PAGES PROLETARIENNES

mardi 24 juillet 2018

UN AMATEUR A L'ELYSEE


(Monsieur Propre s'est sali ou LREM – la République En plein dans la Merde)


«Quelle est votre profession? Prince français en exil. Quels sont vos complices? La France entière. De quel droit portez-vous la Légion d'honneur? - Je l'ai trouvée dans mon berceau.»
Victor Hugo

«On ne peut pas être président de la République sans avoir été ministre pour une période assez longue et avec une gestion complexe pour connaître les rouages» de l'État ».
Giscard d'Estaing, sur le « jeune » Macron, juillet 2016)

« Il (Macron) n’a jamais connu ni géré de crise politique de sa vie, ni en tant que maire, ni en tant que parlementaire, ni en tant que ministre. Il a réagi comme si l’Etat était une entreprise : il met à pied trois chefs de rayons et pense que tout est réglé. Il se trompe. Cette crise va durer » Jean-Luc Mélenchon

« Les inégalités engendrées par le système de marché accroissent le risque d’un spasme sociétal, d’une révolte dont la forme est imprévisible. On ne peut pas continuer comme cela, l’inégalité est trop forte. On risque l’insurrection ».
Alain Minc (8 juillet 2018)


Un zélé cogneur impuni ?


Le novice ne fût pas le cogneur Benalla, mais bien son boss freluquet. Tous les gauchistes et la marge trotskienne défroquée se sont rués sur le supplétif policier de l'Elysée, barbouze rapidement promu sous-chef flic, haussé au rang de scandale majeur de la blanche démocratie bourgeoise sans argent sale et sans reproche. Au lieu de plonger impulsivement dans la soit disant révélation, ils auraient pu réfléchir et se demander ce qui avait produit cette nouvelle ruse de l'histoire, ou vengeance par procuration de hiérarques policiers humiliés dans un Etat géré de plus en plus comme une PME... Comme quoi il se vérifie que les dictateurs au petit pied peuvent perdre toute autorité en quelques heures... et qu'un certain libéralisme acharné contient des effets pervers destructeurs pour la marche de l'Etat (bien relevés pour une fois par Mélenchon).

Heureusement qu'on est en France avec un prolétariat non embrigadé dans la future guerre mondiale (comme dit le CCI), ni par la religion musulmane, mais qui regarde encore son nombril. Sinon la petite frappe, qui met ses muscles aussi bien au service de la gauche que la droite, mais qui a enrayé bêtement le macronisme vulgaire, ne serait restée qu'à son niveau : un fait divers. En Turquie par exemple, la brute épaisse n'aurait certainement pas fait partie des proches d'Erdogan, et l'auteur de la première video comme les journalistes ergoteurs auraient fini en cabane. Mais voilà, on est en France où la classe ouvrière est présumée disparue, où on ne voit plus ses grèves, ou plutôt quand ses grèves n'inquiètent plus personne et sont ridiculisées en luttes intermittentes par la syndicratie. Pourtant le scandale népotiste et la fébrilité (députés, magistrats et hauts flics sont en première ligne) devrait nous rassurer : un tel luxe d'indignations est bien propre à enfumer le vrai danger. Quand les attaques gouvernementales successives sont si nombreuses, avec passe droit institutionnel automatique et que les complices syndicaux ferment toutes les portes, il faut bien s'attendre à ce que quelque chose entre violemment par la fenêtre. Fût-ce par le biais de ces sales smartphones qui pullulent, quand on ne peut plus pisser au coin d'une rue sans être vu et catalogué. C'est pourtant bien le grand absent, le prolétariat, qui n'éternue plus, mais qui conditionne les ruades de tous ces ma'as-tu-vu.

Ruse policière ou revanche inédite, l'épisode Benalla, est venu ébranler l'arrogance étatique alors que l'image de la violence plus que l'irrespect hiérarchique du type au macaron élyséen n'est qu'un fait divers voire une ratonnade post-manif, courante, sans graves conséquences pour les personnes1. A chaque manif des gens sont frappés par les professionnels de la cogne. Tous les jours, des flics et des militaires sont humiliés par leur hiérarchie galonnée. En soi l'épisode de favoritisme « aggravé » est moins grave que le fait que le président se soit entouré de milliardaires et de justiciables comme Alexis Kohler ou le patron et ex député PS Richard Ferrand, qui passent tous régulièrement à travers les mailles de la dite justice, comme Eric Worth du bord opposé. Napoléon 4 n'a pas voulu tenir compte des avertissements des bonzes syndicaux ni de Minc, et l'avertissement (policier) qui lui tombe dessus va-t-il le faire réfléchir au risque d'une chute brutale s'il continue à se la jouer perso ?2

Paradoxe de cette ruse pour initiés ou ambivalence d'un fait divers « mis en image » qui fait trembler le sommet de l'Etat : il passionne l'opinion internationale et peut être traité plus sereinement parce que les ouvriers sont en vacances. Imaginons qu'il se soit produit au plus fort de la protestation niquée des cheminots... De telles images de violence contre des civils (et étalant au grand jour la complicité de patrouilles privées rémunérées par... nos impôts) ; c'est cette violence visible qui avait provoqué l'étincelle en mai 68. Etincelle politique et pas syndicale. Il ne faut pas imaginer une nouvelle étincelle déjà éteinte par les protestations hystériques de tous les groupes bourgeois insoumis qui pratiquent la politique substitutive de Danton3, et il n'y a aucun relève alternative à Napoléon 4, même les pieds dans sa boue.
Bien sûr la protestation ne vient pas du prolétariat en vacances, bien que l'événement le rende attentif à chaque épisode de révélations, mais ce que ne peuvent comprendre les faux révolutionnaires ou les déchets du gauchisme, et qui doit nous interroger, nous les vrais amis du prolétariat, c'est la vivacité de la réaction des oppositions éclatées au macronisme vulgaire, cette variété libérale musclée de bonapartisme, gouvernance rigidement verticale et népotiste4.

Ou un règlement de compte entre clans policiers et Etat ?

C'est évidemment depuis le renseignement et la surveillance policière des réseaux sociaux que le buzz a été utilisé ; les déviants anonymes de la police sont choyés par Le Canard et Médiapart qui a censuré un contributeur qui signalait l'appartenance de Benalla à une loge maçonnique... comme la blanche Collomb5. Aucun citoyen internaute ne se serait soucié d'identifier la tronche à Benalla, sauf ceux dans la complexe hiérarchie étatique qui le côtoyaient et subissaient sa faconde de voyou parvenu. Règlement de compte au début donc, par la gendarmerie, fort éprouvée par des remaniements hiérarchiques ces dernières années, et grande muette SM contrairement à la police bien-aimée qui dispose de syndicats corpos musclés. Le mépris des grands corps de mercenaires d'Etat est pourtant une tradition des chefs d'Etat. Les CRS sont pris pour de la merde ; on se souvient du conseiller d'Etat, arabe en service pour Hollande, qui exigeait de se faire livrer des croissants tous les matins par le CRS de garde. Sous Flanby Hollande et Bismuth Sarkozy, des conseillers du président - Aquilino Morelle et ses chaussures cirées, Patrick Buisson le conseiller facho - avaient été accusés de comportements inadaptés. Sous flambeur Macron, le comportement « inadmissible » était devenu... admissible.
Intéressons-nous brièvement aux débuts des révélations (au compte-goutte) de l'affaire Benalla. Le pavé dans la mare fût la première vidéo : révéler sous le casque la trogne du cogneur de l'Elysée6. La video contient la vengeance brute de décoffrage de la corpo gendarmesque et favorise deux premières interprétations : un couple lambda est sauvagement agressé par « un proche de l'Elysée ». Deux types sont au premier plan, un chauve qui semble dire au manifestant à terre : « maintenant tire-toi ! », l'autre se débat à nouveau furieusement au lieu « d'obtempérer »7, puis déboule un type trapu, avec une grosse veste et un casque de solex, avec brassard police. C'est dubeau, ducon Benalla ! Ami quasi familial du sieur Macron ! Effet garanti, toutes les gazettes pointent du doigt un simple employé de gardiennage de la présidence. Nous, internautes spectateurs légèrement indignés, avons une pensée presque émue pour les CRS qui s'éloignent des deux « civils », imaginant qu'ils sentent le gaz ce comportement de zélés souteneurs de leur métier8. On imagine même que cette vidéo est une fake news qui va entraîner un bon débat pour justifier une police propre qui tape « légalement » en uniforme tout manifestant récalcitrant...

Malheureusement, on n'est encore qu'au début du feuilleton Benalla Gate qui devient Macron Gate ; une deuxième vidéo suit où les CRS qui, jusqu'alors paraissaient méfiants devant la brutalité de leur supérieur inconnu haut Benalla, certainement un intimidant haut placé sorti de la cuisse de Jupiter, se mettent à s'acharner sur le couple échevelé. On voit pourtant le type à terre faire un geste qui peut coûter cher dans cette situation, il attrape le bâton d'un CRS à la ceinture et de lui crier « arrête », évidement un autre CRS frappe sur sa main avec sa bombe à lacrymo, quand la femme échevelée est repoussée à l'intérieur de la boutique. La soudaine violence des CRS alors que les deux civils avec badge police sont à leur tour calmes et redevenus simples observateurs, par quoi est-elle motivée ? Rébellion ? Insultes ? Toutefois avec cette deuxième vidéo, le statut de couple insoumis, en légitime protestation « citoyenne » n'est pas entamé, donc notre indignation reste intacte : c'est dégueulasse, les CRS c'est bien toujours des pourris et Macron avec ou sans police parallèle voilà la concrétisation de sa « révolution des réformes pour redresser les comptes de l'Etat : il détruit les services publics, il se sert des syndicats pour ridiculiser les ouvriers et quand ça ne suffit pas il envoie ses cognes » !
L'image des attaques sur le retraites, toujours en cours, revient : « Macron cogne sur la classe ouvrière » comme ses affidés cognent physiquement sur les gens. Très mauvaise image... concrète ! Les sous-fifres macroniens ont beau défendre à hue et à dia leur prince en tentant d'en faire un « cas individuel », c'est désastreux : toute la chaîne de commandement policière et militaire est ridiculisée. Le dérapage de ducon Benalla est patent, ce n'est pas Macron qui lui a demandé d'aller faire … le con et de s'exposer aisni au ridiculise. Mais la bêtise de Benalla fait du bien au prolétariat : il permet de lever toutes les couleuvres du prince népotiste !

Le clan élyséen, aussi violemment tarabusté (mais pas physiquement), a réagi en faisant diffuser une troisième vidéo pour contrer le buzz des précédentes favorisées par les gendarmes en colère : celle des flics où là le couple n'apparaît plus innocent. On voit le type, qui va être tabassé par Benalla et les CRS, lançant un objet sur les flics. Il n'a pas l'âge d'être lycéen ni étudiant. Il semble qu'il fait aussi un bras d'honneur ; le journaliste du Monde dit que c'est sa compagne. Changement de décor et d'interprétation : provocation-répression- CRS=SS, le tintouin habituel de n'importe quelle manif. Un pet de souris.
Hélas, trois fois hélas, il y a encore ce pauvre Benalla. Que fait-il là déguisé en flic d'appoint ? Quels bas instincts l'ont poussé à venir « se faire » des manifestants au corps à corps alors qu'il est – comme on l'apprendra abondamment – destiné à une super promo (lieutenant-colonel puis sous-préfet, car on ne refuse rien aux braves) ? Le naturel est revenu au galop. Le cogneur s'ennuyait sous les meilleurs ors de la République. Il voulait continuer à tâter du terrain comme lorsqu'il gardait l'entrée des supermarchés. On l'a prévenu rapidement qu'il avait une merde sur la tête. Trop tard, on ne remplace par un pois chiche par un cerveau. Plus saisissant, un pois chiche en fait tomber un autre ! J'ai déjà dit ce que je pensais du grand esprit de Macron : le vide. Sidéral et sidérant. A se demander comment un charlot pareil a pu se constituer une aussi large cour d'arrivistes, la plupart désormais penauds et de mauvaise foi face au népotisme qu'ils ont permis d'installer.
On imagine le prince Macron effondré : « Quel con ce Benalla, et dire que j'ai réchauffé un serpent dans mon sein ! ». Il lui téléphona : « Tu étais mon seul homme de confiance ! Abruti ! qu'es-tu allé faire dans cette galère, cette sphère à bobos place de la Contrescarpe ? Les cours de karaté ne te suffisaient plus ? Taper ta nana non plus ! Dégage ! Retourne dans ta banlieue de merde et reprend ton vrai prénom arabe ! Je ne peux plus rien pour toi ! Et rend-moi le double des clés de ma datcha au
Touquet ! »
Une suceboule de LREM (la république dans la Merde) a ergoté qu'on ne peut pas « jeter le discrédit sur l'ensemble de la majorité uniquement pour un acte isolé d'un individu ». Son maître a fait savoir, sans montrer sa mine déconfite qu'il « n'y aura pas d'impunité », mais il y a eu de toute façon impunité et népotisme crasse ! Cette façon de tenter d'écarter l'accusation de népotisme est aussi ridicule et impuissante qu'un chefaillon de droite comme Wauquier qui dénonce les cogneurs dans les manifs mais qui lorsqu'il est ministre à son tour ne trouve rien à redire de la violence « normale » des CRS.

NE PAS SALIR LA POLICE

« L'affaire est choquante car elle salit la police »
Hervé Pierre (ex-cadre de la Préf de police de Paris, in La Voix du Nord du 22 juillet)

« Ce sont nos policiers et nos gendarmes qui, au quotidien, défendent les valeurs de la France ».
Gérard Collomb (Ministre de l'Intérieur auditionné par la Commission des lois)

« Quand on bascule d’un lien de proximité, de confiance, à des relations qui perdent leur lien de pureté, on prend un risque ».
Alain Gibelin, Préfet de police de Paris.

Que Macron soit parano, comme tous ses prédécesseurs, pour sa protection et celle de sa famille, n'aurait rien de choquant s'il faisait confiance aux institutions, mais, visiblement il n'a même pas confiance (lui non plus... comme le prolétariat) en la police et gendarmerie officielles ; et cela
Distribution de médailles (cf. L'organisation eggregore)
personne ne le relève dans le scandale, sauf les policiers eux-mêmes, dont l'huile précédente, parmi la noria de dircabs, dénonce le « copinage malsain » car la police, elle, est pure, elle ne "marche" qu'à la prime et à ma médaille. C'est à dire qu'il y a un scandale dans le scandale. Que Macron ait recours à une police privée n'est pas nouveau sous la Ve République, grands patrons et politiciens divers de l'Etat bourgeois y ont toujours eu recours à certaines périodes, en arrosant généreusement en pépètes et en médailles les heureux « nervis » désignés. Le scandale est plus grand surtout en ce qui concerne le fait que Macron se passait royalement d'une invention de Mitterrand, conservée par ses successeurs, les mousquetaires du GIGN. Pourquoi ce manque de confiance ? Seul l'intéressé pourrait nous le dire si, par bonheur, il passait sous les fourches caudines de la commission des lois.


A plusieurs reprises j'ai déjà signalé comment les campagnes idéologiques avaient toujours des aspects obscurs, viraient à la persécution et à l'obsessionnel9, focalisant sur le couple népotiste Fillon sans qu'il n'y ait éclaircissement ni suite dans les idées. Les vidéos actuelles qui sont restées en circulation ajoutent à la confusion et autorisent toutes les interprétations. L'objet de cette campagne médiatique n'est évidemment pas de faire tomber l'Etat, mais, en dérivant le fond du problème sur « l'intégrité policière » - réponse du berger à la bergère - pour ne pas dire sa pureté virginale, on prépare la décrue en milieu policier relativement discipliné et humble, car, d'autres mécontents ont envie de balancer, en vue de la réduction du nombre de députés.
Quelques fusibles vont sauter dans la noria impénétrable des multiples secrétaires, sous-secrétaires, sous-directeurs, vice ceci ou vice cela, mais la tâche restera indélébile. Aussi Macron et ses plus proches affidés doivent-ils scruter les listes des noms députables (infidèles ou peu courageux dans la tempête) à éliminer pour le futur dépoussiérage parlementaire. Dans la charrette, probablement le préfet Gibelin promu au gibet puisque sa langue a fourché face à la méchante commission des lois.

Début avril, premier exécutant de l'exécutif, Édouard Philippe, avait annoncé la réduction de 30% du nombre de parlementaires et l'introduction d'une dose de 15% de proportionnelle aux législatives, dans le cadre de la réforme des institutions prévue pour 2019. Le nombre des députés serait ainsi ramené à 404, et celui des sénateurs à 244 (contre 577 et 348 actuellement). La norme dans les démocraties occidentales, c'est un député pour 100 000 habitants. En 2009, la barre était fixée à un député pour 125 000 habitants. Avec la réforme de 2019, il y aura un député pour 200 000 habitants.Difficultés techniques, députés inquiets de perdre leur siège... Avec la baisse de 30% des députés et sénateurs prévue pour 2019, le redécoupage de la carte électorale s'annonce comme une vraie boucherie. Il va falloir annoncer à 30% de parlementaires qu'ils ne pourront pas se représenter. Tout le monde ne pourra pas être recasé.
En attendant, Louis-Napoléon Macron a bien fait preuve d'un singulier amateurisme, l'Etat ce n'est pas lui mais il est redevable à l'Etat. Pour l'heure, il se cache, il a perdu toute autorité et réduit à néant toutes ses gesticulations vantardes à travers le monde. Si une opposition bourgeoise crédible ne se reconstitue pas, le régime dominant sera très fragilisé à terme socialement et politiquement. La nature a horreur du vide et des pois chiches.


Le scandale contient des éléments de réflexions pour la lutte de classes, mais pas seulement, Pour faire chier l'anar de gouvernement, anti-marxiste acharné, Michel Onfray, il me plaît de citer ici Lénine qu'il ne comprendra évidemment pas:


« Quiconque reconnaît uniquement la lutte des classes n’est pas pour autant un marxiste ; il peut se faire qu’il ne sorte pas encore du cadre de la pensée bourgeoise et de la politique bourgeoise. Limiter le marxisme à la doctrine de la lutte des classes, c’est le tronquer, le déformer, le réduire à ce qui est acceptable pour la bourgeoisie. Celui-là seul est un marxiste qui étend la reconnaissance de la lutte des classes jusqu’à la reconnaissance de la dictature du prolétariat »
Cela donne envie de relire le génial « Les luttes de classes en France » de Marx et l'intro d'Engels :
« Le présent ouvrage de Marx fut sa première tentative d'explication d'un fragment d'histoire contemporaine à l'aide de sa conception matérialiste et en partant des données économiques qu'impliquait la situation. Dans le Manifeste communiste, la théorie avait été employée pour faire une vaste esquisse de toute l'histoire moderne, dans les articles de Marx et de moi qu'avait publiés la Neue Rheinische Zeitung nous l'avions utilisée pour interpréter les événements politiques du moment. Ici, il s'agissait, par contre, de démontrer l'enchaînement interne des causes dans le cours d'un développement de plusieurs années qui fut pour toute l'Europe aussi critique que typique, c'est-à-dire dans l'esprit de l'auteur, de réduire les événements politiques aux effets de causes, en dernière analyse, économiques.
Dans l'appréciation d'événements et de suites d'événements empruntés à l'histoire quotidienne, on ne sera jamais en mesure de remonter jusqu'aux dernières causes économiques. Même aujourd'hui où la presse technique compétente fournit des matériaux si abondants, il sera encore impossible, même en Angleterre, de suivre jour par jour la marche de l'industrie et du commerce sur le marché mondial et les modifications survenues dans les méthodes de production, de façon à pouvoir, à n'importe quel moment, faire le bilan d'ensemble de ces facteurs infiniment complexes et toujours changeants, facteurs dont, la plupart du temps, les plus importants agissent, en outre, longtemps dans l'ombre avant de se manifester soudain violemment au grand jour. Une claire vision d'ensemble de l'histoire économique d'une période donnée n'est jamais possible sur le moment même; on ne peut l'acquérir qu'après coup, après avoir rassemblé et sélectionné les matériaux. La statistique est ici une ressource nécessaire et elle suit toujours en boitant. Pour l'histoire contemporaine en cours on ne sera donc que trop souvent contraint de considérer ce facteur, le plus décisif, comme constant, de traiter la situation économique que l'on trouve au début de la période étudiée comme donnée et invariable pour toute celle-ci ou de ne tenir compte que des modifications à cette situation qui résultent des événements, eux-mêmes évidents, et apparaissent donc clairement elles aussi. En conséquence la méthode matérialiste ne devra ici que trop souvent se borner à ramener les conflits politiques à des luttes d'intérêts entre les classes sociales et les fractions de classes existantes, impliquées par le développement économique, et à montrer que les divers partis politiques sont l'expression politique plus ou moins adéquate de ces mêmes classes et fractions de classes.
Il est bien évident que cette négligence inévitable des modifications simultanées de la situation économique, c'est-à-dire de la base même de tous les événements à examiner, ne peut être qu'une source d'erreurs. Mais toutes les conditions d'un exposé d'ensemble de l'histoire qui se fait sous nos yeux renferment inévitablement des sources d'erreurs; or, cela ne détourne personne d'écrire l'histoire du présent ».




La suite aux prochains numéros médiatiques...





































































NOTES




1Enfin, et j'y reviendrai, le tabassage du couple n'est pas la fin du monde, c'est moins grave que l'assassinat par étouffement policier d'Adama Traoré. Le couple de bobos – lui a jeté la carafe d'eau du bistrot sur les CRS et elle a fait un bras d'honneur – tenant à se faire passer pour un couple de badauds, et surtout pas « black blok ». Ils l'ont bien cherché en ignorant que tout est filmé et qu'ils sont en tort vis à vis de la loi bourgeoise. L'acharnement des CRS semble plutôt montrer qu'en matière de rébellion ils sont naïfs : cerné par les cognes, il est stupide de se mettre à les insulter ou à protester de son innocence après leur avoir balancé une bouteille. La présence de policiers en civil, ou même d'acolytes ou d'une police parallèle ne gêne aucunement les diverses polices complémentaires. Pour réprimer dans les moments révolutionnaires, le premier commerçant venu sanguinaire peut s'improviser chef des CRS. Le Monde détailla une fois sous l'aspect clean le faux problème de ce mercenariat : « Outre les forces dédiées au maintien de l’ordre, d’autres policiers issus des commissariats agissent dans les cortèges, notamment les brigades anticriminalité. Ils sont en civil afin de ne pas être repérés. Leur but est, le plus souvent, de procéder à des arrestations et d’extraire des individus de la foule.Ces fonctionnaires font l’objet d’une polémique récurrente concernant la présence supposée de « policiers casseurs » qui provoqueraient des troubles. Mais ces allégations n’ont jamais été prouvées, les images publiées autour de la question étant souvent manipulées. Les syndicats de policiers nient par ailleurs vigoureusement, rappelant d’une part que des policiers ne vont pas jeter de pavés sur leurs collègues, et, d’autre part, leur attachement à la liberté de manifester ».https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2016/05/03/ce-que-la-police-peut-et-ne-peut-pas-faire-pendant-une-manifestation_4913025_4355770.html . Je ne dirai rien aujourd'hui de ce que je sais des faux manifestants qui ont détruit le Fouquet's au soir de la gloire de notre éphémère plénitude footballistique.
Je rappelle ici l'étymologie du terme népotisme : « Le terme a été emprunté en 1653 à l'italien nepotismo, lui-même dérivé de nepote qui signifie « neveu », par référence au favoritisme accordé par un pape à l'un de ses neveux par la cession indue de titres ecclésiastiques ou de donations réservés au Vatican3. Au Moyen Âge, le mot désigne normalement dans ce contexte, les enfants des frères et sœurs des ecclésiastiques. Mais souvent, par euphémisme, les mots « neveux » et « népotisme » désignaient aussi les propres enfants des ecclésiastiques ; Savonarole prêchait ainsi contre l'Église de Rome en 1497 : « autrefois, si les prêtres avaient des fils, ils les appelaient leurs neveux ; maintenant on n'a plus de neveux ; on a des fils, des fils tout court. »

2Un Mussolini, bien que autrement criminel, mais du genre Bonapartiste en guerre, est tombé une première fois par suite à la magnifique grève des ouvriers turinois en 1943, dessaisi par le grand conseil fasciste et le roi. Tout dictateur, ou assimilé, est dicté, comme me le répondirent un jour les camarades du Prolétaire (PCI).
3Dont je vous ressasse régulièrement la célèbre formule : « Soyons terrible pour éviter au peuple de l'être », ce qui accouche certes d'un minable : « soyons de féroces insoumis pour éviter au prolétariat de l'être ».
4Un point commun entre Napoléon III (Badinguet) et Napoléon IV (Macron) : Badinguet avait été sponsorisé par une riche bourgeoise au début de sa carrière politique ; Macron a été drivé par sa maîtresse d'école qui ne connaît rien à toutes les arcanes de l'Etat. Dans tous les cas, les petits dictateurs bonapartistes ont commis inévitablement des bourdes aux conséquences gigantesques, par immaturité et goût âpre du luxe.
5Voir ici : http://www.wikistrike.com/2018/07/franc-maconnerie-benalla-a-des-reseaux-proches-du-grand-orient.html. IL faut savoir que pour faire carrière dans la police il vaut mieux être franc-mac et la corpo en regorge.
6Dont n'importe quel policier pouvait connaître la trajectoire. Les agents de sécurité les meilleurs, pas forcément les plus intelligents, sont recrutés chez les petites ou grandes frappes de banlieue. La mère Le Pen, dénonçant avec virulence une nouvelle affaire de barbouzes, faisait mine d'oublier que son parti en vrille est le parti préféré des barbouzes, et rappelait, justement, que le garde du corps précédent du roi élyséen Makao, deux mètres treize, pote avec Jaoud, le logeur des tueurs islamistes. Et cf. Libératio (7 juin 2018).Dans cette vidéo, on peut voir Jawad Bendaoud jouer au jeu vidéo de football FIFA, avec un homme très costaud arborant un maillot bleu barré de rouge, très ressemblant à celui de l’équipe de rugby de République Démocratique du Congo. Makao, l’ancien garde du corps d’Emmanuel Macron, originaire de ce pays, était également membre de sa sélection de rugby, selon l’Express.En légende, Jawad Bendaoud note : «Makao va Jawad FIFA 2018» et «Makao il est énervé quand il mange».
7L'individualisme bobo, comme celui des cailleras ou des blacks bloks, interdit qu' « on me touche ». « Tu me touches pas ou t'es mort ! », « je sais où tu habites », « je vais cramer ta maison », et suivent généralement une litanie d'insultes pour intimider. Les flics ont semblent-ils des consignes pour « ne pas toucher » en public, et ont une stratégie d'encerclement de l'individu indigné ou hystérique pour tenter le le maîtriser sans cogner tout de suite.
8C'est la version que fait circuler un syndicat policier : « «L'Elysée, ça fout la trouille à tout le monde» : c'est ce qu'a admis Philippe Capon du syndicat des gardiens de la paix Unsa-Police, cité par le journal Le Monde. Cela explique peut-être la passivité des CRS entourant Alexandre Benalla et Vincent Crase le 1er mai, alors qu'ils s'en prenaient violemment à des manifestants ».
9 Article dans ce blog sur le Penelope gate : une curieuse campagne de persécution médiatique
(fev 2017) avec l'éternel Monsieur Propre, pourri lui-même, face aux népotismes et aux corruptions habituelles.

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