui contredit à la fois Kukuyama et sa « fin de l'histoire » et Huntington et sa guerre entre civilisations, sans pour cela redécliner les formes anciennes de l'impérialisme. La guerre menée par Poutine nous en fournit un exemple parce que ses raisons sont bien plus politiques, idéologiques et religieuses qu'économiques. De la même façon que Hitler n'a pas pris le pouvoir pour que Krupp puisse vendre sa machine de guerre, Poutine ne mène pas une guerre à haut risque pour s'approprier les centrales nucléaires , le blé ukrainien et le vieux Donbass industriel, mais pour défendre un système de « valeurs » qu'on peut refuser ou trouver abject, mais qui n'en existe pas moins avec la reprise des thèses néo-eurasianistes de son idéologue Alexandre Douguine sur un monde multipolaire reposant sur de grands espaces, l'Opposition à un Occident décadent et à une démocratie somme toute fictive... »6.

COMMENT LA GUERRE VA-T-ELLE DURER ?

Notre sagace commentateur posait aussi la question essentielle : « L'Ukraine deviendra-t-elle un nouvel Irak ? La globalisation ne risque-t-elle pas de faire basculer ce conflit régional dans un embrasement mondial ? »

Je me suis sans doute trompé en misant sur une guerre courte mais son prolongement repose sur l'intervention américaine croissante, face à un sous-ministre poutinien Lavrov qui demande à Washington de cesser ses livraisons d'armes... pour continuer à massacrer tranquillement les ukrainiens ! C’est l’une des conséquences majeures de cette guerre prolongée en Ukraine, passée relativement au second plan jusqu’à présent, le signe d’un changement de pied stratégique aussi brusque qu’inattendu de la part de la première puissance militaire mondiale. Le renforcement, ces dernières semaines, de la présence militaire des Etats-Unis en Europe, avec le seuil symbolique de 100 000 hommes prépositionnés franchi, a été particulièrement mis en avant lors du sommet de l’OTAN, le jeudi 24 mars, à Bruxelles. Sur le strict plan comptable, le Pentagone a toujours eu un nombre élevé de soldats en Europe, en particulier en Allemagne, en Italie, en Espagne, en Belgique et en Pologne. Les bases étatsuniennes s’étendent de la Bulgarie au Groenland, de la Grèce à la Finlande. Avant la guerre en Ukraine, l’armée américaine, qui est une armée de masse (1,4 million de soldats d’active), avait ainsi quelque 67 000 soldats positionnés de manière permanente en ces divers endroits – chiffre auquel s’ajoutaient 13 000 hommes d’unités en rotation complémentaires. Plus lucide que le CCI, la journaliste Bénédicte Tassart a expliqué la manœuvre visée avec l'évacuation, certes catastrophique de Kaboul, qu'il s'agissait d'une réorientation pour se concentrer sur la Chine, et laisser à l'abandon une terre maudite qui n'intéressait même plus l'impérialisme russe. Biden laissait les européens éventuellement gérer la patate chaude éloignée, en fait laissée livrée à elle-même et à la cruauté des talibans. Sous la table on peut maintenant supposer (sans que ce soit pris comme une fake new) que la pression américaine continue savait comme notre observateur sagace, que Poutine allait sortir de ses gonds et qu'il ne fallait pas rester un gendarme pour un pays lointain et secondaire, mais rester l'arme au pied pour une confrontation plus sérieuse : revenir humilier l'Europe au nom des « droits de l'homme » et de l'Américain for ever !

Avec l'impérialisme US il reste toujours la dimension économique, sur tous les plans à la fois en vente d'armes comme en écoulement de ses marchandises (pétrole, gaz, blé, etc.), avec d'énormes profits à la clé, de quoi faire rougir les capitalistes chinois englués dans leur nouvelle crise du covid.

La guerre plonge des populations dans le malheur et l’économie mondiale dans le chaos. Paradoxalement, la guerre profite aussi directement et indirectement à beaucoup d’entreprises, surtout américaines donc. Si la guerre dure, on ne peut s'empêcher de penser que dans le court terme elle va avoir de terribles conséquences sociales. Plusieurs pays qui dépendent de la Russie et de l’Ukraine pour nourrir leur population, dont l’Égypte et le Liban, craignent la flambée des prix et les pénuries qui résulteront de la guerre en Ukraine. Les producteurs de blé canadiens, français et d'autres se préparent à accroître leur production pour faire face à une demande mondiale accrue. L'Allemagne assure déjà prendre des mesures pour ne plus dépendre du gaz russe...

LA CLASSE OUVRIERE CETTE ARLESIENNE

Pourtant le prolétariat reste partout invisible. Cette honorable classe historique dont une résolution, socialiste et internationale en Suisse au début du siècle dernier, assurait que, au cas où, néanmoins, la guerre éclaterait, ce serait un devoir des « classes ouvrières » de « s'entremettre pour la faire cesser promptement » n'a en réalité jamais été suivie d'effet. Le prolétariat européen s'est laissé massacrer pendant quatre années, puis, malgré l'intermède d'Octobre 17, s'est laissé berner par l'hypocrite armistice pour ensuite se laisser massacrer à nouveau dans la boucherie suivante. Comme l'avait dit Monatte en 1914 : « cette guerre prévue, redoutée par nous, préparée par nos politiciens de l'esprit national, c'est elle... » que la majorité du CC de la CGT envisage comme une guerre de libération pour l'Europe7 ! Ce que l'on risque à nouveau d'entendre sous peu...

Le prolétariat russe est pitoyable et certainement masochiste. Le prolétariat occidental ne se bougera et peut-être que sous les bombes. Sortir de sa léthargie grâce à la paupérisation de la crise économique ? La bourgeoise nous livrera à la guerre avant que cette peu glorieuse classe ouvrière se réveille de son consumérisme et de ses lamentations économistes. Lénine me souffle à l'instant dans l'oreille que sans parti la classe ouvrière n'existe pas. J'en conviens, mais le parti où est-il ?

Examinons comment les « croyants du prolétariat » tentent de se sortir de l'ornière d'un prolétariat invisible, don consentant à son propre malheur. Le CCI tente de lui trouver une excuse, comme je l'ai déjà signalé, en arguant qu'il est la principale victime de la guerre ! De même on peut dire que lorsqu'un piéton est écrasé par une voiture il est la principale victime de la voiture, mais qu'il soit prolétaire ou bourgeois ! Le CCI déplore depuis quelques années, en dépit d'un ton passionné et redondant, un prolétariat « pas encore réveillé ». Nos résidus bordiguiens misent eux sur les affreuses conséquences économiques de la guerre « ...inévitables retombées sur la population et tout particulièrement sur les prolétaires qui sont toujours les premières victimes des crises et des guerres ». On n'épilogue pas sur le fait que ce statut de « première victime des guerres » ne réveille pas plus le prolétariat actuel... On peut toujours conseiller aux dits prolétaires « de ne pas se laisser prendre au piège d'une prétendue « solidarité humanitaire »... Est-ce le piège qui a été tendu aux prolétaires et à toute la population ukrainienne ? Du tout, on ne leur a pas demandé leur avis pour leur balancer des bombes et détruire leur univers personnel. Idem (et heureusement)le prolétariat occidental ne se sent pas obligé de mourir pour la patrie ukrainienne. Résultat, en avant la zizique avec le blabla internationaliste, autre arlésienne : « défaitisme révolutionnaire et internationalisme prolétarien ». Imaginer que les prolétaires ukrainiens seraient en pôle position internationaliste en souhaitant la défaite de leur propre bourgeoisie, relève de la psychiatrie, tout comme imaginer que les prolétaires russes s'indignent qu'on massacre leur propres frères, alors qu'ils restent enfermés dans les ornières nationalistes de la dictature « tsariste ».


Passons en revue quelques sectes trotskiennes en France. Je ne vais pas jusqu'à m'intéresser aux trotskismes anglo-saxons et américains, bien plus nombreux mais aussi cons. Déjà que j'ai dû me taper leurs homologues ici.

Tous donc ont bien souligné la causalité de l'impérialisme américain et se retrouve derrière le slogan : « impérialisme russe hors d'Ukraine » ; mot d'ordre louche, qui ressemble comme deux gouttes d'eau à l'anti-impérialisme pro-russe des gauchistes des sixties.

« Révolution communiste » (collectif révolution communiste en France) critique l'ex URSS mais nous fait le coup de la fable guerre de partisans, prenant parti pour le nationaliste Zelenski :

« Depuis le début de l'invasion russe, malgré un rapport de force très défavorable, l'armée ukrainienne aidée de réservistes et de volontaires (sic) résiste, défend les villes assiégées. L'offensive de l'armée russe est plus difficile que prévue. ( …) Des armes ont été distribuées à la population d'Ukraine, les travailleurs et la jeunesse s'organisent pour résister, fabriquent des cocktails Molotov, assurent patrouilles et contrôles.... ». Conclusion l'antienne trotskienne :

« Aucune union nationale avec sa bourgeoisie (quoique guerre de partisans à ses ordres) !

Front unique des organisations ouvrières contre l'intervention impérialisme en Ukraine ! » (front unique donc avec les conseillers américains?)


« Combattre pour le socialisme » (Groupe pour la construction du parti ouvrier révolutionnaire. La construction de l'internationale ouvrière révolutionnaire) n'a pas les moyens de publier un journal et vend un pensum de 56 pages agrafées : « A bas l'invasion de l'Ukraine ! Pour le droit du peuple ukrainien à disposer de lui-même!Retrait des troupes françaises d'Estonie et de Roumanie ! »

Comment venir en aide aux masses ukrainiennes ?

« Le sort des masses ukrainiennes est entre les mains des classes ouvrières de l'Europe. Est décisive à cet égard la classe ouvrière russe. Aujourd'hui les manifestations en Russie contre la guerre ont un caractère limité et par ailleurs sont soumises à la plus violente répression. Cette violente répression manifeste la hantise de Poutine : à savoir que la classe ouvrière russe fasse irruption (ce que j'ai cru un moment... espéranza tchitchitchi). Le sosie de Lénine réapparaît : « L'obstacle principal à ce que surgisse le prolétariat demeure son désarroi politique, son absence de toute organisation permettant de prendre en charge réellement (sic) ce combat après des décennies de domination de la bureaucratie stalinienne ». Enfin non à l'union nationale derrière Macron : « Il faut combattre pour que les organisations se réclamant du mouvement ouvrier, partis et syndicats (PCF, PS, CGT, FO, FSU, UNEF) rompent cette union nationale derrière Macron ». Monatte a de quoi se retourner dans sa tombe !

Le vieux parti anticapitaliste, dit NPA, nous ressort cent ans d'âneries trotskienne sur l'autodétermination nationale , en nous demandant de « mettre vos lunettes de lecture décoloniale » :

«Vous devez tirer toutes les leçons des luttes de libération nationale en Afrique et ailleurs. Même dans les cas où des puissances concurrentes étaient impliquées, il y avait aussi la lutte pour la libération nationale des peuples opprimés. Et les penseurs et les dirigeants anticolonialistes nous ont appris à donner une voix à ces personnes et à leur lutte. L’Ukraine mène un combat similaire. On oublie souvent que nous avons subi des siècles d’impérialisme russe, notamment sous Staline pendant la période soviétique. Cela s’est un peu calmé sous Khrouchtchev ».

Après tout un laïus en circonvolutions et en esquives, appui aux livraisons d'armes US :

«La défaite de l’invasion de Poutine sera un gain pour la classe ouvrière en Ukraine, en Russie et dans le monde entier. Cette défaite ne peut se produire que militairement. Pour cela, l’Ukraine a besoin d’armes et la seule source de ces armes ce sont les pays de l’OTAN. La guerre est une chose horrible, mais comme la gravité, elle est là. La durée et le coût de la lutte contre l’invasion de Poutine dépendent du peuple ukrainien, pas de nous, ici à l’Ouest.

Considéré sous ses angles, s’opposer à ce que l’Occident envoie des armes à l’Ukraine signifie en pratique appeler à la victoire de l’invasion de Poutine. Il n’y a aucun moyen d’ignorer ce problème ».

LUTTE OUVRIERE qui dispose dorénavant d'un strapontin permanent dans les médias bourgeois a fait le score électoral le plus minable, finissant même derrière l'ouvrier woke Poutou. Le parti électoral LO publie toujours un journal simplet mais l'organe théorique « Lutte de classe » est devenu très luxueux, papier glacé, foison d'images, articles bien léchés ; vendu pas cher : 2,5 euros, preuve des moyens financiers de la secte professorale. C'est probablement le groupe trotskien le plus dangereux et le plus apte à faire croire qu'il serait révolutionnaire. Je l'ai toujours qualifié naguère dans mes nombreux écrits sur le trotskisme de parti caméléon, parti léniniste étouffoir, girouette finalement contre révolutionnaire. Suivons donc quelque peu ce caméléon.

Les titres sont assez bons comme celui-ci : « Contre Poutine et les fauteurs de guerre impérialistes ». Plus lucides que le CCI, du fait du revirement récent des Etats-Unis : « La guerre en Ukraine montre une nouvelle fois que les Etats-Unis sont les gendarmes en chef, y compris en Europe »8. La description de l'état d'impuissance et de malheur où est plongé le prolétariat est autrement plus réaliste et compréhensive que les bla-bla internationalistes du CCI et du maigre PCI :

« Pour les travailleurs ukrainiens, la guerre est un cataclysme qui menace directement leur existence. La brutalité de l'invasion russe, les destructions d'habitations , de lieux de refuge , voire d'hôpitaux poussent même des ukrainiens russophiles dans les bras des milices nationalistes ».

Est écornée au passage et fort justement la position de parti national de Mélenchon qui ose écrire le 8 mars , et aussi les groupes héritiers de la IV ème Internationale:

« Nous disons oui aux livraisons d'armes défensives demandées par la résistance et le gouvernement ukrainien ». LO, indigné répond fort bien : « Réclamer « des armes pour l'Ukraine », sans distinguer les intérêts sociaux opposés dans ce vaste pays, c'est considérer que l'invasion russe a supprimé toute lutte de classes en Ukraine ». LO est aussi le seul groupe, quand bien même trotskien, a concrétisé la possible lutte internationaliste contre la guerre sans réciter les slogans classiques façon CCI et PCI, poussiéreux et abstraits : « … s'adresser aux soldats russes pour essayer de les détacher de Poutine et des généraux qui organisent cette guerre fratricide ; en s'appuyant sur les multiples liens personnels, familiaux, économiques, culturels qui unissent encore les Russes et les Ukrainiens plutôt que d'exacerber les sentiments nationaux ukrainiens ; refuser tout alignement derrière Zelenski, en soulignant sa dépendance aux bourgeois et oligarques ukrainiens, tout ce qu' d'anti-ouvrier la politique qu'il a mené depuis qu'il a été élu, ses relations avec les milices territoriales d'extrême droite, et, au fond, avec les puissances impérialistes qui ont préparé la catastrophe actuelle ».


Et une conclusion percutante : « Bien avant les armes physiques, les travailleurs ont besoin d'une arme politique : la conscience qu'ils doivent s'organiser à part, défendre leurs intérêts de classe, prendre le pouvoir sur toute la société ».

Chapeau bas ! Heureusement cher lecteur que vous savez, comme moi-même, que ce ne sont que déclarations sonores. En réalité LO reste une grosse secte dans l'enceinte bourgeoise avec ses « tactiques » qui démentent tout projet révolutionnaire affiché. La non utilisation du terme prolétariat remplacé par le terme générique et généraliste de travailleurs, traduit le fond populiste-électoraliste de la secte ainsi que son rôle de queue de la gauche bourgeoise sur les lieux de travail et à la télévision. Sachant qu'elle reste une secte clandestine très hiérarchisée et se rêvant « prise de pouvoir par le parti ».

Enfin LO est le seul groupe à anticiper la troisième guerre mondiale... qui vient :

« Le grand jeu américain contre la Russie avec la peau des ukrainiens (…) Pour autant, si la prochaine guerre mondiale n'est pas encore enclenchée, elle est inscrite dans les gênes du capitalisme et l'humanité s'en rapproche un peu plus. Sur le terrain militaire comme sur celui de l'embrigadement moral des populations, la guerre en Ukraine sert déjà de répétition générale en même temps qu'elle exacerbe toutes les contradictions de cet ordre social injuste ».

Tous aux abris ! Anti-nucléaires!


NOTES


1cf. Les précurseurs de Lénine de Maurice Paléologue, Paris 1938, page 71.

2Qui va mal finir, probablement à la manière « russe » la plus probable, par un attentat, ou de façon obscure comme son maître à penser, après Staline, le tsar Nicolas : « Désespéré, il meurt presque subitement d'une grippe infectieuse, le 2 mars 1855, telle est du moins la version officielle. Mais cette mort est si étrange, si imprévue que, dans le public, on ne doute pas qu'il se soit empoisonné » (cf. Paléologue, page72).

3Nos vieux communisateurs tapent parfois fort justement : « Ce soutien côté « radical » (à Poutine) se retrouve dans des partis officiels comme la France insoumise empêtrée entre sa sympathie globale pour Poutine, le soutien passé à la politique russe en Syrie et aux massacres d'Alep qui auraient dû constituer pourtant une ligne rouge du même type que celle de Budapest 1956 (cf. hors-série gratuit : Guerre du capital et antiennes anti-impérialistes : l'Ukraine). En fait, toute une partie du résidu de la gauche bourgeoise reste héritière du stalinisme, dans ses pratiques racoleuses wokes et antiracistes (lointain héritage du think tank socialo qui avait déclaré la fin de la classe ouvrière et son remplacement par les immigrés) avec pour seul credo la dénonciation du seul impérialisme US. LFI n'est rien de plus qu'une nouvelle faction nationaliste du capital français.

4Le 11 février :Ambre Baria : Ukraine : les États-Unis cherchent-ils à précipiter la guerre ?

Portail de l'IE : https://portail-ie.fr/analysis/3080/ukraine-les-etats-unis-cherchent-ils-a-precipiter-la-guerre

5« ...il est confirmé... de manière saisissante que les Etats-Unis ne sont plus en mesure de remplir le rôle de « gendarme du monde »

6Hors-série, page 6.

7Cf. Lettres d'un syndicaliste sous l'uniforme (1915-1918) page 23, éditions Smolny, 10 euros. Dommage que l'ancien site très riche de débats et contributions de Smolny ait été supprimé sur le web. Il est remplacé, à des fins commerciales (en lien avec le Conseil régional bourgeois) par un site littéraire publiant de façon académiques comme les vieux clous de Spartacus, des classiques des mouvements révolutionnaires. Malgré cette entame peu confraternelle, je tiens à saluer ce travail, j'encourage à leur commander tout ce qu'ils éditent, et je salue leur parti pris, peu commercial certes ,de vendre tous leurs livres au prix modique de 10 euros.

8Lutte de Classe n°223, avril 2022.

 


CE BON VIEIL ANTISEMITISME RUSSE

Les tsars  s'en servaient sans vergogne lors de chaque trouble social pour protéger leur Etat et leur barbarie. Pourquoi se gêner côté Poutine et sa bande. Israël s'est ému que le ministre russe le plus voyant ait scandaleusement déclaré que "Hitler avait aussi du sang juif", car n'est-ce pas que les ukrainiens sont des nazis à éradiquer? Leur diplomate offusqué s'est contenté de dire "inadmissible, passons à autre chose", curieuse et douce admonestation sauvegardant les bonnes relations commerciales... L'antisémitsime poutinien s'adresse aussi plus largement à la clientèle sauvegardée, les dictatures arabes. C'est bien pourtant le même antisémitisme que celui, répugnant, des tsars zigouillés.

 Zelenski n'est donc qu'un nazi juif! CQFD! La presse servile publie d'ailleurs sans se gêner des caricatures de Zelenski avec un nez fortement busqué, idem pour certaines photos où il est pris de profil avec le nez curieusement accentué avec une courbe.

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