PAGES PROLETARIENNES

vendredi 3 novembre 2017

La police a-t-elle incendié la gendarmerie ?



Ou les avatars de nouvelles « pétroleuses »1

Misère du pouvoir jupitérien. On se souvient des coups de menton de Sarkozy contre les chômeurs, ces fainéants professionnels. Coup de gueule mêlé au mépris de classe. Avec Macron c'est du mépris concrétisé, il les attaque sans fard pour les appauvrir. En ridiculisant ses syndicats de gouvernement comme il vient de le faire (et royalement), donc en exhibant l'inanité des processions de rue, l'Etat bourgeois prend le pari de pousser au développement de l'action anarchiste classique, non pas terroriste comme les familles d'assassins de la contre société salafiste, si utile au développement de l'emploi sous uniforme, mais d'attentats contre les symboles du régime d'exploitation des prolétaires et de mise à la rue des chômeurs.
Depuis plusieurs mois en France s'est développé une attaque incendiaire contre des gendarmeries où vedettes anonymes d'Indymédia peuvent cotoyer sans s'en douter d'autres anonymes bien plus professionnels. L'histoire des attentats anarchistes de la fin du XIX e siècle nous a appris que des fonctionnaires sans uniforme aimaient bien se mêler aux dits attentats mais pas forcément pour en prémunir les prolétaires ni la population.

Aux origines de cette vague d'attentats contre des locaux policiers, diversifiés et pas tous du même ordre, une affaire bien louche qui sent le coup monté à plein nez2. L'agression odieuse en mai 2016 d'un couple de policiers multi-genre (une femme et un noir) au volant de leur voiture de fonction : jet d'un cocktail Molotov dans le véhicule puis agression à la barre de fer par un manifestant cagoulé du policier noir qui s'était extrait du véhicule et avait fait face courageusement sans dégainer son revolver. L'image absolue pour héroïser le policier parfait face au « taré anarchiste » ou plutôt l'ex ploum-ploum devenu "toto barjo". La séquence fît le tour du monde et le policier temporaire passa en CDI. Du côté de la majorité silencieuse l'affaire était entendue pour les mois à venir, la police s'était montrée une fois de plus courageuse et ceux qui s'en prennent à elles de lâches assassins (oubliées les bavures, affaire Théo, etc.). Du côté des mutins de Panurge gauchistes et idiots du marais clochard anarchiste, les images de policiers incendiés provoquaient un orgasme ininterrompu.

Suite du feuilleton : pas moyen de retrouver les deux ou trois cagoulés qui s'étaient mis à taper furieusement sur un véhicule ordinaire et inoffensif de la police. On en dénicha deux : « Angel Bernanos, 19 ans, arrière-petit- fils de l'écrivain militant de l'Action française et anti-franquiste, fiché S pour son appartenance à "la mouvance contestataire antifasciste susceptible de se livrer à des violences". Avec son frère aîné, Antonin, 22 ans, il a été présenté comme l'un des "meneurs" de l'attaque de deux policiers, quai de Valmy, le 18 mai dernier, en marge d'une manifestation des forces de l'ordre contre "la haine antiflics". 
Réaction des accusés (ils sont six) : «Une injustice totale, tranche celui qui a toujours nié avoir porté le moindre coup à l'adjoint de sécurité Kevin Philippy. On sait désormais que l'enquête qui nous met en cause est totalement biaisée ». Qu'elle est très étrange en fait. Le 2 décembre 2016, le juge des libertés avait ordonné la libération d'"Anto", son aîné, après six mois de détention à Fleury-Mérogis. Une décision - de laquelle le parquet a fait appel - motivée par "plusieurs éléments nouveaux" intervenus ces derniers mois. A commencer par la fragilité du témoignage sous X émanant d'un policier des RG parisiens (DRPP)3, sur lequel se fonde largement l'enquête4.  
Il présentait notamment Angel Bernanos comme l'auteur des coups de barre de fer portés à Kevin Philippy, jusqu'à ce que Nicolas F., 40 ans, reconnaisse le 20 juillet dernier avoir frappé le policier ("pour l'éloigner et non attenter à sa vie") et s'en excuse... "J'étais de l'autre côté de la rue où se sont déroulés les faits, comme en ont attesté deux personnes devant la justice", rappelle Angel Bernanos ». Il est évident que ces deux hommes sont innocents et que leur seul crime, comme au temps du sinistre Marcellin est d'être coupables d'avoir été des « badauds ».
L'attaque violente et lâche du véhicule de police ne peut avoir été inventée et montée que par ces défenseurs anonymes rétribués par l'Etat pour « criminaliser » la révolte sociale, même celle qui se défend violemment contre les violences policières sans se servir de cocktails Molotov ou barres de fer.
L'attaque de la gendarmerie de Grenoble le 21 septembre est revendiquée par un « groupe nocturne » comme le note Libération : « Ces «lâches auteurs», se présentant pour leur part comme «Des nocturnes», ont choisi de se manifester publiquement dès 13 heures, via le site internet d’information alternative local IndymediaGrenoble. Ils présentent l’incendie comme une «attaque de solidarité» avec les prévenus du procès de l’affaire de la voiture de police brûlée quai de Valmy à Paris, le 18 mai 2016, lors des manifestations contre la loi travail, procès ouvert mercredi au tribunal de grande instance de Paris. Leur texte de revendication, titré «Solidarité incendiaire», est court et précis : «Ce jeudi, à trois heures du matin, deuxième jour du procès de la voiture brûlée. Avons pénétré dans la caserne de gendarmerie Vigny-Musset. Avons incendié 6 fourgons d’intervention et deux camions de logistique. […] Cet acte s’inscrit dans une vague d’attaques de solidarité avec les personnes qui passent en procès ces jours-ci. […] Quelle que soit l’issue du procès, on continuera à s’en prendre à la police et à la justice. Notre hostilité est un feu qui se propage.»
Un comité de soutien s'est constitué depuis un an pour les deux principaux accusés (à tort) et cet attentat pourrait être considéré en effet comme une manifestation de soutien par des individus agissant de leur propre initiative de révoltés contre la justice de classe qui « fabrique » des coupables sur mesure pour criminaliser les révoltés et la classe ouvrière. Cet attentat n'était qu'un épisode de la « vague » que décrivait aussi Libération : « La «vague» évoquée résonne avec la destruction par le feu de cinq véhicules de la gendarmerie de Haute-Vienne, dans la nuit de lundi à mardi à Limoges, là aussi à l’intérieur d’une caserne, revendiquée mardi via Indymedia Nantes par des «ex-gendarmes mobiles anarchistes» exprimant leur «solidarité aux inculpé-e-s dans l’affaire de la voiture de police brûlée quai Valmy». A chaque fois, on note un humour déflagrateur, assez proche de la bande à Coupat, eux-mêmes fort manipulés avec l'histoire des caténaires.
La vague d'incendies ne touche pas que les gendarmeries, sans compter que attaquer une gendarmerie suppose d'être très culotté, voire bien informé de sa protection... Libération émet des doutes sur ce premier attentat : « Mêlés aux communiqués sur de nombreux conflits locaux ou régionaux, de la lutte contre le Center parcs de Roybon au soutien aux migrants, on trouve ainsi sur le site plusieurs revendications anonymes d’incendies. Elles témoignent d’un usage privilégié du feu ces derniers mois chez certains activistes radicaux, en particulier dans la lutte contre les «nécrotechnologies» comme l’incendie d’une antenne de téléphonie mobile en Ardèche en juillet ou la mise à feu de véhicules et locaux d’Enedis (ERDF) à Grenoble en mai et dans la Drome en juin, ou contre «le contrôle social» comme la mise à feu de véhicules du CCAS de Grenoble en mars. Rien ne permet pourtant d’affirmer que ces divers incendiaires sont ceux qui se sont attaqués à la gendarmerie iséroise… ».
C'est avec « l'incendie criminel » le 25 octobre d'une gendarmerie de Meylan (Isère), que cette nouvelle opération sent encore plus le roussi, la rousse quoi (la police, vieux mot d'argot du mot rouchin, rosse, mauvais cheval). On assiste alors à l'invention d'un nouveau néologisme : anarcho-féministes. La formulation est typique de ce que peut formuler un policier votant à l'extrême droite avec ses obsessions contre l'idéologie orwellienne gauchiste : un « groupe de femmes », en « lutte contre le sexisme », agissant par « envie de revanche ». Ce qui est formidable en plus est que le procureur de Grenoble, sans aucune preuve sortie par le journaliste qui l'affirme, confirme ses doutes qu'il s'agit bien d'une attaque « perpétrée par un groupe anarcho-libertaire », et il précise « un groupe de femmes » (elles ont des couilles celles-là!). Elles ont revendiqué aussi l'attentat précédent des « nocturnes » de Grenoble sur le site ultra-gauche Indymédia. C'est comme les twins de New York, le terrorisme frappe donc deux fois. Le journaliste précise que son article n'a pas été modéré (car deux communiqués précédents ont en effet été gommés des médias par la police de l'ombre).
La suite du justificatif nous rappelle que depuis la fabrique des Protocoles des sages de Sion, la police française possède toujours des plumes pointues dans la perversion. Lisons la suite de la version journalistique : « Sans se nommer, le groupe indique vouloir lutter "contre le sexisme" et "contre le genre", même s'il serait non-mixte, puisque les auteures de l'incendie indiquent "se retrouver entre personnes qui partagent les mêmes ressentis, qui vivent dans leur chair ce que signifie d'être assignées meufs [nées et restées dans le genre féminin]".  C'est d'ailleurs dans ce genre assigné à leur naissance qu'elles puisent leur justification: "On se prouve qu'on est capable de poser des actes sur nos idées, et qu'on a besoin de personne d'autre que nous-même pour le faire", écrivent-elles. Pour "toutes les fois" où elles se sont "découragées" en se persuadant qu'elles n'en étaient "pas capables", qu'elles n'en avaient "pas les compétences, pas la force, pas les moyens", elles décident donc de "concrétiser cette envie de revanche" en attaquant la gendarmerie de Meylan ». Revanche et
vengeance c'est la même planche stérile, os à ronger de n'importe quel des sans culottes primaires de 89 ou populiste anar dix-neuvième. Quelle revanche? Quelle vengeance? Et contre qui ou quoi? Aucun questionnement de classe en tout cas.
Jusque là on peut en effet douter de l'origine de ce communique "vengeur", il y aurait là une bonne représentation de la débilité mentale de n'importe quelle dirigeante féministe du NPA ou des connes qui exigeaient de rester entre elles place de la République lors des Nuits debout. Mais oui ce sont bien elles dans toute la splendeur de leur féminocratie ! La suite du communiqué nous fît ensuite pouffer de rire, tant elle suinte l'amalgame aux assassinats islaminguants et révèle la limite de l'imaginaire policier, malgré un talent certain d'écriture, pour inventer de faux coupables et pour ridiculiser le mouvement social. Le journaliste est complice (ou railleur) puisqu'il titre en gras :
S'attaquer "aux individus" plutôt "qu'à leur fonction"
« La suite du communiqué décrit, pas à pas, la façon dont elles ont procédé pour mettre le feu aux véhicules garés dans le bâtiment. D'abord, en cadenassant l'accès voiture de la gendarmerie "pour assurer notre sécurité (et faire une blague aux pompiers)". Puis l'attente, le stress, le "dernier sourire et un câlin" et la découpe du grillage. Avant "l'assaut du parking", discret, "avec dix litres d'essence ». 
« Nous avons ciblé les voitures privées des flics, au détriment des quelques sérigraphiées, parce qu'on avait envie de s'attaquer plutôt aux individus qui portent les uniformes qu'à leur fonction", écrivent-elles. "Nous pensons que les rôles existent parce qu'il y a des personnes pour les remplir. Si derrière l'uniforme il y a un humain, c'est à lui que nous avons cherché à nuire ». 

Or, traditionnellement, toute l'histoire du mouvement ouvrier et aussi anarchiste témoigne du CONTRAIRE. Contrairement à la minorité de flics racistes tueurs, aux débiles djihadistes, soit par la grève, soit par l'attentat personnel, on s'est toujours attaqué à la FONCTION pas à l'individu ni à sa famille ni à ses enfants. Je pense même que les féministes bourgeoises les plus étroites sont plutôt d'accord avec cette attitude du mouvement ouvrier et révolutionnaire. La fabrique de ce communiqué policier, inversant les données, reflète bien la mentalité fasciste et islamiste - l'individu est chargé de tous les péchés -; ces idéologies bâtardes, comme le montre toute l'histoire des réactions bourgeoises, s'en prennent aux individus et non pas aux infrastructures du système dominant. Datant d'avant l'apparition des philosophes des lumières et de la classe ouvrière, qui a produit une conscience collective et une compréhension des dominations structurelles religieuses puis capitalistes, l'islam individualiste (individualisé par la société marchande) n'est plus que l'exercice obligé du petit beurgeois paupérisé et aliéné qui évite de s'en prendre aux puissants (chefs de guerre et imams) pour tuer sans distinction enfants, femmes et hommes. Cette mentalité terroriste est inhumaine, c'est pourquoi elle est... bondieuserie spéculative. Et, face à tout contradicteur islamiste ou fana du violeur Ramadan, je leur ferme la bouche: "Pitres pitoyables! c'est l'homme qui a inventé dieu, un homme de sociétés primaires, et ce n'est pas l'homme qu'il faut tuer aujourd'hui mais le capitalisme".

Le reste de l'assimilation au grossier règne de l'assassinat islamique n'est plus que romance ridicule de policier zélé qui veut faire rire son supérieur : « Sur le chemin du retour, les incendiaires se décrivent comme "légères, fortes, soudées, avec le sentiment que rien ne pourrait plus nous arrêter". "Par l'organisation affinitaire, et par l'attaque, nous repoussons ces limites (sociales et mentales) ». C'est sûr la débilité mentale depuis les meurtres salafistes jusqu'aux ergotages féministes n'a plus de limites. Et les super romanciers policiers d'ajouter la touche qui fait véridique et « solidaire » : « A l'instar du groupe ayant revendiqué l'incendie d'une gendarmerie de Grenoble un mois plus tôt (dont le communiqué a été supprimé depuis), le groupe rend aussi hommage "aux deux personnes incarcérées de l'affaire de la voiture de flics brûlée" sur le quai de Valmy, à Paris ». 
Il y a des hommages dont on peut se passer, surtout ceux qui sentent « la rousse ». Et la signature policière se démasque en validant finalement l'accusation fabriquée des juges contre les deux otages « badauds » de la voiture policière cramée de mai 2016.
A défaut de mornes et impuissants défilés syndicaux, va-t-on nous distraire désormais de notre colère avec des incendies répétés de locaux policiers par de nouvelles fictives « pétroleuses » et de crachats sur les godasses des CRS comme stade ultime de la subversion anti-capitaliste ou simplement anti-macronienne ?



PS: Je rappelle enfin qu'il existe un risque rocambolesque, que, la prochaine fois un gendarme arrête un flic! Ne faites pas la moue. Cela s'est produit le 23 mars 1979. J'étais alors perché sur le lampadaire en face de l'Opéra, avec un mégaphone, missionné par le CCI pour appeler les ouvriers de Longwy à une AG de rue. La police s'est mise furieusement à foncer sur les autonomes dont les plus fliqués canardaient déjà. Hop finie la possibilité d'AG  de classe! Dépité j'avais dû descendre de mon promontoire. Par contre, il fallut criminaliser l'affrontement prolétarien dans un tel quartier bourgeois. On avait arrêté un briseur de vitrine et les quelques ballots qui piquaient au passage des sacs à main en cuir répandus sur le trottoir. Manque de pot, le "manifestant pillard", un revolver à la ceinture, n'était autre qu'un collègue indochinois des RG. Le scandale avait quand même permis à la CGT d'effacer son rôle de saboteur et son rejet par les sidérurgistes de province débarqués à Paris avec la prise de la Bastille en tête.

NOTES

1L'imaginaire policier est encore hanté par la Commune de Paris et ses détracteurs qui, si longtemps après, leur fournissent encore les fantasmes diaboliques. Les pétroleuses est le terme qualifiant une femme accusée d’avoir employé du pétrole pour allumer des incendies, en 1871, lors de l’écrasement de la Commune de Paris par les versaillais. On affubla de ce terme, particulièrement après l’incendie de l’Hôtel de ville de Paris (24 mai 1871), les femmes qui avaient pris part aux combats armés, faisant d’elles les boucs émissaires du vandalisme survenu pendant la Semaine sanglante.
2Le 29 mai 2017, onze véhicules utilitaires d’ENEDIS avaient été incendiés sur le parking de l’entreprise (ex ERDF) rue du Vercors à Grenoble. Le 11 avril, 185 composteurs-valideurs avaient été mis hors d'usage à des stations de tramways.Le 8 mars, 7 véhicules de la Métropole de Grenoble avaient été incendiés.Le 23 mars, c'était 7 véhicules dont 3 du centre communal d'action sociale (CCAS) de Grenoble, accusé de "cogérer la misère".
Enfin, la première action revendiquée avait été le saccage de la permanence Les Républicains (LR) en centre-ville le 21 mars, pour exprimer le "dégoût" de la politique prônée et le rejet des partis "sentinelles d'un ordre marchand".
3La plupart des journalistes utilisent encore les termes Renseignements Généraux, lesquels avaient été supprimés en 2008 pour cause de priorité accordée à l'antiterrorisme salafiste, l'opposition de gauche et des gauchistes n'étant vraiment en rien subversive. Les RG ont été très discrètement recréé au début 2015 sous la nouvelle appellation : Service central de renseignement territorial. Quelle belle preuve de ce que la question sociale inquiète à nouveau le pouvoir, plus que les errements des tueurs islamistes ! Preuve qu'il se développe en marge des mutins de Panurge gauchistes et mélenchoniens une révolte « radicale » et pas forcément prolétarienne, ni inutile à l'illusion démocratique.
4Un témoignage censé être anonyme qui identifie les quatre mis en examen. Problème: une mention de son nom laissée sur un procès-verbal a révélé qu'il s'agit d'un policier des renseignements généraux. L'homme était présent lors de la manifestation. "Il les connaît tous. Il est capable de dire qui était là et qui ne l'était pas, il donne des noms, pas d'autres. C'est certes un élément clé du dossier mais ce n'est pas le seul, il est corroboré par d'autres", explique à L'Express une source proche du dossier. "La levée de son anonymat n'entache en rien la validité de la procédure", ajoute-t-elle, regrettant que l'on cherche à "ridiculiser", selon ses mots, "parquet comme policiers".  (cf. L'Express)

mercredi 1 novembre 2017

LA RELIGION A DU BOULOT


Macron vient de s'en prendre cyniquement aux plus faibles, ceux qui n'éprouvent même plus le besoin de cautionner électoralement les pires exploiteurs politiques de la condition ouvrière, les chômeurs. Cette lâche attaque est la rançon de la planification perverse de l'échec de la protestation contre la loi travail par les traîtres professionnels syndicaux et leurs compères bobos du Front de gauche. Mélenchon ne s'en formalise pas trop car, par contre, les couches moyennes, cadres et toubibs, voient leur rétribution revalorisée. On est là au cœur de l'humiliation des couches les plus déshéritées de la classe ouvrière, si niée, si méprisée, et la honte n'est pas suffisante, il faut la rendre plus honteuse avec les leçons d'antiracisme, de diversité heureuse et un islam « convivial ».

La religion musulmane en entreprise, tel est le sujet principal d'un livre écrit sans haine et sans hargne concernant une pénétration idéologique superstitieuse incontestable, quoique les curés Plenel et Gresch en disent, charitables inspirateurs des médias dominants dont Le Monde pour une gauche bourgeoise BCBG, complètement étrangère au prolétariat. Pour Denis Maillard, la source d'une telle « invite » repose sur trois facteurs développés au cours des quarante dernières années :
  • les ratés de l'intégration liés à l'immigration maghrébine puis subsaharienne ;
  • le tournant identitaire de la politique française ;
  • un processus d'individualisation sous forme d'une « subjectivation du travail valorisant l'identité des salariés ».

Au lieu de se contenter de déplorer envahissements divers, communautarismes et répliques souverainistes, les longues barbes de la RATP qui refusent de se salir au toucher de la main d'une femme, ou d'user de clichés faciles comme un certain milieu révolutionnaire (décadence, décomposition du capitalisme) cet auteur a le mérite de creuser les causes plus que les conséquences. Taxer d'individualisme le comportement généralisé des citoyens et camarades divers est un truisme, une lapalissade qui n'explique pas tout, mais c'est le point de départ de cet auteur. Il aurait pu préciser que notre monde moderne repose plus que jamais sur le paraître. On exhibe sa vie privée qui ne doit plus être du domaine de l'intime. C'est pourtant ce qu'il dit : « croire, c'est désormais montrer sa croyance ». C'est ne plus séparer sa vie personnelle de la vie au travail. Un phénomène qui mériterait d'être analysé ; naguère patrons comme ouvriers préservaient leur « vie privé », domaine où chacun pouvait cultiver son propre jardin, se livrer à ses hobbies ; la fragile cloison a fini par se rompre, après avoir été longtemps poreuse. On en est venu à se plaindre des conséquences de son divorce sur l'ambiance au travail, ou de l'impossibilité de dormir le weekend qui suit un refus de promotion. Au vrai, il n'y avait jamais eu étanchéité, et Marx avait décrit le poids du travail sur la vie personnelle comme aliénation. Jadis, à la prise du travail dans les fabriques était servie la messe, puis les révolutions syndicalistes avaient aboli cette pratique d'un âge de domination de la religion catholique sur le travail même. La pratique est de retour grâce à l'islam. Avec humour l'auteur intitule son premier chapître : « Métro, boulot, credo ».

La force du système capitaliste mondial, depuis l'échec en Russie (au cours des années 1920 pas en 1990) ets de nier de mille façon la pérennité de la classe ouvrière et de la faire disparaître par des tours de magie sociologique ou des épisodes liés à la modernisation de la production et au miracle logarithmique qui détruirait en même temps toute classe potentiellement révolutionnaire. Je me fiche de toute définition carrée de la principale classe exploitée, je me contente de la définir comme Babeuf par « la peur du lendemain » et par le fait que les profits et l'encadrement de la réalisation du profit expriment simplement l'existence et l'immense importance de cette classe1.
Pour garder le contrôle sur une classe ouvrière « de base », non qualifiée et d'origine maghrébine de deuxième et troisième génération de français nés en France, les syndicats sont prêt à tout. Ainsi « Force Orientale », FO, plus ou moins cornaqué par les bandes trotskistes (LO et lambertistes)2 est très poreux aux demandes communautaires pour ne pas dire religieuses. FO se ressaisit à l'été 2014 en suspendant 200 de ses syndiqués « ne se conformant pas aux valeurs laïques de l'entreprise et du syndicat ». Et c'est un syndicat communautariste « antiprécarité », le SAP-RATP qui rafle la mise aux élections suivantes3.
Flash back, c'est la gauche au pouvoir qui a voulu s'accommoder des désidératas des non inclus dans la société française avec la fable de « l'entreprise citoyenne » comme « champ d'expérimentation sociale (cf. Christian Blanc, PDG de la RATP). Les bus sont caillassés à l'époque, d'où l'idée géniale d'y placer des chauves à longue barbe, ce qu'on appela « ouvrir l'entreprise sur la cité » et « l'acculturer aux banlieues ». L'entreprise publique est une variable d'ajustement de la paix sociale et de résorption d'une partie du chômage, aussi des milliers de sans diplômes sont embauchés et formés en interne. La paix revient sur les lignes de bus mais au profit de la domination des « grands frères » de plus promus en uniforme « vert ». Inversion inévitable, les « lois de la banlieue » vont s'ingérer dans l'entreprise ; fin de la vie privée ! Fin de la vie publique !
A partir des années 2000, en France tout au moins, on assiste à une islamisation de l'entreprise4.
Cette islamisation, étant naturellement liée à une immigration venant de zones en guerre, est donc relativement récente en France ; elle est plus ancienne aux Etats Unis et en Angleterre où les accommodements et arrangements nombreux et bizarres pour recruter massivement une classe immigrée très hétérogène et individualiste – facilitant l'encadrement religieux totalitaire et policier - favorise la négation de toute classe ouvrière unitaire et internationaliste5.
L'auteur le dit gentiment, mais c'est vrai, la « fameuse mise en garde de ne pas faire d'amalgame entre musulmans, islamistes et terroristes ne paraît pas opératoire ». En général, comme en politique les dominants font la loi au bout du compte : terrorisme verbal implique terrorisme final. L'islamisme eggregore a parfaitement compris que le secret de l'avenir et du renversement du pouvoir réside dans le prolétariat ; et ce depuis le renversement du Shah en Iran où c'est la grève massive des ouvriers qui avait servi à les mettre en selle, immédiatement contre ces mêmes ouvriers. D'où l'urgence d'investir ses rangs pour le polluer et l'asservir un peu plus, pour enfin lui ôter toute perspective d'action indépendante de classe.
Innovateur fût Solidarnosc qui a immédiatement passé sous silence ou minimisé le fait que les ouvriers polonais s'étaient laissés entraîner à prier en masse à genoux dans l'usine ; pas très innocente cette attitude religieuse n'était que le contrefort du nationalisme polonais et un repoussoir à tout internationalisme. Déterminantes furent les exigences de salles de prière dans les grèves de l'automobile en France, pour introniser la nouvelle « communautarisation » de la classe ouvrière ; cette invention fût le fait des gourous syndicaux maghrébins déjà islamistes6.
La religion n'est jamais un « fruit du terroir », « les résurgences religieuses ont toujours été le fait des vagues d'immigration ». Le curé accompagne ses ouailles afin qu'elles restent obéissantes. Italiens, polonais, portugais débarquent tous en compagnie de leur curé de village. Idem pour le Maghreb : « les recruteurs de l'industrie automobile ou du bâtiment prenaient soin d'inclure des imams avec les ouvriers qu'ils allaient chercher en Algérie ou au Maroc ».
Les syndicats d'Etat et leurs suivistes gauchistes ont trouvé le moyen (antiraciste) pour contrer les principales revendications immédiates à contenu unitaire ou révolutionnaire : « il est autrement plus facile et plus rapide désormais de s'accorder sur la religion que sur les conditions de travail. Ou, autrement dit, d'accorder un droit individuel qu'un droit collectif »7.
Le capital semble s'être internationalisé (avec de solides oeillères anti-internationalistes) aux dépens de la classe ouvrière... inter-nationale. La moitié des salariés français travaillent pour une entreprise étrangère installée en France ; et même une entreprise publique comme la RATP est à la tête d'une multitude de filiales étrangères privées.

COMMENT SE FAIT-IL QUE L'ETAT BOURGEOIS ET SES COLLABOS GAUCHISTES ATTACHENT AUTANT D'IMPORTANCE A UNE RELIGION « IMPORTEE » QUAND UNE ENORME MAJORITE DE LA POPULATION EN FRANCE NE VEULENT PAS EN ATTENDRE PARLER SUR LE LIEU DE TRAVAIL ?

L'auteur rappelle de très bonnes choses sur l'histoire des jours fériés, qui ne posèrent pas d'aussi alambiqués problèmes que de nos jours, et relativise les congés pays des bourgeois socialistes de 368 ; il y avait jadis une cinquantaine de jours chômés dans l'année, donc plus que les 15 jours du Front Popu.L'attribution de congés payés « à la carte » est un véritable casse-tête dont l'auteur décrit les lamentables aléas ; le think tank Terra Nova a proposé deux jours fériés aux religions juives et musulmanes ! C'est plus de libération de l'exploitation salariée qu'il s'agit mais de l'aménagement de l'exploitation classique par l'aliénation religieuse.

L'invention de la consommation halal et de la névrose de pureté répond aux nécessités du monde de la marchandise du capital (qui, nos donneurs de leçon antiracistes en sont ignorants, fabrique sans cesse de nouveaux besoins artificiels, religieux ou pas). Avec la rigidité identitaire, ne peut-on pas se réserver une « existence halal » ? Tout le chapitre 5 (le pur et l'impur) décrit très bien l'invention de la marchandisation halal, très très récente, invention britannique au diapason des réactions religieuses à la même époque en Orient9. En 1970, l'invention du halal sert à favoriser l'exportation vers les pays arabes du surplus des abattoirs européens. C'est à la faveur du regroupement familial en France au milieu des années 1970 que le halal devient un produit de consommation courante (Debord reviens!). Le halal ne concernait que la viande cérémonielle les jours de fête musulmane ; les divers salafites prosélytes ont fait monter la mayonnaise au cours des années suivantes pour obtenir « la reconnaissance »10. C'est « l'extension du domaine du halal » !

Ce sont les lois Auroux (de gauche gouvernementale) qui ont permis à l'individualisme musulman et la non-mixité de s'installer dans le paysage11. C'est une victoire contre les patrons, assurent en choeur les gauchistes. Jusque là régnait la subordination au pouvoir patronal. Depuis le patronat a compris l'intérêt des campagnes antiracistes et qu'il est plus facile et profitable de céder aux revendications communautaristes qu'aux revendications... salariales par exemple. L'auteur nous balade ensuite sur les préjugés juridiques ne permettant pas de mettre en cause la communautarisation de l'entreprise. Il n'épilogue pas non plus sur l'inévitable complicité (de type chauvine) qui va lier ouvriers français de souche et leur patron opposés ensemble à l'exhibition des colifichets religieux... Pas vraiment bon pour la lutte de classe non plus.

UN BREF SEJOUR DANS LA CLASSE OUVRIERE

En réalité, comme la classe ouvrière est par nature impure elle aussi, et qu'il y a risque de contamination des véritables conceptions marxistes de sa lutte, les plus « radicalisés » ne supporte pas longtemps le voyage désagréable au sein de cette couche sociale (un peu trop terre à terre), soit ils deviennent permanents syndicaux12, soit ils ouvrent un petit commerce ou dégotte une place de concierge. Ils confirment ainsi que, comme Hitler, le petit bourgeois ne supporte pas de retomber dans sa classe d'origine.
L'auteur, dans sa dernière partie, se penche encore sur le vieil individualisme, qu'on attribuait jusque là seulement à l'Occident. Gauchet, fils d'Aron, n'est pas ma tasse de thé et reste à la surface. Il y aurait là aussi à développer politiquement sur le fait que l'adaptation de l'islam au vieux capitalisme européen a dissous l'aspect collectif passé de l'islam13. Il n'y a plus un mouvement qui a pu être plutôt positif et unificateur de populations nomades par le passé, mais une recherche de représentation individuelle, de vengeance individuelle, de meurtre individuel14.
Autre réflexion importante : l'islam est une religion issue de l'immigration. Et, sauf pour les collabos gauchistes payés par Médiapart ou Libération, et les internationalistes abstraits, l'immigration charrie aussi n'importe quoi. L'islam des années 80 « était essentiellement ouvrier » et restait pour l'essentiel hors de l'entreprise, mais dans les années 90 il lui faut pénétrer l'entreprise, mais à un moment précis que l'auteur feint d'ignorer : l'effondrement du bloc de l'Est ! Il y avait là à développer pour expliquer l'implication de la faillite d'un espoir, certes pourri jusqu'à la moelle et pas du tout communiste, mais espoir de changer, de ce côté ci le monde capitaliste. Alors en effet il y a une « individualisation de la croyance » qui se généralise puisque le « collectif » ne peut être que goulags et enfermement. L'individualisation colle tout à fait à la marmelade du pluralisme libéral qui laisse croire que chacun fait ce qu'il veut.
Taxer les mouvements grévistes en majorité conduits par des ouvriers immigrés de « Mai 68 des immigrés » est restreindre et ridiculiser une nouvelle fois mai 68. Il est plus convenable (et humoristique) de qualifier les grèves des OS immigrés en 1982 de « grèves saintes » où la CGT épouse complètement les revendications religieuses15. Les meetings étaient entrecoupés de prières sur les parkings mais les télés ne le montraient point. L'auteur pense que les bonzes CGT croyaient à une « réouvriérisation » via une nouvelle classe ouvrière d'origine immigrée. Je ne le pense pas, ils accomplissaient leur travail courant de diviseurs et saboteurs de l'unité ouvrière.
Une autre raison de l'implantation dans la durée de l'idéologie islamiste (si utile au Capital français) est, comme le note justement l'auteur, que la plupart des immigrés savent qu'ils ne retourneront jamais au bled16, soit à cause des tueries du GIA, soit à cause de la misère ininterrompue dans le pays pourtant « libéré du colonialisme »17. Mais l'auteur ajoute avec une belle pertinence que la vraie raison est probablement que leur expérience des grèves récentes, au nez et à la barbe des manipulateurs religieux, a transformé ces travailleurs immigrés « en travailleurs tout court ».
L'auteur estime que le tournant identitaire n'a pas lieu en 1990 (fin de l'URSS) mais dès l'époque de la marche des beurs (décembre 1983) et depuis l'affaire lamentable du foyer de Vitry qui colle au PCF depuis (en 1980). En réalité le PCF s'est fait casser par le parti de droite qui lui avait refilé des immigrés qui venait occuper des locaux réservés à des travailleurs pauvres de Vitry. Ce n'était pas du racisme mais une sorte d'empirisme local. Le mouvement des beurs réclamait l'égalité au niveau social, mais, baisant le PCF et un mouvement trop laïque, le PS avec sa filiale SOS racisme a détruit tout mouvement de classe au nom de l'antiracisme et de la « promotion de la diversité » (vaste blague). C'est de là que serait parti le mouvement « vers la réislamisation ». Cela me paraît un peu exagéré. Le véritable envol de l'islamisation en zone européenne, que certains font débuter à l'Iran en 1979, s'affirme plus globalement avec la chute de l'URSS.

Au lieu de développer sur la théorie de grand remplacement – l'islam à la place de la révolution communiste – l'auteur nous ramène à la picrocholine manipulation franco-française avec ce brave Auroux en 82 et son invention de la « citoyenneté en entreprise », avec un léger lyrisme : « Fini le temps où les salariés embauchaient aux mêmes heures, prenaient leur pause ensemble ; révolue l'époque où la progression dans la boite se faisait à l'ancienneté et les augmentations de salaire étaient collectives » . Se serait imposée une demande d'autonomie « surgie de mai 68 ». L'auteur déraille à cet endroit et se moque encore de 68 où si la requête d'autonomie eu pignon sur rue c'était à condition du renversement de l'Etat et pas pour un accommodement avec le regain de religions arriérées18. « Subjectivation » plutôt que autogestion dit-il ?
« Moins collectif, le travail se convertit en une expérience individuelle, voire en une aventure personnelle », il devient une « promotion de l'intimité ». Je crois que l'auteur délire dans la guimauve à cet endroit. On aimerait qu'il nous trouve dans la majorité de la classe ouvrière française et immigrée, un majorité de gens qui sont heureux dans l'exploitation salariée !
Et avec sa « crise de l'appartenance », qui impliquerait qu'une partie des ouvriers (même français de souche) se communautarise dans des sectes islamiques (ou même d'extrême droite qui fonction ne sur la même haine que « l'étranger à sa croyance), il passe à côté de l'éternelle négation de la classe ouvrière : elle était soumise après 68, puis après avait disparu, et puis maintenant serait bouffée par l'islam. Ce n'est pourtant pas d'un individualisme classique qu'il s'agit mais d'un repli sur soi. Il ne nous fera pas croire que la revendication religieuse manifeste une recherche de liberté complète sur le lieu de travail, puisqu'elle est au contraire une aliénation « existentielle » de plus, qu'elle est coupure « radicale » avec la conscience de classe.
L'auteur croit qu'on est passé d'un « âge marxiste » à un « âge hégélien » - Hegel étant le grand penseur de la reconnaissance. Plus question de reconnaissance par le travail, surtout pour les travaux les plus simplistes (c'est là dessus qu'il aurait dû développer) mais « l'être même de l'individu demande à être reconnu ». Ce genre de généralité idéaliste n'explique pourtant rien. Un balayeur s'en fout d'être reconnu comme balayeur et il est peu probable que son affichage de sa foi islamiste lui permette cette reconnaissance comme personne humaine. Je préfère l'explication suivante, qu'il aligne ensuite sans noter sa contradiction avec la notion de reconnaissance : « ...la religion s'engouffre dans les failles du travail. Plus celui-ci devient incertain et bancal, plus les individus vont chercher ailleurs que dans les règles professionnelles leur propre sécurité et plus les règles religieuses vont s'intégrer aux règles du métier ». Ce qu'il ne comprend pas, à partir de ce constat, c'est que le travailleur islamisé ne peut pas échapper au contrôle totalitaire de la société bourgeoise, puisqu'il croit pouvoir se réfugier dans l'impasse religieuse.

L'auteur mise de façon totalement utopique sur une impossible réforme humaine de l'entreprise capitaliste et des arrangements au coup par coup, individu par individu, croyant comme incroyant.
Pour ce qui nous concerne nous, prolétaires révolutionnaires, il est hors de question d'appuyer l'ouverture de salles de prière sur le lieu de travail. Si des patrons y consentent nous devrons le déplorer mais notre lutte ne pourra pas s'égarer sur cette partie de poker menteur de défense de l'entreprise citoyenne et multiculturelle. La dernière phrase de cet auteur est complètement réactionnaire et nous déçoit des efforts qu'il avait fait pour déblayer cette incroyable intrusion de l'islam sur le lieu de travail contre la bienpensance gauchiste et libérale19.

NOTES

1A un contradicteur qui crut se moquer de moi en me traitant d'idéaliste, je répondis : « pas du tout, rien de plus concret que la « peur du lendemain », perte de son salaire, défaut d'argent, expulsion, etc. ». Joyeux anniversaire PU ! C'est mon millième article sur ce blog.
2Ce que se garde de révéler cet auteur.
3Au dépôt de Pavillon-sous-Bois, avait travaillé Samy Amimour, le terroriste tueur du Bataclan. Il était membre de ces « syndicat pour musulmans ».
4C'est moins évident à EDF, que l'auteur ne connait pas, car le caractère endogène du recrutement favorise l'embauche de français de souche en priorité et électeurs du PCF, mais l'islamisation progresse néanmoins quelques années après par le truchement des promotions syndicales où l'idéologie antiraciste sert à recruter de nouveaux permanents « plus typés » mais fort éloignés de toute tradition de classe et des réelles revendications de classe.
5Au lieu de traiter à tout bout de champ les ouvriers qui votent Le Pen de racistes, les gauchistes feraient mieux de s'interroger sur le caractère protestataire de ce vote dans un cadre où, depuis le lieu de travail, ils doivent supporter gourous syndicaux désormais « antiracistes » et revendications religieuses incongrues dans un monde capitaliste qui a un besoin intrinsèque de préserver, d'entretenir ou de faire éclore les pires arriérations religieuses, comme l'obligation de se mettre à genoux cinq fois par jour, n'importe où, pour prier un dieu invisible et inexistant.
6Fabrication djihadiste sur laquelle l'auteur ne dit rien, comme pour les manipulations des gurus trotskiens. Bizarre ? Aurait-il peur de se faire qualifier de « facho » ?
7« Un minaret, La Mecque et les horaires de prière à Paris : telle est la maquette du calendrier distribué depuis 2011... dans les usines Peugeot d'Aulnay-sous-Bois et de Saint-Ouen. Une initiative du syndicat Force Ouvrière ». A l'époque de la grève Peugeot avec en vedette JP Mercier, le travail clandestin de LO paye ; la secte à Nathalie Laguillier envoie essentiellement de jeunes ouvriers maghrébins syndicalisés (et adhérents clandestins à LO) pour propager une campagne publicitaire antiraciste pour « informer » dans les autres régions ou entreprises. Dans le cas de la rencontre avec les libertaires de Lille au moment de cette « lutte », ces jeunes cuistres m'avaient félicité pour mes interventions de classe, mais à la fête de LO suivante quelle ne fût pas ma surprise de me voir dénoncé par ce même genre d'individus comme « hostile aux grèves et qu'on connait bien », assis aux côtés du sieur Mercier. La permissivité « voilée » se répand, chez Ikéa des vendeurs sont voilées... en jaune !
8Le dimanche comme Noël n'ont plus rien de religieux, mais les collabos intégristes arguent qu'il faudrait supprimer le « dimanche catholique », alors que le mouvement ouvrier syndicaliste (honnête jusqu'en 1914) avait obtenu que le dimanche devienne un repos mérité du travailleur.
9Il faudrait réfléchir à nombre d'événements concomitants autour de 1927 et après l'échec mondial de la révolution prolétarienne. Par exemple, le miracle de Fatima en 1917 est directement fabriqué par la papauté à Rome pour contrer le « nouveau christianisme bolchevique ». L'apparition des pires sectes islamistes date de la fin des années 1920, une période où la menace bolchevique décline ! La contre société salafiste (la famille d'assassins Merah, l'expansion des déguisements islamistes) joue plus un rôle préventif anti-révolutionnaire et terrorisant par rapport à une révolution qui n'a pas encore eu lieu. Les gauchistes souteneurs de la "liberté religieuse" et des pauvres ex-colonisés devenus assassins de civils) - qui embaument à la manière stalinienne un Octobre russe embelli - sont les flancs-gardes de cette contre révolution préventive et autrement plus nocifs que le FN.
10Toujours à la pointe du modernisme capitaliste, les « frères radicaux » ont mis en circulation actuellement un kit de détection d'ADN de porc. « La force du marché halal repose sur la répétition d'un message performatif : où qu'ils soient, d'où qu'ils viennent, les musulmans ont des besoins spécifiques, qui peuvent être compris et traités par le marché » (op. Cit. p.97).
1180% de la population française ne supporte pas le voile. J'en fais partie.
12Je développe, l'auteur ne se risque pas sur ce terrain où il pourrait tomber sur les infiltrés trotskiens, sévères antiracistes !
13« Dans un monde post-religieux, on peut même affirmer qu'il n'existe que des religiosités individuelles » (p.138).
14Cf. le nouveau meurtre d'un autre prétendu loup solitaire à New York hier, après Nice, Berlin, Barcelone (qu'il ne faudrait pas oublié malgré le cirque cataliniste). Cette remarque pointue à noter aussi : « Le djihadisme est la pointe paroxystique ou pathologique de cette tension dans le passage d'un mode d'existence à un autre ».
15Comme l'indique la banderole du site de Poissy (où j'ai eu l'occasion d'aller intervenir mais pas pour soutenir les revendications religieuses) on lisait : « 400 francs pour tous, 5e semaine accolée aux congés, 30 minutes pour le Ramadan ; nous voulons être respectés ».
16L'auteur oublie de noter qu'à cette époque la guerre civile en Algérie contre les groupes islamistes bat son plein avec des milliers de massacres.
17Pas de l'impérialisme américain qui continue jusqu'à nos jours à contrôler et l'armée et le pouvoir autochtone.
18Il ne comprend rien non plus à la notion bâtarde d'autogestion qui aurait été un des principaux mots d'ordre de 68, alors qu'elle ne fût qu'un jouet des jeunes gauchistes, puis de l'appareil CFDT et des bonzes du PS.
19C'est celle-ci : « Prendre soin du travail et des conditions de sa réalisation apparaît désormais comme neutre seule voie d'émancipation collective et de respect réel des personnes humaines ». Maillard a été sponsorisé par le Medef antiraciste ? J'ai envie de lui répondre : « fainéants de tous les pays unissez-vous contre le travail aliénant » !

dimanche 29 octobre 2017

Catalogne, Lombardie, Écosse… pourquoi cette lutte pour l’autodétermination maintenant ?

UNE...

«Il vaut mieux être premier dans son village que deuxième en ville ». Rosa Luxemburg 

Décidément le NPA est plus dangereux pour la classe ouvrière que le FN. Voilà que cette secte trotskienne appelle carrément au soutien du nationalisme catalan raciste et anti-ouvrier :
« Le NPA, qui a soutenu depuis le début le droit démocratique à l’autodétermination du peuple de Catalogne, salue la proclamation de la République indépendante catalane, une décision qui respecte la volonté majoritaire du référendum du 1er octobre. La Catalogne vient d’ouvrir un processus qui - en s’élargissant aux mouvements démocratiques et sociaux aussi en dehors de la Catalogne et en les mobilisant - peut en finir avec le régime espagnol de 1978, issu du franquisme, et répondre aux besoins et aspirations populaires.Loin d’être un choix égoïste, malgré ses contradictions le mouvement indépendantiste favorise aujourd’hui les revendications sociales pour l’accueil des migrants, contre les banques, contre le mal logement, contre la répression policière. La mobilisation de la population catalane est de plus en plus massive face aux attaques violemment antidémocratiques du pouvoir de l’Etat espagnol, dans les manifestations et surtout dans les Comités de défense de la République.Le NPA salue cette auto-organisation et le processus constituant qui doit maintenant s’ouvrir, pour la fin de la monarchie, pour une république sociale qui ôte aux puissants le droit de décider pour les classes populaires. Le processus en Catalogne sera un encouragement pour les classes populaires dans le reste de l'Europe à lutter pour leurs droits démocratiques et sociaux gravement remis en cause par les politiques capitalistes. Face au coup d’état de Rajoy contre la Généralité, contre les arrestations, il est urgent que se construise en France et dans toute l’Europe un front unitaire démocratique le plus large possible pour défendre le droit de la Catalogne à disposer d’elle-même et pour dénoncer le soutien que lui apportent Emmanuel Macron et l’Union européenne. Montreuil, le 29 octobre 2017 ».
Même Lutte Ouvrière, organisation trotskienne, n'est pas tombé aussi bas dans le soutien à un nationalisme rabougri. Leur prise de position, assez généraliste se situe au même plan que les groupes maximalistes et garde donc une certaine tenue internationaliste, principalement en soulignant le danger de dislocation du pays qui ne peut être une avancée pour le prolétariat. Bravo LO. Le ridicule projet d'indépendance régionale a toutes les chances de capoter d'autant que, plus que le nationalisme qui est prêté aux "antis", l'image de la faillite économique du Brexit est dans la tête de tous les espagnols conscients.
Les groupes maximalistes eux n'ont pas brillé par leur courage à dénoncer le nationalisme catalan, ni à se démarquer d'un indifférentisme pleutre aux deux camps nationalistes, il faut aller du côté des anarchistes de Nice pour trouver une prise de position correcte, comme nous le signale Giuseppe De Masi sur facebook : https://souslaplagelespaves.noblogs.org/post/2017/10/15/au-sujet-de-la-catalogne/

DEUX...

Prise de position argumentée et profonde contre le cirque catalaniste, étayé historiquement. Honte aux « pablistes » staliniens Besancenot et Poutou, souteneurs du nationalisme catalan. Le NPA, à la queue des démagogues de Podemos, est sur la même position que Le Monde (et son Europe de srégions), Le Guardian, organe de la haute bourgeoisie anglaise que vous allez lire ; il est vraiment scandaleux de mettre sur le même plan le soutien opportuniste bolchevik aux indépendances nationales et la politique de Wilson quand dans les deux cas cela n'a caché au final qu'un partage du monde entre impérialismes. Les trotskystes du NPA et leur internationale troglodyte sont de pires nationalistes que l'extrême droite en général vaseuse et inconsistante . Merci à notre formidable traducteur Jean-Pierre Laffitte qui a traduit cet article à ma demande ce dimanche. Le texte de Paul Mason est celui d'un idéologue qui rame pour une "Europe des régions" plus facile à domestiquer et où la classe ouvrière ne peut plus être qu'une multitude de populations fractionnées et aux intérêts spécialement différenciés et opposés.


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TROIS CATALOGNE !

The Guardian

(lundi 23 octobre 2017)

Paul Mason

Catalogne, Lombardie, Écosse… pourquoi cette lutte pour l’autodétermination maintenant ?



En Espagne et en Italie, la réponse est claire - un mélange d’austérité et d’échecs du gouvernement central a provoqué le mécontentement régional. Ailleurs, les raisons sont plus compliquées, mais elles existent également.


Wooddrow Wilson a démembré les Empires de la vieille Europe ; Vladimir Lénine a encouragé cela dans le but de détruire l’impérialisme ; les Nations Unies l’ont écrit à l’article 1 de leur traité de fondation. Le droit des peuples à l’autodétermination a été un principe de la loi internationale depuis Versailles et il a été confirmé en tant que base de négociations pour des problèmes aussi variés que le Cachemire en 1948, le Vietnam en 1973 et les frontières des États d’Europe orientale en 1990.
Mais de Kirkouk à Barcelone, la question nationale a refait surface en allant jusqu’à déboussoler les démocraties modernes et à déconcerter la tradition politique du centrisme technocratique. Quand le Parti Socialiste Espagnol se prépare à soutenir la reprise en mains de la Catalogne par un gouvernement de droite à Madrid, quand un Italien, président du Parlement européen, publie des avertissements affolés à l’adresse des autonomistes des régions du nord, la Lombardie et la Vénétie, ceux qui sont au pouvoir se doivent d’aller chercher des manuels portant sur la loi internationale.
Le problème de l’autodétermination nationale est de retour et les États unitaires luttent pour le surmonter. La gauche en particulier semble psychologiquement prise au dépourvu par l’émergence des luttes pour la démocratie et la justice sociale là où le moteur est la nation et l’ethnicité, et non pas la classe. Et l’Union européenne est piégée dans un flou légal. Son traité constitutionnel n’a pas inclus le droit à l’autodétermination des peuples et, au lieu de cela, elle a préféré donner ce droit uniquement aux nations déjà reconnues en tant qu’États, sous la forme de l’article 50.
La loi internationale relative à ce problème n’existe que parce que certains peuples ont lutté pour le principe de l’autodétermination vers la fin de la Première Guerre mondiale : les peuples assujettis par les anciens Empires allemand, austro-hongrois et russe ; ainsi que Wilson, qui a imposé ce principe dans les documents constitutifs de la Société des Nations, et les bolcheviks. Ayant reconnu le droit à l’autodétermination en théorie, Lénine s’est aperçu au cours de l’été 1920 que les luttes pour la souveraineté nationale avaient le pouvoir de diviser les puissances impérialistes qui avaient envahi la Russie. En réponse, le Komintern ordonna aux Partis communistes du monde entier de soutenir les “mouvements révolutionnaires nationaux” même là où ils n’étaient pas dirigés par les ouvriers ou la gauche.
Depuis cent ans donc, les hommes politiques, en allant des conservateurs aux bolcheviks, ont eu une forte vision théorique du statut de la nation, des revendications antagonistes et des principes sur lesquels ils devaient être jugés. Ceci n’est pas vrai aujourd'hui.
Le “principe” duquel Pedro Sànchez, le leader socialiste espagnol, fait découler son opposition à l’indépendance catalane, c'est la constitution de son pays. Mais si cette constitution a ravi la priorité absolue, alors l’article 1 (2) de la Charte des Nations Unies serait superflu. Pour le président du Parlement européen, Antonio Tajani, qui a réprimandé ceux qui votaient pour l’autonomie en Lombardie et en Vénétie ce week-end, le principe, c’est tout simplement la peur : la peur de “la prolifération de petites nations”, ainsi que Tajani l’a dit lui-même, ce qui, encore une fois, n’est pas un argument pour la loi internationale.
Pour avancer, nous avons besoin de comprendre : pourquoi des régions, des États et des peuples, recommencent-ils à poser à nouveau la question de l’autodétermination nationale maintenant ? Pour l’Espagne et l’Italie, c'est clair : le mélange d’austérité, de corruption et de sclérose politique, au centre du pays a limité la réalité de la démocratie régionale. Cela a poussé des régions autonomes comme la Catalogne vers l’indépendance et des lieux comme la Lombardie et la Vénétie vers la recherche d’une autonomie fiscale en se désolidarisant d’un État central profondément dysfonctionnel.
Mais il y a un cycle action-réaction à l’œuvre dans d’autres pays : la Grande-Bretagne quitte l’Union européenne ; le gouvernement écossais est à la recherche d’une forme différente de sortie, en intensifiant la tension avec le centre ; les républicains en Irlande guettent une ouverture pour organiser le référendum sur l’unité irlandaise qu’ils avaient promis dans les années 1990 quand tout le monde supposait que l’économie résoudrait le problème.
Vous pouvez voir le même processus se dérouler d’une manière différente dans le département français du Pacifique, la Nouvelle-Calédonie, dont les indigènes, les Kanaks, se sont vus promettre un référendum sur la pleine souveraineté en 2018. Lorsque j’ai parlé aux dirigeants kanaks en janvier, peu d’entre eux croyaient qu’il y aurait un soutien suffisant pour se séparer de la France. Ensuite, lors des élections présidentielles, la population des colons blancs de l’île a basculé fortement derrière la raciste d’extrême droite Marine Le Pen, ce qui a changé la dynamique.
Alors que les appels en faveur de l’autonomie et de l’indépendance se multiplient, les partis de gauche dominants ne comprennent pas le principe fondamental : dans certaines circonstances, la question nationale n’est pas un détournement de la lutte pour la justice sociale, elle est sa ligne de front. Et elle ne disparaîtra pas.
Par-delà les problèmes d’échec économique et de polarisation raciale, le facteur positif qui stimule les nationalismes progressistes, de l’Écosse à la Catalogne, c'est le changement technologique. Les sociétés riches en informations récompensent le développement du capital humain ; c'est ainsi que la capacité à étudier dans votre langue maternelle, de participer à une culture nationale riche, de créer des avantages locaux uniques en faveur des nouveaux investissements étrangers, est plus important que jamais. Si les régions, les peuples et les nations, qui demandent plus de liberté semblent poussés par un “nationalisme culturel”, celui-ci est poussé à son tour par le changement technologique et en plus par la compétition globale.
Le second effet de ces forces, c’est l’émergence de grandes villes prospères et de petites villes dévastées. Dans les grandes villes pourvues de denses réseaux d’information et de culture, vous pouvez survivre à la mondialisation. Dans les petites villes, c'est plus difficile. Aussi, la stratégie économique logique est de créer une “région” ou une petite nation concentrée autour d’une grande ville, et de développer l’économie suburbaine et rurale en synergie avec cette ville, et non pas un État unitaire plus vaste. Si Barcelone n’était pas une énorme réussite globale, l’élan derrière le nationalisme catalan aurait été plus faible.
Un intermédiaire financier basé à Dublin me disait que les entreprises irlandaises luttaient continuellement pour faire ressortir l’idée d’“Irlande” auprès des gros investisseurs chinois : et cela en dépit de Guinness, de James Connolly et de James Joyce. Combien plus difficile ce doit être d’envisager la Lombardie et la Vénétie comme une destination mondiale pour un investissement intérieur quand vous vous retrouvez confronté à un État italien corrompu et qui ne fonctionne qu’à moitié ?
Comprendre les revendications de sécession et d’autonomie ne veut pas dire les accepter : les référendums légaux officiels sont la méthode inscrite dans la loi internationale pour évaluer de telles revendications et c'est une honte que l’Union Européenne et l’Espagne en aient refusé un en Catalogne.
Mais, en décembre, la Cour de justice européenne a jugé que l’article 1 de la charte des Nations Unies, qui garantit le droit à l’autodétermination aux États qui ne sont pas encore indépendants, est un droit légalement applicable dans l’Union européenne. Il doit être encore testé en relation avec la Catalogne, la Flandre ou l’Écosse, mais il le sera".

NOTA BENE: Le Guardian est un journal de gauche pro-islamique, et Paul Mason est un "radical" démocrate formé au biberon trotskien. D'où son soutien au droit des régions à se régionaliser elles-mêmes... Vous m'avez compris, tout ce qui bouge, tout ce qui génère le chaos est bon à "analyser comme progressiste" et à saluer pour un tel journaleux dit free-lance.

Camarades engagez-vous pour la patrie catalane contre les franquistes de Madrid!