PAGES PROLETARIENNES

lundi 12 novembre 2018

100 ème fois qu'ils célèbrent la « paix honteuse »1



« Le monde capitaliste va chercher à se préserver des changements révolutionnaires par une variété de moyens, et en particulier par l’impérialisme, «le dernier refuge du capitalisme».
Karl Kautsky (1895)

«C’est le plus beau cadeau que le tsar pouvait faire à la révolution !»
Lénine en 1914

« Cette absurdité insensée, ce cauchemar infernal et sanglant ne cesseront que lorsque les ouvriers d’Allemagne et de France, d’Angleterre et de Russie se réveilleront enfin de leur ivresse et se tendront une main fraternelle, lorsqu’ils couvriront le chœur bestial des fauteurs de guerre impérialistes et le hurlement rauque des hyènes capitalistes par l’ancien et puissant cri de guerre du Travail : Prolétaires de tous les pays, unissez-vous!”
Rosa Luxemburg (brochure de Junius 1915)


Toutes les horreurs du second carnage mondial étaient déjà contenues dans le premier, c'est pourquoi toutes les commémorations bourgeoises « pour un monde de paix » et « plus jamais comme avant », tombent à l'eau. Les gaz (l'ypérite) a estropié, mutilé déjà et étouffé jusqu'à ce que mort s'ensuive des milliers de combattants et des deux camps bien avant que le gazage soit réservé aux juifs prisonniers, aux tziganes et aux homosexuels à peine vingt ans plus tard. La « purification ethnique » a frappé déjà un million et demi d'arméniens. Il faut lire ou relire l'excellent ouvrage de Pierre Miquel2 pour mieux abhorrer le niveau de criminalité « technique » et industrielle atteint désormais par les guerres capitalistes :
« La guerre de positions ou de tranchées avait rendu possible et nécessaire un autre crime, plus grave que tous les autres réunis, puisque l'ennemi ne pouvait être vaincu par l'art de la guerre, celle-ci changeait d'objet. Elle n'avait plus pour objectif d'obtenir la victoire, l'agenouillement, la capitulation de l'ennemi, mais sa destruction, son élimination physique : la guerre « d'usure » devait tuer pour tuer, avec le plus d'efficacité possible. La science et la technique devaient livrer des armes nouvelles, si terrifiantes qu'elles aboutiraient inévitablement à la fin des combats. On ne résiste pas, de fait, à la mort chimique.
L'emploi par les allemands des gaz asphyxiants, au printemps de 1915, fut l'acte le plus spectaculaire de la guerre terroriste. L'idée de gazer comme des renards ou des rats les hommes dans leur tranchées étaient fascinante : les vainqueurs dotés de masques n'auraient plus qu'à avancer en terrain conquis, l'arme à la bretelle » (p.327).

La polémique de bazar journalistique autour de la commémoration du « bon » Pétain en dépit de l'ultérieur « fâcheux » Pétain, oublie une chose : en 14-18 comme en 1940, Pétain est resté le même, au niveau des mêmes fonctions:assassin galonné. La réputation qu'on entretint à son propos dans l'entre-deux guerres effaçait déjà qu'il était pleinement membre de cette camarilla de maréchaux et généralissimes qui expédiaient par paquet et sans vergogne les pauvres soldats et officiers de base rétifs à se soumettre à ce « suicide obligatoire pour la patrie »... et l'enrichissement des généraux. On passait encore sous silence le fabuleux enrichissement des généraux soudards qui avaient fait mitrailler les foules ouvrières en 1848 et en 1871 ; les grands tueurs galonnés de 14-18 se sont aussi particulièrement enrichis, récompensés royalement comme meilleurs chiens de garde de la bourgeoisie3. La réputation de Pétain comme bienfaiteur de la troupe vers la fin du conflit en 1918 était évidemment surfaite. Pétain avait été nommé en catastrophe pour remplacer le grand criminel Nivelle qui continuait à envoyer par milliers les hommes à la mort ; face aux 40.000 mutins4 Pétain est nommé pour venir calmer les troupes en ralentissant les combats forcément meurtriers, en améliorant l'approvisionnement et en « leur donnant de la gnole », comme le répètera son élève De Gaulle un certain jour de mai 68. Pétain, comme les autres assassins galonnés continuera à expédier au peloton d'exécution les réfractaires et insubordonnés.

Comme me le faisait remarquer avec discernement une amie, la polémique miteuse sur le bon et le mauvais Pétain n'avait-elle pas pour objet de noyer l'essentiel : « comment peuvent-ils se permettre de célébrer ces grands criminels de guerre que furent ces divers maréchaux sans soulever l'indignation des petits enfants des millions de massacrés ? ». Oui on peut le dire comme ça. Mais le plus drôle est que la célébration des galonnés gluants de sang dans la cour des Invalides est passée à l'as. On n'en entendit plus parler avec l'opportune foire aux assassins d'aujourd'hui en grande tenue avec mesdames sous l'Arc de triomphe (napoléonien et macronien) : les Trump, Poutine, Erdogan, Netanyhaou et leurs homologues vendeurs d'armes Macron, Merkel, sans la brave Thérésa May,
le wagon...plombé par les faux amis
boudant cette cérémonie d'alliés et complices pour fêter en Albion brexitée le massacre de masse britannique, quand les dizaines de milliers de ses ancêtres compatriotes (tous nommés sergents post mortem) résident dans les cimetières d'Etaples.

Adonc au nom d'une Europe indemne, avec un saut fabuleux par-dessus la reprise de la boucherie en 39-45... le sieur Macron pavoisa à l'arc de triomphe...chauvin :

« Souvenons-nous : ne retranchons rien de ce qu’il y avait de pureté, d’idéal, de principes supérieurs dans le patriotisme de nos aînés. Cette vision de la France comme Nation généreuse, de la France comme projet, de la France porteuse de valeurs universelles, a été dans ces heures sombres exactement le contraire de l’égoïsme d’un peuple qui ne regarde que ses intérêts. Car le patriotisme est l’exact contraire du nationalisme : le nationalisme en est la trahison. En disant « nos intérêts d’abord et qu’importent les autres ! », on gomme ce qu’une Nation a de plus précieux, ce qui la fait vivre, ce qui la porte à être grande, ce qui est le plus important : ses valeurs morales ».
Ouais souvenons-nous, mais autrement. L'accroche du discours niveau seconde des collèges est à la mode multiculturaliste et antiraciste, cette dépossession de l'internationalisme marxiste, qui sied si bien à l'encravaté de l'Elysée. Comprenez : la patriotisme n'est pas un nationalisme mais une défense de la bourgeoisie nationale quelle que soit votre couleur de peau, votre identité récente ou pas encore acquise...
Et de citer le grand patron des généraux assassins, qui défnit lui sans fard que le patriotisme est bien un nationalisme... France uber Alles ! Comme quoi on a bien affaire à une variété de chauvinisme macronien qui sent le rance nationalisme à vocation « européenne ».
« Souvenons-nous, nous autres Français, de ce que Clemenceau a proclamé le jour de la victoire, il y a cent ans jour pour jour, du haut de la tribune de l’Assemblée nationale, avant qu’en un chœur sans pareil n’éclate la Marseillaise : combattante du droit, combattante de la Liberté, la France serait toujours et à jamais le soldat de l’idéal ».
Alors que l'élève de seconde d'un collège d'Amiens nous avait averti des mêmes dangers hitlériens qui nous guetteraient désormais comme à l'orée des années 1930, il ne craint pas de fabuler sur le repaire de brigands de la SDN aussitôt inventée (avec le miracle de Fatima) pour faire pièce au terrible Ocobre rouge ; c'était que du bonheur dès 1918, surtout à la mémoire des « morts pour la patrie » (pas nationaliste du tout mais en tout cas européenne comme le voulait le nazisme) :
« Dès 1918, nos prédécesseurs ont tenté de bâtir la paix, ils ont imaginé les premières coopérations internationales, ils ont démantelé les empires, reconnu nombre de Nations et redessiné les frontières ; ils ont même rêvé alors d’une Europe politique. Ici, aujourd’hui, peuples du monde entier, sur cette dalle sacrée, sépulture de notre Soldat Inconnu, ce « Poilu » anonyme symbole de tous ceux qui meurent pour la patrie, voyez tant de vos dirigeants rassemblés ! »
La phrase qui suit est typique du mépris consternant et de la bêtise de nos énarchiens :
« Chacun d’eux ( hi ! tous ces petits dictateurs assis aux côtés des grands criminels impérialistes?)mène à sa suite sa longue cohorte des combattants et des martyrs issus de son peuple. Chacun d’eux est le visage de cette espérance pour laquelle toute une jeunesse accepta de mourir, celle d’un monde enfin rendu à la paix, d’un monde où l’amitié entre les peuples l’emporte sur les passions guerrières, d’un monde où la parole des hommes doit parler plus fort que le fracas des armes.. »
Oui oui on mate leur tronche sinistre sous les parapluies. On nous avait annoncé la venue inopinée
LE SEXE emmerde la commémoration impérialiste
d'au moins 500 blak bloks, on avait arrêté quatre nigauds qui auraient fait savoir à l'univers leur projet de buter Macron avec un couteau de cuisine en céramique (non repérable par les drônes). On eût seulement trois magnifiques femen avec peint sur la poitrine des slogans que nous sommes des millions à partager. Elles seront condamnées même pas pour offense à l'armée et à ses généraux voyeurs mais pour « exhibition sexuelle ». Bah ! Alors l'exhibition sexuelle emmerde la guerre et l'armée, OK.
Reprenons le fil tortueux de l'improvisateur de l'Elysée. Il est pour l'union libre lui, pas sexuelle, mais européenne, « une union librement consentie ». Et il a cru bon de pomper les plus nunuches déclamations des pacifistes bêlants des années 1920 à 1930 :
« C’est cette certitude que le pire n’est jamais sûr tant qu’existent des hommes et de femmes de bonne volonté. Soyons sans relâche, sans honte, sans crainte ces femmes et ces hommes de bonne volonté ! Je le sais, les démons anciens resurgissent, prêts à accomplir leur œuvre de chaos et de mort. Des idéologies nouvelles manipulent des religions, prônent un obscurantisme contagieux. L’Histoire menace parfois de reprendre son cours tragique et de compromettre notre héritage de paix, que nous croyions avoir définitivement scellé du sang de nos ancêtres ».
Nos ancêtres doivent en tout cas se retourner dans leur charnier ! Il se prit enfin pour le Jupiter de cette assemblée de vendeurs d'armes et de tortionnaires des peuples avec une phrase creuse niveau rédac de sixième qui promet de raser gratis sauf les orthodoxes islamistes dans « le meilleur des mondes possibles » (on frissonne, on pense à Huxley et à Orwell) :
« Nous tous ici, dirigeants politiques, nous devons, en ce 11 novembre 2018, réaffirmer devant nos peuples notre véritable, notre immense responsabilité, celle de transmettre à nos enfants le monde dont les générations d’avant ont rêvé. Additionnons nos espoirs au lieu d’opposer nos peurs ! Ensemble, nous pouvons conjurer ces menaces que sont le spectre du réchauffement climatique, la pauvreté, la faim, la maladie, les inégalités, l’ignorance. Nous avons engagé ce combat et nous pouvons le gagner : poursuivons-le, car la victoire est possible ! »
Le Forum de Paris sur la Paix, dont la première édition devait se tenir du 11 au 13 novembre 2018 à la Grande halle de La Villette, entendait réunir tous les acteurs de la gouvernance mondiale pour redonner corps au multilatéralisme, au multiculturalisme et au foutage de gueule, mais n'intéressa pas grand monde vu que ce mauvais coucheur de Trump a refusé de s'y rendre après avoir enfumé avec son gros tank M. et Mme Macron sur le perron du château de la République.
Le monde rose bonbon du chauvin pacifiste Macron ets encore dans l'enfer5.

UNE CHRONOLOGIE INSTRUCTIVE

Nous ne faisons pas le poids ici sous les tonnes de bobardements historiques déversés par les médias. Je conseillerai au néophyte de se mettre dans la peau d'un poilu et simplement de réfléchir à ce qu'il aurait pu déduire d'être les pieds dans la boue dans la terreur des tranchées et sous le terrorisme des officiers, après il comprendra mieux l'histoire que tous les beaux discours des ignorants ou menteurs comme Macron. Une petite chronologie simple va nous aider à comprendre ce qui était en jeu. Ce qui était en jeu ce n'était pas l'intérêt national de tel ou tel peuple, en tout cas pas l'élément prioritaire, mais l'éclatement de la rivalité entre grands impérialisme pour le partage du monde. On sait qu'il a fallu du temps pour conditionner les populations à ce qui allait devenir, sans que ce soit ainsi conçu, une véritable guerre « mondiale ». Et convaincre surtout la classe déterminante au niveau de la production industrielle, la classe ouvrière, les masses paysannes ayant été depuis longtemps reconnue comme facilement mobilisables du fait de la misère régnante dans les zones agraires. L'attentat de Sarjevo ne sert que de prétexte à ce qui devait de toute façon éclater, mais dans chaque pays développé on voit qu'il y a un événement précis qui frappe ou démoralise et permet l'entrée en guerre quelques jours à peine après.

- Le 28 JUIN 1914, ATTENTAT DE SARAJEVO : le militarisme allemand craint d'être pris en tenaille par la France et la Russie. La bourgeoisie allemande avec ses hobereaux prussiens n'a l'espoir du salut que dans une attaque immédiate de la France qui mettrait celle-ci hors de combat avant que la Russie ait eu le temps de mobiliser ses troupes innombrables. Comme dans un duel entre cow-boys, la victoire, croit-on, appartient au premier qui dégaine. Sous la pression de ses généraux, qui craignent eux aussi d'être pris de court, le tsar mobilise dès le 29 juillet.

  • le 31 juillet 1914 Jean Jaurès, chantre socialiste de la paix, est assassiné (on est libre de penser que ce crime a été ordonnancé par le militarisme français, pourtant décrédibilisé par l'Affaire Freyfus, mais en général tous les historiens sembment covaincus qu'il s'agit de l'acte d'un blak blok de l'époque. Jaurès n'était pas plus un foudre de guerre qu'un foudre de révolution mais son assassinat désoriente et démoralise indubitablement une classe ouvrière mal armée politiquement et oublieuse de la Commune de Paris.
  • Le 1er août 1914 : la mobilisation est décérétée en France (pas la guerre).
  • Le 3 août c'est l'Allemagne qui déclare la guerre à la France.
  • En octobre révolution en Russie
  • Le 7 novembre, bien que signé par le comité central du parti bolchevique, le premier appel à un armistice a été rédigé par Lénine ; il avait adressé aux puissances engagées dans le conflit le radiogramme « appel à tous », proposant une paix blanche, garantissant le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes6.
  • Le 15 novembre 1917, l'Etat « prolétarien » russe publie son décret pour la paix.
  • Le 17 décembre 1917 est signé un armistice à Brest-Litovsk concernant la guerre capitaliste menée contre le bastion bolchevique. Ce traité a été considéré longtemps comme félon par les gauchistes de Lénine, nos bobos ultra-gauches et les variétés d'anarchistes qui se prennent pour des généraux aguerris. En réalité les bolcheviques n'eurent pas le choix, ils étaient kaput militairement. Mais on sait moins que cette reculade servait au militarisme allemand pour résorienter son effort de guerre, en basculant 40 divisions allemandes mobilisées à l'est de l'Europe vers l'ouest face aux troupes alliées. L'état-major allemand croyait profiter de cette soudaine et inespérée supériorité numérique pour lancer de grandes offensives qui pousseraient les forces de l'Entente à négocier une paix favorable. D'autant que l'entrée des Américains dans le conflit en avril 1917 et le développement quantitatif et qualitatif de l'arsenal technique des armées françaises et britanniques (chars, avions, camions de transport favorisant la mobilité des troupes) rendaient l'horizon du Kaiser Guillaume II et du chef des armées Erich Ludendorff de plus en plus incertain.
UNE ANNEE VA S'ECOULER ENCORE...
  • Le 9 novembre 1918 Malheureusement pour le nationalisme allemand ce n'est plus sur le terrain de la guerre impérialiste que la suite va se dérouler mais sur le front intérieur. Comme en Russie où le retournement des masses contre la guerre de l'aristocratie capitaliste avait obligé à faire cesser les hostilités, l'insubordination des marins en province à Kiel vient anéantir les projets de victoire militaire ; l'Etat allemand est ébranlé de l'intérieur. Le 9 novembre au matin, le prince Max de Bade téléphone à l'empereur, à Spa. « Votre abdication est devenue nécessaire pour sauver l'Allemagne de la guerre civile ». Guillaume II s'y résout et part en exil.
  • l1 novembre 1918, de manière précipitée (mais les historiens officiels le nient) est signée cette paix honteuse nommée armistice. Ce n'est pas de l'échec de leur contre-offensive de juillet 1918, que le militarisme allemand a compris qu'il n'avait plus aucun espoir d'arracher la victoire, mais parce qu'il ne veut pas que la bourgeoisie subisse le même sort qu'en Russie ; les foyers révolutionnaires s'étendant à toute l'Allemagne7. Ce n'est pas non plus le renfort massif des troupes américaines qui fait plier l'Etat allemand, celles-ci servent plutôt à réfréner les désidératas de pillage de la bourgeoisie française et ont désormais pour souci d'épauler la bourgeoisie allemande dans la guerre civile interne qui se développe.
  • En France, la demande d'armistice faisait débat. Le président de la République Raymond Poincaré et le général Philippe Pétain voulaient profiter de l'avantage militaire pour chasser les Allemands de Belgique, envahir l'Allemagne elle-même et amplifier les clauses de pillage. Mais on fait croire que le maréchalissime des troupes alliées Foch, et le chef du gouvernement Clemenceau, ne pensent pas l'armée française capable de se battre encore longtemps ; en vérité ils souhaitent en finir au plus vite pour à peu près les mêmes raisons que leurs collègues allemands : la peur du danger intérieur : les mutineries ont concerné des dizaines de milliers de soldats, contrairement à la censure sur le sujet, mais ne semblent pas pouvoir trouver encore un écho social.

VINGT ANS APRES…

Il a fallu vingt années aux différentes bourgeoisies, au milieu des préparatifs divers des principaux impérialismes, pour entraîner à nouveau dans la guerre mondiale les populations civiles et surtout cette partie des peuples, le prolétariat, qui seul peut troubler voire faire cesser les guerres comme nous l'a si bien montré le traité provisoire (et faux car les puissances militaires ont continué d'assiéger la Russie) du 11 novembre. Le résumé fourni par wikipédia me plaît bien et détruit le discours lénifiant de souvenance foireuse du ti jeune Macron
DEUXIEME GUERRE MONDIALE : du 1er septembre 1939 au 2 septembre 1945. Ce conflit opposa schématiquement deux camps : les Alliés et l’Axe. Provoquée par le règlement insatisfaisant de la Première Guerre mondiale et par les ambitions expansionnistes et hégémoniques des trois principales nations de l’Axe (Allemagne nazie, Italie fasciste et Empire du Japon) ; elle fut favorisée par la convergence d’un ensemble de tensions et conflits régionaux, notamment : en Afrique (Seconde guerre italo-éthiopienne dès 1935), en Espagne avec la guerre d'Espagne débutant le 18 juillet 1936 , en Chine avec... ».
On se rappelle du discours de Macron sur « les belles coopérations internationales » au lendemain du premier grand holocauste mondiale, or les brigands tissent des alliances un jour qu'ils défont le lendemain, selon leur capacité respective à soumettre leurs populations et surtout leurs prolétariats, mais les descriptions linéaires qui suivent ne rendent pas compte du conflit des classes qui restent sous-jacents au bon déroulement d'une guerre généralisée :
« Tout d'abord associée à l'Allemagne dans le partage de l'Europe, l'URSS rejoint le camp allié à la suite de l'invasion allemande le 22 juin 1941. Quant aux États-Unis, ils abandonnent leur neutralité après l'attaque de Pearl Harbor, le 7 décembre 1941. Dès lors, le conflit devient vraiment mondial, impliquant toutes les grandes puissances, et la majorité des nations du monde sur la quasi-totalité des continents. La Seconde Guerre mondiale prend fin sur le théâtre d'opérations européen le 8 mai 1945 par la capitulation sans condition du Troisième Reich, puis s’achève définitivement sur le théâtre d'opérations Asie-Pacifique le 2 septembre 1945 par la capitulation également sans condition de l'empire du Japon, dernière nation de l’Axe à connaître une défaite totale ».
Les brigands impérialistes stalinien et nazi – qui ont complètement écrasé non la démocratie mais leurs prolétariats - associés pour « se partager l'Europe », puis, entourloupé, l'Etat stalinien se tourne vers l'Ouest où on l'accueille à bras ouverts. On n'explique pas pourquoi l'Etat américain ne peut pas entrer en guerre avant le début décembre 1941 ni que le facteur déclenchant – l'attaque de Pearl Harbor – ait été aussi bien mis en scène avec son lot de cadavres pour convaincre la classe ouvrière américaine que ses enfants étaient bien morts pour défendre « la patrie ».
Comme pour les années 1914-1917-1918, la série 1929-1933-1936-1939-1943 permet de réfléchir à la marche à la guerre avec à chaque fois la nécessité d'enrégimenter le prolétariat, mais où celui-ci presque sur la voie d'une victoire mondiale en 1918 semble disparaître au cours de la « reprise » de la guerre mondiale. Une opinion commune chez les gauchistes comme dans le milieu révolutionnaire maximaliste persiste à considérer que la guerre favorise la révolution ou qu'il faut vraiment une bonne guerre pour réveiller les masses et leur montrer que la capitalisme est nuisible et terriblement létal pour l'humanité. Et par extension nombreux se sont imaginés qu'il aurait fallu, par exemple que les belligérants poursuivent la guerre en 1918 pour que cela favorise la généralisation au monde entier de la révolution prolétarienne. Et donc que Lénine avait tort d'avoir signé un armistice à Brest-Litovsk, et qu'à chaque fois que le prolétariat s'était relevé ou montré menaçant la bourgeoisie avait été obligée d'arrêter ses guerres. Et bla-bla et bla-bla.
PEU DE PRISES DE POSITION SUR LES COMMEMORATIONS NATIONALISTES PAR LE MILIEU MAXIMALISTE (la nuit de la contre révolution est sous sommifère?)
Pour trouver des réactions sévères il faut hélas aller du côté de petites sectes de libres penseurs :
« Le bilan de la Grande Guerre fut effroyable : 75 millions d’hommes mobilisés à travers le monde, près de 10 millions de soldats et 9 millions de civils tués, soit une moyenne de 10 400 tués par jour, 21 millions de soldats blessés, 300 000 gueules cassées, des millions de veuves et d’orphelins, des villes rasées… Et pourquoi ? Pour pouvoir recommencer quelques 20 ans plus tard. Le meurtre de masse n’a jamais réglé les problèmes que se posent les peuples et les Nations »8.
Ou encore leur indignation face au chauvin Macron :
«"Il est légitime que nous rendions hommage aux maréchaux qui ont conduit l'armée à la victoire, comme chaque année. Mon chef d'état-major sera présent à cette cérémonie", a-t-il précisé, interrogé par des journalistes en arrivant à la Préfecture des Ardennes pour un Conseil des ministres délocalisé."Je me suis toujours opposé au défaitisme français ou à la complaisance envers toute idéologie. Mais je reconnais la part que nos maréchaux et notre armée ont joué. Nous lui devons la victoire", "la victoire d'une nation combattante", a-t-il conclu, au quatrième jour de son périple de commémoration du centenaire de l'Armistice de 14-18.
Dès lors, comment ne pas rappeler ce que proclamait en 1915 le Manifeste de Zimmerwald « Les institutions du régime capitaliste qui disposent du sort des peuples, les gouvernements (monarchiques ou républicains) la diplomatie secrète, les puissantes organisations patronales, les partis bourgeois, la presse capitaliste, l’Église – sur elles repose toute la responsabilité de cette guerre, surgit d’un ordre qui les nourrit. » (1) ou le Manifeste de Kienthal de 1916 « Ni vainqueurs ni vaincus, ou plutôt tous vaincus, c’est-à-dire tous saignés, tous épuisés : tel sera le bilan de cette folie guerrière. Les classes dirigeantes peuvent ainsi constater la vanité de leurs rêves de domination impérialiste. […] Vos gouvernements vous disent qu’il faut continuer la guerre pour tuer le militarisme. Ils vous trompent. Le militarisme d’un peuple ne peut être ruiné que par ce peuple lui-même. Et le militarisme devra être ruiné dans tous les pays. Vos gouvernements et vos journaux vous disent encore qu’il faut prolonger la guerre pour qu’elle soit la «dernière guerre». Ils vous trompent toujours. Jamais la guerre n’a tué la guerre. […]
Et ils en profitent pour continuer et même accentuer contre vous leur lutte de classe, tandis qu’à vous ils prêchent « l’union sacrée ». Ils descendent même jusqu’à exploiter vos misères et vos souffrances pour essayer de vous faire trahir vos devoirs de classe et de tuer en vous l’espérance socialiste. L’injustice sociale et le système des classes sont encore plus visibles dans la guerre que dans la paix. Dans la paix, le régime capitaliste ne dérobe au travailleur que son bien-être ; dans la guerre, il lui prend tout, puisqu’il lui prend la vie. […] »9.
Passons rapidement sur le milieu gauchiste. Le NPA ne sert plus que de porte-voix aux fables du macronisme (antiracisme, écologie bobo, syndicats honnêtes... comme FO) et par conséquent ne fait
le soutien politique du NPA à Macron
plus de politique ; ce résidu parisianniste de la maigriche 4e internationale fictive ne fait plus que de la psychologie et pédagogie pour lycéens incultes. Après avoir soutenu un camp dans toutes les dites libérations nationales, ils soutiennent le camp présidentiel dans la lutte frontale et antifa contre Heil Le Pen, et le rappel des moments historiques ils s'en fichent ici et maintenant avec leurs vélos électriques et leurs bars branchés.
Une mention positive à l'humour Lutte Ouvrière, secte ouvriériste, qui flirte pourtant avec les bobos irresponsables du NPA :
« Outre son objectif évident de faire mousser la personne de Macron, ce Forum sur la paix pourrait se comparer à un colloque sur le véganisme organisé par une confrérie de bouchers. Des dizaines de dirigeants politiques pourront y faire étalage de leur prétendu amour de la paix, alors qu’ils sont les dirigeants d’un système qui ne cesse d’engendrer les conflits dans le monde. Que ce soit la France et ses interventions en Afrique, les Émirats arabes unis impliqués au côté de l’Arabie saoudite dans la guerre qui ravage le Yémen, ou la Russie, la Grande-Bretagne et les États-Unis, aucun de ces régimes n’hésite à faire couler le sang et tous concourent à la croissance du militarisme »10.
La Tendance Communiste Internationaliste (ex Battaglia comunista + CWO)11 avait produit un bon communique en mai « Contre la guerre et le nationalisme », depuis plus rien. Le blog « Révolution ou guerre » dont le titre et le contenu répète que la guerre est sur notre seuil ne dit mot sur les hypocrites commémorations. A l'autre bout du maximalisme « spontanéiste » et intello, Bourrinet tombe dans un sensationnalisme ridicule sur facebook : « Mme Merkel commémore la Nuit de Cristal du 9 novembre 1938. Un autre anniversaire à rappeler : celui du 9 novembre 1918 à Berlin ! ».
L'analyse la plus sidérante est fournie par ce qu'il reste du CCI.


LE REVISIONNISME DU CCI SUR LA QUESTION DE LA GUERRE ET DU PROLETARIAT

Plutôt bienveillant je m'attendais à lire une analyse plutôt classique dénonçant les impérialismes et les nationalismes comme il est de coutume depuis au moins 50 années dans le milieu maximaliste, avec cet article : 11 novembre 1918: "Jamais plus de guerre"? - Un armistice pour sauver le capitalisme et préparer de nouvelles guerre12s .
Je découvris autre chose, une élucubration tarabiscotée plutôt proche du révisionisme d'un Vercesi. Je rappelle pour le quidam non connaisseur de l'histoire de la mal nommée « gauche communiste » (communiste tout court en vérité) que Vercesi – Ottorino Perrone - ce grand lutteur qui anima la revue Bilan à la veille de la Seconde Guerre mondiale se mit à théoriser, celle-ci advenue, une disparition du prolétariat. Je laisse le résumé à celui qui combattit cette théorie, notre regretté camarade et ami Marc Chirik, à partir d'une présentation ancienne d'un rédacteur de RI :

« Nous venons de souligner dans le chapitre précédent qu’à partir de 1937, la Gauche italienne connaît de graves difficultés politiques toutes liées à l’analyse politique de la guerre. A l’origine de ces difficultés, il y a le fait que la majorité du groupe, à la suite de l’organe central, a commencé à expliquer que les guerres, dans cette période, avaient pour principale raison d’être non plus les antagonismes inter-impérialistes mais le massacre des prolétaires.
Cette position s’appuie sur une analyse superficielle de la situation qui prévaut dans la seconde moitié des années 1930 : le redémarrage de l’économie sur la base de l’économie de guerre et la résorption du chômage. Ainsi, pour Vercesi, les contradictions du capitalisme international semblent s’atténuer. De ce fait, il pense que l’économie de guerre constitue la solution à la crise du capitalisme. Il théorise l’idée que le capitalisme pourrait s’éviter les guerres généralisées. La situation de “guerres localisées” qui prévaut à l’époque comme en Espagne, en Ethiopie, en Mandchourie, etc., a changé la fonction de la guerre impérialiste : celle-ci est devenue une guerre contre la classe ouvrière. Cette solution devait permettre à la bourgeoisie d’accomplir la tâche de résorption momentanée des contradictions impérialistes tout en se terminant par un massacre incroyable d’ouvriers. Pour O. Perrone, Munich est un véritable traité de Versailles. Munich signifie la fin de la guerre impérialiste.
Cependant, il existe une minorité dans la Fraction, notamment en Belgique autour de Mitchell et au sein du groupe de Marseille, avec Marc Chirik, qui s’oppose à cette vision.
La conception majoritaire aboutit, en septembre 1939, à ne rien comprendre au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale et à théoriser “la disparition du prolétariat” durant toute la période de l’affrontement impérialiste. Citons la déclaration politique” de la Conférence de la Fraction italienne en 1944 : L’état actuel de l’organisation est la suite, la continuation d’une crise qui a surgi dans le sein de la Fraction avant la guerre, dès 1937. Elle est inaugurée par l’abandon des positions politiques contenues dans le rapport sur la situation internationale adopté au congrès de la Fraction en 1935 et par la révision fondamentale de l’analyse de l’époque historique qui s’est ouverte en 1914 dans la phase décadente du régime capitaliste.
A l’analyse marxiste de cette phase, fondement programmatique de la Troisième internationale et de la Fraction de gauche communiste italienne, on a substitué tout un corps théorique d’une nouvelle doctrine :
1° Négation de l’exacerbation des antagonismes inter-impérialistes, allant par moments jusqu’à la négation même de l’existence de ces antagonismes, aboutissant ainsi à la négation de l’inévitabilité de la guerre impérialiste et à l’exclusion de la guerre impérialiste généralisée dans la phase décadente du système capitaliste.
2° Substitution à la guerre impérialiste généralisée de la théorie des “guerres localisées”, à la notion impérialiste de la guerre la notion de “guerre civile de la bourgeoisie contre le prolétariat”

L’économie de guerre ne serait plus une manifestation de la crise permanente du régime, un moment des convulsions de l’agonie du capitalisme (R. Luxemburg) mais deviendra le “moment de la plus grande production de valeur” (Vercesi)

Contrairement à ce qu’affirme la tendance “révisionniste” de Vercesi, la classe et ses organisations existent à tout moment, même pendant une période contre-révolutionnaire. Les organisations révolutionnaires ont alors une autre fonction que lors des périodes révolutionnaires ou de montée de la lutte de classe, notamment celle de sauvegarder les acquis théoriques et politiques de la classe ouvrière et d’intervenir à contre-courant.
  1. Dans une telle période, il ne peut malheureusement pas y avoir de place pour des partis révolutionnaires exerçant un impact déterminant dans la classe et ses luttes »13.
En conclusion, et contre la théorie de Vercesi prêchant l’impossibilité de toute activité politique, “la tactique générale sera d’œuvrer pour la formation d’un embryon d’Internationale. (...) Idéologiquement cet embryon d’Internationale (sorte de nouveau Zimmerwald) présentera un programme net, intransigeant, exprimant la volonté du prolétariat mondial à s’organiser en vue de la lutte pour la révolution. Cette Internationale poussera à fond le développement ou l’éclosion des partis révolutionnaires dans les pays possédant ou ne possédant pas des noyaux révolutionnaires”. C’est ainsi qu’il est décidé que la Fraction italienne doit rentrer en Italie pour jouer son rôle révolutionnaire ; elle n’a plus aucune raison de demeurer en France, dans l’émigration »14.

La vision tarabiscotée qui nous est fournie aujourd'hui sur le site du CCI s'apparente au raisonnement de Vercesi, on va essayer de comprendre pourquoi et comment. Le titre d'abord est bizarre :

« L’armistice : une attaque contre la révolution prolétarienne en réaction à la guerre »

En quoi l'armistice, le fait de cesser les hostilités pour tout au moins un moment négocier ou limiter les dégâts serait-il « une attaque contre la révolution prolétarienne » (laquelle est supposée seulement « en réaction à la guerre ») ? On a vu que Lénine est le premier à avoir proposé un armistice, que cela lui a été reproché par nombre de révolutionnaires romantiques dont Rosa Luxemburg. Lénine était-il donc un traître inféodé au désir de la bourgeoisie de torpiller la vague révolutionnaire qui montait. Tout se déroulait-il seulement au niveau du binôme bourgeoisie/prolétariat ? Voyons l'argumentation :
« L’armistice a permis à la bourgeoisie de déclarer la guerre au prolétariat (a) en divisant les ouvriers entre ceux des pays “vainqueurs” et ceux des pays “vaincus” et (b) en retournant les armes contre la révolution. En Russie, la contre-révolution s’était développée avec force (cf. « La bourgeoisie mondiale contre la révolution d’Octobre » ; Revue Internationale n° 160). En Allemagne aussi, la bourgeoisie était prête à déclencher sa terreur contre-révolutionnaire. Nourrie d’une haine farouche contre la classe ouvrière, elle se préparait à écraser par la force et à exterminer les foyers de la révolution communiste ».
Franchement, sémantiquement, la bourgeoisie n'avait pas à déclarer la guerre au prolétariat puisqu'elle se donnait les moyens de le réprimer partout dans les tranchées comme dans les grèves en Allemagne ou partout ailleurs. La formule « diviser les ouvriers entre vainqueurs et vaincus » est une élucubration de plus qui ridiculise ce qu'en disait le CCI naguère avec une méthodologie plus marxiste et pas aussi ésotérique. On expliquait alors qu'en effet en prônant l'armistice les fractions les moins idiotes de la bourgeoisie jetaient de l'eau sur l'incendie révolutionnaire d'autant que les désertions massives se multipliaient un peu partout. Mais cela ne veut pas dire que si la guerre avait été continuée elle aurait abouti à une révolution intégrale et victorieuse. Pourquoi ? Il suffit de regarder la reprise de 39-45 où la guerre s'est encore plus généralisée et n'a aucunement favorisé une nouvelle révolution à la russe. On assiste donc en fait au retour de cette vieille lubie de générations de révolutionnaires : de la guerre sortira automatiquement la révolution et tant qu'à jouer avec le feu il faut miser même sur une guerre d'armées « prolétariennes » pour enfin écraser la bourgeoisie ; c'est un cauchemar pas une voie vers la lumière ! Contraire même au fond des analyses de Marx et de Rosa Luxemburg qui n'ont jamais dit que la révolution prolétarienne gagnerait par la seule violence, militaire ou verbale.
Il se dégage une vision simpliste d'un raisonnement aussi complotiste avec cette curieuse conception de « diviser la classe ouvrière » (objet d'une attaque pacifiste par l'armistice bourgeois!) :
a) Diviser la classe ouvrière. La bourgeoisie était consciente du danger : « toute l’Europe est pétrie de l’esprit de la révolution. Il n’y a pas seulement un sentiment profond de mécontentement, mais également de colère et de révolte parmi les travailleurs (…). L’ensemble de l’ordre existant, aussi bien dans ses aspects politiques, sociaux et économiques est remis en question par les masses populaires d’un bout de l’Europe à l’autre » (Lloyd George, premier ministre britannique dans un mémorandum secret adressé au premier ministre français Georges Clemenceau, mars 1919). De par la signature de l’armistice, la classe ouvrière en Europe était divisée en deux parties : d’un côté les ouvriers qui se trouvaient dans le camp des états-nations vaincus et de l’autre côté ceux qui vivaient dans les états capitalistes vainqueurs et qui étaient submergés par une vague de national-chauvinisme (surtout en France, en Grande-Bretagne, en Belgique et aux USA). De cette manière, la bourgeoisie réussit à limiter les mouvements révolutionnaires au premier groupe d’Etats (plus l’Italie) ».
Raisonnement absurde, naguère le CCI disait justement que la bourgeoisie avait tablé sur le fractionnement des situations entre pays mieux lotis et mal lotis avec le but d'empêcher l'extension de la révolution. La révolution ne concerne pas que le prolétariat, qui est lui-même au milieu d'autres couches. En Russie les masses paysannes et petites bourgeoises ont aussi roulé contre la guerre. Une population entière n'est pas composée que de prolétaires. Il y eût au début des Conseils d'avocats, d'architectes, etc. Lorsque la bourgeoisie met fin (provisoirement ) à la guerre mondiale ce n'est pas simplement pour « niquer » le prolétariat – car elle sait qu'il n'est pas seul, qu'il entraîne le reste de la population derrière lui lorsqu'il est en position de force – mais pour enfermer toute dynamique révolutionnaire dans des situations nationales particulières. Ensuite ce genre d'analyse biscornue, simpliste et plutôt immature, a tendance à décrire des Etats bourgeois deus ex machina qui n'auraient eu affaire qu'à la seule classe ouvrière, à oublier que les enjeux impérialistes sont toujours présents et enfin que la défaite de la révolution mondiale est aussi une conséquence des erreurs des politiques révolutionnaires (la répression de « l'Etat prolétarien » a certainement plus « divisé les ouvriers » que l'armistice) et des illusions des masses.
Les bourgeoisies les plus puissants avaient aussi d'autres raisons de mettre fin à la guerre, une fois les énormes profits et repartages engrangés, que de craindre leur remplacement par un prolétariat universel organisé en conseils ouvriers planétaires avec un parti mondialisé en route vers l'abolition des classes.
Ce genre d'analyse binaire est du genre de celle de Vercesi, en effet la notion de “guerre civile de la bourgeoisie contre le prolétariat” mène tout droit au révisionnisme sur la complexité de la marche à l'abîme du capitalisme et à un fort probable abandon de la notion de prolétariat révolutionnaire par des militants qui se laissent séduire par de telles élucubrations qui n'expliquent ni la complexité des entrées en guerre, ni la place réelle du prolétariat et ses relations avec les autres classes.

TRISTES COMMEMORATIONS DE PART ET D'AUTRE !







NOTES


1Généralement cette notion de paix honteuse est attribuée la paix (obligée) de Brest-Litovsk qui fût d'ailleurs plutôt aussi un armistice. Paix honteuse convient pourtant mieux à mon sens à l'armistice de 1918.
2La grande guerre,, Fayard 1983 et poche Marabout.
3Le grade de général s'oobtient en période de guerre dès qu'une armée perd au moins mille hommes au combat, c'est la récompense au colonel De Gaulle en 1940 lors du siège d'Abbeville face au général allemand Guderian, sauf que De Gaulle y survit et file en Angleterre avec ses nouveaux galons de « frâche date ».
4CF. L'Europe en enfer de Ian Karshaw, Seuil 2016, p.82. Pierre Miquel décrit mieux l'ampleur des mutineries en Europe : « On ne peut alors parler de mutineries, mais de désertions en masse. Elles s'étalent sur toute l'année 1917 au lieu d'être concentrées, comme en France, sur quelques semaines. Les seuls mutins en Allemagne sont les marins ». (p. 408 de La grande guerre). Les marins allemands, pour une courte période (la tentative de révolution est rapidement étouffée par la traîtrise de l'appareil du parti socialiste et des syndicats), remettaient en question la légitimité de la guerre « nationale » et surtout la hiérarchie sociale en jetant leurs officiers par-dessus bord. Dans le plus grand hôpital de campagne du nord de la France, à Etaples, des soldats écossais et canadiens s'insurgent. Ils auraient barré le fameux pont rose avec des mitrailleuses ; 45 sont exécutés. La répression était si cruelle depuis quatre années que les fraternisations sont légions, contrairement à ce qu'on enseigne à nos bambins, et confirment ainsi, parallèlement, que la révolution d'octobre est le suc de ce mouvement international. « L'exécution sans délai est la règle » (assassin Joffre, 11 octobre 1914). Lionel Richard a encore plus finement décrit les fraternisations à l'arrière et en particulier pendant la courte tentative révolutionnaire en Allemagne : « C'est quelques jours auparavant, après Kiel, Hambourg, Brême, Munich, Stuttgart, en retard donc sur la province, que l'effervesence a gagné les usines et les casernes de Berlin. De bouche à oreille, la rumeur d'un soulèvement tout proche pour mettre à bas l'Empire s'est d'abord propagée ». (p.32, « La vie quotidienne sous la République de Weimar » Hachette 1983).
5GUERRES ACTUELLES : Syrie (8 guerres dites civiles), Irak, Yemen, Sahel, Bassin du Tchad, Soudan du
sud, Afghanistan, Birmanie, Ukraine, Mexique (guerre des gangs qui fait plus de morts que la guerre en Syrie). Les civils sont les premières victimes des conflits armés dans le monde. Exécutions, torture, déplacements forcés, leur protection est mise à mal.
Selon Amnesty international : « Quelles que soient leur nature et leur intensité, les conflits armés entraînent partout des violences. De la République centrafricaine à la Syrie, du Yémen à l’Irak, en passant par Gaza, les civils sont les premières victimes des combats. Ils devraient pourtant en être protégés comme l’exige le droit international humanitaire. Lors des bombardements, les infrastructures civiles sont aussi touchées : les hôpitaux ou les bâtiments publics sont souvent ciblés et détruits plongeant durablement des populations entières dans le chaos.
Le contexte des conflits favorise également d’autres formes de violences : recours à la détention arbitraire ou aux disparitions forcées, généralisation de la torture. Les femmes sont victimes de viols ou d’autres formes de violences sexuelles et des enfants sont enrôlés de force dans les combats. Les conflits contraignent aussi les civils à fuir les violences pour chercher asile et protection, bien souvent en traversant les frontières de leurs pays
7 Contrairement aux alliés (ou pseudo-alliés actuels), l’Allemagne ne fêtera jamais le 11 novembre sur son territoire ; la présence de Merkel à l'Arc de triomphe était donc incongrue mais ne lui vaudra pas de trop grands reproches de la part des caciques du chauvinisme teuton, vu qu'elle est en fin de course et ne fait plus que de la figuration.
14 Et lire pour comprendre plus à fond cette polémique ici :

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire