PAGES PROLETARIENNES

mardi 30 avril 2019

MACRON A (encore) EU RAISON

« La misère d'être exploité par les capitalistes n'est rien comparée à la misère de ne pas être exploité du tout ». Joan Robinson (la Camille Claudel de Keynes)

« J'ai le chien, la résidence secondaire et je suis seul ». Pierre Palmade

« Les jeunes additionnent l'islam et Macron ». Christophe Guilluy


Nous le savons tous, le capitalisme « mondialisé » actuel vit en permanence depuis sa terreur de 2008 sous la menace d'un effondrement d'un système qui repose sur une dette impossible à rembourser (sauf à en passer par un moratoire général au seuil de la société communiste) ; plus excitant, un homme brillant, tel Thierry Breton PDG du fameux Atos, qui professe un génial avenir technologique sophistiqué au capitalisme, ne sait pas quand cet effondrement va avoir lieu, mais il est quasi certain1.

Le « révolutionnaire » Macron a bien embobiné son monde au cours de sa première conférence de presse. Il a été aussi bon dans le cynisme que dans les reniements multiples, et des reniements justifiés du point de vue de l'ordre social dont la presse servile a fait mine de se moquer : « tout ça pour ça ! ». Dans la guerre sociale un général bourgeois qui s'obstine chute lourdement, dixit Juppé en 1995. Macron est plus subtil et montre une capacité à s'adapter aux exigences du pouvoir qui est par nature opportuniste et caméléon (mais fondamentalement terroriste). Certes les critiques les plus superficiels ont dénigré des mesurettes : repasser à 90 km/h au cas par cas, offrir un petit déjeuner aux écoliers, avancer les pensions aux femmes divorcées, supprimer une école d'élite. Mais il a fait bien plus que cela avec la baisse des impôts où il donne satisfaction non seulement à la couche moyenne qui soutient le pouvoir depuis un siècle mais aussi à une partie de la classe ouvrière du haut du tableau sans que l'autre partie – les dits « assistés » - ne paye d'impôts comme de coutume, sauf les indirects. Macron n'avait ni pour souci de répondre au foutoir inconsistant du « grand débat gériatrique national », sinon il n'aurait pas eu comme souci de poser une limitation de l'immigration (thème non abordé dans ce débat ad hoc), ni de répondre au merdier gilet jaune. Les mesures symboliques sont bien plus efficaces qu'on ne le croit généralement pour « l'opinion ». Augmenter la fiscalité des entreprises pour financer la baisse des impôts des particuliers est une riche idée même si elle aura une pauvre réalité, l'Etat bourgeois, macronien ou pas, répondant toujours à la dette par de nouvelles dettes. Cette fable de « s'en prendre aux riches » se joint merveilleusement en plus à la campagne mondiale de la rebellocratie contre les retraites chapeaux et à l'inculpation théâtralisée du patron de Renault/Nissan. Comme l'écrit Christophe Guilluy : « La contestation de la nouvelle bourgeoisie fait désormais partie d'un barnum participatif contrôlé et inoffensif pour la classe dominante (…) Dénoncer les riches ou le processus de captation des revenus par le capital au détriment des revenus du travail est aussi déstabilisant pour le système que de prendre position pour la paix contre la guerre ou d'être pour la fraternité contre le racisme »2.

La décomposition d'une révolte bâtarde

En général, historiquement, la haute bourgeoisie méprise les revendications politiques de la petite bourgeoisie, et elle fait bien. Le petit bourgeois individualiste voudrait décider de tout à tout moment, selon ses aises, ce qui suppose un système antédiluvien où chacun ferait ce qu'il veut à tout moment, comme le rêvait le petit bourgeois Marx3. Le chimé..RIC caractérise assez bien l'inanité et l'impuissance de la revendication petite bourgeoise, utopique, illusoire et surtout irréaliste. Il pourra rester éternel comme est éternelle la complainte du boutiquier pour une présumée « justice fiscale » dont se foutent royalement les prolétaires paupérisés. La politique, la gestion des affaires de la société, suppose des représentants. Le chamboulement ou le perfectionnement de la représentation ne réside pas dans sa suppression ou sa négation permanente. La Commune de Paris ne supprime pas la représentation mais l'encadre et en définit les limites. Au demeurant le mouvement des gilets jaunes a été incapable de se donner une réelle représentation sauf à exhiber un cocktail d'individus hétéroclites et tous plus ou moins inconscients. Les tentatives d'assemblées ou même, dernièrement, de coordinations, n'assemblaient que la confusion et ne tentaient de coordonner qu'une révolte bâtarde, sans référence à la principale classe sociale prolétaire, et de plus en plus cornaquées par des gauchistes revêtus de l'uniforme jaune. Pire, l'affirmation répétitive, sans discussion, comme science infuse de ce Ric, au lieu de symboliser une réelle lutte contre l'Etat et ses injustices, est devenu un gimmick totalitaire équivalent à « C'est Pétain qu'il nous faut », « la terre elle ne ment pas » ou « Staline a raison ».

Les queues de gilets jaunes c'est « ridicule en toutes matières ». Il est vrai que le 24 ème samedi a été particulièrement effrité et lamentable en projets avortés et en démonstration. Le nombre de participants chute par centaines comme à la fin de toute grève lambda qui s'éternise quoique le nombre de contrôlés par la police soit étrangement toujours du double ; ainsi si on vous annonce 3500 manifestants à Paris on ajoute que 7000 ont été contrôlés ; les médias et les sondeurs policiers ne se rendent pas toujours compte quand ils sont vraiment débiles.
On vit donc un panneau géant « Ric en toutes matières : RIC POUR NOTRE OR (!?), NOS AUTOROUTES (!?), NOTRE PATRIMOINE (NDD?) ». Nul doute que ce sont des sbires de la CGT et du misérable FDG qui s'étaient déguisés en jaune pour afficher des âneries pareilles.
Mais la panade de ce 24 ème enterrement fût sans conteste la débandade autour du projet de fusion ou prétendues retrouvailles entre résidus gilets jaunes et l'appareil classique et ringard d'encadrement, pas seulement de la gauche de la bourgeoisie, mais de la bourgeoisie elle-même. Se servant comme femme-sandwich de l'opportuniste Priscillia Ludovsky (de ces tristes figures peu éclairées qui se révulsent à l'idée de retourner dans l'ombre), on avait voulu nous refaire le coup du Front popu à la sauce multiculturelle de la bobologie parisienne, trotskienne et mélenchonienne :

« Nous proposons de former un Front Populaire et Citoyen, qui se matérialisera par une manifestation nationale à Paris le 27 avril 2019 à 13h, regroupant tous les acteurs de la société que nous sommes : salariés du privé, chômeurs, retraités, fonctionnaires, étudiants, organisations syndicales, associations, collectifs, partis politiques (sic), Gilets roses, Gilets jaunes, Chauffeurs VTC, Blouses Blanches, Robes Noires, journalistes, agriculteurs, forains, personnes à mobilité réduite ou handicapée... Tous unis, formons un bloc pour la justice fiscale, sociale et climatique.
Vous pourrez trouver l'Appel unitaire pour un Front populaire ici : https://lafranceinsoumise.fr/ »

Tudieu! Il n'y manquait que les collectionneurs de timbres ! Les images de la place d'Italie très clairsemée et les quelques bagarres à Strasbourg ont suffi à démontrer le fiasco de la récup gauche bobo. Au moins il se confirme que ce mouvement bâtard n'est même pas récupérable ni transcendable (ou sublimable?) politiquement par les fractions bourgeoises qui battent de l'aile et mendient des strapontins européens en conchiant l'Europe. Les médias eux-mêmes qui ont tant mis en scène les gilets jaunes et qui continuent à nous faire subir les mêmes têtes de cons spécialistes, font mousser la dangerosité d'un 1er mai « sous tension », or le 1er mai est lui aussi gentrifié depuis belle Paulette, il n'y a rien à en attendre pas plus une énorme casse des blak déblocs qu'une renaissance des gilets jaunes.

TOUT VA CONTINUER COMME AVANT...

En entretenant finalement l'éternisation du spectacle gilets jaunes/black déblocs/flics, le gouvernement favorise une sorte de culture de l'opposition stérile peu susceptible de mobiliser les masses quelles qu'elles soient et surtout pas ouvrières, ni concernées par les lamentations fiscales des épiciers ni intéressées à servir de claque électorale à des élections répétées. Derrière le spectacle on peut laisser de côté un temps le délitement de la société, sa fragmentation « voulue » à l'américaine comme le constate depuis longtemps fort justement Guilluy.
Le problème premier a été, on s'en souviendra longtemps, la bagnole, comment on l'alimente si son carburant devient hors de prix pour les « petits blancs périphériques ». Tranquillisez-vous un mouvement dix fois plus grave que celui des gilets jaunes va voir le jour grâce aux élus gauche caviar et écolos bobos parisiens, avec leurs projets de suppression du périphérique parisien. L'insurrection qui viendra ne devrait pas être provoquée par le viol du pouvoir d'achat ou par une impossible et utopique grève générale. Basée philosophiquement sur la supercherie de la taxe carbone (non réévaluée à cause des GJ), cette messe écologique présumé bain de jouvence d'un capitalisme très fiscal, inégalitaire et cynique les autorise tous à décréter « ôter cette odeur que je ne saurais supporter dans ma résidence parisienne ! ». Les ardeurs écologiques du début du gouvernement Macron ont bien favorisé l'explosion du mouvement en gilets jaunes ; il est normal que les derniers gilets jaunes soient noyés à leur tour dans le charabia écologique des Jadot, Glucksmann, Besancenot et Brossat. L'écologie capitaliste avec la décroissance et le revenu minimum font partie de l'idéologie de la privation forcée que les prolétaires ne seraient pas capables de comprendre. L'écologie est devenu un des principaux vecteurs de l'imposition étatique « dans l'intérêt des humains ». L'idéologie de la décroissance a toujours existé et signifié privation pour les prolétaires ; en période de guerre il fallait savoir se priver, même de sa vie pour la nation, après guerre il fallait se serrer la ceinture pour aider à reconstruire ; désormais comme le capitalisme pu et pollue il faudrait rouler à vélo et fumer des joints. Le revenu minimum de ce pauvre Hamon s'il apparaît comme une solution temporaire d'un traitement radical de la pauvreté et d'un chômage éternel n'est que la relégation sociale définitive des basses couches de la classe ouvrière exclues du travail massivement4.

La leçon magistrale donnée dès le départ par le mouvement gilets jaunes n'a pas suffi. Si Macron semble l'avoir compris, c'est pas le cas du tout de la bobologie parisienne socialo-libérale-antiraciste-antifa. Les périphériques des grandes métropoles débordent on le subit depuis longtemps. Il fût question de doubler, puis de couvrir, puis de supprimer carrément (Gaspard Gangster) le périph parisien, logique du point de vue de l'afflux croissant de véhicules individuels en leasing généralisé et en l'absence de transports publics transversaux et adéquats à une énorme population de travailleurs rejetés toujours plus loin par la spéculation immobilière. Voilà que les opposants bobos à Macron font pire que lui : ils ont pour projet de supprimer cet abominable périph en y faisant pousser des fleurs et des habitations avec ce putain d'argument de petit bourgeois blanc et antiraciste : « Le périphérique, cet anneau de bitume de 35 kilomètres, inauguré en 1973, est une « source de pollutions multiples », une « véritable barrière urbaine et un fossé culturel », explique le rapport de la mairie dans sa version actuelle ».

Guilluy, encore lui, a démasqué cet altruisme, où en réalité on privilégie la construction de logements sociaux par exemple à Arcueil et Bagneux (avec un métro bientôt) réservés plutôt aux populations récemment immigrées (Afrique subsaharienne et Maghreb) pour que la partie de la classe ouvrière des « services » soit plus proche au service de la bourgeoisie parisienne mais « de l'autre côté, avec ou sans périph : « L'altruisme des classes dominantes en direction des minorités ou des banlieues masque une volonté de contrôler socialement des populations utiles à l'économie locale ». Il ne s'agit pas d'encourager un retour des classes ouvrières à Paris mais des « key-workers » : « Ces 'travailleurs-clé' pour la ville que sont les personnels de santé, instituteurs policiers, professions intermédiaires, n'ont plus accès au parc de logements privés et doivent souvent s'exiler. Si la disparition des classes populaires traditionnelles ne préoccupe pas les municipalités, en revanche la disparition de ces petites mains qui assurent la continuité des services publics commence à inquiéter. Les immigrés dans le parc très social de banlieues, les key-workers dans le parc social intermédiaire de la ville-centre : la bourgeoisie libérale des métropoles sait se faire étatiste quand ses intérêts sont en jeu »5.
Cet épiphénomène de l'oligarchie parisienne confirme la volonté de reproduction sociale entre-soi, la cooptation sociale traditionnelle de la bourgeoisie de droite, de gauche, verte et moisie. Résumé de Guilluy : « Une stratégie qui permet d'évacuer le conflit de classes et de renforcer discrètement une production et une reproduction sociales » (p.50).
Le plus consternant n'est pas tant qu'on veuille résoudre ou supprimer un objet de nuisances. On comprendrait que des édiles de la République multiculturelle et antifasciste se soient demandé d'abord comment plutôt développer des transports en commun transversaux et ne pas laisser proliférer vélos et trottinettes anarchiques, afin de faciliter la vie aux millions qui circulent et vont travailler par obligation loin de chez eux. Non c'est la gêne occasionnée aux chétives oreilles et au fin odorat des bobos parisiens qui guide leur souci initial :
« La mission penche pour un scénario en trois temps. La première étape vise à diminuer au plus vite le bruit et les émissions de particules fines, les deux principales pollutions engendrées par le périphérique »6.

L'automobiliste lambda pourra continuer à aller s'embouteiller sur l'A86 en rallongeant son temps de parcours. Tout doit être fait pour tuer la voiture à Paris même si vos chaînes de TV vous incitent tous les quart d'heure à acquérir une SUV en leasing. Les travaux pharaoniques de la reine Hidalgo écrasent des carrefours entiers (Alésia, Bastille)de chantiers invraisemblables7 pour rétrécir les voies provoquant quotidiennement des embouteillages monstres quand aucun flic n'est jamais présent pour réguler (trop épuisés les flics par les GJ). L'autre argument de la bourgeoisie écolo-dorée parisienne vaut son pesant de cacahuètes : prenez les transports en commun « tels qu'ils sont » ou bourrez vous dans une autre voiture8.

LA REACTION CONFUSE D'UN PROLETARIAT PRIVE D'EXPRESSION ?

Mêmes tordues les revendications des gilets jaunes ont tendu à exprimer un réalité approximative. Cette invention sortie d'on ne sait où du Ric n'est-elle pas, à sa façon maladroite, irréaliste et confuse, une manière de crier contre l'hypocrisie démocratique bourgeoise ? Mais que oui et dans un monde kafkaïen et plutôt celui d'Orwell où comme le décrit si bien Guilluy, fustigeant la gentrification de la manifestation : « Produits des métropoles embourgeoisées les « mouvements sociaux d'en haut » sont une parabole d'un monde fermé et vide (…) la rebellocratie n'est plus depuis longtemps le porte-voix des plus modestes (…) la mobilisation pour des causes sociétales montre que le mouvement social ne s'adresse plus à la majorité des classes populaires »9.

Si les commentateurs ont noté le grand nombre de femmes (prolétaires considérées discrètement comme assistées et divorcées inconséquentes10) ils sont restés discrets sur la participation quasi nulle des populations immigrées ; ce n'est pas pour rien que le grand patronat a choisi l'immigration (p.117) et a tout intérêt au « brouillage des classes » C'est l'imposition du concept fourre-tout de « classe moyenne majoritaire » qui sert à revaloriser les notions creuses « des gens » ou du « peuple », comme je le note depuis plusieurs articles : « Cette représentation permet de réduire la question sociale à une question ethno-culturelle : une classe moyenne forcément « blanche » et intégrée d'un côté ; de l'autre, des classes populaires forcément issues de minorités ethniques » (p.131)11.
Guilluy voit une sorte de préservations des « solidarités en milieu populaire », c'est à dire qu'il ne voit pas le négatif des communautarismes comme étant forcément un péché, c'est un séparatisme qui est à l'oeuvre, dit-il : « Ce que la classe dominante appelle le repli est en fait une réponse à une société libérale qui détruit toute notion de solidarité ». Mais solidarité sélective dans le grégarisme musulman et une compassion de vieille France disparue. Autre déception, mais relative, les prolétaires français musulmans ne votent plus majoritairement pour la gauche et s'abstiennent en général comme la majorité des ouvriers autochtones. Les ouvriers issus de l'immigration européenne (Espagne, Portugal, Italie) sont souvent nombreux à voter Le Pen.(p.222)
Guilluy rejoint mon idée que l'immigration ne peut plus être révolutionnaire du point de vue du prolétariat. La jeunesse de banlieue n'est pas attirée par des luttes sociales dévoyées par la « quincaillerie révolutionnaire » de la petite bourgeoisie (p.194 et suiv) : « On voit ainsi émerger une génération de jeunes entrepreneurs issus des quartiers de l'immigration. Libéraux, ils restent toutefois attachés aux valeurs traditionnelles qui leur permettent de préserver un précieux capital social et culturel. Loin très loin de la doxa traditionnelle de la gauche, les jeunes additionnent ainsi Macron et l'islam ». Les quartiers immigrés « produisent de la classe moyenne » plus que du prolétariat conscient et libéré des chaînes de l'idéologie religieuse. L'islam n'est-il pas devenu le meilleur remède anti-marxiste  au point de ringardiser tous les anti-communistes radoteurs professionnels mais qui adaptent leur piqûre de rappel hâbleuse12?

Je suis assez d'accord avec la conclusion, qui motive mon injonction au milieu révolutionnaire maximaliste de se renouveler face aux nouveaux aspects de la réalité des luttes de classes :

« Le crépuscule du monde d'en haut a démarré, il s'inscrit dans cette nouvelle lutte de classes entre une nouvelle bourgeoisie et un nouveau prolétariat qui n'a pas encore conscience de représenter une classe sociale potentiellement majoritaire ».
C'est pourquoi Macron a eu raison de reculer sur la question sociale. Les prolétaires sont plus sensible à une hausse du pouvoir d'achat du fric qu'à un ric de merde.

Pour notre part, place à la réflexion, il faudra dépoussiérer, réexaminer et laisser aux archives des fables disparues :
  • la grève générale (caricaturale et impossible)
  • la manifestation (gentrifiée)
  • la grève tout court (hyper corporative et non génératrice de conscience de classe)
  • la pérennité de l'aristocratie ouvrière (le grand mensonge de l'unité des travailleurs quand ils sont divisés et cloisonnés entre planqués, en effet, des services publics (jusqu'alors) et ceux du privés
  • la croyance à une chute automatique de la petite bourgeoisie dans le prolétariat
  • la croyance à un prolétariat « ouvrier » strictement révolutionnaire et seul
  • la fin de l'immigré automatiquement révolutionnaire
  • les esquives et mensonges de l'antiracisme et de l'antifascisme de salon.
  • Les conneries de Marx et Lénine, etc.

Pour une nouvelle élaboration des frontières (hic des limites) de classe ?



NOTES


1Déclaration au journaliste économique François Lenglet sur une chaîne d'info.
2J'aurai l'occasion de revenir sur la contribution de Guilluy, fondamentale mais avec des défauts, des répétitions et un manque de scrupules, ;ce qu'il croit découvrir, le rejet de la politique et de la morale des élites, il le doit plus qu'aux autres sociologues au mouvement maximaliste du XX ème siècle, que certains nomment maladroitement « gauche communiste », le mouvement germano-italien qui a été le plus novateur sur l'échec de 1917 sans être vraiment départagé. Des cinq ouvrages qu'il a publié, tous passionnants, le meilleur reste selon moi l'avant dernier – Le crépuscule de la France d'en haut – car dans le denier (No society) il a cédé à la mode et a abandonné le concept de classe ouvrière. Dans le crépuscule il se fait des illusions sur la compétence des maires, mais Macron a mis dans le mille en allant à leur rencontre.(p.149).
3Marx reste un grand auteur et acteur politique mais au niveau des préjugés et des goûts d'avenir il reste un petit bourgeois du XIX ème. J'y reviendrai, mais par exemple, il est insensé lorsqu'il repique le slogan des petits bourgeois utopistes (Saint Simon?) « de chacun selon ses besoins, à chacun selon ses capacités » pour tenter de définir l'état d'esprit communiste. Si la société devait satisfaire mes besoins, qui sont nombreux et pas forcément marchands, il faudrait qu'elle soit très généreuse et mes capacités je ne sais point si quelqu'un est capable de les identifier, ni moi-même. Quant à l'équivalence entre mes besoins et mes capacités c'est un vaste sujet philosophique que je n'entreprendrai pas ici.
4Voir le développement lumineux de Guilluy p.116 « Le crépuscule de la France d'en haut » : « Cette approche libérale, en apparence bienveillante, apparaît au contraire comme le moyen de conforter un modèle inégalitaire dans lequel les classes populaires n'ont plus leur place ». Et la citation fondamentale de Joan Robinson en exergue à ce texte.
5En lisant la suite on voit bien où le discours anti-fiscal de la couche petite bourgeoisie dominante des gilets jaunes trouvait sa source, dans l'argumentaire répétitif anti-ouvrier : « Cela n'empêche pas ces mêmes catégories d'expliquer à quel point les classes populaires, des ouvriers aux paysans, bénéficient de la solidarité nationale. Une solidarité qui ne serait pas possible sans le « matraquage fiscal » des classes supérieures » (cf. p.48).
6La mission ne lésine pas sur les moyens pour le confort des bobos parisiens, même ces constructions qui coûtent si chers, même si elles n'ont rien à voir avec une amélioration de la circulation : « Pour diminuer la pollution, la mission propose par ailleurs d’« achever l’installation de revêtements antibruit » afin de protéger immédiatement les riverains, et d’expérimenter des solutions de filtrage de l’air ». (...)Il ne s’agit pas seulement de diminuer le nombre de voies, et de remettre éventuellement les voies abandonnées en pleine terre. La mission propose aussi de planter des végétaux sur les parois, le terre-plein central ainsi que sur les murs antibruit du périphérique ». C'est finalement un retour à la nature très fasciste dans l'application municipale autoritaire comme dans le décor (Hitler aimait d'ailleurs être couvert de fleurs). L'article est de Denis Cosnard, désolé presque un euphémisme.
7Où les ouvriers, surtout noirs et maghrébins travaillent dans des conditions insupportables et forts risquées, deux morts la semaine dernière avenue du Général Leclarc.
8« Aujourd’hui, le taux d’occupation des véhicules sur le périphérique est très faible, environ 1,1 passager par véhicule, souligne le rapport. Il faut donc inciter aux transports en commun et au covoiturage » afin de réduire le nombre de véhicules. Encore faut-il trouver un voisin ou un pote qui veut bien rallonger son temps de trajet avec cette contrainte aléatoire de covoiturage !
9Lire les intéressants développements p.78 et suivantes. Guilluy a complètement prévu la révolte des gilets jaunes et sa durabilité, grâce à son analyse, parfois confuse, de la crise de la petite bourgeoisie, des flux migratoires et de l'insécurité culturelle. Il dénonce avec efficacité l'attaque idéologique de la bourgeoisie contre ses réels opposants de classe via « ostracisation et fascisation » de ses adversaires, autant nous d'ailleurs que les souverainistes. Voir aussi la falsification sur la crise du chômage p.92.
10L'idéologie « bougiste » de la petite bourgeoisie théorisée nota par le nomadisme d'Attali, prétend être la réponse au chômage et méprise les sédentaires qui « par leur refus d'être mobiles... s'enfoncent dans la précarité », ce n'est donc pas la faute au capitalisme mais aux ouvriers eux-mêmes et qui n'avaient pas à alourdir leur possibilité de « nomadiser » en faisant des enfants ! Quoique le modèle bougiste soit décrié par les bobos parisiens désormais car polluant, cher et chronophage (p. 231).
11« Un tour de passe-passe d'autant plus efficace que les catégories modestes, les ouvriers, les employés, les paysans ont depuis longtemps disparus des écrans radars des médias et de la classe politique ».
12Un certain Thierry Wolton avait récemment les honneurs du journal de Neuilly, Le Figaro, pour son ouvrage rassis « le négationnisme de gauche » où il nous ressort les vieilleries de Courtois et Cie, et surtout l'équivalence, le marxisme n'aurait-il pas produit l'islamisme ? Echantillon: « Le philosophe anglais Bertrand Russel remarquait déjà au début des années 1920 une ressemblance entre communisme et islamisme, notamment la même volonté de convertir le monde. N'oublions pas que la propagande communiste, très présente au XXe siècle, a développé des thèmes anti-occidentaux au nom de la lutte contre l'abomination capitaliste, et contre l'impérialisme. Cela a façonné des esprits, y compris dans des pays musulmans influencés par l'URSS, leur allié contre l'ennemi principal, Israël. La doxa communiste contre la liberté d'être, de penser, de se mouvoir, d'entreprendre, etc., se retrouve dans le discours des islamistes, présentée comme des tentations de Satan. En tant qu'idéologie totalitaire, le communisme cherchait à atomiser les individus en les arrachant de leurs racines sociales, politiques, culturelles, voire familiales, pour mieux les dominer, les contrôler. L'islamisme, lui, propose des repères, des codes, à des individus déjà déracinés sous la poussée d'une mondialisation dont les effets ont tendance à déstructurer les sociétés traditionnelles. La démarche est différente, mais le résultat est comparable ».

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