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dimanche 13 mars 2016

Comment la presse française atténue la baffe électorale de Merkel



Qu'on le dise et le répète sur toutes les radios, écrans et articles numériques : forte poussée de l'extrême droite en Allemagne :


  • « Le Point international » » (si, si) à 19H17 : « Allemagne : percée de l'extrême droite et revers pour Angela Merkel », l'explication se soucie légèrement de la motivation des électeurs : « Un succès apparemment dû davantage à la forte participation qu'aux reports de voix venus des partis traditionnels. Les premières analyses indiquent que la forte participation, autour de 70 %, a profité au parti d'extrême droite. Les abstentionnistes de 2011 se sont rendus aux urnes, mobilisés par l'inquiétude face à l'afflux de réfugiés. »1
  • Le Monde va varier les titres en quelques minutes avec la même focalisation sur l'extrême droite : à 19H34 : « Allemagne, percée de l'extrême droite, à 19H35 c'était : « Le parti d’extrême droite AfD s’impose sur la scène politique allemande », à 20H : En Allemagne, l’extrême droite inflige une défaite sans précédent à Angela Merkel
  • Libération à 19H34 titre : « En Allemagne, la droite dure fait son entrée dans les parlements régionaux » ; Libé qui fait partie des fans gauchistes de Merkel dénonce en filigrane le grand danger fasciste qui pointe à l'horizon migratoire : « L’heure est grave pour l’ensemble de la classe politique allemande, surtout pour la CDU. C’est la stratégie centriste d’Angela Merkel qui est remise en question. Le parti avait pour devise de ne laisser aucun espace libre sur sa droite. La chancelière mise, elle, sur l’électorat centriste, au détriment de son aile conservatrice. C’est cette aile conservatrice qui a sanctionné la politique du gouvernement »2. Comme toutes les élites de la gauche caviar française, Libernation stigmatise toute interrogation et inquiétude du vulgum pecus sur le stop and go des bourgeoisies européennes à la queue de la bourgeoisie allemande ; ces méprisables électeurs se sont laissés engluer par un « discours antimigrants »3: « «La très forte participation des électeurs est déjà une victoire», estimait dimanche la présidente de l’AFD, Frauke Petry. Avec son discours antimigrants, sa formation a convaincu une large partie des abstentionnistes. Mais aussi quantité d’électeurs de la CDU et du SPD qui ont cherché à sanctionner la coalition d’Angela Merkel. ».
  • L'Express titre à 20H34 : « Allemagne: percée de l'extrême droite aux élections régionales », on marque le coup pour les grands partis bourgeois : « Les résultats des populistes de l'Alternative für Deutschland dans trois Länder sonnent comme un coup de semonce pour les deux grands partis que sont la CDU (droite) d'Angela Merkel et le SPD (gauche). Un séisme politique. Les conservateurs d'Angela Merkel ont essuyé un vote sanction ce dimanche lors d'élections dans trois Etats régionaux tandis que les populistes de l'AfD ont enregistré une importante percée dans un pays ébranlé par l'afflux de réfugiés ».

Voilà chers lecteurs je vous ai démontré simplement comment fonctionne à la minute près le commandement idéologique des médias gouvernementaux. Vous l'avez remarqué on ne se soucie nullement du souci des électeurs, de ce que peut vraiment signifier – même mystifiée et mystifiante la parodie de démocratie électorale – on stigmatise en faisant tout porter sur l'extrême droite. Il ne s'agit pas de prendre en compte l'avis des votants mais déjà d'annihiler leur expression en la mettant sous la coupe d'un petit parti de merde réac et bourgeois. On déplace la problématique au rayon de la bagarre exhibtionniste entre forces bourgeoises au niveau institutionnel-médiatique, où tout n'est que composition, recomposition, alliances et autres arrangements de particules étatiques bourgeois.

Bien sûr deux terribles attentats en Côte d'Ivoire et à Ankara ont remisé le temps d'une soirée la baffe électorale de Merkel, en secondes pages. Mais au cours des jours qui viennent, ne vous inquiétez point, la morale gouvernementalo-journaleuse va déplorer massivement « la montée des populismes » en Europe ; le détournement est de même nature que pendant la guerre d'Espagne, lorsque les ouvriers de base de la CNT parlaient de priorité à la lutte sociale, on leur répondait : non, priorité à la guerre nationale antifasciste ! Même en deuxième page Mutter Merkel est ménagée. L'omerta sur les bases de la générosité outrancière pour les migrants tout azimuts reste sous le boisseau (la « longue guerre »4 en Syrie sert aux ventes d'armes allemandes, la bourgeoisie teutonne a besoin de main d'oeuvre et de jouer à l'humanisme « sans frontière » pour perpétuer sa domination économique et politique de l'Europe bcbg). Mutter Merkel ne sera pas une nouille démissionnaire comme Jospin.

Les journaux de la CIA « Le Point international (sic)» et « L'Express » - en fin d'article – montrent que la bande à Merkel s'en fiche royalement : « son fauteuil n'est aucunement menacé », et « elle n'a pas de rival ». On l'on retombe dans ce mépris universel de l'électorat consentant et perpétuellement bafoué, comme lors d'un inoubliable Traité de Lisbonne. Comme le remarquent plusieurs commentateurs narquois, parodiant un célèbre dramaturge allemand et communiste : « si le peuple vote mal, il faut le dissoudre ». Le peuple, et surtout le prolétariat, ne sont pas simplement dissous à chaque élection, mais ils sont culpabilisés. La politique reste une affaire de grands manitous de la morale « internationale ». Je n'ai pas dit « internationaliste ».


NOTES:

1Commentaire d'un lecteur du Point : « Scheisse ! Mais tellement prévisible... Et ce n'est que le début. "Angélique " Merkel commence à récolter ce qu'elle a semé. Il n'y a jamais de meilleurs alliés pour l'extrême droite que les Bisounours (comme en France et ailleurs). La preuve, malheureusement, que Farandole se trompait lourdement, malgré les faits et évidences (Cf Cologne et autres ), en affirmant que les allemands étaient immunisés et plus éclairés que les français (sic). La même erreur en confondant et comparant la réunification RFA-RDA de 1989 (même peuple, mêmes racines, même Histoire, même langue, même culture, mêmes familles, même religion ) et l'acculturation problématique et hypothétique aujourd'hui de millions de réfugiés (qui n'ont aucun lien avec l'Allemagne, à commencer par la langue, les mœurs, la religion) qui seront les premières victimes de cette aveuglement de la chancelière. Pourtant, gouverner c'est prévoir. Désormais, il sera intéressant de voir si elle aura un sursaut de raison et, surtout, si elle saura enfin écouter son peuple : car c'est cela la démocratie sinon gare... « .
2Retenons deux commentaires intelligents de lecteurs (critiques de Libernation consensuelle) : celui-ci :« Les médias français n'aiment pas ne pas être écoutés par les électeurs Donc pour minimiser leurs déboires ils appellent cela  "la droite dure" quand c'est en Allemagne où les sans dents ne sont pas censés comprendre ce qu'il s'y passe, tandis qu'en France ils nomment cela "l'extrême droite" ! » ; et cet autre : «  C'est parce que la gauche est molle que la droite est dure ! ».
3Affirmation totalement mensongère car la plupart des sondages d'opinion démontrent que les populations européennes concernées ne sont pas contre ni le droit d'asile ni le fait d'accueillir des immigrés, mais « dans des proportions raisonnables » ; or la générosité des adeptes de Merkel sert à cacher l'irresponsabilité de cette chancelière (double hypocrisie serait peut-être un qualificatif plus approprié) et à proroger l'absence de mise en cause de la « guerre longue » en Syrie où toute paix doit rester aléatoire ; qui est en quelque sorte une sorte de barrage qui s'est rompu, et face à la catastrophe, au lieu de réparer le barrage ou de ralentir l'arrive d'eau, les secouristes ajoutent des tonnes d'eau et viennent se plaindre du grand nombre de noyés !
4Je reviendrai plus à fond sur cette notion de « longue guerre » (que j'ai apprise dans l'admirable ouvrage de Bolloten sur la guerre d'Espagne, 1000 pages) ; Staline en fût le principal théoricien. Il est évident que le conflit multiple en Syrie est une « guerre longue » voulue par les intérêts US et allemands ; quand une simple intervention US en une semaine (comme ils le firent en Libye, alors que Sarko s'est vanté d'avoir vaincu seul Kadhafi) suffirait à éliminer daech. Poutine a d'ailleurs complètement disqualifié « l'impuissance occidentale à éliminer daech).

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