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vendredi 29 juillet 2016

Pourquoi j'ai décidé de m'engager dans la garde nationale du maréchal Hollande


Depuis que les autorités ont formellement identifié Mohamed Abdel Dupont malgré son visage éclaté par les balles du GIGN, après l'égorgement du curé de la paroisse, en la sainte Eglise d'un bled près de Rouen, j'ai décidé de m'engager dans la garde nationale de notre bien-aimé président de la république des droits de l'homme et de la citoyenne. Je suis entièrement d'accord pour supprimer le nom des stupides terroristes dans les médias démocratiques, ce sera en effet un premier pas vers l'abolition du terrorisme, comme la suppression du mot racisme dans la Constitution qui a si bien su mettre fin au mal raciste, comme le mot islamophobie qui  permet à terme d'annihiler les hystériques islamistes.
J'ai conscience que cette nouvelle garde sous-prétorienne sera hélas payée par les entreprises et l'Etat pour un coût d'au moins 700 millions d'euros (les journalistes mentent en parlant de 100 millions). Heureusement après avoir creusé des déficits abyssaux mon cher maréchal Hollande ne sera plus père des armées volontaires et professionnelles dans quelques mois à peine; rendons lui grâce par ailleurs de pomper à fond dans les caisses sociales pour soigner et dédommager a minima les victimes des attentats successifs, sachant que les prochains attentats ne pourront pas être dédommagés eux à moins de lancer de grandes quêtes publiques comme certains les ont commencé depuis Nice, sans qu'on sache qui contrôle les comptes.

J'ai été guidé dans mon engagement par ma passion de l'histoire et tant de précisions wikipédiesques sur l'historique de ladite garde nationale.

En 1799, la constitution de l'an VIII avait déjà consacré l'existence de la Garde nationale. L'article 48 distinguait la Garde nationale en activité et la Garde nationale sédentaire, un truc de vieux. La première, qui comptait essentiellement les hommes des armées de terre et de mer, l'aviation n'existant pas encore, était placée sous les ordres du gouvernement (Art. 47). La seconde ne dépendait que de la loi gériatrique. En septembre 1800, le ministère de l'Intérieur rédigea un projet imposant le service à tous ceux, rares, qui exerçaient les droits du citoyen, mais en autorisant le remplacement. L'élection directe populaire fut écartée et il fut prévu la nomination des officiers par le préfet et celle des sous-officiers par le chef de bataillon. La Garde nationale était considérée comme figurante par le nouveau régime.
Le corse parvenu à Paris sans la SNCF, Napoléon Bonaparte se méfiait de cette force bourgeoise, 1802), un arrêté des Consuls créait une garde municipale de 2 300 hommes, à Paris, placée sous les ordres de militaires nommés par le chef de l'État. La mission des gardes municipaux restait à peu près la même. Leur solde était désormais assurée par une contribution de 1 800 000 francs, payée par la population parisienne. En contrepartie, les citoyens n'étaient plus tenus de faire un service régulier et journalier. Cette décision fut bien accueillie. La population se sentait déchargée d'un service militaire lourdement ressenti. Les artisans et autres travailleurs ne perdaient plus leur temps à monter la garde ou ne payaient plus de remplaçants.
capable de maintenir l’ordre et de réprimer les émeutes aussi bien que de renverser le pouvoir établi. Le 12 vendémiaire an XI (3 octobre
Lors de la révolte des canuts à Lyon, en novembre 1831, sur 15 000 gardes nationaux d'appelés, 500 se présentèrent. Certains eurent le culot de verser dans le camp de l'insurrection. Beaucoup de républicains furent élus officiers, ce qui horrifia la hiérarchie des hobereaux et des jeunes libéraux. La Garde nationale devenait un foyer d'opposition. La Garde nationale était aussi un signe d'ascension sociale. Ainsi en 1837, Balzac publia son roman César Birotteau dans lequel le personnage principal Birotteau était un riche parfumeur qui s'était enrichi et dont les promotions dans la Garde nationale constituaient un signe d'ascension sociale.
En décembre 1847, des gardes nationaux de Paris, inscrits dans la douzième légion, voulurent organiser un banquet réformiste avec comme revendication d'élargir le suffrage censitaire. Il fut interdit par le ministre de l'intérieur. Le journal Le National répliqua en convoquant le 22 février 1848, place de la Madeleine, toute la Garde nationale, sans armes mais en uniforme, pour former une haie d'honneur aux convives. La Garde nationale n'y répondit pas.
En février 1848, la Garde nationale fut généralement passive aux combats. Après le départ de Louis-Philippe Ier, c'est principalement à la Garde nationale que revint la tâche de rétablir l'ordre. Le 25 février, le gouvernement provisoire rétablissait dans tous leurs droits les gardes nationales que la monarchie de juillet avait dissoutes. Le 8 mars, un décret affirmait que « tout citoyen de 21 à 55 ans, ni privé ni suspendu de ses droits civique est garde national et y exerce le droit de suffrage pour tous les grades d'officiers ». C'était la confirmation du suffrage universel. Le 26 mars, un décret confirmait que les officiers des gardes nationaux en province seraient élus dans les mêmes conditions qu'à Paris. Les colonels ne seraient plus nommés par le gouvernement. Un véritable camouflet à l'esprit de caserne qui motive la lutte des places en entreprise comme chez les uniformisés des armées mercenaires d'Etat.
L'insurrection du 15 mai 1848 vit une rupture entre garde nationaux bourgeois et les partis de gauche alors que Mitterrand n'était pas encore né. Les insurrections ouvrières de juin 1848 furent surtout réprimées par l'armée mais les gardes nationaux parisiens avaient participé hélas à l'insurrection du côté des salauds de pauvres ouvriers. En janvier 1849, un décret du président de la République supprima la moitié des bataillons de gardes nationaux et réorganisa les autres. On se méfiait de la Garde nationale. Les gardes nationaux mobiles furent finalement et définitivement licenciés le 31 janvier 1850. Il leur était reproché leur indiscipline, d'engendrer plus de discorde que d'en résoudre et de menacer de faire la révolution à chaque algarade avec les chefaillons bornés.
Le 4 septembre 1870, après la défaite de Sedan et la capture de cet idiot de Badinguet le 2 septembre, le gouvernement de la défense nationale est mis en place. Le 6 septembre, tous les électeurs inscrits de la ville de Paris sont convoqués. Les gardes nationaux, au nombre de 590 000, sont mobilisés pour le reste de la guerre et envoyés massivement au front. Ils participèrent à la défense de Paris assiégé et eurent en récompense de nombreuses pertes.
Dès octobre, des gardes nationaux anarchistes firent des actions antigouvernementales. Durant toute la durée du siège, la garde sédentaire n'apporta aucune aide sérieuse. Des bataillons de gardes nationaux étaient soumis à la boisson plus qu'au souci de défendre les barricades et feront plus la fête dans leurs quartiers que le guet face aux versaillais. Entre le 1er février et le 3 mars 1871, 2 000 délégués réunis élaborèrent, puis adoptèrent, les statuts d'une Fédération républicaine de la Garde nationale. Un comité central protesta contre toute éventuelle tentative de désarmement de la Garde nationale. Elle ne voulait reconnaître d'autres chefs que ceux qu'elle se donnerait, ni déroger aux agapes du samedi soir. Le 18 mars, le gouvernement tenta de faire reprendre par l'armée les canons appartenant à la Garde nationale parisienne. Les gardes participent alors à la Commune, qui dure du 18 mars au 28 mai 1871, et se termine dans le sang, avec une grande répression menée par les troupes versaillaises, cette ville de merde.
Le 25 août 1871, à la suite du massacre de la Semaine sanglante à Paris intra-muros, fut votée la dissolution des gardes nationales dans toutes les communes de France. La loi du 27 juillet 1872 prévoyait pour l'éternité que « tout corps organisé en armes et soumis aux lois militaires, fait partie de l'armée et relève du ministère de la guerre » (Art. 6). La Garde nationale était ainsi définitivement supprimée jusqu'à l'heureuse initiative du camarade président Hollande.

MES REMERCIEMENTS AU RESIDENT DE LA REPUBLIQUE

Je tiens ici même à remercier chaleureusement ce camarade de régiment, François le robuste anti-terroriste, pour la restauration de cette garde nationale révolutionnaire, rétive à tous les pouvoirs constitués et enculés, en particulier ces magistrats infantiles grotesques qui relâchent tout débile islamiste qui promet de se déradicaliser.
Je m'engage à condition d'être nommé au grade de lientenant-colonel1 , d'abord parce qu'il correspond à mon statut impérissable et inamovible d'ancien membre du comité central français du noyau du parti mondial Révolution Internationale, plus connu sous le sigle CCI-RI, puis d'ascension sociale, mon père était lieutenant à la Libération parce que fondateur d'un réseau de résistance en Auvergne, connu pour ses divers sauvetages de juifs pourchassés par les nazis et emprisonné par le pouvoir gaulliste pour avoir liquidé, « neutralisé » dirait un flic des RG d'aujourd'hui, un collabo assassin ;
Naturellement promu lieutenant-colonel donc du fait de ma longue expérience des combats révolutionnaires aseptisés et sans gros risques des années de reconstruction consumériste et pépère en Europe occidentale, je demande néanmoins à être élu et révocable par mon régiment dès ma prise de fonction pour lutter contre le terrorisme capitaliste.
Je dois l'avouer, je n'ai pas été spécialement indigné par l'égorgement du prêtre près de Rouen sainte Jeanne. Non pas que je ne trouve pas odieux l'acte de couper le kiki à une personne humaine, mais j'ai pensé qu'il s'agissait d'une acte symbolique mineur comparé au carnage de Nice par un serial killer non homologué par daech et qu'on ne dira jamais autant de messes pour les trop nombreuses victimes à Nice sur la Prom sinistre.
J'ai même osé pensé que cet égorgement symbolique était une réponse de daech au taré de serial killer à Nice. Daech étant vexé de se voir dépossédé d'un acte de barbarie par un vulgaire serial killer. Couper le kiki à un curé en terre chrétienne avait de quoi émouvoir toute la classe politique bourgeoise francophile et islamophile, et si pieuse lors de chaque attentat, bien que nombre d'électeurs soient désormais musulmans de confession et d'orientation primitive.
Egorger en pleine terre chrétienne est certainement de nature à favoriser la haine plutôt que l'amour des bougies et des fleuristes, de plus un acte sidérant propre à diviser les électeurs français de souche catholique et franco-musulmans de souche ex-colonisés socialisés tardivement et démocratiquement. Il n'en fût rien cependant, Boubakeur se joignant aux divers caïds des religions diversifiées pour protester contre l'élimination sauvage d'un collègue, prêcha lui aussi l'amour de la patrie. L'unité nationale était préservée selon mon camarade de promotion nationale Hollande. Nous respirions l'encens, le pastis et le couscous poulet.
Le scandale provoqué par l'égorgement d'un curé octogénaire inoffensif était propre à mobiliser tous les kakis de France sur les plages avec promenade étalée du camion merguez-frites à la roulotte glaces et gaufres de Marcel. Je me joindrai à eux mais certainement en slip de bain.
Du coup les anarchistes qui célèbrent leur juillet 36 « revenge » qui a permis à tant de leurs petits psychopathes de zigouiller des milliers de prêtres furent les cocus du festival à la gloire de la grande muette dont les soldats démocratiques sont privés de tenues légères en plein cagnard.

RETIF JE RESTERAI ("la garde meurt mais ne se rend pas")

Une fois membre dûment médaillé de cette garde nationale , en uniforme ou en slip de bain, je m'engage à désobéir à la hiérarchie militaire et à militer pour l'insubordination de mes collègues afin de contribuer à la constitution de la conscience de classe et non pas à cette farce d'armée révolutionnaire n'en déplaise au général de brigade Robert Camoin. Notre insurrection ne viendra pas de loin mais simplement des casernes prétoriennes. Nous réaliserons enfin la paralysie universelle de la sinistre machinerie capitaliste.
Nous pourrons compter sur nos amis virils du FLNC qui ont promis de se joindre à nous face aux islamistes radicaux du gouvernement, ils ont promis de déclencher « une réponse déterminée, sans aucun état d'âme ». Ils ont déjà identifié « avec certitude » qu'un imam corse est indicateur de police de l'Etat bourgeois. Ils ont sû démarquer la terreur d'Etat du juste terrorisme soft de l'île de Beauté : « Votre philosophie moyenâgeuse ne nous effraie pas. L'amalgame n'existe que dans l'esprit des faibles et le peuple corse est fort [...] de choix politiques difficiles qui ne nous ont jamais fait basculer comme vous dans la barbarie ». De même ils se sont nettement démarqués du lumpenprolétariat raciste. Revenant par ailleurs sur un guet-apens tendu à des pompiers en décembre 2015 dans une cité d'Ajaccio – qui avait été suivi de manifestations émaillées d'incidents racistes –, le groupe clandestin a affirmé, presqu'avec une tonalité marxiste, qu'il s'agissait d'une « stratégie mise en place plusieurs jours, voire plusieurs semaines auparavant pour tester la réaction du peuple corse ». L'opération, était-il ajouté, a été « orchestrée par quelques pseudo-penseurs malfaisants aidés de petites crapules sans envergure ». S'adressant, plus généralement, « aux musulmans de Corse » mais pas à ceux en terre étrangère (en France par ex), le Front les appelle aussi à « prendre position » en dénonçant l'islamisme radical. Il leur demande notamment de signaler « les dérives chez des jeunes désœuvrés tentés par la radicalisation » et de ne pas « afficher de signes religieux ostentatoires ».
Là où je marque mon désaccord c'est lorsque nos amis du FNLC rejoignent le « tous ensemble » du général Hollande et du colonel Valls : « Si l'[organisation] État islamique revendiquait des actions sur notre sol, nous ne pourrons vaincre qu'ensemble ». Le sol corse aurait besoin de façon opportuniste des gendarmes d'un pays étranger seulement en temps utile ? A moins que nos camarades chauvins régionalistes ne créent eu aussi leur propre « garde nationale » ?
Désaccord aussi avec cette position gauchiste médiapartesque qui finalement justifie des actions criminelles de type psychopathe au nom d'une vengeance anti-coloniale, assurant ceci : « Il faudra que la France cesse sa propension à intervenir militairement et à vouloir donner des leçons de démocratie à la terre entière, si elle veut éviter que les conflits qu'elle sème à travers le monde ne reviennent comme un boomerang sur son sol ».
Enfin, un couplet antifasciste étant toujours utile à la cause du nationalisme régional, nos camarades de la Corse éternelle et indivisible se sont élevés au-dessus des simples lamentations et frustrations, prônant «  la vigilance et le calme face à la barbarie », précisant ne pas être « le refuge des frustrés d'une lutte raciale ou xénophobe » et dénonçant « les idéologies fascisantes qui alimentent les esprits fragiles et les réseaux sociaux ». Retrouvant par là même cet esprit de bonne santé chauvine qui nous anime tous depuis le maquis corse jusqu'aux plages bordées de porteurs de mitraillettes.

Bonnes vacances à tous ! Et surtout aux morts.





1Le grade de lieutenant-colonel fut créé en 1668. Étymologiquement, il désigne celui qui « tient lieu » de colonel, c’est-à-dire l’officier en second d’un régiment, susceptible de le remplacer en cas d'absence. À la différence des grades de capitaine et de colonel, le grade n’était pas achetable et transmissible. Les lieutenants-colonels étaient donc promus par le secrétaire d'État à la Guerre parmi les capitaines méritants et expérimentés, alors que les colonels étaient bien souvent des fils de riches familles aristocratiques qui faisaient l’acquisition d’un régiment et s’assuraient ainsi la promotion au grade. La figure du lieutenant-colonel est donc celle de l’officier d’expérience contre celle du colonel, inexpérimenté et souvent absent. Il arrivait fréquemment que le lieutenant-colonel assure la charge réelle du régiment. Comme les colonels, les lieutenants-colonels étaient aussi capitaines d’une compagnie de leur régiment dont le commandement réel était assuré par un capitaine-lieutenant.

mardi 26 juillet 2016

COMBAT DE RACES OU DE CLASSES ?


Ayant déjà eu l'occasion de me moquer sur ce blog de la prétention ridicule de la gauche caviar de supprimer le racisme en ôtant le mot race d'un texte constitutionnel, il m'est apparu nécessaire de faire le point sur un sujet ignoré ou passé à la trappe par les derniers résidus groupaux du maximalisme, car dans les forums le révisionnisme bourgeois se répand dans les têtes chétives. Le courant maximaliste communiste n'a jamais eu trop de problème avec la notion de race puisqu'il affirme depuis au moins Marx que le prolétariat n'a pas de sexe ni de race, car : « Le travail sous peau blanche ne peut s'émanciper là où le travail sous peau noire est stigmatisé et flétri ». Ce qui ne signifie pas qu'il n'y a pas dans l'espèce humaine des sexes différents, des races différentes, des femmes, des hommes et des enfants. Le simplisme a toujours nourri la démagogie bourgeoise1.
Longtemps après les textes fondateurs de la révolution française sur l'égalité des races et après ceux des Nations unies après 1945 corrects sur l'égalité des races, il faut s'interroger sur le révisionnisme parti des USA sur la notion de races – où d'ailleurs existent des statistiques ethniques interdites en Europe2 – et qui a pour but, non seulement de justifier les communautarismes avec cette invention d'une seule race, mais surtout de dissoudre la notion de classe qui, elle, est plus de nature scientifique que, par exemple, la religion. Marx a peu parlé des races en son temps (plutôt dominé par une mentalité coloniale ou des noirs pouvaient se traiter de nègres entre eux et des arabes de bougnoules), utilisant dans ses courriers privés le terme de nègre, en particulier une fois pour stigmatiser Lassalle ; nos révisionnistes bourgeois pourraient donc le traiter de raciste après coup, or sur le fond il remet la question de la race à sa place, dans le passage suivant du Capital : c'est dans le cadre de la lutte de classe que irlandais (cette race de blancs inférieurs aux anglais) et noirs peuvent s'émanciper :

« « Dans les États-Unis du nord de l'Amérique, toute velléité d'indépendance de la part des ouvriers est restée paralysée aussi longtemps que l'esclavage souillait une partie du sol de la République. Le travail sous peau blanche ne peut s'émanciper là où le travail sous peau noire est stigmatisé et flétri. Mais la mort de l'esclavage fit éclore immédiatement une vie nouvelle. Le premier fruit de la guerre fut l'agitation des huit heures, qui courut, avec les bottes de sept lieues de la locomotive, de l'océan Atlantique à l'océan Pacifique, depuis la Nouvelle-Angleterre jusqu'en Californie. Le congrès général des ouvriers à Baltimore (16 août 1866) fit la déclaration suivante : "Le premier et le plus grand besoin du présent, pour délivrer le travail de ce pays de l'esclavage capitaliste, est la promulgation d'une loi d'après laquelle la journée de travail doit se composer de huit heures dans tous les États de l'Union américaine. Nous sommes décidés à mettre en œuvre toutes nos forces jusqu'à ce que ce glorieux résultat soit atteint ».

Le problème des races est resté et restera tant que dominera le capitalisme, ce dernier surfe complètement sur les clivages, les complexifie quand ses gauchistes en font une lutte primordiale qui aurait été traitée jusqu'ici comme simplement collatérale par le marxisme3.

Bordiga, notre brillant architecte d'un communisme sans complexe, expliquait que pour le communiste il n'y a qu'une « espèce humaine » se moquait déjà de la prétention du pape, bien avant tous nos révisionnistes de l'élite « socialiste au pouvoir », à supprimer le mot race :

« Comme nous ne sommes ni des métaphysiciens ni des mystiques, nous acceptons, sans nous couvrir la tête de cendres et sans considérer que le genre humain a à expier ces souillures, qu'apparaissent et se développent de mille façons le mélange des sangs, la division du travail, la répartition de la société en classes, l'Etat, la guerre civile. Mais ce qu'il y a au bout du cycle, avec un mélange des races devenu général et inextricable, avec une technique productive capable d'agir de façon puissante et complexe sur le milieu environnant au point d'envisager de planifier les phénomènes à l'échelle planétaire, c'est la fin de toute discrimination raciale et sociale; c'est une économie à nouveau communiste; c'est la fin, à l'échelle mondiale, de la propriété individuelle qui avait engendré les cultes transitoires de ces fétiches monstrueux que sont la personne, la famille, la patrie. Mais à l'origine, ce qui caractérise un peuple, c'est son économie et le degré de développement de sa technique de production en même temps que son type ethnique. Les dernières recherches portant sur la préhistoire ont amené la science des origines humaines à reconnaître plusieurs points de départ dans l'apparition de l'homme sur la terre à partir de l'évolution d'autres espèces animales. On ne peut plus parler d'un «arbre généalogique» de toute l'humanité ni même de différents rameaux de cet «arbre». Une étude d'Etienne Patte (Faculté des sciences, Poitiers, 1953) a souligné avec efficacité le caractère insuffisant de cette image traditionnelle. Dans un arbre, la séparation entre deux branches, grosses ou petites, est pour ainsi dire définitive, puisqu'en règle générale elles ne se refondent plus en une seule. L'espèce humaine est au contraire un réseau inextricable dont les différents rameaux sont constamment reliés entre eux. En trois générations, c'est-à-dire en un siècle, chacun de nous a, s'il n'y a pas eu de croisements entre parents, huit arrière-grands-parents; mais sur mille ans cela ferait plus d'un milliard d'ancêtres, et pour une durée de six cents mille ans, correspondant à l'âge probable de l'espèce, le nombre atteindrait des chiffres astronomiques avec des milliers de zéros. Il s'agit donc d'un réseau et non d'un arbre. Et en effet, dans les statistiques de population des peuples modernes, les représentants des types ethniques purs se trouvent en pourcentage extrêmement faible. D'où la belle définition de l'humanité comme sungameion, c'est-à-dire en grec un ensemble où s'opèrent des croisements dans tous les sens, le verbe gameo indiquant à la fois l'acte sexuel et le rite nuptial. On en revient donc à la formule un peu simpliste: le croisement des espèces est stérile, celui des races fécond.
La position du pape sur ce point est compréhensible. Rejetant toute idée de minorité raciale - ce qui est une position avancée du point de vue historique - il affirme qu'on ne peut parler de races que pour les bêtes et non pour les hommes. Malgré son souci de tenir compte des derniers résultats de la science, résultats qui par ailleurs convergent souvent de façon géniale avec le dogme, il ne lui est pourtant pas possible d'abandonner l'arbre généalogique de la Bible qui part d'Adam (encore que celui-ci soit, sur le plan philosophique, plus hébraïque que catholique) »4.


La question raciale est le top de la mystification capitaliste depuis la victoire des « démocraties» et de la « démocratie populaire stalinienne » sur le nazisme, mais parce que le système a repris globalement la thèse nazie : seule importe la question raciale !
Laissons de côté les diverses sectes néo-nazies, il est plus frappant de voir comment la bourgeoisie mondiale sponsorise les sectes raciales noires, la problématique islamo-terroriste et sa version néo-nazie débile des indigestes de la république (les pires) misérable petite secte dont la surface médiatique est curieusement surexposée, et dont chaque déclaration disqualifie un peu plus l'idiote qui en est la figure de proue : « Houria Bouteldja annonçait, sans son interview aux « Nouvelles questions féministes » (février 2006),  aux « Blancs » qu’ils n’ont plus ce droit pour très longtemps : «Demain, la société toute entière devra assumer pleinement le racisme anti-Blanc. …N’importe quel Blanc, le plus antiraciste des antiracistes, le moins paternaliste des paternalistes, le plus sympa des sympas, devra subir comme les autres. Parce que, lorsqu’il n’y a plus de politique, il n’y a plus de détail, il n’y a plus que la haine … si vous voulez sauver vos peaux, c’est maintenant. …demain, il n’est pas dit que la génération qui suit acceptera la présence des Blancs »5.


On peut lire l'article intéressant du Point sur l'évolution de la démarche scientifique pour analyser les différences raciales où pourtant sa défense de la notion de groupe biologique n'est pas plus pertinente pour classifier l'espèce humaine, mais typique du « scientisme » révisionniste: http://www.lepoint.fr/actualites-sciences-sante/2008-02-28/une-seule-race-mais-sept-groupes-biologiques/919/0/225997
Et aussi : « Peur des mots : race » http://www.exergue.com/h/2008-08/tt/peur-race.html
Et voir la récup délirante de Marx avec l'invention de « races sociales » par le PIR... cette micro-secte bien en vue dans les médias se met à la remorque de l'idéologie américaine dans une interprétation anti-raciste voire « raciale » des déterminations que Marx fixe au prolétariat (la racine du mal l'esclavage... pas le capitalisme), avec ce genre d'inter-titre : « Marx s’adressant aux ouvriers blancs : choisissez la solidarité raciale à la solidarité de classe à vos risques et périls ! », affirmation qui va comme un gant à la mère Houria et à sa théorie débile qui définit le blanc comme une sous-merde6.
« LE MOT RACE N'EST PAS DE TROP DANS LA CONSTITUTION FRANCAISE »
Un article intelligent sur Médiapart, présenté comme avis personnel, vu les positions généralement révisionnistes et bourgeoises de ce site gauchiste : Le mot "race" n'est pas « de trop » dans la Constitution française : https://blogs.mediapart.fr/ebalibar/blog/051015/le-mot-race-nest-pas-de-trop-dans-la-constitution-francaise

Mes notes:

1Voici un échantillon du raisonnement de la race unique (assez proche de la race unique nazie d'ailleurs) qu'on trouve sur le web, avec le même type d'arguties chez le résidu PCF et divers blogs gauchistes universitaires : «http://www.ac-grenoble.fr/disciplines/svt/file/ancien_site/log/3eme/log_ebc/OMHtmlExport/La_notion_de_race_n_existe_pas_pour_l_espece_h.htm
2 On lit ceci sur wiki : La race, telle qu'elle est définie aujourd'hui par le Bureau du recensement des États-Unis et le Bureau de la gestion et du budget des États-Unis, est une donnée correspondant à un concept d'identification selon lequel les résidents choisissent la race ou les races avec laquelle ou lesquelles ils s'identifient le mieux1. Les catégories, qui restent facultatives, représentent un concept sociologique de « races » qui a pour but de « refléter de façon générale une définition sociale de la race reconnue [aux États-Unis] ». La race et l'ethnicité sont considérées comme deux identités séparées et distinctes, et l'origine hispanique constitue une question séparée. Même s'il est, la plupart du temps, employé pour distinguer des groupes de citoyens dont l'apparence physique est différente il peut aussi bien désigner l'espèce humaine dans son ensemble dans l'expression "human race ». Pas moins de 6 races sont retenues par les recenseurs américains... mais il faut l'ensemble de la note de Wiki pour voir que la bourgeoisie US rend compte (et se sert) d'une problématique plus complexe pour découper en tranches sa population, mieux que le simplisme nazi bon à rien ou le simplisme du scientisme gauchiste en France avec sa race unique.
3Lire l'intéressante recension « la race de Marx aux marxistes : http://patlotch.com/text/488b2cdb(Patlotch2013)-515.html
4 BORDIGA (Facteurs de race et de nation dans la théorie marxiste).
6http://indigenes-republique.fr/tant-que-nous-ne-sommes-pas-tous-abolitionnistes-marx-sur-lesclavage-la-race-et-la-classe/

EXTRAITS du texte publié par Médiapart :

« … Au delà de cette question, les études sur les jumeaux monozygotes adoptés et séparés à la naissance ont révélé dans le monde anglo saxon la prévalence du déterminisme génétique sur les comportements. Et ces comportements constituent sans doute les précurseurs de la culture. Oui, il y a des différences entre les peuples humains et on ne voit vraiment pas pourquoi on serait différent des animaux ! Cet article est révélateur d'une intox de la pensée à grande échelle. Mais n'oublions pas que tout scientifique écrivant autre chose sera non seulement traduit en justice mais démis de ses fonctions et privé de tout crédit pour ses recherches.
Car le mot race, on l'a surabondamment montré, ici, n'a pas fondamentalement une signification « biologique ». Il s'agit là, au sens strict, d'une « élaboration secondaire ». Son sens premier est historique et social. Il fait corps avec la représentation imaginaire d'une substance héréditaire et d'une structure généalogique des groupes sociaux (qui sont de plus en plus, à l'époque moderne, des groupes nationaux, des « majorités » ou des « minorités nationales » actuelles ou potentielles), et avec la projection des différences sociales dans un imaginaire de marques somatiques (couleur de peau, conformation des traits et des membres, etc.). L'idée que race, dans notre débat, aurait une signification « bio­ logique » est une mystification historique. Le terme de race dans son usage moderne, discriminatoire, a acquis sa fonction et sa valeur avant toute élaboration « biologique », et il est susceptible de les conserver par-delà cette élaboration.
  Bien entendu, l'idéologie raciste, à un moment donné de son histoire (qui coïncide avec le scientisme et avec la prétention des nations européennes de classer différentiellement et de penser hiérarchiquement le monde, l'humanité dont elles faisaient la conquête, qu'elles réduisaient directement ou indirectement en esclavage, du 18e au 20e siècle), est elle-même à l'origine de cette mystification, dont les biologistes ont été à la fois les victimes et, à  l'occasion, les instruments. Raison de plus pour ne pas reproduire, jusque dans sa critique, l'illusion qu'elle entretient. Comme « concept », dans le champ de la biologie (non seulement celui de la biologie humaine, mais celui de la biologie générale) , le terme de race ne relève pas de la théorie scientifique : il relève, depuis le début, de ce que Canguilhem appelle l'idéologie scientifique. Il traduit précisément le fait que le travail scientifique n'est isolé ni des pratiques techniques, ni des idées politiques et sociales, ni des élaborations fantasmatiques de l'identité et de l'altérité : c'est peut-être pour une part , au moins, ce qui a fait son efficacité, en tout cas, ce qui a fait le ressort de la dialectique de l'idéologie et de la science dans les disciplines biologiques [4]L'idéologie scientifique des races (qu'il s'agisse des « races humaines » ou des « races animales » de la classification et de la zootechnie) plonge en effet ses racines dans le concept juridico­ politique (voire théologico-politique) de race, qui ne cesse d'en étayer l'évidence,  et qui ressurgit, non par hasard, dans  ses « applications » politiques, et même dans la critique de ces applications.
Le concept de race a pu emprunter ses élaborations secondaires aux successives théorisations de l'histoire naturelle et de l'évolution. Plus profondément, il est indissociable d'un imaginaire somatique dans lequel se trouvent projetées les différences perçues ou instituées dans l'« espèce humaine ». Mais surtout, comme j'ai essayé de le montrer ailleurs, depuis le début du 19e siècle au moins, c'est-à-dire depuis la prédominance des Etats-nations, il est une expression conflictuelle, « ambiguë », de l'identité nationale et du nationalisme : soit dans la perspective d'une restriction,  d'une « épuration » et d'une « sélection » de cette identité, soit dans la perspective d'une identification de la nation avec les valeurs mythiques d'une « civilisation » supranationale et transhistorique, à la fois « naturelle » et « spirituelle ». Il est ainsi une expression privilégiée de ce que j'appelle l’ethnicité fictive des groupes  sociaux.[5]
 « Supprimer la race » d'un texte constitutionnel n'est donc pas se mettre en accord avec la science, qui ne sert ici que de couverture, c'est en pratique dénier l'efficacité et la réalité historique de l'ethnicité fictive et de la projection corporelle des différences sociales en  tant  que  facteur,  de discrimination.
 Mais l'ambiguïté tient aussi au fait que l'énumération : « origine, race, religion » (éventuellement complétée par « croyance ») est, on l'a bien montré ici même, profondément illogique. Pourquoi l'est-elle ? Essentiellement parce que mal construite en tant précisément que « classification », que « catégorisation » ! Il apparait aussitôt que les catégories ainsi repérées plutôt que définies ne sont pas, en réalité, disjointes : ni en théorie, ni surtout en pratique ... N'oublions pas qu'il s'agit d'une injonction négative, et posons-nous la question : s'agissant par exemple des individus ou des groupes catalogués comme « Juifs », soit qu'ils acceptent, qu'ils revendiquent , qu'ils interprètent à leur façon ou qu'ils récusent cette désignation, est-ce que la discrimination dont ils pourraient faire l'objet est ici proscrite au titre de l'origine , au titre de la race, ou au titre de la religion ? La question est évidemment insoluble. Mais n'en va-t-il pas au fond de même, selon des modalités  à  chaque  fois  diverses,  pour  ce  qui  concerne  les « Arabes » ou les « Beurs », voire les « Musulmans » (désignation qui n'a rien de « purement religieux ») ?[6] Et pour ce qui concerne les « immigrés », catégorie fourre-tout qui ne recouvre certes pas tous les « étrangers » installés en France, mais dans laquelle sont inclus, jusque dans certaines statistiques officielles, nombre de citoyens français ou d'enfants nés ici, et avec laquelle sont amalgamés tous les Antillais et autres Réunionnais « noirs » ?
 Cependant, ces constatations nous amènent à une troisième et dernière raison. La « redondance » de l'énoncé, si elle a des effets seconds manifestement dangereux, peut aussi aujourd'hui avoir un effet positif : c'est elle qui, en effet, nous aura incités à remettre en discussion les textes constitutionnels. Plutôt que de procéder à des suppressions qui fonctionneront comme des refoulements ou des dénégations, il faudrait, me semble-t-il, en profiter pour essayer d’ouvrir les textes à la reconnaissance de nouvelles luttes pour l'égalité et au rejet explicite de discriminations anciennes et nouvelles (voire futures). On s'inscrirait ainsi dans la perspective d'une politique offensive des droits de l'homme, toujours étroitement liée aux droits du citoyen, à la  citoyenneté.
 Telle qu'elle est, avec son « impureté » constitutive, l'énumération actuelle peut être utilisée comme un point d'appui pour des ajouts qui ne seront sans doute pas plus aisément « définis­ sables » que les précédents, mais qui tireront leur portée et leur intelligibilité des circonstances et de l'histoire. Je me garde bien, ici, de formuler des propositions de rédaction, de peur de tomber dans le petit jeu de la législation en chambre, mais je voudrais signaler au moins trois directions qui me semblent d'une brûlante actualité. Les unes sont rétrospectives, c'est-à-dire qu'elles ont affaire à ce que, en France du moins, on a tendance à considérer comme des « survivances ». Les autres sont prospectives, c'est-à­dire qu'elles visent à nous armer contre la persécution de nouvelles « différences »,  ou contre l'utilisation des « différences »  anthropologiques pour fonder des discriminations nouvelles en  face desquelles il faut se redonner les moyens de construire l'égaliberté.Redisons  que  ces  moyens sont avant   tout  sociaux  et politiques, mais que la proclamation du  droit  en  est un moment nécessaire. Il s'agit d'abord de la différence sexuelle. Nous n'avons pas le temps  ici de revenir     sur  l'histoire  des  tentatives  pour  introduire au niveau le plus fondamental de la Constitution une condamnation de la  discrimination  entre les sexes, jusqu'à  l'échec encore récent  de la proposition Roudy.[7] Sans doute faudrait-il enfin, au vu de la persistance des discriminations « sexistes » partout dans le monde (y compris chez nous) et de la recrudescence d'idéologies notamment religieuses qui font de l'inégalité de l'homme et de la femme une thèse de principe, faire aboutir cette revendication. Sans doute aussi faudrait-il trouver les formulations permettant d'étendre la condamnation des discriminations à l'ensemble des différences sexuelles individuelles, incluant aussi bien les comportements que les identités (les uns et les autres étant d'ailleurs de moins en moins nettement séparés, justement du fait de certaines avancées de la biotechnologie), en précisant au besoin les limites de cette reconnaissance a contrario (notamment pour ce qui concerne le domaine des perversions, des mutilations et des violences). Je rappelle que la France vient d'être condamnée par la Cour de justice européenne pour certaines discriminations contre les trans­ sexuels en matière d'état-civil.
 Il s'agit également, au-delà des questions de sexe, du problème complexe et redoutable des différences génétiques, qui surgit aujourd'hui à chaque pas dans le grand champ de ce que Michel Foucault appelait la « biopolitique ». On peut se poser la question de savoir si la présence, dans le texte constitutionnel, d'une condamnation des discriminations fondées sur la race (supposée non seulement existante mais héréditairement donnée) constitue vraiment un garde-fou suffisant contre l'ensemble des pratiques eugéniques dont la limite et les motivations sont d'ailleurs, à nouveau, ambiguës. A fortiori peut-on se demander si nous n'avons pas un besoin collectif urgent de nous prémunir, non pas contre la connaissance théorique et la maitrise au moins partielle de la transmission du patrimoine génétique des individus, mais bien contre certains des effets pervers de ce nouveau « biopouvoir » et des moyens de domination qu'il peut fournir : droit des individus à la descendance , en dépit des « handicaps » dont ils peuvent être considérés comme les porteurs ou les transmetteurs, mais aussi droit des individus à cette propriété essentielle que constitue la protection, voire le secret, de leur identité personnelle (ou plutôt de la part de celle-ci qui est « lisible » dans un génome ou dans une formule sanguine). Là encore des limitations du droit individuel en fonction des intérêts de la société sont inévitables (comme ils le sont ou devraient l'être pour toute « propriété »), mais elles appellent une définition d'autant plus claire des droits imprescriptibles de l'individu : songeons non seulement à l'utilisation des « empreintes génétiques » pour l'identification policière ou les imputations de paternité, etc., mais aussi, plus banalement , à l'émergence progressive d'un vaste programme de sélection et d'orientation des individus en matière d'éducation et d'emploi, correspondant à ce que j'ai appelé ailleurs le « post-racisme » (qui prend la suite du biologisme du 19e siècle, en bénéficiant précisément de la critique scientifique de la notion de race et de son  remplacement  pas  celle  de  variabilité génétique).
 Il s'agit enfin de la question de la nationalité d'origine. Peut­ être est-ce le point sur lequel le texte constitutionnel aurait le plus immédiatement besoin d'une précision, de façon à anticiper, sans toutefois les prescrire, sur les refontes inévitables de la « citoyenneté », et donc sur la conception même des droits de l'homme qui lui est liée. La fusion historique et la confusion conceptuelle de la citoyenneté et de la nationalité sont allées si loin, depuis le début du 19e  siècle, que, comme le remarquait Hannah Arendt dans un texte célèbre l'individu  privé de nationalité ou « apatride » est aujourd'hui à grand peine reconnu comme un « homme ».[8] Cette fusion a entrainé l'institutionnalisation massive de la « préférence nationale » (dont, non par hasard, la propagande néofasciste en France et ailleurs fait aujourd'hui son cheval de bataille). A elle seule cette notion exprime le poids des réalités institutionnelles, inextricablement pratiques et idéologiques, qui sous-tendent les représentations racistes et xénophobes dans le monde actuel. Mais l'évolution de la notion du « citoyen » est inéluctable, comme je le rappelais plus haut : aussi bien dans son aspect « public » que dans son contenu « social ». Il ne s'agit donc pas, en renforçant la condamnation des discriminations en raison de la nationalité d'origine, d'anticiper sur une redéfinition, moins encore d'imaginer une dissociation pure et simple des notions de citoyenneté et de nationalité qui n'est pas à l'ordre du jour. Mais il s'agit, indépendamment de cette redéfinition et cependant dans un contexte où les Etats, les sociétés, ne peuvent échapper à volonté à l'emprise du nationalisme, de dresser un explicite garde-fou contre toute idéologie, toute pratique de  la « préférence nationale ».
 Nous pouvons alors, en quelques mots, revenir aux problèmes généraux dont nous étions partis. L'énoncé que nous discutons est, à l'évidence, un de ceux qui marquent la référence à l'universalité des droits de l'homme dans le texte constitutionnel. Il représente, si je puis dire, une des voies de passage du « droit de l'homme » dans le « droit du citoyen ». C'est aussi, cependant, un énoncé inscrit dans une Constitution nationale, et dont je rappelle une fois encore qu'il figure au titre de la Souveraineté ! Or, depuis deux siècles au moins, la question de la race, de la discrimination et de la persécution raciales, qu'il s'agisse d'anti­ sémitisme ou de racisme colonial et postcolonial, est indissociable de la question du nationalisme. Un Etat-nation ne peut pas , d'une certaine façon, ne pas être « nationaliste », et l'entrée dans une phase de relativisation de la forme nation, surtout si ce processus doit plus aux impératifs de la stratégie et du marché qu'à un internationalisme démocratique, ne peut qu'accentuer cette ten­ dance. Il n'en est que plus décisif de savoir si et comment un tel Etat inscrit dans sa propre « loi fondamentale » certains antidotes et moyens de lutte politico-juridiques contre son propre nationalisme, et ses effets violents.
 Mais il y a plus. Le colour bar subsiste partout aujourd'hui, si mal définis que soient ses contours et si contradictoires ses critères, inextricablement mêlés aux critères de la différence « culturelle » (ou décrétée telle) : cette moderne « barrière de couleur » est aujourd'hui mondiale et traverse  toutes les formations sociales « nationales », dont la nôtre. Cela veut dire, bien loin que les races aient « disparu », qu'elles ont subi une polarisation radicale. Plus que jamais il n'y a, au sens fort, que « deux races », dont la marque sociale est d'autant plus contraignante que la réalité biologique en est plus fantasmatique : les Blancs (ou les « Nordistes ») et les non-Blancs (ou les « Sudistes »). Personne en vérité ne sait exactement ni ce  qu'est un « Blanc » ni ce  qu'est un « non-Blanc ». Mais qu'il y ait une ligne de clivage entre eux est partout perceptible, et cette nouvelle « évidence » ne sera pas atténuée, bien au contraire, par le « métissage » généralisé et la circulation mondiale des populations, donc la diffusion des types physiques rendue possible par l'intensification des communications mondiales et des phénomènes de migrations. Souvenons-nous ici de l'exemple analysé précédemment par Michel Panoff : c'est partout dans le monde qu'il y a tendanciellement des « indigènes » et des « demis » (les mêmes individus pouvant être selon les lieux géographiques et les barrières sociales, tantôt « indigènes »  tantôt « demis »...). Et cette différence ambiguë, qui combine inextricablement la marque sociale avec la marque ethnique, est de plus en plus amplement projetée en Europe : l'« apartheid », officielle­ ment démantelé dans ses bastions d'Afrique, tend alors à se reproduire partout chez nous de façon pratique, de façon « soft ». C'est l'une des grandes frontières intérieures de ce que nous appelons la démocratie. Et c'est avant tout à cela qu'il faut penser lorsque nous cherchons à formuler, pour la rendre opératoire et perceptible aux masses, l'universalité du  droit.
 Je crois donc pouvoir le dire à nouveau avec arguments à l'appui : le mot race dans la Constitution n'est pas « de trop ». Il serait plutôt insuffisant pour ce que nous avons à affronter.
 Post-Scriptum (7 novembre 2015): Etant donné le texte de la Convention de Genève du 28 juillet 1951 sur le statut des réfugiés qui définit le réfugié comme «toute personne qui craignant avec raison d’être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont elle a la nationalité et qui ne peut ou, du fait de cette crainte, ne veut se réclamer de la protection de ce pays», une modification de la Constitution française sur ce point créerait évidemment une situation très gênante.


[1] Bien entendu, je ne veux pas dire ici que les suggestions de formulations relatives aux droits de l'homme et des citoyens ayant une portée et une validité transnationale doivent venir uniquement des Etats ou de mouvements d'opinion publique définis dans un cadre national. Au contraire, je crois que cette dimension doit être activée, complétée et, le cas échéant, corrigée par des initiatives civiques qui se présentent d'emblée comme transnationales (où les mouvements associatifs pour l'« Europe des citoyens », ou pour la « citoyenneté méditerranéenne », par exemple, peuvent aujourd'hui jouer un rôle important). Cela pour répondre à une question de Pierre Fiala.
 [2] De même que, ne l'oublions pas, les « déclarants » de 1789 avaient déjà été amenés à compléter l'énumération des droits fondamentaux par celui  de « résistance à l'oppression », dont il est inutile de rappeler les interminables débats auxquels il a donné et donne toujours  lieu.
[3] Ce point est crucial, mais il est aussi extrêmement délicat : on voit dans certaines formulations des mouvements racistes (comme le Front national) se profiler l'auto-racisation. Dans le voisinage des slogans qui demandent « la France aux Français » et des dénonciations de l'antiracisme comme « racisme anti­ français », nous sommes à la limite du lapsus révélateur (comme dans le cas des propositions « négationnistes ») et de l'adoption explicite d'un programme de racialisation de l'Etat (comme sous Vichy et dans le Troisième Reich), c'est-à-dire d'un programme de changement de « régime » et de discours constitutionnel. N'oublions jamais que, formellement, les régimes dits « totalitaires » sont aussi  des « Etats de droit ».
 [4] Sur la notion d'« idéologie scientifique », cf. Georges Canguilhem, Idéologie  et rationalité dans l'histoire des sciences de la vie, Paris, Vrin,   1977.
 [5] Voir E. Balibar et I. Wallerstein, Race, Nation, Classe. Les identités ambiguës, Editions La Découverte, 1988 (rééd. 2007).
 [6] Il me faut ici redire ce que j'ai eu l'occasion de soutenir dans la discussion : la catégorie de « religion » n'est pas plus logiquement ou scientifiquement définie que celle de race, son référent « réel » est tout aussi insaisissable ou conflictuel. Qui définit en effet une « religion » ou une « appartenance religieuse » (voire  une « non-appartenance religieuse » : car il peut y avoir des discriminations pour non­ appartenance, ou non-reconnaissance des traditions religieuses incorporées à la « culture dominante ») ? Ou encore qui définit la différence entre une « religion » et une « secte », et au nom de quels arguments (aux fins par exemple de faire bénéficier la première de l'égalité des droits dans le cadre de la « laïcité » républicaine et de limiter, surveiller ou interdire les activités de la seconde au nom de la protection de la personne humaine ou du respect de l'ordre public)? Il suffit d'ailleurs de changer de tradition juridique et d'espace politique, de passer, par exemple, de la tradition étatique et concordataire française à la tradition individualiste et subjectiviste américaine pour constater que ces questions névralgiques y sont posées en d'autres termes. Si, donc, l'on voulait rigoureusement soumettre, les termes de la Constitution au critère de la « définissabilité scientifique », il faudrait ne pas s'en tenir à race mais remettre aussi en cause « religion » : et il est bien probable alors que l'immense majorité de nos concitoyens percevraient mieux la réduction de garantie des libertés que risque de signifier cet accroissement de scientificité !
 [7] J'ignorais, en préparant cette intervention, les étonnantes péripéties de la rédaction de la Constitution de 1946 qui ont été mises à jour par Jean-Jacques Israel. Ce « lapsus objectif » qui aurait fait passer de l'inscription du « sexe » à celle de la race a sans aucun doute une signification du double point de vue  du « racisme » et du « sexisme », et suffirait, s'il en était besoin, à nous rappeler que les deux problèmes ne sont pas disjoints. Reconsidéré après un demi-siècle, il permet aussi de compléter la démonstration que nous esquissions plus haut, puisque la notion de « sexe » à son tour est en train de perdre, sinon son évidence, du moins sa simplicité psychobiologique.
 [8] L'impérialisme (volume 2 des Origines du totalitarisme), traduction française, Paris, Fayard, 1982, p. 239 et suiv.


Le texte le plus intéressant contre le simplisme de la « seule race », est celui de Perrin sur le site de Catherine Mezetulle auquel je suis abonné : http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/race.htm
Extraits :
Race, racisme et police du langage
(…) La race devant la science
   Le premier argument est celui selon lequel le concept de race est dépourvu de valeur scientifique – c'est bien du concept qu'il s'agit ici en effet, et non du mot, en dépit de la maladroite formulation des honorables parlementaires : un mot, en tant que signifiant arbitraire, n'a pas à être adéquat à la réalité et ne saurait donc se voir attribuer ou dénier une quelconque « valeur scientifique ». À l'appui de leur thèse ils invoquent l'autorité de François Jacob et d'Albert Jacquard et sans doute auraient-ils pu appeler à leur rescousse bien d'autres savants qui contestent, parfois de façon péremptoire, la scientificité du concept de race. Interrogée le 30 juin 2013 sur France Inter entre 8h20 et 8h30, l'ethnologue Anne-Christine Taylor faisait la déclaration suivante :
« Quand l'Unesco après la guerre a voulu mettre un terme à cette terrible maladie de la raciologie, ce sont les ethnologues que l'Unesco a convoqués pour essayer de tordre le cou une fois pour toutes à cette affaire de race. Tout ça, le mot de race, ça n'existe pas, il n'y a pas plusieurs races humaines ».
   En effet l'Unesco qui avait réuni dès 1949 des ethnologues, anthropologues, sociologues, psychologues, biologistes, zoologues a publié leurs contributions dans un ouvrage collectif intitulé Le racisme devant la science (Unesco/Gallimard 1960). Remarquons d'abord que cet ouvrage, comme l'indique son titre, prend pour cible le racisme et non exactement le concept de race. Les thèses cardinales et récurrentes des articles qui le composent sont les suivantes :
- Il n'y a pas de races pures, celles-ci supposant un isolement que les migrations, très anciennes dans l'espèce humaine, ont depuis longtemps rompu en favorisant au contraire le métissage.
- Les différences raciales ne sont pas immuables.
- Les différences entre les êtres humains sont moins importantes que les ressemblances.
- Les classifications ont toujours un caractère arbitraire.
- Le métissage pourrait présenter des avantages biologiques.
- On ne peut pas fonder sur les différences raciales l'affirmation de la supériorité d'une race sur une autre.
   Dire qu'on ne peut pas partir des différences raciales pour en tirer des conséquences racistes, ce n'est pas dire qu'il n'y a pas de différences raciales. Et la proposition Il n'y a pas de races pures n'est ni grammaticalement ni logiquement équivalente à la proposition Il n'y a pas de races : tout à l'inverse il n'y aurait aucun sens à énoncer la première s'il était entendu que la seconde est vraie. Contrairement à ce que d'aucuns essaient de leur faire dire aujourd'hui, les auteurs de Le racisme devant la science n'affirment nullement que les races n'existent pas ni qu'il faut renoncer à faire usage du mot race. Ainsi Michel Leiris écrit dans l'article intitulé Race et civilisation :
« On peut, de surcroît, regarder aujourd'hui comme établi que la notion de « race » est une notion d'ordre exclusivement biologique dont il est impossible – à tout le moins dans l'état actuel de nos connaissances – de tirer la moindre conclusion valable quant au caractère d'un individu donné et quant à ses capacités mentales ».1
   Dire que la notion de race est d'ordre exclusivement biologique, ce n'est pas dire qu'elle n'a aucune signification biologique. Et Leiris poursuit un peu plus loin :
 « Du point de vue de l'anthropologie physique, l'espèce Homo sapiens se compose d'un certain nombre de races ou groupes se distinguant les uns des autres par la fréquence de certains caractères transmis par la voie de l'hérédité mais qui ne représentent évidemment qu'une faible part de l'héritage biologique commun à tous les êtres humains ».2


(…) La science, le langage et la politique
   Cependant affirmer qu'il faut supprimer le mot race de la législation ou de la Constitution pour cette raison que le concept de race n'est pas un concept scientifique, c'est présupposer une certaine conception des rapports de la science avec la politique et le droit qui place ceux-ci sous l'autorité de celle-là, ce qui n'est pas sans conséquences comme on le verra plus loin. C'est d'abord présupposer que la législation ou la Constitution ne doivent comporter que des mots signifiant des concepts scientifiques, ce qui a, il faut bien le dire, des allures de plaisanterie. Quiconque prendra la peine de relire les 89 articles de la Constitution de la Vème République sera bien en peine d'y trouver un seul mot qui satisfasse à ce réquisit. Tenons-nous en à l'article 1er :
 « Elle (la République) assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race, ni de religion ».
   Le concept de race n'est pas scientifique, soit, mais celui de religion ? Pour n'avoir pas à entrer dans une discussion complexe visant à établir à quelles conditions un concept peut être dit scientifique, on admettra qu'il doit à tout le moins être univoque et avoir les caractères que Descartes accorde à l'idée claire et distincte. Le concept de religion satisfait-il à ces exigences ? Comme l'observe Étienne Balibar,
« la catégorie de « religion » n'est pas plus logiquement ou scientifiquement définie que celle de race, son référent « réel » est tout aussi insaisissable ou conflictuel (…) qui définit la différence entre une religion et une secte et au nom de quels arguments (aux fins par exemple de faire bénéficier la première de l'égalité des droits dans le cadre de la « laïcité » républicaine et de limiter, surveiller ou interdire les activités de la seconde au nom de la protection de la personne humaine ou du respect de l'ordre public) ? ».9
   Pour s'en tenir à un seul exemple, rappelons que l’Église de scientologie qui est une secte en France a le statut d'une religion aux États-Unis. Et souvenons-nous que pour Descartes l'idée distincte est « celle qui est tellement précise et différente de toutes les autres qu'elle ne comprend en soi que ce qui paraît manifestement à celui qui la considère comme il faut ».10 Une idée qui n'est pas distincte peut-elle avoir ce que les parlementaires appellent une « valeur scientifique » ? L'enjeu n'est pas mince puisque l'article 1er de la Constitution vise à prémunir les citoyens contre toute discrimination sur la base de la religion. 
   En vérité le langage de la politique et du droit est celui des langues naturelles. Il n'est pas et il n'a pas à être celui de la science. Les mots y ont le sens qu'ils ont dans le dictionnaire et correspondent à ce qui se passe dans le monde humain, aux représentations des hommes et à la façon dont ceux-ci catégorisent leurs expériences. Comme le fait remarquer Danielle Lochak 11, on ne peut attendre de toutes les catégories juridiques qu'elles correspondent à un découpage objectif de la réalité empirique : qu'est-ce qui caractérise objectivement les « bonnes mœurs » par exemple ? Et qu'est-ce qu'un film « à caractère pornographique » ? Qu'est-ce qui le  distingue « objectivement » ou « scientifiquement » d'un film simplement « érotique » ? Quand on soutient, comme le rapporteur du projet de loi à l'Assemblée nationale, que « La langue du droit ne doit pas employer celle des préjugés » 12, on devrait expliquer en quoi les catégories de « bonnes mœurs » ou de « pornographie » sont moins porteuses de préjugés que celle de race (ce qui, certes, n'arrangerait pas rétrospectivement les affaires de Flaubert face au réquisitoire de l'avocat impérial Ernest Pinard). Lorsque le droit constitutionnel parle de la race, il parle de ce qui est reconnu comme race, de même que lorsque le droit civil parle de la propriété privée il parle de ce qui est reconnu comme propriété privée. Le droit n'a pas à dire si la race ou la propriété privée existent en soi, même si le savant peut nier la réalité objective de celle-là et même si le philosophe peut contester que celle-ci existe réellement, soit parce que ayant pour origine l'appropriation arbitraire d'une propriété en soi collective, elle s'identifie au vol, soit parce que n'étant ma propriété que dans la mesure où l’État consent à reconnaître ma possession comme propriété, il en est au fond le véritable propriétaire.
(…) Police du langage et novlangue : 1984 en 2013
   Le mot race est donc retiré de la législation sans l'être de la Constitution. Demain il sera retiré de la Constitution sans disparaître pour autant de notre droit positif.28 Quelle importance alors ? Quand on objecte aux partisans de ce retrait qu'on ne fait pas disparaître le racisme en faisant disparaître le mot race, ils se récrient qu'ils le savent bien. Le rapporteur du projet de loi en convient lui-même dans l'exposé de ses motifs : « sa suppression ne fera évidemment pas disparaître le racisme ».29 Le racisme n'aura pas reculé d'un pouce dans cette affaire, mais la dictature du politiquement correct aura, elle, encore progressé. Il y a là une passion répressive qui s'exprime parfois sans retenue, comme en témoigne superbement un article d'une avocate au barreau de Paris intitulé : Pour lutter contre le racisme, il faut lutter contre le racialisme. Celle-ci propose d'introduire dans la Constitution un article ainsi rédigé :
« Elle (la France) assure l'égalité de tous devant la loi sans distinction d'origine ni de croyances, et elle est garante de l'interdiction absolue de distinguer de prétendues races dans le genre humain, qui est un et indivisible ».30
   Les biologistes « très minoritaires », dont Mme Tuaillon-Hibon regrette un peu plus loin que des quotidiens nationaux leur donnent parfois la parole, n'auraient alors qu'à bien se tenir. L'avocate poursuit :
« C'est donc bien un certain usage du mot qu'il s'agit d'interdire. Car le sujet est bien là : si on commence à ne plus avoir le droit de reconnaître l'existence même de « différentes races humaines », on aura ensuite beaucoup plus de difficultés, il sera même impossible, d'en consacrer des « supérieures ».
   Dans 1984 de George Orwell, Syme dit à Winston :
« Ne voyez-vous pas que le véritable but du novlangue est de restreindre les limites de la pensée ? A la fin nous rendrons littéralement impossible le crime par la pensée car il n'y aura plus de mots pour l'exprimer ».31
   Et Mme Tuaillon-Hibon de conclure :
« Le gouvernement de ce pays (…) s'honorerait (…) en proclamant que non seulement on ne peut faire de distinction entre de prétendues « races humaines », on ne peut en dire certaines inférieures (ou supérieures) à d'autres (…) mais encore, mais surtout que de telles races dans l'espèce humaine n'existent pas, et que postuler le contraire est déjà un délit ».
   Oui, vous avez bien lu : postuler le contraire est déjà un délit. Dans 1984 Orwell écrivait :
« aux yeux du Parti, il n'y avait pas de distinction entre la pensée et l'acte ».32
   Pour combler les vœux de Mme Tuaillon-Hibon il ne restera plus qu'à rendre obligatoire dans les écoles de la République l'enseignement de la formule Il n'y a qu'une seule race, la race humaine, ce qui signifie tout bonnement que la subdivision au sein de l'espèce s'identifie à l'espèce dont elle est la subdivision ou encore que la partie est aussi grande que le tout dont elle est une partie. Et si l'élève Alice demande de sa petite voix raisonnable : « La question est de savoir si vous avez le pouvoir de faire que les mots signifient autre chose que ce qu'ils veulent dire », le professeur Humpty-Dumpty ne manquera pas de lui rétorquer : « La question est de savoir qui sera le maître … un point c'est tout ».33
   Il suffisait jadis de reconnaître l'unité de l'espèce humaine au sein du genre animal pour écarter l'idée de la supériorité d'une race sur une autre. Ainsi Thomas d'Aquin distinguait-il déjà les différences, essentielles, qui dérivent de la forme (raisonnable/non-raisonnable) et celles, accidentelles, qui dérivent de la matière (masculin/féminin, homme blanc/homme noir), seules les contrariétés dérivant de la forme constituant des différences spécifiques :
« Et propter hoc albedo et nigredo non faciunt homines differre secundum speciem ».34
   Cela ne suffit plus à notre modernité dont ce n'est pas le moindre paradoxe que de chanter les vertus du métissage tout en niant l'existence de sa condition de possibilité et, plus largement, de faire l'apologie de la diversité et des différences tout en travaillant à les effacer de l'ordre symbolique, comme si nous ne pouvions respecter l'autre qu'à condition qu'il fût de part en part le même, c'est-à-dire en abolissant en lui toute altérité ».