PAGES PROLETARIENNES

vendredi 23 mars 2018

LES « INVISIBLES » VONT-IL REUSSIR LA OU LES COMMUNISATEURS ONT ECHOUE ?



« Père, gardez-vous à droite, Père, gardez-vous à gauche »
Philippe II Le Hardi (Bataille de Poitiers 1356)

Des épiciers littérateurs anarchistes remis en vedette1 et un drôle de calendrier pour une grève bizarre, perlée, en pointillé, inventée par les zèbres des syndicats gouvernementaux.
La grenade est factice...comme le livre!




COMITARDS INVISIBLES : LES AVENTURES SURNATURELLES ET ZADISTES DE CONCOMBRE MASQUé


« Seulement voilà : le capital s'est emparé de chaque détail et de chaque dimension de l'existence. Il a fait un monde à son image. D'exploitation des formes de vie existantes, il s'est mué en univers total. Il a configuré, équipé et rendu désirables les manières de parler, de penser, de manger, de travailler et de partir en vacances, d'obéir et de se rebeller qui lui conviennent. Ce faisant, il a réduit à bien peu la part de ce que l'on pourrait, en ce monde, vouloir se réapproprier ».2
Dans un texte anarchiste on peut toujours trouver quelques idées pointues, des remarques si pertinentes qu'on les a forcément déjà lues ailleurs. La déshumanisation et l'instrumentalisation des êtres humains par le capitalisme moderne est déjà bien ancienne. Mais c'est sur le plan politique que cette protestation verbeuse contre la mauvaise vie que nous fait subir le capitalisme foire dans un raisonnement qui se veut mystérieux d'un savoir caché qui mène à la révélation du « véritable ennemi », non pas le politicien ni le syndicaliste gros bras, mais un type « en armure ». Nos tarnaciens étaient il y a peu encore férus de Goldorak. La plume d'oie, sous-Debordienne, Concombre masqué, méprise ces « amateurs de ces processions funèbres nommées « manifestations » (goûtant) le plaisir amer d'être toujours défaits (…) avant de rentrer sagement dans leur car »... « car : « Dans l'affrontement de rue, l'ennemi a un visage défini, qu'il soit en civil ou en armure », c'est bien sur LE FLIC. Car l'émeute est incandescence, elle crée des liens « vivants et irrésistibles » (pour la prochaine garde à vue?). Ne pas se laisser troubler par les images de violence, car « ceux qui s'y arrêtent » (…) « ratent tout ce qui se joue dans le fait de prendre ensemble le risque de casser, de taguer, d'affronter les flics ». Car : « on ne sort jamais indemne de sa première émeute ».
Vous ne lisez pas un quelconque manuel de gros lycéens attardés mais bien le second manifeste redondant de quadras épiciers en province et pourfendeurs du principal ennemi capitaliste : le flic. Le précédent, pronostiquait « l'insurrection » qui venait mais qui n'est pas venue. Alors nos éternels potaches de taper du pied : « maintenant » ! ouais !
Ne voulant pas être compté à la remorque des défilés syndicaux traîne-savates, Concombre masqué, au nom de ses potes et potesses se flatte d'être des représentants, certes invisibles, de « jeunes encapuchonnés qui défient la police », quoique à ce sujet comme leurs ancêtres ploum-ploum ils sont toujours eux aussi, comme les manifestants pépères, « nassé » en fin de parcours ou en circulaire comme lors de « l'humiliante ronde autour du bassin de l'Arsenal (…) belle manœuvre de démoralisation menée conjointement par les centrales (?) et le gouvernement ».3 C'est piteux pour le mouvement ouvrier mais pas pour nos ardents invisibles qui n'hésitent point à arborer le ton léniniste ou plutôt le coup de menton du rejeton donneur de leçon : « L'émeute, le blocage et l'occupation forment la grammaire politique élémentaire de l'époque ». La référence de l'émeutier en kit reste donc 1968. Le tag brille à nouveau au fronton de l'abribus ou sur l'arête de la vitrine explosée de la banque du coin : « je pense donc je casse ». Fabuleux : « depuis 1968, les murs n'avaient jamais vu une telle liberté d'esprit ».
Et Concombre de nous citer le plus grand poète de tous les temps Pierre Peuchmaurd, dans son « Plus vivant que jamais » recréant le fumet des barricades. Peuchmaurd n'est pas cité intégralement mais je peux vous en livrer deux extraits, conformes à la « liberté de casser » de ses fans tarnaciens et le romantisme de la « guérilla urbaine » ; quand bien même Peuchmaurd nous faisait déjà pisser de rire l'époque :
  • « ce jeune homme donc se montre plus lucide que les politiciens rassis : « Samedi 25. On a peine à y croire. Même nous. Oui, même nous. L’aube, ce 25 mai, est fasciste.
  •  L’autre erreur est de ne pas avoir su nous libérer à temps du mythe de la barricade. Une barricade ne tient pas devant les grenades, Gay-Lussac aurait dû nous l’apprendre. Il fallait, dès cette nuit, généraliser la guérilla, multiplier les offensives et, très tôt, nous n’avons plus mené qu’un combat défensif. »
Et tous ces généraux d'opérette d'invoquer une répétition de la Commune de 1871 qui fût autrement dramatique et qui n'avait rien à voir avec nos impulsifs barricadiers des quartiers bourgeois4.
Puisque le communisme est « retour à la terre », et sa transition les ZAD de marginaux, comment fait-on pour prôner l'insurrection à chaque manif syndicale où il n'y a ni paysans ni bouseux hippies ? Comment est-il possible de traîner ses guêtres, on plutôt son sac à dos Décathlon avec cagoule et baskets, derrière une race disparue ? Qui inquiète tant les gouvernements et qui fait l'objet de tant d'attentions, pour ne pas dire de manipulations tous azimuts ?
Peu importe, le travailleur a disparu. L'antienne était défendue depuis des lustres par les communisateurs disparus5. L'invisible rédacteur les a plagiés sans risque de faire scandale :
« On a tendance à l'oublier, mais il y a un bon siècle de cela, un candidat s'est présenté pour tenir lieu de forme de vie universelle : le Travailleur. S'il avait pu y prétendre, c'est à la suite du grand nombre d'amputations qu'il s'était imposées – en termes de sensibilité, d'attachements, de goût ou d'affectivité (…) le candidat traîne, depuis lors, sans savoir où aller ni que faire, encombrant péniblement le monde de sa gloire révolue. Du temps de sa splendeur, il avait des groupies de tout bord, nationalistes ou bolchéviques voire nationaux-bolchéviques ». Que déduire de tant de mépris aristocratique de clochards avinés ? Rien que cette connerie de phrase qui suit : « Nous observons de nos jours une explosion de la figure humaine ». Comprenne qui pourra, mais la logique et la démonstration révolutionnaire de notre invisible plumitif sont aussi éclairantes que brouillard et brume réunis.
Qui remplace donc ce travailleur disparu ? « L'appauvrissement organisé des subjectivités » ? (ouaf ouaf!) les « témoins de la perspective tenace » ? (hé hé!) Ou bien cette « résurgence des formes de vie » mais résultant de la « fragmentation de l'universalité ratée du travailleur ». (dur dur!)6. Mais voilà que tout s'explique par cette fragmentation, dont celle de la CGT qui, en province, a magnifiquement rejoint zadistes et « autres incontrôlables ». Chose qui « doit inquiéter le gouvernement au plus haut point »7.
Remplaçant le désuet combat de classe, l'occupation zadiste est la fragmentation « qui pointe vers ce que nous appelons « communisme » : c'est le retour sur terre », donc en occupant les terres reprises au capitalisme ! Suffisait d'y penser pour être vraiment communiste !
Que propose notre concombre masqué face à la bulle navrante du smartphone dans « la foule solitaire sérielle des transports en commun (…) une bulle qui immunise contre tout contact, en plus de constituer un mouchard absolu » ?
  • « S'organiser véritablement n'a jamais été autre chose que s'aimer ».
Une argumentation tarnacienne à mourir... de rire ! Avec cette autre recopiage de nos pauvres communisateurs : « Le communisme est le mouvement réel qui destitue l'état de choses existant ».8
En attendant, la fin du travail prônée comme solution par nos trimards d'épicerie provinciale et architectes des cabanes bambous à zadistes confirmés, il suffit « d'être présent au monde » et de vivre on ne sait comment9. Depuis une cabine de la ZAD, en cageot et ficelles, il faut préciser : « Nous ne pouvons avoir recours à des structures qu'à condition de les trouer »10. Les murs en carton de la cabane zadiste ? Car, tout est dans les mots et la radicalité dans le vague total : « La seule mesure de l'état de crise du capital, c'est le degré d'organisation des forces qui entendent le détruire ».11


LA POLICE, VOILA L'ENNEMI !



Avec le chapitre « Tout le monde déteste la police », concombre masqué va enfin trouver son rythme de croisière lycéenne. Certes on sait qu'Orwell a écrit un jour : « le premier ennemi auquel fait face l'ouvrier, c'est le policier ». Orwell n'est pas forcément un grand penseur de la société, mais ce qui est comique c'est que notre tarnacien de service reprend l'idée sottement réductrice après l'avoir fait taguer sur un mur de son chapitre. La police, comme la justice, du point de vue marxiste, sont des institutions de maintien de l'ordre bourgeois, voire de terreur si le prolétariat se fait menaçant. Ce n'est pas du tout l'acception du gauchiste tarnacien. Le cri de ralliement anti-flic primaire, « difficile à faire comprendre à un marxiste », se base sur « l'assassinat de Rémi Fraisse » et le « viol de Théo »12, slogan qui a été magnifiquement repris par : « des « jeunes » des banlieues à la face des cadors en uniforme qui les toisaient depuis une passerelle métallique changée en mirador ». Matez au passage l'imagerie antifa ! Lorsque suit une histoire de la police, c'est un bla bla insipide de merdeux cagoulé qui ne voit plus en face de lui qu'un autre cagoulé, mais CRS responsable de la Constitution et des lois (ce qui est osé vu le niveau intellectuel moyen des CRS) avec les habituelles pirouettes creuses : « Ainsi la police veille à un ordre apparent qui n'est intérieurement que désordre. Elle est la vérité d'un monde de mensonge, et par là mensonge continué ». Mais il y a interprétation plus imbécile deux pages après :
« La corporation policière a compris, quoique lentement, qu'elle était devenue la condition du gouvernement, son kit de survie, son respirateur ambulant. Si bien que leur rapport s'est inversé. CE sont les gouvernants qui sont désormais des hochets entre les mains de la police. Ils n'ont plus d'autre choix que d'accourir au chevet du moindre flic égratigné et de céder à tous les caprices de la corporation »13. Un tel raisonnement farfelu peut gonfler d'honneur le débile encagoulé qui ne rêve que de buter un flic14 mais ne change rien au fait que la police n'est et ne restera qu'une force d'exécution tant que durera l'Etat bourgeois. Il faut noter tout de même la stratégie des médias gouvernementaux qui consistent à généralement ridiculiser la police (en soufflant à l'élite policière : ne vous inquiétez pas, c'est la piétaille qu'on vise!), même quand elle a fait « son boulot » proprement, et la « justice » - sans doute pour éviter des émeutes – inculpe toujours un policier qui fait usage de son arme alors qu'il est en train de se faire lyncher par 50 racailles.
La police menacerait la société de son « autonomie politique » ; combien de joints a donc fumé concombre masqué pour écrire cela ?15 ;
Mais attention, vous croyiez avoir compris que la police avait le rôle « politique » dominant, pas du tout c'est plus compliqué, et il faut entrer dans le corps à corps :
« Viser un uniforme avec un pavé, ce n'est pas la même chose qu'entrer dans un corps à corps avec une force armée » (Concombre parle d'expérience) (…) La police est une cible et non un objectif, un obstacle et non un adversaire. Qui prend les flics pour adversaire s'interdit de percer l'obstacle qu'ils constituent. Pour arriver à les balayer, il faut viser au-delà. Face à la police, il n'y a de victoire que politique. Désorganiser les rangs, la dépouiller de toute légitimité, la réduire à l'impuissance, la tenir à bonne distance... ».
En réalité la nuance n'est pas bien épaisse. On est en pleine émeute, faut tabasser ou buter les flics, voir les transpercer pour voir à travers la vérité... politique. Le mystère tarnacien a quelque chose de kabalistique, c'est du flan quoi. Et de nous citer la pensée profonde, quoique bornée, du plus grand poète de 1968 feu Peuchmaurd (qui est mort depuis) : « En l'absence de parti révolutionnaire, les vrais révolutionnaires sont ceux qui se battent contre la police »16.
Les forces conspiratives des invisibles sont très puissantes, la preuve aucun gouvernement ne peut se permettre de faire tomber militairement la ZAD, l'opinion désapprouverait : « Il s'agit donc de tenir ensemble une capacité de diffusion de masse et un nécessaire échelon conspiratif ».17
Puis c'est l'exemple de la guerre en Syrie, « comme des anciens maquis »18, comme il a eu pour modèle le roman policier (p.125) ou Nuit debout quoique avec des imperfections, mais aussi l'auteur de la Vie secrète des arbres, où « les arbres se parlent » et n'ont pas besoin de smartphones eux !
Concombre est plus radical que le communisateur Robert Kurz (« marxiste pontifiant ») : « La question du communisme se pose aussi bien dans chacune de nos existences infimes et uniques, à partir de ce qui nous rend malades ». Yldune a dû mettre son grain de sel « pour la suite », il était crucial que l'on sache : « Le mot « vie » en hébreu est un pluriel comme le mot visage ». Un peu de culture (mystérieuse) en passant ne peut pas faire de mal au morveux enfiévré qui lit avidement ce brouet. Mais que la fin est minable, tout ce discours chaotique et accablant de bêtise pour nous livrer une perspective, certes très zadiste, mais artisanale, hyper individualiste et hédoniste, reprise à une variété de communisateur un certain Müller : « Ce qu'offre en revanche le communisme, c'est la solitude absolue. Le capitalisme n'offre jamais la solitude mais toujours seulement la mise en commun (…) Il y a le cliché du communisme comme collectivisation. Pas du tout ; le capitalisme c'est la collectivisation (…) Le communisme c'est l'abandon de l'homme à sa solitude. Devant votre miroir le communisme ne vous donne rien. C'est sa supériorité ».19 Ce communisme de farfadet je le conchie.
Après les grands ensembles voici les petits ensembles des marginaux sans classe et sans fratrie : « La seule chose qui soit à même d'unir transversalement l'ensemble de ce qui déserte cette société est un parti historique, c'est l'intelligence de la situation »20.
La situation... Concombre masqué est infoutu de la lire, malgré sa prière insurrectionnelle, et d'intelligence il n'a point. Les communisateurs n'auront donc pas d'héritiers mâles, la famille des zozos et des zadistes sera bientôt en voie d'extinction.


SUR LE PROCES EN COURS


Au début de l’Affaire de Tarnac j’avais pris position en faveur des victimes de la « machination policière », contre les doctes frileux dénonciateur du terrorisme, gauchistes et ultra-gauches.
J’ai en même temps démonté petit à petit le délire idéologique des anarchistes verbeux (et dans mon livre The end), puis lassé de leur pipolisation je suis retourné à la position du milieu maximaliste : pas de soutien à l’Etat bourgeois ni aux petits bourgeois anarchistes… qui s’en tirent toujours ; comme le confirme leur béatification présente par le chœur des serviteurs de la gauche au pouvoir, et même les Besancenot et autre pétitionnaires qui les daubaient hier encore.
LE MONDE du 15 mars a constitué tout un dossier , plutôt flatteur et servile, à cette mouvance zadiste (alors que le ton est nettement plus diffamatoire contre les cheminots, comme l'avait été l'ignoble Alferd Grosser lors de la grève de 1986). Un certaine Nathalie Quintane, écrivaine paraît-il, nous indique que les gauchistes sont désormais plus cultivés (« Une partie de l'extrême gauche lit davantage de littérature ») ; c'est vrai que le sensibilités sont dosées : Besancenot s'occupe des couches plus lettrées quand Poutou s'occupe de cibler sur les mains calleuses. Mais l'écriture tarnacienne quelle jouissance : « ET l'avenir leur a donné raison. Leur essai L'insurrection qui vient (2007) a eu un effet social certain, en particulier sur les jeunes générations. J'ai rencontré pas mal d'ex lycéens qui se sont « politisés »en le lisant et qui ont un usage autre que simplement esthétique de cette prose-là. Il y a une efficacité indéniable de ces livres, de ces choix d'écriture ». C'est très grave docteur !
Deux autres auteurs nous enseignent : « En revanche, psychologiquement, une forme sophistiquée d'anarchisme est un avantage-clé, non pur survivre mais pour superformer. Refuser les règles extérieures, pour façonner puis imposer sa propre norme ».
Déjà acquis à la secte tarnacienne ?
Sous le titre : « Le comité invisible, dix ans de subversion », un certain Nicolas Truong nous apprend qu'il y a à boire et à manger pour tous dans la pitance littéraire tarnacienne, ainsi on peut trouver le saltimbanque manouche Marcel Campion comme le talmudiste Ivan Segré (ce qui explique sans doute le culte du secret ésotérique chez Concombre masqué. Ce même talmudiste a publié « l'une des analyses les plus élaborées du livre « décolonial » de Houria Boutelja, porte-parole du parti les indigènes de la République et auteure de Les Blancs, les Juifs et nous : vers une politique de l'amour révolutionnaire. Une solide armature théorique – Foucauld, Deleuze, Debord... Agamben et une connaissance aiguisée des mouvements émancipatoires du siècle dernier... ».
C'est archi faux, ils ne connaissent rien du véritable mouvement révolutionnaire porté par les fractions de gauche bolchévique, allemande et hollandaise, dont ils n'ont disposé que par la théorie light et néo-trotskienne de S ou B. Je ne résiste pas à vous resservir un soubassement de type militariste de nos tarnaciens, déjà analysé dans mes précédents articles qui à la relecture me paraissent inutilement véhéments.
Biberonnés à l’idéologie antifasciste de la Résistance nationale et au mythe de la révolution espagnole comme avant-garde de la destruction du nazisme, nos épiciers d’un gauchisme ringardisé exhibent leur ignorance des tenants et aboutissants de la grande mystification du XXème siècle en l’érigeant en modèle d’engagement : « Ici, gober le bobard est le prix à payer pour notre confort moral. En d'autres temps, on n'aurait pas attendu pour monter des brigades internationales de volontaires auxquelles auraient participé de futurs George Orwell, et c'est bien sûr de ne l'avoir pas fait que nous avons, en lieu et place, des Brigades Al-Nosra et des otages ». Ah le beau conte gauchiste récurrent des "brigades internationales" ces cocus de l'antifascisme embrigadés volontaires en Espagne pour se faire encadrer par chefaillons staliniens et anarchistes dans les prolégomènes de la future guerre mondiale impérialiste! Le cinéaste trotskien Ken Loach avec "Land and Freedom" a bien montré, par devers lui, que cette guerre d'Espagne ne fût qu'une sinistre préparation à l'embrigadement des esprits enfiévrés et grugés par une révolution qui avait très vite tourné court... les braves anarchistes qui avaient accourus apprirent surtout à marcher au pas et surtout à bannir les assemblées délibératives... Quant à Orwell, bel exemple d'épiciers ignorantins, il faudrait nous expliquer pourquoi il collabora avec les services secrets anglais et défendit l'impérialisme britannique durant toute la guerre...
Selon nos épiciers anarchistes, sans leur père protecteur papy Hazan (blanquiste maoïste), les « jeunes de 15 ans » ont un bon fond, mettre fin au massacre en Syrie. Soit, MAIS AU SERVICE DE QUI ? De l’impérialisme américain qui finance tel ou tel gang djihado-mafieux ? Au nom du chef de bande mercenaire Mahomet ? Au nom du petit ergoteur de la finance française Hollande ?
L’inanité et la nullité politique d’une telle dénonciation morale de l’idéologie antiterroriste n’est en fait qu’une nouvelle apologie de la guerre rédemptrice qui affabule à son tour sur le mensonge déconcertant des médias sur la volonté de certaines grandes puissances de mettre fin aux massacres contre les salauds Assad et Poutine comme s’il dépendait de tel ou tel impérialisme rival de faire cesser meurtres et viols, comme s’il fallait gober ce militarisme post-colonial « humanitaire » qui prétend mettre fin à des barbaries triviales entre cathos et musulmans ou entre « tribus » primitives. Comme en 1914 l’anarchisme révèle sa capacité à choisir un camp, de préférence dominant et le plus mystificateur ; hier c’était la défense de la « patrie socialiste », aujourd’hui c’est « l’ingérence humanitaire » au nom d’Allah ou de la démocratie.


DROLE DE CALENDRIER POUR ENCADRER OU DEBILITER UNE BIZARRE GREVE PERLEE ou déjà foireuse


Clémentine Autain, députée mélenchonienne s'est félicité qu'un média « indépendant » Médiapart ait signalé à la terre entière la mise en examen de Paul Bismuth, autrement nommé Sarkozy. Le gus serait confronté à des preuves accablantes de sommes faramineuses fournies par ce pauvre Kadhafi exécuté si sauvagement, pour gagner les élections démocratiques en France. Dans combien d'années Macron sera-t-il condamné pour avoir perçu lui aussi, mais des mains propres de la finance internationale, de quoi remporter peu brillamment la place de premier édile du mensonge démocratique ?
Pour l'heure, on peut s'interroger sur le calendrier du mur des cons magistrats gauchistes, eux aussi dits indépendants, alors qu'ils travaillent exclusivement aux ordres des gouvernements successifs et comme Médiapart, main dans la main avec la police : au même moment on remet le couvert pour les tarnaciens + Paul Bismuth. Bizarre, vous avez dit bizarre ?
Pour la bataille du rail il faut du numérique en technicolor. Pour l'apéritif on a déjà programmé le procès des « invisibles » tarnaciens, qui ont pour principal tort de se moquer de la police et des magistrats, ce qui n'est pas bien déontologiquement, mais les concombres démasqués peuvent servir d'aimables repoussoirs aux « responsables syndicaux » qui restent prêt eux aussi à leur mettre sur le dos toute manifestation violente ruant dans les brancards syndicaux, voir à assimiler les ouvriers révoltés au discours potache d'insurrection de papier de la clique à Coupat et de leurs groupies. Quoique les ouvriers et employés en aient marre eux aussi des manifs traîne-savates, comme on l'a vu ce jeudi 22 mars, cortèges clairsemés, parsemés de militaires syndicaux avec le fanal de leur boutique. Heureusement que les « perturbateurs » (on n'ose plus les nommer casseurs) ont pété des vitrines et nargué la police en uniforme sinon personne n'aurait parlé de ces défilés.
La mise en garde à vue puis en examen spectaculaire de l'ancien président de droite « corrompu » vient à point pour parfaire le décor qui semblait jusque là réservé à une série d'attaques culottées contre la classe ouvrière. Attaque frontale contre les cheminots tout en leur promettant la vaseline, chasse aux chômeurs en invoquant leur refus répété de n'importe quel job, attaque massive des retraités tout en promettant d'en épargner cent mille, vraiment fauchés comme l'a reconnu humblement le premier commis de Macron. La mise aux fers de Sarko vient signifier que si appel est fait aux sacrifices des « privilégiés » du rail ce n'est pas pour simplement complaire aux puissants puisque l'un d'eux sera en cabane, même brièvement. L'Etat macronesque et révolutionnaire frappe donc à gauche et à droite, n'est-ce pas là une preuve de son impartialité, de son « indépendance » des classes, de sa magnanimité et de son amour pour tous les citoyens, misérables ou impuissants ? En même temps la fraction de droite est muselée face à toute remontrance de sa part sur une éventuelle incompétence du gouvernement révolutionnaire de Macron à gérer l'enculage des ouvriers au profit des règles de Bruxelles en fin d'année.
Il faut ajouter que, contrairement à Paul Bismuth, les cheminots ne seront pas eux placés en GAV, quoique les commissariats ne disposeraient pas la place suffisante. Ils auront le droit d'être promenés par la main par les diverses chapelles syndicales de l'Etat, d'allumer des feux professionnels, des pétards et de faire brûler des pneus qui, par la fumée volumineuse et âcre singent une colère d'opérette, enfumant paysage et salles des tractations secrètes avec patrons et gouvernement où tous les négociateurs syndicaux sont rois.

C'est dans les locaux du NPA qu'a été scellée la "déclaration unitaire", signée conjointement par 12 formations politiques. "Ils nous veulent désunis? Nous répondons que nous serons dans la rue le 22 mars pour défendre l'accès au service public, à commencer par le ferroviaire, les cheminots, mais aussi l'ensemble des fonctionnaires et l'intérêt des usagers", conclut cet appel.
Exclu -de fait- de cette coalition de circonstance, le PS a tout de même appelé au rassemblement mais son nouveau représentant a dû dégager de la manif.
Si Olivier Besancenot a pu jouer au fédérateur, c'est qu'il n'y avait pas un bien grand risque. En vérité en appelant à une réponse unitaire des petits partis de la gauche bobo et zadiste c'était consacrer l'inverse, ils ont défilé séparément. Sitôt lancé, l'appel unitaire a fait l'objet d'une guerre de chapelles entre La France insoumise et le mouvement de Benoît Hamon, chaque formation accusant l'autre de ne pas jouer collectif. Du côté de Génération.s, on fait reproche aux insoumis leur manque de zèle, en ne signant pas l'appel au nom du parti mélenchoniste, mais au nom du Parti de gauche et du groupe LFI à l'Assemblée.
"C'est le procédé habituel des troupes de Mélenchon, ils font semblant d'être unitaires mais se défaussent en ne signant pas pour tout le mouvement mais uniquement pour le Parti de gauche, qui est hors des radars politiques", a taclé dans Marianne Ali Rabeh, porte-parole de la formation hamoniste.
Du côté de la France insoumise, on se méfie de cette soudaine envie d'unité. "Oui, Besancenot nous oblige à faire l'unité. Mais ça ne compte pas, ça, ce sont des gamineries. Ils veulent une photo avec tout le monde? Ils l'auront. Et après? Faire des meetings à la Bellevilloise avec vingt-cinq orateurs, ça va changer les choses? Besancenot est dans l'union de la gauche, après avoir fait exploser le NPA sur une ligne sectaire. Et là, il répète tout ce que dit Hamon", lâche un député insoumis cité par Le Monde.

Pour la grève perlée ou séquencée dont on se doute qu'elle n'est pas souhaitée – car déjà sabotée – par la plupart des cheminots, qu'elle ait lieu ou pas, il faut constater l'adaptation des bonzes syndicaux. D'habitude ils trahissent toujours à la fin, dans ce cas de figure ils trahissent benoitement au début. Ils sont déjà divisés sur « la méthode à suivre », et prêts à doucher toutes les énergies.

NOTES

1Vous pouvez lire tous les articles que j'ai consacré en particulier il y a quatre ans à la saga tarnacienne en tapant « coupat » dans le moteur de recherche. Lire aussi : https://collectiflieuxcommuns.fr/205-tarnac-retour-sur-un-aveuglement
2Livret du comité invisible, intitulé « Maintenant », p.81-82. Et toujours le mystère révélé, ésotérique, comme les curés du temps jadis : « Quiconque connaît l'envers du pouvoir cesse immédiatement de le respecter ». Dans le box des accusés, ces pieds nickelés peuvent bien faire les malins mais ils n'ébranleront en rien l'institution judiciaire qui elle perpétuera son mépris et son injustice sur les sans défenses, qui n'ont ni caméras de télé ni journalistes pour faire scandale dans leur solitude et leur malheur.
3Ibid, p.31.
4Comme vous ne l'avez pas lu dans le compte-rendu de la réunion littéraire de la semaine dernière, c'est bien du Peuchmaurd qu'on nous fît subir en longs extraits, goûtés par tous ces vieux machins adorateurs des vieux mythes éculés de 68.
5Cette équipe de petits profs retraités qui avaient publiés à compte d'auteur chez L'Harmattan, des navets anti-marxistes invraisemblables, n'intéressent plus personne.
6On ajoute en plus : « un deuil mexicain » ! Oh que c'est rigolo !
7Les zadistes « en arrachant une portion de terre au continuum national » permettent d'entrer en sécession , vers le communisme ? Non, comme n'importe quel syndicaliste, la phrase radicale débande immédiatement : « prouve amplement que celui-ci (l'Etat français) n'existe plus sur le même mode que par le passé ». Toc ! Il bat en retraite dans la « guérilla des bocages ». Il est question par après « d'assaut de diligence » par nos jeunes vieux fanas de westerns comme quand une voiture de police se fait incendier au cocktail Molotov car « c'est un peu devenu le farwest dans ce pays ». Sauf que le flic et la fliquette ont failli en crever et que dans un western ils font simplement semblant !
8P. 85
9Certainement d'amour et d'eau fraîche puisque même un produit comestible par l'idéologie marginale zadiste, l'économie sociale et solidaire, ne trouve pas grâce aux yeux de ce contestataire idéaliste et poète, et il est vrai que pas plus que les vieilles coopératives syndicales elle ne menace le marché capitaliste.
10P.106.
11P.107.
12Encore une invention de la presse pour vendre du papier, face à laquelle j'ai marqué moi aussi mon indignation, alors que la vidéo montre qu'il s'agit d'un coup maladroitement porté dans la bagarre, et non pas d'un viol ni d'une volonté d'humilier.
13P.116. Depuis quelques années il y a eu pourtant beaucoup plus de flics tués en service ou par suicide que de héros tarnaciens ou zadistes écologiques.
14Lors de la ronde ridicule autour du bassin de l'Arsenal qui a clôt la loi travail, un ti con n'a pas cessé de frapper et pousser une jeune femme CRS qui formait le barrage avec des hommes plus grands pour ralentir la manif. Je pensais que s'il avait été respectueux des femmes comme le prétend l'idéologie gauchiste, il n'aurait pas ainsi molesté pendant des centaines de mètres la jeune CRS, ou aurait pu plutôt s'en prendre au costaud à côté. Je m'en veux encore de ne pas être intervenu pour le faire cesser ou le baffer. Je fais partie de ces manifestants qui interviennent ponctuellement pour demander de respecter la « piétaille » CRS qui n'est pas composée uniquement de brutes épaisses. Mais si d'après nos neuneus tarnaciens les CRS sont le vrai gouvernement, alors je veux bien rester passif.
15P.117.
16P.119, et on meurt de rire à notre tour en lisant le ressenti de Concombre masqué : « Il faut entendre toute la mélancolie qui s'exprime dans ce constat de Pierre Peuchmaurd en 1968 ». J'en ai dévidé un rouleau entier de sopalin.
17P.120.
18Dans l'ouvrage précédent sur une insurrection qui n'est pas venue, Concombre prenait fait et cause pour la résistance bourgeoise en 39-45, comme en faveur de toutes les actions armées des divers gauchismes successifs ; clins d'oeil à ses pères staliniens qui ont fait dérailler un train plein d'ouvriers au début des années 1950 ?
19P.146.
20P.154.

lundi 19 mars 2018

RIEN A FOUTRE DE VOS COMMEMORATIONS DE MAI 68


Un vieux embrasse un jeune.
« Je voyage, non pour connaître l'Italie, mais pour me faire plaisir ». Stendhal (soixantehuitard écrivain)
« Les feux d'artifice de Lamartine se sont transformés en fusées incendiaires de Cavaignac ». Marx (anti-romantique professionnel)
Gare ! On va nous en mettre plein les oreilles et les mirettes via la télé d'Etat (la 5) avec les crétins Cohn-Bendit et Goupil pour ossifier et ridiculiser un peu plus et toujours la signification de mai 68. Une armada d'anciens cons battus va défiler plus nombreux que ceux de 14-18. On va gazer le spectateur avec la poudre sociologique et l'auguste geste du lanceur de pavé, quand depuis le début de l'an 2018, c'est le cinquantenaire de la mystification syndicaliste gauchiste qui rape le grand soir commémoratif, et fait croire aux gamins et gamines des lycées huppés qu'ils sont promis à une répétition victorieuse du baiser sans entraves et jouir sans fin. Les vedettes soixantehuitardes et leurs petits imitateurs de l'ombre trotskiste sont devenus ministres, journalistes, magistrats, mais il reste des miettes pour les anonymes qui le resteront, qui ont marché, jeté leur pavé, fumé en AG, migré au Larzac et voté Giscard pour l'avortement.
Avant de me rendre au bar à vins où devait être présenté le livre de Lola Miesseroff  « Voyage en outre-gauche » (Libertalia), que j'avais apprécié pour son aspect chorale de témoignages plutôt rafraîchissant et pas barbant essai de politisation, j'avais lu une critique sur le site bordélique Indymédia, critique bordélique également mais qui pouvait ponctuellement sonner juste : « … une litanie de vieux radicaux ravis, semble-t-il, qu’on leur donne une dernière fois la parole, 50 ans après, pour étaler leur trivialité, et bien souvent leur vulgarité, rabâchant les formules creuses de leur jeunesse, dont ils espèrent tirer sans risque aujourd’hui un petit bénéfice, peut-être, en terme d’aura sulfureuse et de reconnaissance sociale. Car la radicalité, la rébellion de nos jours, ça se porte bien, et ça se monnaye. Et eux qui n’ont jamais travaillé qu’à détruire le vieux Monde, j'imagine, comme leur maître Guy Debord, ils aimeraient bien que ça se sache et qu'on leur en tienne gré. Ils comprendront en outre que pour leurs anciens camarades, qui sont bien sur terre, eux, cinquante ans après, et qui n’ont rien appris : « tout ce qu'on veut, c'est bien bouffer, bien boire, bien baiser et trouver à faire quelque chose de marrant » (p.109).  Cette phrase restera, grâce à vous, Lola, comme un étendard, un marqueur (comme on dit aujourd’hui) de cette radicalité situationniste, aussi prétentieuse que trompeuse. Peu ragoutante, à vrai dire »1.
Problème, ce critique n'a pas retenu des témoignages pas du tout baba cool ni hédonistes, ni un sérieux effort de l'auteure pour donner en note des précisions sur tel groupe ou individu pour les néophytes. Il y a il est vrai hélas toute une partie vers la fin consacrée à une triste mouvance « communisatrice » exaltant cette vieillerie de refus du travail et cette lubie d'une disparition du rôle révolutionnaire du prolétariat ; les variétés de salaire étudiant ou citoyen étant le luxe aléatoire des bobos germanopratins revenus de leur gauchisme infantile. Par contre ces remarques acerbes de ce critique du livre de Lola (qui l'a apprécié comme moi) conviennent pleinement à la présentation littéraire que nous eûmes à subir ce dimanche après-midi au bar du coin, la Vierge de la Réunion.
Attablée, l'assemblée n'était composée que de vieux, pas des demi-vieux mais de vrais vieux, comme on les voyait jadis quand on était jeune, sans imaginer que quand on est vieux on ne se voit pas vieux, quoique, je peux en témoigner, l'esprit reste en éveil pas forcément gaga mais catalogué et ostracisé par l'apparence. Pas des vieux bêtes mais pas une chère tête blonde au milieu des vieux machins grisonnant c'est moche, ça fait Ehpad. Tant mieux. Preuve de plus que les jeunes n'ont que foutre de conférences ou de vente boutiquière de livres sur mai 68. Laissez-nous mourir nous les vieux, mourir de notre belle mort rentière et nostalgique mais qu'il vous soit interdit de découper bêtement la société entre jeunes et adultes comme s'en moquait Bordiga début 1968. Je le craignais, mais ce fut bien : « pépé ! Raconte-nous ta guerre de 14-18 ». Et fixette sur l'événement franco-français, rivalité Paris/province et pas à l'aune de la crise économique ni des événements précédents au niveau mondial.
On ne nous présenta pas un mais trois livres, le premier d'un soixante-huitard décédé dont il ne restait que le préfacier, et l'autre traitant des trimards, c'est à dire artisans marginaux itinérants et katanguais de la Sorbonne. Ce n'était pas du tout le programme attendu. Mais le pire. On égrena moult souvenirs d'anciens combattants de la « révolution », voire de la poésie barricadière ; ce pauvre auteur disparu croyant intelligent de critiquer les limites des barricades « alors qu'il eût fallu mener la lutte de guérilla armée dans les rues de Paris ». Quant aux trimards ce n'était pas ces beaufs sédentaires cloîtrés devant leur TV, mais des types qui bougeaient qui faisait le coup de poing. L'auteure témoigna de la nécessité de ces costauds pour protéger les étudiants aux mains fragiles, mais aussi de la fable du meurtre du commissaire à Lyon, mort en réalité d'une crise cardiaque. Entre témoignage ras-du-bitume et nostalgie hédoniste d'une vie irrémédiablement gâchée après un mois de bonheur, on était édifié à pleurer devant le monument aux morts des arpèges soixantehuiteux.
Une bonne partie de la salle était constituée de mes anciens camarades du CCI éjectés à des périodes successives de ce qui est devenu une secte disparue (sur Paris) et d'ailleurs une bonne moitié de l'ancienne section parisienne. J'observais leur mine effarée pour ne pas dire contrite ou empreinte de commisération pour ce qu'il fallait entendre. J'ai d'ailleurs signalé cela au début de ma critique : « mesdames les écrivaines, une grande partie des éléments fondateurs du groupe Révolution Internationale en 68 vous fait l'honneur de sa présence ! ».
  • oui mais après, dit le dadet préfacier de la table dite tribune (il n'avait que 15 annuités en 68 et prétendait tout connaître des situs et du monde entier au volant de son solex).
  • Mais son produit surtout, ce qui importe plus que l'événement passé, rectifiai-je.
Quitte à doucher les enthousiasmes gériatriques, j'ai déploré l'excès de romantisme consacré au souvenir de mai 68 et la stupidité de l'idéologie barricadière qui aurait dû s'émanciper par la guérilla urbaine alors qu'il ne pouvait être question d'aller plus loin ni de jouer au far west. Le titre de l'ouvrage de Lola « outre gauche » est fort bien trouvé car il brise les qualifications idiotes telle la notion d'ultra-gauche alors que 68 a mis à bas la gauche et le syndicalisme comme références prolétariennes. Alors que le qualificatif de maximalisme, comme je le défends après Rosa et Bordiga, convient mieux pour définir ce milieu révolutionnaire qui est réapparu après 1968, distinct d'une certaine petite marge anarchiste. Quoique mai fût libertaire plus que anar dans le sens étroit du terme. Quoique nous eussions été plus grèvegénéraliste nous les militants que prenant en compte à côté un ébranlement de la société, certes impulsé par la pression de la classe ouvrière, mais à la fois culturel et sociétal.
La caractérisation comme romantiques attardés de nos écrivains attablés les fit bondir d'indignation, et foncer se faire servir un verre de rouge. J'avais pris soin pourtant de ne pas les qualifier de bobos ringards, mais ils avaient bien perçu pleinement le sens de ma saillie. Cultivés, ces auteurs savent très bien que le romantisme est le goût des chimères des intellos désoeuvrés et des suites amères de la révolution française. Comparaison est offense. Et pourtant ils ne font que véhiculer les mythes de 68, et vanter la vie marginale, zappant leur propre passé hippie.
Heureusement, ils eurent un soutien en la personne de Max, ex militant dilettante du CCI, les yeux embués par l'alcool au point de ne plus voir les classes sociales et, mielleux, de communier au charme désuet de la nostalgie barricadière2. Deux autres femmes, déjà éméchées vinrent poser des questions pas bêtes du genre « quel espoir aviez-vous ? », « à quoi pouvez-vous servir aujourd'hui aux jeunes ? ». Hic ! Beueueueu... Mais le brouhaha des buveurs avait déjà coulé toute discussion sérieuse. Michel tenta bien de rappeler l'aspect dominant du mouvement de la classe ouvrière, les grèves depuis plusieurs années dans les autres pays et l'inanité des propositions alternatives de violences3. Mais on ne pouvait plus vraiment discuter à l'eau vive du sens général de 68, en particulier du fait étonnant que les termes « classe ouvrière » étaient le credo de tous, des étudiants comme des journalistes, et que comme je l'avais dit au début que Mai avait été provoqué initialement par la vision des violences policières contre ces braves ouvriers ou passants, simples téléspectateurs ni trimards ni militants excités. L'aspect massif du mouvement concernant autant la classe prolétarienne que les couches moyennes avait montré un phénomène déjà décrit par Marx, la petite bourgeoisie tombant (certes provisoirement) dans le prolétariat par le truchement de ces milliers d'étudiants poursuivant des cursus universitaires inutiles, gonflement d'effectifs inattendus mais ne remettant pas en cause sélection bourgeoise et inégalités sociales. J'ai dû répondre à l'insistance d'une des deux femmes (« mais comment allez-vous leur transmettre aux jeunes ? ») : « et bien ils se transmettront eux-mêmes, ils boufferont certainement plus de vache enragée que nous, ils feront leur expérience, voilà tout ». Bonsoir m'sieur dames !
Ma compagne, enfant à l'époque et loin d'être une prolétaire, avait été choquée par la violence du débat qui se terminait en querelle d'ivrognes. Elle ne comprenait pas que deux mondes s'affrontaient, non pas les anciens et les modernes ni les anciens contre les anciens, mais les tenants de la théorie de l'émancipation du prolétariat et les petits commerçants des idéologies parcellaires et hippies. Elle me fit cependant cette réflexion très très pertinente : « ce ne fut pas une révolution mais une évolution qui a cassé jusqu'à nos jours rapports hiérarchiques et autorité de façade ». Bien dit. Je vous laisse y réfléchir.
En conclusion, n'attendez surtout pas que des cuistres littérateurs allument l'étincelle de la révolution, surtout prolétarienne.

NOTES

1https://nantes.indymedia.org/articles/40314 Evidemment Indymédia, coin anarcho-stalinien a supprimé mes commentaires sur ce texte dans l'ensemble imbécile.

2Malheureusement on trouve toujours dans les différentes époques dans les milieux révolutionnaires ou aux alentours des gens de mauvais esprit, calculateurs , avides de reconnaissance, mais aussi délateurs et lyncheurs, qui favorisent une ambiance délétère, mais au niveau de leur voisin de palier. On a connu ainsi plusieurs individus dans les 70 et 80 qui se faisaient passer pour des groupes, qui n'étaient souvent guère plus de deux, qui se dénommaient « guerre de classe », « La guerre sociale », « La banquise », etc. qui se prenaient pour des caïds ou des clones de Guy Debord en passant leur temps à calomnier. Il n'en reste rien que quelques dérangés du ciboulot qui animent telle radio masquée, tel forum à voyeurs qui se fait appeler « socialisme ou barbarie » ou « bignole ou grosse vache », qui ne connaissent rien à rien, demi-cloches qui passent leur temps à poster leurs insultes grossières ; ces courageux ventripotents du clavier doivent pourtant savoir que leurs déjections partent automatico à la poubelle sur farce book ou depuis mon blog, malgré leur obstination caractérielle de marginaux désoeuvrés. Politiquement ils sont comme les "invisibles", ils n'existent pas. Et ne se montrent jamais en public.

3 Ton intervention Michel était claire dans l'ensemble, sauf lorsque tu as dit « la bourgeoisie tente de faire oublier la plus grande grève générale de l'histoire », non, les termes « grève générale » c'est du bidon, on n'a pas de grève générale en pleine révolution russe et la grève générale est impossible (cf. approvisionnements) en période moderne, non ce que la bourgeoisie veut faire oublier c'est la « généralisation » des luttes hors des consignes syndicales, c'est ce souvenir qui est le plus dérangeant. De même lorsque tu as dit que ces auteurs défendaient les libérations nationales, non c'est l'olibrius préfacier qui rapportait le désir de guérilla de l'auteur disparu, une pitrerie gauchiste soixantehuitarde et incongrue pour la classe ouvrière, et même irresponsable.