PAGES PROLETARIENNES

jeudi 7 avril 2022

CRISE DE LA GUERRE TRADITIONNELLE (épisode 12)

 


LA LUTTE CONTRE LA GUERRE N'A JAMAIS favorisé directement la révolution


Face aux menaces de guerre, l'Internationale socialiste avait défini comme politique pour arrêter la guerre le projet de grève générale. En 1907, sur proposition de Rosa Luxembourg et de Lénine, le congrès de Stuttgart concluait : « Au cas où la guerre éclaterait (...), [les travailleurs] ont le devoir de s'entremettre pour la faire cesser promptement et d'utiliser de toutes leurs forces la crise économique et politique créée par la guerre pour agiter les couches populaires les plus profondes et précipiter la chute de la domination capitaliste ».

De belles phrases qui n'ont jamais été concrétisées ni sur le moment ni lors du déclenchement de toutes les guerres suivantes, ; même,l'insurrection de 1917 en Russie n'a pas été une grève générale.

L'attitude internationaliste classique ne devait pas se contenter de montrer du doigt le pays agresseur, sauf à se soumettre à l'union nationale et donc à excuser le capitalisme dans son ensemble, car le prolétariat n'a jamais à choisir aucun camp.

Face à l'invasion actuelle de l'Ukraine par l'impérialisme russe on ne peut que comprendre la réaction du peuple et de l'armée ukrainienne. Il ne s'agit pas d'une guerre interétatique traditionnelle. Une grande puissance a envahi un petit pays voisin au nom d'arguments crétins (on peut douter que le peuple russe adhère à cette histoire de dénazification, du niveau minable de l'antifascisme de salon occidental) ; les affabulations successives du régime autocratique sont franchement ridicules à moins que le peuple russe ne soit peuplé que d'imbéciles congénitaux ; je pense que c'est plus la terreur et la corruption d'une masse d'obligés qui explique l'absence de réaction d'une population qui voit autant que nous les immenses et irrationnelles destructions d'immeubles d'habitation et d'usines, et qui, sous le poids de la longue chape de plomb du stalinisme a oublié son passé révolutionnaire. Le réveil sera aussi dur que celui de la population allemande en 1945 découvrant qu'elle avait été complice par son inaction et le payant très cher.

Que pouvait faire la classe ouvrière ukrainienne ? Rien comme la française lorsque la Wehrmacht a envahi la France. Il n'y eût plus personne pour appeler à cesser la guerre, à attendre une levée du prolétariat ou à proposer des négociations de paix ! Depuis 2014 la guerre n'avait pas cessé à l'Est de l'Ukraine faisant au moins 15.000 morts mais c'est comme si elle avait fait partie du paysage, personne et aucun média ne se focalisait sur le sujet comme sur le conflit entre Arménie et Azerbaïdjan.

La guerre de front en lignes de 14-18 était devenue guerre d'invasion et de meurtre des civils. La guerre déclenchée par la Russie (après des années d'humiliation américaine) est une guerre d'invasion qui a choisi immédiatement pour cible les zones urbaines et les civils. Ce fait ne peut autoriser une indifférence ni une équivalence dans une prise de position « de classe ». L'analyse géopolitique ne peut atténuer la responsabilité du criminel de guerre Poutine, ni réduire l'effarement devant l'étendue des dégâts et les meurtres des soudards russes (et tchétchènes) .

Ce qui interroge est l'inaction frontale du bloc occidental, au nom d'une attitude frileuse face aux menaces atomiques de Poutine. L'aide soft de fournitures d'armes létales limitées et insuffisantes, pour la propagande pacifiste US, ne peut cacher la volonté américaine de laisser l'Ukraine à l'état de bourbier tampon face à l'OTAN quelle que soit la durée des massacres, face à une paix qui se prépare de façon honteuse que Zelensky est prêt à cautionner.

Sur l'usage des fake news en premier lieu par le gang à Poutine, il faut souligner que c'est une arme efficace de contre-offensive – bien sûr du niveau « c'est pas moi c'est l'autre » - mais depuis que cette mode existe elle ne signifie nullement une liberté de défendre la vérité, mais de répandre la confusion et le doute. Les fake news, comme les réseaux sociaux en général, ne peuvent être une arme du prolétariat parce que s'ils jettent le doute sur telle propagande gouvernementale c'est juste du dénigrement sans aucune alternative crédible que la protestation hargneuse individualiste. Evidemment, la propagande en période de guerre ne peut plus être crédible, dans la durée surtout comme on a pu le constater lors des guerres mondiales : c'est foutu pour l'ordre dominant trois ans après 1914, c'est foutu dès le début de 1940 pour la deuxième mais avec un prolétariat anéanti.

La vérité provient des événements dramatiques et létaux dans chaque camp, et, contrairement à une crise économique et une paupérisation massive, les guerres n'ont jamais permis de véritables révolutions aussi dans la durée puisque par exemple en 1918 la bourgeoisie arrête la guerre pour éviter la généralisation de la révolution. En 1943, la grande grève des ouvriers de Turin fait certes chasser temporairement Mussolini mais la bourgeoisie pro-américaine s'évite des lendemains insurrectionnels. Il ne faut pas se raconter d'histoires, comme l'ont fait certains parmi les quelques individualités de la gauche communiste maximaliste réchappées du massacre, en imaginant que la détresse et la colère des populations bombardées et déportées augurait d'un nouvelle révolution internationale. En privé cette poignée de révolutionnaires ne pouvaient nier qu'il valait mieux que l'armada US (qui avait fourni en tanks et en crédit bailla fausse grande guerre patriotique en Russie ) l'ait emporté sur Hitler.

La bourgeoisie mondiale avait clos la guerre de destruction qui a permis de surmonter la crise de 1929 par une reconstruction foisonnante et dynamique qui se nomma les trente glorieuses quoique suivies des trente furieuses. La préparation de la guerre, sa soudaineté favorise la tétanisation la paralysie des populations qui, le plus souvent ne comprennent pas et surtout passent leur temps à s'indigner pacifiquement.

A notre époque, un autre argument est à prendre en compte face à cette paralysie politique des populations, et c'est Marcuse qui l'a bien identifié en 1955. Pour cet héritier de l'école des sociologues de Francfort nul doute que la classe ouvrière avait cessé d'être révolutionnaire. Nous lui laissons la responsabilité de cette avis, quoique nous le partagions certains soirs de déprime, mais il ajoute à cela un argument de poids qui vaut le détour :

« parce qu'elle a cessé de vivre dans l'anticipation d'un bouleversement social. En mettant à disposition quantité de biens et de service autrefois réservés à une minorité, le capitalisme d'après guerre a fait accepter comme allant de soit qu'il était inutile de dépasser l'organisation sociale actuelle » (…) « les gens se reconnaissent dans leur marchandises, ils trouvent leur âme dans leur automobile, leur chaîne haute-fidélité, leur maison à deux niveaux, leur équipement de cuisine. Le mécanisme qui relie l'individu à la société a changé et le contrôle social est au cœur des besoins nouveaux qu'il fait naître »1.

Avec le triomphe de l'individualisme aliéné du terrorisme personnel au wokisme débile, le constat reste juste jusqu'à aujourd'hui . Il est assommant du subir en intermède systématique chez BFM et Cnews, entre le fouillis des commentaires sur la guerre en Ukraine, les mêmes pubs racoleuses pour l'achat (en leasing) de gros 4X4 et autre SUV qui font de vous un dominant au volant. Or l'automobile n'a pas plus d'âme que le crétin qui la conduit. A quoi sert l'équipement de cuisine s'il n'y a rien à mettre dans le merveilleux micro-ondes ?

Acheter un gros cube va-t-il vous faire oublier que le sanglant et ignoble conflit en Ukraine vous évitera d'être gazé ou nucléarisé dans la prochaine der des der, mais une vrai der finale ? Heureusement, même partiellement je sais qu'en milieu ouvrier il y a débat et conscience de la gravité de cette guerre. J'ai été informé de la tenue d'une réunion d'une trentaine de postiers en Bretagne qui pensent qu'il faut lier revendication économique et dénonciation de la guerre pour que cela devienne explosif socialement. Je respecte cet avis bien que je ne sois pas d'accord parce tant que dure la guerre le capitalisme actuel est capable de séparer les deux questions : comme on l'a vu avec le covid en France – la cherté de la vie était dûe à la contamination mais quoiqu'il en coûte sauva la mise – et en Russie, Poutine pourra toujours arguer que c'est la faute à l'embargo des « nazis » occidentaux.

Représente-toi, toi le consommateur occidental si fier de tes gadgets ce qui s'est passé à 2000 km à peine de Paris. Des villages entiers rasés, des milliers de HLM éventrés, de nombreux morts au début de l'invasion et qu'on ne nous a jamais montré laissant planer le doute sur leur nombre civils comme militaires. Vois ces voitures brûlées, ce sont les mêmes que la tienne mais brûlées ou écrasées par un char avec le conducteur dedans. Vois ces immeubles écroulés où tous les équipements de cuisine, postes de télévision et ordinateurs, maigres possession de prolétaires, ont été détruits, ne laissant le temps que d'emporter un baluchon et renvoyant Marcuse à ses sornettes de contempteur de la consommation moderne. Tu rentres dans ta coquille quand je te parles ! Réfléchis donc que cela va peut-être ou sans doute être ton sort, que ce n'est pas le seul Poutine qui est responsable de ces horreurs qui détruisent « la vie quotidienne » et font des millions de malheureux en perdition, mais un système capitaliste qui n'a que la guerre féroce et irrationnelle pour tenter de sortir de sa crise mondiale ! Et cesse de tenter de te déculpabiliser en t'appuyant sur les fake news des trolls russes pour faire équivaloir le martyr du peuple ukrainien avec les soudards éliminés !

Pour revenir à l'embargo, s'il n'impacte pas pour l'instant l'avancée de la criminelle armada russe, va avoir des conséquences graves à l'intérieur de la Russie si la boucherie des civils se prolonge, et cela Poutine le devine. Et c'est ce qui risque de se passer qui va, comme conséquence de la guerre, non seulement en montrer la monstruosité mais poser le problème du renversement du capitalisme et de l'arrestation des marchands de canon sans oublier les milliers de soudards russes et tchétchènes violeurs et tortionnaires.

LE PEUPLE RUSSE peut-il déjà éprouver un sentiment de culpabilité?

Sur le plan juridique, il n’y a pas de culpabilité collective portée par un peuple mais des responsabilités collectives portées par l’État qui assure la continuité du gouvernement des peuples. Par contre, la culpabilité collective existe de manière subjective dans la stigmatisation que porte le regard des autres pays sur l’Allemagne et son passé nazi, et en ce moment sur la Russie de Poutine. Sur le plan individuel, l’intériorisation d'une culpabilité et de la honte ou du remords ne peut pas apparaître tant que dure une guerre dont la propagande des deux côtés accuse l'autre d'être responsable tout en se targuant de la mener pour « protéger » son peuple ; on ne peut pas se culpabiliser de ce que quelqu'un pour soi-disant vous défendre !

En 1945, les allemands oscillaient entre culpabilité et soulagement. Le 8 mai 1945 marque la capitulation sans condition de la Wehrmacht, c’est donc une défaite militaire pour l’armée allemande. Mais en même temps, la fin de la guerre aurait pu être perçue comme une libération, pour le peuple allemand, du joug de la dictature. Cette capitulation sans condition suscite des sentiments mêlés chez les citoyens allemands. C’est en effet le Reich de Hitler qui a commencé la guerre en envahissant la Pologne. C’est le Reich de Hitler aussi qui a commis des crimes contre l’humanité d’une ampleur sans précédent dans l’histoire, à commencer par le génocide systématique de plus de six millions de Juifs. Par contre, beaucoup d'allemands, sans être nazis restent interloqués par le crime barbare des deux bombes atomiques américaines, les terribles exactions de l'armée russe, etc. Sans oublier la destruction de nombreuses villes allemands sans se soucier s'il y avait des civils dessous.

La division en deux de l'Allemagne, à la fois pour lui faire payer et en même temps diviser le prolétariat, aboutit à deux culpabilités différentes. A Berlin l'Est le 8 mai sera fêté comme une libération du nazisme, en toute sérénité puisque la bourgeoisie s'est mise sous la coupe de l'URSS présentée comme principale puissance victorieuse du nazisme. A Berlin ouest c'est plus compliqué. Une partie de la population restait certaine que le pays avait été agressé et que Hitler n'avait fait que se défendre et l'ancienne hiérarchie nazie administrative et patronale était restée en place avec le soutien américain. Des deux côtés la culpabilité ne pouvait être donc que relative ou nulle. Ce n'est que longtemps après, et alors que la population a en grande partie oublié, que des remords sont exprimé (électoralement) par certains politiciens. Angela Merckel en 2019, venant visiter un ancien camp nazi en Pologne, exprima sa « honte profonde » avec, un sanglot désigna  : « « Des crimes qui dépassent les limites de ce qui est concevable ». Exit le capitalisme.

La haine historique indépassable est, en évacuant toute culpabilité stalinienne, le truc de Poutine de son côté. L'apparente (et provisoire) popularité de Poutine, questionne sur le niveau de conscience moyen de la population en Russie. Comme je l'ai déjà dit, je ne crois pas que majoritairement tout le peuple russe adhère aux conneries débitées par Poutine, mais les vieux si. Héritage de la longue période stalinienne, les vieux se sont longtemps identifiés à Staline et ont même pris l'habitude de la dictature face au « nazisme occidental ». On peut reprendre la même idée exprimée par un célèbre psychologue. Mitscherlich et d'autres ont qualifié Hitler d'«objet dont les Allemands étaient
dépendants et sur lequel ils effectuèrent un transfert de responsabilité, ce qui fit de lui un objet intériorisé par chacun. À ce titre, il représentait et ranimait les idées d'omnipotence que nous abritons tous au fond de nous-mêmes depuis notre enfance».

UNE VIEILLE GENERATION QUI NE SE SENT COUPABLE DE RIEN ?

Le pouvoir russe est depuis des décennies une gérontocratie. Lors de toutes les commémorations militaires, en rangées d'oignons, trônent des rangées de vieux machins ultra-médaillés observant une armée pléthorique de jeunes enrôlés bien mieux payés que toute la classe ouvrière russe.

La culpabilité peut être transformée en honte par les vieux hibous du stalinisme face aux jeunes qui se fichent de leurs soi-disant exploits militaires pour la libération du nazisme ; quand par contre la jeunesse russe peut se ficher de devoir des comptes à une masse de vieux généraux à la retraite et dont le passé reste trouble, sans se considérer comme des traîtres. D'une génération à l'autre se succèdent des problématiques politiques différentes dans tous les pays.

En France, les baby-boomer ont été considérés comme ingrats, pas seulement par les anciens militaires et partisans, mais une partie de la classe ouvrière vieillie et usée par la misère des années 1930 et la guerre, et aussi les guerres coloniales.

Puis autour de 68, l'échec de la révolution « prolétarienne » fantasmée a accouché du changement sociétal « radical » avec les théorisations apolitiques et sociologiques de la noria gauchiste : féminisme, tiers-mondisme, anticapitalisme de barricade, etc. dont les leaders ont par la suite contribué au mitterrandisme et accédé au pouvoir :

« Ce faisant, les baby-boomers et plus précisément les soixante-huitards deviennent à leur tour des obstacles au renouvellement des paradigmes politiques et sociétaux et sont accusés d’être à leur tour facteur d’immobilisme, de blocage et de conservatisme en refusant d’abandonner leurs privilèges, leurs pouvoirs mais aussi leur idéologie et leurs cadres d’analyse présumés surannés par rapport aux données du monde moderne. En refusant d’abandonner à leurs cadets le pouvoir, les fonctions, les statuts dont ils ont eux-mêmes joui au même âge que ces générations montantes qui les accusent, les baby-boomers participeraient à leur tour à une forme de domination conservatrice masculine et âgée sur la société »2.

En France, en réaction à ce gauchisme institutionnel, des ministres aux magistrats, des syndicalistes aux assocs antiracistes, on a tendance à dire que la jeunesse est « de droite » (cf. le nombre de jeunes aux meetings de Zemmour) ; en fait elle est une réaction plutôt conservatrice aux délires de la génération gauchiste précédente qui a ridiculisé l'idée révolutionnaire, ce qui ne veut pas dire qu'elle est incapable de prolonger sa réflexion ni de revenir à la réalité du conflit des classes.

En Russie c'est pareil. Le stalinisme ayant enterré le bolchevisme, les jeunes sont plutôt séduit par le modèle occidental (nazi comme disent les vieux), ce qui est une épine dans le pied du bouffi Poutine, mais moins pire que ce qui l'attend du point de vue de la classe ouvrière s'il ne fait pas cesser au plus vite cette guerre, ou si ses comparses n'inventent pas rapidement un Poutine 2 ou 3.

Le fait que de plus en plus de jeunes envisagent de se barrer de Russie face à cette gérontocratie, si semblable à notre aristocratie gauchiste parvenue au pouvoir divers (ministre, députation, cardes syndicaux, etc.), en même temps que la détresse des millions d'ouvriers obligés de rester à subir, pose le problème d'une société immobile, profondément injuste quie ne fait que transférer une dette insurmontable aux générations futures, rompant ainsi historiquement avec ce que la génération d'Octobre 17 projetait comme l’héritage d’un monde meilleur. Tant sur le plan de la dette et des équilibres budgétaires que de l’environnement (réchauffement climatique, pollution, amenuisement de la biodiversité…) ou des inégalités sociales, la question de la responsabilité générationnelle des gérontocrates et de la masse bonzes nombreux de la police et de l'armée ne peut être que posée violemment à terme.

De plus, le vieux Poutine et ses acolytes ont déjà perdu la guerre parce que, quelle que soit l'issue militaire du conflit - et à ce stade il n'est même pas sûr qu'elle soit favorable à la Russie -, les pertes humaines, matérielles, économiques, industrielles, politiques et réputationnelles pour le Kremlin ne seront pas compensées par un hypothétique gain territorial et une soi-disant neutralisation de l'Ukraine, qui de toute façon, même avant la guerre, n'allait pas rejoindre l'Otan. En détruisant l'Ukraine, Poutine détruit l'avenir de la Russie en même temps qu'il renforce considérablement l'Europe et l'Otan3.

La crise de la guerre moderne n'est pas simplement liée à l'empêchement de monter à l'extrême (nucléaire) c'est la nécessité d'humilier l'autre, humiliation certes irrationnelle (contrairement au passé il peut n'y avoir aucune conquête territoriale ni récupération d'une industrie, comme j'en parlerai à la fin concernant les réparations exigées à l'Allemagne en 1945), et confirme une des sentences de ce bon vieux Clausewitz :

« La véritable victoire n'est pas la défaite militaire de l'autre, mais la défaite de sa volonté de se battre, ce qui est l'objectif de la diplomatie coercitive. De ce point de vue, la définition clausewitzienne (du théoricien militaire Carl von Clausewitz) de la victoire est assez inclusive : il y a victoire si l'ennemi a subi davantage de pertes humaines et matérielles, mais aussi morales, et s'il le reconnaît ouvertement et renonce à ses intentions »4.

Ce fût le cas du Japon et de l'Allemagne, dont l'encadrement de la population dans la guerre avait été autrement plus dictatorial et efficace que la situation de plus en plus troublante qui pend au nez de Poutine.

PEUT-ON LUTTER CONTRE LA GUERRE ACTUELLE ?

Beaucoup de déclarations d'individus sur leur blog, de clans de deux ou trois individus qui peuvent se nommer « mouvement communiste », « groupe communiste », socialiste d'Algérie, etc. Pantopolis publie des tracts de diverses officines au nom ronflant ou pathétique parfois : « guerre à la guerre » du collectif communiste des conseils de Dusseldorf, « Créons l'impossible » de tabul narratur, Prise de position internationaliste en Russie du KRAS-AIT (anarchistes), inter-revforactivo : los proletario no tienen patria que defender, la prise de position du PCI (bordiguiste), du GIGC mais pas du CCI...(haine recuite). Tous proclament ne choisir aucun camp. Le petit groupe bordiguiste (PCI) lance des mots d'ordre aussi creux qu'une valise vide pour les jeunes générations :

« … faut revenir aux principes classiques du défaitisme révolutionnaire et de l’internationalisme prolétarien :Non à la défense des patries et des États bourgeois ! Non à l’union nationale et au nationalisme !Union des prolétaires par-dessus les frontières et les fronts de guerre !Reprise de la lutte indépendante de classe contre le capitalisme dans tous les pays !Reconstitution du parti révolutionnaire communiste, internationaliste et international pour diriger la lutte prolétarienne vers la révolution mondiale !Prolétaires de tous les pays, unissez-vous !

Qu'est-ce que ces phrases grandiloquentes et pompeuses peuvent signifier pour les jeunes générations de « consommateurs » incultes et sans conscience de classe ? Que signifie cette abstraction « reprendre la lutte indépendante de classe ? Des grèves sans syndicats ? Des manifestations spontanées comme les gilets jaunes ? Reconstruire le parti communiste ? Mais on n'a pas viré Brejnev pour rien penseront la plupart ! En plus un nouveau parti « pour diriger les ouvriers », ce qu'on reproche justement aux partis bourgeois ! Non pas que la plupart des slogans soient faux mais ainsi balancés ils ne peuvent apparaître que comme utopiques et ringards. En plus ils sont hors de la réalité, OK pour ne pas choisir un camp mais qu'est-ce qui empêche de dénoncer la disproportion entre la pachyderme russe et un pays envahi et martyrisé comme jamais depuis 1945 : bombardements d'hôpitaux, exécutions sommaires de civils, tortures gratuites, viols, pillages éhontés des pauvres habitations ouvrières, etc. 

Idem pour le CCI qui lance aussi ces grandes déclarations internationalistes qui n'épatent qu'eux-mêmes, avec cette vision mythique, d'une histoire mal apprise des révolutions du début du XXème, qui imaginait encore une sorte de guerre révolutionnaire :

« Il est évident que la révolution se traduit par la désertion des soldats de l'armée et par le combat contre les officiers. Mais il s'agit alors, comme pendant les révolutions russe et allemande, d'actions massives des soldats se fondant dans la masse des prolétaires en lutte »5.

Or ce n'était pas vrai, les soldats en Allemagne ne se sont pas fondu dans la masse des prolétaires ; Jogisches le compagnon de Rosa l'avait déploré : « cela a été une révolution de soldats ».

Quant au « terrain de classe », c'était tout aussi vague

« Le terrain de classe n'a pas de frontières nationales, mais des frontières de classe. Il est par lui même la négation de la base des guerres capitalistes. Il est le terrain fertile où se développe la dynamique qui conduit le prolétariat à assumer, à partir de la défense de ses intérêts « immédiats », la défense de ses intérêts historiques : la révolution communiste mondiale.(...) Seule la lutte contre le capitalisme est une lutte contre la guerre. C'est la seule « guerre » qui vaille la peine d'être menée »6.

Le CCI d'aujourd'hui est plus lucide :

« La classe ouvrière est un géant endormi

Le système capitaliste, de plus en plus un système de guerre et de toutes ses horreurs, ne rencontre pas actuellement d'opposition de classe significative à sa domination, si bien que la classe ouvrière subit l'exploitation croissante de sa force de travail et les sacrifices ultimes que l'impérialisme lui demande de faire sur le champ de bataille ».

Mais la grande déclaration commune à deux ou trois autres confréries est aussi généraliste que celle des bordiguistes :

« Aucun soutien à quelque camp que ce soit dans le carnage impérialiste en Ukraine.

Pas d'illusions dans le pacifisme : le capitalisme ne peut vivre que par des guerres sans fin.

Seule la classe ouvrière peut mettre fin à la guerre impérialiste par sa lutte de classe contre l'exploitation menant au renversement du système capitaliste.

Prolétaires du monde entier, unissez-vous ! ».


Et après on fait quoi ? On attend que la classe ouvrière cesse de ronfler ou de prendre des bombes sur la gueule, surtout en Ukraine !


URGENCE DE LA PAIX MEME SANGLANTE FACE AU RISQUE DE REVOLUTION


La bourgeoisie occidentale a évolué elle dans sa capacité de récupération en s'emparant de façon caricaturale des vieilles tactiques du prolétariat, comme je l'ai souligné au début de ma chronique :


  • en mettant en place des sanctions économiques (pour la galerie, car en sous-main elle n'a cessé d'alimenter la guerre en Ukraine tout en prétendant ne pas offusquer Poutine) ;

  • l'un des cadors de « l'union européenne » (et non plus nationale) le belge Charles Michel s'est mis à appeler les soldats russes à la désertion (utopique ! Ont quand même rétorqué ses collègues) ;

  • en Russie comme en France le principal souci reste « l'arrière », encore plus avec le nouveau type de guerre avec conduites par des professionnels ; une constante pourtant, l’armée attend beaucoup du soutien de «l’arrière». Au sein des états majors, on s’interroge sur les façons de nourrir «l’esprit de défense» au sein de la nation avec l'espoir que l'armée continue à « faire corps au sein du pays » ; c'est pourquoi a été inventé là aussi le concept de résilience 7; c'est ce concept que Macron a repris comme synonyme de pardon en présentant son programme anti-social.

  • Une capacité à effectuer un revirement négociable pour éviter l 'explosion de la colère des prolétaires : ce soir un sous-fifre de Poutine a annoncé qu'il y avait eu de nombreuses victimes parmi l'armée russe... ce qui commençait à se savoir dans la population en dépit d'une censure décrite comme impitoyable par les médias de l'Ouest...


Cette dernière déclaration obligée vient confirmer que l'armée russe est à bout de souffle et la lassitude de la population russe qui, même terrorisée n'est pas restée endormie, n'a pas été aveugle et n'a pas digéré les gros bobards ridicules de Poutine, surtout la jeune génération qui n'a connu ni la guerre mondiale ni les hystériques inventions du stalinisme. Du reste l'envoi de milliers de jeunes au casse-pipe sans leur expliquer le pourquoi du comment se fait ressentir depuis un moment.

La télévision d’Etat, seule source d’information officielle, n’a pas empêché les manifestations anti-guerre, dès le début du conflit malgré l’important dispositif de répression. Selon OVD-Info, une ONG de défense des droits des manifestants, quelque 15 000 personnes auraient déjà été arrêtées voire plus. Les purs révolutionnaires étaleront leur mépris pour ces manifs de « bobos » ne représentants pas la classe ouvrière et surtout lamentablement pacifiste. Moi je dis mon admiration pour ces bobos et leur courage comme celui des milliers d'étudiants américains protestant contre la guerre du Vietnam même sans « les positions de classe » dans leur poche.

Des milliers de Russes - 3.000 selon la police - ont défilé samedi à Prague, où ils ont brandi des drapeaux blanc et bleu pour protester contre l'invasion de l'Ukraine par les forces de Moscou. Les manifestants ont marché de la place de la Paix en direction du centre de la capitale tchèque en portant des pancartes où l'on pouvait lire "killer" ("meurtrier") sur une photo du président Vladimir Poutine et en scandant "Non à la guerre". "Nous sommes contre Poutine". Nos probes révolutionnaires vont-ils leur reprocher de ne pas avoir dénoncé « les deux camps » ?


    MENACE D'EFFONDREMENT ECONOMIQUE DE LA RUSSIE

L'impression qui se dégage un peu comme à la veille de la chute du mur de Berlin est que nos médias en rajoutent dans la dramatisation (avec l'aide du pouvoir ukrainien qui charge la barque avec le qualificatif de génocide) et ne gonflant la dangerosité de l'armée de Poutine, alors que, pas immédiatement la catastrophe arrive pour la Russie sans moyen pour la conjurer, comme aurait paraphrasé Lénine.

La guerre d'invasion a coûté très très cher au gouvernement Poutine, et même les rentrées financières avec la vente de gaz ne pourront éponger l'endettement. Les plus sérieux économistes non pipoles comme ceux des chaînes d'infaux ont alerté : l'économie de la Russie est au bord du gouffre. Dans « Capital » un économiste prévoit "un impact sur l'investissement, la croissance, le niveau de vie" entre autres. "Poutine appauvrit la Russie pour des années", conclut-il.

Autre chiffre choc du jour, les ventes de voitures neuves se sont effondrées de 62,9% en mars sur un an, symbole de tout un secteur mis aux abois, les Occidentaux ayant notamment banni les exportations vers la Russie de pièces détachées. De nombreux producteurs ont annoncé en outre l'arrêt de la vente de composants ou de voitures à la Russie, à l'instar d'Audi, Honda, Jaguar ou Porsche. D'autres ont annoncé l'arrêt de la production, comme Renault, BMW, Ford, Hyundai, Mercedes, Volkswagen ou Volvo.

Les usines d'Avtovaz (groupe Renault-Nissan), premier producteur de voitures en Russie, employant des dizaines de milliers de personnes, sont quasiment à l'arrêt en raison d'une pénurie de composants importés. Selon les données d'Avtostat citées par Kommersant, les prix des voitures neuves ont augmenté en moyenne de 40% en mars, et jusqu'à 60% pour les voitures haut de gamme, dont l'approvisionnement est limité par des problèmes de logistique ainsi que par les sanctions.

Les chiffres de l'inflation de mars sont attendus mercredi soir et devraient battre des records. Alexeï Vedev, chercheur associé à l'institut Gaïdar de l'université Ranepa à Moscou, estime qu'elle sera aux alentours de 20% annuels, après avoir dépassé 9% en février sur un an. "Ce fut un mois de panique chez les consommateurs", qui se sont rués vers des produits dont ils prévoient la disparition, estime-t-il. "Lorsque la situation se stabilisera, les processus objectifs à l'oeuvre deviendront plus clairs".

Et selon Andreï Iakovlev, de la Haute école d'économie de Moscou, la véritable crise n'atteindra l'économie réelle que cet été ou cet automne: "en mai, un grand nombre d'entreprises sont susceptibles de s'arrêter" faute de composants importés, notamment dans l'industrie automobile qui emploie des centaines de milliers de personnes.

En situation de défaut de paiement (= faillite) avec des banques sans aides, le risque de paralysie économique de la Russie se profile. Poutine ne pourra pas tout faire porter sur l'embargo occidental et c'est pourquoi il est acharné à trouver un victoire militaire finale même limitée même coûteuse en vie de ses soldats. Sinon le désastre de la guerre (sans appel internationaliste de petits groupes) se retournera comme un boomerang et le fera éjecter. La profonde récession qui va toucher la population russe et la classe ouvrière produira des convulsions sociales explosives, à moins que le régime accélère de vraies et pourries négociations en prévision des conséquences sociales et politiques d'une guerre ayant trop duré et tout ça pour ça !


Même si une négociation arrête cette guerre aux potentielles conséquences sociales dangereuses (ne vaut-il pas mieux arrêter la guerre avant qu'elle ne favorise une révolution?) tous les Etats capitalistes en auront profité pour enrichir les marchands ce canon, tout en se félicitant de l'obsolescence du matériel des méchants russes. En France le budget de la défense vient de passer de 35,9 milliards d'euros à 41 milliards.

Les États-Unis disposent désormais de 100.000 soldats sur le continent. L’Alliance a placé, pour la première fois de son histoire, 40.000 soldats sous son commandement dans le cadre de sa force de réaction. Quatre nouveaux bataillons tactiques vont être déployés en Hongrie, Slovaquie, Bulgarie et Roumanie, en plus des trois pays Baltes et de la Pologne. Les alliés ont aussi accru leurs présences maritimes et leurs missions de police du ciel. Ils ont aussi promis un appui à des pays proches comme la Géorgie ou la Bosnie.

Dans tous les cas l’Ukraine sortira exsangue de ce conflit, il eût été préférable qu’elle soit neutre comme l’Irlande ou la Finlande. La Russie en sortira appauvrie et rejetée dans le camp asiatique. L’Europe également appauvrie et affaiblie. Les grands bénéficiaires à court terme seront les USA... et à long terme la Chine.

Car ce que l’on voit finalement c’est que tandis que l’Amérique fait de belles affaires et de juteux contrats, l’Ukraine de Zelinsky (que l’Amérique a financé, fait élire et soutenu de tout son poids) paie en morts et en ruines son souhait de rejoindre l’Otan et que l’Europe est en train de ruiner pour au moins 10 ans son économie sans parler du reste de la planète qui va connaître des famines et une aggravation sans précédent de sa pauvreté..

En raison des sanctions contre Moscou, le blé russe est devenu invendable. Résultat : le cours s'envole. La tonne de blé était à 275 euros le 1er janvier. Elle est aujourd'hui à 385 euros. Pour des pays comme le Soudan ou l'Indonésie, le blé est devenu trop cher, ce qui fait craindre une crise alimentaire mondiale. Malgré la guerre, les céréaliers ukrainiens ont commencé à semer cette semaine, avec l'espoir de pouvoir récolter sereinement dans quelques mois.

Et, si la guerre s'arrête en Europe, la crise alimentaire sera universelle. La Russie ne sera pas la seule perdante. La chute de la maison Poutine pourrait aussi entraîner un effet domino...

Tous les pays se sont lourdement endettés pendant la crise pour soutenir leur économie et amortir le choc pour la population. L'Etat français a ouvert plus largement les vannes que ses voisins. Selon les dernières données d’Eurostat, la dette publique moyenne des États de la zone euro avait progressé en valeur de 19 % entre fin 2017 et le troisième trimestre 2021. Sur la même période, l’endettement de la France a bondi de… 26 %. Si on se concentre sur la période de la pandémie, la dette de la zone euro s’est envolée de 17 % entre fin 2019 et le troisième trimestre 2021, toujours en valeur. Celle de la France, de… 19 %.

Laissons la conclusion à cet anonyme : Alors que tous les candidats se sont engagés sur des programmes de dépenses tous azimuts, et que la guerre en Ukraine va percuter lourdement l’activité économique mondiale, en provoquant une forte inflation, les prochaines années s’annoncent donc délicates. J'aurais dit plutôt les prochains mois.



ADDENDUM sur les Réparations allemandes et ce qui pourrait arriver au régime oligarchique et cacochyme

Lors de la défaite d'un camp dans la guerre mondiale, celui-ci paie lourdement très lourdement ses destructions (pas celles de l'autre camp) voici une idée comparable de ce que Poutine devrait payer à Zelensky si la Russie était mise à plat ventre.

Après la Seconde Guerre mondiale, selon la Conférence de Potsdam tenue du 17 juillet au 2 août 1945, l'Allemagne dut payer aux Alliés 20 milliards de reichsmarks, soit environ 315 millions USD, surtout en termes de machines et d'usines. Les réparations à l'Union soviétique ont été interrompues en 1953. De plus, conformément à une politique systématique de désindustrialisation et de pastoralisation de l'Allemagne, un grand nombre d'usines civiles ont été démontées pour être transportées en France, en Union soviétique, au Royaume-Uni ou tout simplement détruites.

Après la capitulation allemande et au cours des deux années suivantes, les États-Unis et l'Union soviétique poursuivirent un programme vigoureux de pillage du savoir-faire technologique et scientifique allemand ainsi que des brevets déposés en Allemagne durant la période de guerre. L'historien John Gimbel établit que les « réparations intellectuelles » prises par les États-Unis et le Royaume-Uni se sont élevées à près de 10 milliards de dollars. Citons la méthadone, dont Eli Lilly a acheté le brevet en tant que réparation de guerre pour la somme modique d'un dollar de la firme Hoechst.

Les réparations allemandes devaient partiellement prendre la forme de travail forcé. En 1947, environ 4 000 000 d'Allemands ont été utilisés pour le « travail de réparation » en Union soviétique, en France, au Royaume-Uni, en Belgique et dans la zone allemande sous contrôle américain.

Cette dette est toutefois annulée en 1953, à la suite de l'accord de Londres sur les dettes, traité d'allégement de dette entre la République fédérale d'Allemagne et ses pays créanciers, signé le 27 février 1953.

Les autres membres des puissances de l'Axe (la Hongrie, l'Italie, la Roumanie, la Finlande et la Bulgarie) devaient aussi payer après la Seconde Guerre mondiale des indemnités de guerre dont l'étendue était réglée par le Traité de Paris (1947).

Tous ont dû céder des territoires acquis au cours de la guerre, et durent payer des sommes d'argent importantes notamment à l'URSS, la Grèce et la Yougoslavie.

Une partie de la Finlande fut utilisée comme une base militaire soviétique.

Selon le Traité de San Francisco et des accords bilatéraux, le Japon a accepté de payer environ 10 trillions de yens. Le Japon a accepté de payer des indemnités, conformément aux accords bilatéraux, aux pays et aux victimes de son expansionnisme militaire.

Sachant cela, Poutine se suicidera-t-il comme Hitler dans son bunker ou suicidera-t-il le monde en le nucléarisant ? Je ne pense pas, la bourgeoisie russe si attachée à l'argent, l'aura viré avant.


NOTES


1 cf. L'homme unidimensionnel p 34

3C'est exactement ce qui s'est passé en Afghanistan et en Irak. Dans un cas comme dans l'autre, la victoire strictement militaire des Américains est indiscutable et rapide, contre les talibans en 2001 et Saddam Hussein en 2003. Et pourtant, vingt ans plus tard on considère qu'ils ont perdu ces deux guerres. Souvenez-vous du discours de George W. Bush du 1er mai 2003 sur le porte-avions USS Abraham Lincoln affichant fièrement une bannière «Mission accomplished». Pourtant, 97% des 4489 pertes américaines ont eu lieu après cette date, qui marquait la fin des opérations majeures mais pas la fin de la lutte contre le terrorisme.

5Article de 1990 rédigé par Raoul Victor.

6Ibid.

7 Dans l’armement et l’aérospatiale, la résilience dénote le niveau de capacité d’un système embarqué à tolérance de panne, de pouvoir continuer de fonctionner en mode dégradé tout en évoluant dans un milieu hostile...

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