PAGES PROLETARIENNES

samedi 7 novembre 2020

Elections US : Un combat de vieux dans un monde de plus en plus dangereux

 


« En premier lieu, le communisme déblaie le terrain des conceptions idéalistes, selon lesquelles les faits du monde de la pensée sont la base - et non le résultat - des rapports réels de la vie de l'humanité et de leur développement. Toutes les formulations religieuses et philosophiques de ce genre sont à considérer comme le bagage idéologique de classes dont la domination, qui précéda l'époque bourgeoise, reposait sur une organisation ecclésiastique, aristocratique ou dynastique, qui ne se justifiait que par une prétendue investiture supra-humaine. Un symptôme de décadence de la bourgeoisie moderne est la réapparition en son sein, sous des formes renouvelées, de ces vieilles idéologies qu'elle avait pourtant elle-même détruites. Un communisme qui se fonderait sur des bases idéalistes serait une absurdité inacceptable.

De façon plus caractéristique encore, le communisme représente la démolition critique des conceptions du libéralisme et de la démocratie bourgeoise. L'affirmation juridique de la liberté de pensée et de l'égalité politique des citoyens, la conception selon laquelle les institutions fondées sur le droit de la majorité et sur le mécanisme de la représentation électorale universelle sont une base suffisante pour un progrès indéfini et graduel de la société humaine, sont les idéologies qui correspondent au régime de l'économie privée et de la libre concurrence, et aux intérêts de classe des capitalistes.

C'est une des illusions de la démocratie bourgeoise que de croire que l'on peut parvenir à une amélioration des conditions de vie des masses au travers d'un développement de l'éducation et de l'instruction par les classes dirigeantes et leurs institutions. L'élévation du niveau intellectuel des grandes masses a, tout au contraire, comme condition un meilleur niveau de vie matérielle, incompatible avec le régime capitaliste; d'autre part, à travers ses écoles, la bourgeoisie tente de répandre justement les idéologies qui tendent à empêcher les masses de reconnaître dans les institutions actuelles l'obstacle à leur émancipation ».

Thèses de la Fraction communiste du parti socialiste italien (1920)



L'ACTION DU COVID SUR LES ELECTIONS AMERICAINES


Les élections américaines font sourire depuis bien plus de cinquante années en Europe. Elles tiennent véritablement du cirque avec ses clowns, ses éléphants, tigres, singes et des acrobates de haute volée. Elles sont les plus caricaturales au monde de cette farce de « légitimité démocratique » populaire, où la population ne décide de rien et ne reste que des sacs de patates que se disputent clans, factions et... communautés, tout se résumerait selon les médias à une opposition: pauvres blancs contre identitaires.

La participation massive de la population à cette élection présidentielle infirme-t-elle la persistance et l'approfondissement de l'abstentionnisme en Europe ?

On peut s'en plaindre ou en convenir, contrairement aux municipales en France, le covid aux USA a favorisé une participation record grave aux votes par correspondance. Sans doute par d'un côté une émotion des trumpistes et de l'autre côté la haine anti-Trump de l'élite bourgeoise et cinématographique de la côte Ouest. Pas une bataille de programme mais de sentiments envers un challenger contre l'autre où le Covid a servi à diffuser une peur non politique, mais dépolitisante, et va de pair avec l'antienne autarcique que « la croissance repose désormais plus sur la consommation que sur les exportations ».

L’élection présidentielle américaine, basée sur la Constitution de 1787, est une élection à deux degrés : le Président des États-Unis n’est pas élu au suffrage universel direct, il l’est par un collège de grands électeurs. Ce corps intermédiaire indépendant est un héritage de l’histoire américaine, pour la fondateurs les États-Unis étaient une République avant d’être une démocratie. À l’origine, l’élection du Président était confiée aux citoyens les plus éclairés et les plus vertueux : les grands électeurs. Il y a une forme de contiuïté entre le népotisme féodal cowboy et la persistance de ce corps de bureaucrates politiques intermédiaires, de la même manière que le parti stalinien de Brejnev servait de corps intermédiaires sensé répercuter les désidératas du peuple ; ce qui est le profil chinois actuellement. Le pouvoir apparaît ainsi dans le capitalisme sous toutes les latitudes confisqué par des instances « intermédiaires » et nullement responsables devant lui.

Les majorités sur le plan électoral moderne sont soi-disant le facteur de décision, quand on sait que historiquement ce sont les minorités (surtout bourgeoises) qui ont raison, et que les majorités se fabriquent et sont généralement moutonnières. Le trucage est complexe avec le système américain et permet la tricherie si les besoins du capital l'exigent; ainsi Busch fils a été délibérément nommé face à Al Gore qui disposait d'un nombre supérieur de voix. Un tout petit comité de légiste, non élus ni contrôlés par le peuple ou le prolétariat, peut décider dans son coin. Tous les États n’ont pas le même poids dans le collège des grands électeurs : les voix de la Californie (55 votes) comptent plus que celles réunies des treize États les moins peuplés. Des États comme le Texas (38 votes), New York (29), la Floride (29) ou l’Illinois (20) pèsent particulièrement lourd dans le résultat. On vient de voir le poids et l'influence énorme de la Californie. Chaque Etat se voit attribuer un nombre de grands électeurs équivalant au nombre de ses représentants au Congrès : soit deux sénateurs, quel que soit son poids démographique, auquel s’ajoutent les élus à la Chambre des représentants, dont le nombre est déterminé en fonction de sa population, pas en fonction des classes ; ce type d'élection révèle aussi leur intérêt pour éliminer les classes ; dans certains Etats la classe ouvrière peut être faible en nombre tout en étant déterminante pour la marche de l'économie en général mais avec le principe de majorité indistincte, sa voix (sa conscience) est égale à zéro.

Le Montana, le Wyoming, les deux Dakota, l’Alaska, le Delaware et le Vermont, Etats peu peuplés, représentent chacun trois grands électeurs du collège électoral ; la Californie, l’Etat le plus peuplé du pays, en a cinquante-cinq, suivie par le Texas (trente-huit), la Floride et l’Etat de New York (vingt-neuf chacun). Trois grands électeurs représentent en outre le district fédéral de Washington.

Mais compte tenu de l’évolution de la carte politique et sociale américaine, une majorité d’Etats ne présentent plus beaucoup, voire plus aucun enjeu pour les candidats et le pouvoir central. Historiquement, les Etats du Sud et des grandes plaines du Midwest sont ainsi des « Etats rouges », acquis aux républicains, ceux du Nord-Est et de la côte ouest sont à classer parmi les « Etats bleus », acquis aux démocrates. Le système de nomination du grand électeur est laissé aux choix de chaque Etat, mais au total avec ce système sans principe la bourgeoisie peut dormir sur ses deux oreilles.

L'éditorialiste américain Rod Dreher a assez bien résumé le jeu de chaises musicales qui se profile dans le suspense final qui :

« … a trait à la réindustrialisation et au protectionnisme: Biden est conscient que les Démocrates ont manqué leur rendez-vous avec les classes populaires sous Obama. Dilettante à bien des égards, peu intéressé par l’économie, Obama n’a pas vu cette fracture qui a jeté les masses populaires dans les bras de Trump en 2016. Le Parti Démocrate a dû abandonner sa vision sociale libérale ou élitiste forgée par Clinton dans les années 90 et aujourd’hui, sur ces questions, il n’y a même plus de différence entre Trump et Biden ».

L'abstention électorale, un "mal européen" unique au monde ?

On va voir qu'avant la soudaine, et fort provisoire, ruée électorale de cette année 2020 en Amérique, les taux de participation électorale n'ont jamais excédé plus de 50% des électeurs depuis un demi-siècle. Sans oublier que le dégoût de la tricherie électorale (affaire de gros sous et de découpages arbitraires) peut aussi concerner les prolétaires de pays comme l'Algérie. Avant de revenir sur les causes de la dépolitisation américaine, il me faut souligner que la montée de l'abstentionnisme en France en particulier, date du deuxième mandat du bourgeois Mitterrand, c'est un abstentionnisme ouvrier et en même temps en banlieue nord de Paris par exemple, donc incluant autant des prolétaires de souche maghrébine. Entre les élections législatives de 1973 et celles de 1997, la participation recule de 20 points à Gennevilliers, passant de 82,5 à 62,5 % des inscrits ; dans l'ensemble du pays elle avait chuté de 12,8 points. L'explication ne repose pas seulement sur les trahisons successives des partis de la gauche bourgeoise (PCF inclus) mais d'abord sur le fait que les électeurs ouvriers sont méprisés et que l'élite des partis gouvernementaux de ladite gauche a décidé qu'ils avaient disparu avec la désindustrialisation au profit de la Chine, ou au moins étaient suffisamment invisibles pour qu'on se passe d'eux. Enfin l'islamisation des quartiers ouvriers a eu pour conséquence de renforcer le repli individualiste et une amplification de la suspicion vis à vis des politiciens locaux de la gauche bourgeoise qui trafiquent ou sponsorisent une clientèle arriviste en milieu immigré. Ce repli sur soi, voire de fuite en province de nombreux prolétaires, pas seulement français de souche, a abouti, comme on l'a vérifié, à la révolte chaotique et petite bourgeoise des gilets jaunes, plus abstentionnistes que jamais.

Le honteux déni du vote contre le traité de Lisbonne a plus encore approfondi la crise de la représentation bourgeoise partout en Europe. Pas seulement en France où une majorité de près de 60% n'ont pas confiance dans les institutions européennes (si lointaines et incontrôlables) vues comme étrangères. L'élection présidentielle en France, mais aussi aux Etats-Unis, bien qu'elle y soit indirecte, du fait de leur médiatisation et fixation sur un homme plutôt que sur un programme, voit des taux de participation élevés, qui n'amenuisent pas le dégoût de la mystification électorale pour la plupart des autres types d'élections.

Comment expliquer la fluctuation des statistiques américaines ?

En 1996 lors de l'élection de Clinton, la participation tombe à 49%. En 2008, Obama était monté à 57% ce qui était un record par rapport à la moyenne des élections depuis la guerre. En 2016 lors du challenge Trump/Hilary Clinton , la participation avait plafonné à 54%. Hilary, représentante de l'élite californienne et du show business antiraciste, et qui avait si méprisé les ouvriers (blancs) avait pourtant recueilli 200 000 de plus que Trump mais c'est ce dernier qui avait triomphé grâce aux micmacs des grands électeurs, ce qui se retourne contre lui face à Biden.

Il y a pourtant un élément nouveau, qui était pourtant déjà pris en compte lors des élections précédentes, les mesures discriminatoires des gouvernements précédents particulièrement contre les prolétaires noirs (la population dans les prisons est majoritairement noire et latinos, et un noir a plus de chance de se faire abattre par la police qu'un blanc.

La plus grande participation électorale, (voire du jamais vu dans l'histoire électorale US) ce coup-ci a été impulsée aussi par les débris de la gauche américaine et en premier lieu le mouvement « Black Lives Matter » très présent dans les manifestations et émeutes de l'été 2020 après la mort de George Floyd, qui sont ensuite ravivées par la mort d'autres hommes noirs lors de leur arrestation par des policiers blancs. Controversé, ce mouvement a donné lieu en réaction au slogan « All Lives Matter ». En réalité, loin d'être un simple chaos, un effritement de la nation américaine, la confusion et la proximité des résultats contestés, confirment l'affirmation des COMMUNAUTARISMES, la dissolution de toute guerre de classes au profit du culte ou de la contestation d'un individu, ce qui est assez inquiétant concernant la plus grande puissance impérialiste du monde, et la plus armée... Mes articles lors de l'élection du "populiste" Trump sont autrement lucides à la relecture que ce que certains maximalistes ont produit au niveau même des islamo-gauchistes1.

Finalement comme l'abstention généralisée en Europe et en Algérie, ce vote « sentimental » et hystérique des américains pour deux vieux machins, qui ne sont que potiches - le pouvoir est dans les institutions et dans la gestion de l'économie - est aussi dérisoire, et confirme l'absence d'illusions sur le système politique et une prise de conscience du chaos grandissant qui peut nous emporter tous soit dans une transgression du populisme en guerre civile stérile ne pouvant favoriser l'union nationale obligée pour envisager une participation des prolétaires à la guerre mondiale, soit retrouver les bases de classe du prolétariat et poser l'alternative révolutionnaire contre les mafias capitalistes d'un système pourrissant, les bigots et leurs islamo-gauchistes.

LE COVID EMPECHE-T-IL LA GUERRE ?

Cette question suivant une banale intempérie électorale te choquera certainement cher lecteur, mais elle est liée au chaos actuel et aux attentes, armes aux pieds, de toutes les rivalités nationales et océaniques. Le Covid empêche naturellement la guerre. La guerre signifierait partout de mettre fin aux confinements dans nos cavernes climatisées, elle répandrait encore plus sûrement la pandémie. On ne peut oublier que la grippe espagnole a été l'alliée des bolcheviques en 1918 pour mettre fin à la guerre ! Autre bon signe de la guerre impossible : les ministres de la guerre, sont des femmes, une française et une allemande. La femme n'est pas macho, elle est bonne et gentille, et la preuve qu'il n'y aura plus de guerre. Je me trompe ?


Depuis l'apparition du virus ma première pensée a été dépressive, puisque tu ou je peux te transmettre par ma simple expectoration un virus mortel, l'homme est-il redevenu un loup pour l'homme, ce qu'on croyait ne relevant plus que de cette vieille philosophie du dix septième siècle, idéaliste et sans conscience sociale ?

Thomas Hobbes, à qui on peut reprocher ses généralités ou bêtises, a par contre parfaitement décrit où nous tombons une fois en état de guerre ; marchant dans les rues désertes sous le deuxième confinement, je me mets dans la peau d'un passant dans n'importe quelle ville de France en 1942, accélérant le pas pour ne pas dépasser l'heure inscrite sur son ausweiss ou pour échapper à un prochain raid des Chleus ou des Britishs. Relisons cet écrit des années 1700 :


Tout ce qui résulte d’un temps de guerre, où tout homme est l’ennemi de tout homme, résulte aussi d’un temps où les hommes vivent sans autre sécurité que celle que leur propre force et leur propre capacité d’invention leur donneront. Dans un tel état, il n’y a aucune place pour un activité laborieuse, parce que son fruit est incertain; et par conséquent aucune culture de la terre, aucune navigation, aucun usage de marchandises importées par mer, aucune construction convenable, aucun engin pour déplacer ou soulever des choses telles qu’elles requièrent beaucoup de force; aucune connaissance de la surface de la terre, aucune mesure du temps; pas d’arts, pas de lettres, pas de société, et, ce qui le pire de tout, la crainte permanente, et le danger de mort violente; et la vie de l’homme est solitaire, indigente, dégoûtante, animale et brève (Cf. Le Léviathan)

Le Léviathan repose sur l’idée que les hommes ne peuvent pas s’entendre car trop méfiants et dominateurs. Il faut donc un tiers pour les faire se respecter l’un l’autre. Le Léviathan, l'Etat, est ce tiers, cette force tutélaire qui s’impose aux contractants. Pour instituer cette force politique transcendante, les hommes doivent renoncer à leur liberté naturelle et ainsi transférer au Léviathan le pouvoir de contrainte et la force. Pour quel bénéfice ? En échange de leur liberté naturelle, le Léviathan assure la protection de ses sujets et de leurs biens. C'est ce que Marx et Engels avaient compris pour la nécessité de l'Etat mais en insistant contre Hobbes sur ses aspects négatifs. Ces deux là ne croyaient pas à une nature humaine en soi, éternelle ou définitivement formatée par l'éducation du monde présent. Hobbes était pessimiste sur l 'humanité et au lieu de voir le mal dans telle société donnée, telle époque, il restait accroché à cette conception ancestrale et superstitieuse que l'homme est mauvais en soi, pire que l'animal avec ses instincts inassouvis. Bien sûr que la société civilise l'homme, mais une autre société peut s'en charger sans Etat, mais cela Hobbes vivant à une époque où l'Etat était en développement, ne pouvait pas le concevoir. Avant moi, et je n'avais pas encore lu son point de vue, Robert Redeker, qui en 2006 avait été menacé de mort pour sa dénonciation de l'islamisme, s'était trouvé très isolé et vilipendé par les islamo-gauchistes (il doit encore vivre sous protection policière) voit bien le Covid comme conséquence du chaos capitaliste2.

Selon Hobbes, voici les principales raisons pour lesquelles les Hommes se font la guerre :

  • La défiance : on ne fait pas confiance aux autres, alors pour assurer notre sécurité et éradiquer l’autre à tout jamais, eh bien on provoque des guerres (ou des assassinats islamistes)3 :

  • La compétition : on est tous à la recherche du profit, et c’est quand même plus facile de déclencher une guerre pour voler aux autres ce que l’on n’a pas ;

  • La gloire : puisque l’on est esclave de notre égo, on cherche tous à se créer une réputation, à inspirer le respect, la méfiance… Et pour cela, rien de mieux qu’une petite guerre et du sang partout, pour montrer qui c’est le plus fort.


UN SAUVEUR SUPREME PEUT-IL SURGIR DU COMPLEXE MILITARO INDUSTRIEL (CMI) ?

La guerre c'est l'identification à un sauveur suprême, avec en effet ces trois critères : défiance, compétition et gloire. Trump n'ayant pas déclenché la guerre mondiale est déjà out, même si son mouvement incarnant le repli américain et le protectionnisme va perdurer et même être incarné par Biden, qui va faire un bide ! Un militaire pourrait-il accéder à ce poste de chef de guerre ?

Depuis 1945, dans les plus grands pays industriels, on a assisté au gradue déclin de l'influence des militaires qui ne sont plus qu'un groupe de pression de type administratif. Il y a eu parfois des querelles sans lendemain comme à la fin de la guerre du Vietnam où les économistes voyaient dans la continuation de la guerre la cause principale de l'inflation, mais toutes les décisions ont été prise à la Maison Blanche, et en fonction en particulier du grand mouvement de dénonciation de cette guerre. Dans les années 1970 la guerre est considérée dans les milieux industriels comme improductive.

Les Etats-Unis sont restés pourtant encore le premier budget militaire du monde, ils pèsent pour un tiers des dépenses globales. Les dépenses de l’OTAN représentent 963 milliards de dollars en 2018, sous l’effet conjugué de la reprise du budget américain et de l’effort, désormais bien visible, consenti par les 28 alliés des Etats-Unis depuis trois ans pour répondre à l’exigence du « partage du fardeau », martelée par Donald Trump, qui a bien joué son rôle de chef de guerre4.

En matière de grands programmes d’armement, la Chine court derrière les Etats-Unis, et ne fait plus mystère de ses ambitions. Xi Jinping a fixé le cap dans son rapport de travail au 19e Congrès du Parti Communiste en Octobre 2017. Il y appelle à construire une Armée Populaire de Libération (APL) de « classe mondiale » en 2050. La Chine a progressivement réduit sa dépendance envers les systèmes d’armes russes, grâce à un investissement considérable dans son industrie d’armement. Elle mène aujourd’hui ses propres programmes pour tous les grands systèmes d’armes et sa courbe de progression semble exponentielle.

Plus étonnant, mieux va l'économie, plus l'économie d'armement est développée. Les dépenses militaires "ont augmenté avec la sortie des économies de la crise financière (de 2008) et sous l'effet d'une perception accrue des menaces", a déclaré le directeur général de l'IISS John Chipman. La mort du traité FNI sur les forces nucléaires intermédiaires (portée de 500 à 5500 km) en 2019 et l'extinction potentielle du traité New Start sur les armes nucléaires intercontinentales en 2021 bouscule l'ordre international post-Guerre froide, tout comme la montée en puissance de la Chine, ainsi qu'une série de crises régionales, de l'Ukraine à la Libye ».

Les deux plus gros budgets militaires mondiaux, ceux des Etats-Unis (685 milliards de dollars en 2019, soit un peu plus de 672 milliards de francs) et de la Chine (181 milliards), poursuivent leur croissance exponentielle. Les deux pays ont augmenté leur dépenses dans le domaine de 6,6% en 2019 par rapport à 2018. En chiffres absolus, les Etats-Unis creusent à nouveau l'écart sur la Chine depuis 2018. Trump n'a pas cessé de demander des efforts supplémentaires à l'OTAN. Hormis une base militaire à Djibouti et sa participation aux forces de maintien de la paix de l'ONU, l'armée chinoise est très peu présente à l'étranger - contrairement à son homologue américaine. De fait, les dépenses militaires de Pékin restent environ trois fois inférieures à celles des Etats-Unis. 

En Europe, les interrogations n'ont pas cessé devant le risque de désengagement militaire des Etats-Unis, de plus en plus centrés sur l'Asie-Pacifique, même si ces derniers ont renforcé pour l'heure leur présence militaire dans l'est du continent face à la Russie, tout comme dans le Golfe face aux menaces iraniennes. Après Donald Trump en 2018, le président français Emmanuel Macron a en outre "semblé jeter le doute" à son tour sur l'engagement de solidarité collective au sein de l'Alliance atlantique en cas d'agression de l'un de ses membres, rappelle l'ISS, ébranlant ses partenaires en estimant l'OTAN en état de "mort cérébrale".

Ces valses-hésitation et réorientation de la stratégie impérialiste américaine ne changeront pas quel que soit le prochain locataire de la Maison blanche, mais confirment qu'il coulera de l'eau sous les ponts avant la prochaine... si de vastes tensions sociales n'éclatent pas avant.


La France n'est pas la seule défense de l'Europe, que nos politiciens déplorent comme sacrifiée, en effet pendant des décennies un faible budget pour l'armement Outre-Rhin a permis à l'Allemagne de prospérer.
Le budget allemand de la défense devrait passer de près de 32 milliards en 2011 à plus de 39 milliards d'euros en 2020. Soit une hausse deux fois plus forte que celle du budget de la défense français sur la période. L'Allemagne n'a pas cessé de se réarmer. Massivement contrairement à la France, dont le budget de la défense est en train de décrocher. Le budget allemand de la défense est passé de près de 32 milliards en 2011 à plus de 39 milliards d'euros en 2020 (39,1 milliards). Dans le même temps, la France devait augmenter son budget de façon beaucoup plus modérée, passant de 31,17 milliards en 2011 à 34,02 milliards en 2019 à la fin de la loi de programmation militaire (2014-2019). Soit une hausse deux fois moins forte que celle du budget allemand sur la période, mais chacun campe sur ses positions5. Il faudra rester modeste sur ce plan avec les dettes phénoménales à cause du Covid, dont on prétend qu'il ne sera pas nécessaire de les rembourser !

La poursuite de la course aux armements par le CMI ne signifie pas que la guerre va avoir lieu à telle ou telle échéance. Elle reste encore localisée pour un moment, voire handicapée comme perspective par la pandémie, où on vit plutôt comme déjà en guerre avec des hôpitaux de campagne qui débordent mais sans entendre les canons.

LES CONSEILS SYNDICALISTES DE ROBIN GOODFELLOW

Le monde est dans une situation merdique et on aimerait presque qu'un guru politique vienne pour nous apporter la bonne parole ou même qu'un imam se dévoile en montrant du doigt un Orient révolutionnaire, mais on peut toujours courir et dans le désert. Et de toute manière on ne veut ni curé ni tribun, sauvons-nous nous-mêmes prolétaires du monde entier ! Bon une fois qu'on a dit cela , à peu près tous les groupuscules ou individus maximalistes, ne peut-on pas préciser le projet communiste ? Facile à dire moins simple de s'y atteler. Robin Goodfellow s'y est essayé. On va voir que c'est catastrophique quoique parfois du plus haut comique réformiste avec les pires vieilleries qui supposent que c'est le parti qui prendra le pouvoir et qui imaginent que les mafias syndicales pourraient être remplies avec du bon vin.

Sous le titre « Face à la crise sanitaire, réponse autonome du prolétariat international ». D'emblée Robin des Bois nous étonne, que vient faire le mot « autonome », inusité dans la famille bordiguienne ? Quand on sait que le parti lui est le vrai autonome dans la théorie.

Le libelle commence par nous décrire l'impuissance et incapacité de la bourgeoisie mondiale à éteindre l'épidémie. Il paraît que la lutte des classes s'intensifiait avant la survenue de l'épidémie, donc que celui-ci l'aurait freinée voir interrompue. D'autant qu'on était à la veille d'une nouvelle crise. De toute façon c'est le prolétariat qui payera l'effroyable endettement... J'ai envie de demander à Robin s'il se rend compte que c'est tellement faramineux cet endettement qu'il y faudrait plusieurs générations de prolétaires , et que la ponction de l'Etat (en tout état de cause) ne pourra pomper le prolétariat contemporain sauf à l'affamer et à provoquer des insurrections aux quatre coins des rues.

On trouve un peu de poésie (« le caractère tragique de la division en classes ») et un côté dogmatique religieux « « la capacité historique permanente » du prolétariat) voire un clin d'oeil à un concept trotskien confus (« le drapeau de la révolution en permanence »).

UNE PLATEFORME SYNDICALE UNIFICATRICE ?

On va découvrir l'aide proposée par Robin des Bois à la classe ouvrière internationale, qui est du trotskisme craché, voire un programme commun relooké 2020, avec de confortables revendications typique du barnum syndical des années 1970, quasiment le contenu du projet gouvernemental PC-PS avant qu'ils se foutent de notre gueule une fois au gouvernement : sous le titre : REVENDICATIONS COMMUNES :

« Défense du salaire, indemnisation du chômage, pensions de retraite. Revenus de base garanti aux chômeurs et autres populations sans réserve, régularisation des sans-papiers, réduction du temps de travail sans baisse de salaire ».

La défense du salaire pour quelqu'un qui est sensé désirer l'abolition du salariat, c'est au moins anti-marxiste pour ne pas dire cul-cul-la-praline. Que les prolétaires se battent pour le « niveau de vie », les baisses de salaire ne signifie pas défendre en soi le salaire mais engager un rapport de force, ne pas se laisser faire, et encore d'un point de vue collectif car on se fout du salaire de celui-ci ou celle-là, le combat vise à se développer sur le plan collectif et le plus souvent le salaire on l'a dans le cul. Faut-il te rappeler le mot de Rosa : bien plus souvent c'est l'expérience de la lutte qui est le seul acquis. Quant au reste c'est le discours islamo-gauchiste plus Hamon et un gentil capital qui supprime les clochards.

UNE CAISSE SOCIALE SYNDICALE ET UNE INFIRMERIE « SOVIETIQUE » ?

« Autonomie de la gestion des cotisations sociales (salaire indirect). Accès gratuit aux soins, prise en charge des services de santé par le prolétariat ».

Le passage qui suit pour expliciter cette « autonomie » n'est qu'un recopiage de ce qui existe déjà (je ne cite que la CCAS de EDF). Les soins gratuits existent déjà même pour des tas de gens qui viennent se faire soigner en France sans être spécialement prolétaires ni y payer des impôts ; la sécurité sociale est si on veut un boulot refilé à des prolétaires avec la hiérarchie capitaliste derrière, et ça marche assez bien en France, c'est paritaire avec l'Etat, et rien ne dit qu'une gestion corporative, même « de classe » ferait mieux. C'est surtout une forme de réformisme utopique qui imagine qu'on pourrait marier public et privé dans une même protection sociale ! Rêverie de petit bourgeois hors de la réalité sociale ! Jusqu'aux limites de la confrontation des classes le capital ne va pas nous distribuer des bonbons, supprimer les inégalités de classes ni restaurer les coopératives du temps de Jaurès. Enfin « la gestion autonome par les représentants du prolétariat », c'est le discours de la CGT, du bluff ! Si le prolétariat doit s'occuper de ces questions ce sera après la révolution. La fabrique de ce type de revendications est typique du bernsteinisme mais à l'époque de l'écroulement du système qui se trahit justement parce qu'il ne peut plus rien garantir.

LES CONSEILS SANITAIRES DE ROBIN SALOMON

« Mesures de protection de la santé sur les lieux de travail et les transports publics ».

Déjà qu'on nous a ressorti le croque-mort gouvernemental, qui veut enfermes nos vieux dans un goulag confiné, Robin s'en mêle pour dénoncer un fait avéré « les riches sont mieux confinés » ! Mais on s'en fout ! Sous les bombardements, des riches étaient certainement dans des blockhaus plus costauds mais cela n'empêchait pas les bombardements. Tant mieux pour eux, mais cela n'empêche pas que tout le monde reste concerné, et que tant qu'on n'aura pas trouvé un remède même les riches seront susceptibles d'en crever tôt ou tard.

Quant aux revendications de mesures de protection il n'y a pas besoin de Robin des Bois pour ameuter les habitants des villes, ils s'en chargent eux-mêmes, en premier les mafias syndicales, quant à exiger l' « auto-organisation du prolétariat pour faire respecter les règles sanitaires », c'est mettre la révolution avant les masques de protection ! Et désolé, vu l'irresponsabilité générale, moi je trouve que le gouvernement a fait le job, et que tes « auto-organisés » n'auraient probablement pas fait mieux.

Enfin concernant les mesures fiscales de Robin, l'exigence renouvelée de l'impôt sur les riches est d'un gradualisme à se tordre de rire, voyez l'argumentaire : « le prolétariat doit revendiquer la fixation d'un impôt fortement progressif jusqu'à un point où il pourrait se convertir en attaque directe contre la propriété privée ». Cette succulente stratégie pacifique et administrative m'a laissé pantois. Au lieu d'attaquer les perceptions on va les étrangler par un lent étranglement fiscal jusqu'au point où on n'aura pas besoin de violer la propriété privée mais de cier : la propriété privée a expirée ».

La conclusion est celle de l'épicier qui s'adresse aux couches moyennes (qu'il fréquente) et accessoirement au prolétariat pour qu'ils sachent « ce que leur coûte l'Etat ». La formule est typiquement bobo. L'Etat « me coûte ». N'importe quel charcutier peste d'avoir à payer des impôts directs ou indirects. J'ai côtoyé des milliers de prolétaires dans ma vie, jamais je n'en ai entendu un se plaindre de payer des impôts surtout le tiers qui n'en a jamais payé !

L'impôt progressif sur le revenu c'est comme la révolution progressive, mais à condition qu'on y mette de l'huile. Et pour longtemps, avec le garagiste Bernstein.

Sale temps pour sortir sans permission, on subit contrôles policiers, injustices et misères, mais hélas aussi le covid et le virus de l'élucubration de l'éternel étudiant bohème, ancien de Buffon. Un virus cependant non infectieux puisqu'il a prouvé son innocuité syndicale.


NOTES

1« Du côté des derniers larrons du milieu maximaliste l'analyse est un peu en dessous de celles des trotskiens les moins bêtes. Le CCI gratifie "l'horrible" Trump du grade d'empereur décadent, nouveau Néron "imprévisible". Pire, il imagine que ce nouvel empereur - à ne pas confondre avec le socialisant Napoléon III - n'est pas soutenu par l'armée (quand on sait que le dernier coup de pouce gagnant lui a été donné par le chef du FBI...). Le rédacteur du CCI tombe dans les affres de l'aile clintonienne de la bourgeoisie US en croyant que Trump n'est pas capable de faire face à "la dangereuse résurrection de l'impérialisme russe". Il se laisse entraîner également dans les fantasmes agités par les gauchistes de tout poil: "on va assister à une floraison de xénophobie populaire ». L'ex-Fraction du CCI, le GIGC, ne tombe pas dans les interprétations sur le nouvel empereur ricain, mais y voit une guerre inévitable - son rédacteur en chef sans troupes ne voit que la guerre ou la révolution dans la période qui vient, ce qui prouve une vision superficielle sur ce qui est en train de se passer, et le même simplisme que les gauchistes criant haro sur une "idéologie nationale et raciste"

2« À l’aune de la pensée politique de Hobbes, le philosophe Robert Redeker expose en quoi la pandémie actuelle, qui rétablit la peur de chacun à l’égard d’autrui, menace la communauté politique dans son ensemble : « Il serait sot de ne voir dans le Covid-19 qu’une pandémie, au sens ordinaire du mot. Toutes les activités humaines sont affectées, comme si l’épidémie, au-delà des hommes, contaminait également les choses, les institutions, les États, les rendant malades à leur tour. Par ce seul fait, elle se différencie des grandes épidémies du passé, quand bien même ces dernières auraient été plus meurtrières. Elle est inséparable d’un ensemble de dispositifs, technologiques et médiatiques, qui n’existaient pas lors des épidémies précédentes, la peste, le choléra, la variole. L’articulation entre les réseaux sociaux et les chaînes d’informations en continu fait partie de sa structure. Sans ces dispositifs elle n’existerait pas, passerait pour une périphérie normale de la vie des sociétés, comme la grippe de Hongkong en 1969. Autrement dit: sans l’univers digital, cette épidémie ne serait pas un événement historique ».

3Olivier Roy va dans mon sens concernant les derniers attentats individuels, dont on voudrait nous faire croire que ce sont des complots : « De plus, par définition, une arme blanche fait moins de morts qu’une arme automatique : donc, soit ils n’ont pas accès aux armes à feu parce qu’il n’y a plus de réseau logistique derrière eux, soit leur objectif n’est pas de faire le plus de morts possible, mais d’exprimer leur haine. Non seulement ils n’ont pas le professionnalisme des assassins du Bataclan, mais ils se situent sur le registre de la « colère » devant le blasphème, et pas celui de la défense du Califat. Rien de stratégique chez eux ». Trevidic fait rigolo à côté. https://www.nouvelobs.com/idees/20201031.OBS35468/pakistanais-tchetchene-tunisien-les-nouveaux-profils-du-terrorisme-par-olivier-roy.html

4https://www.lemonde.fr/international/article/2019/04/29/les-depenses-mondiales-d-armement-approchent-des-2-000-milliards-de-dollars_5456047_3210.html

On pourra lire aussi un intéressant exposé, simple et clair du cercle Léon Trotsky de LO : https://www.lutte-ouvriere.org/publications/brochures/lindustrie-darmement-et-la-domination-imperialiste-102443.html

5La chancelière Angela Merkel se voit depuis deux ans reprocher de refuser d’atteindre à échéance raisonnable un effort de défense de 2 % du PIB. En tentant d’échapper à la vindicte américaine par ce biais, Berlin a exaspéré son allié français, par ailleurs soucieux de voir les Etats-Unis de Trump rester bien installés dans leur position d’allié fondamental, en se fichant de l'alliance avec la France. « On ne paiera pas », a dit, mercredi 23 octobre, la ministre Florence Parly à son homologue allemande, Annegret Kramp-Karrenbauer (« AKK »). L’initiative, jugée comme un facteur de division de plus par Paris, vient au pire moment.



lundi 2 novembre 2020

LA PETITE BOURGEOISIE ISLAMISTE désespérée

 


« Tuez les mécréants, chez eux et avec leur famille »

Abou Baka AL Baghdadi

« le djihadisme, ça correspond à ce qu’était les punks à une certaine époque dans ce pays. C’est la même chose. Si vous aviez eu internet à l’époque de la bande à Baader, des fractions armées rouges et d’action directe, je vous prie de croire qu’ils n’auraient pas été le nombre qu’ils étaient à l’époque. Ils auraient été beaucoup plus nombreux. »

Philippe Fragione1


La police française qui doit comprendre en son sein quelques gauchistes voilés, ou qui a pour unique souci avec les gouvernements de gauche successifs de commencer toujours ses recherches dans les milieux de l'extrême droite, croyait avoir trouvé le zigoto qui a tiré sur le prêtre orthodoxe de Lyon. Le suspect était un proche des Soral et Le Pen. Aussitôt (prévenu par des amis policiers ?) Mélenchon sort son tweet accusateur innocentant tout musulman, suivi par le syndicaliste islamiste de Sud, que j'ai déjà épinglé ici : « encore un acte facho, on ne vous le dira jamais assez au lieu de toujours criminaliser les musulmans ». Manque de pot le suspect n'étant plus suspect, Mélenchon et son poste syndicaliste islamiste ont rapidos retiré leurs tweets, Mélenchon se rabattant avec du charabia sur un autre sujet, genre c'est la faute à l'autre , Macron le pandémiste au pouvoir : « Le rêve pour la volonté de toute-puissance typique de la monarchie présidentielle macroniste ». Ce gloubi-boulga est une énième esquive d'identification de la cause et de la nature du terrorisme islamiste, à la manière de ses potes du NPA ou ce qu'il va en rester.

Je vais démontrer que les tueurs ne sont ni des fous, ni de simples embrigadés de telle ou telle faction terroriste du « fascisme vert » mais des désespérés qui crient « Allah Akbar » comme les franquistes hurlèrent stupidement « Viva la muerte ». Par conséquent plus des enfants du nihilisme que du Coran qui interdit le suicide, mais y conditionne.

Pourquoi l'islam n'était pas un sujet de préoccupation jusqu'aux années 1980 

 Jusqu'au début des années 1980 l'islam, considéré comme simple religion, n'avait pas posé de problème dans les pays occidentaux jusqu'à ce qu'on s'aperçoive qu'il est resté et est une religion politique. Jusqu'à ce qu'en Iran, l'islam, certes chiite, rappelle qu'il est toujours resté une religion politique. Bien avant la chute du bloc stalinien, l'Amérique impériale subissait une première humiliation, qui ne pouvait être mise sur le dos du principal rival russe. Fracture majeure au sein de la société moderne, hors Guerre mondiale, dont la signification était illisible tant pas les bourgeois eux-mêmes que par les révolutionnaires de l'époque, sauf le CCI garanti d'avoir toujours raison avec le concept de décadence du capitalisme... depuis l'Internationale communiste de 1919.

Alors est revenue la peur fantasmatique du musulman avec sa foi bornée et son expansion démographique2. On a négligé ou fait semblant de ne pas voir les résistances cultuelles et le poids des traditions religieuses, basé sur le culte du passé, qui avaient perduré depuis et pendant la colonisation. On a oublié que le vecteur culturel de ces traditions est la petite bourgeoisie toujours mécontente et duelle. Akhenaton n'est pas toujours con et a raison de comparer à la bande à Baader. C'est la fraction intellectuelle expatriée, dite immigrée, qui s'est montrée la plus empressée à glorifier l'islam au point finalement d'imprimer sa marque, via les collabos trotskiens, dans les universités des anciennes colonies, à l'aide de ce marxisme populiste qui rejoint l'islamisme, après avoir sponsorisé des libérations nationales qui ne furent qu'un sanglant jeu de chaises musicales entre impérialismes dominants.

Alors que l'islamisme n'est qu'un nationalisme tardif recyclé, il se fait passer depuis des lustres pour un internationalisme, à une époque où la nation est déjà obsolète depuis longtemps pour l'ordre bourgeois. En réalité il demeure un nationalisme culturel. La superstructure mentale du croyant islamiste n'est pas un simple produit de la base économico-sociale car la tradition cultuelle pèse d'un poids très lourd dans les territoires (et sur les générations comme disait Marx)où elle s'est implantée depuis des siècles et a résisté à la colonisation comme à la décolonisation3.

Indépendamment de la fixation des islamo-gauchistes révisionnistes sur les affres de la colonisation, à la suite de leurs grands-pères « porteurs de valise » des armes pour terroristes « libérateurs » et de leurs conseillers décoloniaux, l'aire arabe n'a jamais vraiment intégré le marché capitaliste ni délimité les classes, comme l'explique C. Souriau lorsqu'il commente l'oeuvre de l'intellectuel arabe Djait :

« L'Etat a joué un rôle dominant dans le monde arabisé dès les débuts de l'islam. Mais il a échoué dès la fin du Moyen-âge dans l'effort de structuration des classes sociales. Il n'a pas existé non plus de féodalité islamique à proprement parler. Et l'introduction du marché capitaliste- le capitalisme étant pour Djait une sorte de reconduction logique de la féodalité dans un autre contexte grâce à une permanence structurelle – est donc toute extérieur dans le monde arabe. Ce à quoi elle aboutit est une société sous-développée où « une mince classe dirigeante utilise la force de travail de peu de monde, la grande masse restant hors du circuit de production ». Le problème est double car non seulement les forces de production sont débiles mais les rapports de production sont marqués par le mépris, l'esprit de spéculation et le lucre. La structuration de la société arabo-musulmane est donc bien différente de l'intégration massive des populations occidentales dans le marché du travail et de l'argent »4.

L'islam comme religion politique a surtout légué au monde un carcan simpliste, car binaire où il n'y aurait place que pour un combat entre fidèles et infidèles avec le but final d'éradiquer d'une façon ou d'une autre tous les infidèles, ce qui nous incite à penser qu'il est à l'origine du marxisme stalinien...

LA PROPAGANDE ISLAMISTE SERT A FAIRE CROIRE QU'IL N'Y A PLUS QUE DEUX REGIMES POSSIBLES : LE CAPITALISME OU L'ISLAMISME



De nos jours personne ne peut contester qu'il a été impossible d'établir un quelconque homologue de la démocratie occidentale dans les pays libérés du colonialisme5, comme l'expliquait il y a quarante années ce même Souriau. Les exigences du port du vêtement islamiste (mais aussi islamique) et de la construction de mosquées un peu partout en Europe sont contradictoires avec la mentalité islamique qui est dictatoriale : « La démocratie arabe est reléguée à des lendemains indéterminés, d'autant plus que l'opposition n'a jamais été admise comme telle en Islam et que Djait doute de la capacité du peuple – masse inorganisée, crédule, malléable, qui vit sous le signe de la pénurie – à se concevoir comme une totalité agissante »6.

On pourrait ajouter peuple complice des attentats des petits bourgeois terroristes comme le montrent ces récentes manifestations, en plusieurs endroits, quoique minoritaires (les médias choississant un angle de filmage pour faire « foule ») pour protester contre les caricatures de Charlie hebdo, brûler le drapeau français, mais sans se soucier ni contester l'égorgement des personnes innocentes. Cette populace reste dominée par inculture7, par le mythe de l'âge d'or musulman qui cache l'incapacité de l'islamisme à en passer par la phase ascendante du capitalisme :

« … la bourgeoisie islamique à partir du XIème siècle et jusqu'à l'époque actuelle, a échoué à étendre son type d'activité parcellaire à l'ensemble social. Et depuis, le jeu intéressé du capitalisme colonial a suscité partout une petite bourgeoisie du savoir technique et de l'administration qui est sortie victorieuse des luttes pour l'indépendance et a réussi plus ou moins à évincer la bourgeoisie classique en s'emparant des rouages de l'Etat. Il s'ensuit de nos jours une opposition haineuse de classe entre les deux catégories et la mise en œuvre violente des aspirations totalitaires de la petite bourgeoisie dominatrice, comme le prouve l'exemple de Nasser et de Bourguiba »8.

La bourgeoisie occidentale a pu de maintenir dans l'ethnocentrisme et faire passer la culture européenne comme nec plus ultra de la civilisation de la modernité, quand les faux marxistes, les trotskistes agités du bonnet des sixties en particulier, se sont toujours refusés à critiquer l'islam en tant que croyance d'ex-dominés et qu'à l'époque l'impérialisme religieux US, ouvrait les portes de ses universités aux baratineurs de l'islam.

 OU LA BOBOLOGIE FRANCAISE SOUTIENT LE PETIT BOURGEOIS TUEUR

L'extrême gauche de la bourgeoisie est la cliente préférée du phénomène de décomposition sur la base du radotage d'anciennes conceptions obsolètes et d'absence de critique d'une « religion de pauvres ». Revenons sur la prise de position du NPA concernant le lâche meurtre de trois personnes à genoux (sic) dans l'église de Nice. Je m'étais arrêté au seul conditionnel de ces cuistres : « il semble que » ces assassinats « aient été commis au nom des mortifères idées jihadistes »9. Or, avec ce raccourci stupéfiant, cette clique islamo-trotskienne faisait retomber le crime non sur l'idéologie islamiste criminelle (« il semble que ») mais sur « l'inefficacité de la politique du gouvernement » et « ses mesures répressives » (?) et ses « discours islamophobes » (?). On peut reprocher ce qu'on veut au gouvernement Macron mais certainement pas plus un discours homophobe que d'accuser le NPA d'être raciste ! Il n'est pas démontré comment ce (méchant) gouvernement est supposé « donner du grain à moudre aux fanatiques de tout bord »!? Rebelote sur les supplétifs « fachos » en lieu et place des tueurs islamistes10 :

1°) après le meurtre du prof Paty, le NPA s'en était pris à Robert Ménard (!?) et aux « tenants d’une fuite en avant répressive et d’une stigmatisation accrue des musulmanEs... ». De quel quartier ou pays viennent donc les « tueurs » islamistes de l'intérieur ?

3°) Rebelotte avec trois égorgés en plus : c'est la répression en général du gouvernement qui est visée, lequel gouvernement « profite de l'émotion », mais aucune dénonciation du triple crime ni de son fondement islamiste, sauf que Ménard a été remplacé par la mère Le Pen, et Trotsky par Mahomet...

On a compris que l'assassin, malgré lui, était le gouvernement Macron et que, pour se faire pardonner, il lui faut attribuer « au plus vite » égalité et accueil à tous les étrangers qui veulent venir en France, et surtout condamner de toutes les manières l'islamophobie, cette baudruche inventée par les islamistes « radicaux ».

On est passé de un à trois égorgés, et entre ces deux actions « islamophiles », nos spectateurs trotskiens maintiennent leur flou gloubi-boulga et sans commentaires sur la prouesse des égorgeurs (petits bourgeois), ces éternelles victimes du colonialisme et du racisme11 ! 

FIN DE L'INDIVIDUALISME ?

Le 25 janvier 2016, vous pouvez encore lire sur ce blog le compte-rendu de ma participation à une RP du CCI, où je cite ce toujours décoiffant Lénine qui écrit en 1918 dans « Les tâches immédiates du pouvoir des soviets » cette remarque au sujet de  la petite bourgeoisie :

 «  Et il est évident que tous les éléments de décomposition de la vieille société, fatalement très nombreux et liés pour la plupart à la petite bourgeoisie (car c'est elle que chaque guerre ou crise ruine et frappe avant tout), ne peuvent manquer de « se manifester » (...). Et ils ne peuvent « se manifester » autrement que multipliant les crimes, les actes de banditisme, de corruption et de spéculation, les infamies de toute sorte. Pour en venir à bout, il faut du temps et il faut une main de fer »12.

Les questions que j'avais posées initialement (au cours de cette réunion publique) sur le grand remplacement du stalinisme par l'islamisme ainsi que la question d'un combat contre la guerre (hors de la sérénade humanitariste gauchiste de secourisme aux réfugiés) ne trouvèrent ni écho véritable ni réponses. J'ai regretté qu'on n'ait pas analysé plus le rôle de la petite bourgeoisie qui, bien que touchée par la crise ne se résout pas à « tomber dans le prolétariat », partage le pouvoir de la confusion un peu partout et dont les partis politiques seront parmi les derniers obstacles à l'affirmation du prolétariat comme les partis anarchistes et socialistes révolutionnaires en 1917. Les tueurs du Bataclan sont eux-mêmes une émanation de la petite « beurgeoisie » flouée par le système plus que des connaisseurs du coran. J'ai mis en cause enfin cette curieuse notion de solidarité (populaire?) invoquée dans ses articles par le CCI lors des attentats de janvier et novembre – nous n'avons pas à accompagner les funérailles bourgeoises – ainsi que cette affirmation invraisemblable « la génération du Bataclan qui avait rêvé de reprendre le flambeau de 68 »13. Un intervenant au moment de la conclusion avait estimé qu'on se trouvait probablement dans une période de « fin de l'individualisme ».

Quatre ans plus tard, tout concourt à démontrer le contraire. Historiquement l'attentat terroriste, anarchiste en fait, est bien le produit d'un individualisme très contemporain, très petit bourge, qui n'a de compte à rendre à personne et qui sait qu'il a les plus probables chances de ne pas en rendre. En outre, malgré un passé tribal, impossible à l'ère moderne, on peut observer que l'islam est devenu une religion très individualiste, une expression très individualiste dans sa pratique solitaire (on ne sache pas que la plupart des imams soient consultés avant l'acte létal. Elle ne possède pas de plus une hiérarchie aussi structurée que le catholicisme par exemple. Ses jeunes exécutants terroristes révèlent pour la plupart un sacré narcissisme – anciens dealers jouisseurs et adeptes des gadgets les plus coûteux - pas seulement dans le cas des « loups solitaires » mais aussi par leur disposition à se laisser embrigader par faiblesse de caractère ou isolement prolongé, dans le cas du recrutement en bande. Les terroristes qui se réclament de l'islam proviennent de sociétés bloquées, ce qui est aussi le cas des sociétés européennes désormais, y inclus la France ; c'est pourquoi des petits bourgeois terroristes qui sont « à l'intérieur » et nés français confirmant que le meurtre sauvage islamiste n'est pas énigmatique ni « étranger » comme le laisse croire le journalisme de commentaires qui n'en reste qu'à la théorie du fou furieux ; ni toujours spécifiquement islamiste. Le terrorisme islamiste a proliféré et s'est un peu plus affirmé à partir d'une zone en guerres perpétuelles où il n'existe pas un prolétariat nombreux et concentré et où tout dépend d'une petite bourgeoisie de bazar, de commerces divers.

Enfin, en Afrique du Nord les sociétés arriérées et dépendantes ne permettent pas de penser que la petite bourgeoisie va se joindre au prolétariat qui reste minoritaire et relativement isolé malgré d'importantes grèves depuis un demi-siècle.

CRISE DE CIVILISATION OU CRISE DU CAPITALISME en décomposition ?

Je ne crois pas à la guerre des civilisations de Samuel Huntington. De quelles civilisations ? Je ne considère pas la société française comme civilisée et dans les sociétés arabes l'oppression islamiste est encore moins un modèle de « civilisation », comme a pu l'être l'islam des débuts. On assiste plutôt partout à une décomposition des relations sociales où se vérifie un « choc culturel », point sur lequel Huntington avait raison, mais sans être capable de développer sur l'institutionalisation des communautarismes – ou le new look séparatisme national de Macron – pour mieux dissoudre la notion et la lutte des classes. Cette décomposition n'est pas regrettable pour la bourgeoisie puisqu'elle s'en sert tant14 dans ses factions avec le dit « racisme institutionnel » pour telle fraction, ou ces factions qui déplorent une « perte des valeurs, les mêmes qui suivent le revirement macronien anti-islamo-gauchiste après l'échec des successifs melting-potes.

On notera en passant, avec mépris, la dernière vidéo propagandiste offerte par la fédération de football française, où défilent à l'écran, à destination des lycéens,  une poignée de joueurs (blancs) exaltant l'école égalitaire (!?) et la République (mais sans crier Vive la France) ; video qui confirme la fin du mythe bleu-blanc-black de 98 et autres « vivre ensemble ». On ne comprend pas l'absence des autres joueurs noirs et arabes, ou pourquoi ils ont refusé de participer à cette pantalonnade. Parce que leur patrie reste d'abord l'islam ou parce que dire que l'école est égalitaire est un vieux mensonge bourgeois ? Toutes choses qui ne produiront qu'indifférence ou moquerie de la part de ces nombreux lycéens qui veulent violer et buter Mila et approuvent la décapitation d'un prof blasphémateur ?15

Je reviens sur mon accord ponctuel à l'époque avec la crise de civilisation évoquée par Munis, qui ne vaut pas tripette et sert aux réacs de tous bords. Par contre je maintiens que l'internationalisme ne signifie pas la destruction des cultures nationales mais reste hors de cette espèce de noria communautariste mondialiste, multi-religieuse, qui nous est servie comme breuvage universaliste d'avenir, avec pour progrès en vue, un nouveau droit qui consisterait à élire un député de son groupe ethnoracial ». Je reste totalement convaincu que le coran reste destiné au musée de la hache et du rouet. Le projet communiste de renversement du pouvoir capitaliste ne considère ni comme une étape ni comme un aboutissement le pouvoir religieux ; si des masses indistinctes restent aliénées au pouvoir religieux elles n'ont aucune révolution à prendre en charge, qu'elles restent soumisses à la religion de la ...soumission.

Le phénomène de décomposition capitaliste peut toucher à toutes les questions, y compris à celle de l'immigration, sujet complexe, qui ne sert plus à constituer automatiquement (et surtout pas à intégrer ni en tant que classe ni en tant que citoyen national) ou développer la classe ouvrière au même niveau que naguère, mais au contraire à la diviser, à généraliser la misère et à favoriser... le terrorisme individuel. Tous les migrants ne sont pas des tueurs islamistes, tous les tueurs ne sont pas des migrants, mais on reste interloqué de voir comment Brahim machin a pu partir de son bled les mains dans les poches, obtenir un sauf-conduit à Lampedusa et venir tranquillement perpétrer son crime à Nice. La réponse n'est pas « on peut pas mettre un flic dans chaque rue », mais un laxisme migratoire en question16 qui, parce qu'il est aussi décevant pour échapper à la misère, conduit à la réaction désespérée et pas le cynisme de Macon ou la méchanceté de Le Pen.

J'ai dit dans l'article de 2014 mon accord avec certaines remarques de Slavoj Ziek : « Les réfugiés, eux, incarnent la manifestation la plus évidente de ce « désir d'Occident », leur désir n'est en rien révolutionnaire »17, il peut devenir criminel aussi par déception et découragement.

LE NIHILISTE ET CYNIQUE ISLAMISME

Qu'un grand philosophe marxiste de l'envergure et de l'originalité tel que Lukacs ait porté une grande attention à la notion de décadence n'a en rien éveillé les radoteurs bordiguiens ou toutes les sectes du même genre qui n'imaginent l'effondrement du capitalisme que par le seul facteur économique et restent isamo-gauchistes sur la question de l'islamisme et du terrorisme individuel. C'est le même déni du réel : l'anomie (confusion et aliénation sociale), la perte de réalité, la fascination pour la mort, la précarité des repères politiques et sociaux, tous ces traits subjectifs du caractère décadent du système, où même dans la sphère des arts que la bourgeoisie décadente renonce à assumer une position active et créatrice devant l’histoire.

On oublie que c'est Nietzsche, considéré à tort comme pré-hitlérien par tous les militants ignares, qui a élevé le mot décadence au rang de concept : la décadence est l'incapacité à instaurer un rapport authentique à la réalité historique, qui fabrique des subjectivités fragmentées, instables et incohérentes, qui délaissent le tout pour l'infinitésimal et restent prisonnières des spéculations vaines. Le « déclin » de la bourgeoisie se manifeste dans l’incapacité, non seulement de tolérer les contradictions, mais avec cette impuissance à se sortir de ses propres contradictions.

La petite bourgeoisie islamiste dispose de passerelles avec le féminisme tiersmondiste et universitaire qui explique son silence lorsque des femmes participent aux attentats. Même si le leader d’Al-Qaeda, Ayman Al Zawahiri, avait affiché ses réticences à ce que les femmes participent au combat, les kamikazes féminines ne sont pas rares dans l’histoire du jihadisme. Surnommées les «veuves noires», les femmes tchétchènes ont marqué l’histoire en commettant plusieurs attentats à Moscou au début des années 2000. Pas un mot des cyniques féministes pour les victimes mais héroïsation discrète des terroristes « émancipées par l'islam ». Hayat Boumedienne, la compagne d'Amedy Coulibaly a rejoint la Syrie comme exemple d'une plus grande « radicalisation des femmes ». Dans le jihad, nouvel ersatz de la libération de la femme, les femmes-martyres s'émanciperaient en se faisant exploser tout comme elles servent à fabriquer de futurs terroristes dans les « jardins d'enfants islamisés ».

Pour Walter Benjamin le marginal excentrique est la figure de la décadence. Laquelle apparaît de la façon la plus visible chez les conspirateurs professionnels, qui tous viennent de la bohème. Leur premier champ d’action est l’armée, puis la petite bourgeoisie, occasionnellement le prolétariat. C’est pourtant parmi les véritables chefs du prolétariat que cette couche sociale trouve ses adversaires. Le Manifeste communiste met fin à son existence politique. La poésie de Baudelaire tire sa force du pathos de la rébellion que cultivent ces groupes18 . Dans ses réflexions politico-philosophiques, Krahl s’interrogera sans cesse sur les conditions d’une révolte subjective qui ne reproduirait pas au sein du mouvement antiautoritaire la position de la subjectivité décadente19.

On a aussi affaire à une bohème musulmane avec ses figurants qui parasitent la sécurité sociale. Cette bohème n'a pas de loi, pas plus le coran que la loi française. Le coran considère le suicide comme un péché, mais, comme ils sont abattus par des flics ou des soldats, ce n'est pas un suicide. Le kamikaze terroriste abuse à la fois les croyants et les incroyants. Devant son cadavre on ne peut pas dire qu'il s'est suicidé ni considérer que son Allah Akbar est un foutage de gueule. 

Depuis la guerre au Liban, les attaques-suicides sont, de fait, devenues l’une des armes favorites des groupes jihadistes. En 1985, le leader spirituel du Hezbollah (chiite), le cheikh Fadlallah lève l’interdiction du suicide pour les combattants. Mais les kamikazes islamistes n'ont pas besoin de s'excuser d'avoir péché puisqu'ils sont zigouillés en tant que « combattants », donc innocents de la cause de leur propre mort. Au cours des années 90, le Hamas va multiplier les attentats-suicides. Un théologien de référence de la mouvance des Frères musulmans, Youssef El-Qaradawi légitime, par la suite, les attentats-suicides du Hamas contre Israël«Les opérations martyrs sont l’arme que Dieu donne aux pauvres pour combattre les forts. C’est la compensation divine. La société israélienne est une société militaire». Mais cela ne change rien au fait que le « martyr » était un petit bourgeois20.

Dans la violence des guerres de libération nationale ou dans la violence conjugale, l’égorgement n’est pas vécu en pays arabe comme plus barbare que les bombardements de populations civiles par des armées étrangères, différence culturelle paraît-il !

 « Mais l’archéologie récente de la violence meurtrière imprègne aussi nos visions du monde de l’Autre. Elle ne date pas des « islamistes-terroristes-égorgeurs de femmes et d’enfants » et il ne s’agit pas simplement de vertige nihiliste ! L’Histoire, même récente, nous en offre une large palette : violence des rapports précoloniaux lorsque les Ottomans, puis les Turcs n’étaient guère tendres avec leurs coreligionnaires dominés ; violence des guerres de conquêtes coloniales où – après le scalp – on collectionnait les oreilles et les testicules portés triomphalement en collier dans les salons des capitales « civilisées » ; violences des rapports coloniaux, sur lesquelles le psychiatre martiniquais Frantz Fanon a tout dit; violences des guerres de décolonisation où chacune des parties a perdu son honneur dans la torture, l’assassinat, le viol et la mutilation systématiques ; violences des régimes dictatoriaux de gauche ou progressistes-nationalistes, des généraux algériens, égyptiens, syriens, bien avant la violence « islamiste » ou encore celle des puritains d’Arabie Saoudite qui décapitent au sabre leurs délinquants supposés ; violences, enfin, faites au peuple palestinien, qui n’est pas responsable de la Shoah mais qui subit depuis cinquante ans, outre la violence de l’armée israélienne, la concussion et l’autodestruction de ses propres dirigeants. Sans oublier le mépris des Etats arabes surarmés qui se contentent d’un soutien verbal et hypocrite à la « cause sacrée » quand ils ne manipulent pas eux aussi leurs propres sous-groupes concurrentiels palestiniens. Il faut avoir vu le cloaque de Gaza, les pères humiliés et l’arrogance des nouveaux riches pour comprendre l’influence exercée par certains groupes extrémistes sur la jeunesse palestinienne. Mais les pierres ne peuvent rien contre les chars ou les hélicoptères de combat. Encore moins contre le mépris et l’abandon des alliés « naturels »21.

 Bruno Etienne donne une image du rapport entre terrorisme et Etat, de la même façon que Marc Chirik ne cessait de nous répéter de ne pas confondre l'Etat bourgeois et le moustique terroriste, indigné que RI ait pris une position moraliste via un article du journal contre la bande à Baader un peu avec les mêmes arguments que l'Etat bourgeois. Ce qui ne signifiait pas que nous devions apporter notre soutien à la petite bourgeoisie terroriste.Ce qui signifiait qu'en politique il faut se garder de juger en noir et blanc. Cela ne nous empêche pas de délimiter ce qui peut favoriser ou pas une véritable révolution internationale, ni d'examiner où en sont les diverses couches petites bourgeoises. Avec le Covid et l'islam, elles pourront rester encore longtemps désespérées. Le meurtre islamiste (pas islamique) n'est plus comme jadis du même ordre que l'attentat anti-colonialiste, individuel ou organisé il n'est utile qu'à telle ou telle fraction du capital (qui se fout de toute couverture religieuse). Il est philosophiquement le dernier avatar du nihilisme et du désespoir individuel. Au fond il n'est qu'une des manifestations de la décadence et de la décomposition de la société capitaliste. Pire que le covid il ne pourra pas avoir de vaccin, ni par une éradication policière et juridique, ni par des leçons de morale « républicaine » à l'école. Le petit bourgeois islamiste n'est pas prêt de disparaître, peut-être se calmera-t-il si on lui donne du travail et des raisons de vivre... dans son pays.

« Ni rire ni pleurer mais comprendre » disait le philosophe Baruch Spinoza, mais on peut espérer que les masses prolétaires et pauvres, habitées par la croyance islamiste et islamique, finiront par se détacher de toute empathie pour des actions « islamistes » qui ne font pas honneur à ce qui est « islamique » ?

J'ai dit et j'ai sauvé mon âme.

NOTES

1Ditt "Akhenaton" ou en général « Ah qu'il est con », rappeur marseillais qui caresse la principale clientèle de son fonds de commerce. Converti lui-même, il méprise les français «islamophobes » et prône l'enseignement de l'islam à l'université. Le gouvernement Macron va-t-il licencier ce sous-produit du CCIF ? Et de la charia charabia ?

2Cf. Ch. Souriau, La conscience islamique actuelle dans quelques œuvres récentes d'intellectuels du Maghreb (1980).

3Cf. Hichem Djait (1974): « Quinze siècles d'hégémonie masculine et de répression sexuelle ont produit une société qui reste répressive et où règne la peur et le mépris de la femme. Si celle-ci s'émancipe de nos jours en Tunisie dans la « frénésie sexuelle » qui règne par endroits, « le regain des forces islamistes longtemps refoulées favorise par contre en Algérie la remontée du virilisme du mâle et y pérennise la structure archaïque de la sexualité ». Au Maroc c'est soit la passivité, soit un hédonisme primaire ». C'est au bas de la hiérarchie sociale que les femmes sont le plus maltraitées (ce dont se fout le féminisme islamo-gauchiste) supportant la domination implacable et les désidératas de l'époux, du frère, du fils qui eux conservent le privilège d'aller au café (sauf en temps de covid!), de se faire embaucher mais pour une tâche à temps limité, tandis qu'elles, avec la marmaille, restent enfermés au fond d'une impasse ou dans la barre d'immeubles ; dans mon boulot de service publi en banlieue sud de Paris, j'ai eu plusieurs témoignage de femmes musulmanes cloîtrées, rideaux tirés dans l'appartement, depuis l'obligation de leur mariage à 14 ou 15 ans, en France contemporaine ! Je n'ai jamais lu une critique de cet enfermement chez les divers islamo-trotskiens. Ni de cette religion mélande de croyances superstitieuses , de magie d'un autre temps, et de contraintes vestimentaires et alimentaires.

4Cf. Souriau, p.87, qui avait écrit pourtant un livre intitulé « Le post-islamisme »...

5Sauf Israël qui a fait du colonialisme absolu en virant de Palestine les arabes qui y vivaient, et reste pays encensé comme « la seule démocratie de la région » ! Drôle de démocratie !

6Ibid.

7En France et au Pakistan il y a des cochonneries bien plus graves qui sont publiées sans que les politiques pour arriérés pointent du doigt une BD anar pour lycéens boutonneux, qui n'était pas lue spécialement dans le monde adulte et qui a été hystériquement mise en exergue pour vérifier... la paranoïa islamiste, contenu principal de cette croyance fabulatrice.

8Ibid.

9Jamais décrites ni dénoncées.

10Ce genre d'esquive trotskienne fait penser à la propagande nazie pendant le début de l'occupation dans le nord de la France : « Les anglais se battront jusqu'au dernier français ».

11Le superficiel Benoït Raysky dans « Les bâtards de Sartre » ne reproduit pas l'intégralité de la phrase terroriste du nain de Montparnasse dans l'intro au livre de Fanon 'Les damnés de la terre ': « « Abattre un Européen c’est faire d’une pierre deux coups, supprimer en même temps un oppresseur et un opprimé : restent un homme mort et un homme libre ». Formule qui sert de cantique aux indigestes de la République.

12Lénine n'est pas tendre pour l'islam non plus : « Il faut tout particulièrement avoir présent à l'esprit:(...) la  nécessité de lutter contre le clergé et les autres éléments réactionnaires et moyenâgeux qui ont de l'influence dans les pays arriérés (…) la nécessité de lutter contre le panislamisme et autres courants analogues, qui tentent de conjuguer le mouvement de libération contre l'impérialisme européen et américain avec le renforcement des positions des khans, des propriétaires fonciers, des mollahs, etc.. .» Lénine (juillet 1920)

13Les spectateurs hétéroclites présents à un concert de rock, visé par un terrible attentat terroriste, magnifiés en possibles repreneurs du drapeau de 68 ! A ce compte il faut espérer que tous les concerts de rock contiennent autant de spectateurs que de révolutionnaires marxistes !

14La décomposition renvoie au phénomène plus général de la décadence. György Lukács notre grand philosophe qui a participé à la révolution hongroise de 1919, pensait que la culture bourgeoise se livre à la décadence dans la mesure où elle renonce, face à l’essor de la lutte de classes du prolétariat, à ses idéaux d’émancipations. En 2020 il faudrait beaucoup se gratter pour trouves des idéaux d'émancipation de l'humanité chez les bourgeois et les terroristes arabes !

15Macron y va aussi de son commentaire pitoyable ce lundi : «Aujourd'hui, en classe, vous allez rendre hommage à Samuel Paty. Nous penserons à lui, à vous et à vos enseignants. Nous sommes tous choqués par ce qu'il s'est passé. Parlez-en entre vous. Parlez-en avec vos enseignants». Mais ils s'en contrefoutent car leurs enseignants vont encore jouer aux donneurs de leçon de morale pour leurs « inférieurs » à tout point de vue : ceux-là même qui resteront pauvres, sans diplômes et livrés à eux-mêmes dans un monde qui fait d'eux des étrangers de seconde zone, même pas prolétaires ! Plein de lycéens constituent aussi la clientèle émeutière qui distrait les mornes banlieues de la misère, parfois très dangereusement, au point qu'il faudrait armer aussi les pompiers, les profs et même les plombiers. Un scandale bien plus important que les caricatures de Charlie aurait dû soulever masses arriérées et imams, l'existence du site Humoron, visible par tout lycéen musulman ou pas, qui offre au regard toutes sortes de mutilations par les groupes terroristes d'Amérique du sud, notamment au Mexique où les égorgements sont publics et immédiatement versés sur le web. A moins que cette autorisation soient distraction destinée à satisfaire le goût du sang par les masses arriérées si haineuses quand il s'agit de simples dessins ?

1623 000 migrants sont rentrés en Italie par Lampedusa cette année, dont pratiquement 12 000 Tunisiens. Ces Tunisiens sont tous des migrants économiques, ils ne peuvent pas justifier réellement d’un statut politique, qui permettrait d’être considéré comme réfugié. "10% seulement de ces 12 000 Tunisiens ont réellement été expulsés cette année.

17bibliobs.nouvelobs.com/.../les-mille-salopards-de-cologne-par-slav Les mille salopards de Cologne, par Slavoj Zizek - Bibliobs - L'Obsoj-i-ek. Html

18Si on met de côté ses extraordinaires poèmes, Baudelaire resta un débauché pervers et minable, cf. Crénom Baudelaire de Jean Teulé (Christine me l'a offert).

19Krahl était dans l'aile libertaire du SDS aux côtés de Rudi Dutschke, deux leaders étudiants allamends en 68 que j'ai admiré, mais je ne savais pas que Krahl avait été humilié par les bobos féministes (l'affaire de la tomate) ni la richesse et profondeur de ses réflexions politiques. https://fr.wikipedia.org/wiki/Coup_de_tomate_de_1968

20En action « personnelle » ou aux ordres d'une faction islamiste, quelques instants avant leur attentat, les futurs sacrifiés pour le dieu imaginaire téléphonent à leur mère pour leur dire : « Maman, je vais aller au paradis, je suis prêt » ; « je vais aller à la place qui m’est réservée », ce qui correspond à un verset du coran. Certains se considèrent comme déjà morts, « en mission divine sur la Terre et sur le point d’être appelés par le Seigneur », ce qui correspond en effet là aussi à plusieurs versets du Coran qui conseillent de n’être qu’un passager. Parfois, certains demandent que l’on prie pour eux.

21Bruno Etienne : Essai sur une thanatocratie islamique. Le cas des combattants suicidaires arabo-musulmans. https://journals.openedition.org/conflits/2099 Bruno Etienne, décédé en 2009, était un chercheur iconoclaste et un personnage assez extraordinaire, lire un hommage sur le blog EDUC : "La religion est devenue un supermarché et pourquoi pas ?" : https://archive.is/zwR9g#selection-1023.15-1023.73