PAGES PROLETARIENNES

samedi 9 mai 2020

L'après pandémie : REGARDEZ LE GOUVERNEMENT MACRON. C'était la dictature du prolétariat !





« ...pour ne pas déchaîner la guerre civile à l'intérieur d'une ville assiégée par une armée étrangère, on laissa en fonction le même gouvernement ». (…) « Dans la conception des philosophes, l'État est « la réalisation de l'Idée » ou le règne de Dieu sur terre traduit en langage philosophique, le domaine où la vérité et la justice éternelles se réalisent ou doivent se réaliser. De là cette vénération superstitieuse de l'État et de tout ce qui y touche, vénération qui s'installe d'autant plus facilement qu'on est, depuis le berceau, habitué à s'imaginer que toutes les affaires et tous les intérêts communs de la société entière ne sauraient être réglés que comme ils ont été réglés jusqu'ici, c'est-à-dire par l'État et ses autorités dûment établies. Et l'on croit déjà avoir fait un pas d'une hardiesse prodigieuse, quand on s'est affranchi de la foi en la monarchie héréditaire et qu'on jure par la république démocratique. Mais, en réalité, l'État n'est rien d'autre qu'un appareil pour opprimer une classe par un autre, et cela, tout autant dans la république démocratique que dans la monarchie; le moins qu'on puisse en dire, c'est qu'il est un mal dont hérite le prolétariat vainqueur dans la lutte pour la domination de classe et dont, tout comme la Commune, il ne pourra s'empêcher de rogner aussitôt au maximum les côtés les plus nuisibles, jusqu'à ce qu'une génération grandie dans des conditions sociales nouvelles et libres soit en état de se défaire de tout ce bric-à-brac de l'État. Le philistin social-démocrate a été récemment saisi d'une terreur salutaire en entendant prononcer le mot de dictature du prolétariat. Eh bien, messieurs, voulez-vous savoir de quoi cette dictature a l'air  ? Regardez la Commune de Paris. C'était la dictature du prolétariat ».

Engels (Londres, pour le 20e anniversaire de la Commune de Paris. 18 mars 1891).


UNE DICTATURE PAS SI ARBITRAIRE...

Macron affublé de l'auguste barbe de notre cher Friedrich Engels ! Je vois déjà mes lecteurs marxistes puristes ou trotskiens dégénérés faire la grimace de mépris. Je m'en fiche. Les gauchistes, le clan à Mélenchon ne cessent de tirer à boulets rouges sur le gouvernement, blabla et simple surenchère ! Ils auraient peut-être fait pire, comme le petit con Zemmour qui ne cesse de clamer dans sa chaîne sur mesure que cela ne servait à rien de confiner. On aurait voulu les y voir à la place... Certes le gouvernement bourgeois dans la place a lambiné et déconné comme nous l'avons tous souligné plus ou moins. Le plus important, et qu'ignorent ces contestataires, est que la dictature mise en place « pour notre santé », pendant deux mois, avec contrôle des sorties, fortes amendes, n'a ému que les petits bourgeois du barreau et les amis des indigestes indigènes aussi légalistes qu'ils sont racistes. On menace déjà de traîner en justice des ministres qui se sont démenés, parfois en pure perte, parfois en mentant crânement, parfois en en faisant trop dans la pédagogie ou la démagogie, alors que ce ne sont pas ces hommes et ces femmes qui peuvent être visés comme boucs émissaires d'une si longue et si ancienne impéritie des Etats bourgeois, mais le capital qui devrait être traîné en justice, pardon exécuté non par des avocaillons mais par les masses de prolétaires dans la lutte « pour la domination de classe ».
L'immense majorité des « citoyens » est restée disciplinée et « compréhensive ». Cela a été dur, mal vécu, parfois pas si mal que ça, et le sacrifice (relatif) n'en valait-il pas la chandelle ? Certes on a eu le sentiment de vivre le moyen âge. Certes nos gouvernants n'ont pas trouvé mieux que d'aller piocher dans les leçons de la pandémie dite grippe espagnole, « la grande tueuse »1, en 1918 : quarantaine, confinement, masques (avec notre lourde insistance). Certes on a fini par être lassé par tous ces toubibs de « plateau télévisé » qui vinrent plastronner pour ne rien dire, au lieu d'être au boulot.
Je me fiche donc de tous ces clowns qui veulent « porter plainte », comme si une plainte pouvait faire revivre les morts ou redonner espoir en un autre monde. Non, je me tourne vers ces millions de « citoyens » et au milieu de tant de ces ouvriers « invisibles » à qui l'on a seriné depuis si longtemps que la démocratie bourgeoise était une chose précieuse, qu'elle était garante des « libertés individuelles », au point qu'un ardent défenseur du peuple, le petit député de droite Eric Ciotti a assuré qu'elle était « bafouée » par les mesures d'urgence !
Eh bien cher tous, pendant deux mois, vous avez fait l'expérience d'une « dictature d'Etat » ! Oh pas terrible cette dictature. On ne fusilla point. On n'interna point pour désaccords politiques. Il n'y eût ni goulags ni Auschwitz. Ni guerre mondiale, comme l'attendent impatiemment nos maximalistes en chambre, celle qui sert de bouton déclencheur à la révolution internationale. A l'école on vous avait enseigné les horreurs de la « dictature bolchevique ». Pour le cas où vous auriez été distraits en classe, journalistes et historiens officiels se sont chargés, et se chargent de vous alourdir la mémoire depuis cent ans : les révolutions ne mènent qu'à des dictatures sanglantes, guillotines, fusillades et chambres de torture... La pire de toute étant bien sûr la « dictature du prolétariat ».

Voilà que toutes ces âneries dont on vous a bourré le crâne s'évanouissent sous la conduite de Wladimir Illitch Macron ! Et quel manipulateur ce dictateur, il a sans arrêt décidé arbitrairement tout seul ; les journalistes ont même soupçonné qu'il y avait plus qu'un papier à cigarette entre lui et son premier commis. Il a manoeuvré pour sa propre gloire en se servant de notre santé et de nos peurs. Si on laisse à part le lapsus sur la distanciation sociale, faute ministérielle, reconnaissons-lui en revanche une action « collectiviste » en nivelant tous selon le principe de précaution. N'est-on pas baigné dans une société particulièrement « individualiste » qui se branle au prétexte de la « liberté individuelle » ? Par hasard, je suis tombé sur un rapport présenté au Sénat en 2011par le Docteur Didier Raoult, mégalo marseillais certes, plein de bon sens, et de prévision :

« Par ailleurs, les maladies contagieuses contredisent l’évolution individualiste spectaculaire de notre société ces dernières années. En effet, la gestion des maladies infectieuses peut amener à remettre en cause la liberté individuelle. C’est le cas de l’isolement nécessaire pour éviter la contamination lorsque les patients sont contagieux, c’est le cas de la déclaration obligatoire des maladies et c’est le cas de la vaccination obligatoire dans le cadre des maladies contagieuses (…) Ce peut être aussi la justification de l’obligation de soins pour d’autres maladies contagieuses. Les hommes constituant une espèce unique, le comportement individuel des humains peut avoir une conséquence sur la santé de l’ensemble de la population. C’est ainsi que l’on a pu identifier un étudiant guinéen qui a importé le choléra en Afrique noire à partir d’URSS et qui a causé secondairement des millions de morts. Ainsi donc, la liberté individuelle de chacun et les choix personnels peuvent contredire les besoins de la société d’une manière très tangible »2.

Un penseur communiste aurait pu faire le même type de réflexion sans que personne ne le dénonce comme barbare stalinien ou salaud hitlérien. Foin d'un quelconque complexe dans la critique de la démocratie. A partir de la fin du XVIIIe siècle, la jeune République américaine, par exemple, ne cesse de s'agrandir vers l'Ouest évinçant les populations autochtones de leurs terres. En plus de cette
campagne de colonisation, les Indiens d'Amérique subissent depuis le XVIe siècle les effets meurtriers d'un choc épidémiologique inédit. Cette catastrophe s’explique avant tout par des épidémies venues de l’« Ancien Monde ». Les autochtones n’étaient pas immunisés contre les infections virales et bactériennes graves venues d’Eurasie et d’Afrique introduites par les colons européens : variole, grippe, typhus, choléra, peste, oreillons, rougeole ou encore rubéole. Au sud des États-Unis actuels par exemple, on estime que la dépopulation a pu être de l'ordre de 80% dès le XVIe siècle. En 1500, il y avait peut-être 7 millions d’autochtones en Amérique du Nord. Il s’agit, cela dit, d’une estimation, qui fait débat parmi les spécialistes. A la fin du XIXe siècle, les Amérindiens n’étaient plus que 375 000.

Je rappelle cet aspect de la démocratie « conquérante » non pour en nier la nécessité historique, passagère, ni pour ergoter que dans la vie il n'y a pas que la révolution ou la guerre, ou l'inverse, mais parce que les périodes de dictature dans l'histoire de l'humanité n'ont pas toutes signifié les horreurs qu'on leur attribue au nom justement de cette fichtre de «liberté individuelle », ambiguë et perverse si la communauté humaine en vient à être en danger. Il faut un « Etat fort » dans les circonstances dramatiques, et vous serez bien obligés de reconnaître que la plupart de nos Etats modernes, dans les dramatiques circonstances actuelles ont été obligés de se « bolcheviser », de jouer aux fortiches, même un peu trop sur le plan de la morale.

Ils ont tous pris pour exemple les leçons « prophylactiques » d'une période dont nous, minorité maximaliste, ne tirons pas les mêmes leçons politiques, quoique on nous taxe de ringardise. Aidons-nous de cette excellente auteure Laura Spinney, répondant à une interview, mais n'allez pas croire que l'histoire se répète :

« Entre mars 1918 et juillet 1921, la grippe espagnole s’est déployée en trois vagues: une première, modérée, qui ressemblait à une grippe saisonnière, une deuxième très virulente où ont eu lieu la plupart des décès, de mi-septembre à mi décembre 1918, et une troisième vague moins virulente. La plupart des morts ont eu lieu en trois mois. À l’époque il existait déjà une forme de mondialisation, même si elle était beaucoup plus lente. La guerre a été un des facteurs déterminants de la gravité de la pandémie. En effet il y avait beaucoup de déplacements: les militaires qui rentraient chez eux, mais aussi les déplacés, les réfugiés qui étaient nombreux. Les scènes de liesse de l’Armistice et de la démobilisation ont accéléré la diffusion du virus. Les systèmes immunitaires étaient fragilisés par les privations. Certains scientifiques estiment que les conditions de la guerre ont puissamment contribué à la virulence du virus. Normalement, une nouvelle souche de grippe modère sa virulence avec le temps, car le virus n’a pas intérêt à tuer l’hôte qui l’héberge. Ainsi, les grippes saisonnières que nous connaissons ont commencé par des grippes pandémiques qui se sont «calmées». Mais la grippe espagnole a rencontré des circonstances exceptionnelles: dans les tranchées du Nord de la France, des hommes coincés dans des tranchées, affaiblis, aux poumons parfois compromis par les gaz. Tout cela a contribué à ce que le virus garde une exceptionnelle virulence pendant longtemps ».

Question du journaliste : Comment ont réagi les gouvernements à l’époque? Ont-ils été efficaces?

« D’abord, les pays belligérants ont essayé de cacher l’épidémie pour ne pas nuire au moral des populations. C’est d’ailleurs pour cela qu’on l’a appelée «grippe espagnole», alors qu’on ne sait pas
d’où elle est venue: l’Espagne étant neutre pendant le conflit, il n’y avait pas de censure, et la presse espagnole en a parlé la première. Puis les gouvernements ont été obligés d’agir. Ce qui est intéressant, c’est qu’ils ont alors mis en place exactement les mêmes mesures qu’aujourd’hui pour le coronavirus: des mesures de distanciation sociale, les seules efficaces en dépit du vaccin. Quarantaine, isolation, masques, lavage de main: c’était exactement les mêmes recommandations il y a 100 ans! Avec les mêmes débats. Par exemple, dans un grand journal parisien, on interrogeait un expert de l’institut Pasteur sur l’utilité de désinfecter les espaces publics parisiens, et il répondait que cela était inefficace. Puis les gouvernements ont été obligés d’agir. Ce qui est intéressant, c’est qu’ils ont alors mis en Nous avons les mêmes réactions que nos aïeux face à une pathologie inconnue.

Autre question : Quelles conséquences sociales a eu la grippe espagnole?

Les conséquences économiques de la grippe espagnole sont incalculables, d’autant qu’elles se mêlent étroitement à celles de la guerre. Elle a probablement ralenti le progrès des sociétés touchées pendant plusieurs années, sinon des décennies. L’épidémie a eu parfois des conséquences inattendues. Nous avons une mémoire très occidentale de cette grippe, mais c’est dans les pays du Tiers Monde qu’elle a le plus tué: 18 millions rien qu’en Inde où elle a très certainement préparé les esprits à l’indépendance. La grippe a eu également ce qu’on appelle un «effet moisson»: en éliminant les individus les plus faibles, elle a laissé une population plus réduite mais plus saine. Les survivants avaient un système immunitaire plus solide. La capacité biologique de reproduction humaine s’était améliorée et plus d’enfants venaient au monde» l’espérance de vie, notamment masculine, s’est allongé. Nos systèmes de santé actuels sont largement les produits de la pandémie de 1918: c’est à ce moment qu’on s’est rendu compte de la nécessité d’une médecine socialisée, pour répondre à des épidémies qui ne peuvent être traités de façon individuelle. Cela a profondément stimulé la virologie et l’épidémiologie qui étaient alors des sciences embryonnaires, et contribué à la fondation des premières agences globales de santé, mais aussi à des outils de surveillance. La pandémie actuelle de coronavirus nous montre que nos systèmes de santé sont probablement sous financés pour le vieillissement actuel de la population. Elle nous amènera forcément à les faire évoluer ».

Faut-il se résigner à l’apparition régulière de pandémies?

« Il y a des pandémies régulièrement. Trois pour le XXe siècle: la grippe espagnole (50-100 millions), la grippe asiatique en 1957 (2 millions de morts), la grippe de Hong-kong en 1968 (4 millions de morts). Effectivement très souvent des nouvelles souches de grippe apparaissent, mais on peut en principe prévenir le passage de l’animal à l’homme, par exemple en régulant les marchés d’animaux vivants (wet markets) , là d’où est très probablement parti le coronavirus. On a fermé ces marchés d’animaux vivants après la crise du Sras en 2002 mais ça n’a pas fonctionné et crée des marchés noirs, car trop de personnes en dépendaient. Mais ces marchés ne sont qu’une partie infime du problème: il va falloir repenser tout notre système d’alimentation, car c’est notamment là le berceau de ces nouvelles infections de plus en plus fréquentes ».


Monsieur le maximaliste, vous ne cherchez pas tout de même à défendre l'ignoble dictature de cet assassin de Lénine ? Et à nous inventer un livre noir de l'épidémie ?

Voilà qu'il s'adresse à moi !? Mais bien sûr que si. D'autant plus que la révolution est directement touchée par l'afflux massifs de soldats, contaminés, de retour du front et des immenses déplacement de populations à l'est de l'Europe. La pandémie dite espagnole a causé plus de morts que les deux guerres mondiales réunies. Elle a des conséquences de tout ordre à son terme, et je ne listerai pas toutes les situations cocasses ou immorales qui ont surgi, frénésie sexuelle à Rio de Janeiro, mais aussi rituels religieux archaïques à Odessa. Mais ce qui m'intéresse depuis plusieurs articles c'est de savoir et de comprendre comment « l'Etat des ouvriers et paysans » de monsieur Lénine, a réagi. Et je vais vous l'expliquer grâce à cet auteure sinon rien pour vous renseigner dans mes archives ni sur le web ni dans les collections privées maximalistes. Suivons la description de Laura Spinney :

« La première vague de grippe espagnole qui frappa la Russie en mai 1918 fut à peine remarquée dans l'ensemble du pays, sauf à Odessa, où le docteur Vyacheslav Stefansky enregistra 119 cas à l'hôpital de la vieille ville. Ce qui surprend, ce n'est pas que la vague soit passée inaperçue partout ailleurs, mais plutôt que les habitants d'Odessa l'aient remarquée ».
En effet, la Russie entière était plus préoccupée et intéressée par la révolution en cours. Reprenons la description de l'auteure :
« Les Odessites, connus en Russie pour leur humour persifleur, aimaient à comparer leur ville à une prostituée qui couche avec un client et se réveille avec un autre. Au cours de la seule année 1918, la ville passa des bolcheviques aux Allemands et aux Autrichiens, suivant les termes du traité de Brest-Litovsk, puis aux nationalistes ukrainiens et, enfin, aux Français et à leurs alliés russes blancs. Odessa ne subit pas les violences, connues sous le nom de Terreur rouge, qui déchirèrent les villes du nord – bien que la ville n'ait pas complètement échappé aux assassinats, à la torture et à la répression fomentés par la police secrète bolchevique, la Tchéka. Elle vécut en revanche l'effondrement de l'infrastructure administrative nécessaire à l'organisation de la vie quotidienne, ce qui entraîna des pénuries de nourriture et de combustible, et créa un vide sécuritaire dont les barons de la pègre locale s'empressèrent de tirer profit ».
Quelles étaient les estimations macabres pour l'ensemble du pays, aurait questionné le croque-mort Salomon ? « Pour la Russie, l'estimation de 450.000 morts correspond à environ 0,2 % de la population de l'époque. Si elle était correcte, cela signifierait que le taux de mortalité subi par le pays à cause de la grippe serait le plus bas de toute l'Europe, ce qui paraît étonnant dans un pays en proie à la guerre civile et où toutes les infrastructures de la vie quotidienne s'étaient effondrées. Le cas d'Odessa suggère, en réalité, que cette estimation n'était pas correcte et que le vrai chiffre pourrait être beaucoup plus élevé. Nous savons que les Odessites étaient souvent touchés par plus d'une infection en même temps et que les possibilités d'erreur de diagnostic étaient élevées (…) certains avaient été simultanément infectés par la typhoïde, la dysenterie, la tuberculose et d'autres maladies graves ».

Venez-en aux faits, la dictature bolchevique, elle a fait quoi ?

Tout doux ! J'y viens. Elle a fait la même chose que la dictature de Wladimir Macron. Suivons encore la belle Laura :
« Avec l'arrivée de l'hiver, les quelques zemstvos – ces conseils provinciaux d'avant la révolution – encore actifs avaient essayé d'agir en montant des hôpitaux temporaires. « Mais qu'est-ce que cinquante ou soixante lits quand chaque maison a au moins un malade qui devrait être isolé, écrivit Léderrey, une goutte dans l'océan ». En définitive, si l'on applique à l'ensemble du pays le taux de mortalité de 1,2 % vu plus haut, on aboutit à un total de 2,7 millions de Russes décédés de grippe espagnole ».
Et voilà que, oh surprise, n'en déplaise aux accusateurs acharnés anti-blocheviques, c'est la dictature en Russie qui montre l'exemple au reste du monde (et en passant par-dessus des annotations subjectives et ineptes de l'auteure) :
« La Russie fut donc le premier pays à mettre en œuvre en 1920 un système de santé centralisé et entièrement gratuit. Il n'était pas universel car il ne couvrait pas la population rurale, finalement intégrée en 1969, mais il représentait quand même un énorme pas en avant. Initiateur de cette avancée majeure, Lénine était conscient du fait que la réussite de la révolution s'était faite au prix d'un quasi-anéantissement des classes laborieuses, à cause de la famine, des épidémies et de la guerre civile. Sous le nouveau régime, les médecins craignaient les persécutions – les bolcheviques n'appréciaient guère les intellectuels -, mais Lénine les détrompa en les impliquant à chaque niveau de la nouvelle administration sanitaire, mettant dès le départ l'accent sur la prévention des épidémies et des famines.
La vision soviétique officielle du médecin du futur fut clairement explicitée par le gouvernement en 1924, lorsque ce dernier engagea les écoles de médecine à former les praticiens, entre autres, « à la capacité d'étudier les conditions sociales et professionnelles qui favorisent l'émergence de la maladie, non seulement pour la soigner, mais aussi pour propose des moyens de préventions ». Lénine avait compris que la médecine devait non seulement être faite de biologie et d'expérimentation, mais aussi inclure de la sociologie. C'est d'ailleurs à cette époque là que l'épidémiologie – la pierre angulaire de la santé publique, qui étudie les causes et les effets de la maladie – fut enfin reconnue comme une science à part entière ».
Les termes de « camps de concentration », qui avaient été inventés par les anglais lors de la guerre anlo-boer, étaient conçus en Russie comme refuges humanitaires, mais ils furent envahis de malades : « La question des prisonniers de guerre allemands qui étaient encore en Russie se posait également : devait-on autoriser le retour de ces hommes, dont certains pouvaient être des agitateurs bolcheviques ? La Britannique Eglantyne Jebb, fondatrice de Save the children, s'imposa dans le débat en plaidant en faveur de l'inclusion de tous, y compris des bolcheviques. Cependant le bureau anti-épidémie n'était pas le seul à se voir détourné pour des motifs politiques ou perçus comme tels. La Fondation Rockefeller fût soupçonnée de pratiques néo-colonialistes déguisées en philanthropie. Selon la Fondation, sa mission était d'amener les lumières du mode de vie américain « aux races déprimées et négligées », et elle maintint en effet des relations étroites avec les hommes d'affaires et les missionnaires dans les pays où elle dispensait ces lumières (par la suite, sa réputation sera encore ternie par son implication dans les programmes eugénistes des nazis) ».

Enfin concluons cette rapide évocation de la situation en Russie, où on ne peut nier qu'en plus de l'insubordination des prolétaires russes et allemands, la pandémie grippale contribua à l'arrêt de la boucherie mondiale, car les virus sont, je le répète, des vieilles taupes :

« En dehors du processus de paix, la grippe eut un impact sur d'autres événements politique majeurs. En mars 1919, Iakov Sverdlov, président du Comité exécutif central panrusse, mourut de la grippe en une semaine. Homme de petite taille, à l'allure autoritaire et à la voix grave, souvent revêtu de cuir de la tête aux pieds, il était devenu le bras droit de Lénine après l'attentat qui avait sérieusement blessé ce dernier en août 1918. Trotski a raconté que Lénine l'appela au commissariat à la Guerre pour lui annoncer la mort de Sverdlov : « il est mort, mort, mort ». Pendant un moment nous fûmes paralysés, le combiné à la main, chacun écoutant le silence de l'autre au bout du fil. Nous raccrochâmes, il n'y avait rien d'autre à dire ». Sverdlov fut enterré sur la place Rouge lors des premières obsèques d'Etat des bolcheviques. Ses remplaçants allaient se succéder, ne faisant que passer, tous dépourvus de sa formidable énergie, inadaptés face à la tâche qui les attendait jusqu'à ce que Staline reprenne le flambeau en 1922 ».

Dans ce livre, publié il y a deux ans, l'auteure semblait bien faire appel à la dictature contre l'individualisme qui est un microbe sans doute pire que les autres et qui va si bien au mode de vie et de consommation capitaliste sans tête :
« Lors des prochaines grippes pandémiques, les autorités de santé devront introduire des mesures de confinement comme la quarantaine, la fermeture des écoles et l'interdiction des réunions de masse, dans l'intérêt de toute la collectivité. Mais comment faire pour que chacun s'y plie ? Comment persuader les gens de se faire vacciner tous les ans, puisque l'impunité grégaire est aujourd'hui la meilleure protection disponible contre la grippe de type pandémique ? ».

Quoiqu'il en soit notre camarade national Macron aura été un temps un bon néo-léniniste, comme dictateur d'Etat sanitaire. Hélas il y avait une faille dans sa théorie qui confirme qu'il reste un traître pour le monde hospitalier. A la suite de tant d'autres « réinventeurs » de l'hôpital voué à être « une entreprise comme les autres », il écrivait dans son « que faire ? » : « Là aussi nous avons besoin d'une révolution. Elle passera par la valorisation prioritaire de
l'acte de prévention. Cela veut dire qu'il faut confier à d'autres qu'aux médecins les tâches administratives et inventer de nouveaux métiers pour qu'ils puissent déléguer des missions » (Révolution p.145).
Pendant la pandémie la hiérarchie doctorale a continué avec ses abus et son arrogance, mais elle était doublée dans l'ensemble par ces messieurs les directeurs issus de l'école de Rennes qui ont appris à exiger la rentabilité, qui la demandent encore et toujours alors que la pandémie n'est pas finie. La médecine en France était déjà au bord de l'explosion à la veille du fléau mondial. Au lieu d'aller faire les clowns à journalistes sur les plateaux TV, les médecins en général ne sont plus prêts à se laisser faire. Mais s'ils n'étaient que la seule ou dernière corporation à rejoindre une lutte plus générale, inévitable et indispensable ?

Ce sera alors un état des lieux ou un renversement de l'Etat ?



NOTES

1Je vous dis aussi dans cette note tout le bien que je pense du livre de Laura Spinney « La grande tueuse », l'histoire de la grippe espagnole, ed Albin Michel, 2018.
2 Rapport de Mission Pr. Didier Raoult http://blogs.senat.fr/maladies-emergentes/files/Rapport-Raoult-Bioterrorisme.pdf 29 juillet 2010. A côté d'une intéressante analyse de la réalité du bioterrorisme, très pointue chez les américains (ce qui ne les a pas empêché d'être complètement débordés par le convid-19, ll a,comme vous pouvez le lire, à peu près tout prévu de la situation actuelle, mais avec toujours cette arrogance de mégalomaniaque qui ridiculise ponctuellement son discours, avec des phrases comme ci comme çà : « Oui, mais la base de la sagesse est la plus grande manifestation de l'orgueil ». « Je reconnais mes erreurs très volontiers, mais ce n'est pas du tout une manifestation de modestie ».

mercredi 6 mai 2020

AVEC LA « DISTANCIATION SOCIALE » BIG BROTHER LIKE YOU



Amères leçons de la période de confinement obtuse

« Les Troglodytes creusent des cavernes, ce sont leurs maisons ; la chair des serpents leur sert de nourriture ; ils ont un grincement, point de voix, et ils sont privés du commerce de la parole. Les Garamantes ne contractent point de mariages, et les femmes sont communes. Les Augyles n'honorent que les dieux infernaux. Les Gamphasantes, nus, ignorants des combats, ne se mêlent jamais aux étrangers. On rapporte que les Blemmyes sont sans tête, et qu'ils ont la bouche et les yeux fixés à la poitrine ».
Pline l'ancien (23-79)


Qui eût cru, il y a cinq mois à peine que, après avoir réinventé l'habitat troglodyte (marchand) au forum des halles, l'Etat bourgeois allait nous faire mener une triste existence de vrais nouveaux troglodytes ? « Rentrez chez vous, on s'occupe du reste », cette réflexion je l'ai entendu tant de fois à la fin des manifs ou grèves syndicales, que la consigne du « restez chez vous » (et on continuera à vous traiter comme des enfants) y a répondu en écho. Le mépris de la bonzerie syndicale et la fabrique syndicrate de la grève modelée, séquencée et scénarisée, a fini par décrédibiliser complètement ces clowns, tout comme les isoloirs politiques sont devenus des dortoirs à intégration antiraciste1. C'est au tour du gouvernement de se voir privé de toute confiance de la part des masses « infantiles ». Je parle bien sûr du gouvernement, comme figure de proue de l'Etat lequel appareillage, plus globalement, contient toutes les autres institutions parlementaires, préfectorales, syndicales, patronales, forces de police et journalistes accrédités. On dit souvent qu'on critique l'Etat, 2.
mais c'est faux, ce sont des membres colistiers du gouvernement et composants du système bourgeois républicain qui « contestent » avec prévenance et ont pour fonction de maquiller la permanence de la domination de l'élite minoritaire au pouvoir, grâce à une alternance plus perverse que la pérennité lourdingue de l'Etat-parti stalinien ou fasciste. N'en déplaise aux critiqueurs professionnels, si le gouvernement français a été minable pour la protection sanitaire, il a généreusement géré financièrement grâce à la planche à billet, sans trop le souci du lendemain, plus par peur de la misère noire que d'une aristocratie ouvrière syndicale qui n'allait tout de même pas prendre le risque de faire infecter ses troupes. Le déconfinement sera moins une réussite car il faudra faire payer le coût faramineux du confinement, et tout sera encore pire qu'avant : « la pandémie de covid-19 aura eu un effet secondaire frappant : dans le monde d'après les puissants seront encore plus puissants »

Sur la gestion de la crise, la plupart des colistiers qui critiquent l'action de l'Etat, comprenez du gouvernement, ne font qu'enculer des mouches en espérant nous distraire. Alors qu'on zappe automatiquement quand arrive la page publicitaire, « restez avec nous » dit sans se lasser la femme ou l'homme tronc qui cornaque le journalisme de plateau et de commentaires où ils causent entre apparatchiks « chef du service politique de BFM » et invités « chef du service politique de TF1 » et sachants, etc. Parce qu'on n'est plus dans les sixties où ils croyaient nous regarder dans les yeux. S'ils regardaient la caméra avec les édiles invités, on éclaterait de rire. Ils bavassent donc en rond en se croyant susceptibles de nous informer, alors qu'ils passent leur temps à déformer ou à faire les perroquets autour de leur table de bistrot. Et à rigoler entre eux. Au moins en 68, les journalistes avaient rejoint la grève générale, de nos jours ils sont prêts à toutes les vilenies pour sauvegarder leurs revenus. Par contre, mieux qu'en 68, les mandarins médicaux se sont ridiculisés pour la plupart et leur « science » avec.

Indépendamment de cette jacasserie permanente, rien ne nous empêche de réfléchir loin de ce bruit médiatique tour à tour menteur, anxiogène, culpabilisateur et bluffeur. Cette intrusion brutale dans le monde entier d'un virus inconnu et intraitable pour l'heure dans un capitalisme « fonctionnant bien » (comme l'assuraient les meilleurs économistes) a des côtés incontestablement positifs pour la conscience de ceux qui combattent ce système d'oppression du point de vue du prolétariat3. Il faut nous en féliciter et cesser de pleurer sur les chaumières de la misère.

1. la classe ouvrière a rappelé combien elle est indispensable et primordiale pour la marche de la société ; surtout ses couches les plus manuelles des recalés de l'éjection scolaire ; on les flatta bassement et on ignora les hiérarchies antédiluviennes de ceux « du front » 4 et la multitude de petits chefs enculés ; pensez sans les caissières, livreurs et routiers, le système pyramidal de Big brother
avait bien besoin de ces ânes intermédiaires sinon on eût pu crever la dalle à Neuilly. Les « invisibles », et qui le resteront, ce sont des « braves » dont on flattait la croupe sale en chantant aux balcons, pas une classe historique, qui a un passé et un avenir, ignorée par les fins historiens que sont Trump et sa groupie Zemmour ; d'ailleurs l'histrion Trump n'a-t-il pas révélé que c'est la grippe espagnole qui a mis fin à la Première Guerre mondiale et non pas les mutineries des soldats russes et allemands ou cette pitoyable révolution d'Octobre.
2. La petite bourgeoisie est restée tétanisée ; perdant de sa superbe coutumière envers les « exécutants » sans diplômes et même de plus en plus diplômés, elle a joué profil bas l'aristocratie des bureaux informatiques et syndicaux, réduite au travail « distancié » qui abolit la frontière entre vie privée et aliénation (et enrichit les GAFA), ses 4X4 sont restés au garage ; même celle qui a filé peureusement dans ses résidences secondaires a fini par s'en mordre les doigts ; le refus du nivellement ne permet pas d'échapper au nivellement de l'espèce face à Thanatos. La mort n'est pas redevenue ce cliché répulsif de tous les siècles comme s'en délectent tous nos philosophes de pacotille, mais bien l'aboutissement du règne capitaliste qui, si on ne l'éradique pas, nous tuera tous.
3. Si les belles années de consumérisme et l'absence de guerre dans les pays les plus riches avaient pu laisser croire que la démocratie bourgeoise était la plus belle chose sur terre depuis l'invention de dieu, la subite dictature policière et informatique du système, prise en otage au nom de « votre santé » en a décillé des millions qui subissent encore un permanent chantage anxiogène (par ex la menace de possible on confinement le 11 mai si...
4. Non pas qu'une centralisation n'ait pas été nécessaire - et comme je l'ai dit et redit un pouvoir « prolétarien » n'aurait pas fait mieux (qu'ont fait les bolcheviks face à la grippe espagnole?) - mais parce que cet Etat et son gouvernement se sont révélés menteurs et incompétents, et d'une incompétence véhémente !
5. Malgré ses docteurs Tant mieux, le capitalisme ne pourra plus faire fonctionner la société comme avant ; certes il trouvera des moyens pour adapter avec de nouveaux moyens, prophylactiques autant que répressifs, la continuation de l'exploitation, avec le partage de la misère style Hamon, les bicyclettes d'Hidalgo, une dénonciation morale du racisme et un plus grand nombre de femmes promues patronnes ou ministres. Mais il devra se faire payer !
6. Enfin, probablement le plus important de ce qui a été causé par la terreur du covid-19. Le virus ne s'arrête pas aux portes des châteaux ni aux portières des limousines. L'ennemi n'est plus seulement dans notre pays, il est dans nos tripes. Le virus a nivelé l'ensemble de la société, mieux que l'épique et fantasmatique grève générale qui n'arrive jamais. Riches ou pauvres, ministres ou prolétaires, sales ou propres, sachants ou ignorants, nous sommes tous susceptibles d'être victimes d'un virus pas vraiment nouveau et tout à fait écologique ; il existe dans cette satanée nature et n'est pas une invention d'un Frankenstein chinois, comme aimerait le faire avaler le meilleur défenseur de la rapine capitaliste, l'obèse à la moumoute de Washington5. Nivelé au sens où personne n'est immunisé vraiment et nivelé au sens où nous pouvons tous et chacun le transmettre aux autres. Ce qui signifie qu'il n'y a qu'une espèce humaine et que nous avons autant besoin des autres en général que les autres ont besoin de nous. Je dis cela de façon sarcastique par rapport à l'ancien « temps normal » où chacun et la foule s'ignoraient comme sont ignorées les « basses classes » livreurs, gilets jaunes et surtout prolétaires; désormais qui que vous soyez, vous représentez une menace, ou un obstacle à éviter. Vous allez vous écarter systématiquement de tout passant et éviter d'embrasser collègues et aïeux. Quelle que soit votre richesse ou votre diplôme vous pouvez crever comme un chien malade, et laisser votre chien malade lui aussi. Armé jusqu'aux dents un simple flic peut craindre la létalité d'un crachat, mais aussi son ministre de tutelle et Médiapart. Autrement dit la peur n'a pas simplement changé de camp, mais elle s'est généralisée. Ce constat, certes dérisoire prouve mieux que des discours charitables ou hypocrites que tout humain a des devoirs, des responsabilités et doit rendre des comptes, quelle que soit son origine, sa classe sociale, sa fortune, sa fonction sociale, son caractère ou son manque de caractère. Le virus ne serait-il pas au fond cette vieille taupe communiste avec laquelle Marx moquait le vieux monde ?

Il est incrédible que le virus soit un complot chinois ou amerloque mais le système dominant made in France aura fait le nécessaire jusqu'à présent, sans faille dans le tandem exécutif, pour que ce fléau tourne à son avantage. L'appel professoral à la responsabilité individuelle avec le rituel des « gestes barrières »6 sert à glorifier et pérenniser l'individualisme comme jamais. Il faut laisser croire qu'on peut se sauver à condition de se préserver soi-même, sauf les dépanneurs aides soignants et toubibs de base envoyés au casse-pipe. Que cette pédagogie de goulag pue à la vue de l'engorgement des hôpitaux et de la pénurie des moyens de protection ! N'étant pas en guerre, l'union nationale a été fort heureusement inexistante parce que intenable dans un confinement national troglodyte étouffant. 
Depuis trois mois, j'ai à peu près anticipé et caractérisé les étapes de la gestion indigente de la catastrophe pandémique, en m'appuyant sur le catastrophisme marxiste, et je continuerai mieux encore avec la catastrophe suivante, pan-économique. Encore un concept gouvernemental raté ; acte
La caméra voyeur, gadget chinois qui fait fureur sur le web pour rompre la distanciation.
manqué, les termes « distanciation sociale » peinent à être remplacés par « distanciation physique » ; le mal est fait, il y a bien plus de morts dans les quartiers défavorisés et les pue-la-sueur et le personnel médical constatent encore l'absence de masques au moment où bourgeoisie chinoise et grandes surfaces autochtones s'attendent à se remplir les poches.

Le 26 février – Coronavirus une atmosphère de guerre mondiale – j'écrivais : « On nous parle de crise sanitaire alors qu'il s'agit du même scandale politique à chaque épidémie, qui remet au premier plan l'incurie de tous les gouvernements bourgeois. Mais cette indifférence aux conséquences de la « mondialisation sans foi ni loi », se retourne de toute façon contre les dominants ».
Le 29 février – Dernière discussion communiste avant la fin du monde – j'analyse la fin du concept de « Conseils ouvriers », face à tous les excités d'une quelconque révolte mort-née dans des conditions invraisemblables, si tant est que les ouvriers, comme classe et en tant qu'individus « confinés » puissent donner des conseils dans la pandémie actuelle.
Le 21 mars - La déconfiture politique et sociale du discours patelin sur le déconfinement ( mon article le plus lu) - « Les attaques contre le prolétariat ne cessent jamais en période de paix sociale, comme en période « d'union nationale » sanitaire à condition d'une bonne « distanciation sociale ». Le prétexte de « sauver des vies » enfante même un type de loi dictatoriale comparable aux pires régimes capitalistes autoritaires.
Le 18 avril – Premières leçons politiques – j'écrivais : « Paradoxalement les mesures de confinement si elles ont prolongé l'idéologie d'Etat de la sauvegarde individuelle par une régression des relations quotidiennes entre les humains, avec quelques « barrières » répulsives, elles ont posé la question de notre dépendance les uns des autres ».

Toute la période de confinement a été menée avec une pédagogie infantilisante qui se ridiculisait dans un erratisme pas si involontaire qu'ont voulu le croire les journalistes. Après la première phase du « tout sanitaire », le chef de l'Etat, avec la rédaction de BFM et son « chef politique », a commencé à sonner les cloches pour la reprise du travail. Ce but indispensable du redémarrage de la production n'a pu avoir lieu sous un claquement de doigt de la ministre du travail. La classe ouvrière n'a même pas eu besoin de faire grève ni de manifester. En restant chez soi, en invoquant le droit de retrait et en exigeant de véritables protections, cette classe a circonstanciellement, par le fait, obligé le gouvernement à tempérer, à promettre d'avancer prudemment, c'est à dire à ranger au magasin des accessoires ses menaces vu que ses syndicats ne pouvaient même pas les relayer comme la CGT collabo de 1945. C'est cette permanence d'une lutte de classe, certes sourde et invisible à l'oeil nu, un mécontentement et un manque de confiance plus forts que n'importe quelle mutinerie, qui a obligée à plusieurs reprises les gouvernants à dire le contraire de ce qu'ils affirmaient la veille avec frénésie. Et ce n'est pas fini avec la phase de déconfinement qui s'annonce décoiffante et pleine de chausse-trappes. D'où la dramatisation et le report à trois mois d'un vrai déconfinement, en l'annonçant pourtant comme deux mois jusqu'à la fin juillet, preuve qu'ils ne savent pas compter dans leur trouble ; mai-juin-juillet cela fait trois mois et pas deux. C'est probablement la stratégie « j'avance et je freine », « je pousse et je recule », « je promets et je me dédie », « j'hésite et j'en chie ».

Le listage quotidien du nombre de macchabées par le sinistre mannequin croque-mort Salomon n'était ni un suivi sérieux ni un réel décompte des causes de la mortalité, de l'âge, des origines sociales, etc. Creux, sinistre et inutile. L’application des mesures sanitaires d’urgence a suivi la logique de mépris habituel des autorités étatiques envers la population perçue plus comme un fardeau à gérer que comme des citoyens à protéger. La dramatisation excessive servit à atténuer la responsabilité des gouvernants dans l'incurie et l'impréparation. Au début, les imprévoyants imprévisibles nous avaient menacé d'un panel de 500.000 morts à l'horizon du virus si chinois, comme aujourd'hui, pour l'après le 11 mai, ils croient en appeler à notre « réflexe de solidarité nationale » muette en vue des prochains 200.000 morts !

Voici un éloquent listage des carences et manœuvres gouvernementales qui ne pourra pas être effacé des livres d'histoire7 :

  • mensonges réitérés sur les masques et pas seulement, explications à dormir debout sur leur inutilité pour le public, voire l'incapacité du quidam à savoir les enfiler... il faut aussi avoir fait l'ENA pour savoir enfiler des gants ;
  • absence de réflexion sur comment lancer la reprise de l'activité économique, discours sanitaire impatient, sans imaginer que la classe ouvrière allait exercer son « droit de retrait » ;
  • volonté obtuse de faire reprendre le travail aussitôt et sans garantie sanitaire (qui poussa à prolonger le premier confinement) dû au refus majoritaire des prolétaires de reprendre le travail avec tant de risques de mortalité pour les beaux yeux du dieu Capital ;
  • enfermement crétin dans les EPHAD qui répandit la mort plutôt que de la limiter ;
  • campagne hystérique de la mafia pharmaceutique internationale contre le docteur Raoult qui a certes un comportement de mandarin ridicule, mais le coup de pied d'un clown a bien secoué l'impotence de la mafia médicale ;
  • L'interdiction scandaleuse de vente de l'hydrachloroquine avait suivi son usage par devers l'autisme gouvernemental exclusivement pour les malades en fin de vie alors que sa possible efficacité visait selon le druide de Marseille à agir dès le début de la maladie ; on n'a jamais vu dans l'histoire une telle manœuvre et provocation gouvernementale aussi débile pour grossièrement ridiculiser une option sanitaire peut-être discutable mais louable en termes de médecine de l'urgence, parce qu'elle dérangeait la rapacité financière et la lenteur des mafias pharmaceutiques, et la cuistrerie des sachants corrompus ;
  • la création des « brigades » de dépistage avec l'achat à deux balles de la conscience professionnelle des toubibs, délation organisée par Big brother et ses séides, a révélé, comme le concept de distanciation sociale que le langage de classe militariste du pouvoir finit toujours par se trahir, et, pour se rattraper, se ridiculise plus encore en y accolant les termes nunuches d'anges gardiens, car... il y en a marre des flics qui font payer (cher) le confinement à tous les coins de rue, si en plus on les envoie directement fliquer dans les maisons des troglodytes avec de nouvelles brigades maoïstes ;
  • la France en couleurs – rouge, orange ou vert – est à son tour un nouveau lapsus gpuvernemental. Moi j'aurais choisi plutôt bleu blanc rouge : bleu pour la petite bourgeoisie affolée, blanc pour les enclaves troglodytes bourgeoises mieux protégées et rouges pour les « zones à risque majeur » des pauvres, des tard venus et des pue la sueur ;
  • le bornage stupide à 100 km entre régions colorées est totalement illogique et arbitraire quand la fable européenne de Big brother le pousse à autoriser la venue des plus infectés d'Europe, et les plus troglodytes, les anglais (hommes d'affaire ou touristes?) quand la veille nos apparatchiks macroniens avaient annoncé que tout étranger devait être mis en quarantaine, y inclus étranger européen ;
  • la logique punitive de Big brother est confirmée avec la stupide interdiction de se promener sur
    Pétain visite les enfants
    les plages comparée aux heures d'affluence du métro...
  • la valse hésitation avec l'annonce d'un possible report du 11 mai qui nique les journalistes, quand Philippe joue le docteur et que le docteur Tant mieux Macron joue l'arbitre le lundi 4 en express pour certifier que le déconfinement aura bien lieu le 11. Ce n'est aucunement une manifestation de cacophonie au sein de l'Exécutif bicépale mais une tactique de prudence face au possible échec complet à faire retrousser ses manches à toute la classe ouvrière, et surtout à la petite bourgeoisie enseignante qui, et elle n'a pas tort, n'a pas envie ni l'obligation d'aller au casse-pipe comme nos malheureux aides soignants et infirmiers ; sans compter que la désobéissance civile gagne la rue et pas assez de flics pour fliquer toute la population, et qu'on en vient à admirer les racailles qui se livrent à des feux d'artifice et donnent du fil à retordre aux flics zélés et sadiques8.
À surveiller et à punir...


    ANNEXE SUR LES GROUPES-INDIVIDUS (suite 2)


On s'est aperçu qu'il existe de nombreux noyaux en Afrique du nord qui se réclame du bordiguisme, ce qui est au premier abord réconfortant mais pas forcément rassurant, car le bordiguisme comme théorie néo-léniniste, même s'il a de beaux restes, est totalement inadéquat et dépassé pour répondre aux exigences de la période qui vient. Le soit disant GROUPE GAUCHE COMMUNISTE D'ALGERIE placarde un texte de Bordiga vieillot,finalement très productiviste et stalinien. Il m'a fait sursauter par l'usage de l'oxymore « Etat communiste ». Je ne savais pas que Bordiga soit tombé aussi bas, ni Marx ni Lénine n'ont jamais utilisé cette expression ; Lénine s'échina à chercher le meilleur qualificatif pour celui de l'expérience en Russie : Etat « ouvrier », puis "ouvrier et paysan", puis Etat « socialiste », aucun n'était satisfaisant pour la simple raison que ce ne pouvait être qu'un capitalisme d'Etat, et que l'Etat temporaire dans la transition reste toujours étranger au prolétariat révolutionnaire et un pis aller en attendant la phase supérieure du communisme... Je répète que pour l'heure aucun programme révolutionnaire « immédiat » ne serait valable.

Programme révolutionnaire immédiat

a) «Désinvestissement des capitaux», c'est-à-dire forte réduction de la partie du produit formée de biens instrumentaux et non pas de biens de consommation.
b) «Élévation des coûts de production» pour pouvoir, tant que subsisteront salaire, marché et monnaie, donner des payes plus élevées pour un temps de travail moindre.
c) «Réduction draconienne de la journée de travail», au moins à la moitié de sa durée actuelle, grâce à l'absorption des chômeurs et de la population aujourd'hui occupée à des activités antisociales.
d) Après réduction du volume de la production par un plan de «sous-production» qui la concentre dans les domaines les plus nécessaires, «contrôle autoritaire de la consommation» en combattant la vogue publicitaire des biens inutiles, voluptuaires et nuisibles, et en abolissant de force les activités servant à propager une psychologie réactionnaire.
e) Rapide «abolition des limites de l'entreprise» avec transfert autoritaire non pas du personnel, mais des moyens de travail en vue du nouveau plan de consommation.
f) «Rapide abolition des assurances» de type mercantile pour les remplacer par l'alimentation sociale des non-travailleurs jusqu'à un minimum initial.
g) «Arrêt de la construction» d'habitations et de lieux de travail à la périphérie des grandes villes et même des petites, comme mesure d'acheminement vers une répartition uniforme de la population sur tout le territoire. Réduction de l'engorgement, de la rapidité et du volume de la circulation en interdisant celle qui est inutile.
h) «Lutte ouverte contre la spécialisation professionnelle» et la division sociale du travail par l'abolition des carrières et des titres.
i) Plus près du domaine politique, évidentes mesures immédiates pour soumettre à l'État communiste l'école, la presse, tous les moyens de diffusion et d'information, ainsi que tout le réseau des spectacles et des divertissements.
AMADEO BORDIGA (Réunion de FORLI de 1952, texte republié par le GCM en 75).

Ambassadeur de la TCI (Tendance communiste internationale, qui me pompe certains de mes titres) le troglodyte de « Révolution ou guerre », qui exclut donc le présent ou tout autre alternative sous le sigle ronflant GIGC, répercute leur article du 1er mai (symbole quand tu nous tiens) : « Contre le virus du capital ». L'article est d'une qualité indéniable, mais avec leurs vieilles lunettes léninistes ils n'ont pas vu la continuation de la lutte des classes sous forme de
freinage des diktats gouvernementaux, sous la pression de la classe à la remise en route de l' économie ni que l'Etat bourgeois ne pourra pas imposer l'augmentation dix-neuviémiste du temps de travail quand les bulles financières vont exploser. Un site gauchiste explique très bien la forme prise par la lutte de classe sous le fléau actuel: 

Extraits de l 'article de la TCI :

« (…) Mais les taux de profit, au-delà des fluctuations inévitables, ne sont pas destinés à augmenter si ce n’est, à court terme, au prix d’une surexploitation énorme du prolétariat international. La surexploitation basée sur l’allongement de la journée de travail, l’augmentation des taux de production, la limitation des salaires et la réduction des pensions. Opérations déjà en cours, mais pas encore en termes suffisants
Parmi les plus frappés par la pandémie, outre les plus âgés, outre les travailleurs de la santé et ceux qui sont les victimes directes de l’affaiblissement du système de santé, assassinées par le capitalisme, on trouve les ouvriers des usines, les secteurs les plus opprimés de notre classe, ceux qui, en plus de l’exploitation "normale", doivent subir l’oppression raciste de la bourgeoisie, ceux qui occupent les emplois les plus précaires, les plus soumis au chantage et les moins bien payés. Ce n’est pas un hasard si les "foyers" de l’épidémie ont particulièrement explosé là où les patrons ont obligé et obligent les prolétaires à travailler, quitte à multiplier énormément les possibilités de contagion, parce qu’il est impossible ou très difficile d’éloigner les gens les uns des autres ou que les mesures de protection sont insuffisantes ou inexistantes. Les quartiers prolétariens de New York, certaines provinces industrielles du nord de l’Italie, sont par exemple les territoires où la pandémie fait le plus de victimes.
Nous nous attendons donc à ce que les travailleurs se remettent en lutte pour défendre leur vie et la santé de tous. La mobilisation des travailleurs de ces dernières semaines, en Europe et ailleurs dans le monde, qui a obligé les syndicats à accompagner la colère des travailleurs, nous a montré comment transformer l’impuissance en résistance, en fonction des nécessités immédiates, au lieu des sacrifices au nom du profit. Mais cela ne suffit pas. Il faut dès aujourd’hui, et dans toutes les situations, lier la nécessaire défense de la santé des travailleurs à la perspective d’une société alternative à celle d’aujourd’hui, un nouveau modèle social qui ne mette plus en conflit la production avec la santé humaine, avec les délicats équilibres environnementaux déjà abondamment affectés par la rapacité destructrice du capital. Le contraste entre le bien-être, la santé collective, la protection de l’environnement et la logique du profit n’a jamais été aussi net qu’aujourd’hui. Sinon, la solution sera une guerre généralisée, qui détruit tout en donnant au système capitaliste l’espace économique pour un nouveau cycle d’accumulation.
Le véritable virus qui nous attaque est le capitalisme. Lutter contre cette maladie signifie construire l’alternative communiste à ce système d’exploitation et de mort. Construire une alternative communiste signifie travailler à la construction et à l’enracinement parmi les travailleurs de l’instrument politique de la lutte prolétarienne : le parti de classe, internationaliste et révolutionnaire, la future Internationale...
Nous avons toujours été engagés dans cette tâche, aujourd’hui plus que jamais, car la situation change brusquement et le temps presse.
Il y a une alternative à ce système. La construire appartient à tous ceux qui en ont assez d’être exploités et usés par le capitalisme. Préparons-nous à notre rendez-vous avec l’histoire ».

Pour ceux qui s'interrogent sur ma fidélité à la nécessité du parti malgré mes désillusions vu mon expérience passée des sectes, je voudrais les rassurer et leur dire, via l'extrait suivant :

« C’est ce que rappelait la revue Proletarier en janvier 1933, l’organe du KAPD maintenu à Berlin, qui ne constituait plus qu’un petit noyau (Kerngruppe), à la veille même de l’accession de Hitler au pouvoir : Sous le capitalisme, il existera toujours une petite partie du prolétariat parvenant à la clarté sur sa situation et ses buts de classe, alors que les larges masses sont poussées par la misère croissante à des actions de classe... (Le rôle d’une claire avant-garde) est de diriger la lave prolétarienne en ébullition vers ce fleuve en fusion qui se déverse sur la Pompéi de la bourgeoisie et réduit en cendres son ordre social. Pour agir dans ce sens, l’avant-garde doit s’organiser et être organisée… L’avant-garde, cette petite partie de la classe ouvrière, se constitue en Parti, alors que la multitude entre confusément dans la lutte avec son instinct révolutionnaire et s’oppose, au cas par cas et au fil de la lutte, à la bourgeoisie, sous forme d’Unions ouvrières, de comités d’action, de conseils et autres formes similaires : la tâche du Parti est précisément – au cours de ces luttes – d’apporter une claire connaissance de l’organisation de classe – cherchant à dissiper la confusion et à accroître la possibilité d’une victoire grâce à son expérience des obstacles… Le Parti, par la clarté et le ferme dessin de son programme, sera toujours un noyau… (La conscience de classe) qui surgit dans des parties de la classe ouvrière se cristallise au cours de combats victorieux, où ces couches reconnaissent le rôle économique qu’elles jouent, en tirant les conséquences politiques : devenir l’avant-garde. Au plus haut niveau, le Parti reflète la Classe; il n’en est pas séparé; il existe au contraire une unité dialectique entre les deux. Là où se manifestent dans les faits des contradictions entre Parti et Classe, cela correspond à une fausse tactique, qui doit être révisée, ou alors à une base de classe qui n’est pas prolétarienne. Dans le deuxième cas, les communistes doivent détruire l’organisation qui est devenue contre-révolutionnaire et lui substituer le parti prolétarien révolutionnaire »9.


Laissons le dernier mot pour aujourd'hui à la secte LO qui fait une réflexion intelligente :

"Le confinement, malgré tous ses inconvénients concernant l’activité militante sur le terrain, a un avantage : il offre du temps pour se cultiver, s’éduquer, se familiariser de plus en plus avec les idées communistes révolutionnaires. Dans le passé, la relégation ou la prison ont souvent été pour des militants ouvriers une occasion de lire et de compléter leur culture et leur formation. Et les conditions de l’enfermement dû au coronavirus sont tout de même plus supportables que la relégation. En outre, il existe aujourd’hui une multitude de moyens techniques pour rester en contact, pour s’entraider et resserrer les liens. La volonté de se cultiver a toujours été pour des militants ouvriers un moyen de s’émanciper des conséquences de l’exploitation quotidienne. Le temps de confinement est une bonne occasion de le faire, y compris collectivement ».

NOTES

1Dans la banlieue, le Val de Marne, trois affiches municipales sur quatre portent désormais des noms arabes et d'origine africaine. L'intégration à la politique électorale bourgeoise de ces « bien intégrés », pires souvent que nos politiciens de souche une fois en fonction (zèle pour « servir la France » et leur aura d'arrivistes), me font préférer finalement l'honnêteté de l'islamiste pur et dur. Serais-je devenu « islamo-gauchiste » sans m'en douter ? Plus dérisoire encore est la sociologie et fausse représentativité des élus de toute sorte : 60% des maires sont des retraités petits bourgeois, 10% des sénateurs ont plus de 70 ans ; n'est-ce pas aussi pour cette raison que indirectement le coronavirus est révolutionnaire ?
2Lire sur Slate : « Sur le plan économique la catastrophe aura bien lieu », http://www.slate.fr/story/190257/economie-journal-crise-2-pandemie-covid-19-previsions-croissance-pib-reprise-activite-deconfinement. Mais quand on s’endette, on doit rembourser. La dette française devrait caracoler à 115-125% du PIB d’ici à la fin de l’année. Est-ce un problème ? "En réalité, l’Etat ne rembourse jamais ses dettes”, explique François Ecalle. “Il les renouvelle constamment en empruntant pour rembourser les anciennes.” Mais pendant combien de temps encore ? Explications d'un spé dans L'OBS : « Pour l'heure, la crise que nous vivons est économique, et non financière, à l’inverse de celle de 2008. C'est le confinement décidé en raison de l’urgence sanitaire qui a brutalement mis l’économie à l’arrêt. Un événement sans précédent. “Par le passé, à chaque fois que la France entrait en récession, c’était lié à l’effondrement d’un secteur, une guerre ou une crise financière”, indique Stéphanie Villers. Et d'expliquer : “La crise actuelle peut se résumer ainsi : lorsqu'un médecin met un patient en bonne santé dans un coma artificiel durant deux mois, personne ne peut dire dans quel état il se réveillera.” Ce type ment effrontément, le coronavirus a déferlé sur un monde déjà profondément endetté. En plus, il y en a qui ne se réveillent jamais d'un coma artificiel !
3« Nos gouvernants, qui ont jusqu’alors pris pour habitude de rationaliser, de prévoir, d’anticiper, de prévenir les «risques», sont confrontés à une limite extérieure à leurs propres objectifs et leurs intérêts. Un virus qui contrarie l’ensemble de leurs plans sur l’avenir. Non seulement, ils éprouvent une rigoureuse difficulté à rendre lisible le présent, mais c’est plus généralement l’avenir qui est indéchiffrable. L’obsession gouvernementale de rattraper le retard économique pris par le confinement est contrariée. Pourront-ils faire accepter à une population déjà usée et incrédule leur monde qui a montré de façon éclatante ses limites ? Quelle sera la capacité de la population à accepter un déconfinement drastiquement conditionné, à vivre dans un état d’inquiétude permanente ? Peut-on imaginer une population acquise à la surveillance généralisée, à une mise au travail sous contrainte sans les compensations que l’on trouve habituellement dans la vie sociale ordinaire ? ». Après l'effondrement du monde par Romain Huet,Libé du 3 mai.
5 « La nuit, sans sa moumoute, et ses dents à la main
Elle filerait la colique à Frankenstein 
» (Pierre Perret, Non, j’irai pas chez ma tante.)
6Dont le clip de propaganda n'intègre pas depuis des semaines le principal instrument barrière : le port du masque. Le gouvernement dictatorial ne digère jamais d'avoir eu tort et surtout de ne pas réussir à démontrer qu'il n'a pas eu tort.
7M'écrire d'urgence pour me corriger si j'en ai oublié.
8 Le NPA signale une rafle policière honteuse contre les démunis à Montreuil :
L'extrême gauche islamo-gauchiste n'a rien trouvé à dire concernant l'agression contre Zemmour, ce qui prouve sa lâcheté et pas simplement une politique de déni avec le clown Mélenchon, mais une simple tactique électorale bourgeoise. L'agression contre Zemmour est en faire pire que ce que les médias en ont dit. J'ai été assez horrifié personnellement par l'image qui nous sautait à la figure d'un petit juif vêtu d'une pelisse misérable courant ses deux sacs de course de chaque côté en rasant les murs, une représentation du juif menacé et pourchassé par les nazis dans les années quarante, et se faisant cracher dessus. J'ai été aussi menacé de mort sur les réseaux sociaux et je suis entièrement solidaire de Zemmour dans sa situation.
Bien que j'ai analysé que formellement l'islamisme et ses clones aient plus d'appétence avec le stalinisme que le nazisme, via les racoleurs trotskiens notamment, l'image faisait mal, reléguant au second plan le petit journaliste anti-révolutionnaire cravaté et arrogant animateur de la télé des flics, adoubé par Big brother lui-même. Mais l'agression minable fût aussitôt récupérée au profit du clivage ringard droite/gauche, et dans sa réplique depuis sa tribune de Cnews Zemmour était toujours dans l'exagération, bien qu'il tape juste parfois mais tout à fait ponctuellement et sans méthode, comme un lycéen attardé, en dénonçant l'extrême gauche comme adhérente à l'idéologie terroriste. Le silence de l'extrême gauche bobo n'en fait pas des soutiens au terrorisme islamique, mais de simples racoleurs électoralistes et d'intégrateurs des prolétaires arabes pas vraiment croyants ...à l'impotence de la contestation ! Le plus ignoble est toujours le petit flic de l'OBS, Askolovitch, apparatchik et choc de l'idéologie américaine qui renvoya dos à dos le taré arabe d'Orléans. En mars 2014 il avait dénoncé Besancenot à la police. Toujours en 2014, dans ce blog, avec l'article « La question islamophile », je renvoyais moi dos à dos les deux starlettes des médias : « Le débit d’Askolovitch quand il lit péniblement son texte en studio est aussi pitoyable que celui de son collègue potache Zemmour, plus soucieux lui aussi de faire scandale que de vérité politique ».
9http://www.left-dis.nl/f/Minutes-VF-final.pdf . Excellent ouvrage d'histoire du maximalisme allemand mais hélas il comporte une coquille, comme me l'a signalé Jonathan. Nous adorons les révolutionnaires non anonymes, qui ne masquent pas leur visage, même si désormais il va falloir s'y faire avec masque islamique ou chirurgical. L'album de photos est intéressant, mais Bourrinet nous donne une photo d'Oswald Mosley qu'il présente comme étant celle de Fritz Wolffheim.

SUR L'UTOIPE DE CEUX QUI SE CROIENT A LA VEILLE DE LA "REVOLUTION SOCIALE"


"L'ineffable Axelrod oublie simplement qu'en 1901 nul ne savait ni ne pouvait savoir en Russie que la première "bataille décisive" se livrerait quatre ans plus tard, ne l'oubliez pas - et n'emporterait pas "la décision". Néanmoins, nous seuls, marxistes révolutionnaires avions raison à cette époque en raillant les Kritchevski et les Martynov qui appelaient à l'assaut immédiat. Nous nous bornions à conseiller aux ouvriers de chasser partout les opportunistes et d'appuyer, d'intensifier et d'étendre de toutes leurs forces les manifestations et autres actions révolutionnaires de masse. Aujourd'hui, la situation est absolument analogue en Europe:il serait insensé d'appeler à un assaut "immédiat". Mais il serait honteux de se dire social-démocrate et de ne pas conseiller aux ouvriers de rompre avec les opportunistes et de consolide, d'approfondir, d'élargir et d'intensifier de toutes leurs forces le mouvement et les manifestations révolutionnaires qui commencent à se produire. La révolution ne tombe jamais toute prête du ciel et, au début de l'effervescence révolutionnaire, nul ne sait jamais si et quand elle aboutira à une révolution "véritable", "authentique".
 Lénine: L'opportunisme et la faillite de la II ème Internationale. 1916

"La phrase révolutionnaire, c'est la répétition de mots d'ordre révolutionnaires sans égard aux conséquences objectives, au changement marqué par les derniers événements en date, à la situation du moment. Des mots d'ordre excellents, qui entraînent et enivrent, mais sont dépourvus de base solide, telle est l'essence de la phrase révolutionnaire".
Lénine, "Sur la phrase révolutionnaires", p.345, réponse aux communistes de gauche, cf. la revue Kommunist, édité par Smolny, 2011.