PAGES PROLETARIENNES

lundi 2 novembre 2020

LA PETITE BOURGEOISIE ISLAMISTE désespérée

 


« Tuez les mécréants, chez eux et avec leur famille »

Abou Baka AL Baghdadi

« le djihadisme, ça correspond à ce qu’était les punks à une certaine époque dans ce pays. C’est la même chose. Si vous aviez eu internet à l’époque de la bande à Baader, des fractions armées rouges et d’action directe, je vous prie de croire qu’ils n’auraient pas été le nombre qu’ils étaient à l’époque. Ils auraient été beaucoup plus nombreux. »

Philippe Fragione1


La police française qui doit comprendre en son sein quelques gauchistes voilés, ou qui a pour unique souci avec les gouvernements de gauche successifs de commencer toujours ses recherches dans les milieux de l'extrême droite, croyait avoir trouvé le zigoto qui a tiré sur le prêtre orthodoxe de Lyon. Le suspect était un proche des Soral et Le Pen. Aussitôt (prévenu par des amis policiers ?) Mélenchon sort son tweet accusateur innocentant tout musulman, suivi par le syndicaliste islamiste de Sud, que j'ai déjà épinglé ici : « encore un acte facho, on ne vous le dira jamais assez au lieu de toujours criminaliser les musulmans ». Manque de pot le suspect n'étant plus suspect, Mélenchon et son poste syndicaliste islamiste ont rapidos retiré leurs tweets, Mélenchon se rabattant avec du charabia sur un autre sujet, genre c'est la faute à l'autre , Macron le pandémiste au pouvoir : « Le rêve pour la volonté de toute-puissance typique de la monarchie présidentielle macroniste ». Ce gloubi-boulga est une énième esquive d'identification de la cause et de la nature du terrorisme islamiste, à la manière de ses potes du NPA ou ce qu'il va en rester.

Je vais démontrer que les tueurs ne sont ni des fous, ni de simples embrigadés de telle ou telle faction terroriste du « fascisme vert » mais des désespérés qui crient « Allah Akbar » comme les franquistes hurlèrent stupidement « Viva la muerte ». Par conséquent plus des enfants du nihilisme que du Coran qui interdit le suicide, mais y conditionne.

Pourquoi l'islam n'était pas un sujet de préoccupation jusqu'aux années 1980 

 Jusqu'au début des années 1980 l'islam, considéré comme simple religion, n'avait pas posé de problème dans les pays occidentaux jusqu'à ce qu'on s'aperçoive qu'il est resté et est une religion politique. Jusqu'à ce qu'en Iran, l'islam, certes chiite, rappelle qu'il est toujours resté une religion politique. Bien avant la chute du bloc stalinien, l'Amérique impériale subissait une première humiliation, qui ne pouvait être mise sur le dos du principal rival russe. Fracture majeure au sein de la société moderne, hors Guerre mondiale, dont la signification était illisible tant pas les bourgeois eux-mêmes que par les révolutionnaires de l'époque, sauf le CCI garanti d'avoir toujours raison avec le concept de décadence du capitalisme... depuis l'Internationale communiste de 1919.

Alors est revenue la peur fantasmatique du musulman avec sa foi bornée et son expansion démographique2. On a négligé ou fait semblant de ne pas voir les résistances cultuelles et le poids des traditions religieuses, basé sur le culte du passé, qui avaient perduré depuis et pendant la colonisation. On a oublié que le vecteur culturel de ces traditions est la petite bourgeoisie toujours mécontente et duelle. Akhenaton n'est pas toujours con et a raison de comparer à la bande à Baader. C'est la fraction intellectuelle expatriée, dite immigrée, qui s'est montrée la plus empressée à glorifier l'islam au point finalement d'imprimer sa marque, via les collabos trotskiens, dans les universités des anciennes colonies, à l'aide de ce marxisme populiste qui rejoint l'islamisme, après avoir sponsorisé des libérations nationales qui ne furent qu'un sanglant jeu de chaises musicales entre impérialismes dominants.

Alors que l'islamisme n'est qu'un nationalisme tardif recyclé, il se fait passer depuis des lustres pour un internationalisme, à une époque où la nation est déjà obsolète depuis longtemps pour l'ordre bourgeois. En réalité il demeure un nationalisme culturel. La superstructure mentale du croyant islamiste n'est pas un simple produit de la base économico-sociale car la tradition cultuelle pèse d'un poids très lourd dans les territoires (et sur les générations comme disait Marx)où elle s'est implantée depuis des siècles et a résisté à la colonisation comme à la décolonisation3.

Indépendamment de la fixation des islamo-gauchistes révisionnistes sur les affres de la colonisation, à la suite de leurs grands-pères « porteurs de valise » des armes pour terroristes « libérateurs » et de leurs conseillers décoloniaux, l'aire arabe n'a jamais vraiment intégré le marché capitaliste ni délimité les classes, comme l'explique C. Souriau lorsqu'il commente l'oeuvre de l'intellectuel arabe Djait :

« L'Etat a joué un rôle dominant dans le monde arabisé dès les débuts de l'islam. Mais il a échoué dès la fin du Moyen-âge dans l'effort de structuration des classes sociales. Il n'a pas existé non plus de féodalité islamique à proprement parler. Et l'introduction du marché capitaliste- le capitalisme étant pour Djait une sorte de reconduction logique de la féodalité dans un autre contexte grâce à une permanence structurelle – est donc toute extérieur dans le monde arabe. Ce à quoi elle aboutit est une société sous-développée où « une mince classe dirigeante utilise la force de travail de peu de monde, la grande masse restant hors du circuit de production ». Le problème est double car non seulement les forces de production sont débiles mais les rapports de production sont marqués par le mépris, l'esprit de spéculation et le lucre. La structuration de la société arabo-musulmane est donc bien différente de l'intégration massive des populations occidentales dans le marché du travail et de l'argent »4.

L'islam comme religion politique a surtout légué au monde un carcan simpliste, car binaire où il n'y aurait place que pour un combat entre fidèles et infidèles avec le but final d'éradiquer d'une façon ou d'une autre tous les infidèles, ce qui nous incite à penser qu'il est à l'origine du marxisme stalinien...

LA PROPAGANDE ISLAMISTE SERT A FAIRE CROIRE QU'IL N'Y A PLUS QUE DEUX REGIMES POSSIBLES : LE CAPITALISME OU L'ISLAMISME



De nos jours personne ne peut contester qu'il a été impossible d'établir un quelconque homologue de la démocratie occidentale dans les pays libérés du colonialisme5, comme l'expliquait il y a quarante années ce même Souriau. Les exigences du port du vêtement islamiste (mais aussi islamique) et de la construction de mosquées un peu partout en Europe sont contradictoires avec la mentalité islamique qui est dictatoriale : « La démocratie arabe est reléguée à des lendemains indéterminés, d'autant plus que l'opposition n'a jamais été admise comme telle en Islam et que Djait doute de la capacité du peuple – masse inorganisée, crédule, malléable, qui vit sous le signe de la pénurie – à se concevoir comme une totalité agissante »6.

On pourrait ajouter peuple complice des attentats des petits bourgeois terroristes comme le montrent ces récentes manifestations, en plusieurs endroits, quoique minoritaires (les médias choississant un angle de filmage pour faire « foule ») pour protester contre les caricatures de Charlie hebdo, brûler le drapeau français, mais sans se soucier ni contester l'égorgement des personnes innocentes. Cette populace reste dominée par inculture7, par le mythe de l'âge d'or musulman qui cache l'incapacité de l'islamisme à en passer par la phase ascendante du capitalisme :

« … la bourgeoisie islamique à partir du XIème siècle et jusqu'à l'époque actuelle, a échoué à étendre son type d'activité parcellaire à l'ensemble social. Et depuis, le jeu intéressé du capitalisme colonial a suscité partout une petite bourgeoisie du savoir technique et de l'administration qui est sortie victorieuse des luttes pour l'indépendance et a réussi plus ou moins à évincer la bourgeoisie classique en s'emparant des rouages de l'Etat. Il s'ensuit de nos jours une opposition haineuse de classe entre les deux catégories et la mise en œuvre violente des aspirations totalitaires de la petite bourgeoisie dominatrice, comme le prouve l'exemple de Nasser et de Bourguiba »8.

La bourgeoisie occidentale a pu de maintenir dans l'ethnocentrisme et faire passer la culture européenne comme nec plus ultra de la civilisation de la modernité, quand les faux marxistes, les trotskistes agités du bonnet des sixties en particulier, se sont toujours refusés à critiquer l'islam en tant que croyance d'ex-dominés et qu'à l'époque l'impérialisme religieux US, ouvrait les portes de ses universités aux baratineurs de l'islam.

 OU LA BOBOLOGIE FRANCAISE SOUTIENT LE PETIT BOURGEOIS TUEUR

L'extrême gauche de la bourgeoisie est la cliente préférée du phénomène de décomposition sur la base du radotage d'anciennes conceptions obsolètes et d'absence de critique d'une « religion de pauvres ». Revenons sur la prise de position du NPA concernant le lâche meurtre de trois personnes à genoux (sic) dans l'église de Nice. Je m'étais arrêté au seul conditionnel de ces cuistres : « il semble que » ces assassinats « aient été commis au nom des mortifères idées jihadistes »9. Or, avec ce raccourci stupéfiant, cette clique islamo-trotskienne faisait retomber le crime non sur l'idéologie islamiste criminelle (« il semble que ») mais sur « l'inefficacité de la politique du gouvernement » et « ses mesures répressives » (?) et ses « discours islamophobes » (?). On peut reprocher ce qu'on veut au gouvernement Macron mais certainement pas plus un discours homophobe que d'accuser le NPA d'être raciste ! Il n'est pas démontré comment ce (méchant) gouvernement est supposé « donner du grain à moudre aux fanatiques de tout bord »!? Rebelote sur les supplétifs « fachos » en lieu et place des tueurs islamistes10 :

1°) après le meurtre du prof Paty, le NPA s'en était pris à Robert Ménard (!?) et aux « tenants d’une fuite en avant répressive et d’une stigmatisation accrue des musulmanEs... ». De quel quartier ou pays viennent donc les « tueurs » islamistes de l'intérieur ?

3°) Rebelotte avec trois égorgés en plus : c'est la répression en général du gouvernement qui est visée, lequel gouvernement « profite de l'émotion », mais aucune dénonciation du triple crime ni de son fondement islamiste, sauf que Ménard a été remplacé par la mère Le Pen, et Trotsky par Mahomet...

On a compris que l'assassin, malgré lui, était le gouvernement Macron et que, pour se faire pardonner, il lui faut attribuer « au plus vite » égalité et accueil à tous les étrangers qui veulent venir en France, et surtout condamner de toutes les manières l'islamophobie, cette baudruche inventée par les islamistes « radicaux ».

On est passé de un à trois égorgés, et entre ces deux actions « islamophiles », nos spectateurs trotskiens maintiennent leur flou gloubi-boulga et sans commentaires sur la prouesse des égorgeurs (petits bourgeois), ces éternelles victimes du colonialisme et du racisme11 ! 

FIN DE L'INDIVIDUALISME ?

Le 25 janvier 2016, vous pouvez encore lire sur ce blog le compte-rendu de ma participation à une RP du CCI, où je cite ce toujours décoiffant Lénine qui écrit en 1918 dans « Les tâches immédiates du pouvoir des soviets » cette remarque au sujet de  la petite bourgeoisie :

 «  Et il est évident que tous les éléments de décomposition de la vieille société, fatalement très nombreux et liés pour la plupart à la petite bourgeoisie (car c'est elle que chaque guerre ou crise ruine et frappe avant tout), ne peuvent manquer de « se manifester » (...). Et ils ne peuvent « se manifester » autrement que multipliant les crimes, les actes de banditisme, de corruption et de spéculation, les infamies de toute sorte. Pour en venir à bout, il faut du temps et il faut une main de fer »12.

Les questions que j'avais posées initialement (au cours de cette réunion publique) sur le grand remplacement du stalinisme par l'islamisme ainsi que la question d'un combat contre la guerre (hors de la sérénade humanitariste gauchiste de secourisme aux réfugiés) ne trouvèrent ni écho véritable ni réponses. J'ai regretté qu'on n'ait pas analysé plus le rôle de la petite bourgeoisie qui, bien que touchée par la crise ne se résout pas à « tomber dans le prolétariat », partage le pouvoir de la confusion un peu partout et dont les partis politiques seront parmi les derniers obstacles à l'affirmation du prolétariat comme les partis anarchistes et socialistes révolutionnaires en 1917. Les tueurs du Bataclan sont eux-mêmes une émanation de la petite « beurgeoisie » flouée par le système plus que des connaisseurs du coran. J'ai mis en cause enfin cette curieuse notion de solidarité (populaire?) invoquée dans ses articles par le CCI lors des attentats de janvier et novembre – nous n'avons pas à accompagner les funérailles bourgeoises – ainsi que cette affirmation invraisemblable « la génération du Bataclan qui avait rêvé de reprendre le flambeau de 68 »13. Un intervenant au moment de la conclusion avait estimé qu'on se trouvait probablement dans une période de « fin de l'individualisme ».

Quatre ans plus tard, tout concourt à démontrer le contraire. Historiquement l'attentat terroriste, anarchiste en fait, est bien le produit d'un individualisme très contemporain, très petit bourge, qui n'a de compte à rendre à personne et qui sait qu'il a les plus probables chances de ne pas en rendre. En outre, malgré un passé tribal, impossible à l'ère moderne, on peut observer que l'islam est devenu une religion très individualiste, une expression très individualiste dans sa pratique solitaire (on ne sache pas que la plupart des imams soient consultés avant l'acte létal. Elle ne possède pas de plus une hiérarchie aussi structurée que le catholicisme par exemple. Ses jeunes exécutants terroristes révèlent pour la plupart un sacré narcissisme – anciens dealers jouisseurs et adeptes des gadgets les plus coûteux - pas seulement dans le cas des « loups solitaires » mais aussi par leur disposition à se laisser embrigader par faiblesse de caractère ou isolement prolongé, dans le cas du recrutement en bande. Les terroristes qui se réclament de l'islam proviennent de sociétés bloquées, ce qui est aussi le cas des sociétés européennes désormais, y inclus la France ; c'est pourquoi des petits bourgeois terroristes qui sont « à l'intérieur » et nés français confirmant que le meurtre sauvage islamiste n'est pas énigmatique ni « étranger » comme le laisse croire le journalisme de commentaires qui n'en reste qu'à la théorie du fou furieux ; ni toujours spécifiquement islamiste. Le terrorisme islamiste a proliféré et s'est un peu plus affirmé à partir d'une zone en guerres perpétuelles où il n'existe pas un prolétariat nombreux et concentré et où tout dépend d'une petite bourgeoisie de bazar, de commerces divers.

Enfin, en Afrique du Nord les sociétés arriérées et dépendantes ne permettent pas de penser que la petite bourgeoisie va se joindre au prolétariat qui reste minoritaire et relativement isolé malgré d'importantes grèves depuis un demi-siècle.

CRISE DE CIVILISATION OU CRISE DU CAPITALISME en décomposition ?

Je ne crois pas à la guerre des civilisations de Samuel Huntington. De quelles civilisations ? Je ne considère pas la société française comme civilisée et dans les sociétés arabes l'oppression islamiste est encore moins un modèle de « civilisation », comme a pu l'être l'islam des débuts. On assiste plutôt partout à une décomposition des relations sociales où se vérifie un « choc culturel », point sur lequel Huntington avait raison, mais sans être capable de développer sur l'institutionalisation des communautarismes – ou le new look séparatisme national de Macron – pour mieux dissoudre la notion et la lutte des classes. Cette décomposition n'est pas regrettable pour la bourgeoisie puisqu'elle s'en sert tant14 dans ses factions avec le dit « racisme institutionnel » pour telle fraction, ou ces factions qui déplorent une « perte des valeurs, les mêmes qui suivent le revirement macronien anti-islamo-gauchiste après l'échec des successifs melting-potes.

On notera en passant, avec mépris, la dernière vidéo propagandiste offerte par la fédération de football française, où défilent à l'écran, à destination des lycéens,  une poignée de joueurs (blancs) exaltant l'école égalitaire (!?) et la République (mais sans crier Vive la France) ; video qui confirme la fin du mythe bleu-blanc-black de 98 et autres « vivre ensemble ». On ne comprend pas l'absence des autres joueurs noirs et arabes, ou pourquoi ils ont refusé de participer à cette pantalonnade. Parce que leur patrie reste d'abord l'islam ou parce que dire que l'école est égalitaire est un vieux mensonge bourgeois ? Toutes choses qui ne produiront qu'indifférence ou moquerie de la part de ces nombreux lycéens qui veulent violer et buter Mila et approuvent la décapitation d'un prof blasphémateur ?15

Je reviens sur mon accord ponctuel à l'époque avec la crise de civilisation évoquée par Munis, qui ne vaut pas tripette et sert aux réacs de tous bords. Par contre je maintiens que l'internationalisme ne signifie pas la destruction des cultures nationales mais reste hors de cette espèce de noria communautariste mondialiste, multi-religieuse, qui nous est servie comme breuvage universaliste d'avenir, avec pour progrès en vue, un nouveau droit qui consisterait à élire un député de son groupe ethnoracial ». Je reste totalement convaincu que le coran reste destiné au musée de la hache et du rouet. Le projet communiste de renversement du pouvoir capitaliste ne considère ni comme une étape ni comme un aboutissement le pouvoir religieux ; si des masses indistinctes restent aliénées au pouvoir religieux elles n'ont aucune révolution à prendre en charge, qu'elles restent soumisses à la religion de la ...soumission.

Le phénomène de décomposition capitaliste peut toucher à toutes les questions, y compris à celle de l'immigration, sujet complexe, qui ne sert plus à constituer automatiquement (et surtout pas à intégrer ni en tant que classe ni en tant que citoyen national) ou développer la classe ouvrière au même niveau que naguère, mais au contraire à la diviser, à généraliser la misère et à favoriser... le terrorisme individuel. Tous les migrants ne sont pas des tueurs islamistes, tous les tueurs ne sont pas des migrants, mais on reste interloqué de voir comment Brahim machin a pu partir de son bled les mains dans les poches, obtenir un sauf-conduit à Lampedusa et venir tranquillement perpétrer son crime à Nice. La réponse n'est pas « on peut pas mettre un flic dans chaque rue », mais un laxisme migratoire en question16 qui, parce qu'il est aussi décevant pour échapper à la misère, conduit à la réaction désespérée et pas le cynisme de Macon ou la méchanceté de Le Pen.

J'ai dit dans l'article de 2014 mon accord avec certaines remarques de Slavoj Ziek : « Les réfugiés, eux, incarnent la manifestation la plus évidente de ce « désir d'Occident », leur désir n'est en rien révolutionnaire »17, il peut devenir criminel aussi par déception et découragement.

LE NIHILISTE ET CYNIQUE ISLAMISME

Qu'un grand philosophe marxiste de l'envergure et de l'originalité tel que Lukacs ait porté une grande attention à la notion de décadence n'a en rien éveillé les radoteurs bordiguiens ou toutes les sectes du même genre qui n'imaginent l'effondrement du capitalisme que par le seul facteur économique et restent isamo-gauchistes sur la question de l'islamisme et du terrorisme individuel. C'est le même déni du réel : l'anomie (confusion et aliénation sociale), la perte de réalité, la fascination pour la mort, la précarité des repères politiques et sociaux, tous ces traits subjectifs du caractère décadent du système, où même dans la sphère des arts que la bourgeoisie décadente renonce à assumer une position active et créatrice devant l’histoire.

On oublie que c'est Nietzsche, considéré à tort comme pré-hitlérien par tous les militants ignares, qui a élevé le mot décadence au rang de concept : la décadence est l'incapacité à instaurer un rapport authentique à la réalité historique, qui fabrique des subjectivités fragmentées, instables et incohérentes, qui délaissent le tout pour l'infinitésimal et restent prisonnières des spéculations vaines. Le « déclin » de la bourgeoisie se manifeste dans l’incapacité, non seulement de tolérer les contradictions, mais avec cette impuissance à se sortir de ses propres contradictions.

La petite bourgeoisie islamiste dispose de passerelles avec le féminisme tiersmondiste et universitaire qui explique son silence lorsque des femmes participent aux attentats. Même si le leader d’Al-Qaeda, Ayman Al Zawahiri, avait affiché ses réticences à ce que les femmes participent au combat, les kamikazes féminines ne sont pas rares dans l’histoire du jihadisme. Surnommées les «veuves noires», les femmes tchétchènes ont marqué l’histoire en commettant plusieurs attentats à Moscou au début des années 2000. Pas un mot des cyniques féministes pour les victimes mais héroïsation discrète des terroristes « émancipées par l'islam ». Hayat Boumedienne, la compagne d'Amedy Coulibaly a rejoint la Syrie comme exemple d'une plus grande « radicalisation des femmes ». Dans le jihad, nouvel ersatz de la libération de la femme, les femmes-martyres s'émanciperaient en se faisant exploser tout comme elles servent à fabriquer de futurs terroristes dans les « jardins d'enfants islamisés ».

Pour Walter Benjamin le marginal excentrique est la figure de la décadence. Laquelle apparaît de la façon la plus visible chez les conspirateurs professionnels, qui tous viennent de la bohème. Leur premier champ d’action est l’armée, puis la petite bourgeoisie, occasionnellement le prolétariat. C’est pourtant parmi les véritables chefs du prolétariat que cette couche sociale trouve ses adversaires. Le Manifeste communiste met fin à son existence politique. La poésie de Baudelaire tire sa force du pathos de la rébellion que cultivent ces groupes18 . Dans ses réflexions politico-philosophiques, Krahl s’interrogera sans cesse sur les conditions d’une révolte subjective qui ne reproduirait pas au sein du mouvement antiautoritaire la position de la subjectivité décadente19.

On a aussi affaire à une bohème musulmane avec ses figurants qui parasitent la sécurité sociale. Cette bohème n'a pas de loi, pas plus le coran que la loi française. Le coran considère le suicide comme un péché, mais, comme ils sont abattus par des flics ou des soldats, ce n'est pas un suicide. Le kamikaze terroriste abuse à la fois les croyants et les incroyants. Devant son cadavre on ne peut pas dire qu'il s'est suicidé ni considérer que son Allah Akbar est un foutage de gueule. 

Depuis la guerre au Liban, les attaques-suicides sont, de fait, devenues l’une des armes favorites des groupes jihadistes. En 1985, le leader spirituel du Hezbollah (chiite), le cheikh Fadlallah lève l’interdiction du suicide pour les combattants. Mais les kamikazes islamistes n'ont pas besoin de s'excuser d'avoir péché puisqu'ils sont zigouillés en tant que « combattants », donc innocents de la cause de leur propre mort. Au cours des années 90, le Hamas va multiplier les attentats-suicides. Un théologien de référence de la mouvance des Frères musulmans, Youssef El-Qaradawi légitime, par la suite, les attentats-suicides du Hamas contre Israël«Les opérations martyrs sont l’arme que Dieu donne aux pauvres pour combattre les forts. C’est la compensation divine. La société israélienne est une société militaire». Mais cela ne change rien au fait que le « martyr » était un petit bourgeois20.

Dans la violence des guerres de libération nationale ou dans la violence conjugale, l’égorgement n’est pas vécu en pays arabe comme plus barbare que les bombardements de populations civiles par des armées étrangères, différence culturelle paraît-il !

 « Mais l’archéologie récente de la violence meurtrière imprègne aussi nos visions du monde de l’Autre. Elle ne date pas des « islamistes-terroristes-égorgeurs de femmes et d’enfants » et il ne s’agit pas simplement de vertige nihiliste ! L’Histoire, même récente, nous en offre une large palette : violence des rapports précoloniaux lorsque les Ottomans, puis les Turcs n’étaient guère tendres avec leurs coreligionnaires dominés ; violence des guerres de conquêtes coloniales où – après le scalp – on collectionnait les oreilles et les testicules portés triomphalement en collier dans les salons des capitales « civilisées » ; violences des rapports coloniaux, sur lesquelles le psychiatre martiniquais Frantz Fanon a tout dit; violences des guerres de décolonisation où chacune des parties a perdu son honneur dans la torture, l’assassinat, le viol et la mutilation systématiques ; violences des régimes dictatoriaux de gauche ou progressistes-nationalistes, des généraux algériens, égyptiens, syriens, bien avant la violence « islamiste » ou encore celle des puritains d’Arabie Saoudite qui décapitent au sabre leurs délinquants supposés ; violences, enfin, faites au peuple palestinien, qui n’est pas responsable de la Shoah mais qui subit depuis cinquante ans, outre la violence de l’armée israélienne, la concussion et l’autodestruction de ses propres dirigeants. Sans oublier le mépris des Etats arabes surarmés qui se contentent d’un soutien verbal et hypocrite à la « cause sacrée » quand ils ne manipulent pas eux aussi leurs propres sous-groupes concurrentiels palestiniens. Il faut avoir vu le cloaque de Gaza, les pères humiliés et l’arrogance des nouveaux riches pour comprendre l’influence exercée par certains groupes extrémistes sur la jeunesse palestinienne. Mais les pierres ne peuvent rien contre les chars ou les hélicoptères de combat. Encore moins contre le mépris et l’abandon des alliés « naturels »21.

 Bruno Etienne donne une image du rapport entre terrorisme et Etat, de la même façon que Marc Chirik ne cessait de nous répéter de ne pas confondre l'Etat bourgeois et le moustique terroriste, indigné que RI ait pris une position moraliste via un article du journal contre la bande à Baader un peu avec les mêmes arguments que l'Etat bourgeois. Ce qui ne signifiait pas que nous devions apporter notre soutien à la petite bourgeoisie terroriste.Ce qui signifiait qu'en politique il faut se garder de juger en noir et blanc. Cela ne nous empêche pas de délimiter ce qui peut favoriser ou pas une véritable révolution internationale, ni d'examiner où en sont les diverses couches petites bourgeoises. Avec le Covid et l'islam, elles pourront rester encore longtemps désespérées. Le meurtre islamiste (pas islamique) n'est plus comme jadis du même ordre que l'attentat anti-colonialiste, individuel ou organisé il n'est utile qu'à telle ou telle fraction du capital (qui se fout de toute couverture religieuse). Il est philosophiquement le dernier avatar du nihilisme et du désespoir individuel. Au fond il n'est qu'une des manifestations de la décadence et de la décomposition de la société capitaliste. Pire que le covid il ne pourra pas avoir de vaccin, ni par une éradication policière et juridique, ni par des leçons de morale « républicaine » à l'école. Le petit bourgeois islamiste n'est pas prêt de disparaître, peut-être se calmera-t-il si on lui donne du travail et des raisons de vivre... dans son pays.

« Ni rire ni pleurer mais comprendre » disait le philosophe Baruch Spinoza, mais on peut espérer que les masses prolétaires et pauvres, habitées par la croyance islamiste et islamique, finiront par se détacher de toute empathie pour des actions « islamistes » qui ne font pas honneur à ce qui est « islamique » ?

J'ai dit et j'ai sauvé mon âme.

NOTES

1Ditt "Akhenaton" ou en général « Ah qu'il est con », rappeur marseillais qui caresse la principale clientèle de son fonds de commerce. Converti lui-même, il méprise les français «islamophobes » et prône l'enseignement de l'islam à l'université. Le gouvernement Macron va-t-il licencier ce sous-produit du CCIF ? Et de la charia charabia ?

2Cf. Ch. Souriau, La conscience islamique actuelle dans quelques œuvres récentes d'intellectuels du Maghreb (1980).

3Cf. Hichem Djait (1974): « Quinze siècles d'hégémonie masculine et de répression sexuelle ont produit une société qui reste répressive et où règne la peur et le mépris de la femme. Si celle-ci s'émancipe de nos jours en Tunisie dans la « frénésie sexuelle » qui règne par endroits, « le regain des forces islamistes longtemps refoulées favorise par contre en Algérie la remontée du virilisme du mâle et y pérennise la structure archaïque de la sexualité ». Au Maroc c'est soit la passivité, soit un hédonisme primaire ». C'est au bas de la hiérarchie sociale que les femmes sont le plus maltraitées (ce dont se fout le féminisme islamo-gauchiste) supportant la domination implacable et les désidératas de l'époux, du frère, du fils qui eux conservent le privilège d'aller au café (sauf en temps de covid!), de se faire embaucher mais pour une tâche à temps limité, tandis qu'elles, avec la marmaille, restent enfermés au fond d'une impasse ou dans la barre d'immeubles ; dans mon boulot de service publi en banlieue sud de Paris, j'ai eu plusieurs témoignage de femmes musulmanes cloîtrées, rideaux tirés dans l'appartement, depuis l'obligation de leur mariage à 14 ou 15 ans, en France contemporaine ! Je n'ai jamais lu une critique de cet enfermement chez les divers islamo-trotskiens. Ni de cette religion mélande de croyances superstitieuses , de magie d'un autre temps, et de contraintes vestimentaires et alimentaires.

4Cf. Souriau, p.87, qui avait écrit pourtant un livre intitulé « Le post-islamisme »...

5Sauf Israël qui a fait du colonialisme absolu en virant de Palestine les arabes qui y vivaient, et reste pays encensé comme « la seule démocratie de la région » ! Drôle de démocratie !

6Ibid.

7En France et au Pakistan il y a des cochonneries bien plus graves qui sont publiées sans que les politiques pour arriérés pointent du doigt une BD anar pour lycéens boutonneux, qui n'était pas lue spécialement dans le monde adulte et qui a été hystériquement mise en exergue pour vérifier... la paranoïa islamiste, contenu principal de cette croyance fabulatrice.

8Ibid.

9Jamais décrites ni dénoncées.

10Ce genre d'esquive trotskienne fait penser à la propagande nazie pendant le début de l'occupation dans le nord de la France : « Les anglais se battront jusqu'au dernier français ».

11Le superficiel Benoït Raysky dans « Les bâtards de Sartre » ne reproduit pas l'intégralité de la phrase terroriste du nain de Montparnasse dans l'intro au livre de Fanon 'Les damnés de la terre ': « « Abattre un Européen c’est faire d’une pierre deux coups, supprimer en même temps un oppresseur et un opprimé : restent un homme mort et un homme libre ». Formule qui sert de cantique aux indigestes de la République.

12Lénine n'est pas tendre pour l'islam non plus : « Il faut tout particulièrement avoir présent à l'esprit:(...) la  nécessité de lutter contre le clergé et les autres éléments réactionnaires et moyenâgeux qui ont de l'influence dans les pays arriérés (…) la nécessité de lutter contre le panislamisme et autres courants analogues, qui tentent de conjuguer le mouvement de libération contre l'impérialisme européen et américain avec le renforcement des positions des khans, des propriétaires fonciers, des mollahs, etc.. .» Lénine (juillet 1920)

13Les spectateurs hétéroclites présents à un concert de rock, visé par un terrible attentat terroriste, magnifiés en possibles repreneurs du drapeau de 68 ! A ce compte il faut espérer que tous les concerts de rock contiennent autant de spectateurs que de révolutionnaires marxistes !

14La décomposition renvoie au phénomène plus général de la décadence. György Lukács notre grand philosophe qui a participé à la révolution hongroise de 1919, pensait que la culture bourgeoise se livre à la décadence dans la mesure où elle renonce, face à l’essor de la lutte de classes du prolétariat, à ses idéaux d’émancipations. En 2020 il faudrait beaucoup se gratter pour trouves des idéaux d'émancipation de l'humanité chez les bourgeois et les terroristes arabes !

15Macron y va aussi de son commentaire pitoyable ce lundi : «Aujourd'hui, en classe, vous allez rendre hommage à Samuel Paty. Nous penserons à lui, à vous et à vos enseignants. Nous sommes tous choqués par ce qu'il s'est passé. Parlez-en entre vous. Parlez-en avec vos enseignants». Mais ils s'en contrefoutent car leurs enseignants vont encore jouer aux donneurs de leçon de morale pour leurs « inférieurs » à tout point de vue : ceux-là même qui resteront pauvres, sans diplômes et livrés à eux-mêmes dans un monde qui fait d'eux des étrangers de seconde zone, même pas prolétaires ! Plein de lycéens constituent aussi la clientèle émeutière qui distrait les mornes banlieues de la misère, parfois très dangereusement, au point qu'il faudrait armer aussi les pompiers, les profs et même les plombiers. Un scandale bien plus important que les caricatures de Charlie aurait dû soulever masses arriérées et imams, l'existence du site Humoron, visible par tout lycéen musulman ou pas, qui offre au regard toutes sortes de mutilations par les groupes terroristes d'Amérique du sud, notamment au Mexique où les égorgements sont publics et immédiatement versés sur le web. A moins que cette autorisation soient distraction destinée à satisfaire le goût du sang par les masses arriérées si haineuses quand il s'agit de simples dessins ?

1623 000 migrants sont rentrés en Italie par Lampedusa cette année, dont pratiquement 12 000 Tunisiens. Ces Tunisiens sont tous des migrants économiques, ils ne peuvent pas justifier réellement d’un statut politique, qui permettrait d’être considéré comme réfugié. "10% seulement de ces 12 000 Tunisiens ont réellement été expulsés cette année.

17bibliobs.nouvelobs.com/.../les-mille-salopards-de-cologne-par-slav Les mille salopards de Cologne, par Slavoj Zizek - Bibliobs - L'Obsoj-i-ek. Html

18Si on met de côté ses extraordinaires poèmes, Baudelaire resta un débauché pervers et minable, cf. Crénom Baudelaire de Jean Teulé (Christine me l'a offert).

19Krahl était dans l'aile libertaire du SDS aux côtés de Rudi Dutschke, deux leaders étudiants allamends en 68 que j'ai admiré, mais je ne savais pas que Krahl avait été humilié par les bobos féministes (l'affaire de la tomate) ni la richesse et profondeur de ses réflexions politiques. https://fr.wikipedia.org/wiki/Coup_de_tomate_de_1968

20En action « personnelle » ou aux ordres d'une faction islamiste, quelques instants avant leur attentat, les futurs sacrifiés pour le dieu imaginaire téléphonent à leur mère pour leur dire : « Maman, je vais aller au paradis, je suis prêt » ; « je vais aller à la place qui m’est réservée », ce qui correspond à un verset du coran. Certains se considèrent comme déjà morts, « en mission divine sur la Terre et sur le point d’être appelés par le Seigneur », ce qui correspond en effet là aussi à plusieurs versets du Coran qui conseillent de n’être qu’un passager. Parfois, certains demandent que l’on prie pour eux.

21Bruno Etienne : Essai sur une thanatocratie islamique. Le cas des combattants suicidaires arabo-musulmans. https://journals.openedition.org/conflits/2099 Bruno Etienne, décédé en 2009, était un chercheur iconoclaste et un personnage assez extraordinaire, lire un hommage sur le blog EDUC : "La religion est devenue un supermarché et pourquoi pas ?" : https://archive.is/zwR9g#selection-1023.15-1023.73



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