PAGES PROLETARIENNES

mercredi 6 mai 2020

AVEC LA « DISTANCIATION SOCIALE » BIG BROTHER LIKE YOU



Amères leçons de la période de confinement obtuse

« Les Troglodytes creusent des cavernes, ce sont leurs maisons ; la chair des serpents leur sert de nourriture ; ils ont un grincement, point de voix, et ils sont privés du commerce de la parole. Les Garamantes ne contractent point de mariages, et les femmes sont communes. Les Augyles n'honorent que les dieux infernaux. Les Gamphasantes, nus, ignorants des combats, ne se mêlent jamais aux étrangers. On rapporte que les Blemmyes sont sans tête, et qu'ils ont la bouche et les yeux fixés à la poitrine ».
Pline l'ancien (23-79)


Qui eût cru, il y a cinq mois à peine que, après avoir réinventé l'habitat troglodyte (marchand) au forum des halles, l'Etat bourgeois allait nous faire mener une triste existence de vrais nouveaux troglodytes ? « Rentrez chez vous, on s'occupe du reste », cette réflexion je l'ai entendu tant de fois à la fin des manifs ou grèves syndicales, que la consigne du « restez chez vous » (et on continuera à vous traiter comme des enfants) y a répondu en écho. Le mépris de la bonzerie syndicale et la fabrique syndicrate de la grève modelée, séquencée et scénarisée, a fini par décrédibiliser complètement ces clowns, tout comme les isoloirs politiques sont devenus des dortoirs à intégration antiraciste1. C'est au tour du gouvernement de se voir privé de toute confiance de la part des masses « infantiles ». Je parle bien sûr du gouvernement, comme figure de proue de l'Etat lequel appareillage, plus globalement, contient toutes les autres institutions parlementaires, préfectorales, syndicales, patronales, forces de police et journalistes accrédités. On dit souvent qu'on critique l'Etat, 2.
mais c'est faux, ce sont des membres colistiers du gouvernement et composants du système bourgeois républicain qui « contestent » avec prévenance et ont pour fonction de maquiller la permanence de la domination de l'élite minoritaire au pouvoir, grâce à une alternance plus perverse que la pérennité lourdingue de l'Etat-parti stalinien ou fasciste. N'en déplaise aux critiqueurs professionnels, si le gouvernement français a été minable pour la protection sanitaire, il a généreusement géré financièrement grâce à la planche à billet, sans trop le souci du lendemain, plus par peur de la misère noire que d'une aristocratie ouvrière syndicale qui n'allait tout de même pas prendre le risque de faire infecter ses troupes. Le déconfinement sera moins une réussite car il faudra faire payer le coût faramineux du confinement, et tout sera encore pire qu'avant : « la pandémie de covid-19 aura eu un effet secondaire frappant : dans le monde d'après les puissants seront encore plus puissants »

Sur la gestion de la crise, la plupart des colistiers qui critiquent l'action de l'Etat, comprenez du gouvernement, ne font qu'enculer des mouches en espérant nous distraire. Alors qu'on zappe automatiquement quand arrive la page publicitaire, « restez avec nous » dit sans se lasser la femme ou l'homme tronc qui cornaque le journalisme de plateau et de commentaires où ils causent entre apparatchiks « chef du service politique de BFM » et invités « chef du service politique de TF1 » et sachants, etc. Parce qu'on n'est plus dans les sixties où ils croyaient nous regarder dans les yeux. S'ils regardaient la caméra avec les édiles invités, on éclaterait de rire. Ils bavassent donc en rond en se croyant susceptibles de nous informer, alors qu'ils passent leur temps à déformer ou à faire les perroquets autour de leur table de bistrot. Et à rigoler entre eux. Au moins en 68, les journalistes avaient rejoint la grève générale, de nos jours ils sont prêts à toutes les vilenies pour sauvegarder leurs revenus. Par contre, mieux qu'en 68, les mandarins médicaux se sont ridiculisés pour la plupart et leur « science » avec.

Indépendamment de cette jacasserie permanente, rien ne nous empêche de réfléchir loin de ce bruit médiatique tour à tour menteur, anxiogène, culpabilisateur et bluffeur. Cette intrusion brutale dans le monde entier d'un virus inconnu et intraitable pour l'heure dans un capitalisme « fonctionnant bien » (comme l'assuraient les meilleurs économistes) a des côtés incontestablement positifs pour la conscience de ceux qui combattent ce système d'oppression du point de vue du prolétariat3. Il faut nous en féliciter et cesser de pleurer sur les chaumières de la misère.

1. la classe ouvrière a rappelé combien elle est indispensable et primordiale pour la marche de la société ; surtout ses couches les plus manuelles des recalés de l'éjection scolaire ; on les flatta bassement et on ignora les hiérarchies antédiluviennes de ceux « du front » 4 et la multitude de petits chefs enculés ; pensez sans les caissières, livreurs et routiers, le système pyramidal de Big brother
avait bien besoin de ces ânes intermédiaires sinon on eût pu crever la dalle à Neuilly. Les « invisibles », et qui le resteront, ce sont des « braves » dont on flattait la croupe sale en chantant aux balcons, pas une classe historique, qui a un passé et un avenir, ignorée par les fins historiens que sont Trump et sa groupie Zemmour ; d'ailleurs l'histrion Trump n'a-t-il pas révélé que c'est la grippe espagnole qui a mis fin à la Première Guerre mondiale et non pas les mutineries des soldats russes et allemands ou cette pitoyable révolution d'Octobre.
2. La petite bourgeoisie est restée tétanisée ; perdant de sa superbe coutumière envers les « exécutants » sans diplômes et même de plus en plus diplômés, elle a joué profil bas l'aristocratie des bureaux informatiques et syndicaux, réduite au travail « distancié » qui abolit la frontière entre vie privée et aliénation (et enrichit les GAFA), ses 4X4 sont restés au garage ; même celle qui a filé peureusement dans ses résidences secondaires a fini par s'en mordre les doigts ; le refus du nivellement ne permet pas d'échapper au nivellement de l'espèce face à Thanatos. La mort n'est pas redevenue ce cliché répulsif de tous les siècles comme s'en délectent tous nos philosophes de pacotille, mais bien l'aboutissement du règne capitaliste qui, si on ne l'éradique pas, nous tuera tous.
3. Si les belles années de consumérisme et l'absence de guerre dans les pays les plus riches avaient pu laisser croire que la démocratie bourgeoise était la plus belle chose sur terre depuis l'invention de dieu, la subite dictature policière et informatique du système, prise en otage au nom de « votre santé » en a décillé des millions qui subissent encore un permanent chantage anxiogène (par ex la menace de possible on confinement le 11 mai si...
4. Non pas qu'une centralisation n'ait pas été nécessaire - et comme je l'ai dit et redit un pouvoir « prolétarien » n'aurait pas fait mieux (qu'ont fait les bolcheviks face à la grippe espagnole?) - mais parce que cet Etat et son gouvernement se sont révélés menteurs et incompétents, et d'une incompétence véhémente !
5. Malgré ses docteurs Tant mieux, le capitalisme ne pourra plus faire fonctionner la société comme avant ; certes il trouvera des moyens pour adapter avec de nouveaux moyens, prophylactiques autant que répressifs, la continuation de l'exploitation, avec le partage de la misère style Hamon, les bicyclettes d'Hidalgo, une dénonciation morale du racisme et un plus grand nombre de femmes promues patronnes ou ministres. Mais il devra se faire payer !
6. Enfin, probablement le plus important de ce qui a été causé par la terreur du covid-19. Le virus ne s'arrête pas aux portes des châteaux ni aux portières des limousines. L'ennemi n'est plus seulement dans notre pays, il est dans nos tripes. Le virus a nivelé l'ensemble de la société, mieux que l'épique et fantasmatique grève générale qui n'arrive jamais. Riches ou pauvres, ministres ou prolétaires, sales ou propres, sachants ou ignorants, nous sommes tous susceptibles d'être victimes d'un virus pas vraiment nouveau et tout à fait écologique ; il existe dans cette satanée nature et n'est pas une invention d'un Frankenstein chinois, comme aimerait le faire avaler le meilleur défenseur de la rapine capitaliste, l'obèse à la moumoute de Washington5. Nivelé au sens où personne n'est immunisé vraiment et nivelé au sens où nous pouvons tous et chacun le transmettre aux autres. Ce qui signifie qu'il n'y a qu'une espèce humaine et que nous avons autant besoin des autres en général que les autres ont besoin de nous. Je dis cela de façon sarcastique par rapport à l'ancien « temps normal » où chacun et la foule s'ignoraient comme sont ignorées les « basses classes » livreurs, gilets jaunes et surtout prolétaires; désormais qui que vous soyez, vous représentez une menace, ou un obstacle à éviter. Vous allez vous écarter systématiquement de tout passant et éviter d'embrasser collègues et aïeux. Quelle que soit votre richesse ou votre diplôme vous pouvez crever comme un chien malade, et laisser votre chien malade lui aussi. Armé jusqu'aux dents un simple flic peut craindre la létalité d'un crachat, mais aussi son ministre de tutelle et Médiapart. Autrement dit la peur n'a pas simplement changé de camp, mais elle s'est généralisée. Ce constat, certes dérisoire prouve mieux que des discours charitables ou hypocrites que tout humain a des devoirs, des responsabilités et doit rendre des comptes, quelle que soit son origine, sa classe sociale, sa fortune, sa fonction sociale, son caractère ou son manque de caractère. Le virus ne serait-il pas au fond cette vieille taupe communiste avec laquelle Marx moquait le vieux monde ?

Il est incrédible que le virus soit un complot chinois ou amerloque mais le système dominant made in France aura fait le nécessaire jusqu'à présent, sans faille dans le tandem exécutif, pour que ce fléau tourne à son avantage. L'appel professoral à la responsabilité individuelle avec le rituel des « gestes barrières »6 sert à glorifier et pérenniser l'individualisme comme jamais. Il faut laisser croire qu'on peut se sauver à condition de se préserver soi-même, sauf les dépanneurs aides soignants et toubibs de base envoyés au casse-pipe. Que cette pédagogie de goulag pue à la vue de l'engorgement des hôpitaux et de la pénurie des moyens de protection ! N'étant pas en guerre, l'union nationale a été fort heureusement inexistante parce que intenable dans un confinement national troglodyte étouffant. 
Depuis trois mois, j'ai à peu près anticipé et caractérisé les étapes de la gestion indigente de la catastrophe pandémique, en m'appuyant sur le catastrophisme marxiste, et je continuerai mieux encore avec la catastrophe suivante, pan-économique. Encore un concept gouvernemental raté ; acte
La caméra voyeur, gadget chinois qui fait fureur sur le web pour rompre la distanciation.
manqué, les termes « distanciation sociale » peinent à être remplacés par « distanciation physique » ; le mal est fait, il y a bien plus de morts dans les quartiers défavorisés et les pue-la-sueur et le personnel médical constatent encore l'absence de masques au moment où bourgeoisie chinoise et grandes surfaces autochtones s'attendent à se remplir les poches.

Le 26 février – Coronavirus une atmosphère de guerre mondiale – j'écrivais : « On nous parle de crise sanitaire alors qu'il s'agit du même scandale politique à chaque épidémie, qui remet au premier plan l'incurie de tous les gouvernements bourgeois. Mais cette indifférence aux conséquences de la « mondialisation sans foi ni loi », se retourne de toute façon contre les dominants ».
Le 29 février – Dernière discussion communiste avant la fin du monde – j'analyse la fin du concept de « Conseils ouvriers », face à tous les excités d'une quelconque révolte mort-née dans des conditions invraisemblables, si tant est que les ouvriers, comme classe et en tant qu'individus « confinés » puissent donner des conseils dans la pandémie actuelle.
Le 21 mars - La déconfiture politique et sociale du discours patelin sur le déconfinement ( mon article le plus lu) - « Les attaques contre le prolétariat ne cessent jamais en période de paix sociale, comme en période « d'union nationale » sanitaire à condition d'une bonne « distanciation sociale ». Le prétexte de « sauver des vies » enfante même un type de loi dictatoriale comparable aux pires régimes capitalistes autoritaires.
Le 18 avril – Premières leçons politiques – j'écrivais : « Paradoxalement les mesures de confinement si elles ont prolongé l'idéologie d'Etat de la sauvegarde individuelle par une régression des relations quotidiennes entre les humains, avec quelques « barrières » répulsives, elles ont posé la question de notre dépendance les uns des autres ».

Toute la période de confinement a été menée avec une pédagogie infantilisante qui se ridiculisait dans un erratisme pas si involontaire qu'ont voulu le croire les journalistes. Après la première phase du « tout sanitaire », le chef de l'Etat, avec la rédaction de BFM et son « chef politique », a commencé à sonner les cloches pour la reprise du travail. Ce but indispensable du redémarrage de la production n'a pu avoir lieu sous un claquement de doigt de la ministre du travail. La classe ouvrière n'a même pas eu besoin de faire grève ni de manifester. En restant chez soi, en invoquant le droit de retrait et en exigeant de véritables protections, cette classe a circonstanciellement, par le fait, obligé le gouvernement à tempérer, à promettre d'avancer prudemment, c'est à dire à ranger au magasin des accessoires ses menaces vu que ses syndicats ne pouvaient même pas les relayer comme la CGT collabo de 1945. C'est cette permanence d'une lutte de classe, certes sourde et invisible à l'oeil nu, un mécontentement et un manque de confiance plus forts que n'importe quelle mutinerie, qui a obligée à plusieurs reprises les gouvernants à dire le contraire de ce qu'ils affirmaient la veille avec frénésie. Et ce n'est pas fini avec la phase de déconfinement qui s'annonce décoiffante et pleine de chausse-trappes. D'où la dramatisation et le report à trois mois d'un vrai déconfinement, en l'annonçant pourtant comme deux mois jusqu'à la fin juillet, preuve qu'ils ne savent pas compter dans leur trouble ; mai-juin-juillet cela fait trois mois et pas deux. C'est probablement la stratégie « j'avance et je freine », « je pousse et je recule », « je promets et je me dédie », « j'hésite et j'en chie ».

Le listage quotidien du nombre de macchabées par le sinistre mannequin croque-mort Salomon n'était ni un suivi sérieux ni un réel décompte des causes de la mortalité, de l'âge, des origines sociales, etc. Creux, sinistre et inutile. L’application des mesures sanitaires d’urgence a suivi la logique de mépris habituel des autorités étatiques envers la population perçue plus comme un fardeau à gérer que comme des citoyens à protéger. La dramatisation excessive servit à atténuer la responsabilité des gouvernants dans l'incurie et l'impréparation. Au début, les imprévoyants imprévisibles nous avaient menacé d'un panel de 500.000 morts à l'horizon du virus si chinois, comme aujourd'hui, pour l'après le 11 mai, ils croient en appeler à notre « réflexe de solidarité nationale » muette en vue des prochains 200.000 morts !

Voici un éloquent listage des carences et manœuvres gouvernementales qui ne pourra pas être effacé des livres d'histoire7 :

  • mensonges réitérés sur les masques et pas seulement, explications à dormir debout sur leur inutilité pour le public, voire l'incapacité du quidam à savoir les enfiler... il faut aussi avoir fait l'ENA pour savoir enfiler des gants ;
  • absence de réflexion sur comment lancer la reprise de l'activité économique, discours sanitaire impatient, sans imaginer que la classe ouvrière allait exercer son « droit de retrait » ;
  • volonté obtuse de faire reprendre le travail aussitôt et sans garantie sanitaire (qui poussa à prolonger le premier confinement) dû au refus majoritaire des prolétaires de reprendre le travail avec tant de risques de mortalité pour les beaux yeux du dieu Capital ;
  • enfermement crétin dans les EPHAD qui répandit la mort plutôt que de la limiter ;
  • campagne hystérique de la mafia pharmaceutique internationale contre le docteur Raoult qui a certes un comportement de mandarin ridicule, mais le coup de pied d'un clown a bien secoué l'impotence de la mafia médicale ;
  • L'interdiction scandaleuse de vente de l'hydrachloroquine avait suivi son usage par devers l'autisme gouvernemental exclusivement pour les malades en fin de vie alors que sa possible efficacité visait selon le druide de Marseille à agir dès le début de la maladie ; on n'a jamais vu dans l'histoire une telle manœuvre et provocation gouvernementale aussi débile pour grossièrement ridiculiser une option sanitaire peut-être discutable mais louable en termes de médecine de l'urgence, parce qu'elle dérangeait la rapacité financière et la lenteur des mafias pharmaceutiques, et la cuistrerie des sachants corrompus ;
  • la création des « brigades » de dépistage avec l'achat à deux balles de la conscience professionnelle des toubibs, délation organisée par Big brother et ses séides, a révélé, comme le concept de distanciation sociale que le langage de classe militariste du pouvoir finit toujours par se trahir, et, pour se rattraper, se ridiculise plus encore en y accolant les termes nunuches d'anges gardiens, car... il y en a marre des flics qui font payer (cher) le confinement à tous les coins de rue, si en plus on les envoie directement fliquer dans les maisons des troglodytes avec de nouvelles brigades maoïstes ;
  • la France en couleurs – rouge, orange ou vert – est à son tour un nouveau lapsus gpuvernemental. Moi j'aurais choisi plutôt bleu blanc rouge : bleu pour la petite bourgeoisie affolée, blanc pour les enclaves troglodytes bourgeoises mieux protégées et rouges pour les « zones à risque majeur » des pauvres, des tard venus et des pue la sueur ;
  • le bornage stupide à 100 km entre régions colorées est totalement illogique et arbitraire quand la fable européenne de Big brother le pousse à autoriser la venue des plus infectés d'Europe, et les plus troglodytes, les anglais (hommes d'affaire ou touristes?) quand la veille nos apparatchiks macroniens avaient annoncé que tout étranger devait être mis en quarantaine, y inclus étranger européen ;
  • la logique punitive de Big brother est confirmée avec la stupide interdiction de se promener sur
    Pétain visite les enfants
    les plages comparée aux heures d'affluence du métro...
  • la valse hésitation avec l'annonce d'un possible report du 11 mai qui nique les journalistes, quand Philippe joue le docteur et que le docteur Tant mieux Macron joue l'arbitre le lundi 4 en express pour certifier que le déconfinement aura bien lieu le 11. Ce n'est aucunement une manifestation de cacophonie au sein de l'Exécutif bicépale mais une tactique de prudence face au possible échec complet à faire retrousser ses manches à toute la classe ouvrière, et surtout à la petite bourgeoisie enseignante qui, et elle n'a pas tort, n'a pas envie ni l'obligation d'aller au casse-pipe comme nos malheureux aides soignants et infirmiers ; sans compter que la désobéissance civile gagne la rue et pas assez de flics pour fliquer toute la population, et qu'on en vient à admirer les racailles qui se livrent à des feux d'artifice et donnent du fil à retordre aux flics zélés et sadiques8.
À surveiller et à punir...


    ANNEXE SUR LES GROUPES-INDIVIDUS (suite 2)


On s'est aperçu qu'il existe de nombreux noyaux en Afrique du nord qui se réclame du bordiguisme, ce qui est au premier abord réconfortant mais pas forcément rassurant, car le bordiguisme comme théorie néo-léniniste, même s'il a de beaux restes, est totalement inadéquat et dépassé pour répondre aux exigences de la période qui vient. Le soit disant GROUPE GAUCHE COMMUNISTE D'ALGERIE placarde un texte de Bordiga vieillot,finalement très productiviste et stalinien. Il m'a fait sursauter par l'usage de l'oxymore « Etat communiste ». Je ne savais pas que Bordiga soit tombé aussi bas, ni Marx ni Lénine n'ont jamais utilisé cette expression ; Lénine s'échina à chercher le meilleur qualificatif pour celui de l'expérience en Russie : Etat « ouvrier », puis "ouvrier et paysan", puis Etat « socialiste », aucun n'était satisfaisant pour la simple raison que ce ne pouvait être qu'un capitalisme d'Etat, et que l'Etat temporaire dans la transition reste toujours étranger au prolétariat révolutionnaire et un pis aller en attendant la phase supérieure du communisme... Je répète que pour l'heure aucun programme révolutionnaire « immédiat » ne serait valable.

Programme révolutionnaire immédiat

a) «Désinvestissement des capitaux», c'est-à-dire forte réduction de la partie du produit formée de biens instrumentaux et non pas de biens de consommation.
b) «Élévation des coûts de production» pour pouvoir, tant que subsisteront salaire, marché et monnaie, donner des payes plus élevées pour un temps de travail moindre.
c) «Réduction draconienne de la journée de travail», au moins à la moitié de sa durée actuelle, grâce à l'absorption des chômeurs et de la population aujourd'hui occupée à des activités antisociales.
d) Après réduction du volume de la production par un plan de «sous-production» qui la concentre dans les domaines les plus nécessaires, «contrôle autoritaire de la consommation» en combattant la vogue publicitaire des biens inutiles, voluptuaires et nuisibles, et en abolissant de force les activités servant à propager une psychologie réactionnaire.
e) Rapide «abolition des limites de l'entreprise» avec transfert autoritaire non pas du personnel, mais des moyens de travail en vue du nouveau plan de consommation.
f) «Rapide abolition des assurances» de type mercantile pour les remplacer par l'alimentation sociale des non-travailleurs jusqu'à un minimum initial.
g) «Arrêt de la construction» d'habitations et de lieux de travail à la périphérie des grandes villes et même des petites, comme mesure d'acheminement vers une répartition uniforme de la population sur tout le territoire. Réduction de l'engorgement, de la rapidité et du volume de la circulation en interdisant celle qui est inutile.
h) «Lutte ouverte contre la spécialisation professionnelle» et la division sociale du travail par l'abolition des carrières et des titres.
i) Plus près du domaine politique, évidentes mesures immédiates pour soumettre à l'État communiste l'école, la presse, tous les moyens de diffusion et d'information, ainsi que tout le réseau des spectacles et des divertissements.
AMADEO BORDIGA (Réunion de FORLI de 1952, texte republié par le GCM en 75).

Ambassadeur de la TCI (Tendance communiste internationale, qui me pompe certains de mes titres) le troglodyte de « Révolution ou guerre », qui exclut donc le présent ou tout autre alternative sous le sigle ronflant GIGC, répercute leur article du 1er mai (symbole quand tu nous tiens) : « Contre le virus du capital ». L'article est d'une qualité indéniable, mais avec leurs vieilles lunettes léninistes ils n'ont pas vu la continuation de la lutte des classes sous forme de
freinage des diktats gouvernementaux, sous la pression de la classe à la remise en route de l' économie ni que l'Etat bourgeois ne pourra pas imposer l'augmentation dix-neuviémiste du temps de travail quand les bulles financières vont exploser. Un site gauchiste explique très bien la forme prise par la lutte de classe sous le fléau actuel: 

Extraits de l 'article de la TCI :

« (…) Mais les taux de profit, au-delà des fluctuations inévitables, ne sont pas destinés à augmenter si ce n’est, à court terme, au prix d’une surexploitation énorme du prolétariat international. La surexploitation basée sur l’allongement de la journée de travail, l’augmentation des taux de production, la limitation des salaires et la réduction des pensions. Opérations déjà en cours, mais pas encore en termes suffisants
Parmi les plus frappés par la pandémie, outre les plus âgés, outre les travailleurs de la santé et ceux qui sont les victimes directes de l’affaiblissement du système de santé, assassinées par le capitalisme, on trouve les ouvriers des usines, les secteurs les plus opprimés de notre classe, ceux qui, en plus de l’exploitation "normale", doivent subir l’oppression raciste de la bourgeoisie, ceux qui occupent les emplois les plus précaires, les plus soumis au chantage et les moins bien payés. Ce n’est pas un hasard si les "foyers" de l’épidémie ont particulièrement explosé là où les patrons ont obligé et obligent les prolétaires à travailler, quitte à multiplier énormément les possibilités de contagion, parce qu’il est impossible ou très difficile d’éloigner les gens les uns des autres ou que les mesures de protection sont insuffisantes ou inexistantes. Les quartiers prolétariens de New York, certaines provinces industrielles du nord de l’Italie, sont par exemple les territoires où la pandémie fait le plus de victimes.
Nous nous attendons donc à ce que les travailleurs se remettent en lutte pour défendre leur vie et la santé de tous. La mobilisation des travailleurs de ces dernières semaines, en Europe et ailleurs dans le monde, qui a obligé les syndicats à accompagner la colère des travailleurs, nous a montré comment transformer l’impuissance en résistance, en fonction des nécessités immédiates, au lieu des sacrifices au nom du profit. Mais cela ne suffit pas. Il faut dès aujourd’hui, et dans toutes les situations, lier la nécessaire défense de la santé des travailleurs à la perspective d’une société alternative à celle d’aujourd’hui, un nouveau modèle social qui ne mette plus en conflit la production avec la santé humaine, avec les délicats équilibres environnementaux déjà abondamment affectés par la rapacité destructrice du capital. Le contraste entre le bien-être, la santé collective, la protection de l’environnement et la logique du profit n’a jamais été aussi net qu’aujourd’hui. Sinon, la solution sera une guerre généralisée, qui détruit tout en donnant au système capitaliste l’espace économique pour un nouveau cycle d’accumulation.
Le véritable virus qui nous attaque est le capitalisme. Lutter contre cette maladie signifie construire l’alternative communiste à ce système d’exploitation et de mort. Construire une alternative communiste signifie travailler à la construction et à l’enracinement parmi les travailleurs de l’instrument politique de la lutte prolétarienne : le parti de classe, internationaliste et révolutionnaire, la future Internationale...
Nous avons toujours été engagés dans cette tâche, aujourd’hui plus que jamais, car la situation change brusquement et le temps presse.
Il y a une alternative à ce système. La construire appartient à tous ceux qui en ont assez d’être exploités et usés par le capitalisme. Préparons-nous à notre rendez-vous avec l’histoire ».

Pour ceux qui s'interrogent sur ma fidélité à la nécessité du parti malgré mes désillusions vu mon expérience passée des sectes, je voudrais les rassurer et leur dire, via l'extrait suivant :

« C’est ce que rappelait la revue Proletarier en janvier 1933, l’organe du KAPD maintenu à Berlin, qui ne constituait plus qu’un petit noyau (Kerngruppe), à la veille même de l’accession de Hitler au pouvoir : Sous le capitalisme, il existera toujours une petite partie du prolétariat parvenant à la clarté sur sa situation et ses buts de classe, alors que les larges masses sont poussées par la misère croissante à des actions de classe... (Le rôle d’une claire avant-garde) est de diriger la lave prolétarienne en ébullition vers ce fleuve en fusion qui se déverse sur la Pompéi de la bourgeoisie et réduit en cendres son ordre social. Pour agir dans ce sens, l’avant-garde doit s’organiser et être organisée… L’avant-garde, cette petite partie de la classe ouvrière, se constitue en Parti, alors que la multitude entre confusément dans la lutte avec son instinct révolutionnaire et s’oppose, au cas par cas et au fil de la lutte, à la bourgeoisie, sous forme d’Unions ouvrières, de comités d’action, de conseils et autres formes similaires : la tâche du Parti est précisément – au cours de ces luttes – d’apporter une claire connaissance de l’organisation de classe – cherchant à dissiper la confusion et à accroître la possibilité d’une victoire grâce à son expérience des obstacles… Le Parti, par la clarté et le ferme dessin de son programme, sera toujours un noyau… (La conscience de classe) qui surgit dans des parties de la classe ouvrière se cristallise au cours de combats victorieux, où ces couches reconnaissent le rôle économique qu’elles jouent, en tirant les conséquences politiques : devenir l’avant-garde. Au plus haut niveau, le Parti reflète la Classe; il n’en est pas séparé; il existe au contraire une unité dialectique entre les deux. Là où se manifestent dans les faits des contradictions entre Parti et Classe, cela correspond à une fausse tactique, qui doit être révisée, ou alors à une base de classe qui n’est pas prolétarienne. Dans le deuxième cas, les communistes doivent détruire l’organisation qui est devenue contre-révolutionnaire et lui substituer le parti prolétarien révolutionnaire »9.


Laissons le dernier mot pour aujourd'hui à la secte LO qui fait une réflexion intelligente :

"Le confinement, malgré tous ses inconvénients concernant l’activité militante sur le terrain, a un avantage : il offre du temps pour se cultiver, s’éduquer, se familiariser de plus en plus avec les idées communistes révolutionnaires. Dans le passé, la relégation ou la prison ont souvent été pour des militants ouvriers une occasion de lire et de compléter leur culture et leur formation. Et les conditions de l’enfermement dû au coronavirus sont tout de même plus supportables que la relégation. En outre, il existe aujourd’hui une multitude de moyens techniques pour rester en contact, pour s’entraider et resserrer les liens. La volonté de se cultiver a toujours été pour des militants ouvriers un moyen de s’émanciper des conséquences de l’exploitation quotidienne. Le temps de confinement est une bonne occasion de le faire, y compris collectivement ».

NOTES

1Dans la banlieue, le Val de Marne, trois affiches municipales sur quatre portent désormais des noms arabes et d'origine africaine. L'intégration à la politique électorale bourgeoise de ces « bien intégrés », pires souvent que nos politiciens de souche une fois en fonction (zèle pour « servir la France » et leur aura d'arrivistes), me font préférer finalement l'honnêteté de l'islamiste pur et dur. Serais-je devenu « islamo-gauchiste » sans m'en douter ? Plus dérisoire encore est la sociologie et fausse représentativité des élus de toute sorte : 60% des maires sont des retraités petits bourgeois, 10% des sénateurs ont plus de 70 ans ; n'est-ce pas aussi pour cette raison que indirectement le coronavirus est révolutionnaire ?
2Lire sur Slate : « Sur le plan économique la catastrophe aura bien lieu », http://www.slate.fr/story/190257/economie-journal-crise-2-pandemie-covid-19-previsions-croissance-pib-reprise-activite-deconfinement. Mais quand on s’endette, on doit rembourser. La dette française devrait caracoler à 115-125% du PIB d’ici à la fin de l’année. Est-ce un problème ? "En réalité, l’Etat ne rembourse jamais ses dettes”, explique François Ecalle. “Il les renouvelle constamment en empruntant pour rembourser les anciennes.” Mais pendant combien de temps encore ? Explications d'un spé dans L'OBS : « Pour l'heure, la crise que nous vivons est économique, et non financière, à l’inverse de celle de 2008. C'est le confinement décidé en raison de l’urgence sanitaire qui a brutalement mis l’économie à l’arrêt. Un événement sans précédent. “Par le passé, à chaque fois que la France entrait en récession, c’était lié à l’effondrement d’un secteur, une guerre ou une crise financière”, indique Stéphanie Villers. Et d'expliquer : “La crise actuelle peut se résumer ainsi : lorsqu'un médecin met un patient en bonne santé dans un coma artificiel durant deux mois, personne ne peut dire dans quel état il se réveillera.” Ce type ment effrontément, le coronavirus a déferlé sur un monde déjà profondément endetté. En plus, il y en a qui ne se réveillent jamais d'un coma artificiel !
3« Nos gouvernants, qui ont jusqu’alors pris pour habitude de rationaliser, de prévoir, d’anticiper, de prévenir les «risques», sont confrontés à une limite extérieure à leurs propres objectifs et leurs intérêts. Un virus qui contrarie l’ensemble de leurs plans sur l’avenir. Non seulement, ils éprouvent une rigoureuse difficulté à rendre lisible le présent, mais c’est plus généralement l’avenir qui est indéchiffrable. L’obsession gouvernementale de rattraper le retard économique pris par le confinement est contrariée. Pourront-ils faire accepter à une population déjà usée et incrédule leur monde qui a montré de façon éclatante ses limites ? Quelle sera la capacité de la population à accepter un déconfinement drastiquement conditionné, à vivre dans un état d’inquiétude permanente ? Peut-on imaginer une population acquise à la surveillance généralisée, à une mise au travail sous contrainte sans les compensations que l’on trouve habituellement dans la vie sociale ordinaire ? ». Après l'effondrement du monde par Romain Huet,Libé du 3 mai.
5 « La nuit, sans sa moumoute, et ses dents à la main
Elle filerait la colique à Frankenstein 
» (Pierre Perret, Non, j’irai pas chez ma tante.)
6Dont le clip de propaganda n'intègre pas depuis des semaines le principal instrument barrière : le port du masque. Le gouvernement dictatorial ne digère jamais d'avoir eu tort et surtout de ne pas réussir à démontrer qu'il n'a pas eu tort.
7M'écrire d'urgence pour me corriger si j'en ai oublié.
8 Le NPA signale une rafle policière honteuse contre les démunis à Montreuil :
L'extrême gauche islamo-gauchiste n'a rien trouvé à dire concernant l'agression contre Zemmour, ce qui prouve sa lâcheté et pas simplement une politique de déni avec le clown Mélenchon, mais une simple tactique électorale bourgeoise. L'agression contre Zemmour est en faire pire que ce que les médias en ont dit. J'ai été assez horrifié personnellement par l'image qui nous sautait à la figure d'un petit juif vêtu d'une pelisse misérable courant ses deux sacs de course de chaque côté en rasant les murs, une représentation du juif menacé et pourchassé par les nazis dans les années quarante, et se faisant cracher dessus. J'ai été aussi menacé de mort sur les réseaux sociaux et je suis entièrement solidaire de Zemmour dans sa situation.
Bien que j'ai analysé que formellement l'islamisme et ses clones aient plus d'appétence avec le stalinisme que le nazisme, via les racoleurs trotskiens notamment, l'image faisait mal, reléguant au second plan le petit journaliste anti-révolutionnaire cravaté et arrogant animateur de la télé des flics, adoubé par Big brother lui-même. Mais l'agression minable fût aussitôt récupérée au profit du clivage ringard droite/gauche, et dans sa réplique depuis sa tribune de Cnews Zemmour était toujours dans l'exagération, bien qu'il tape juste parfois mais tout à fait ponctuellement et sans méthode, comme un lycéen attardé, en dénonçant l'extrême gauche comme adhérente à l'idéologie terroriste. Le silence de l'extrême gauche bobo n'en fait pas des soutiens au terrorisme islamique, mais de simples racoleurs électoralistes et d'intégrateurs des prolétaires arabes pas vraiment croyants ...à l'impotence de la contestation ! Le plus ignoble est toujours le petit flic de l'OBS, Askolovitch, apparatchik et choc de l'idéologie américaine qui renvoya dos à dos le taré arabe d'Orléans. En mars 2014 il avait dénoncé Besancenot à la police. Toujours en 2014, dans ce blog, avec l'article « La question islamophile », je renvoyais moi dos à dos les deux starlettes des médias : « Le débit d’Askolovitch quand il lit péniblement son texte en studio est aussi pitoyable que celui de son collègue potache Zemmour, plus soucieux lui aussi de faire scandale que de vérité politique ».
9http://www.left-dis.nl/f/Minutes-VF-final.pdf . Excellent ouvrage d'histoire du maximalisme allemand mais hélas il comporte une coquille, comme me l'a signalé Jonathan. Nous adorons les révolutionnaires non anonymes, qui ne masquent pas leur visage, même si désormais il va falloir s'y faire avec masque islamique ou chirurgical. L'album de photos est intéressant, mais Bourrinet nous donne une photo d'Oswald Mosley qu'il présente comme étant celle de Fritz Wolffheim.

SUR L'UTOIPE DE CEUX QUI SE CROIENT A LA VEILLE DE LA "REVOLUTION SOCIALE"


"L'ineffable Axelrod oublie simplement qu'en 1901 nul ne savait ni ne pouvait savoir en Russie que la première "bataille décisive" se livrerait quatre ans plus tard, ne l'oubliez pas - et n'emporterait pas "la décision". Néanmoins, nous seuls, marxistes révolutionnaires avions raison à cette époque en raillant les Kritchevski et les Martynov qui appelaient à l'assaut immédiat. Nous nous bornions à conseiller aux ouvriers de chasser partout les opportunistes et d'appuyer, d'intensifier et d'étendre de toutes leurs forces les manifestations et autres actions révolutionnaires de masse. Aujourd'hui, la situation est absolument analogue en Europe:il serait insensé d'appeler à un assaut "immédiat". Mais il serait honteux de se dire social-démocrate et de ne pas conseiller aux ouvriers de rompre avec les opportunistes et de consolide, d'approfondir, d'élargir et d'intensifier de toutes leurs forces le mouvement et les manifestations révolutionnaires qui commencent à se produire. La révolution ne tombe jamais toute prête du ciel et, au début de l'effervescence révolutionnaire, nul ne sait jamais si et quand elle aboutira à une révolution "véritable", "authentique".
 Lénine: L'opportunisme et la faillite de la II ème Internationale. 1916

"La phrase révolutionnaire, c'est la répétition de mots d'ordre révolutionnaires sans égard aux conséquences objectives, au changement marqué par les derniers événements en date, à la situation du moment. Des mots d'ordre excellents, qui entraînent et enivrent, mais sont dépourvus de base solide, telle est l'essence de la phrase révolutionnaire".
Lénine, "Sur la phrase révolutionnaires", p.345, réponse aux communistes de gauche, cf. la revue Kommunist, édité par Smolny, 2011.

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