PAGES PROLETARIENNES

jeudi 18 avril 2019

LES CHIMERES DE MONSIEUR MACRON


"On ne pourra rien réussir dans notre pays en termes de solidarité si nous ne produisons pas davantage".   Macron (Allocution qui n'a pas eu lieu)

« Que veut cette maudite engeance,
Cette canaille à jupon noir ?
Elle veut étouffer la France
Sous la calotte et l'éteignoir ! »
Marseillaise anticléricale


MACRON CONTRAINT DE REVOIR SA COPIE...pas vraiment
L'appel de Macron à la « communion nationale » des curés et des laïcs après l'incendie « involontaire » de Notre Dame de Paris a certes fait ouvrir de gros portefeuilles de grands patrons, s'agenouiller des grenouilles de bénitier du RN face à la cathédrale moyenâgeuse à touristes et entraîné une émotion contrôlée sur la planète terre. Pas de quoi béatifier Saint Macron ni lui donner blanc seing pour sa politique d'agression sociale ni transcender ses ambitions européennes. La classe ouvrière et une bonne partie des couches moyennes se fichent de raquer pour l'impéritie et l'imprévoyance de cette oligarchie qui nous gouverne, pour les revenus de ses curés pour ceux de leurs généraux afin qu'ils président à la restauration de leurs reliques ridicules.

Le report sine die de la théâtrale conclusion du grandissime débat national puis le fuitage, à l'insu de son plein gré, du contenu péteux et opportuniste de la synthèse présidentielle annoncée comme « révolutionnaire démocratique », auront été le seul service que le bon dieu pyromane ait rendu au président des riches. Comme je l'ai déjà remarqué, Macron saute sur toutes les occasions pour « gagner du temps » face à une situation sociale plus tendue qu'explosive, plus au niveau du désarroi et d'une crainte diffuse de l'avenir. Il fait durer le suspense, même en se servant de l'imprévu, ce qui le fait passer pour un petit malin. Puis arriveront les élections puis la période vacancière et il pourra faire voter ses lois liberticides et anti-ouvrières... Quoique les lois passent et les présidents trépassent.

Contrairement aux sans-culottes bobos trotskistes et agités du bonnet mélenchoniens, l'ambiance n'est pas à une prochaine déflagration des luttes « de classe » ni à une remontée en puissance de nos ringards gilets jaunes. Un vent de pessimisme souffle sur les prolétaires en France, entend-t-on. Ils ne croient ni à une insurrection d'opérette des gilets jaunes obstinés ni à une révolution de la principale classe opprimée. Ils ont peur pour leur emploi, ce qui n'est pas un signe de combativité. Selon un sondage de deux sociétés d'études de marché, trois travailleurs sur dix craignent que la contestation bordélique des gilets jaunes aboutissent à des mises de clé sous la porte des petits employeurs. Selon mes sondages quotidiens aux caisses des supermarchés, chaque fois que je pose la question « vous considérez-vous comme prolétaire ou couche moyenne », employés ou ouvriers de passage, qui ne savent même plus que le mot prolétaire existe toujours, me répondent « couche moyenne ». Je n'en conclus pas que tous les ouvriers n'ont plus de conscience de classe, mais presque, et nos bobos gilets jaunes n'auront en rien favorisé une reviviscence de cette conscience de classe.

LA FOCALISATION SUR LE PERSONNAGE MACRON EST UN ENFUMAGE

Macron a bien cherché les coups de pied au cul, mais ce n'est pas lui qui décide, ni même le seul Etat français (cf. la comédie du Brexit intenable sous les désidérata de Washington, Berlin et Londres). Macron n'a cessé de dire qu'il avait entendu « les français » or tous les commentateurs étaient dans l'attente de sa « réponse aux gilets jaunes » comme si cette entité de révoltés à dominante petite bourgeoise était devenue une nouvelle représentation du « peuple », des « gens » (terme générique usité désormais par le particule PCF), vu que « la classe a disparu » des radars journalistiques.
Mamie et Fifi

Macron a été choisi par le Capital, ses banquiers et ses francs-macs pour appliquer un programme de restriction sévère des dépenses sociales, en gros de sous-payer et précariser les ouvriers, de faire les poches des retraités, des handicapés et des chômeurs qui coûtent trop cher à l'ordre bourgeois, et ne sont pas « productifs ». Le monstre Mammouth, auprès duquel les précédents politiciens s'étaient brisés les dents, telle était la première chimère à laquelle la bande à Macron s'était juré de s'attaquer, en particulier en haussant l'âge de la retraite de 62 à 64 ans ; ce que le patronat vient seul de promettre pour... 2028. On ne sait pas si la plupart des gargouilles et des chimères de Notre Dame de Paris ont été détruites, mais Macron croit encore préserver les siennes, et il s'en est inventée une autre, rénover la cathédrale abîmée en cinq années en guise de bénédiction pour un prolongement de son mandat, avec création développée d'un nouveau métier d'avenir : tailleur de pierre. Durant le Moyen Âge, la chimère symbolisait la tentation et les désirs irréalisables, après la tentation de casser des garanties sociales de plus d'un demi-siècle, instituées dès 1945 par De Gaulle et la CGT pour éviter la révolution en France, l'Etat bourgeois est contraint de constater ses désirs comme irréalisables dans l'immédiat.

Le discours éventé et évincé1 laisse transparaître deux reculs importants : pas question d'imposer abusivement ou sans concertation les « couches moyennes » (comprenez : la partie haute de celles-ci, ces singes de la petite bourgeoisie qui soutiennent le capital et l'Etat), quant à la partie basse (la classe ouvrière) on lui jettera encore des miettes (reconduction des primes GJ) ; enfin gel de l'allongement du départ en retraite et la réindexation sur l'inflation des petites retraites. Un RIC local et la suppression de l'ENA ne seraient que gadgets dérisoires pour nous chanter l'égalité des chances citoyennes et scolaires... mais pas sociales2.

Un entregent du lilliputien PCF?

Pas besoin de l'avis des petits rigolos Drouet et Nicolle pour savoir que ces reculs sont autrement plus importants que les pinaillages sur le chimé...RIC, cette chimère à Gilet jaune comme dirait Viollet-Leduc. Ces questions n'ont jamais été prioritaires dans la mouvance gilets jaunes avec leurs jérémiades de petits coms et ce ridicule RIC petit suisse. Par contre l'Etat, via Macron, prend des mesures qui concernent avant tout la vraie classe dangereuse, la classe ouvrière, pas le petit monde éparpillé des bobos gilets jaunes. Si l'Etat ne réagissait pas en temporisant, ce n'est pas la fumée des derniers gilets jaunes qui viendrait l'inquiéter mais une classe qui, elle, est frappée sans avoir pour souci un lendemain écologique meilleur et une « fiscalité juste ». C'est la gauche bobo qui tente de mêler à nouveau à la question sociale l'escroquerie écologique capitaliste. Au capitalisme rajeuni et vert dont rêvent une poignées de bobos en gilets jaunes, vient s'ajouter la protestation des particules de gauche contre la rétention d'argent dont se rendrait coupable l'Etat et les riches. Le scandale ne serait plus qu'une mauvaise répartition de l'argent. De LO aux tronches gilets jaunes : « de l'argent il y en a » ! La preuve : ces salauds de riches qui crachent tant au bassinet pour les curés ! Et pourquoi ne le donnent-ils pas aux « gens » ou aux « travailleurs » ? Hein ? 



C'est aussi ridicule et utopique que les lamentations pour le RIC, il n'y aurait de toute façon pas assez d'argent dans les poches des riches s'il fallait payer correctement les millions de prolétaires. De même la fixette de la gauche disparue et ses morts-vivants sur l'ISF tente de nous convaincre que le capitalisme pourrait n'être plus un cauchemar. Alors il faudrait croire à la révolution « plus d'argent et on sera heureux » ! La révolution comme « argent juste » !? Le fameux « des sous » de la CGT des 70. Comme prolongation de « l'argent fait le bonheur »... des anciens exploités devenus consommateurs et rien d'autre. Une société avec plus de sans dents mais des gros bides.

LES GILETS JAUNES CANDIDATS AU REMPLACEMENT DES SYNDICATS ?

En se pérennisant sans abandonner ses revendications les plus réactionnaires, devenant "permanents", hebdomadaires quoique plus aléatoires que les messes syndicales, les bandes de gilets jaunes viennent occuper la place des vendeurs de chimères disparus, ces pauvres appareils syndicaux appointés par l'Etat pour garantir la paix sociale à Neuilly et le sommeil à l'aristocratie ouvrière. Ses pantins les plus en vue posent d'ailleurs, avec la complaisance du Journal du Dimanche, aux lanceurs d'alerte sociale à la façon des bonzes syndicaux au point qu'on se demande si moustache Martinez de la CGT n'est pas devenu représentant gilet jaune et les ex-vedettes en jaune une copie de délégués syndicaux en représentation. Avec cette tunique de rois de la contestation ils rendent un fieffé service à Macron dans la durée en focalisant rejet de leur confusion, de leur inaptitude politique et de l'arrivisme de leurs "tronches". Mais la concurrence va s'avérer rude. Comme l'a signalé mon ami Xavier dans l'article précédent, on va voir éclore toute une série de compétiteurs, plus ou moins violents et imprévisibles, comme "Extinction Rebellion" de la noria bourgeoise écologique où d'autres bobos prétendent "éveiller les consciences" hors de toute conscience de classe et surtout anticommunistes de première. Examinons tout de même les derniers feux follets de leurs vedettes.
Réaction de nos nouveaux bonzes en jaune : « "Encore de la com', pendant ce temps-là rien de concret". "Rien sur les 80 km/h, ni sur le prix de l'essence, tout ça est totalement ridicule". C'est du niveau revendication ultra-corporative de la boite en grève du coin.
Drouet, à la manière de Benito, a mis en garde le gouvernement pour le possibles représailles lors de l' « ultimatum II ». Il se prend pour qui le routier avec sa maman ? Fin mars, cet olibrius appelait Emmanuel Macron et Christophe Castaner à se "préparer". On retrouve la même faconde néo-syndicale dans le langage de Fly rider, casquette à l'envers. Depuis son poste télé, pardon sa vidéo, Maxime Nicolle a martelé. "L'instauration du référendum d'initiative citoyenne n'est pas négociable", disant avoir "lu que le RIC pourrait être accepté sous une forme locale" seulement. « Ce RIC, il doit être fait pour que les déboires, les excès et les écarts de ceux qui sont en politique s'arrêtent », a-t-il précisé, oubliant que même un crs de base pouvait se foutre de sa gueule. Priscilia, après avoir fait route commune avec Chouard, a reproduit un article se moquant de la déclaration fuitée de Macron ; elle nous écrit qu'il faut participer à la création d'une "assemblée citoyenne" depuis qu'elle est membre de "gilets citoyens". Sera-t-elle le Pouget du XXI ème siècle ? mais version petite bourgeoisie démocratique citoyenniste-moyenniste!

DES ASSEMBLEES EN VEUX-TU EN VOILA !

Cette histoire d'assembléisme depuis Commercy commence à me plaire ! Un tas d'observateurs naïfs et de militants gauchistes intéressés se sont rabattus sur ces tentatives de sortir de l'action sans tête pour croire en une pérennité légitime du mouvement des gilets jaunes trouvant enfin une expression « organisée ». Le problème est que cela fait aussi mystérieux que les Dalton Drouet, Nicolle et Rodriguez font bilieux pas sérieux auprès du public en général, et je n'use pas du terme opinion de mon point de vue.
Ce truc est devenu une passoire à récupération trotskiste se calquant sur une mouvance anar dite ultra-gauche spécialiste de l'émeute en kit. Au milieu du ringard discours creux grève-généraliste, le NPA consacre des pages à noyer toute réflexion de classe ou éventuelle embellie d'un mouvement petit bourgeois vers un ouverture prolétarienne, à coller dessus les revendications écologiques (marcher pour le climat!), à y coller les grèves en cours (hôpitaux) ; il appelle les gilets jaunes (ce qu'il en reste) à jouer le rôle de la « locomotive » (image sacrée trotskienne) de la foultitude des revendications bourgeoises et corporatives des bobos organisés3. Cette présence envahissante signe déjà la mort de toute organisation autonome ou même simplement prolétarienne. En fin ces assemblées font peur, qui esdt qui ? C'est quoi ces machines ? J'ai déjà dit que les prolétaires se méfient des lieux de palabres en général où excellent les parleurs militants et les moutons à l'applaudimètre ; c'est pourquoi les manifestations étaient rassurantes dans un premier temps : l'action pas le blabla avec la magouille habituelle des sectes politiques !

En marge, un Robert Paris, de formation LO, avait même créé un journal numérique « Le gilet jaune insurgé » qui donnait tous les conseils en kit pour transformer une révolte de consommateurs et révolution bolchevique, puis a disparu. Sur son site « Matière et Révolution » il continue à étaler ses illusions sur l'aboutissement du mouvement en gilets jaunes, en croyant pouvoir le driver vers la vraie révolution de classe avec cette stratégie verbale éculée et ringarde typique de l'école trotskienne caméléoniste, reprendre ou répercuter les slogans les plus creux, voire lamentablement jacobins ou populistes, et ridicules et d'un autre âge :
  • Debout les forçats de la faim !
  • Imposons le bien-être social ! (formule stalinienne des années 1950)
  • Marre des inégalités sociales et de la pauvreté !
  • Nous décidons de rien nous voulons décider de tout, voilà le chemin de la démocratie pour le peuple travailleur !

Le compte-rendu du déroulement de ces assemblées en province par le NPA par la façon de commenter l'organisativite néo-stalinienne, avec ce langage bien connu du trotskisme organisé, ésotérique, hâbleur et conquérant, a tout pour faire fuir tous ceux qui veulent bien se battre mais en tant que prolétaires maîtres de leur destinée et avec en tête la conscience claire qu'il faut virer le capitalisme et pas croire qu'on peut le guérir :
«  Sur bien des thèmes abordés, dont la structuration du mouvement elle-même, l’appel final de l’Ada a reculé devant cette affirmation pour renvoyer les Gilets jaunes aux discussions dans leurs assemblées locales. Cette assemblée de Saint-Nazaire n’en a pas moins joué le rôle d’une direction démocratique en situation d’impulser des suites pour le mouvement, dont la fixation de dates de mobilisation et l’accord pour se donner une expression publique au nom de celui-ci. Dont les médias se sont faits le relais ».

Vous y allez vous à la prochaine ? Moi pas. C'est dans la lutte réelle comme classe, pas comme agglomération de couches indistinctes à la merci de déclarations impromptues d'olibrius sans principes et... sans classe, que se pose la question « comment s'organiser ». Là c'est mort, ce ne sont que des has been qui se jouent la comédie du grand soir autour du brasero du rond-point que Mélenchon appelle à réinstaller partout, espérant devenir le nouveau Drouet de la « justice électorale ».



NOTES

1«Rien ne sera comme avant.» La porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye avait donné le ton si bêtement, celui d’une promesse de changement radical. Le chef de l’État devait annoncer des mesures «puissantes et concrètes», selon Édouard Philippe. La presse bourgeoise s'est divisée autour du « fiasco » avec tout un tas d'hypothèses farfelues:RTL aurait vendu la mèche, les autres auraient suivi, comme quoi la presse bourgeoise serait indépendante de l'Etat (qui la nourrit). Plus comique est la TV la plus servile BFM qui, la veille, déplorait une fuite irresponsable et louait la pondération religieuse du président, puis laissait le laquais Neumann expliquait le machiavélisme du chef : « "Cela arrangeait l’Elysée, je ne crois pas au piratage. L’allocution est mort-née à cause de l’incendie mais il fallait quand même faire sortir les idées pour voir comment les oppositions réagissent, comment l’opposition et le peuple se positionnent et à partir de là on passe à la phase suivante, histoire de ne pas perdre complètement l’effet des annonces même si on a perdu l’effet de souffle d’une allocution solennelle ». Je doute de l'effet de souffle d'une montagne de bla-bla qui accouche toujours d'une souris. Par ailleurs, plus drôle encore si on veut, certains supposent que l'écologie négligée pourrait l'emporter sur le parti présidentiel, ce qui est une autre souris à bobos qui fait de plus en plus pitié même aux couches moyennes.
2Je ne résiste pas à citer ce commentaire éclairant qui montre qu'il vaut mieux un incendie de cathédrale qu'un incendie social : « C'est une marche dans le brouillard, des mesures pour "occuper" l'esprit, noyer le présent, gagner les Européennes en anesthésiant le raisonnement, grâce aussi à ce terrible incendie de Notre-Dame qui sidère, pour se conforter. Toutes ces "mesures" sont pour le futur, restera la réalité : les augmentations des charges, taxes, amendes, nouvelles réglementations enchérissant la vie courantes, que supporteront les plus fragiles, les plus vulnérables de la classe moyenne "inférieure"... et l'impossibilité pour celle-ci de se faire vraiment entendre... C'est la technique du pouvoir anesthésiant. Aujourd'hui on est soudain plus français, l'art français existerait donc... on le découvre au bon moment grâce à ce tragique incendie ».
3« Les lumières fluo des Gilets jaunes restent les phares de la contestation ».En route vers une « semaine jaune » . « Pour la suite du mouvement, beaucoup de dates ont été discutées, s’étendant sur plusieurs semaines voire plusieurs mois. Macron a du souci à se faire ! Un temps fort est d’ores et déjà prévu à l’occasion d’une « semaine jaune », celle du 1er Mai. Elle devrait notamment se traduire par la présence de Gilets jaunes dans les cortèges du 1er Mai : rendez-vous est pris ! D’ici là, nombre de présentEs à Saint-Nazaire et plus globalement de Gilets jaunes convergeront à nouveau dans la rue à Paris, le samedi 20 avril, à l’occasion d’une montée nationale ». 
Retaper la gauche stalino-bourgeoise nationaliste en jaune?

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