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jeudi 9 juillet 2020

Nouveau gouvernement : la petite bourgeoisie bafouée



La petite bourgeoisie fait partie de la bourgeoisie. Sa noria d’intellectuels militants, bouffons des modes idéologiques, peut bien croire faire la pluie et le beau temps en matière culturelle, multicommunautaire, islamophile et écolophile. Elle n’est rien au niveau de l’Etat central. La décision reste toujours entre les mains de la grande bourgeoisie1.
Curieux ballets ministériels du pouvoir anti-raciste, où la parution publique et les costumes offraient une cérémonie typique des républiques bananières ou d'un gouvernement de la III ème République colonialiste et raciste. Les chasseurs qui accompagnaient, en livrée, ministre sortant et ministre entrant, étaient tous noirs, comme pour confirmer à la fois l'existence de la hiérarchie sociale déguisée, mais aussi que ce n'est pas un hasard si tous les vigiles de France et de Navarre sont noirs. C'est en effet le modèle de l'intégration sociale antiraciste (on vous intègre mais pour des jobs de larbin en costume) mais si discriminante selon que vous serez du bas peuple ou de la bourgeoisie héréditaire. Le gang Adama si assoiffé de « justice » bourgeoise, n'a rien trouvé à redire, pourtant, dans la logique indigeste des racistes indigénistes, j'aurais à leur place protesté : « pourquoi ne pas avoir choisi un premier ministre noir et l'avoir encadré par des chambellans blancs ? ». Preuve que la république française est bien raciste2 ; quant aux prolétaires ils sont bien « racistes » avec les cons et avec les élites.

La nouvelle péripétie gouvernementale vient là illustrer parfaitement notre thèse marxiste. Partout les clameurs petites bourgeoises se sont indignées de la continuité dans le changement, et de l’absence d’option pour une femme premier ministre. Certains auraient sans doute souhaité voir Assa Traoré débarquer à l’Intérieur et Mouloud Achour à la Culture. L’indignation qui a frappé la gauche bourgeoise en général et trotskiste en particulier, comme l’exprime si bien ce cervelet de la gauche caviar, l’OBS, la voici :

« Pour l’effet « blast » on repassera : un énarque mâle de centre droit remplace un énarque mâle de centre droit ». Et de dénoncer à l’unisson une nouvelle potiche Premier ministre d’un régime en marche (sic) vers cette horrible « présidentialisation » du régime (re sic). Comme la petite bourgeoisie prend toujours ses désirs pour des réalités et ses prérogatives écologiques pour l’avenir de l’humanité, elle a cru que : « nul doute que l’écologie sera, avec la lutte contre la récession, au centre du discours présidentiel de cette fin de mandat. (…) Une écologie qui ne casserait pas le capitalisme ».
La chimère écolo-gouvernementale des bobos verts pour sa part, aurait-elle donc pour projet de « casser le capitalisme » ? Il vaut mieux s’en gausser même sans démonstration.

Face à « l'épidémie » sociale inévitable, franchement je ne voyais pas une femme à la tête d'un gouvernement de crise. On me dira que je suis machiste et tout et tout, mais dans les grandes crises politiques et guerrières ce n'est pas la place pour une femme3. La réclame dérisoire pour la prétendue égalité hommes-femmes a été ridiculisée par une sénatrice qui, interrompant Dupont-Moretti au cri « c'est révélateur que vous ne parliez que d'hommes et pas de femmes », s'est entendue répondre par l'avocat des grands criminels et des pourritures financières que c'est un vieil euphémisme de parler des « hommes » comme généralité et que cela n'exclut pas les femmes.

ORDONNANCEMENT DU GOUVERNEMENT POUR LA CONFRONTATION DES DEUX CLASSES MAJEURES

Depuis ses débuts le système néo-bonapartiste de Macron obéit non pas à une suppléance à la prétendue disparition des factions bourgeoises de droite et de gauche, mais à la nécessité de les reconstituer pour prendre en étau le prolétariat, face à la catastrophe qui vient (qui est déjà là), dans la même fausse opposition traditionnelle, car il n'y a nul irénisme ni union nationale possible dans le capitalisme décadent4. L'instabilité du système dominant se caractérise depuis des années par les agitations petites bourgeoises qui ruent dans les brancards tout en étant incapables de poser une réelle alternative au capitalisme et qui finissent toujours en eau de boudin : les zadistes, les décroissants, Alternatiba, les colibris de Pierre Rabhi, puis les gilets jaunes (jacquerie fiscale portée par la petite-bourgeoisie entrepreneuriale) ; sans oublier l'aristocratie syndicale avec leurs retraites, et enfin la faction bobo-écolo qui a cru avoir attrapé le pompon avec les dernières élections truquées5.
Avec la progression de la crise générale du capitalisme, il y a une succession de mouvements petit-bourgeois contestataires qui mélangent tout au nom d'une contestation de l'Etat qui n'est en rien révolutionnaire voire révisionniste et complètement inconsciente en particulier dans la contestation des mesures (si utiles) de confinement vues comme une atteinte à la liberté de bla-bla des couches épaisses de bobos individualistes.

UN GOUVERNEMENT DE DROITE, ET ALORS ?

Dans la configuration politique pour faire face aux prochaines (et actuelles) confrontations des deux classes fondamentales, il faut un « méchant » Etat soucieux des intérêts de la nation et non d'un socialisme dissout par deux décennies de gouvernance aléatoire de la gauche bourgeoise et petite bourgeoise. De toute façon l'Etat est toujours le méchant dans l'idéologie dominante moderne du capitalisme où Proudhon a remplacé dieu, le général De Gaulle et Keynes. Le problème vient d'en face : comment encadrer politiquement et syndicalement la classe ouvrière ? Et pas faire risette à la minorité des politiciens bobo-colos6.
C'est à l'évidence ce qu'on compris les conseillers de l'ombre du commandant Macron en plaçant au gouvernail un « technicien », habitué des couloirs du pouvoir et serviteur de tous les régimes. C'est sur le site poutinien, RT, que j'ai trouvé la meilleure explication, qui confirme mon analyse) qui sort de l'ornière des regrets de la bobologie accessoire et invraisemblable pour gouverner dans les intempéries sociales :
« A juste titre : le président Macron souhaite tenir ensemble le souhaitable et le possible. Jean Castex est là pour décliner la politique souhaitée par Emmanuel Macron au plan des territoires et avec les partenaires sociaux, c’est ce que Jean Castex appelle une «méthode» pour un «nouveau pacte social». Il a demandé à l’Etat de dégager les orientations stratégiques et ensuite aux territoires et partenaires sociaux de les décliner. Il a le talent pour en être le chef d’orchestre. (…)
D’autre part, le Premier ministre se définit comme un «gaulliste social». Son profil sera plus adapté à ce que le pays redoute : le choc économique qui va arriver à la rentrée, et qui va entraîner environ 800 000 chômeurs de plus et sans doute, une grave crise sociale avec un pays qui va être très bousculé. Le premier ministre Castex est, comme son prédécesseur issu du parti Les Républicains, mais son prédécesseur était un néolibéral orléaniste, là où Jean Castex se définit comme un «gaulliste social »7.

Pour distraire les seuls journalistes la nomination de deux personnalités redondantes obéit également à une corde populiste. Chacun dans leur genre ils détonnent au milieu du langage technocratique et du discours moraliste, Bachelot avec sa gouaille qui lui permet de balancer de solides vérités mais Dupont-Moretti qui est présenté comme un nouveau Tapie anti-RN, impulsif et balourd, risque d'avoir une courte carrière ministérielle face au staff de la magistrature gauchiste. Ces deux personnages ne risquent pas cependant de restaurer le « front républicain anti-RN » qui a été usé jusqu'à la corde.
Le vrai souci, la priorité de la nouvelle équipée gouvernementale, est à la fois social mais aussi sécuritaire, l'écologie des bobos attendra. Sur le plan sécuritaire, il y a un réel souci dans la classe ouvrière que les bobos gauchistes ne prennent jamais en compte. NPA et Cie ont défilé derrière le gang Adama, mais personne à l'extrême gauche petite bourgeoise ne s'est soucié d'appeler à rejoindre la manif blanche pour protester contre le meurtre du conducteur de bus à Bayonne, qui avait le tort sans doute d'être... trop blanc ! Sans doute parce que toutes ces racailles adeptes du meurtre à coups de lattes dans la tête sont de pauvres Jean Valjean dont Taubira exalte les mérites.
Que vont devenir les flics, pris entre deux feux, tabasser les innombrables manifestants en faisant croire qu'ils protègent la population des exactions et meurtres du lumpen qui se répand autant que l'islam ?
Les flics finissent par se sentir autant en insécurité que la population, ce qui est par contre plus un souci pour le gouvernement, d'où le choix d'un personnage qui apparemment compte beaucoup dans l'appareil d'Etat8. Darmanin qui n'est ni épais ni charismatique et déjà empêtré dans un scandale orchestré par la petite bourgeoisie, parviendra-t-il à restaurer la « confiance policière » ? J'avoue que je m'en fous.
Merde au réchauffement climatique et vive l'échauffement social !

LE GOUVERNEMENT OSE-T-IL JETER DE L'HUILE SUR LE FEU (éteint) DES RETRAITES ?

L'endettement faramineux avec l'usage disproportionné de la planche à billet, ne supprime pas par enchantement toute l'orientation de l'Etat bourgeois, à moins de croire au miracle divin. Il a adopté sa réforme d'économie sur les retraites par le 49-3, point barre ; même si le rouquin Quatennens l'a rappelé avec hargne à ses collègues députés, il n'imaginait pas lui-même le repaire des intérêts de la bourgeoisie baisser culotte alors que l'endettement fuit de partout. Il peut compter ce radis soumis sur la compréhension du boss des patrons, Roux de Bézieux qui a suggéré une pause, avec le souci qu'une nouvelle lutte pour la retraite ne rallume ou n'accroisse l'incendie social : « Il faut […] qu’on mette toute notre énergie pour ce qui compte, c’est-à-dire l’outil de production ». Un autre proche collabo du gouvernement Laurent Berger allait dans le même sens, il ne faut pas relancer le sujet en ce moment : « C’est pause pour reprendre, pas pause pour jamais », « une telle opposition dans notre pays sur ce sujet qu’on n'a aucun intérêt à se mettre sur la figure à la rentrée ou pendant l’été sur sujet ».
Mais l'avis du big boss et du bonze du principal syndicat gouvernemental n'est que de façade, et laisse le beau rôle à l'option « politique » du gouvernement, qui est de deux ordres :
  • confirmer qu'il faudra faire payer la crise à la classe ouvrière ;
  • remettre en selle les syndicats sur une question foireuse, où il n'y a aucune unité possible ni subversion (l'aristocratie ouvrière et ses privilèges face au privé sans garantie).
Contrairement à ce que dit le Berger de la CFDT, ce n'est pas la division syndicats/gouvernement qui serait un risque ou une maladresse, c'est la nécessité d'une parade à l'explosion du chômage derrière une prétendue reprise de la lutte foireuse des retraites, pour permettre aux syndicats de truster le rôle d'opposition de premier plan, avec l'appoint secondaire des résidus de la gauche écolo-incompatible ou pas ; enfin d'éviter un déferlement en masse, une prise de conscience de classe qui ne se laisse pas enfermer dans les catégories, l'obsession anti-policière, les races ou les moulins à vent de la taxe carbone.
Jamais en période vacancière on n'avait autant vu tomber de plans de licenciements. Et ce n'est pas spécifique à la France. Tout le monde le sait et le dit. Quoiqu'on va faire ?



NOTES


1Les enragés décrivent la servilité petite bourgeoise mieux encore :
« C’est dans l’ambiance démocratique que la petite bourgeoisie peut le mieux exercer toutes ses capacités de médiateur et d’entremetteur, au point de remplir tous les espaces politiques, sociaux et économiques permis par le développement capitaliste. Ce n’est pas par hasard que dans les pays capitalistes les plus développés la petite bourgeoisie prolifère dans les secteur du commerce, des «services», de l’administration, de la bureaucratie, de la culture, de l’information, de la religion ou du sport, plutôt que dans les secteurs traditionnels de l’artisanat, de la petite production et de l’agriculture ».
« Cette classe infatuée d’elle-même s’expose pour ce qu’elle est, un aboutissement historique dans la négation du tragique et la réduction de l’autre au clone de soi. Elle est l’incarnation de la fin de l’histoire, c’est-à-dire de son effacement au profit de l’actualité la plus immédiate avec ce que cela comporte de sordide, d’amnésie et de malhonnêteté intellectuelle. Le tout présenté sous les auspices de l’innocence et de l’irresponsabilité. La dissolution du social dans une célébration d’un individualisme empreint de conformisme et de faux-semblant est, pourrait-on dire, le signe le plus flagrant de sa victoire, une victoire sans partage. Laquelle accomplit la domination idéologique d’un néant bavard et futile tourné uniquement vers lui-même ». On a ici l'exact tableau des cliques OBS, ATTAC, LFI, NPA, Médiapart, Libé, le gang Traoré, et tutti quanti.Et pour l'autre bord, complémentaire Valeurs actuelles, les fans de Zemmour, le RN, etc.  
http://lesenrages-antifa.fr/2019/12/16/la-petite-bourgeoisie-contre-revolutionnaire/
3On se souvient de l'aimable Edith Cresson virée rapidement pour manque d'autorité. Vous m'objecterez « et Thatcher » ? Ce n'était pas la même époque et sans la puissance de sabotage du syndicalisme britannique la « dame de fer » serait retournée à ses chères études. Ce qui adviendra bientôt à Muter Merkel. Je l'avoue je n'imagine pas les femmes en pelisse de dictateur, peut-être est-ce qu'on fond je suis plus féministe que les féministes ? Une anecdote dans mon expérience au CCI. Lorsqu'il avait fallu désigner une délégation pour aller intervenir à Longwy, Marc Chirik s'était indigné que la section de Paris veuille y avoir une camarade femme (elle fera rire les ouvriers) et je me souviens avoir été le seul à le soutenir et vu que c'est moi qui allait être désigné... En 68 c'était pareil, les femmes n'avaient pas vraiment la possibilité d'être prises au sérieux dans les AG. Ce n'est pas parce qu'on a dépassé cette arriération qu'il faudrait tomber dans l'excès contraire, et croire que les femmes feront des bons généraux. Non je n'espère ni de rêve d'une femme dans le rôle de Thiers ou de Staline !
4 Le 11 avril 2018, j'écrivais dans ce blog « La « révolution macronienne » est arrivée à temps pour suppléer au binôme ranci gauche/droite dont ce pauvre Hollande fût le dernier scooter, mais elle est arrivée masquée, ses propres électeurs de gauche, forcément syndicalistes et une bonne partie des
Le toutou écolo de Macron même pas consulté.
retraités ou retraitables ne s'attendaient pas à ce qu'on leur joue le jeu de l'Etat fort, monarchique déplorent certains des multiples clowns qui parlent derrière les multiples écrans tout en invoquant une « pédagogie » macronesque. Or en réalité le vieux système de domination et d'abrutissement bourgeois fonctionne toujours avec ce même binôme simpliste, même sans plus de partis mammouths de référence (ni à gauche, ni à droite ni avec ce parti macronesque de godillots). C'est sous la forme du pouvoir et de ses opposants que le cirque recommence, dans une parodie même pas drôle de mai 68 : le pouvoir contre la rue, pour ne pas dire contre les 'croizades' NDDL... ».

5On ne peut pas les qualifier mieux, en plus d'être partielles et partiales : près de 70% d'abstention, et un électorat bobo de quelques grandes villes qui s'est prétendu majoritaire et faiseur de rois. Piteux le Jadot ! J'aime bien le titre d'un blog marocain : « Et si on stérilisait la petite bourgeoisie ? ».
8La cabale, sous l'accusation de violeur contre Darmanin, a tout du complot cousu main selon moi. Vu la petite taille de Darmanin cela me paraît d'abord dérisoire, ensuite il apparaît que c'est lui la victime d'une maître chanteuse, qui présente en tout cas un comportement passé de ce type ; avec le déni féministe bourgeois à la mode et ses délires toute femme serait systématiquement victime des hommes. Ainsi il apparaît que nombre de femmes ont compris qu'il suffit de déclarer qu'elles ont été battues, même si c'est pas vrai, pour obtenir à leur profit le divorce. Le célèbre acteur alcoolique Johnny Depp en fait les frais en ce moment alors que la donzelle est dérangée du cigare et avait chié sur son lit : https://www.mariefrance.fr/culture/george-ryan-et-moi/johnny-depp-divorce-amber-heard-487576.html#item=1. Aux anti-féministes comme moi, je conseille de lire « Femmes serial killers » de Peter Vronsky (ed Points).

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